Et si cette blessure s'aggravait ? Et si elle nécessitait une opération ? Et si cette opération ne se passait pas si bien qu'elle le devrait, ou si ça ne se réparait pas comme ça devrait ? Et si Morgan souffrait toute sa vie de l'épaule, à l'instar de Chris et de sa foutue cheville ? Et, oh mon dieu, le coût ! Comment ? S'il fallait opérer, ou pas même, dans tout les cas... Va-t-il devoir appeler ses parents ? Il aurait un bon hôpital et un bon chirurgien, dans l'hypothèse d'une opération, au moins.

C'est une telle tempête dans le crâne du britannique qu'il en a mal à la tête. A moins que la fièvre se soit invitée aussi. Bref, rien n'est fait pour le calmer. Christopher commence à comprendre son erreur, puisqu'il s'excuse. Merlin abaisse la main qui était à son front en percevant des bruits de mouvements sur le siège d'à-côté, puis ouvre doucement les yeux en sentant une main sur sa joue. Lorsqu'elle atteint sa nuque, il jette un coup d'oeil à l'américain, puis clos ses paupières quand les caresses atteignent ses cheveux. C'est son point faible.

Chris trouve ensuite les mots pour le rassurer, le calmer un peu. Disons que les trois derniers prennent Morgan complètement au dépourvu. Les yeux légèrement écarquillés, il ouvre la bouche mais la referme aussitôt, n'ayant rien à dire. Ne pouvant rien dire. Christopher vient de lui dire qu'il l'aime ! Comment est-ce possible ? Merlin l'a rêvé non ? Il n'en revient pas. Dérouté au plus haut point, il ne peut que recevoir le baiser sur la tempe, sans trouver quoi répondre à un truc pareil.

Son regard rivé devant lui, le jeune homme n'a qu'à peine conscience du moteur reprenant vie, pas plus d'ailleurs que la voiture reprenant la route en direction d'Eagle Point. Morgan n'a pas plus les idées claires que tout à l'heure. Mas ce ne sont pas les mêmes idées. Il ne pense plus à son épaule, il pense à "ça". Leur relation. Lui qui avait peur sans se l'avouer se retrouve plus ou moins au pied du mur face à ce que ressent Chris. Celui-ci n'a pas menti, et il sait aussi ce qu'aimer signifie. Donc le britannique le croit.

Mais, et lui ? Que ressent-il ? Malgré l'angoisse, il n'a pas envie de dire non à tout ça, il n'a pas envie d'y repousser. Et puis il est heureux. Juste heureux. Christopher l'aime. Lui, le gamin infernal et maladroit. Sans même le vouloir, un irrépressible sourire illumine le visage de Merlin. Il ne devrait sans doute pas, mais il ne peut pas s'en empêcher. Il n'a jamais été aussi... euphorique, comblé — et gai, si je me puis me permettre. Et il n'a plus qu'à se rendre à l'évidence : les voilà lancé dans une relation amoureuse. Plus ou moins. D'une certaine façon, ils sont déjà "ensembles" depuis quelques temps.

Pendant ce temps, Morgan ne pense plus à sa blessure, et c'est déjà ça. Il regarde juste le paysage qui défile, toujours avec ce sourire. En silence bien sûr, puisqu'il n'a rien à rajouter.

Lorsque Christopher s´engage sur l´autoroute direction Eagle Point, il se sent léger. Lorsque la vitesse de l´accélération et la reprise indéniablement excellente de sa voiture le pousse dans son siège, il se sent invincible. Cette déclaration enevers Morgan vient de le délivrer d´un poid inconnu mais fort présent. Se sentant bien plus détendu, comme si ces trois mots avaient chassé sa panique d´il y 5 minutes, Christopher roule plus tranquillement. Bien que dépassant tout de même la limitation de vitesse, il sait qu´il a tout le contrôle sur lui et sur la voiture. Aussi, lorsqu´il remarque du coin de l´oeil, le sourire radieux peint sur le visage du plus jeune, l´ancien militaire n´est que conforté dans la véracité de ses derniers propos.

Oui, il l´aime. Ce gamin maladroit, feinéant et bien trop curieux. Ce jeune anglais adorable, gentil et cultivé avec qui il fait bon discuter. Alors oui, même si Christopher aime bien se plaindre de sa maladresse légendaire et sa feinéantise mythique, au fond, il n´est pas sérieux. Morgan est le frère de son meilleur ami, son colocataire et ami ... et maintenant il est plus? Peut-être. Ils devront très certainement en discuter. Mais Christopher a comme l´impression que cette discussion aura une réponse plutôt agréable.

Bien que perdu dans ses pensées, Christopher a tout de même gardé son attention porté sur la route. C´est ainsi qu´ils se retrouvent une petite quinzaine de minutes plus tard sur le parking de l´hôpital. Se garant sur la première place qu´il trouve, Christopher coupe le moteur. Détachant sa ceinture, il lance un coup d´oeil sur sa montre. 18h. Tout en espérant qu´ils ne seront pas obligé d´attendre trop longtemps, l´ancien officier lance un coup d´oeil à Morgan puis sort de la voiture. Laissant le jeunot se débrouiller comme il peut pour sortir, Christopher ouvre le coffre, attrape le sac, l´épaule puis ferme la voiture a clef. Il attend ensuite Morgan et se place a côté de lui. Le voyant trembler quelque peu -peut-être est-ce la peur et le stresse, peut-être est-ce aussi simplement le froid. Peut-même les trois ensemble- il lui passe une main autour de épaules, faisant bien attention à ne pas lui faie mal.

"ça va aller." lui souffe-t-il tandis qu´il le dirige vers l´entré. Arrivé dans le hall, il désigne la salle d´attente. "Va t´installer, je m´occupe du reste"

Observant comment le jeune anglais s´avance, sans hésiter, vers les chaises, Christopher soupire doucement. Les déplacements de Morgan sont lents et pas très assuré. Peut-être que le fait de marcher ravive d´avantage la douleur? Ce n´est pas a exclure. Soit. Secouant la tête, revenant sur terre, l´américain se présente à l´accueil.

Quelques minutes plus tard, il rejoint Morgan dans la salle d´attente. Une gentille infirmière, voyant elle aussi les tremblements de Moragn, lui a refiler une couverture. Souriant en s´installant à côté du plus jeune, Christopher lui met la couverture autour des épaules puis dépose le sac a terre et s´assoit.

"Tu veux te changer peut-être? J´ai ramené des affaires sec."

Il ne peut, malheureusement, pas en faire plus. Et puis vu le monde, il craint qu´ils ne soient obligé d´attendre pas mal de temps. Il priera simplement pour que cette attente ne sera pas trop pénible pour Morgan ...

