Christopher est allongé sur le canapé du salon. Bras droit recouvrant son visage, il a les yeux fermés et essaie de retrouver une respiration calme et régulière. Et ce malgré une cheville qui pulsait douloureusement. Bien que reposant sur un coussin moelleux, elle ne le laissait pas tranquille depuis un peu plus d’une heure. Depuis son retour de chez le kiné, enfaite.

Ayant remarqué que sa cheville n’était plus aussi mobile que normalement et que cette mauvaise mobilité commençait sérieusement à l’handicaper, il avait prit rendez-vous chez son kiné. Mais lorsque celui-ci, en lui mobilisant le pied, avait engendré un craquement sonore dans l’articulation qui l’avait littéralement fait hurler de douleur, Christopher avait regretté sa décision. D’autant plus que, maintenant qu’il était seul à la maison et qu’il n’avait rien à faire, la douleur était revenue assez violement. Heureusement que depuis 15 minutes elle commençait tout doucement à diminuer. Et c’est tant mieux, car cette après midi Morgan et lui avait prévu une balade à cheval.

Cette pensée fait grimacer Christopher, tandis qu’il soupire de désespoir. Il n’y avait même plus pensée, à cette balade. Putain. S’il avait sût, il aurait placé son rendez-vous un autre jour. Rah quel con, quel débile irréfléchi il était ! Morgan avait été tellement content en plus, à l’idée de remonter à cheval.

Soupirant doucement, il entend la porte d’entrée s’ouvrir puis se refermer. Instantanément il s’oblige à détendre les traits de son visage. Au moment où il enlève le bras de visage et ouvre les yeux, il voit les oreilles … pardon … la tête de Morgan apparaître au-dessus du dossier du canapé.

« T’es bien tôt, dis donc » dit-il en souriant en coin « T’as tellement fait chier tes profs qu’ils t’ont viré de cours ? »

Rien que le fait de se rappeler le grand sourire de ce jeunot lorsque Chris était revenu de sa balade et qu’il lui avait annoncé la date à laquelle ils partiront, eux seul, à cheval, oblige l’ancien militaire à devoir prendre sur lui. Il n’avait tout simplement pas le droit de gâcher la joie de Morgan. Et puis, à cheval il ne devrait pas y avoir de soucis avec sa cheville. Au contraire, il oublierait sans doute la douleur lorsqu’il sera sur le dos d’Hermès –car oui, il compte bien sur le fait de remonter cet adorable andalou. Donc voilà. Il ne va pas laisser cette putain de cheville gâcher cet après-midi. D’autant que le magnifique temps et le radieux soleil semblent leur ordonner de sortir …

Depuis que Chris lui a dit qu'ils pouvaient la faire, leur balade à cheval, Morgan y a pensé de nombreuses fois. De très nombreuses fois même. Ainsi, il s'impatiente. Toute la matinée, il l'a passée à l'Université. Toute la matinée, il a eu cours. Et il a dû manger rapidement le midi pour être à l'heure à son dernier supplice consentant. Cependant, le prof a apparemment eu un problème, on l'a avertit de quelque chose qui, au vu de sa tête, avant l'air grave, et il a filé en plein milieu du cours. Le britannique a donc fini plus tôt que prévu. Ne se posant pas plus de questions, il a sauté dans le premier bus pour Shady Cove et c'est plus ou moins cinquante minutes plus tard qu'il est sur le palier de la maison, aux alentours de 14h. Ça ne pouvait pas tomber mieux.

Merlin se réjouit de cette ballade, vraiment. Remonter à cheval, avec un des équidés magnifiques du haras, pour une longue ballade... Et seul avec Christopher. Il a un peu l'impression de ne l'avoir que pour lui, cette aprèm', et ça ne lui plaît que d'avantage. Depuis le baiser, après la fête de le Jonquille, ses sentiments sont encore plus emmêlés, mais aussi plus forts, plus marqués. Mais se refuse à y penser. Christopher et Morgan sont plus ou moins dans une situation inextricable. Un truc est sûr, cependant, c'est qu'il se passe quelque chose entre eux. Sinon pourquoi ? Néanmoins, ce quelque chose-là est très confus, surtout pour l'étudiant.

Passant la porte, il retire ses chaussures machinalement puis se dirige instinctivement dans le salon. Là, arrivant du côté du dossier du canapé, il a le bonheur de tomber sur l'ancien militaire. Allongé sur le dos, celui-ci sourit en coin en lui lançant une petite pique. Or, ça ne peut pas gâcher le joie du brun, allumée par l'idée d'une ballade équestre et ravivée par le simple fait d'avoir en face de lui l'américain. Ils se sont vus en coup de vent ce matin, Merlin avait bien faillit être en retard en fait. De bonne humeur donc, il arbore un sourire rayonnant qu'il ne peut retenir et n'essaye même pas de garder sa langue dans sa poche, s'accoudant au dossier.

— Exact, ils ne me supportaient plus, donc c'est toi que je viens faire chier, rétorque-t-il joyeusement.

Il a une envie soudaine d'aller embrasser Chris tellement il est sur un petit nuage, mais il se retient aisément. Ses lèvres sont tellement douces, le britannique en a déjà rêvé depuis. Et ce n'est pas la première qu'il a envie d'y goûter à nouveau. Mais comme à chaque fois, ce désir est aussi furtif que soudain. Il se redresse, toujours avec le sourire, cachant ses pensées du mieux qu'il le peut — et sans même rougir —, cependant, avant d'être totalement redressé prêt à aller poser ses affaires, il remarque la cheville de Christopher. Maintenant qu'il y pense, il est installé comme lorsque son ancienne blessure le fait souffrir. Son sourire s'amenuise tandis que ses sourcils se froncent, et qu'il plonge son regard dans celui de l'ancien officier.

— Ta cheville te fait mal ? demande-t-il avant de marquer une pause significative. Tu vas pouvoir monter à cheval.. ?

