Son grand-frère a une mémoire eidétique et donc de grandes facilités, alors Morgan ne se foulait pas trop à l'école. Il savait qu'il n'atteindrait jamais le niveau de son frère et que, de ce fait, il ne satisferait jamais ses parents de ce côté-là. Mais cela n'empêchait pas le britannique d'avoir des facilités et ainsi des notes correctes sans réviser. Il écoutait juste en cours, curieux, mais cela s'arrêtait là. Avec le lycée, cela s'est un peu corsé. Il a cependant eu son diplôme haut la main. Ses études de littérature ont mis fin à tout cela. Maintenant il prend plaisir à étudier, travaille vraiment sur ses cours, même si c'est d'autant plus facile car il a toujours été un grand lecteur.

Il comprend donc parfaitement où Simon veut en venir lorsqu'il lui explique que la musique est sa passion. Reid a ainsi écrit plusieurs compositions instrumentales, et s'arrange avec sa partenaire pour écrire de vraies chansons. Merlin hoche la tête, à l'écoute. Il n'essaie même pas d'imaginer la difficulté d'écrire les paroles d'une chanson de A à Z et d'inventer du même coup une mélodie qui va parfaitement avec. Naturellement, il se dit que ce doit être l'ex-copine et désormais amie du jeune homme qui doit s'occuper de la partie chant. Et c'est tout aussi naturellement que d'autres questions s'imposent à lui.

— Donc j'imagine que vous faites surtout des reprises lorsque vous vous produisez en public ? Et tu chantes aussi ?

Même s'il n'a pas d'avis vraiment arrêté là-dessus, il se dit que pour qu'un groupe perce vraiment, il faut qu'il compose ses propres chansons. Bien sûr, faire des reprises doit aider au début, mais ce n'est pas avec des reprises que l'on sort un album. Enfin, il n'y connaît pas grand-chose là-dedans mais se doute que cela doit marcher ainsi. Par la suite, il dit à Simon qu'il aimerait bien l'entendre jouer. Ce à quoi le jeune homme répond que cela lui ferait plaisir. Morgan sourit en entendant sa réponse à son autre question. Comme Reid doit avoir le même âge que lui, il calcule approximativement que cela fait une dizaine d'années qu'il a plongé dans la musique.

— Ah non, ça n'est pas du tout mon truc ça, rigole le britannique. On a bien essayé de m'apprendre le piano, mais il n'y avait rien à faire...

Il hausse les épaules, fataliste mais souriant. C'est son frère qui a le gène musical, c'est un prodige du violon. Mais Morgan, non. Il sait juste apprécier la musique, pas en jouer.

Morgan apprécierait vraiment d'aller les voir jouer. Ça pourrait être sympa. Mais dans un premier temps, il ne serait pas non plus contre entendre Simon jouer un petit quelque chose. Jouer et non chanter, car il avoue que c'est Spencer qui se charge de cette partie, mais qu'un jour, ça ne serait pas exclu. Reid a aussi confirmé qu'ils font pas mal de reprises, tout en alternant avec des compos originales. De toute façon, avec son style, le britannique le voit parfaitement dans un registre rock. Un truc hors des clous, où on s'éclate comme on veut sans se soucier des commerciaux et de leur soupe de popstar.

— Ben j'irais vous voir, la prochaine fois que vous vous produirez, sourit-il amicalement.

Ça lui donnera l'occasion de voir l'ensemble. L'union fait la force comme on dit. Puis le musicien lui demande s'il sait jouer d'un instrument. Merlin rigole doucement, répondant que ce n'est pas tout à fait son domaine. Il acquiesce à la remarque de Simon concernant le piano. Le britannique a bien deux ou trois petites mélodies qui sont restées gravées quelque part dans sa mémoire, mais c'est tout. Mais il n'avait pas la rigueur nécessaire. Il était sans doute trop jeune à ce moment-là, l'apprentissage du piano ne l'intéressait pas à l'époque. Ceci dit, cela ne l'intéresse toujours pas vraiment, il n'est pas attiré par la pratique. Il maîtrise mieux les mots que les notes, c'est ainsi. Et justement, Reid lui demande ce qui le passionne.

— Oui, les tours de magie ! plaisante-t-il en rigolant, avant de se calmer un peu. Plus sérieusement, ce sont les livres qui me passionnent, la littérature, tout ça...