Il y a une discussion à venir. Plus tard. Concernant eux deux. Mais bien que Morgan appréhende énormément, et ce, depuis le premier baiser, il est en ce moment même totalement léger. Comme si rien ne pouvait lui arriver. A vrai dire, il est serein. Ces trois mots ont chassés toutes les pensées noires, la douleur, qui s'acharnaient sur lui. Du moins pour un temps, et même s'il le sait, il ne fait que profiter davantage du sentiment présent. C'est quelque chose qu'il sait bien faire ça, oublier de réfléchir. C'est ainsi qu'un quart d'heure plus tard, il prend conscience qu'ils sont arrivés sur le lieu maudit : l'hôpital. Avant de se détacher, il observe un instant les bâtiments d'un oeil presque sur ses gardes. Puis il croise le regard de Chris, respire plus facilement, et s'extirpe ensuite de la voiture.

Une fois dehors, l'américain le rejoint avec le sac-à-dos qu'il était passé prendre toute à l'heure. Fixant son regard sur l'hôpital, sentant d'ici l'odeur infecte en espérant ne pas être obligé d'y rester trop longtemps, le britannique a un léger frisson. Le froid, ses vêtements pas vraiment secs, et la peur n'aident pas vraiment. C'est alors qu'il sent un bras précautionneux autour de ses épaules. Il relève immédiatement le regard vers Christopher, et se détend presque immédiatement quand il lui dit que ça va aller. Parce qu'il le croit, mine de rien. Il a une totale confiance en l'ancien militaire, et même s'il s'avérait que ce qu'il avait été grave, il aurait toujours cette confiance. Parce que oui, quand il est là, tout va bien.

Ils se dirigent alors vers le hall et, une fois à l'intérieur, Chris lui dit d'aller directement dans la salle d'attente. Ce que l'étudiant fait sans hésiter, laissant l'aîné s'occuper du reste. Il n'a pas vraiment la tête à ça. Il a un petit mal de crâne persistant, le nez pris, et s'il ne grelottait pas légèrement, il dirait même qu'il a de la fièvre. Ça en plus de son épaule, il a vraiment tout gagné. Donc, tout ceci ne l'aide vraiment pas à marcher de manière assurée comme s'il avait seulement mal à l'épaule. En effet, mettre un pas devant l'autre ne le fait pas souffrir plus que ce qu'il ne souffre déjà. Une fois assis, il patiente quelques minutes sans pour autant parvenir à calmer ses tremblements. Une infirmière, l'ayant remarqué, lui donne gentiment une couverture, et l'eut-il remercié que Christopher reparaît.

Il lui renvoie son sourire en moindre puissance, et l'ancien militaire lui pose ensuite la couverture sur les épaules, avant de s'asseoir. Merlin, avec un petit sourire satisfait, resserre la couverture autour de lui comme si le paradis venait juste de lui ouvrir ses portes. Chris prend la parole, et le brun comprend enfin la raison de son arrêt à la maison. Mais c'est qu'il pense à tout, il est incroyable. En revanche, pour se changer — parce qu'il va évidemment le faire, pas question de se geler encore avec ses fringues pour le plaisir, d'autant que vu le monde, ils devraient avoir du temps devant eux —, l'anglais aura besoin d'aide. Pour le t-shirt du moins. Il ne peut pas bouger l'épaule sous peine d'atroces souffrances, et il craint que même en sachant ça, il bougera s'il le fait seul. Enfin. Il hoche d'abord doucement la tête.

— Oui, j'aimerais bien, dit-il avant de jeter un coup d'oeil furtif aux personnes alentours, puis de se pencher vers Chris et de baisser le ton. Par contre il va falloir que tu viennes avec moi, j'aurais besoin d'un peu d'aide pour enlever mon t-shirt.

Il se recule ensuite, et lui sourit un peu, presque désolé de lui demander ça. Chris n'aura de cesse de l'aider, tout le temps. Et ça Morgan n'aime pas vraiment, à force. Il a l'impression de le solliciter tout le temps, c'est à croire qu'il ne peut pas marcher sans qu'on lui tienne la main. Sans pour autant laisser paraître ces pensées, du moins sans qu'elles soient inscrites sur son front, il se relève, cherchant le moindre signe lui indiquant l'emplacement de toilettes proches de la salle d'attente. C'est qu'il n'a pas du tout envie de se changer devant tout le monde. Il sort alors de la salle, restant juste à l'entrée, puis regarde à droite et à gauche et trouve la porte recherchée.

— Je crois que c'est à droite là, lâche-t-il en indiquant rapidement la direction, avec un regard pour Chris.

Une fois assuré que l'ancien officier le suive, Merlin s'y dirige et y pénètre sans attendre. Enlever ses habits humides le démange au plus haut point.

La couverture offre une chaleur réconfortante et bienfaisante à Morgan. Cela se voit à ses traits qui se détendent finalement, ainsi qu´à son petit soupire de soulagemen. C´est une bonne chose. Une très bonne chose même. Au moins l´attente ne sera pas si pénible que ça. Il lui demande ensuite s´il désire se changer et Morgan répond que oui, ce serait bien, avant d´ajouter, plus discrètement, que l´ancien militaire va devoir venir avec. Celui-ci sourit et hoche la tête. Le contraire l´aurait fortement étonné. Morgan se lève ensuite et observe les alentours avant d´appercevoir les sanitaires des hommes un peu plus loins à droite. Se levant à son tour, Christopher attrape le sac par la hance et suit le jeune anglais.

Une fois dans les sanitaires, il remarque avec soulagement que celui-ci est vide. Tant mieux. Faisant quelques pas à l´intérieur, se dirigieant vers un coin pour ne pas être tout de suite apperçu si quelqu´un entre à son tour, il s´accroupie ensuite et sort les affaires de Morgan. C´est avec une légère grimace, qu´il remarque les habits qu´il a embarqué.

"Franchement Morgan ... t´es sérieux là ?" demande-t-il en lui montrant le pull aux couleur immondes. Du moins à ses yeux. Soupirant doucement, il hausse les épaules "bon ... on n´a pas franchement le choix là ..."

Il se redresse et reporte son attention sur le plus jeune. Son regard passant de l´habit dans ses mains au jeune homme devant lui, Christopher affiche une moue de réflexion, puis se maudit d´avoir prit un pull et non une chemise. Ce genre d´habits leur aurait considérablement aidé dans leur tache. M´enfin. Comme dit, ils n´avaient pas le choix, mais l´ancien militaire entend déjà maintenant les plaintes de douleurs sortir de la bouche de Merlin.