Le sourire de Christopher s’agrandit d’avantage lorsque Morgan lui répond qu’effectivement il était vraiment chiant et qu’il préfère le faire chier, lui … mais disparaît lorsque le jeune anglais lui demande s’il a mal. Enfaite, il s’inquiète plutôt du fait s’ils pourront faire du cheval ou pas. Ce pour quoi Christopher ne pourra blâmer le jeunot. Vu comment il se fait une joie de reposer ses fesses sur un cheval c’est normal qu’il s’inquiète. Enfin. Se redressant sur les coudes, puis sur les mains, il observe son pied gauche puis hausse les épaules et relève le regard vers Morgan.

« J’ai connu mieux … j’ai connu pire » dit-il en souriant à nouveau avant d’hocher la tête « Les kiné sont des sadiques, c’est bien connu. M’enfin … » il se déplace lentement, de manière à s’assoir correctement sur le canapé et pose doucement son pied au sol. Il le regarde un peu comme s’il réfléchissait, puis reporte à nouveau son attention sur Morgan « Mais ça va. Du moins assez pour ne pas m’empêcher d’aller en balade avec toi. »

Ce disant, il se penche en avant pour récupérer sa chaussette. En l’enfilant, il remarque avec une légère grimace que son articulation est quelque peu enflé et la température, elle, est plus élevé. Ce n’est pas bon. Ce n’est vraiment pas bon. Mais il va prendre sur lui et essayer de ne rien se laisser paraître. Ainsi donc, après avoir enfilé sa chaussette, il attend encore une micro seconde avant de se lever. Grimaçant lorsqu’il met son poids sur son pied gauche, il ferme furtivement les yeux et expire lentement. C’est que la douleur est pire qu’elle ne laissait penser. C’est horrible. C’est chiant. C’est handicapant. Ça donne envie de se couper le pied et de s’éclater la tête contre le mur. Mais ils avaient une balade de prévu, donc Christopher prendra sur lui pour faire plaisir à Morgan. Il le méritait.

Alors, se tournant à moitié vers le plus jeune, il lui offre un sourire qui se veut rassurant et hoche la tête.

« Va déjà te préparer, je range encore deux trois petites choses ici et on peut partir, okay ? »

Ce disant, il se penche en avant et attrape la tasse dans laquelle se trouve encore la moitié du café qu’il s’était fait en rentrant et qui est maintenant froid. En se redressant et se tournant pour aller dans la cuisine, il remarque que Morgan n’a pas quitté sa place. Arquant un sourcil, il l’interroge du regard.

« Tu attends quoi ? Le déluge ? Tes pouvoirs télépathiques ? »

Rien de ce que dit Christopher ne rassure le jeune étudiant. Ce dernier sait bien que les kinésithérapeutes sont des sadiques — avec sa maladresse innée, il en a déjà rencontré quelques-uns —, alors il se dit que si l'américain est allé en voir un ce matin, il y a de fortes chances que cela influe sur leur balade. Voire, l'annule. Morgan est très impatient de remonter à cheval, mais si cela implique de faire souffrir l'ancien militaire, c'est absolument hors de question. D'autant qu'il voit bien que sa cheville ne le laisse pas en paix. Chris essaie bien de lui faire comprendre qu'il va assez bien pour une balade, avec lui, mais la façon dont il bouge et sa réaction lorsqu'il pose son pied à terre ne fait qu'accentuer l'inquiétude de Merlin.

L'aîné lui dit d'aller se préparer, le temps qu'il fasse encore deux ou trois petites choses avant de partir, mais le britannique ne bouge pas. Il ne compte pas faire cette balade si c'est douloureux d'une quelconque manière pour Christopher. Il a toujours pensé aux autres avant de penser à lui-même. C'est comme ça, c'est dans sa nature. Il n'a jamais placer ses intérêts personnels au dessus de tout s'il n'y avait pas une bonne raison. Et cette bonne raison consistait souvent au bonheur d'une autre personne. Mais quand les gens qu'il aime sont heureux, il l'est aussi. En fait, il a pris ce qui restait après le passage de son grand-frère : Morgan pense aux autres, lui. Et il ne pense pas qu'il y ait une prévalence de ses envies sur le bien-être de Chris.

— Je n'ai pas besoin de pouvoirs télépathiques avec toi, je sais que ta cheville te fait souffrir, rétorque-t-il doucement en le fixant.

Merlin resserre son poing sur la bandoulière de son sac, fronçant légèrement les sourcils. Certes, cela le déçoit un peu de ne pas aller en balade aujourd'hui, d'autant qu'il fait un temps magnifique, avec un chaud soleil et beau ciel bleu, mais ce n'est pas si grave. Il y aura d'autres belles journées, ils peuvent reporter ce projet, lorsque cette cheville ne lui fera plus du tout mal. Si l'ancienne blessure de Chris s'aggravait lors de cette balade, il ne se le pardonnerait jamais. Le jeune homme croise les bras, n'ayant pas fait un pas, ne comptant pas changer d'avis.

— Je ne veux pas qu'on y aille si c'est douloureux pour toi, dit-il d'un ton sérieux. Ça va empirer si tu montes à cheval, et je ne supporterais pas que ce soit à cause de moi en plus. Alors on va rester ici, et on ira se balader un autre jour.

Il sait que l'américain est têtu, et que lorsqu'il a décidé quelque chose, il s'y tient. Néanmoins, Morgan n'est pas en reste de ce côté-là. D'autant que cette décision implique directement la santé de Christopher. Si l'anglais n'aime pas que ces amis soient dans de mauvaises passes, il apprécie encore moins quand c'est par sa faute. Et comme Chris est plus qu'un ami, il est facile de comprendre qu'il est impensable que Merlin laisse passer ça.

Morgan est bien mignon de s'inquiéter pour Christopher. Celui-ci peut même le comprendre. Le problème est surtout quand deux têtes de mules se rencontrent: l'un assure que ça va, l'autre ne veut pas que l'un souffre. Sauf que l'ancien militaire connait ses capacités, ainsi que ses limites, physiques. Et ce sans doute mieux que quiconque d'autre. Mais Morgan n'est pas assez égoïste pour le croire. Malheureusement, cette discussion serait la même si l'un deux était un mur: elle ne mène à rien, sinon à la frustration pour les deux.

