Morgan ne sait plus où il en est. Christopher a même l’impression que son jeune ami ne sait plus s’il doit lui en vouloir, compatir, s’excuser, être heureux, pleurer, déprimer. Bref, il change d’humeur comme il changerait de chemise. 5 minutes auparavant il fixait notre ancien premier maître avec un regard à en glacer le sang dans les veines. Maintenant, il s’excusait pour le fait que Chris ne pouvait pas retourner auprès de sa cavalière. Mais pour tout dire, Terry était bien insignifiante. En cet instant il n’y avait que Morgan qui comptait. Morgan et le besoin pour ce jeunot de rentrer. C’est donc, avec un doux sourire mais une poigne ferme, que Christopher retient le jeunot.

« ça va, ne t’inquiète pas pour moi » dit-il en passant un bras autour de ses épaules « Et oui, tu es un crétin, je ne te contredirais pas sur ce point » reprend-t-il en souriant en coin avant d’obliger l’anglais à se tourner « Pour Terry … la femme qui m’accompagnait, je vais aller présenter mes excuses demain. Ou après demain. »

Il se met en route, ne laissant pas d’autre choix à Morgan ne le suivre. Un bras reposant toujours autour de ses épaules, Christopher le soutient pour que la gravité ne lui joue pas un mauvais tour. Il a l’impression que s’il le lâchait, le jeunot allait s’éclater la mâchoire sur le sol. Ce qui ne serait surement pas très agréable. Enfin. Marchant lentement, ils restent longtemps silencieux.

Il n’est pas bien tard -22h15 ou un truc de ce genre. Il ne fait pas froid. Il fait même très bon. Peut-être même trop. Si Christopher n’avait pas Morgan dans ses bras, il enlèverait sa veste pour sûr. M’enfin, il va prendre sur lui pour ce coup. Se calant donc sur le rythme lent et plutôt irrégulier de Morgan, l’américain prend plusieurs profondes inspirations puis soupire doucement en regardant son jeune ami du coin de l’œil.

« Le baiser … il ne t’as vraiment pas déranger ? »

Bon, d’accord. Ce n’était surement pas une question à poser quand quelqu’un avait un peu trop but. Mais Christopher n’avait pas pu se retenir. Il voulait des réponses. Là. Maintenant. Tout de suite.

Christopher approuve sur le fait que Morgan soit un crétin, en revanche il ne compte pas l'abandonner à son sort. Le brun esquisse un sourire lorsqu'il entend ses paroles. Il est aussi heureux, quelque part, d'avoir plus d'importance que cette Terry. Son pauvre petit coeur allait bizarrement mieux. Il acquiesce simplement, mais n'ajoute rien. Il n'a pas d'autre choix que de suivre l'américain, néanmoins il ne lutte pas non plus. Ça ne servirait à rien. Et puis, Chris est têtu, et s'il a décidé de rentrer avec Merlin, ce dernier n'y peut pas grand-chose.

Il ne fait pas bien froid dehors, malgré l'heure plutôt avancée. Le britannique tient debout, mais il est stable grâce à Christopher. Il a d'ailleurs un bras passé autour de sa taille. Son mal de crâne n'a pas diminué avec l'air pur, heureusement il n'a pas l'air de s'intensifier non plus. Morgan a quand même l'impression que sans Chris, la gravité serait plus forte que lui. Ils marchent en silence, lentement. Le brun regarde le trottoir sans vraiment le voir, essayant de penser à autre chose que les abeilles bourdonnant derrière ses tempes. Au bout d'un long moment, l'américain prend la parole. Merlin arque légèrement un sourcil, puis pose ses yeux sur l'ancien militaire, avant de les détourner lorsqu'il comprend la question.

— Je ne crois pas... souffle-t-il simplement en premier lieu.

Il essaie de rassembler ses idées, mais ça lui donne plus la migraine qu'autre chose. Le baiser ne l'a pas vraiment dérangé. Il n'avait jamais connu de tels sentiments avant et, tout au fond de lui, son instinct lui dit recommencer. Juste parce que c'est bon. Pourtant ça n'est pas aussi simple. Car ensuite vient la raison. Et cette raison lui dit qu'il ne peut rien avoir entre deux hommes. Que ce n'est pas normal, pas naturel. Certes, il trouve certains hommes beaux, mais parce qu'ils le sont, c'est tout. Tout comme certaines femmes sont magnifiques. Morgan n'a jamais pensé à autre garçon de cette façon. Il n'est pas gay. Quoique, au bout du compte. Il ne sait pas. Il est sorti une fois avec une fille au collège, mais son expérience en la matière s'arrête là. Alors ? Il est perdu. Et avec de l'alcool dans le sang, il a l'impression de perdre complètement la tête. Ce qui ne l'empêche pas de parler quand même.

— C'était.. étrange en fait, déroutant, nouveau aussi, alors je ne sais pas du tout quoi en penser, lâche-t-il en se passant une main dans les cheveux, puis rougissant quelque peu, il ose lancer un regard à Chris. Et toi... ?

Etrange. Déroutant. Voilà les deux adjectifs que même Christopher aurait utilisés pour décrire ce baiser. Enfaite, même s’il regrette son geste, il ne pouvait nier ce qu’il a ressentit lorsque leurs lèvres s’étaient liés. Un bonheur. Tellement grand qu’il était parvenu, l’espace de quelques seconde, de lui faire oublier le pourquoi du comment il était venu déranger Morgan en pleine nuit. Oui voilà. Au fond de lui, Christopher sait que ce baiser était bon, qu’il donnerait cher pour recommencer. Mais la raison était tellement plus grande.

Il n’est pas gay. Sinon comment a-t-il pût passer 5 mois aux côtés d’une jeune femme, accroché à ses lèvres et dormant dans son lit ? Comment avait-il pût avoir ces relations dans son adolescence ? Comment avait-il pût être excité par les porno qu’il avait pût voir dans son adolescence et sur le bateau ? Il ne pouvait pas aimer Morgan. Mais ne dit-on pas que les sentiments ne mentent pas ? Que le cœur est plus fort que la raison ? Non. Impossible. Pas chez Christopher.

Il soupire doucement lorsque Morgan lui pose la même question. Que doit-il répondre à ça ? S’il avoue que ce baiser était le point d’entrer de l’extase, Morgan pourrait être choqué. Ou avoir de faux espoir. S’il ment et qu’il dit que ce baiser ne signifiait rien pour lui, Morgan pourrait à nouveau être blessé. Mais … putain. Le bordel.

« Je sais pas. » dit-il finalement en gardant le regard rivé au sol « je ne sais vraiment pas. D’un côté … non, ce baiser ne m’a pas déranger. Au contraire. Je … je l’ai peut-être même apprécier un peu trop … » il se tait, dégluti, grimace légèrement puis reprend. « D’un autre côté … » il relève son regard vers Morgan puis lui baisse à nouveau en secouant la tête « Je sais pas … »

Il parle pour ne rien dire. Et il déteste ne pas être réfléchit dans ses paroles. Donc il s’énerve. Et avant que son énervement contre lui-même n’éclate au grand jour il préfère se taire. Morgan n’a pas besoin de subir à nouveau un accès de colère. D’ailleurs, il n’est même pas dit que ce dernier se rappellera de la soirée. Christopher espère intérieurement que ce soit le cas. Peut-être que le jeune anglais sera bien trop émécher. Il en doute, mais l’espoir meurt en premier. Soit.

« Au fait, j’ai testé le haras de Shady Cove » dit-il pour changer complètement de sujet « J’ai une balade avec Eliza, la propriétaire. Les chemins sont vraiment charmants et le lac est magnifique. » il sourit et serre, sans son rendre réellement compte, Morgan contre lui « Elle accepte de nous louer deux chevaux. Je devrais juste la prévenir à l’avance. T’es toujours partant, j’espère ? »

Ils sont visiblement aussi perdus l'un que l'autre. Rien ne présageait qu'un simple baiser les boulverserait à ce point-là. Il n'aurait dû rien se passer, pas même une étincelle. Il n'y aurait même pas dû avoir de baiser, tout simplement. Cependant leurs lèvres se sont bel et bien liées l'espace d'un instant et il y a forcément une raison à cela. Sûrement inconsciente, mais il y en a forcément une. Cependant Morgan n'est pas en état de réfléchir sereinement à ça et à tout ce que cela implique. En entendant que pour Chris, ce geste avait peut-être été un peu trop apprécié, le britannique resserre sans y penser sa prise sur la veste de l'ancien militaire. Ils sont deux comme ça.

— On en est au même point à ce que je vois... dit doucement le plus jeune avec un léger sourire, les yeux fixés au sol.

Christopher ne ment pas, c'est déjà ça. Le brun se doute qu'il n'a pas fait de mise au point avec lui-même à ce sujet-là, tout comme lui-même a essayé d'y penser le moins possible depuis. Et comme l'américain aime être ordonné en tout point, même en ses paroles, il est normal qu'il ne développe pas davantage. Merlin ne lui en veut pas. Après tout, il n'avait pas prévu de le questionner à propos de ce baiser, aussi bizarre que cela puisse paraître. Mais comme il se souviendra sans doute de la soirée — et croira peut-être qu'il a rêvé certains détails —, il aura sans doute une ou deux questions au réveil.

Chris change alors de sujet ; le haras. Plus léger, plus joyeux, il explique que la propriétaire accepte de leur louer deux chevaux pour une balade. Morgan répond machinalement à l'étreinte plus appuyée de l'aîné, encore un peu lointain, en se serrant un peu plus contre lui. Cette discussion a au moins le mérite de lui faire oublier son mal de crâne pour un petit instant. Il aura ce qu'il voulait au moins, une nuit de sommeil profond. Son humeur passe alors de la confusion à la joie aussi rapidement qu'il changerait de t-shirt, en témoigne son grand sourire à l'idée de remonter à cheval, en balade, seulement avec Christopher.

— Bien sûr que je suis partant ! répond-il vivement, avant de rajouter, plus posément. J'ai hâte, le coin à cheval doit être splendide.

Il a déjà vu les abords du haras grâce à Samantha, et il sait que dès que l'on sort de la ville, ce n'est que nature, nature, et nature. A perte de vue. N'y tenant plus, il pose sa tête contre l'épaule de Christopher, s'appuyant un peu plus sur ce dernier. Il soupire doucement, fermant les yeux pour quelques petites secondes. Il a vraiment trop mal au crâne. Demain, il n'aura peut-être pas une gueule de bois carabinée en bonne et due forme, mais il aura une sacrée migraine. Il ne se souvenait pas que le champagne avait un tel effet sur lui. En tout cas, il ne s'approchera plus de cette boisson diabolique à l'avenir.