"écoute, ça ne va pas se passer sans douleur ... mais tient le coup ok?" dit-il en s´approchant de lui. Puis, lui attrapant le bas du t-shirt, Christopher le regarde tendrement "Dit le moi si c´est insupportable, d´accord?" il commence à lui lever l´habit mais s´arrête en plein chemin "Tu vas d´abord sortir ton bras droit, puis ta tête et ensuite on laissera glisser le t-shirt le long de ton bras. Comme ça, tu n´auras pas à faire trop de mouvements avec lui"

Morgan étant quelqu´un d´assez réceptif, il fait comme dit. Ignorant du mieux qu´il peut les gémissements de douleur de son ami, Christopher lui sort sans problème le bras droit du t-shirt. Un plus gros probléme est posé par la tête, qui ne veut tout simplement pas passé par l´ouverture, pourtant assez grande en temps normal.

"Rah, ne t´as-t-on donc jamais apprit que ce n´est pas bon de prendre la grosse tête ?" se plaint Christopher, voulant simplement faire un peu d´humour.

Après un ennième essaie, il fini par abandonner. Se reculant d´un pas, il observe Morgan qui a l´air bien con à être debout là, devant lui, avec le t-shirt à 1/3 enlevé. Son regard passe directement sur le bras gauche du plus jeune et Christopher secoue discrètement la tête.

"Bon, on n´as encore moins le choix là ..." Se rapprochant à nouveau, il lui attrape délicatement le poignet puis relève le regard vers Merlin "Cris, hurle, mord-toi sur la joue, serre les dents ou fait je ne sais quoi d´autre, mais s´il te plait, évite de m´écraser le pied ou ne vise pas mon tibia ou mon genou ... et encore moins ma cheville. Ok?"

Finalement, son plan A - étant celui d´éviter à Morgan de bouger son bras- tombe à l´eau. Le plan B, lui, sera bien plus douloureux pour le jeuen homme. Mais Christopher se dit qu´ils sont à l´hôpital. Donc si maintenant la douleur est tellement insupportable que Morgan perde connaissance ou qu´il se mette à hurler, ils trouveront bien quelqu´un qui raplique rapidement. Du moins, l´éspére-t-il ...

Heureusement, il n'y a pas âme qui vive dans les sanitaires pour hommes. Morgan n'a pas envie de devoir affronter le regard de tierces personnes. Un dieu a dû entendre sa prière en tous les cas. Il pousse un léger soupir de soulagement, puis se retourne et voit Chris sortir un sweat. Arquant un sourcil, il se demande pourquoi il n'a pas pris une chemise, ou un grand t-shirt, à la place. Ça aurait été plus facile à enfiler. A la remarque de Christopher, il hausse une épaule — l'autre étant hors service — signifiant plus ou moins "je ne sais pas, et puis c'est toi qui l'a pris je te signale, alors chut".

La suite sera douloureuse, il le sait. Mais la proximité de l'américain l'aide à supporter cette idée. Il hoche plusieurs fois la tête, suite à ses paroles, puis fait ce qu'il lui dit de faire. A savoir, passer d'abord le bras droit. Il gémit quelques fois malgré tout. Cependant, la tête ne veut pas passer par le col. A l'espèce de plaisanterie, le britannique lui lance un regard désabusé. Ce n'est pas vraiment le moment. Mais il ne rétorque rien et se contente de faire un nouvel essai. En vain.T-shirt : 1, Morgan : 0. Il soupire de nouveau, avec une légère grimace de défaite. S'il avait des ciseaux sous la main il n'aurait aucun état d'âme.

Il va être obligé de souffrir le martyr pour retirer ce foutu t-shirt. Lorsque Christopher s'approche et prend la parole, ce n'est que pour confirmer ses craintes. Mais le brun est déterminé à se débarrasser de ce vêtement, et le plus vite sera le mieux. Il aura bien mal, mais ce sera rapide aussi. Et puis, il sourit doucement, secouant un peu la tête. Oh, il préfèrerait cent fois se mordre la joue jusqu'au sang que de décharger ses nerfs sur l'ancien militaire et sa cheville en particulier.

— Ne t'inquiète pas pour ça, je ferais attention, dit-il finalement.

Après quelques instants, il prend une inspiration, puis une expiration, se préparant au pire. Hochant une fois la tête, il signifie à Chris, qui tient toujours son poignet, que c'est bon. Morgan n'aurait sûrement pas assez de volonté pour bouger tout seul le bras au vu de la douleur qu'il ressent. Un simple petit mouvement le fait se tendre, fermer les yeux brusquement et se mordre la lèvre inférieure pour retenir un gémissement. Il n'a pas envie qu'on l'entende non plus. Quelles idées les gens pourraient avoir en tête en plus... Un mouvement plus grand, et beaucoup plus douloureux, le prend par surprise et lui tire cependant un bref cri, qu'il réprimande en se mordant le poing.

— Ah putain, aïe ! geint-il avant de serrer les dents.

Par chance, son bras est à présent libre, donc il n'aura plus à souffrir davantage. Pour le moment. A travers ses paupières closes, des larmes se sont échappées. Il en sent deux rouler sur ses joues. Rouvrant les yeux, il enlève ensuite complètement son t-shirt pour se retrouver torse nu. De sa main droite, il s'essuie les yeux de ses larmes de douleur. Maudit t-shirt. Et dire que maintenant il va devoir mettre le pull...

Christopher entend déjà les hurlements de douleur de Morgan qui allerte tous les médecins et infirmiers des alentours. Enfin. Après avoir eu la confirmation du plus jeune qu´il ne se vengera pas sur lui, l´ancien militaire hoche la tête et prend une profonde inspiration. Lui aussi a besoin de courage, car faire mal à Morgan -sans le vouloir- demande pas mal de courage quand même. Enfin. Jugeant qu´il ne sert à rien faire durer le malheur, Christopher serre les dents et, délicatement, lui plis le bras. Mais il ne peut empêche un geste plus brusque lorsque le bras passe finalement à travers la manche. L´exclamation de Morgan lui sert le coeur, mais au moins le bras est libre maintenant. Passant donc le t-shirt au-dessus de la tête du plus jeune, il le libère complètement de ce maudit tissu qu´il foure sans état d´âme dans le sac.

"Bon, seconde heure de vérité" dit-il en se redressant avec le sweater en main. Il inspecte rapidement Morgan puis se dit qu´ils devront se faciliter la tâche. "Mais on va faire simple sur ce coup, ok? Tu passes ta tête et seulement ton bras droit. C´est bien plus pratique étant donné que tu vas forcément devoir l´enlever pour passer les radios." ce disant, il s´approche et place l´ouverture du pull au-dessus de la tête du plus jeune "Ne t´inquiète pas, les radios c´est pas grave. Les scanner par contre c´est plus impressionnant. Mais ..." il tire avec un peu plus de force sur le pull pour faire passer la tête de Morgan dedans "... ça m´étonnerait que ..."

Il se tait subitement lorsque la porte des sanitaires s´ouvre, laissant apparaître un autre homme. Celui-ci se fige et les fixe comme s´il venait de voir la sainte vierge descendre d´une soucoupe volante. Instantanément, Christopher relâche le pull et soutient son regard.