Lorsque Morgan lui fait part qu'ils ne feront pas la balade si cela implique de faire souffrir l'ancien premier maitre, ce dernier ne peut s'empêcher de soupirer doucement. Se redressant et faisant complètement face au jeune anglais, Christopher le regarde quelques instants puis soupire à nouveau

"Tu sais bien que tu ne pourra me faire changer d'avis" dit-il tranquillement avant de s'approcher de son ami et lui poser une main sur l'épaule "Écoute Morgan, je vais bien. Ce n'est qu'une douleur passagère" c’est sans doute faux mais Christopher ne laisse rien paraitre "Et on ne peut pas annuler maintenant au niveau organisateur. Et même si on le pouvait, je ne le ferais pas." il se redresse et abaisse sa main "Maintenant laisse moi te faire ce plaisir et va te préparer"

Christopher n’est aucunement près à faillir à sa parole. C’est de sa propre faute s’il a mal. S’il avait réfléchit plus longtemps et qu’il avait tourné sept fois la langue dans sa bouche, il ne se serait pas jeté sur le téléphone. Ou aurait posé le rendez-vous un autre jour. Sauf qu’il ne l’a pas fait. Et comme il a promis à Morgan que, dès a présent, il assumera ses fautes, alors il ira en balade avec lui aujourd’hui. Qu’il ait mal ou pas ne changera rien à ce fait.

Enfin. Après avoir parlé et sans laisser le temps à Morgan de répondre correctement, il passe à coté de lui et se dirige, lentement et boitant, vers la cuisine. Posant la tasse dans l’évier, il s’appuie sur le plan de travail et, fermant les yeux, il grimace légèrement en s’appuyant sur sa jambe droite. Finalement, le plus gros problème ne sera pas d'être à cheval, mais bel et bien comment ils iront au haras. A pied ce sera impossible pour lui et la voiture n'est pas non plus ce qui est le plus agréable ...

Le problème là-dedans, c'est que Chris n'avouera sans doute jamais qu'il a vraiment mal puisqu'il en a décidé autrement. Sauf que Morgan n'est pas dupe lorsqu'il s'agit du bien-être des autres. Il tient face aux soupirs répétés de l'ancien militaire, à son regard qu'il soutient d'ailleurs, et continu de le fixer lorsqu'il vient poser une main sur son épaule. Argument imparable, le britannique sait que faire changer d'avis Christopher relève du miracle. Déjà avant, avec William, ils étaient aussi butés l'un que l'autre, et les très rares fois où ils n'étaient pas d'accord ont fait vibrer l'air d'étincelles. Aucun des deux ne changeaient d'avis, et ça se terminait toujours par un match nul. Ce qui tirait l'admiration de Merlin puisque son grand-frère n'a jamais cédé à personne et que Chris est le seul à pouvoir lui tenir tête.

C'est donc très mal barré pour le jeune anglais, puisque l'américain lui assure que cette douleur est seulement passagère et que toute façon, ils ne peuvent annuler la balade. Ce que l'aîné n'aurait pas fait même s'il en avait eu la possibilité. Puis il se dirige vers la cuisine sans laisser le temps à Morgan le temps de dire quoique ce soit. Cependant, sa démarche n'échappe pas à l'étudiant qui le suit d'un regard inquiet. Cette histoire va mal finir. Le plus dur pour Merlin est sans doute de comprendre pourquoi Chris tient absolument à cette balade alors que sa cheville fait des siennes. Après tout, le brun n'est pas en lui-même une raison suffisante pour souffrir. Christopher veut lui faire plaisir, il est touché, certes, mais ce n'est pas un argument valable de son point de vue.

Il hésite un moment avant de se diriger à son tour vers la cuisine. Il s'arrête néanmoins au pas de la porte et observe un instant Christopher, plus que soucieux de son état. S'appuyant contre le chambranle de la porte, il croise les bras et baisse les yeux, ne sachant pas ce qu'il doit dire ou faire pour que cet imbécile comprenne qu'il passe avant tout. En pensant cela, Morgan ne peut que remarquer que cela lui donne une preuve supplémentaire de ses sentiments confus ; Chris n'est pas un "simple" ami. Mais ce n'est pas le sujet du moment.

— Pourquoi tu t'obstines ? demande-t-il en soupirant légèrement. C'est ridicule. Je ne serais pas heureux si tu as mal juste pour moi, rajoute-t-il doucement, relevant les yeux sur Chris.

Il ne supporte pas le voir ainsi, faible, blessé. Ce n'est pas la première fois qu'il ressent ça. Il n'a jamais aimé voir les gens autour de lui tristes ou malheureux, mais avec l'américain, il a l'impression que c'est pire. Il a l'impression que ça lui fait mal à lui-même de le savoir souffrir. Trop sensible, comme dirait Will. Cependant, il sait aussi qu'il n'arrivera pas à le faire revenir sur sa parole. C'est vrai que c'est sa faute, il aurait pu voir le kiné un autre jour, mais ce qui est fait est fait, et il est inutile de prendre sur soi comme ça pour rien. Morgan se passe une main dans les cheveux, trouvant un soudain intérêt au sol de la cuisine.

— Il faut que je te le dise comment... soupire-t-il de nouveau, avant de trouver une autre inconnue à l'équation et de reporter son regard sur Chris. Et pour y aller ? Tu ne vas pas pouvoir marcher jusqu'au haras, en voiture ça ne te fera pas trop mal ?

Et s'ils ne pouvaient tout simplement pas y aller ? Christopher serait obligé de reconnaître qu'il n'est pas en état, et il resterait à la maison pour se reposer et éviter que son articulation ne cri à la torture. Et là, tout le monde serait content. Ou presque. Mais comme ils iraient un autre jour, Merlin prendra bien son mal en patience. Pour Chris.

Christopher a menti. Bien évidement que la douleur n’est pas que passagère, ça se saurait sinon. Evidement qu’il pouvait annuler encore maintenant sa venue : il connaissait le numéro d’Eliza et sait que cette jeune femme ne fera surement pas d’histoire. Et pourtant, il n’en a aucune envie. Il a lui-même réellement hâte de remonter à cheval. Cheville douloureuse ou pas, il en a fait la promesse. Et il la tiendra.

