Mes vieilles habitudes ne s’oubliaient pas facilement… Et comme chaque jour depuis des années et des années, je rassemblais mes affaires en me préparant à partir pour la rivière locale. Pas pour m’entrainer sur mon aviron malheureusement, puisque mon épaule n’était pas suffisamment consolidée pour que je puisse ramer à nouveau, mais juste pour faire quelques kilomètres de marche le long de la berge aménagée. Ca, au moins, les médecins ne pouvaient pas me l’interdire. Et je ne me voyais pas m’empâter en restant dans mon canap toute la journée. Même avant de passer pro dans l’aviron, je faisais du sport quotidiennement: course à pieds, muscu ou un peu de basket à l’occasion. Toutes les occasions étaient bonnes pour bouger. Et même la convalescence ne pouvait changer ça.
Alors je me retrouvais quelques minutes plus tard au bord de l’eau. Le nez bien au chaud dans mon écharpe et les mains dans le fond des poches de ma parka, j’avançais lentement en regardant le courant emmener quelques branchages égarés après la dernière pluie. Je me sentais dans mon élément, même si j’aurais mille fois préféré être sur l’eau plutôt qu’a terre… mais je ne pouvais pas remonter le temps et changer le destin.
Rattrapé par la mélancolie, je m’installais sur une souche coupée, les yeux dans le vide en pensant à ce que me réservait l’avenir… Et une fois de plus je ne trouvais pas de solution miracle.