C'est vague, mais c'est la vérité. Il pourrait rester des heures dans une bibliothèque, au milieu des vieux livres. En revanche, même s'il a lu des tonnes de livres, il ne se voit pas en écrivain. Il pense qu'il n'a pas le "truc" pour écrire romans sur romans. Pas assez d'assurance sans doute. Mais il préfère sans doute plus être lecteur que auteur. Néanmoins, il ne se défend pas mal du tout en tour de cartes, mais ça c'est une autre histoire.

Le musicien à l'air vraiment content de savoir que Morgan viendra le voir la prochaine fois que lui et son amie se produiront sur scène. Comment pourrait-il manquer ça ? Même si cela ne se fait pas tout de suite, cela se fera. Apporter du soutien aux potes est toujours bon. Se sentir soutenu aussi, c'est toujours bon. Chose qui a toujours manqué à Merlin. Il a de toute façon envie de voir ce qu'ils valent tous les deux. Il comprend que Reid ne soit pas trop porté sur les paroles. Après tout, il faut bien savoir manier la langue pour ne pas tomber dans le ridicule comme certaines chansons d'aujourd'hui. Reprendre des titres appréciés est certes plus facile, mais ça donne aussi un bon entraînement niveau pratique.

Lorsque Simon lui demande alors ce que lui sait faire, le britannique plaisante en disant qu'il est doué pour les tours de magie. Ce n'est pas faux, mais ce n'est pas le plus important. Le plus important, ce sont les livres. A l'inverse de Reid, Morgan lui est un littéraire. Il est tout à fait du genre à rester sans mal des heures prostré avec un livre. Une fois qu'il est lancé, il est difficile de le faire sortir de son univers. Qu'il y ai des gens autour, du bruit, ça ne le gène pas outre mesure dès qu'il est arrivé à se concentrer exclusivement sur le livre en question. Ça en serait presque une malédiction, car dès lors plus rien ne compte.

— C'est exactement ça ouais, rigole-t-il doucement, avant de hausser les épaules. Un peu de tout, un peu beaucoup de tout même.

En général les gens ont des domaines de prédilection, mais pas lui. Merlin lit à peu près tout ce qui lui tombe sous la main. D'ailleurs, il y a peu, il est tombé sur la biographie d'un musicien. Soit. Il se doute que ce n'est pas trop le domaine de Simon, qui n'a pas trop la tête de l'étudiant modèle qui plus est. Mais Morgan n'est pas du genre à juger les autres sur leur physique. D'ailleurs, il admire les tatouages de Reid. Il assume vraiment qui il est et ça, c'est quelque chose que le britannique ne peut que saluer. Ce n'est pas tous les jours que l'on croise des gens qui sont complètement eux-mêmes. Morgan s'étire un peu, bien installé sur le transat', puis tourne les yeux vers Simon.

— Et ils représentent quelque chose tes tatouages ?

— Je ferais un effort, mais c'est bien parce que c'est toi hein, rétorque Morgan sur le ton de la plaisanterie.

Il n'est pas complètement allergiques aux bars et aux pubs en tout genre. Du moment qu'il se tient à distance des alcools, surtout des forts, tout se passe bien. Même s'il n'est pas du genre à sortir, il n'est a pas non plus du genre à rester cloîtré chez lui H 24, surtout s'il a l'occasion d'aller voir un pote performer. Ce genre de soirée ne fait pas parti de celles qui le dérange et où il est sûr de ne pas trouver sa place. Enfin, ça se passera bien, il n'en doute pas. Il se demande d'ailleurs quel est le style de musique de Reid, ce qu'il joue avec son amie, mais c'est alors que le jeune homme l'interroge sur ses passions. Plaisantant d'abord sur les tours de magie, Merlin avoue plus sérieusement être un littéraire, passionné des livres, adorateur des bibliothèques. C'est alors qu'il lui pose LA question.

— J'écris oui, mais plus pour le plaisir, ce que j'observe, des pensées qui me viennent de nulle part. Mais je ne m'imagine pas auteur ou un truc comme ça, avoue-t-il franchement.