- Ne vous laissez pas déranger par moi, dit l´inconnu finalement en se dirigeant vers une des cabines de toilettes. Je fais juste ce que j´ai à faire et je repars direct.

Ce disant, il s´enferme dans une des cabines. Christopher, n´ayant toujours pas retrouver l´usage de la parole, entend bien distinctement le bruit de pantalon qu´on ouvre, la braguette qu´on tire, puis le bruit caractéristique de l´urine dans les l´eau des toilettes. C´est un bruit des plus répugnant. L´ancien militaire frissonne légèrement puis se rend compte que Morgan a délivré lui-même sa tête et qu´il regarde maintenant vers la cabine dans laquelle se trouve l´inconnu. Ce dernier, d´ailleurs, referme son pantalon puis actionne la chasse d´eau avant de ressortir. Avec un sourire crispé, il hoche une fois la tête en direction de Morgan puis se dirige vers la porte et ressort comme si de rien n´était.

Sur le coup, Christopher se demande ce qui le dérange le plus: que l´inconnu soit dans un hôpital et qu´il soit sorti des toilettes sans s´être lavé les mains, ou si cet homme vient de le surprendre, lui et Morgan. Mais finalement, Christopher n´a rien fait de mal, non? Morgan est un simple blessé qui a seulement besoin d´aide pour s´habiller. Ce n´est pas comme si l´inconnu les avait surpris entrain de faire l´amour sur le lavabo. Et puis ce n´est pas rare que dans un hôpital on voit un homme aider un autre homme a s´habiller. Peut-être pas obligatoirement dans les sanitaires public, mais tout de même. Enfin soit.

"Je ... hm .." reprend Christopher avant de toussoter pour reprendre contenance et désigne le pantalon de Morgan "Tu as besoin d´aide pour changer le ... le reste?"

C´est qu´il commence à se sentir quelque peu mal à l´aise quand même. Surtout à l´idée d´aider le jeune anglais à changer de caleçon, étant donné que celui-ci doit aussi être bien mouillé. Autant par le plongeant dans l´étang que par la pluie.

Le passage du sweat lui semble tout aussi douloureux, à première vue. Cependant, Chris lui dit qu'il n'a pas besoin de l'enfiler complètement, seulement la tête et le bras droit en somme. En effet, avec les radios qu'on va lui faire passer à coups sûr, il devra de toute façon l'enlever. Écoutant l'américain le rassurer au sujet des radios — dont il n'a lui-même qu'un vague souvenir —, Morgan passe la tête par le col. Il n'est pas encore à la lumière qu'il entend la porte s'ouvrir et qu'il sent Christoper le lâcher. Alors qu'il lutte contre le tissus, une voix étrangère d'homme lui parvient et il se demande naturellement ce qu'il se trame. Il n'a pas non plus saisi le sens caché de ces paroles.

Enfin le col enfilé, il a juste le temps de voir un homme entrer dans une des cabines et refermer la porte. Merlin ne sait même pas pourquoi, mais i n'a plus l'usage des mots. Un sourcil arqué, il regarde ladite cabine, avant que son attention ne soit captée par l'ancien militaire qui le regarde à présent. Le silence est troublé par les bruits provoqués par la petite affaire de l'inconnu, ce qui est de plus en plus gênant. L'homme fini d'ailleurs par ressortir rapidement, et offre un sourire crispé au britannique avant de s’éclipser comme si de rien n'était. Le jeune homme a perçu comme un tilt dans son cerveau, et comprend enfin le malentendu. Il rougit, baissant la tête du même coup.

Les gens sautent toujours sur des conclusions hâtives. Après tout, Chris était en train de l'aider à s'habiller, ça n'avait rien de bizarre. Ou peut-être, si. Le type a pu croire qu'ils venaient justement de "le" faire. Ces pensées ont pour effet d'accentuer le malaise qui s’empare du brun. Ce qui ne s'arrange pas lorsque l'aîné reprend la parole, après ce court silence de plomb. Le regard préférant toujours le sol, Morgan secoue la tête un peu plus vivement qu'il ne l'aurait voulu, quand il lui demande s'il a besoin d'aide pour changer le bas.

— N-non, c'est bon, je- ça va aller, je vais me débrouiller, lance-t-il presque sans respirer, puis, ayant déjà passé le bras droit et et ajuster son sweat, il se penche et attrape le sac à dos. Tu peux aller dans la salle d'attente, je te rejoins, ok ? propose-t-il avec un rapide regard pour lui.

Une fois que Chris a donné son accord, Merlin va s'enfermer dans une cabine. Il n'a pas vraiment envie de tomber nez-à-nez avec un autre inconnu alors qu'il enlève son sous-vêtement. Franchement, qui voudrait ça. Bref. Il verrouille la porte puis entreprend de sortir quelques affaires du sac. D'une main, il déboutonne ensuite son pantalon et l'enlève d'une main, comme il le peut. La suite avec le caleçon est quand même plus facile. Mettre des fringues sèches après en avoir longtemps gardées de mouillées est un bonheur sans nom. Enfiler sous-vêtements et pantalon n'est pas le plus difficile, et ce n'est même pas douloureux.

Après s'être battu avec le bouton de son pantalon, et avoir pris sur lui pour s'aider de sa main gauche, il range vite fait les affaires humides dans le sac. Et personne ne l'a dérangé de toute l'opération, c'est fantastique. Ressortant de la cabine, puis des sanitaires, avec le sac à la main, il retourne en salle d'attente. Il repère bien rapidement Christopher et va s'installer à côté de lui. C'est qu'il y a presque l'air d'avoir plus de monde maintenant que toute à l'heure. Avec un soupir, Merlin s'assoit à gauche de l'américain. Il doit être facilement 18h passé...

— Tu crois qu'on va passer bientôt ? demande-t-il doucement, en se penchant un peu vers Chris pour être entendu.

Grand, non ... immense est le soulagement de Christopher lorsque Morgan lui dit qu´il n´aura pas besoin d´aide pour changer le reste. C´est donc, sans trop hésiter qu´il lui donne son accord. Une fois celui-ci de donner, l´ancien militaire se détourne et sort promptement des sanitaires. Lorsque la porte se referme derrière lui, Christopher soupire lourdement et s´adosse au mur. Fermant les yeux, il se passe les mains sur le visage. Voir Morgan torse nu, pour la deuxième fois en même pas une heure, vient de réveiller ce profond désir enfouit en lui. Freine tes ardeurs Christopher ! Ce n´est pas le moment de penser à ça. Surtout pas maintenant à l´hôpital avec un Morgan a la blessure incertaine.