Christopher décide d’ignorer la petite parole que place Morgan après ses dires –lui disant qu’ils sont au ‘même point’- et préfère changer de sujet. C’est ainsi qu’il apprend au plus jeune qu’Eliza est d’accord pour leur louer deux chevaux et que le coin derrière le haras est idéal. Morgan, est, heureusement, encore et toujours partant. Et bien en plus ! C’est avec un sourire et air jovial sur le visage qu’il lui dit que le coin doit être splendide à cheval. A ses paroles, Christopher ne peut qu’hocher la tête.

« Surtout quand t’es sur le dos d’un andalou de 6 ans, bien dressé et super gentil qui répond très bien aux aides et qui est calme en toute circonstances » il sourit doucement en se rappelant d’Hermès, le bel hongre.

Au moment où il fini ses paroles, Christopher sent quelque chose sur son épaule. Baissant légèrement les yeux et tournant un peu la tête, il voit que Morgan appuie sa tête contre son articulation, les yeux fermés. Pourtant, il continu à marcher. Mais, ne voulant pas risquer une chute, Christopher préfère s’immobiliser. Serrant encore quelques instants le jeune anglais dans ses bras, il se recule finalement et le repousse légèrement en le prenant par les épaules.

« Merlin ? ça va ? » son regard passe de Morgan au bout de la rue puis à nouveau à Morgan puis à nouveau au bout de la rue avant de finir à nouveau sur l’anglais.

Se baissant légèrement, il passe un bras autour de ses épaules et derrière ses jambes avant de se redresser. Faisant basculer l’anglais en arrière, il le porte comme une princesse. Après avoir mit quelques instants à trouver un équilibre digne de ce nom, il se met en route, Morgan dans ses bras.

« Je crois que c’est une aspirine ainsi qu’une bonne nuit de sommeil que la belle au bois dormant à besoin, n’est-ce pas ? »

Christopher lui fait un clin d’œil avec un sourire en coin puis rigole doucement.

Morgan sourit faiblement en entendant Christopher évoquer un andalou. Visiblement parfait d'après ses dires. Cela prouve bien la qualité des cheveux de ce haras. Déjà que les installations avaient eu l'air grandes et impeccables, preuve en est que les pensionnaires sont aussi impeccables. Malgré ses agréables pensées, le mal de crâne du jeune homme revient au galop et, dans l'espoir de se soulager un peu, il pose sa tête contre l'épaule de Chris. Fermant les yeux quelques instants pour tenter de se reposer un peu, il les rouvre au moment où il sent que l'américain s'arrête. Il lève le regard vers ce dernier lorsqu'il se retrouve face à lui, se demandant furtivement pourquoi il n'est plus dans ses bras.

— Oui oui, ça va... marmonne-t-il en fronçant les sourcils sous la douleur, par réflexe.

Mais, déjà un peu affaibli cérébralement par l'alcool, Merlin ne percute pas ce qui lui arrive par la suite. Chris l'a appelé par son second prénom. Déjà, cela aurait dû lui mettre la puce à l'oreille que quelque chose n'était pas comme d'habitude. Même si, soit dit en passant, ça ne lui a pas déplu. La suite donc, le prend totalement au dépourvu. Sans d'abord comprendre comment et pourquoi, il se retrouve soulevé du sol. Il entoure rapidement le cou de l'ancien militaire qui le porte façon princesse pour s'agripper à sa veste. Cependant, Christopher a l'air d'avoir les choses bien en main puisque, outre posséder un bon équilibre, ne donne pas l'impression d'effort. Morgan se savait du genre léger, mais là...

L'américain se met en marche, tandis que le brun perçoit son clin d'oeil alors qu'il le compare à la belle au bois dormant. Merlin se sent rougir de plus en plus. Et déjà que les températures ne sont pas fraîches, il commence à avoir chaud. Resserrant son emprise, il vient enfouir son visage dans le cou de Chris, comme pour se cacher. Son front contre sa carotide, il ferme les yeux, constatant, impuissant, qu'il est bien comme ça. Et que ce doit être le pire dans l'histoire.

— Bon sang, Chris... Les gens vont parler... avance-t-il de façon tout de même peu convaincante, avant de rajouter, d'un ton plutôt las : Pose-moi, je peux encore marcher...

Il a en effet besoin d'une aspirine et d'une bonne nuit de sommeil, il ne le nie pas. Avec un bon mal de tête et une fatigue qui s'accumule depuis déjà trop longtemps, il n'y a que ça pour le soulager. Mais il n'a pas besoin d'être porté sur le reste du chemin jusqu'à la maison non plus. Si ? En tout les cas, être porté ainsi par Christopher, accroché à lui même, a fait augmenter sa fréquence cardiaque. Pas sûr que ça l'aide à se calmer cette histoire.

Finalement, Morgan est plus lourd qu’il n’y parait. Mais ce n’est pas la force qui manque à Christopher. Ainsi, il le porte sans problèmes. Du moins, sans problèmes apparent, en tout cas. Evidement, avec cette charge en plus sur les bras, Christopher a tout de suite plus chaud et son cœur bat plus vite. Mais ce n’est aucunement dérangeant. Au contraire. Et puis, Morgan donne l’impression de s’y plaire, là, dans ses bras, avec son front enfouit dans son cou. Christopher marche donc, plus lentement, certes, mais d’un pas tout de même assuré. Et lorsque le plus jeune lui dit que ‘les gens’ risquent de parler, l’ancien militaire se contente de sourire doucement.
« Quels gens ? » demande-t-il en regardant démonstrativement autour de lui afin de faire remarquer à Morgan que … ben ils sont seuls dans la rue. « Tout le monde est à la fête et justement, on s’en éloigne. »

Bon, c’est sûr qu’ils ne sont pas à l’abris de discrète observations à travers des rideaux à moitié tiré d’une fenêtre en hauteur, mais pour tout avouer, Christopher s’en contre fiche totalement. Lui qui, généralement, essaie de tout faire pour donner une bonne image de lui-même (Ok, son côté stricte, autoritaire, impulsif et vexant ne convient pas à tout le monde …) n’en à guère a faire des éventuelles mauvaises langues de Shady Cove. Et puis, ce n’est pas un drame de porter un plus jeune, non ? Morgan peu très bien être un simple ami qui, ayant trop bu, n’arrive plus à tenir sur ses jambes. Donc, Christopher le porte. Ok, cette explication n’est vraiment pas logique mais … fuck hein.

« Heureusement que tu n’as pas besoin d’aller en cours demain. Tu risques d’avoir un joli petit mal de crâne. »

Il sourit doucement, se rappelant furtivement de la seule fois où lui-même était complètement bourré. Au point de vomir, de ne plus se rappeler de la soirée, mais de très bien se rappeler du lendemain. Enfaite, en y repensant, Christopher se dit qu’il n’a jamais été aussi malade que lors du lendemain de cette fête. Mais là n’est pas la question.

« C’est bizarre que tu ne tiennent pas l’alcool. Me semble que William, lui, ne ressentait les effets qu’après le 6ème shot de tequila ou la 8ème bière. Et encore, les effets étaient plutôt doux chez lui. »

Sans doute est-ce parce qu'il est dans les bras de Chris, toujours est-il que Morgan se sent étonnement bien. Peut-être un peu trop même. Il pense d'ailleurs à la cheville de l'ancien militaire qui pourrait le faire souffrir. Et il n'a pas envie de l'épuiser pour ça. C'est son problème s'il ne tient pas l'alcool, Christopher n'a pas besoin de payer pour ça aussi. Mais là n'est pas la question. L'américain lui fait comprendre qu'il n'a pas à se soucier des gens, puisque lui-même n'en a rien à faire et qu'ils sont tous — ou presque — à la fête. Ils sont en effet seuls dans la rue, et Merlin n'ouvre même pas un oeil pour le vérifier, il le sait. Cependant, ils ont déjà dû se faire remarquer par sa faute tout à l'heure, à la soirée, alors il n'a pas envie que leur cas s'aggrave.

— Chris, tu sais très bien où je veux en venir... soupire-t-il non sans un léger sourire amusé.

Ce crétin arrivera toujours à le faire sourire, même lorsque ça n'est pas le moment, et quelque part, c'est très énervant. Le britannique ne doute pas de la puissance des ragots dans la petite ville, et ne doute pas non plus qu'au moindre évènement sortant de l'ordinaire, maintes commérages ont le temps de se répandre en ville comme un trainée de poudre. Pour tout à l'heure, sans doute croiront-ils qu'il était question de Terry, et pour l'instant présent, on pourrait expliquer ça par la fait que l'aîné aide juste le plus jeune. Néanmoins, la façon dont il le porte est étrange. Après tout, Christopher aurait pu le prendre sur son dos. C'est plutôt comme ça que l'on fait en général, pour on aider un ami qui ne peut plus marcher pour telle ou telle raison. Cette explication est donc très laconique et carrément louche...

Morgan hoche doucement la tête à la remarque de l'américain. Les cours. Il n'y pensait même plus. Les organisateurs ont bien prévu leur coup, de toute façon. Faire ça un samedi soir. Ainsi, si quelqu'un boit plus que de raison, il n'est pas embêté pour la reprise le lundi matin. Et demain, le brun risque d'avoir l'air d'une loque. Un mal de tête foudroyant le guette depuis de bien longues minutes. Heureusement, il n'en pas encore au point de non-retour. Il ne l'a plus jamais atteint depuis cette fois-là. Vomir, ne plus se rappeler de rien, une gueule de bois impressionnante ; une fois mais pas deux. D'ailleurs, si lui ne tient pas l'alcool, William ne se défend pas mal, comme Chris le fait remarquer.

— Il paraît, hausse-t-il les épaules. J'ai pas eu l'occasion de le voir vraiment boire, j'étais encore petit quand vous faisiez des soirées entre potes, et la dernière fois que je lui ai parlé, j'avais 17 ans... dit-il doucement avant de soupirer. Will est meilleur partout de toute façon.

Quelle idée. Non mais franchement quelle idée d’avoir évoqué le nom de son frère dans ce genre situation. Déjà que l’état émotionnel du plus jeune est à fleur de peau, parler de William ne pouvait qu’aggraver cela. Et effectivement, c’est le cas. Après avoir dit que lui-même était encore jeune quand William et Christopher faisait des soirées entre potes et qu’il n’avait plus parlé à son frère depuis ses 17 ans, il ajoute que ‘Will est le meilleur partout’.