Sauf que Morgan ne l’entend pas de la même manière. Christopher l’a bien entendu s’approcher, mais les pas on cessé à l’entré de la cuisine. L’ancien militaire n’a donc aucun mal de savoir que le jeune anglais le voit entrain de batailler avec sa cheville douloureuse. Et ça le met quelque peu mal à l’aise. Enfaite, il ne supporte pas de montrer une telle faiblesse. Que ce soit devant un ami, ses parents ou devant un chef. Christopher est du genre à toujours prendre sur lui et rester concentrer sur l’essentiel. Et ce souvent à ses dépends. Mais là n’est pas la question.

Encore une fois, Morgan met en œuvre sa télépathie et demande comment ils iront au haras. Christopher ferme les yeux et baisse la tête en soupirant discrètement. C’était une bonne question. Une très bonne question. Mais ils trouveront bien une solution. Et puis, il a bien réussi à rentrer de chez le kiné, non ? Lentement, Christopher se tourne vers Morgan et relève le regard afin de lui faire face. Continuant tout de même à s’appuyer sur le plan de travail.

« Tait toi Morgan, s’il te plait » souffle-t-il avant de se redresser et prendre un peu plus d’assurance « J’apprécie et comprend ton inquiétude, mais tu n’as pas besoin de l’être » il pince légèrement les lèvres puis se pousse du plan de travail et s’avance lentement vers Morgan. S’arrêtant devant lui, il lui pose à nouveau une main sur l’épaule et lui offre un doux sourire qui se voulait rassurant « tu as peur que la balade n’aggrave le tout … or je pense plutôt que ce sera le contraire. » son sourire se fait plus malicieux « A moins que tu dises tout ça juste parce que t’as la trouille de remonter à cheval. » il lève la main et lui tapote la joue « Allez petite poule mouillé, va te préparer et cesse de t’inquiéter pour moi. Je suis un grand garçon. »

Ce disant, il le prend par les épaules et le pousse vers les escaliers. Tout d’abord doucement puis avec plus de force. Le suivant, il ne le lâche pas tant qu’ils soient arrivés en haut. Ce n’est qu’une fois la dernière marche de gravit, qu’il lâche Morgan et qu’il entre dans sa propre chambre. Refermant la porte derrière lui, il s’y adosse quelques instants en grimaçant de douleur avant de se diriger vers son lit sur lequel il s’installe. Obligé par sa cheville, il attend quelques instants afin que les vagues de douleurs ne cessent, puis se relève.

C’est, une petite dizaine de minutes plus tard, qu’il ressort de sa chambre et … tombe nez à nez avec Morgan. Arquant un sourcil tandis qu’il a un mouvement d’arrête, il affiche finalement un sourire et referme la porte de sa chambre derrière lui. Puis, d’un mouvement de tête, il désigne les escaliers.

« Allez, je te suis. On prend la voiture. »

C’est sans doute ce qu’il y a de moins douloureux.

Quel imbécile. Têtu. Buté. Un crétin pur et dur dans toute sa splendeur. Mais surtout parce que même affaibli, Morgan n'arrive pas à lui faire entendre raison et le laisse le mener par le bout du nez. C'est extrêmement désagréable car le brun sait qu'il a raison. Mais il ne peut pas faire grand chose face au sourire doux et rassurant de Christopher, ni face à ses paroles. Alors qu'il va répliquer à la petite pique, il se retrouve pousser en direction des escaliers. Il soupire, grommelle un peu, mais se laisse faire. Il remarque aussi que l'américain a l'air d'avoir moins de problème avec sa cheville, néanmoins il est plutôt doué pour cacher son état. Donc ce n'est pas une raison pour être totalement rassuré.

Merlin rentre donc à son tour dans sa propre chambre, avec un soupire. Qu'est-ce qu'il est chiant quand il s'y met celui-là. il faut toute la volonté du monde pour le supporter. Mais le britannique est encore moins décidé à être énervé contre lui. En dix minutes, il se prépare avec ce qu'il a sous la main. Il n'avait pas besoin de ses affaires d'équitation à Stanford, donc elles sont chez ses parents, donc or de question pour lui d'aller les chercher un jour puisqu'il ne compte pas remettre un jour les pieds dans la maison familiale. Heureusement, sa mère aimait l'équitation aussi bien anglaise que "nature", par conséquent leur était arrivé de nombreuses fois de monter simplement en jean et chaussures plus ou moins adaptées dès que l'envie leur en prenait. Comme Morgan se débrouillait bien, sa mère avait rapidement cesser de s'inquiéter pour sa sécurité. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il avait moins de risque de se faire mal sur le dos d'un cheval qu'à pied.

Sortant de sa chambre avec quelques affaires en plus, il remarque que Chris n'est toujours pas sorti. Il s'approche alors un peu, hésitant à aller frapper. Mais au même moment, la porte de la chambre s'ouvre et l'américain en sort, presque surpris de tomber sur Morgan. Il dit ensuite qu'ils prendront la voiture. L'étudiant le regarde quelques instants. Il se retient cependant de dire quelque chose dès maintenant et se détourne pour prendre les escaliers, Christopher sur ses pas. C'est peut-être la meilleure chose à faire, de prendre la voiture, car l'américain a bien réussi à rentrer de chez le kiné. A quelques marches de la fin, Merlin jette un regard par-dessus son épaule puis, lorsqu'il attend a fin de l'escalier, il fait encore quelques pas avant de se retourner pour faire face à Chris.

— Par contre, une chose, commence-t-il en le fixant. Si jamais ça te fais trop mal, au moindre problème, tu le dis.