Cette pensée lui arrache un second soupire et il abaisse les mains. Putain. S´il s´est vraiment cassé quelque chose, Morgan sera dans l´incapacité physique de faire quoique ce soit d´utile. Il ne sera pas apte à faire le ménage, sera interdit de sex pendant quelques semaine, ne pourra pas faire les repas, aura du mal à s´habiller. Bref, il dépendera de Christopher. Cette situation ne le changera pas réellement de ses anciennes habitudes, mais la différence de taille réside dans le fait d´avoir Morgan dans les pattes. Surtout les prochains jours seront horriblemet chiant, pour chacun d´eux.

-ça va?

C´est la douce voix d´une infirmière qui fait en sorte que Christopher revienne à la réalité. Rouvrant les yeux, redressant subitement la tête, son regard se pose sur une jeune femme. Blonde, yeux brun, elle ne doit pas faire plus d´un mètre soixante, mais l´observe avec une empathie toute particulière. Souriant doucement pour la rassurer, Christopher hoche la tête.

"oui oui, ça va aller ..." souffle-t-il et se pousse du mur.

Tout en se disant qu´il n´est sans doute vraiment pas crédible, il se dirige vers la salle d´attente, sans porter plus d´attention à la jeune femme. Avisant les deux places restantes, il va s´installer sur l´une d´entre elles et attend. Penché en avant, coude reposant sur ses genoux et le regard fixé sur le sol, l´ancien militaire ne remarque le retour de Morgan que lorsque ce dernier s´installe à ses côtés. Se tournant vers le jeune homme, christopher lui sourit puis se penche aussi vers lui lorsqu´il reprend la parole. C´est sur un ton sans doute inquiet, que Merlin demande s´ils devront attendre longtemps. Haussant les épaules, il affiche une mine confuse.

"Je ne saurais te le dire." il se redresse et regarde autour de lui "J´espère que ce sera pas si long que ça."

Premièrement, plus longtemps ils attendront, plus longtemps Morgan souffrira. Deuxièment, plus longtemps ils attendront, plus longtemps ils devront rester ici, à l´hôpital et Christopher déteste ces endroits. Ouvrant la bouche pour reprendre la parole, il est coupé par la venue d´une vieille dame. Visiblement incertaine sur ses jambes, elle est accompagné par un homme plus jeune, sans doute son fils vu leur visible ressemblance.

-Vous voulez bien lui laisser votre place? demande-t-il à l´attention de Christopher.

Relevant le regard vers les inconnus, l´ancien militaire ne met pas longtemps à réagir et se lève. Après avoir même aidé la femme à s´installer, il se retrouve debout, sans place assise. Enfin, ce n´est pas un soucis. Du moins, pas pour tout de suite. Si par contre une place ne se libère pas dans les vingts minutes qui suivront, l´ancien militaire sait que sa cheville commencera à se plaindre. Mais pour l´instant, il se place à côté de Morgan et pose discrètement une main sur sa nuque.

"ça va ?" s´inquiète-t-il

Même si l´anglais à l´air plutôt calme -les habits sec aidant surement- la douleur est sans aucun doute encore bel et bien présente. Et si elle est trop insupportable, Christopher s´arrangera avec un des responsables pour avoir au moins des anti douleurs.

L'attente s'annonce longue et pénible. Même Chris n'a aucune idée du temps qu'elle durera. Morgan pousse un léger soupire, accompagné d'une grimace dépitée. Le fait de porter des vêtements secs est pour l'instant suffisant pour qu'il soit détendu. Cependant, il sait que son épaule lui fera bientôt de nouveau mal. Ainsi, il souhait ardemment en finir avec toute cette histoire. Il déteste les hôpitaux et il n'a pas envie de souffrir plus longtemps en attendant de voir un médecin. La salle d'attente est pleine, à croire que tout le monde s'est passé le mot.

Un jeune homme demande d'ailleurs à Christopher d'avoir la gentillesse de laisser sa place à une vieille dame, sa mère sans doute. L'ancien militaire acquiesce et se lève volontiers, puis vient se placer à côté de Merlin. Il est un peu désolé pour lui, l'américain va devoir rester debout un bon moment, sans aucun doute. Et avec sa cheville, il va lui aussi finir par avoir mal s'il reste dans cette position trop longtemps. Le britannique sent soudain une main dans sa nuque et frissonne un peu. Pas qu'il ai froid, mais c'est l'un des endroits où il est très sensible. Passant à autre chose, il hoche la tête.

— Oui oui, ça va pour l'instant, répond-il en souriant doucement.

Le brun ne se plaint que rarement, cette fois-ci ne fait pas exception. Il a mal, sa blessure ne le laisse pas en paix et plus il y pense, plus il a l'impression que la douleur s'accentue. Cependant, il ne le fera savoir que si cela devient insupportable. Peut-être que si cela devient justement insupportable, mais qu'ils attendent toujours, il aura la possibilité d'avoir quelque chose comme des anti-douleurs. Il doit bien y avoir ça, dans un hôpital, non ? Morgan se prépare donc à passer les prochaines minutes, des dizaines de minutes dans le pire des cas, à attendre

Il s'installe le plus confortablement possible dans sa chaise. Ce qui n'est pas aisé avec un problème à l'épaule et la dureté des chaises de cette salle d'attente. C'est presque comme s'ils voulaient faire un premier tri. Ce qui sont là pour une bonne raison ont le calme d'attendre, et les autres perde patience face au confort exceptionnel présent. Sauf que l'étudiant peut faire preuve de beaucoup de patience. De longues minutes s'écoulent ainsi, dans un silence relatif. Merlin passe le temps en observant les gens, il repense aussi à son frère, et à sa capacité de voir milles détails.

A un moment, une infirmière entre, et c'est un peu d'espoir pour chacun, mais elle n'appelle qu'une personne. Celle-ci est visiblement soulagée d'être libérée de cette attente, et sort bien vite. Le jeune anglais tourne les yeux vers Chris, et ne sait pas s'il a le droit ou non de s'amuser de son impatience qui commence à poindre. Finalement, après plusieurs venues d'infirmières et départs de blessés et malades, c'est à leur tour. Morgan commençait à se dire qu'ils ne sortiront jamais d'ici vivants lorsqu'il entend son nom. Il relève la tête vers l’infirmière blonde qui lui sourit.

— Monsieur c'est à vous, si vous voulez bien me suivre.

Le jeune homme acquiesce et se lève, puis lance un regard presque alarmé à Christopher, pour s'assurer qu'il le suive. Sortant de la salle d'attente, il suit la femme en tournant à gauche. Après un coup d'oeil en arrière, vers l'ancien militaire, Merlin ralenti un peu pour être à sa hauteur et se penche vers lui. Il est inquiet, de plus en plus. La peur commence à s'insinuer en lui.

— Tu restes hein ? demande-t-il d'une petite voix, peu rassuré à l'idée de se retrouver face à un médecin qui lui dira peut-être, au final, qu'il s'est cassé un os.