Christopher se mord légèrement sur la lève inférieure. C’est vrai qu’entre les deux frangins il y a toujours eu une sorte de rivalité. Ou plutôt une sorte de jalousie de la part de Morgan. Bien que ce dernier à accepter –tant bien que mal- d’être dans l’ombre de son grand frère, il ne peu nier d’être le petit arbre à être sorti de la terre sous le baobab. Will a fait des études supérieures plus prestigieuses que celle de Morgan, il était meilleur à l’école, était concentré, réfléchit, plutôt adroit. Bref, tout le contraire de son petit frère. Mais ce ne devait pas être soucis … jusqu’à ce que les parents s’en mêlent. Sur ce point là, Christopher n’a jamais comprit les parents Smith. Chaque humain est autrement plus important, chacun à ses qualités, chacun à ses défauts. Il s’agit là d’accepter chacun comme il est. C’est certes, difficile, mais Morgan à tellement plus de qualités.

Il est gentil, il ne ferait sans doute pas de mal à une mouche –sauf quand il a but et dieu, heureusement qu’il ne le fait pas souvent. Il est intelligent et futé. Même s’il est du genre à se foutre dans la plus grosse merde possible, il sait s’en sortir sans trop grands problèmes. Il n’est pas aussi intelligent que William, mais il est bien plus ouvert d’esprit et tellement plus curieux –peut-être même un peu trop d’ailleurs. Il voit le monde avec un tout autre regard que son frère. Très optimiste, il prend tout du bon côté des choses. Mais sa plus grande qualité est sans doute celle de trouver du bon dans chaque personne. Morgan est chaleureux et n’hésite pas partager ce qu’il possède. William, au contraire, était plus égoïste et gardait farouchement ses biens.

En tout et pour tout, deux frères qui se ressemblent sur quelques point et pourtant diffèrent sous tellement plus d’aspect. Christopher, lui, a apprit à connaître les deux et apprécie tout autant l’un que l’autre. L’un peut-être même un peu plus que l’autre. Et c’est là que ça devient intéressant. Mais ce n’est pas encore le centre de notre histoire. Enfin soit. Il couve Morgan d’un doux regard et sourit en coin.

« Tu sais, Merlin. Je ne suis pas cent pour cent sûr que ce soit vraiment une qualité, que celle de tenir aussi bien l’alcool » il reporte son regard devant lui « Et puis, William n’est pas le meilleur dans tous les domaines. Genre … tu l’imagines à cheval ? Personnellement, non. Quoique, ce pourrait être marrant à filmer et une occasion de pouvoir se moquer en toute bonne conscience. Tu ne crois pas ? »

Effectivement, rien que d’imaginer William à cheval fait sourire notre américain. Bon, il taira le fait qu’il a une fois emmené son ami dans une écurie. William qui d’habitude est très sûr de lui était plus que craintif à l’idée de s’approcher ne serait-ce que d’un mètre d’un de ces animaux. M’enfin.

En atteignant le bout de la rue, Christopher sent tout de même comment ses forces commence à diminuer. Autant dans ses bras que dans ses jambes. Donc, avant de faire un mauvais pas qui pourrait lui être fatal il préfère s’arrêter.

« Bon, les derniers 400m tu pourras les marcher seul, pas vrai ? »

Sans laisser à Morgan le choix d’une réponse, il plie légèrement les genoux et laisse l’anglais glisser au sol, tout en gardant une main dans son dos au cas où il viendrait à nouveau à tanguer.

"Prends exemple sur William, il est sérieux lui." "Regarde ton grand-frère, il est entré à Harvard !" "Tu étudieras la physique, comme William, ça serait plus à ton niveau que le droit." "Tiens-toi mieux ! Tu crois que William aurait renversé son verre sur sa cavalière ! Tu es irrécupérable !"

Il a entendu ça des centaines de fois, avec de nombreuses variantes, de la part de ses chers parents. Son père surtout. Sa mère était plus gentille, jusqu'à ce que William s'évanouisse dans la nature. a partir de là, ils sont devenus presque autant exigeant l'un que l'autre. Quoique madame était plus en retrait, elle ne contredisait jamais monsieur. Depuis qu'il est petit, il a donc compris qu'il n'atteindrait jamais les attentes de ces parents. Il a presque développé un complexe d'infériorité par rapport à son frère à cause de cela. Sans les pressions des parents, il y aurait juste eu une saine jalousie de la part du petit, qui aurait été alors amené à se dépasser. Au lieu de ça, il a dû accepter de rester dans l'ombre d'un grand-frère tellement plus exceptionnel. Will, conscient de tout ça, ne faisait rien pour se montrer supérieur et aggraver les choses. C'est pour ça que leur relation est étrange. Merlin aime profondément son frère, mais il le déteste en même temps.

En tous les cas, ce n'était pas vraiment le sujet à aborder. Surtout que le britannique est assez alcoolisé pour avoir les nerfs à fleur de peau et un état émotionnel aléatoire. Heureusement, Christopher comprend le malaise, et son origine. Il connaît sans doute aussi bien l'aîné que le cadet, leurs qualités, leurs défauts, leurs nombreuses différences, leurs quelques points communs... Morgan sourit en coin à la remarque de l'américain, et se blotti un peu plus contre lui. Décidement, c'est lui ou son prénom à une sonorité toute particulière lorsque c'est Chris qui le prononce ? Soit. Il ne peut aussi s'empêcher de sourire. C'est vrai que Will a un soucis avec les chevaux, un peu comme lui avec les chiens, à la différence que l'aîné reste bien plus calme. Jamais il n'a posé les fesses sur un canasson, ce qui désespérait leur mère.

— C'est vrai que c'était marrant à voir... Je crois que c'est parce qu'il a fait une chute la première fois, ça l'a vacciné, explique-t-il en souriant, se souvenant de la réaction de son grand-frère lorsqu'il posait des questions à ce propos.

Il était encore enfant à l'époque. Et William ne lui avait pas répondu, c'était leur mère. Le bon vieux temps. Presque bercer par le rythme de la marche, Merlin s'étonne d'un soudain arrêt, puis rouvre les yeux alors que Christopher lui dit qu'il marchera les 400 mètres qui restent seul. Il s'y attendait de toute façon. Ça ne le dérange pas, il peut marcher. Il le croit en tout cas. Hochant la tête, il repose les pieds sur terre, mais reste proche de l'ancien officier. Celui-ci le soutient encore. Se plaçant alors face à lui, le jeune homme s'approche encore et pose sa tête contre son torse, laissant ses mains descendre jusqu'à sa taille.

— Attends un peu, souffle-t-il, les yeux clos.

Calmement, il prend plusieurs respirations. C'est vrai, il suffit qu'il soit dans les bras de Chris pour qu'il s'apaise, même s'il a toujours mal à la tête. Après de longues secondes — il ne sait pas combien, il a un peu perdu la notion du temps —, Morgan se détache et relève son regard sur Christopher. Sa migraine a l'air de se calmer un peu. A l'air seulement. Espérant intérieurement que ce soit vraiment le cas, il sourit à l'américain, doucement, plutôt de façon rassurante.

— C'est bon, ça va mieux...

Heureusement, Christopher a eu la présence d’esprit de ne pas complètement lâcher Morgan. Ce dernier se retrouve d’ailleurs à nouveau dans ses bras en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Le front posé sur son torse, il descend ses mains se long de sa taille. Et Christopher dans tout ça ? Eh bien, il se laisse faire, enserrant légèrement les épaules du plus petit. Là, contre lui, il sent comment Merlin se calme. Au moins un peu. Alors il ne le lâche que quand c’est l’anglais qui le décide. Se reculant légèrement il relève son regard vers Christopher. Celui-ci croise son regard et lui sourit en retour avant d’hocher une fois la tête.

« Alors on y va » dit-il tranquillement.

Mais au lieu de faire le premier pas, il reste sur place, regard rivé dans celui de Morgan. Comme l’autre soir, une envie presque irrésistible s’empare de lui. L’envie d’aller à nouveau trouver le bonheur sur les si douces et délicieuses lèvres de ce jeune homme. Le besoin presque viscérale de sentir à nouveau comment son cœur s’accélère, comment les endorphines et l’adrénaline pulsent dans son sang. L’envie de ressentir cette passion et cette flamme qui ne lui sont pas inconnu.

Mais un bruit de pas le fait revenir sur terre. Se redressant vivement, il tourne la tête, au moment où un groupe de personnes d’un certain âge passe à côté d’eux. Poliment, Christopher leur sourit et leur souhaite le bonsoir. Il les suit discrètement du regard, puis soupire doucement avant d’indiquer, d’une pression sur son épaule, à Morgan qu’il compte reprendre la route. Sauf que maintenant, au lieu de le soutenir comme avant, il le lâche. Restant tout de même à ses côtés, s’efforçant à garder ses sens en alerte au cas où Morgan jugerait bon d’aller embrasser le sol, Christopher garde ses bras chez et ne touche plus le jeune anglais. Il ne saura se l’expliquer pourquoi. M’enfin.

« Bon dit moi, Morgan … » Christopher tourne son regard vers son colocataire « ça fait plus d’un mois que tu es chez moi maintenant mais … je viens de me rendre compte que je ne t’ai jamais poser de question sur toi. Quand j’ai vu William pour la dernière fois, il avait 17 ans. Moi j’en avais 18. Toi t’en avais … 11. » il arque le sourcils « C’est qu’t’étais vraiment jeune à l’époque. » il rigole doucement avant de reprendre son sérieux « Avant de venir à Shady Cove, tu habitais où ? D’ailleurs … » il s’immobilise et se tourne complètement vers le plus jeune « C’est quoi les raisons exact de ton départ de la maison ? »

Il savait qu’il y avait une sombre histoire de dispute avec les parents. Et pour tout dire, cela n’étonnait guère notre américain. Bien au contraire. Il se demandait d’ailleurs comment Morgan avait put passer 22 ans sans se rebeller plus tôt …

Se sentant mieux après un moment dans les bras de Christopher, le britannique se détache de lui, prêt à reprendre la route. Mais l'ancien militaire, malgré ce qu'il dit, ne bouge pas. Le regard qu'il ancre dans celui de Morgan interpelle ce dernier. La sensation qui naît au creux de son ventre. Une impression de déjà-vu. Lui aussi se perd dans les yeux de l'autre, le temps comme suspendu autour d'eux. Inconsciemment, il attend. Un autre baiser, sans doute. Ce sentiment, cette flamme, ce petit quelque chose qu'il a ressenti pour la première fois lorsque les lèvres de Chris étaient pressées contre les siennes. Il en a juste envie.