Il n'a pas la prétention de se croire potentiel écrivain simplement parce qu'il aime bien écrire. De temps en temps, ça le sort de son quotidien. C'est sans doute pour ça qu'il aime tant la lecture, elle lui permet de s'évader. Même pour un instant. C'est tellement bon de découvrir de nouveaux horizons, un nouveau monde. Ou même se se replonger dans un univers connu. En parlant d'inconnu, Morgan interroge Reid sur ses tatouages. Celui-ci lui explique que si certains ont en effet une signification, d'autres non. Simon considère cela comme un art et, d'un certain point de vue, c'est tout à fait véridique. Certains peuples pratiquaient bien cet art depuis des générations.

— Non merci ! s'exclame-t-il en rigolant. J'aurais l'air plus idiot qu'autre chose je crois.

Et il ne parle même pas des doutes qui accompagneraient tout ça. Non, franchement, ça ne l'inspire pas. Ceux de Simon sont tous beaux, pour ceux qu'il a sous les yeux, mais pas seulement pour ce qu'ils représentent, aussi parce que ça lui va bien. Finalement, c'est dur l'imaginer sans aucun tatouage, c'est comme s'il lui manquait quelque chose.

— Je sais, merci, on me le dit souvent, ne peut-il s'empêcher de plaisanter lorsque Reid lui lance qu'il est trop gentil.

Morgan n'a pas besoin de faire un gros effort du style vaincre une phobie pour aller voir son pote jouer dans un bar. Il peut bien faire un effort avec une bonne raison. Et ceci en est une. Ça sera aussi l'occasion de faire d'autres rencontres, ça ne peut lui faire de mal. D'autant qu'il n'a pas besoin de boire pour parler et être social. Après le sujet de la littérature, Simon lui demande s'il lui arrive d'écrire. Le jeune homme lui répond qu'en effet, il griffonne parfois deux trois trucs, mais qu'il ne se voit pas écrivain. Le musicien l'interroge alors sur ce qu'il écrit.

— D'un certain côté, je dirais bien que ça ressemble à un journal intime, vu que parfois j'écris sur des choses qui m'arrivent, mais ça n'est pas comme si j'y racontais toutes mes journées. C'est parfois juste des observations, ou des idées d'histoire, si on peut appeler ça comme ça, explique le britannique, avant de sourire. Mais les poèmes c'est pas trop mon truc. Il m'est bien arrivé d'en écrire quelques-uns, mais j'étais jeune à l'époque !

Il rigole ensuite un peu. Quand il est lancé, on ne l'arrête plus. Il préfère tout de même bien expliquer les choses que de laisser le flou l'emporter. Et puis, Reid a l'air curieux, alors comme c'est lui qui l'a interrogé à ce propos, Morgan n'a aucun scrupule à en parler. Il a gardé tous ses écrits, quelque part, pour son bonheur personnel. Les mots sont à lui ce que les notes sont à Simon. C'est un sacré parallèle, mais on ne peut plus véridique. Merlin ne sait pas s'il a un bon style, d'après son frère oui, mais il n'y connaît pas grand-chose, et d'après ses parents : la littérature n'est pas un métier. Enfin, sujet suivant, les tatouages du musicien. Morgan avoue bien rapidement que ça n'est pas vraiment pour lui.

— Je sais pas, c'est juste.. Je ne me vois pas avec, c'est tout, sourit-il en haussant les épaules.

Il n'y a jamais vraiment réfléchit en fait, mais sur le coup, il ne pense pas que ce soit pour lui. A vrai dire, la possibilité d'un tatouage ne lui a jamais effleuré l'esprit. Ça ne faisait pas parti de son "monde". Il se serait fait allumer par ses parents s'il l'avait ne serait-ce que mentionné. Machinalement, le brun jette un coup d'oeil à son portable pour prendre connaissance de l'heure. Il n'est pas encore trop tard, bien qu'il ne voit pas le temps passer en compagnie de Simon. Mais il sait aussi que Chris est capable de s'inquiéter parce que justement, il le connaît et il sait que quelque chose peut lui arriver n'importe où.

Morgan rigole en acquiesçant à la plaisanterie. Il paraît qu'il est gentil, on le lui dit souvent en tout cas. C'est naturel chez lui, il n'y pense pas. Alors ça n'est pas là-dessus qu'il se montrera vantard. D'autant que la vantardise ne fait pas parti de son caractère. Lorsqu'il s'agit de rigoler, il n'a pas de problème avec ça. Mais le compliment n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Et puis, ça lui fait aussi plaisir d'aller voir Simon jouer. La conversation passe ensuite de la musique à la littérature, et donc sur le britannique. Il n'a rien a cacher de toute façon, alors il répond avec franchise à la curiosité de Reid.

