Avery a passé la matinée à fignoler les brèves pour la prochaine édition au journal. Après avoir achevé son travail, elle décide de rentrer chez elle pour prendre son après-midi. C’est parfois un privilège qu’elle se prend, au même titre que tous les rédacteurs de Shady Cove. L’essentiel, c’est de rendre les épreuves des articles à temps, et d’écrire avec qualité.

Résultat, dans sa petite maison, Avery se prépare un déjeuner inspiré. Ses repas sont très souvent inspirés, depuis qu’elle est gamine, Avery a appris à cuisiner comme une femme au foyer des années cinquante, impossible pour elle de revenir en arrière ou de se mettre aux plats cuisinés, elle l’a intégré en elle.

En début d’après-midi, le téléphone vient dérégler le son agréable de la musique qu’Avery avait mis en fond sonore pendant qu’elle s’attelait à quelques réparations de coutures sur ses vêtements (on ne peut pas envoyer paitre son éducation d’un revers de main). C’est Rose qui demande si elle peut passer. Avery répond par la positive, elle se mettrait en quatre pour passer un quart de seconde avec sa meilleure amie.

Un peu plus tard, le temps de mettre un peu d’ordre dans la maison, Rose sonne (ou en tout cas, Avery espère que c’est elle). Elle se précipite vers la porte et ouvre la porte avec un visage réjoui. Aussitôt Avery prend son amie dans ses bras (elles se sont vues il y a deux jours, mais c’est toujours ainsi qu’Avery accueille Rose).

« Salut ma poule. » dit-elle un large sourire accroché aux lèvres. Son ton est dynamique mais plein de tendresse. « Comment tu vas ? »

Rose et Avery ont cela en commun qu’elles sont toutes les deux d’adorables jeunes femmes. C’est sans doute pour ça qu’elles se sont si vite entendues, depuis toutes petites. Les deux petites brunettes de Shady Cove. Depuis tout ce temps, elles ont su se forger une solide amitié, à toute épreuve, même lorsque Rose est partie de la ville, elles sont restées en contact, sans cesse au téléphone à se raconter leurs vies, ou à s’écrire pour se donner l’impression de vivre à une autre époque. Rose comprends Avery, elle comprend qu’elle ne veuille pas rompre le contact avec ses parents même si ceux-ci ont encore du mal à accepter la nouvelle vie de leur fille. Quoi qu’il arrive, Avery sait que Rose sera toujours là pour elle et elle ne pourra l’abandonner pour rien au monde.

Alors que sa meilleure amie passe le pas de la porte, elle l’enlace chaleureusement et lui demande aussitôt comment elle va. Apprenant que rien ne semble troubler son bonheur, Avery ouvre un large sourire et répond à son tour.

« Bien, très bien. »

Rose lui tend alors un carton de pâtisseries avec quelques cupcakes à l’intérieur. Avery la prend toute radieuse et un éclair de gourmandise dans le regard.

« Parfait ! » s’exclame-t-elle se dirigeant vers sa cuisine ouverte.

« Assieds-toi. Tu veux boire quelque chose ? » S’empresse-t-elle de demander.

Avery est aux petits soins avec Rose, il faut dire que son état le mérite bien. Elle jette un œil distrait vers le ventre de sa meilleure amie et constate qu’il s’arrondit bien. L’air satisfit, elle vient dégager la pile de vêtements à réparer de la grande table puis retourne dans la cuisine pour placer les cupcakes sur un plat.

« Tu sais quoi ? Noah m’a demandé de tes nouvelles. »

Avery affiche toujours un beau sourire mais à l’intérieur, elle se brise un peu, sans vraiment être sûre de ce qu’elle ressent à l’instant même.

En apprenant que Rose était enceinte, Avery a d’abord été un peu surprise. Surtout vu les conditions, elle n’a pas immédiatement su comment réagir et la seule chose qu’elle a su faire, c’est un sourire, un grands sourire bienveillant et rassurant, un sourire promettant à Rose qu’elle ne l’abandonnerait pas et qu’elle serait à ses côtés quoi qu’il en coûte.

Elle incite Rose à s’asseoir et lui propose à boire.

« Ça marche, je t’apporte ça. »

Elle disparait dans la cuisine un instant tout en continuant de parler pour préparer deux verres et sortir le jus de pomme du frigidaire. Elle en profite aussi pour mettre les gâteaux dans un plat et poser le tout sur un plateau qu’elle apporte dans le salon. Avery lui dit alors que Noah lui a demandé de ses nouvelles. Elle ne va pas se rendre jalouse de Rose même si elle pressent que son collègue est légèrement intéressé par sa meilleure amie.