Les bruits de pas d'un groupe de personne le ramènent sur terre, comme un coup d'électricité. Merlin, constatant ses pensées, rougit quelque peu en baissant la tête, et met ces divagations idiotes sur le compte de l'alcool. Il perd complètement les pédales, si tant est qu'il les ai eu auparavant. L'une des rares fois où il est allé en boîte avec des potes (c'était il y a déjà quelques années), il s'était fait dragué par un autre gars, vraiment pas moche en plus, mais même avec un peu d'alcool dans le sang, il l'avait repoussé. Parce que c'était un autre homme. Alors pourquoi, ce soir, c'est différent ? Il ne sait pas. Et il n'a même pas envie de savoir. Une fois le groupe passé — comme quoi, ils n'étaient pas seuls dans la rue —, Morgan relève la tête, leur jette un rapide regard, puis obtempère à se remettre au route au signe de Christopher.

Il est soudain seul, sans soutien, éloigné de toute chaleur. Cela le surprend un peu, mais il ne fait aucune remarque, plus concentré à mettre un pied devant l'autre avec assurance et sans risque de se retrouver affaler à terre. Cependant, il reste plutôt proche de l'américain, au cas où l'attraction terrestre serait la plus forte. Chris fait alors remarquer que depuis un mois, il n'a pas posé de questions sur le brun. Celui-ci rigole d'ailleurs doucement, c'est vrai qu'il n'avait que onze ou douze ans la dernière fois qu'ils se sont vus, avant qu'il n'emménage chez lui. Il se voit ensuite poser deux questions, sur avant Shady Cove, et sur pourquoi Shady Cove.

— C'est un peu compliqué, commence-t-il en se passant une main dans les cheveux. Tu te souviens de la maison qu'on habitait à Seattle ? Elle appartenait à ma grand-mère, quand elle est morte, c'est ma mère qui en a hérité. Comme j'étais à Stanford, j'allais voir mes parents de temps en temps. Un week-end où j'étais à Seattle, je me suis engueulé avec eux, et au lieu de retourner en Californie, j'ai pris le premier bus venu. Puis j'ai fait aussi de l'auto-stop, j'ai terminé à Ashland, j'ai entendu deux gars qui ont dit que tu habitais dans le coin, je leur ai demandé ton adresse, et voilà.

Morgan n'ose pas recroiser le regard de Christopher, désormais face à lui, de peur de retomber dans la faille de toute à l'heure. Cependant, il lui jette un rapide coup d'oeil en souriant doucement. Il doit sûrement s'en souvenir, de la vieille dame bourgeoise, la mère de sa mère. Elle préférait William, elle aussi. Et son immense maison. Tellement grande que les deux frères et leurs parents y logeaient sans marcher dessus, grand-mère comprise. Et une telle demeure, ça ne s'oublie pas, d'autant que Chris était invité souvent.

En temps normal son ton aurait été joyeux, son air jovial, amusé, rieur. Mais là, il manque clairement d'énergie. Il a tout de même fait l'effort de répondre. Et tant pis si Chris trouve qu'il parle trop. Il l'a voulu, c'est lui qui a posé la question. Merlin n'a pas de mal a lui répondre. Après tout, il a reçu les confidences de l'américain, il a déjà pu satisfaire sa propre curiosité, c'est normal que ce soit chacun son tour. D'autant qu'il n'a pas fini, il reste la deuxième question. Mais il va faire court. Le britannique se remet à marcher. Il est fatigué, et son matelas l'appelle.

— Mon avenir, c'est pour ça que j'ai claqué la porte. Ils avaient dépassés les bornes, lâche-t-il sèchement, fourrant ses mains dans ses poches.

Morgan ne met pas longtemps à lui répndre. Et ce qu´il dt capte la otale attention de Christopher. Oh oui. Bien sur qu´il se souvient de cette maison À Seattle. Immense et à l´image de l agrand mère de l´anglais: extravagante, riche et belle. Oui, pour son âge, la vieille dame était très bien conserver. Nul doute qu´elle devait être jolie dans sa jeunesse. Mais soit. La maison donc- ou plutôt "la villa"- était grande et moderne. Et bien que lui-même ait souvent été invité chez les Smith, il n´avait jamais put découvrire tous les recoin de cette habitation.

Soit. Morgan lui explique donc que sa mère a hérité de cette villa après le décès de la grand-mère. Merlin, lui, est entré À Stanford et ne rentraite que de temps en temps. Et un jour, après une dispute sur osn avenir avec ses parents qui ont dépasser les bornes (Pourquoi ça n´étonne guère notre ancien premier maitre?) il est parti en bus puis en auto stop jusqu´à tomber sur des hommes qui ont évoqué le nom de Christopher.

Celui-ci, en apprenant cela, fronce les sourcils. Qui étaient ses gens qui se permettaient d´évoquer son noms? Les connaissait-il? Le connaissaient-il? Sans doute, sinon ils n´auraient pas parler sur lui. Mais pourquoi? Commen? Où? Dans quel but? Christopher avait envie de le savoir.

"C´était qui ces hommes?" demande-t-il en s´empressant de rejoindre Morgan qui a reprit le chemin vers la maison "Ils disaient quoi exactement? tu les as vu ou? Ils ressemblaient à quoi?"

Que de questions dont les réponses sont peut probables. ça fait une mois maintenant que Morgan est chez lui et ce serait fortement étonnant qu´il se rappelle encore maintenant des justes paroles de ces hommes. Il s´est passé tant de choses depuis son arrivé que Christopher ne le blâmera aucunement de ne plus s´en rappeller.

"Laisse tomber, ce n´est pas important" soupire-t-il finalement avec un geste de la mains avant de mettre ses mains dans ses poches. Continuant la route en silence encore quelques instants, il se tourne à nouveau vers Morgan "Tu étais donc à Stanford? Comment t´as réussi à entré là? T´es passé sous le bureau du directeur ou quoi?"

Il fini sa question en rigolant doucement, signe évident qu´il n´est pas sérieux. Quoiqu´il aurait put se retenir sur ce coup ...

Lorsque l'on a une dizaine d'années, on découvre tout. Et la demeure de sa grand-mère ne fit pas exception. En trois ans, Morgan a eu tout le loisir d'en explorer les moindres recoins. Cela rendait folle sa mère, et à la fin, William était parfois tellement désespéré de le chercher à sa demande qu'il ne faisait qu'attendre dans la bibliothèque, où il était sûr que le petit Merlin repasse par là à un moment ou a un autre. Ces années furent vraiment géniales à vrai dire, et quelque part, Christopher n'y est pas étranger. La partie qui étonne le plus ce dernier, d'ailleurs, c'est que le brun ait obtenu son adresse par l'intermédiaire de deux hommes.

Alors qu'ils reprennent la route, il lui pose de nombreuses questions. Dont la plupart ne trouveront simplement pas de réponses, Morgan ayant bien du mal à se rappeler de tout avec exactitude. L'alcool n'aidant pas non plus. On aurait dit que Chris cherchait à savoir qui c'était en étant sur ses gardes, comme si quelque chose de grave allait lui tomber sur le coin du nez. Sans doute un réflexe de militaire, mais c'était ce que son ton laissait transparaître. Du moins pour Morgan. Il n'a cependant pas le temps de trouver des réponses et de les lui fournir que l'américain lui dit finalement que ça n'a pas d'importance. Mais à tout choisir, il aurait préféré répondre à moitié que d'entendre ce qui suivit. Après un court silence, l'ancien militaire tourne la conversation sur Stanford, s'étonnant du fait, pourtant pas si étonnant que ça, que Merlin ait pu y entrer.

Sauf que le sous-entendu flagrant ôte tout début de sourire du visage du jeune homme visé. Passer sous le bureau du directeur. Il ne faut pas être une lumière pour comprendre. Malgré le léger rire de Christopher, et le fait évident qu'il plaisante — ce que Morgan a bien évidemment pigé —, le britannique rougit jusqu'à la racine des cheveux, se prenant en plus de plein fouet un incroyable coup de chaud. Déjà que la dernière fois que l'autre a évoqué du porno, il a réagit de la même manière. Là, c'est pire. Avec l'alcoolémie s'ajoutant à l'addition, il ne peut malheureusement pas stopper ses pensées. Tout va trop vite. En quelque secondes, la scène est dans sa tête. Il cache brusquement son visage bien coloré dans ses mains, s'immobilisant, n'en revenant pas.

— Oh mon dieu Chris... murmure-t-il plaintivement.

Il s'est auto-choqué. Le pire sans doute, c'est qu'il se dit, rapidement, furtivement et confusément, que "si c'était Chris...". Et c'est devant lui qu'il se représente à genoux, dans son esprit. Tout va trop vite. Il ferme d'autant plus fort les paupières, baisse un peu la tête. Doublement choqué. Certes, c'est l'américain qui a commencé. Il aurait franchement pu se retenir en plus. Déjà qu'il a lancé le sujet du baiser un peu plus tôt, maintenant il fait carrément des allusions homosexuelles. Mais Morgan n'est pas en état. Il n'est pas du tout en état de prendre ce sujet-là à la légère. Et plaisanter n'excuse pas tout. Plus jamais il n'osera regarder l'ancien militaire en face. Pas après l'image mentale qui lui est apparue, malgré tous les efforts qu'il a fait pour la refouler.

— Oh putain, lâche-t-il, le juron à demi-étouffé par ses mains, toujours rouge d'émotion.

Il n'est pas souvent vulgaire, mais là, il est juste dépassé par la situation. Par les pensées absolument contre-nature qu'il a eu, par la simple idée d'y avoir mêlé Chris, par ce qu'il a ressenti sans se l'avouer, aussi. Alcool + imagination + plus allusion à laquelle on ne veut pas penser mais à laquelle on pense quand même parce qu'on ne peut pas faire autrement. Ce n'est pas une bonne équation. Oh mon dieu, il n'a jamais eu aussi honte de sa vie. Et pourtant, il est a fait des idioties.