— Peut-être, hausse-t-il les épaules. Mais je n'ai pas encore eu THE idée, et même si c'est le cas, ce n'est pas dit que je publie quoi que ce soit, ajoute-t-il en rigolant légèrement.

Il est un peu gêné pour le coup. Il a carrément l'impression que si cela continue, il va dévoiler ses pensées les plus secrètes. Peut-être pas non plus à un tel point, certes. Mais c'est tellement son monde les bouquins, c'est tellement lui ce qu'il écrit. Il n'a jamais parlé de ceci à personne, il se débat exclusivement avec lui-même. Ce n'est pas non plus un sujet à éviter à tout prix, c'est juste que c'est délicat. Il ne peut nier que la conversation le laisse de marbre, au contraire il aime partager. De plus, même s'il n'est pas un littéraire, le musicien est intéressé, curieux, ce qui ne gâche rien. C'est un juste retour des choses puisque c'était Merlin qui lui posait auparavant des questions sur sa musique.

Mais le jeune homme change de sujet, dérivant sur les tatouages. Nouvelles questions de la part du britannique, qui avoue que ce n'est pas quelque chose qui le tente. Il aurait sûrement l'air stupide. Sûrement. Et puis non, ça n'est définitivement pas son truc. Reid ne pense pas la même chose, ça se voit, mais il ne le contrarie pas. Au lieu de ça, il lui demande s'il veut boire autre chose.

— Je vais rester au coca, mais je veux bien un nouveau verre merci, sourit-il.

Finalement, il a un peu soif. Et puis, c'est l'heure du thé non ? Entre 16h et 17h, c'est le bon créneau. Pas qu'il ai l'habitude millimétrée de le prendre tous les jours à la même heure. Ça ne le dérangera pas de s'en passer à 17h pile. Il y pense seulement. Preuve que s'il y a bien une chose que ses parents lui ont inculqué et qui restera à jamais, c'est cette habitude de boire du thé.

Spoiler:

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Morgan hausse simplement les épaules ; il prendra les idées comme elles viennent, sans doute. Après tout, si cela s'impose à lui, peut-être qu'il n'aura pas l'égoïsme de garder pour lui ce qu'il écrit. Mais pas maintenant, en tout cas. Ce n'est pas son but d'en arriver là. Du moment qu'il est avec ses livres, le britannique est heureux. Il n'a sans doute tout simplement pas assez confiance en lui pour penser qu'il a le potentiel pour écrire un ouvrage digne de ce nom. Cela ne lui dit que trop rien. Cependant, le destin est bien étrange parfois, alors dans quelques années, peut-être qu'il sera normal de trouver un roman écrit par Morgan sur les rayons. Ce que dit Reid ensuite le fait franchement rire, il ne s'y attendait pas à celle-là.

— Ne t'en fais pas, quand je ferais la promo, je dirais que c'est toi qui m'a incité à publier, deal ? réplique-t-il en rigolant toujours.

En tout cas, Simon ne cherche pas à s'incruster davantage dans le domaine du personnel. Le brun ne peut que lui en être reconnaissant, d'une certaine manière. Tout le monde à son jardin secret qui doit rester secret. Il s'est bien trop heurté à leurs grilles pour ne pas connaître leur existence. Soit. Les tatouages sont ensuite abordés, et les avis des deux potes divergent quelque peu. Par la suite, le musicien lui propose un nouveau verre et Merlin accepte, désirant rester au soda. Reid se dirige alors vers la maison, et en revient bien rapidement avec une bière pour lui, la bouteille de coca pour le britannique, et un paquet de chips. Bonne idée les chips, ça ne peut pas faire de mal.

— Merci, répond-il poliment après s'être redressé.

Il se fait agréablement servir puis prend une longue gorgée. Déposant ensuite son verre à côté du transat, il attrape le paquet de chips et l'ouvre sans plus tarder. Piochant une chips, il tend naturellement le paquet à Reid, qui a l'air absorbé par quelque chose. Finissant la chips, il décide de reprendre la parole, avec un grand sourire. Il sera peut-être bientôt temps de rentrer, même s'il n'a pas franchement envie.

— Alors ça te dit de me montrer une de tes compo' ? Je suis curieux de savoir ce que tu peux faire avec une guitare.