Avery s’installe alors prés de sa meilleure amie et se sert un cupcake invitant la belle à faire de même.

« Oui, ça se passe bien oui, je l’ai invité à la fête des jonquilles. » annonce-t-elle toute fière et un peu rougissante.

Avery ne sait pas encore trop comment s’en sortir avec sa nouvelle vie, c’est difficile de rayer un éducation et de tout reprendre à zéro, alors quand il s’agit de parler garçons, le problème est le même. Mais avec Rose, elle est libre de tout dire, alors elle en profite un peu.

Si Rose avait menti à Avery, celle-ci ne lui en aurait pas voulu. Enfin, heureusement que la jeune femme a su faire confiance à sa meilleure amie parce qu’en fait, Avery se serait sans doute sentie blessée même si elle l’aurait sans doute soutenue d’une manière ou d’une autre. La situation dans laquelle se trouve Rose est loin d’être facile et elle est déjà empois aux doutes pour qu’elle n’ait pas besoin de devoir supporter les regards en biais de la population locale. Parce qu’on a beau être en 2013, une femme enceinte sans conjoint connu, ça reste louche et source de gossips aussi tordus les uns que les autres.

S’installant à côté de sa meilleure amie, Avery passe le bonjour à Rose de la part de Noah. Elle soupçonne son collègue de nourrir quelques intérêts pour sa belle amie seulement, Avery n’arrive pas à savoir s’il elle ne se fait pas juste des idées aveuglée par le béguin qu’elle a pour lui justement. Enfin, elle chasse ces idées de son esprit pour se concentrer pleinement sur ce moment passé avec Rose. Ne quittant pas le sujet Noah pour autant, Avery avoue à sa meilleure amie l’avoir invité à la fête des jonquilles.

L’invitation d’Avery est arrivée sur un coup de tête. Cela dit, ce n’est pas plus mal sans ce coup d’impulsion, Avery n’aurait sans doute jamais posée la question. Maintenant, elle se sent un peu étrange maintenant qu’il a accepté, elle appréhende un peu la soirée.

« T’es pas obligée d’avoir un cavalier après tout. » dit-elle en souriant cherchant en à rassurer Rose et parce qu’elle veut absolument qu’elle.

Ce qu’ajoute Rose fait rire Avery. La brunette mord à pleines dents dans son cupcake tout en s’étouffant un peu de rire.

« La pauvre … »

Elle ricane et songe à trouver une idée pour Rose.

« Je sais pas, il n’y a personne que tu aimerais inviter ? » demande-t-elle en souriant gentiment.

Avery n’a encore rien dit à propos de ses sentiments naissants pour Noah. Sans doute pour se protéger de la réalité de ceux-ci. Elle hésite toujours tellement avant d’agir et de suivre son instinct, elle réfléchit toujours beaucoup, mais depuis qu’elle a rencontré Noah, Avery devient de plus en plus spontanée, elle se laisse un peu aller. Rose l’a sans doute remarqué, comme elle a du remarqué ses sourires béats.

Concernant la fête à venir, Avery rassure son amie. Elle n’est pas forcée d’avoir un accompagnant, et encore heureux. Quoi que l’idée de travestir Jasmine amuse beaucoup Avery.

« Oui, il y aura moi ! »

Annonce alors toute fière la jolie brune. Même accompagnée de Noah, Avery ne laisserait sans doute jamais tomber sa meilleure amie. Elle se promet que si Rose se rend seule à la soirée, elle ira lui tenir compagnie, oubliant alors les quelques doutes qu’elle a à propos de Noah.

Rose en vient alors avec habileté à évoquer cette petite vie naissante au creux de son être. Avery ne peut s’empêcher de joindre sa main sur celle de son amie caressant à son tour le ventre arrondi.

« Et oui, alors, comment ça se passe à ce niveau ? Tout va bien j’espère. »

Avery est soucieuse de la santé de sa meilleure amie et de ce petit bout de choux qu’elle nous fabrique là. Elle s’imagine déjà gaga devant le bébé, comme jamais. Mais elle a aussi beaucoup de question pour Rose qu’elle ne veut pas poser tant que le moment n’est pas venu.