Morgan ne cessera pas d'être inquiet. Ce serait renier ce qu'il est. Mais il espère au moins pouvoir faire confiance à l'ancien militaire. Que ce dernier veuille malgré tout aller faire cette ballade, soit, mais qu'au moins il ne pousse pas le vice trop loin. Il a raison, c'est un grand garçon. Merlin le connait bien justement, et il ne veut pas que ça se termine par un détour à l’hôpital parce que monsieur a voulu jouer les durs et qu'il s'est surestimé. Sans le vouloir, il s'adoucit un peu, ne le lâchant pas des yeux et continuant sur sa lancée.

—Tu sais très bien que je ne serais pas tranquille, alors promets-moi au moins de me dire lorsque ça ne va pas, ok ?

Lentement, Christopher descend l’escalier derrière Morgan. Hésitant et pas très rassuré au début, il remarque finalement que sa cheville s’est quelque peu calmer. Sans doute est-ce grâce à la chevillière qu’il a pensé à sous sa chaussette : elle donne bien plus de stabilité à l’articulation. Enfin.

Presque à la fin des escaliers, il voit que Morgan se tourne à demi vers lui puis, une fois en bas, se tourne complètement vers lui et s’immobilise. Debout sur la dernière marche de l’escalier, Christopher en fait de même et interroge le jeune homme du regard. Celui-ci reprend son discours d’inquiet, lui disant qu’il devait le dire au moindre problème. Puis, le silence. Un temps de latence pendant lequel Christopher ne lâche pas Morgan du regard et se dit, pour la 10ème fois en même pas 10 minutes, que ce jeune homme est vraiment adorable. Lorsqu’en plus il lui avoue qu’il ne pourra tout simplement ne pas être inquiet et qu’il oblige Christopher à lui promettre de lui faire part du moindre souci, celui-ci sourit, attendrit.

Puis, sans perdre ce sourire, l’ancien militaire, descend la dernière marche et s’approche de Morgan. Se plaçant devant lui, il lève sa main et lui caresse tendrement la joue. Il laisse encore passer quelques instants, simplement à plonger son regard dans le sien et à sourire doucement. Se penchant légèrement en avant, il scelle leurs lèvres en un doux baisé lourd de sens puis. Encore une fois, il laisse durer ce plaisir quelques instants puis se recule à nouveau.

« Si c’est le seul moyen pour partir en balade avec toi … » il marque un petit temps de silence significatif pendant lequel il se contente de caresser la pommette de Morgan avec son pousse « Alors je t’en fais la promesse » il réaffiche son sourire puis lui tapote la joue « Maintenant tu vas être gentil et te faire du soucis en silence, ok mon chou ? »

Il sourit en coin puis lui fait un clin d’œil. Se redressant, il passe à côté de lui et fouille sa veste pour en sortir les clefs de la voiture. Sans pouvoir s’en empêcher il boitille vers la porte et l’ouvre puis se tourne vers Morgan.

« Tu viens ? »

Morgan n'avait du tout, mais alors du tout envisagé une suite comme celle-ci. Il avait prévu que Chris accède en effet à sa demande de le prévenir au moindre problème, mais pas qu'il l'embrasse ! Après que le britannique se soit tut, un sourire qualifiable d'attendri s'est dessiné sur les lèvres de l'ancien militaire. Le jeune homme ne voit d'ailleurs pas la raison d'une telle réaction. Après tout, il est normal qu'il se fasse du soucis, il n'y a rien de particulièrement attendrissant là-dedans. Mais ça n'a pas l'air d'être l'avis de Christopher, qui s'avance, souriant toujours. Sans comprendre pourquoi, le brun sent son coeur accélérer la cadence, un peu comme si dans les secondes qui viennent, quelque chose d'incroyable allait se passer.

La tension monte quelque peu, il a l'impression d'être tendu comme la corde d'un arc. Mais la douce caresse de l'américain sur sa joue le rassure. Plongeant son regard dans le sien pour encore quelques secondes, il oubli à peu près tout. Il perçoit juste ce sentiment d'euphorie qui grimpe et les petits papillons dans son ventre qui s'agitent, avant que les lèvres de Chris ne s'emparent des siennes. Il ne bouge pas, frémit à peine sous le doux baiser, et se dit sans surprise qu'il aimerait que ça dure encore. Il ne cherche même pas à savoir le pourquoi de se baiser, il l'apprécie c'est tout. Mais la fin approche trop vite.

Christopher se recule à nouveau puis, caressant la pommette colorée de Merlin, plie à sa demande en lui faisant la promesse de lui dire si quelque chose n'allait pas avec sa cheville. Cette balade rien que tout les deux a l'air vraiment importante pour lui. Hochant doucement la tête ensuite, le brun baisse les yeux après avoir vu le clin d'oeil. Le surnom affectueux l'a quelque peu décontenancé. Déjà rougissant suite au baiser, il en faut peu pour le déstabiliser. Il réagit ensuite lorsque Christopher l'interpelle. Acquiesçant vivement, il esquisse un petit sourire en se retournant.

— J'arrive, c'est bon, lâche-t-il en s'avançant.

Il laisse l'américain passer dehors puis sort à son tour, le laisser refermer la porte à clef. C'est étrange. Lui n'a eu aucun problème à l'embrasser il n'y a pas plus de deux minutes, alors que la première fois, il a fuit en s'excusant comme s'il avait fait une connerie plus grosse que lui. Morgan a encore rougit, mais ça, il se demande si un jour ça lui passera. Puis ils se dirigent tout deux vers la voiture, le britannique encore perdu dans ses pensées. Il réfléchit à tout ça, silencieux. On n'embrasse pas un ami comme ça, sur la bouche, pour le rassurer. Surtout quand on est soi-même "un". Ils en ont déjà parlé, plus ou moins, et il est clair qu'il y a un truc en plus, mais même si Merlin ne peut nier être attiré par ce bel homme qu'est Chris, il a quand même un peu de mal à l'accepter. C'est inévitable, mais dérangeant. Mais aussi tellement bon.

C´est bizarre quand même. Alors que deux semaines auparavant Christopher était presque parti en courant lorsqu´il avait embrassé Morgan, cette fois-ci il n´a pas réfléchit et reste même après cet acte auprès de l´anglais. Et il n´a aucune problème avec ça. Bien au contraire, il sait qu´il y a quelque chose de plus entre eux. Que ces soit l´attirance physique ou morale, Morgan dégage quelque chose qui met Christopher à l´aise avec l´idée d´être attirer par un autre homme.