Comme la dernière fois lorsque Christpher a fait une allusion aux porno qu´il regardait avec ses collègues de la marine, la réaction de Morgan ne se fait attendre et est tout bonnement pricelesse. Faut croire que toutes formes d´allusion sexuelle -quelles soient hétérosexuelles ou homosexuelles- engendre une rougeur d´écrevisse sur le visage du jeune Merlin. C´est tout bonnement adorable et la preuve presque indéniable que ce jeunot n´a pas encore vraiment d´expérience sur ce champ.

Du haut de ses 29 ans, Christopher peut dire que lui en a, de l´exprérience. Peut-être pas autant que quelques unes de ses connaissances -qu´il ne citera pas-mais il a eu plusieurs relations. Quelques unes ont tenues plusieurs mois, d´autre n´avaient pas de lendemain. Et l´une a même tenue 2 ans. Mais finalement, depuis son entrée dans la marine, il ne s´est jamais posé. Ce qui est plutôt compréhensible. Toujours est-il qu´à 22 ans il avait surement plus d´expérience que Morgan maintenant. Enfin soit,.

Le jeune anglais, après avoir prit la couleur d´une tomate bien mûre, s´immobilise et se prend le visage entre les mains, poussant une injure. Christopher rigole doucement puis s´avance vers lui et lui enlève les mains du visage, l´obligeant à le regarder.

"Désolé Morgan" s´excuse-t-il finalement, sourire bordant ses lèvres, vestige de son rire "J´aurais pas dût mais ... c´était trop tentant. Désolé .." il a du mal à retenir un second éclat de rire et fait de son mieux pour le refouler. Après plusieurs grandes inspirations, il lui pose une main sur l´épaule "Aller vient, j´crois que ton lit t´appelle fort." il marque un temps d´arrêt pendant lequel il observe le jeune anglais "l´aspirine aussi, elle hurle bien fort"

Ce disant, il accentue légèrement la pression sur l´épaule du jeune homme et se remet avec lui en route. Tournant à droite, ils s´engagent dans Rogue River Drive et Christopher apperçoit sa maison au loin. Intérieurement, il ne peut s´empêcher de soupire et d´être déçu. Leur lente marche touche officiellement à sa fin. Finalement, cette promenade a fait du bien. Autant physiquement que mentalement. Ils ont put s´expliquer comme il se devait afin de mettre les choses à plat. Cette balade, marque donc la fin d´une soirée qui, après avoir bien commencé, a mal continué, mais se finie à nouveau bien. Peut-être que c´est cette balade qui, finalement, sauvera leur amitier.

Quoiqu´il en soit, Christopher ne peut empêcher le prochain coup. Passant discrètement un bras autour des épaules de Morgan, il lui entoure la nuque puis l´attire contre lui. Bloquant sa tête entre son bras et ses côtes, il lui frictionne vivement le crâne de son poing libre. Il continu pendant quelques instants avant que Morgan ne se débatte trop vivement et lfni, dans un élant de bonté de clémence sans nom, par le relâcher. Rigolant de bon coeur, Christopher lui ébouriffe gentiment les cheveux et tente de les remettre en ordre.

"ça t´apprendra à trop boir" déclare-t-il finalement.

Puis, il le reprend par les épaules. Non seulement pour le soutenir lors des derniers mètres, mais aussi pour sentir à nouveau sa chaleur. La présence de ce jeune anglais contre lui à vraiment quelque chose d´extrèment rassurant ...

Morgan est un peu ignorant, un peu beaucoup même, lorsqu'il s'agit des "choses de la vie". Il a quelques bases, celles que tout ado curieux dans l'âge bête a appris, mais cela ne va pas vraiment plus loin. Il n'a jamais eu ni l'occasion ni la véritable envie d'expérimenter à fond. On ne parlait pas de ça en famille. Toute référence le fait plus ou moins rougir du fait de son ignorance et de sa timidité naturelle sur certains sujets. Ainsi, ce doit bien être le seul sujet sur lequel il n'oserait jamais poser de questions. Il n'y penserait sûrement pas d'ailleurs. Il est donc normal d'avoir une telle réaction de sa part. Encore qu'une allusion hétéro ne l'aurait pas mit dans un état pareil, étant bourré, il aurait peut-être même eu le cran de continuer la plaisanterie. Mais avec tout ce qui s'est déjà dit et passé avant, une allusion homo est ce qu'il manquait pour le court-circuiter. S'imaginer avec un autre homme — et surtout parce que c'était Chris — l'a totalement tout simplement achevé.

Il n'est déjà pas à l'aise à la base parce que pour lui-même, le sexe serait presque un sujet tabou, mais c'est aggraver par la honte qu'il ressent envers sa personne pour avoir imaginé, même un instant, de telles choses. Ça ne lui était jamais arrivé avant, jamais. Et quand il sent Christopher s'emparer de ses mains pour lui dégager le visage, il est toujours aussi écarlate et n'ose pas lever les yeux. S'il savait, il en serait dégoûté. Peut-être même qu'il le virerait de chez lui ! Il n'en faut pas plus pour que tous les scénarios catastrophes possibles et imaginables fusent dans l'esprit du jeune homme. Mais bizarrement, lorsqu'il est obligé de relever la tête et qu'il croise le regard rieur de Chris, tout s'envole. A présent, malgré les excuses de celui-ci, le britannique fronce les sourcils, boudeur, pas content du tout d'être la cible de railleries en cet instant. Cet imbécile se moque de lui ! Quoiqu'il fasse l'effort de se retenir de rire. Soit.

Il est bien rapidement question de rentrer au plus vite. L'ancien militaire fait d'ailleurs remarquer, rien qu'à voir la tête de Merlin, qu'un lit et qu'une aspirine sont en train d'appeler le jeune homme. Morgan lui jette un regard légèrement rancunier, les sourcils froncés, pour la forme. Il n'aime pas être traité comme un enfant, mais il faut bien avouer que ces deux choses sont effectivement ce qui lui faut. Ils se remettent alors en route, prenant à droite, et apercevant déjà la maison. Le brun se dit furtivement que cette balade est allée trop vite, mais en même temps, il est crevé. Cette ballade leur a permis de mettre certaines choses au clair, de retrouver une certaine sérénité dans leur amitié, et pour rien au monde Morgan n'aurait changé quoique ce soit à cette soirée. Parce que finalement, s'il n'y avait pas eu toutes ses causes et ces effets, il ne se serait jamais rien passé.

Néanmoins, après quelques instants de silence perdu dans ses pensées, Merlin ne remarque que trop tard que Chris l'attire à lui et subi une friction du crâne dans les règles de l'art dont la douleur est accentuée par son mal de crâne. Coincé contre les côtes de l'américain, il se débat de plus en plus vivement jusqu'à retrouver sa liberté. Il souffle par le nez, excédé, laissant tout de même Christopher riant aux éclats lui ébouriffer les cheveux, tentant aussi de les remettre en ordre. A vrai dire, ce contact ne le dérange pas complètement. Son visage, qui avait presque retrouvé une couleur normal, presque, reprend quelques rougeurs sur les pommettes, aussi bien à cause de ses ressentis que des efforts qu'il a du faire. Mais alors qu'il se croit "en sécurité", à l'abri de ces petits frissons bizarres, Christopher repasse un bras autour de ses épaules, le soutenant et l'attirant contre lui en même temps.

— Tss, t'es pas mon père, alors chut, grommelle Morgan, essayant de ne pas se montrer adulte, n'étant cependant pas convaincant pour un sou.

Sans même s'en rendre compte, le britannique s'est accroché à Chris, passant un bras autour de sa taille. Au moment il en prend conscience, il se crispe légèrement mais tente de ne rien laisser paraître. Il baisse la tête, regardant machinalement où il met les pieds. Il se sent en sécurité avec lui, rassuré. Il ne peut pas le nier. Et il n'a pas envie de se priver de cette chaleur maintenant, peut-être qu'il le devrait, mais il ne veut pas. Une pensée un peu trop éloignée le fait trébucher, mais il s'agrippe à Christopher, et ne fait pas connaissance avec le trottoirs grâce à lui et à ses réflexes. Reprenant son équilibre, il ferme les yeux en gémissant, le crâne douloureux à en mourir.

— Bon sang Chris, tu aurais pu te retenir, lâche-t-il en portant une main à son front, puis il pose sa tête, paupières closes et sourcils froncés, contre l'épaule du plus âgé. Tu.. ça m'a fait trop mal... gémit-il de nouveau.

Morgan lui fait remarquer que Christopher n´est pas son père. L´ancien militaire en sourit, amusé. Mais dans le fond, ça ne l´amuse pas du tout. Il a connu ce père dont il est question. Oh oui. Et pas qu´un peu. Cet homme austère, stricte, emplie de valeurs morales, voulant les inculquer à ses fils. Pour lui, être à l´heure était déjà être en retard. A vrai dire, Christopher n´a jamais vraiment été apprécier par cet homme. Autant la mère a tout de suite accepté notre ancien militaire, autant le père n´a vu en Christopher qu´un ami de trop qui empêche son grand fils -la fierté de la famille- a devenir un homme de travail. Car oui, Chris et Will étaient connu pour être le duo de choc. Ils ont en fait des bêtises. Des grosses, des dures, des marrantes, des graves. Bref, l´ancien premier maître n´a pas vraiment fait des effort pour être accepter de l´homme de famille. D´ailleurs l´américain s´est souvent démander comment Will ou Morgan avaient fait pour accepter toutes ces remontrances et toute autorité ...

... jusqu´à entrer dans la marine. Là, Chrsitopher a trouvé pire que cet homme. Dans la marine, l´autorité était quelque chose d´habituelle. Interdiction de faire ci, obligation de faire ça. Pour Christopher, qui avait l´habitude d´être très indépendant et qui n´aimait pas du tout recevoir des ordres, il était maintenant servi. Mais il a apprit à accepter qu´il y avait des gens avec un grade supérieur. Des gens qui ont commencé en bas de l´echelle et qui ont bossé dur pour en arriver à ce stade. Ils avaient donc le droit de donner des ordres aux moins bien gradé. Ce qui était tout a fait normal. Et c´est bel et bien cette raison là qui a poussé Christopher à travailler dur. Lui aussi voulait donner des ordres.

En arrivant devant la maison, l´ancien premier maître s´immobilise et desserre légèrement son emprise sur Morgan. Lorsqu´il y repenssait, il s´était quelque peu transformé en un père Smith. Dur, Strice, autoritaire, ordonné ... tout cela son jeune ami avait déjà dût le subir par le passer. "Tu n´es pas mon père". En quelque sorte, si, il était son père. Il l´hébergeait, le nourissait, lui donnait un endroit oú dormir. Et en plus de ça, il avait les même manie que le Papa Smith, le même besoin viscéral de tout voir ranger.