Morgan lui dit que ça va. Christopher n’a donc pas d’autre choix que de le croire et lui faire confiance. Souriant doucement, il hoche une fois la tête pour lui faire comprendre que le message est reçu, puis reporte son attention sur la salle. Tout en gardant sa main sur la nuque du plus jeune, Christopher observe la salle d’attente d’un regard circulaire. Les gens viennent et repartent au compte goutes,  les infirmières courent à droite et à gauche, quelques unes sont arrêté et écrivent des choses sur des feuilles puis repartent rapidement. Tout en les suivant du regard, Christopher se dit que ce métier ne doit pas être des plus agréables. Il en connait pas mal des infirmières et sait que ce métier est stressant. Lui-même ne pourrait aucunement exercer un métier dans le monde médical.  Soit.

Changeant d’appuie, il plis sa jambe droite afin de soulager sa cheville gauche lorsqu’il sent un picotement de douleur dans son articulation. Grimaçant légèrement, il déglutit légèrement. Depuis sa blessure, il ne peut plus rester debout sur place bien longtemps. Même si ce temps dépasse maintenant les 20 minutes, ce n’est tout de même pas assez. Mais, encore une fois, il prendra sur lui. Il n’est pas question de lui, là. Ici, c’est Morgan le concerné et celui qui souffre sans doute plus que lui-même.

C’est pourtant, avec un soulagement sans nom, que Christopher voit une infirmière arriver et appeler Morgan, disant de la suivre. S’écartant pour laisser le jeune homme se lever, il se place à ses côtés et, ensemble, ils suivent l’infirmière. C’est, en se dirigeant vers une sale d’osculation, que Morgan s’approche un peu plus de lui, demandant d’une petite voix pas assurée s’il reste. Christopher sourit et lui tapote le dos.

  « Bien sur » dit-il en lui offrant un sourire rassurant « Je ne t’ai pas accompagné jusqu’ici pour repartir sur le champs »

Même si j’aimerais bien le faire quand même, ajoute-t-il dans sa tête, mais se garde bien de le montrer de quelques manières que ce soit. Soit. L’infirmière ouvre une porte et leur indique de s’y installer. Christopher laisse passer Morgan et s’occupe de remercier la jeune femme d’un hochement de tête. Doucement, il s’avance dans la salle et observe les instruments. Il n’y a rien de bien méchant. Quelques rouleaux de bandages, des flacons de désinfectants, des gants à usage unique … bref tout ce qu’on a besoin pour une auscultation en bonne et due forme. Se tournant légèrement vers la droite, l’ancien militaire peut entrevoir la salle des radios qui se trouve juste à côté.

Se figeant intérieurement, il déglutit légèrement et ne peut s’empêcher de repenser a la première fois que lui-même était dans la position de Morgan. Des douleurs tellement atroces et insupportables, qu’il avait l’impression que seule la mort pour le soulager.  Et l’auscultation et tous les autres tests qu’on lui avait faits étaient encore pires.

Mais la porte qui s’ouvre et la venue du médecin coupe court à ses pensées. Se tournant vivement, Christopher s’empresse d’afficher un sourire poli et se présente en serrant la main de l’homme. Aussi étonnant que c’est, il est plutôt jeune. Mais surtout … il est petit. Bien plus petit que l’ancien militaire. Mais soit. Sans plus hésiter, il se tourne vers Morgan et lui offre un sourire bienveillant.

- Et voilà donc le cascadeur,  dit-il en tirant une chaise puis indique à l’anglais de s’installer sur la table d’auscultation.  Alors, Mr. Smith, racontez moi tout. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

Croisant les bras, Christopher reste arrêté derrière le médecin et observe Morgan qui répond du mieux qu’il peut. Enfaite, ça intéresse l’ancien premier maître étant donné qu’il n’a pas vu comment Morgan est tombé.  Mais, avant qu’il n’ait fini son récit, la cheville de l’américain se réveille à nouveau. Grimaçant, il se détourne vivement, ne voulant pas montrer sa douleur au jeune homme. Soupirant doucement, Christopher va s’installer sur la seconde chaise au mur.  

De là, il ne prend que partiellement les questions du médecin et les réponses que Morgan en compte. Il lui semble que l’homme lui pose des questions sur des blessures déjà plus anciennes, s’il s’est déjà blessé avant à l’épaule ou autre part. Puis il l’observe se lever et poser ses mains sur l’articulation du plus jeune. Instantanément et en même temps que Morgan, Christopher se redresse et se tend. Heureusement, après un cri de douleur de la part du plus jeune, le médecin retire ses mains, notes quelques truc sur sa fiche, puis s’excuse et sort de la pièce.

Instantanément, Christopher se lève et en deux pas il est aux côtés de Morgan. Posant une main sur son épaule valide, il l’attire contre lui et lui caresse les cheveux de l’autre main.

« calme toi Morgan » murmure-t-il d’une voix douce « ça va aller … »

Christopher ne compte pas partir, c'est déjà ça. Même si ce n'est rien, même si n'importe qui d'autre aurait fait ça, Morgan se sent rassuré de ne pas être seul. Il n'a jamais été en bon terme avec les hôpitaux. Bref. L'infirmière les mènent jusqu'à une salle et leur dit de s'installer, avant de disparaître. Le brun eut le temps de la remercier d'un sourire malgré la douleur. Puis il s'avance dans la salle et regarde distraitement les instruments, bandages, et autres désinfectants. La salle des radios se trouvant juste à côté attire davantage son attention, mais pas dans le bon sens du terme.

Le sortant de ses douloureuses pensées anticipatrices, le médecin arrive. Jeune, pas bien grand, il offre un sourire bienveillant au britannique, après avoir salué en bonne et due forme Chris. C'est avec un sourire poli que Merlin le salue à son tour. Ensuite, il s'installe sur la table d’auscultation, tandis que le praticien s'assoit sur une chaise et lui demande ce qu'il s'est passé. Le jeune homme essaie alors de remettre ses idées en place. Il raconte alors du mieux qu'il le peut. Avalon, sa panique, tout. Comment il suppose être tombé, puisqu'il n'en a pas de souvenir, et comment il s'est réveillé, au sol, l'épaule le lançant douloureusement.

Lors de son récit, il jette plusieurs coups d'oeil à Christopher, bien que celui-ci ne puisse l'aider. Il le perçoit ainsi se détourner brusquement puis, après un court instant d'immobilité, aller s'asseoir sur la chaise disposée contre le mur. Supposant que c'est sa cheville qui le fait souffrir, l'étudiant a mal pour lui. Mais sa propre douleur physique est, pour une fois, bien supérieure. Une fois qu'il a fini de parler, d'autres questions médicales suivent et il y répond à chaque fois. Non il ne s'était jamais blessé l'épaule, oui il s'était déjà blessé au poignet, légèrement à un genou, et à quelques vertèbres. Mais tout cela a bien guérit et n'a pas eu de conséquences. Ou, comme il ne fait pas vraiment de sport, il n'a pu en subir. Il doit aussi répondre à quelques questions au sujet de nausées, de pertes de mémoire, de vertiges, et d'étoiles. Mais il n'a vu de petites lumières qu'après sa chute, et le reste lui est inconnu.