Mais apparement, ce n´est pas le cas pour Morgan. Après l´avoir embrassé et avant de se tourner vers la porte, Christopher a bien remarqué que son ami a rougit. Et tout dans son air et dans sa posture, portait à croire que ce jeunot était mal à l´aise. Étrange. Mais, alors qu´ils atteignent la voiture, CHristopher s´approche à nouveau de son jeune ami.

"Morgan" l´interpelle-t-il, obligeant l´anglais à se tourner vers lui "Est-ce qu´il y a un souci? Je veux dire, tu n´as pas l´air très a l´aise avec cette ... cette situation. ça te dérange que ..."

Il se tait subitement et regade autour de lui. Le mot "embrasser" est tellement lourd de sens que Christopher a du mal à le prenoncer à haute voix. Surtout dans la rue et donc en publique. Même si, apparement, il n´y a personne autour d´eux. Enfin, à Shady Cove on ne sait jamais. Alors, se redressant, il désigne la voiture.

"Allez entre. On en reparlera à l´intérieur"

Ce disant, il contourne le véhicule et s´installe à sa place. Après un repide temps de latence pendant lequel il observe et bouge son pied gauche dans tous les sens, il s´assoit finalement correctement sur le siège. Il se prend encore le temps de mettre le contact, règlé le volume de l´auto radio puis d´enclancher la marche avant et de démarrer. Tandis qu´il prend un peu de vitesse en s´engageant sur la chaussé, il lance un rapide coup d´oeil À MOrgan et reprend la parole.

"Je me demandais donc .." il pince légèrement les lèvres, hésite puis soupire discrètement "Est-ce que ça te dérange que je ... qu´on s´embrasse?"

Morgan n'a pas encore l'assurance, ou quoi que ce soit du genre, pour être vraiment à l'aise avec l'idée d'avoir ce genre de relation ambigüe. Ils ne sont pas amis, ils sont plus que ça. Mais les seuls autres solutions sont "amant alias petit copain" ou "sex friends". Or, aux dernières nouvelles, ils ne sont rien de tout cela l'un pour l'autre. De quoi perturber encore plus le jeune anglais, qui est aussi doué en sentiments complexes qu'il l'est en gravité. Ça ne peut tout de même pas être de l'amour, disons, romantique. Une attirance oui, morale et physique certes, mais de là à dire que c'est l'Amour avec un grand A...

Il sursaute légèrement alors que Chris l'interpelle. Il croise son regard, avant de le rebaisser, gêné, quand l'américain l'interroge sur ma situation. Maudite télépathie, à croire qu'elle marche vraiment dans les deux sens. Pourquoi est-il toujours facile de savoir ce qu'il pense ? Ce n'est tout de même pas marqué sur son front. Mais il n'a pas le temps de s'énerver contre lui-même. Il commence à peine à formuler une réponse, que Christopher se tend brusquement, regardant aux alentours. Morgan ne doute pas un seul instant que c'est le fait qu'ils soient en public qui le dérange. A vrai dire, une fois qu'il a pris en compte ce paramètre, et même si personne n'est autour d'eux, il n'a pas envie d'exposer leurs problème dans toute la ville. Shady Cove étant ce qu'elle est avec son lot de rumeurs, pas besoin de donner à manger aux pigeons. D'autant qu'ils ont bien dû se servir à la fête.

Ainsi, Merlin acquiesce à la proposition — l'ordre — de Chris et s'installe rapidement dans l'habitacle. Il ne parle pas, ne sait pas par où commencer, et attend simplement. Attend que l'ancien militaire ce soit bien installé, qu'il ai mis le contact, et réglé la radio. Signe qu'ils vont effectivement parler. La voiture s'engage sur la chaussée, prend de l'allure. C'est l'aîné qui reprend la parole, et le mot est lâché. Le britannique tourne par réflexe les yeux vers l'extérieur, se passant une main sur la nuque. Ses joues avaient retrouvé une couleur normale. Avaient. Elles commencent à se recolorer légèrement, en pensant au baiser, et accessoirement, à tout ceux qu'ils avaient échangés. Trois en tout, mais tous uniques. Et chacun transportant plus d'émotions que tous les baisers qu'il a reçus avant réunis.

— Oui, un peu... commence-t-il d'une faible voix, avant de percuter ce qui pourrait être sous-entendu, et de se rectifier avec vivacité en tournant la tête vers Christopher. Mais pas dans ce sens-là ! Pas comme-... Non, non c'était bon.. C'est.. J'aime bien quand tu m'embrasse mais- s'arrête-t-il brusquement, virant à l'écarlate, il fixe alors son regard sur ses poings posés sur ses genoux. Bon sang, tu te rends compte de ce que tu me fais dire là...

Il soupire furtivement, fermant les yeux et se passant la main dessus. Cette journée est de plus en plus bizarre, honnêtement. Quoique c'est plutôt sa vie qui est bizarre depuis quelques temps. Il y a tellement de questions qui sont apparues depuis le premier baiser et qui sont toujours là. Il fait tout pour ne pas y penser, mais même ainsi, ce qu'il ressent presque à chaque instant lui renvoit en pleine face qu'il ne sait même plus où il met les pieds. Il se mord légèrement la lèvre inférieure, tournant de nouveau la tête vers la fenêtre. Posant son menton dans sa paume, il reprend la parole pour quelques mots.

— Le problème c'est... C'est tout ce qu'il y a derrière... dit-il en serrant furtivement le poing, contenant du mieux qu'il le peut l'émotion qui lui enserre le coeur.

Morgan est jeune, naif et même encore insoucient. Christopher est guère étonné que Morgan se montre ainsi mal à l´aise avec ses actes et ses gestes. Mais de là à se douter que l´anglais est dérangé par ce baiser? L´ancien militaire se fige et tourne son regard vers le jeune homme lorsqu´il avoue ça. Heureusement, il se reprend bien rapidement. Ou plutôt se perd dans ses propos en essayant de se reprendre. Christopher ne peut empêcher un furtif sourire étirrer ses lèvres.