Christopher sent un frisson parcourire son échine. Cette pensée le mettait sérieusement mal à l´aise. Il ne voulait pas. Il n´avait pas le droit d´avoir cette autorité parentale sur Morgan. Même si ce dernier était plus jeune, avait moins d´expérience sur beaucoup de points, il restait tout de même un simple ami. Il n´avait pas le même sang que Christopher. Celui-ci n´avait donc, logiquement, aucun droit d´autorité sur lui. Et pourtant, n´était-ce pas ce qu´il lui arrivait constement de faire?

Une voiture passant à côté d´eux le sort de ses esprits. Secouant la tête, il revient sur terre puis croise le regard de Morgan. En voyant son air interrogateur, Christopher se contente de sourir doucement puis désigne la porte et le pousse légèrement.

"Allez vient"

Ce disant, il se met en route et s´avance vers la porte. S´arrêtant devant, il fouille ses poches, cherche sa clef, la trouve puis ouvre la porte. Tandis qu´il laisse Morgan entrer et qu´il s´avance derrière lui dans le couloir, une question lui vient à l´esprit.

"Au fait ... t´as même pas encore de clef, non?"

Après un mois de colocation, voilà qu´il vient tout juste de percuter. Bravo Christopher, quel esprit vif tu es !

Après quelques instants, Morgan s'est détaché de Chris. Les vagues de douleur ont diminuées, son crâne ne le détruit plus à petit feu... Il devrait atteindre la maison encore conscient et sur ses deux pieds. L'américain ne fait aucune remarque, et ils continuent leur marche jusqu'à arriver à l'habitation. En silence. Il le sent frissonner alors qu'ils atteignent l'entrée et, comme aucun autre mouvement ne vient de sa part, le brun le regarde alors interrogativement, ayant l'impression qu'il vient de revenir parmi les vivants. Qu'est-ce qui aurait pu le faire partir si loin dans ses pensées ? Le fait que Merlin ait évoqué son père ? Sans doute ; il a sourit tout à l'heure.

C'est vrai qu'ils ne s'entendaient pas des masses, car Chris était perçu par le père Smith comme un élément perturbateur. Ils avaient fait les quatre cents coups lui et William, et ce dernier avait dévoilé d'autres facettes de sa personnalités, un peu connues par le petit-frère, mais que le père ne souhaitait pas voir. Will était SON fils, le meilleur, partout, et Christopher était donc un obstacle au grand destin qui l'attendait. D'avis de Morgan, son père était totalement à côté de la plaque, mais il ne l'a jamais contredit. A l'époque, il se taisait, et sortait de la pièce dès que William osait tenir tête à John Smith. Pour les deux fils, son autorité était normal, naturelle, légitime, mais elle avait ses limites. Et ça, Merlin ne l'a compris que bien plus tard. Son père a une vision de la vie très personnelle qui ne lui convient pas du tout.

Christopher sourit donc doucement au jeune homme, puis s'avance vers la porte. Le britannique se contente de le regarder. C'est vrai aussi que Chris ressemblait à son père. Pas "avant", mais la Navy a dû le changer. Il n'aimait pas l'autorité dans ses souvenirs, mais ça ne l'avait pas étonné qu'il choisisse la marine. Préférant à coup sûr donner des ordres que d'en recevoir, il a dû travailler d'arrache-pied, et prendre sur lui un nombre incalculable de fois, pour arriver là où il en était arrivé. Maintenant, Christopher a certains traits de caractères, dont la manie du rangement, en commun avec le père de Merlin — sans doute pour cela qu'ils ne s'entendaient pas. Le jeune homme en a fuit un pour tomber sur l'autre. Cela lui fait bizarre de se dire ça, alors qu'il passe le pas de la porte. Se retournant, un peu dans la lune, il répond à la question qui lui est posé sans vraiment y faire attention.

— Toujours pas non.

Puis il sourit doucement, ressentant la fatigue. L'appel de son lit est de plus en plus fort. Il rebaisse les yeux et, soupirant, il se déchausse le plus rapidement possible. Avec un peu de plus de mal ensuite, il enlève sa veste et se retrouve vite en chemise, se dirigeant vers les escaliers. Mais il s'arrête, après un bâillement, et se tourne vers Chris. Cela lui a fait bizarre de faire ce lien avec son père. Certes, ils se ressemblent, avec leur autorité, le strict qui les caractérisent... Mais Christopher est différent. Après quelques secondes de silence à observer l'ancien militaire avec un visage sérieux mais un tant soit peu fatigué, Merlin laisse sa langue se délier. Une dernière fois, avant l'aspirine et l'oreiller.

— Chris, tu sais que t'es pas mon père hein ? Non attends, cette question est bizarre, bien sûr que t'es pas mon père, dit-il en secouant la tête, essayant de rassembler ses esprits. C'est plutôt... Je suis majeur, je suis plus un gamin, j'ai plus besoin qu'on veille toujours sur moi, okay.. ? lâche-t-il en le fixant dans les yeux sans pourtant aucune animosité. T'as pas à être comme lui, a te comporter comme.. je sais pas, une autorité paternelle, ou un truc comme ça. Tu m'héberges, tu me nourris, tu me répètes tout le temps que je dois ranger mes affaires, et t'as un peu le même caractère que lui, mais c'est tout. Pense même pas à être comme lui, je le supporterais pas, finit-il par avouer avant de marquer une pause, et d'ajouter doucement, en détournant les yeux : Toi t'es différent. T'es gentil... Et pis tu me fais des câlins.

Il ne fait aucun reproche, il dit juste ce qu'il pense de tout ça, ce qu'il a sur le coeur. Et l'alcool n'y est pour rien, si ce n'est pour l'aspect brouillon de ses pensées et la dernière phrase. S'il n'a pas fait le rapprochement à ce point entre les deux jusqu'à maintenant, c'est qu'il y a une raison. Il n'a jamais vu l'ancien militaire, malgré tout, comme un substitut paternel. Il a passé l'âge. Et il ne veut pas que l'américain le pense. Il n'a pas le droit. Son père c'est son père. Christopher, c'est Christopher.

La télépathie est la capacité à lire dans les pensées autres humain. Elle peut même s´étendre jusqu´au pouvoir de contrôler ces esprits ainsi que de décidé de ce qu´ils voient et pensent. Entre Morgan et Christopher, il s´agit surtout du premier aspect de ce pouvoir. Christopher pense sérieusement, qu´au-delà de la simple entente et l´amitier il y a une connection plus profonde et plus intense. C´est débile à dire, d´autant que l´ancien militaire est plutôt du genre rationnel.

Mais sinon, comment expliquer le fait que Morgan se tourne vers lui et se met à lui parler plus sérieusement de son père? Ou plutôt, lui explique que, justement, il n´est pas son père? Finalement, Morgan exprime en mot ce que Christopher pensait, tout en y ajoutant des termes ou mots on ne peut plus rassurant. Il lui dit qu´effectivement, l´ancien militaire ressemble à son père de part ses manies sur certaine choses, mais que lui, Christopher est - et restera- ... Christopher. Le gentil Christopher qui fait des câlins.

L´américain rigole doucement à cette dernière déclaration. Dans le fond, ce jeunot est un adulte resté dans l´enfance. Ou un enfant qui a grandit trop vite. Toujours est-il qu´il reste quelqu´un en manque de tendresse paternelle ou maternelle. Finalement, Christopher préfère se considérer comme second grand-frère. Souriant, il attrape Morgan par les les épaules et l´attire contre lui.

"Morgan, Morgan, Morgan .." dit-il en secouant doucement la tête "Si tu n´existais pas, il faudrait t´inventer"

Il le sert contre lui et lui caresse tendrement le dos. C´est là sa façon personnelle de le remercier. Car le sparoles de ce jeunot ont tellement plus d´effets sur et le ressurent tellement, qu´aucun mot ne peut exprimer cela. Chrsitopher accentu furtivement sa pression contre les omoplattes de Morgan puis le relâche et se recule.

"Allez va, monte" dit-il en le poussant légèrement vers les escaliers "Je te suis" reprend-t-il lorsqu´ils se dirigent vers les escaliers.

Tandis qu´ils montent les marches, christopher reste derrière MOrgan, une main dans son dos, l´autre sur la rambarde. Les sens en alerte, il espère secrètement que le jeune anglais ne va pas lui tomber dessus car ce n´est pas dit qu´il arriverait à le rattraper. Et tomber jusqu´en bas de l´escalier ne serait pas très agréable. Pour aucun des deux ...

Morgan a un peu lancé ce sujet sur un coup de tête. Il l'a fait pour lui, pour se rassurer lui-même quelque part, mais aussi pour ôter tout doute de l'esprit de Chris. Il n'aurait pas parié sur le fait que c'étaient justement de telles interrogations qui occupaient l'esprit de l'américain. Mais apparemment, il a visé en plein dans le mille. Et ça ne l'étonne pas le moins du monde, à vrai dire, d'avoir ce genre de connexion. Et plus spécialement avec Christopher. A l'instant, il se dit même qu'il n'y a rien de plus naturel que d'être sur la même longueur d'onde. Peut-être sont-ils liés plus intensément que par une simple amitié, qui sait.

Après avoir fait on petit speech, et avoir entendu de nouveau le rire de Chris, Merlin se retrouve contre le torse de celui-ci. Il sourit à sa remarque, frissonne à la caresse dans son dos, et reste volontiers dans les bras du plus grand. Il est juste heureux. Il comprend que c'est là sa façon de le remercier, même s'il ne voit pas forcément pourquoi. Le britannique n'a pas l'impression d'avoir dit quelque chose d'exceptionnelle, pourtant, il a aussi l'impression de savoir trouver les mots qu'il faut à chaque fois qu'il doit parler avec sérieux à Chris. Après une légère pression, ils se détachent l'un de l'autre. Le brun obtempère alors en se dirigeant vers les escaliers, rassuré lorsqu'il constate que Christopher est derrière lui.