Vient enfin le moment de la vraie auscultation. Celle avec contact disons. Immédiatement, Morgan se tend et sent son coeur grimper en cadence, appréhendant la douleur qu'il va forcément ressentir. Et ça ne manque pas. Le sweat de retire assez facilement, mine de rien. Heureusement, après un petit moment, le médecin relâche toute prise après un cri de douleur imprévu de sa part. L'homme note deux trois trucs, puis sort de la pièce en s'excusant. Se remettant de cette souffrance fulgurante, il ne prend conscience de la proximité de Christopher que lorsque celui-ci l'attire contre lui. Se demandant si l'américain n'était un ninja dans une autre vie, Merlin se laisse faire et se détend grâce à la main dans ses cheveux. Ça marche à tous les coups ça. Doucement, il passe sa main droite dans le dos de l'ancien militaire.

— Je l'espère, souffle-t-il en fermant les yeux.

La présence de Chris le calme en effet. Il sait qu'il n'échappera pas aux radios, mais ce n'est pas la pire chose qu'il ai vécu. Ce qu'il redoute néanmoins c'est le diagnostic. Il craint de plus en plus de s'être cassé quelque chose, genre, la clavicule. Mais ils ne restent pas longtemps seuls. Dès qu'il perçoit le bruit du mouvement de la poignée et l'ouverture de la porte qui en découle, Morgan se redresse et se détache de l'américain en vitesse. Par réflexe. Néanmoins trop rapidement sans doute car il ne peut s'empêcher de grimacer légèrement. Le médecin n'a cependant l'air de rien remarquer, pas plus que l'infirmière qui rentre derrière lui et va directement dans la salle de radiographie.

— On va vous faire passer une radio, ça ne sera pas long, commence l'homme avec un sourire, avant d'indiquer la salle d'un geste de la main.

Merlin hoche un coup la tête, jette un dernier coup d'oeil à Chris puis se remet debout et entre dans la salle. Bien sage, il fait ce qu'on lui dit, se place comme il faut, et prend son mal en patience. Il ne sait pas au bout de combien de temps il ressort de là, mais c'est quand même un immense soulagement lorsqu'il en a fini avec ça. Son regard s'agrippe de nouveau à Christopher, et après une expiration, il sourit un peu en coin.

— Bon ça, c'est fait...

En tenant Morgan dans ses bras, Christopher en oublie subitement sa propre douleur. Tandis qu’il caresse tendrement les cheveux du plus jeune, l’aidant ainsi à se détendre, sa cheville est, sans plus attendre, relégué au second rang des choses plus importantes. Ce qui compte maintenant est de calmer la souffrance de Morgan. Et comme l’ancien militaire ne peut rien faire directement à la cause, il se contente de garder le jeune anglais contre lui. Faut dire que la proximité de celui-ci lui est aussi favorable à lui.

Mais encore une fois, c’est la venue du docteur qui coupe court à tous les sentiments de bien être. Par Reflex, Christopher lâche Morgan et celui-ci se redresse. Sans doute trop brusquement car une grimace de douleur peint à nouveau son visage. Le cœur de l’ancien officier se serre subitement et il doit réellement résister à l’envie de le reprendre dans ses bras.

Cependant, le docteur ne lui en laisse pas le choix. Avec un sourire bienveillant, il désigne la salle des radios jute à côté et indique à Morgan de le suivre. Christopher esquisse un pas vers l’avant pour les suivre, avant de se reprendre. Il sait, par expérience, que les accompagnateurs doivent rester dehors. Lorsqu’en plus il croise le regard du médecin, lui intimant silencieusement de rester ici, Christopher baisse le regard et hoche la tête. Ne la relevant que furtivement lorsque la porte se referme derrière eux, il croise ses mains dans son dos et se met à marcher.

De long en large, il ne tient pas sur place. Tandis qu’il arpente la pièce, son cœur s’accélère à nouveau, ses mains se mettent à trembler, sa respiration se fait plus plate et ses boyaux se contractent sous le stresse grandissant. Mais en plus du stresse, c’est la peur qui s’empare de Christopher. Et s’il n’y avait pas que l’épaule de touché ? Et si c’était plus grave ? Et si Morgan devait rester la nuit à l’hôpital ? L’américain se fige subitement. Il n’y avait pas encore pensé à ça. Mais la réponse est évidente : il restera auprès de lui, doit-il en subir les conséquences le lendemain. Pour le bien être de Morgan il ferait tout.

Alors qu’il compte se remettre en route, la porte de la pièce adjacente s’ouvre. Christopher se tourne vivement et son regard s’accroche à celui de Morgan qui s’avance vers lui. Arquant furtivement un sourcil, l’ancien premier maître se demande combien de temps ça a prit, puis s’avance à son tour et affiche un sourire lorsque Morgan lui dit que [i] « ça c’est fait »[/b].

« le plus dur est derrière toi … pour aujourd’hui » dit-il en souriant tristement

Passant une main dans la nuque du plus jeune, il l’attire tendrement contre lui et dépose un baiser sur son front avant de sourit doucement. Il le garde encore quelques instants contre lui et ne le lâche que lorsque docteur revient dans la pièce. Tenant les radios en mains, il s’avance vers eux.

- Je vais aller directement au but dit-il en levant les radiographies, Fracture de la clavicule gauche reprend-t-il en désignant ladite clavicule.

S’avançant et plissant légèrement les yeux, Christopher lève le regard vers le doigt du médecin et arque un sourcil. Même en temps que quelqu’un qui ne s’y connait aucunement, c’est évident que cet os est cassé.

- Mais vous avez de la chance dans votre malheur, reprend-t-il en se tournant vers Morgan, l’os s’est cassé en plein milieu, comme ça arrive dans 70% des cas. Et puis, ce genre de blessure a beau être très douloureuse et bien handicapante il darde son regard sur le jeune homme croyez moi, je sais de quoi je parle avec mes nombreuses chute en moto. Mais elles guérissent sans problème. Pendant 3 semaines vous aurez le droit de bouger le bras, mais interdiction de le monter à plus de 90°. Le mieux serait de rester dans le milieu entre 0 et 60° pour être sûr qu’aucun mouvement n’arrive à la clavicule. Mais n’hésiter pas à le bouger un peu, histoire que votre épaule n’en subisse pas les conséquences. OK ?