Cette réaction quelque peu excessive montre que Morgan n´est bel bien pas à l´aise avec cette situation. Ce qui pose Christopher face à un autre problème: et si ce jeunot n´était tout simplement pas près à avoir une relation ? Pinçant les lèvres, l´ancien militaire reporte son attention sur la chaussé. C´est vrai qu´il n´avait pas pensé à cet aspect là. Morgan est encore bien jeune et n´a que très peu d´expérience dans ce domaine. Se pouvait-il docn qu´il refuse tout simplement de s´engager dans une relation avec Christopher parce qu´il ne sent pas près? Autant niveau corporel que moral? Si c´était vraiment ça le problème, alors l´américain ne saura trouver une solution adéquate.

Mais la question suivante qui se posait maintenant: Lui, Christopher, voulait-il réellement une relation avec cet homme? Une relation amoureuse. S´imagnait-il réellemen pouvoir cesser de penser à lui-même et commencer à penser pour deux? Mais surtout, surtout : serait-il près à s´afficher en publique avec un autre homme? C´était fort improbable. Quoique ?

Et, alors qu´il est perdu dans ses pensées, revient vivement sur terre. Juste assez rapidement pour entendre la déclaration de Morgan. Et pour tout dire, il aurait préféré ne pas l´entendre, car elle ne fait que confirmer ses pensées. Morgan n´est tout simplement pas près. Il a peur de ce qu´il y a derrière ce baiser. Il a peur de ce qu´ils peuvent ressentir l´un pour l´autre. Christopher hoche doucement la tête.

"Je vois..." souffle-t-il avant de toussoter légèrement afin de prendre contenance et lancer un rapide sourire à Morgan.

Puis, lâchant le volant de sa main gauche, il pose son coude sur le rebord de la fenêtre et observe disraitement le paysage. Pendant de longs instants, aucun d´eux ne dit un mot: Christopher, lui, ne sait pas quoi ajouter d´autre à cette déclaration. C´est bien trop tôt pour dire qu´il l´aime.

"Bon, Morgan" dit-il finalement afin de briser le silence qui commence à se faire pesant "j´espère que tu as pensé à ta carte d´identité et ta carte d´assurance ? Parce que sinon tu devras resté à l´écurie." Il lui lance un coup d´oeil malicieux "J´pense qu´Eliza te trouvera sans problème du boulot."


Évidement, ce que Morgan ne sait pas c´est que lui, Christopher, a glissé discrtètement les deux cartes de Morgan dans son propre porte feuille. Juste histoire de lui foutre un peu la trouille et lui faire une blague. De très mouvais foût, certes, mais une blague tout de même.

L'inconnu. C'est angoissant. C'est comme le noir lorsque l'on est enfant. On a peur, un peu irrationnellement, mais par instinct. Pour se protéger sûrement. Morgan n'a parfois pas peur de l'aventure par pur idiotie, pour des petites choses bénignes — même si crapahuter dans les collines rocheuses du Connemara aurait pu lui coûter la vie avec sa maladresse légendaire. Mais là, c'est tellement plus fort que lui, petit innocent. Il a peur d'après, de la suite, de la profondeur du domaine inconnu dans lequel il sombre peu à peu. Il ne sait rien de tout cela, il ne connait rien. Une ou deux amourettes, à peine, c'est rien. Et Morgan ne réagit jamais à moitié ; quand il a peur, il a peur pour deux.

Christopher souffle simplement un "je vois" en réponse. Qu'y a-t-il à dire d'autre, de toute façon. Le britannique perçoit le rapide sourire avant de retourner à son observation du paysage. Il n'arrive même pas à se projeter dans le future, s'imaginer dans une vraie relation avec Chris. Il n'est sans doute pas prêt, ou quelque chose du genre. Ils ont quand même sept d'écart, ils ne peuvent pas en être au même point psychologiquement. Surtout Morgan qui n'a même pas l’expérience amoureuse — ne parlons même pas d'expérience sexuelle — d'un jeune de son âge. Mais, au final, l'ancien militaire est là non ? Le brun, malgré l'angoisse qui l'étreint, ne pourra sans doute pas lui résister, surtout s'il sait se montrer rassurant. En d'autres mots : Merlin est à apprivoiser. Mais cela serait loin d'être facile. Après tout, un faucon n'est jamais facile à apprivoiser.

Revenant brusquement sur terre, il émerge par la même occasion du silence lorsque l'américain reprend la parole. Il s'attendait à autre chose. Étonné, il tourne la tête vers lui quand il parle d'identité et d'assurance. D'après Chris, sans ces cartes, pas de balade. Ce qui serait regrettable, vraiment. S'il y a une chose que Morgan ne veut pas changer, pour rien au monde, même avec sa peur, avec cette gêne, avec tout ce bordel dans sa tête, c'est cette balade en compagnie de Christopher. S'occuper des chevaux ne le dérangerait pas, d'ailleurs s'il avait besoin d'un petit boulot peut-être irait-il sonner là-bas, mais il ne peut pas passer à côté de cette balade.

— Oui, normalement, c'est dans mon porte-feuille, comme.. toujours, répond-il, commençant presque à douter.

Pourtant, il n'y avait rien à douter. Il n'y a pas touché depuis quelques temps déjà. Cependant, par un réflexe un peu bête sans doute, mais ayant au moins le mérite de le rassurer. Il se baisse alors, attrape et ouvre son sac d'un même mouvement, puis y pioche ledit porte-feuille. Naturellement, il cherche les cartes là où elles devraient être. Sauf qu'elles n'y sont pas. Paralysé, il réfléchit rapidement à l'endroit où elles pourraient se cacher. Immédiatement, il relâche son pauvre porte-feuille après l'avoir fouillé pour s'attaquer à son sac. Bredouille, dépité aussi, il ne voit qu'une réponse à ce mystère : elles sont à la maison.

— Chris... commence-t-il d'une petite voix, déglutissant presque difficilement. Je- je les ai pas, elles ont dû rester à la maison, je crois. Faudrait faire demi-tour, s'il-te-plaît...