Morgan se sent toujours plus en sécurité lorsqu'il n'est pas loin, en fait. Il se sent mieux, apaisé, serein. C'est bizarre à décrire, il avait un peu le même sentiment quand William était là. Peut-être un effet grand-frère pour l'un, et plus que ça pour l'autre. Il ne sait pas, et il préfère ne pas y penser pour le moment. Il n'a pas envie d'avoir un second frère, celui qu'il a lui suffit déjà. Soit. Remarquant la main de l'ancien militaire dans le bas de son dos, un long frisson lui remonte le long de l'échine et s'étend sur ses côtes. Il en aurait loupé une marche, déjà peu réveillé. Il est à fleur de peau, au sens propre. Cependant, il ne fait rien pour se dégager du contact. Il aurait plus de chances de se ramasser qu'autre chose, et les escaliers ne sont pas le meilleur endroit pour ça.

— Hm, Chris, tu pourrais.. m'attraper une aspirine... ? demande-t-il pour détourner sa propre attention de cette main dans son dos, sa faible gêne transparaissant malgré lui dans son ton. Ou n'importe quoi qui puisse arrêter les tambours dans ma tête... Ça serait génial... ajoute-t-il avec un léger sourire et un petit regard en arrière.

Maintenant qu'il y pense, il ne sait pas exactement où sont rangés les médicaments et autres indispensables d'une trousse de secours. Il ne reste que quelques marches, même si avec la fatigue bien présente, Merlin a l'impression que cet escalier est sans fin. Et puis, il ne peut s'arrêter de penser à ce contact. Certes, Chris n'a comme intention que de prévenir un quelconque déséquilibre et de l'aider, mais il n'a sûrement pas conscience de l'effet supplémentaire que cela produit chez le jeune homme.

Loin de se douter de l´effet que peu avoir sa main sur le dos du jeune homme, Christopher gravit les escaliers derrière lui. La montée est lente et hésitante. L´alcool et la fatigue ne font vraiment pas bon ménage avec Morgan. A plusieurs reprises, Christopher s´est figé furtivement, pensant que le jeune anglais basculait vers l´arrière. Mais finalement, ce n´était qu´un mauvais tour de la part de son esprit. Lentement, ils montent. Marche après marche. Il n´y en a qu´une quinzaine, mais pour Christopher, dont l´esprit est encore vif et les reflex encore bel et bien présent, ces marches semblent interminables. Comme s´il courait pendant 15 km. Enfin soit.

Lorsque Morgan tourne à demi la tête ver l´ancien militaire, celui-ci lève quelque peu la main, de peur que ce geste ne déséquilibre le plus jeune. Paranoia quand tu nous tiens. Il se contente finalement de sourire avant d´hocher la tête, mais ne quitte pas son poste pour autant. L´aspirine se trouve de toute manière dans la salle de bain qui se trouve à l´étage. Il accompagnera donc d´abord Morgan dans sa chambre, s´avisera qu´il soit bien installé puis ira chercher de quoi soulager son mal de crâne.

"Parfois, avoir des migraines peut s´avérer être utiles, hein." sourit-il, tandis qu´il se place à côté de son colocataire.

Effectivement, des migraines, il en avait. Enfaite, quand ce n´était pas sa cheville qui le faisait souffrir, c´étaient des maux de tête pas possible. Comme une multitude d´aiguilles qui s´enfoncent dans ses tempes et son front. Enfin. Tout comme sa cheville avait cessé de se plaindre depuis une bonne semaine, ses migraines n´étaient plus apparues depuis 1 mois, plus ou moins. Mais il avait toujours des médicaments. Fort, homéopathiques, simple, normaux, bref, la totale quoi. Soit.

Arrivant devant la porte de la chambre d´ami -ou plutôt de Morgan, maintenant-, il pousse la clanche et entre devant le plus jeune. Comme il sait que la lumière n´est pas la meilleure amie de celui qui souffre de mal de crane, Christopher n´allume pas celle de la chambre. Grave et fatale erreur.

Alors qu´il n´a fait que trois pas dans la chambre, le quatrième lui est douloureux. Et pour la simple et bonne raison qu´il vient de marcher sur un truc pointu. Il ne saura pas dire quoi. Toujours est-il que cet objet s´enfonce dans la plante de son pied et ne met même pas 1/4 de secondes à déclencher un cri chez Christopher. Autant de douleur que de surprise. Mais surtout de douleur enfait.

"Putain! Merde! Faite chier!"

Ce ne sont que trois des nombreus jurons qu´il pousse tandis qu´il se tient en équilibre sur sa jambe droite. Main attrapant son pied gauche, il ferme les yeux et crispe le visage, puis repose, hésitant, la pointe de pied au sol. Sans plus hésiter, il fait demi tour, essaie par instinc d´éviter les obstacles, puis allume la lumière. Plissant les yeux, attendant que ses pupilles se soit habitué à la brusque et vive luminosité, il se fige finalement.

Le sol est jonché de chose. Des livres, des chausettes, des pantalons, des bibelots. Le lit est défait, l´armoire ouverte et débordant d´habits non plié. De ses yeux, il cherche l´objet qui est à l´origine de sa douleur et se demande si ce n´est pas ce capuchon de stylo qui tient en équilibre, pointe en l´aire. Sale gosse. Sale feinánt. Sale porc.

"Tu déconnes là ?! Tu vas ..." commence-t-il a s´emporter avant de se taire et soupirer plusieurs fois pour se calmer. Ce n´est pas le moment d´engueuler Morgan. Il n´est de toute manière pas en état de faire quoique ce soit pour ce bordel. "On en reparlera demain. J´vais t´chercher l´aspirine"

Ce disant, il ressort de la chambre en faisant attention de ne pas marcher sur un livre ou sur un habit sale.

Ils arrivent enfin au bout de ce foutu escalier. Enfin ! Merlin n'aurait jamais cru qu'il soit si long, mais avec l'alcool, toutes ses sensations sont déformées. Il valait mieux qu'il prenne son temps pour monter, pour éviter tout risque de chute. Mais il n'est pas mécontent d'être arrivé à bout de cette ascension. Chris ne l'a pas quitté des yeux non plus. Se plaçant à ses côtés, il dit quelque chose que Morgan n'arrive à raccrocher à rien. Il ne la comprend pas vraiment, mais ne fait aucun effort pour. Réfléchir accentue sa migraine. En revanche, il aurait dû être plus rapide, il aurait dû dire à Christopher de ne pas craindre d'allumer la lumière en entrant en premier dans sa chambre.

Ces derniers jours, le jeune homme n'a pas eu la tête au rangement. A l'origine, il n'a pas l'habitude que tout soit nickel chrome. En ce sens, il ressemble à son frère : c'est un bordel organisé, chaque chose est à sa place. Chaque livre, chaque chaussette. Il sait où est quoi. Mais pas Chris. Surtout pas Chris. C'est sans surprise qu'il entend son cri de douleur suivit d'une flopée d'injures. Il a dû marcher sur quelque chose. Morgan ferme les yeux et grimace pour lui, et surtout pour ce qui va lui arriver après. La lumière s'allume. Il attend son heure. L'ancien militaire, après un long silence, commence à s'emporter, et le jeune homme rentre la tête dans les épaules, sentant venir le pire.

Mais ça ne vient pas. Les yeux fixés au sol, il s'étonne de ne rien entendre de plus, mis à part les soupirs. Christopher doit être désespéré d'avoir accepté de l'héberger. D'ordinaire, l'étudiant fait plutôt attention à sa chambre. Il essaye que tout soit rangé un minimum pour éviter les foudres de l'américain. C'est sa chambre à présent, il a donc certaines libertés. Mais depuis quelques temps, il n'a eu ni l'envie ni le courage. Lorsque Chris passe à côté de lui pour aller chercher l'aspirine, il conclu qu'ils en reparleront demain, d'un ton quand même un peu fâché.

— Je rangerais demain, t'inquiète pas, dit simplement Merlin.

Il franchit ensuite le pas de la porte, dégageant quelques objets à mesure qu'il avance. Il soupire en voyant le bouchon de stylo, se demander tout de même comment ce machin est arrivé là. Il se baisse, le ramasse, et le pose sur la table de chevet. Se redressant, il se passe une main sur les yeux avant d'enlever sa cravate. Pour ça il n'a pas de problème, au bout de trois secondes et le bout de tissu se retrouve à terre. Il rangera demain. Il s'attaque ensuite à sa chemise. Le bouton du col cède après une courte bataille, et les autres suivent facilement le mouvement. Sauf le quatrième.

Morgan se bat quelques instants, ayant juste envie d'arracher le truc sans se poser plus de question. Mais vu le prix de la chemise, il y a tout de même un minimum de respect à avoir. Excédé, il abandonne en se disant qu'il y reviendra plus tard. La fatigue et l'alcool ne font vraiment pas bon ménage. Il se débarrasse ensuite son pantalon et le jette au pied du lit. Il aurait espéré se retrouver sous la couette avant le retour de Chris, mais c'est malheureusement — ou pas d'ailleurs — l'ancien militaire qui est le plus rapide. L'entendant revenir, Merlin se tourne vers lui, ayant retenté de détaché ce foutu bouton. Il est bien trop innocent par moment, et c'est pour cela que, malgré les sensations provoquées par le simple contact de tout à l'heure, c'est d'un ton assez naturel qu'il prend la parole, ne pensant pas à la tension qui pourrait s'installer, aux sous-entendus des gestes, et accessoirement, aux conséquences.

— Tu m'aides... ? demande-t-il, ingénu, en le regardant dans les yeux.

Qui aurait crut que ça arriverait aussi vite? Qui aurait crut qu´arès tout ça, Christopher succombe une seconde fois? Qui aurait crut que ça se déroule en si peu de temps ? Qui aurait crut que ça se passerait après seulement une semaine? Après une semaine de malaise, de calvaire. Une semaine à passer à s´éviter, à ne pas se parler. A ne même pas pouvoir se regarder en face. Finalement, rien ni personne n´aurait parier là-dessus. Et pourtant...

Lorsque Christopher revient dans chambre, main et cachet en verre, il voit Morgan se tourner vers lui. Avec un air suppliant, il le regarde puis lui demande s´il peut pas l´aider. Souriant doucement et attendrit, l´ancien militaire hoche la tête, pose le verre et l´aspirine sur la table de chevet, puis s´avance vers Morgan. Lui écartant les bras, il s´affaire à défaire ce 4ème bouton, qui tente bien de lui resister, mais pas longtemps. Pris dans son élan, Christopher en profite pour défaire les autres boutons. Mais en voyant le ventre de Morgan apparaitre devant lui, l´ancien premier maître se fige dans son mouvement. Mais toujours accroché aux pans de cette chemise, il lève lentement son regard et ...