Il en est presque suppliant. Certes, on aurait pu croire que c'était pour empêcher Chris de monter à cheval, et donc de faire hurler sa cheville, mais non. Morgan ne serait jamais allé à cette extrémité-là, alors même que l'américain lui avait dit et répété que tout irait bien et qu'il l'avertirait en cas de problème. Il faut croire que sa malchance et son idiotie ont dépassé tout ce qu'il était possible de dépasser.

Sa petite blague à un énorme effet sur Morgan. Et pour tout dire, Christopher se doutait un peu que le jeuen homme réagirait de cette manière. Quoiqu´il réagit tout de même assez excessivement. M´enfin. Christopher, lui, s´était préparer à faire face à un Morgan au bord de la crise de nerf. Il n´a donc aucun mal à retenir un éclat de rire. Même pas un sourir n´apparaît sur son visage ! Au contraire. Il prend un air choqué puis soupire, ennuyé.

"Tu déconnes là ...?" demande-t-il effaré puis se pose une main sur le front "Putain Morgan ... si c´est une excsue pour retourner à la maison parce que tu t´inquièrte de trop pour moi ... t´as mal gèré ton coup. T´aurais au moins pût penser à ça quoi ..."

Il soupire de manière significative et grimace. Quel con il était. Oh putain, ouais. Lorsque Morgan découvrira sa blague, il aura très certainement envie de le tuer. Mais ce n´était qu´une petite revanche pour tout ce que Morgan lui a déjà fait subir durant ce premier mois de colocation. Une revanche pour sa feinéantise, sa nonchalance et le fait qu´il soit tellement tête en l´aire. Enfin. Morgan est de toute façon, du genre à oublier des choses plus ou moins importante, même sans sa blague, CHristopher aurait réussi à oublier sa carte d´identité et d´assurance.

"Non Morgan" reprend-t-il ens ecouant la tête "Je ne vais pas retourner" il enclanche le clignotant gauche et s´engage sur un chemin de terre qui les sépares du haras "T´avais cas y penser" il lance un coup d´oeil à Morgan "et tu sais quoi? ça ne m´étonne franchement pas du tout de ta part. Un jour du oubliera ta tête ou de t´habiller avant d´aller a l´université ..."

Bon, là, Christopher exagère réellement. Il sait pertinemment que MOrgan pense tout de même à beaucoup de chose. Mais d´un autre côté, cette blague se voulait avoir un autre effet sur l´anglais: celle de lui donner une leçon, dans l´espérance de lui ouvrir les yeux sur sa situation. Christopher sait que ça ne le changera pas du tout au tout, mais il espère tout de même que Morgan cesse d´être aussi bordélique.

Morgan sait qu'il est idiot et parfois tête en l'air. Il est même certain que l'on pourrait le démontrer pas a+b. Mais, il est aussi certain de n'avoir absolument pas la moindre d'où pourraient être ces cartes. Aux dernières nouvelles, elles étaient dans son porte-feuille, et il ne les a plus touchées depuis quelques temps déjà. Pour des choses aussi importantes, il veille toujours à savoir où elles sont. Certes, il auraient les oublier pour la balade, mais c'aurait été à cause d'un oubli de porte-feuille. Donc il aurait au moins su où elles se trouvaient. Naturellement, il commence à angoisser sérieusement. Et pas pour la seule raison qu'il ne monterait pas à cheval, mais aussi et surtout parce qu'il a peur de les avoir tout simplement perdues. Complètement et irrémédiablement perdues. Et Christopher qui pense que c'est fait exprès.

— Mais non ! Je pensais vraiment les avoir, je te jure ! J'aurais jamais fait ça ! se defend-il avec véhémence.

Il n'aime pas les accusations à tort, d'autant qu'il n'y a rien à la clef comme sauver la mise à un ami. Franchement, une mise en scène. Le britannique capable de mentir et de jouer la comédie. Lui ? Merlin ? Même dans les contes de fées de tels miracles n'existent pas. S'il avait voulu cacher la vérité, il se serait tut et n'aurait rien dit. Ça lui fait un peu mal que Chris croit que cela s'est fait à dessein, mais sur le moment, il plus peur d'avoir perdu des papiers aussi importants. Et puis, merci l'administration, pour en avoir de nouvelles ça va être long et, comble du bonheur, il devra sûrement contacter ses parents.

Il n'en est pas non plus à la crise d'angoisse, il n'est pas un HYPERsensible, cependant, il se rapproche encore du stade de l'infarctus lorsque Christopher lui dit qu'ils ne feront pas demi-tour. Et, s'engageant sur le chemin du haras, il le gronde. En tout cas, c'est l'impression qu'en a le brun. Certes, il a un peu oublié qu'il les fallait, mais il les a toujours avec lui habituellement. Alors pourquoi s'encombrer l'esprit ? Elles devaient se trouver dans son porte-feuilles. Elles n'y sont pas. Donc elles sont perdues. Quoi de pire. Il est aussi blessé du ton employé par Chris, comme si c'était courru d'avance qu'il oublierait quelque chose. Il arrive parfois à Morgan d'être tête en l'air, mais sur de petites choses. L'américain exagère carrément, et ça a seulement d'échauffer un peu plus les nerfs de l'étudiant.

— Ça t'arrive d'être compatissant et compréhensif bordel ? Je t'ai dit qu'elles étaient toujours avec moi d'habitude ! Je les ai pas touchées depuis au moins une semaine, je sais pas où elles sont passées !

Sourcils froncés, en colère contre lui-même et surtout contre le destin, il se force à détourner ses yeux rageur de Chris. Il soupire sèchement, portant son attention à l'extérieur. L'ancien militaire n'y est pour rien là-dedans, mais il pourrait au moins arrêter d'être aussi buté. Merlin s'en veut terriblement de ne pas avoir vérifié avant de partir, cependant, il était persuadé que ces foutues cartes étaient encore et toujours à leurs foutues places, dans ce foutu porte-feuille. Le chemin passe rapidement, au final.