.. Son cerveau se met sur off. Le reste se déroule au ralenti. Lâchant la chemise de Morgan, il lève la main droite, s´approche du jeune homme et pose sa main sur sa joue. Fixant son regard dans les pupilles bleues qui le regardent en retour, il approche son visage et sent comme une décharge électrique se propager en lui, contractant ses muscles et le bas de son ventre, lorsqu´il pose se lèvres sur celles du jeune anlgais. Comme la dernière fois, ce baiser enflamme le désir cacher au plus profond de son âme. La flamme grandit, prend de l´ampleur, embrase son être tout entier. Elle le réchauffe de l´intérieur. Les endorphines qui se propagent dans ses veines, ouvre les portes de l´allégresse, de la passion et de l´envie.

C´est comme la dernière fois, lors de cette nuit de cauchemar. Sauf que cette fois-ci, ce sentiment de bonheur pur est approfondi et décupeler. Christopher a comme le sentiment que c´est parce qu´il reste là, devant Morgan, à l´embrasser avec tendresse et à lui caresser doucement le flan, les reins, le dos. Il a comme l´impression que s´il avait fait durer le baiser la dernière fois, il en serait aussi arrivé à ce même point.

C´est avec un doux soupire qu´il se détache finalement, dans le simple but de reprendre sa respiration. Il recule légèrement la tête, juste assez pour pouvoir à nouveau croiser le regard du jeune homme et pouvoir parler.

"Si tu devais te rappeller d´une seule chose de cette soirée ..." souffle-t-il en lui caressant la joue de son pousse "Fait en sorte que ce soit ça ... que ce soit ce baiser." il lui sourit tendrement puis l´embrasse à nouveau. Furtivement, doucement, chastement. "Pardonne-moi mes faux pas, mais ne me pardonne pas celui-ci ... s´il te plait."

Si le cerveau de Christopher était resté en route, il n´aurait peut-être pas agit ainsi et n´aurait sans aucun doute pas dit une telle chose. Mais il est content finalement. Et une chose est sûre: ce baiser ne sera aucunement placé sous le signe du regret ou du malaise.

Morgan n'a agi comme ça dans aucun but autre que celui d'obtenir de l'aide pour battre ce quatrième bouton. Quoique s'il avait su à l'avance ce que sa demande naïve allait engendrer, avec du recul, il n'aurait rien changer. Mais sur le coup, il ne se dit pas tout à fait ça. D'abord, Chris sourit, visiblement attendri, et dépose le cachet et le verre avant de s'occuper de ce problème. Le brun se laisse totalement faire, presque dans un état second, sans aucun doute dû à la fatigue. Il est un peu étonné lorsqu'il voit que l'américain continu sur sa lancée, défaisant les attaches suivantes, mais il ne va pas au bout. Merlin, qui suivait des yeux les mouvements de ces mains, un peu gêné tout de même, relève le regard sur Christopher lorsque celui-ci fait de même après s'être figé un instant. La suite, elle est suspendue entre rêve et réalité, entre ce monde et un autre. Jamais au grand jamais il n'aurait cru que cela se passerait ainsi, une deuxième fois après seulement une semaine.

Morgan retient machinalement son souffle et écarquille légèrement les yeux lorsque la main droite de l'ancien officier se pose sur sa joue. Son cerveau cesse de fonctionner, il n'en revient pas. La proximité de leur corps, le regard qu'ils échangent, et ce contact lui offrent une première décharge électrique. Comparable à de l'électricité statique, par rapport à la force de celle qui crispe tout ses muscles l'instant d'après, lorsque la distance les séparant est réduite à néant. Il ne bouge pas, comme paralysé. Le temps vient de s'arrêter. Comme la dernière fois. En pire. En mieux. Mais il ne perd pas de temps à fermer les yeux et à rendre les armes face au sentiment qui l'enflamme instantanément. N'ayant pas non plus perdu de temps pour rougir — il n'est pas franchement vêtu soit dit en passant... —, il frissonne agréablement. Non de froid, mais à cause des caresses procurées par Christopher. Il s'abandonne totalement au plaisir infini qu'il ressent. La première fois, il n'en avait qu'effleuré la surface, il n'avait que vu la partie visible de l'iceberg.

Alors que la main gauche du jeune homme a attrapé doucement le poignet droit de Chris, l'autre est venue se poser à sa taille. Timidement. Passant ensuite lentement dans son dos. La tendresse, la passion, le désir, l'allégresse, et tant d'autres. Plus le baiser dure et plus il ressent d'émotions. De si nombreuses font gonfler son coeur qui bat la chamade, tellement qu'il a la sensation qu'il va exploser. Il chaud aussi. Partout. Si leur premier baiser avait duré aussi longtemps, nul doute qu'ils auraient atteint le même stade. Un stade encore totalement inconnu à ce jour pour le jeune Morgan, qui a l'impression de découvrir le paradis. Le besoin d'oxygène les force à se détacher. Reprenant pied avec la réalité, il rouvre les yeux pour tomber sur ceux de Christopher, dans lesquels il aurait sombré immédiatement s'il n'avait pas tout d'abord était subjugué par ses paroles.

Des mots doux, tout simplement, qui le laisse légèrement bouche-bée. Autant de lyrisme et de.. romantisme, de la part de l'américain ne peut certainement pas le laisser de marbre. Comment pourrait-il oublier d'ailleurs ? Même en étant alcoolisé, ce moment restera gravé dans sa mémoire, il ne pourrait pas faire autrement. Et pourquoi ne pas pardonner ? Dans tous les cas, Morgan n'aurait pas eu à le faire. Chris n'a rien fait de mal, il n'a jamais rien fait de mal. Merlin aimerait parler, mais rien ne vient. Sans doute pour la première fois de sa vie, il n'a rien à dire. Son mal de crâne a été amplifié, ça lui coupe toute réflexion déjà largement affaiblie par le baiser. Il ne pense pas à la rougeur sur ses pommettes, il ne pense pas qu'ils n'auraient pas dû, il ne pense pas que c'est mal (et vu ce qu'il ressent, ce ne peut pas être interdit), il ne pense pas non plus à détourner son regard de celui de Christopher, il ne pense pas à éviter de le baisser parfois sur ses fines lèvres au goût de paradis. Il ne pense pas, tout court.

— Ce n'était pas.. un faux pas, murmure-t-il finalement, la tête baissée, il marque une pause, avant de les yeux en se mordant légèrement la lèvre inférieure. Ce.. ça, c'était tout, sauf... faux... ajoute-t-il d'une voix faible.

S'il s'écoutait, il irait de nouveau chercher ce bonheur sur ces lèvres. Et il ne tarde pas à le faire. Abaissant sa main gauche et par là-même, celle de Chris, il lâche le poignet pour poser ses paumes sur le torse de Christopher. Il se met un peu sur la pointe des pieds, juste assez pour sceller de nouveau leurs bouches en un doux baiser. Pour lui montrer à lui, que ce n'est pas à sens unique. Quelques instants seulement, trop courts. Ses doigts se crispent sur le tissus de la chemise, sous la fulgurance d'une vague de douleur. Trop de paramètres entre en compte et aggrave cela. Morgan rompt plus qu'à contre coeur le baiser, et porte une main à son front, expirant longuement.

Christopher n´a pas réfléchi. Et c´est tant mieu. Car il se sent bien. Très bien. Extrèmement bien. Il est bien connu que les endorphines, une libéré, ont un effet euphorisant sur le corps. Tandis qu´il regarde ce jeune homme, plus petit et pourtant tellement grand, notre américain en oublie ses précédentes pensées. Il n´a pas un rôle de père ou de frère, non. Il est avant tout un ami ... et maintenant aussi un amant? Peut-être. Mais, aussi bizarre que cela puisse paraître, il n´a aucun mal avec cette idée. Au contraire. Elle l´excite et marque le début d´une toute nouvelle chose. Une chose agréable, passionnante. Une île déserte, abandonné de toute civilisation qui cache farouchement ses recoins intéressants. Il veut explorer cette île, en découvrir les secrets. Mais il ne veut pas les briser.

Sa main droite s´abaisse sur l´épaule puis va rejoindre la gauche dans la nuque de Morgan. C´est alors qu´il se produit une chose formidable. S´avançant, se dressant légèrement, le jeune Merlin lie, de lui-même, leur lèvres en un doux baiser. A nouveau un tsunami du bonheur se propage en lui, contractant ses entrailles sous l´excitation. A nouveau il sent les endorphines pulser dans ses veines et artères. Sa respiration et son coeur s´accélère, l´euphorie redouble d´intensité. Parfait. Ce moment est parfait. Morgan est parfait. Christopher aimerait que ce baiser dur éternellement. S´il avait le choix, il voudrait mourire accrocher à ces douces lèvres.

Pourtant, l´alcoole dans le sang de son jeune ami revient à la charge. Et ce de manière plutôt violente. Du moins, assez violente pour obliger l´anglais à rompre le baiser, fermer les yeux et se porter une main sur le front. Ce retour à la réalité est dur. Très dur. Christopher en voudrait presque à Morgan de ne pas y être allé plus progressivement ... mais cette pointe de frustration repart rapidement lorsqu´il remarque l´état du plus petit. Déglutissant légèrement, Christopher pose une main sur son épaule puis le pousse de manière à l´obliger à s´installer sur le lit. Il se penche ensuite de manière à attraper l´eau et le cachet, puis les lui tend.

"Tiens, bois" dit-il

Il observe comment Morgan attrape le verre puis avale le cachet avec l´eau et lui redonne le verre. Souriant, Christopher se redresse et dépose le verre à nouveau sur la table de chevet. Puis, se retournant vers Morgan, il l´attrape par les épaules et, avec douceur, l´oblige à se coucher. Remontant ensuite la couverture vers son menton, Christopher sourit et lui caresse les cheveux.

"Dors bien. Je pense que t´en a besoin" souffle-t-il avant de déposer un baiser son front.

Puis, n´y résistant pas, il repart à la chasse au bonheur et dépose à nouveau ses lèvres sur celles de Morgan. Pourtant, il s´oblige lui-même à s´arrêter à temps, ne voulant pas retomber dans cette spirale du bonheur au risque que la sortie soit trop dure.

"Si t´as besoin de quoique ce soit ... je ne suis pas loin" sourit-il en se redressant.

Puis, après une dernière caresse pendant laquelle il ébouriffie gentiment les cheveux plus jeune, il se détourne. En sortant de la chambre, il éteint la lumière puis ferme la porte derrière lui, va promptement dans sa chambre et s´adosse contre la porte.

Quelle soirée.