Christopher, qui a écouté tout ça avec une attention toute particulière, tourne son regard vers Morgan qui regarde le médecin comme s’il venait de voir un fantôme. L’ancien premier maître soupire doucement, ne pouvant en vouloir au jeune homme s’il n’a pas fait attention à toutes ses informations. Lui-même avait été content qu’un accompagnateur ait écouté pour lui après sa chute. A part donc, un hochement de tête, le médecin n’a droit à aucune réponse verbale. Sans doute est-il habitué à ce genre de réaction, car il hoche lui-même la tête en souriant.

- Bon je vais vous laissez donc. Si vous voulez bien retourner dans la salle d’attente, le maître des bandages viendra vous chercher dans une petite vingtaine de minutes.

Se disant, il tend la main à Christopher, leur dit au revoir et bon courage puis part. L’ancien premier maître attend que l’homme ait fermé la porte derrière lui pour se tourner à nouveau vers Morgan. Lui posant tendrement une main sur l’épaule droite, il l’oblige à porter son regard vers lui.

« Ce n’est pas grave » souffle-t-il avec un sourire avant d’aller lui caresser le dos « Ce ne sera que 3 semaines à passer. Ce n’est rien. Ça passera vite, tu verras ... »

Encore une fois, la tension accumulée s'estompe grâce à la proximité de Christopher. Celui-ci dépose un baiser sur le front de Morgan, dissipant le sourire triste et la réalité qu'il avait énoncée. Pour aujourd'hui, le brun avait passé le plus dur, mais les jours qui viennent seront sans aucun doute pires. Et c'est encore une fois le médecin qui vient les déranger par sa présence. Merlin s'écarte alors de l'américain, mais en reste finalement assez proche. Il est anxieux quant au verdict du docteur et ainsi, il se sent un peu mieux. Il redoute que ce soit grave et qu'il doive rester la nuit. Chris resterait-il ? Sans doute. Mais il n'aime pas les hôpitaux non plus et dormir assis, avec sa cheville, ne serait peut-être pas recommandé.

Son coeur s'est accéléré, il le sent bien. Mais il sent aussi que l'organe rate un battement lorsque le médecin annonce une fracture de la clavicule. Merlin sait que ça peut-être plus grave qu'il n'y paraît. Heureusement, il recouvre l'usage de ses poumons quand l'homme explicite davantage. Douloureux et handicapant il veut bien le croire, qui guérit vite, là il ne peut que prier. Cependant, après être rassuré quant à la gravité de sa blessure, il n'ecoute que d'une oreille les recommandations qui suivent. Il sait que le docteur parle, il comprend furtivement qu'il pourra bouger le bras, mais pas trop, mais il n'a aucune idée des détails. Quand il intègre qu'on lui pose une question, il hoche simplement la tête en revenant sur terre. Il compte sur Christopher pour avoir tout suivi, parce que lui était un peu déconnecté.

Ceci marque alors la fin d'un calvaire, et le début d'un autre. Le praticien leur indique de retourner en salle d'attendre car le "maître des bandages" ne viendra s'occuper d'eux que dans une vingtaine de minutes. Puis il part vers d'autres patients, après un au revoir et un bon courage de rigueur. Une fois la porte refermée, Christopher reporte son attention sur le brun, et ce dernier lève les yeux vers lui, un peu obligé. Il l'écoute ensuite dire que les trois semaines vont passer vite, que ce n'est pas grave. Apaisé aussi par les caresses dans son dos, Morgan pousse un long soupire, en se laissant aller contre Chris. Fermant les yeux, il laisse sa tête reposer contre le haut de la poitrine de l'aîné. Malgré ce qu'il en dit, ces trois semaines ne passeront pas en un clin d'oeil.

— Tu ne diras pas ça au bout de quelques jours, dit-il doucement, avant de relever la tête avec une petite expression désolée. Pardon d'avance... Tu vas devoir t'occuper de pleins de choses tout seul...

Sans compter qu'il va devoir le supporter. Les jours prochains ne seront pas de tout repos. Le britannique se demande même si dormir dans un lit va lui être possible sans douleur. Quoiqu'il a déjà mal en étant simplement debout, sans rien faire de particulier, alors il appréhende. Il aura apparemment le droit de bouger le bras, mais ça ne lui sera sans doute pas d'une grande utilité. Soit. Se reculant, il se dirige ensuite vers le sweat et s'en empare. Il n'a pas trop envie de retourner dans la salle d'attente torse nu il faut dire. Décidant de se débrouiller seul pour une fois, il passe d'abord la tête puis son bras valide. Son épaule gauche le fait souffrir des mouvements involontaires mais il essaie de ne rien laisser paraître, et c'est avec un léger sourire qu'il se retourne vers Chris.

— La salle d'attente il a dit ? J'espère qu'il y aura de la place, lâche-t-il en se dirigeant vers la porte.

Sortant dans le couloir, il n'a pas de mal à se repérer et prend le chemin de la salle. Il se place aussi à côté de l'ancien officier, s'assurant par là-même qu'il est toujours présent. Tout en marchant, l'étudiant espère que la salle d'attente s'est un peu vidée. Pas spécialement pour lui, étant donné que son épaule ne l'empêche pas de rester debout, mais plutôt pour Christopher. Il ne le voit pas rester vingt minutes debout avec sa cheville qui viendra tôt ou tard le faire souffrir. Elle a dû se réveiller en plus, déjà que tout à l'heure il a été obligé de s'asseoir... Malheureusement, la vérité se révèle être ce qu'il craignait. Passant les portes de la salle d'attente, Merlin ne peut retenir une légère grimace en voyant que toutes les places assises sont occupées. Les vingt prochaines minutes vont être longues.

Que Christopher doive s’occuper de tout dans la maison, ça il le savait. Ça ne le changera pas réellement. Qu’il doive s’occuper de Morgan, du moins dans un premier temps, ne le dérangeait pas non plus. Et puis il sait qu’il supportera les plaintes du plus jeune. Ce ne sera pas un souci. Du moins, l’espérait-il ainsi. Soit.

Lorsque Morgan répète qu’ils devront aller dans la salle d’attente, Christopher pense la même chose que ce dit le jeune homme : lui aussi espérait qu’il y ait de la place. Au moins une pour Morgan quoi. Même si rester debout lui était sans doute plus douloureux à lui, ce n’est pas l’américain qui est blessé. Suivant donc Morgan hors de la pièce, ils se dirigent ensemble vers la salle d’attente. Debout à l’entrée, Christopher grimace. Aucune place de libre. C’est comme s’il y avait un bouchon et que le temps s’était arrêté.

Mais, tandis qu’il observe les gens d’un regard circulaire, l’ancien premier maître remarque la présence de l’homme d’avant, celui qui accompagnait la vieille dame. Celle-ci étant partie, il a prit sa place et est maintenant tranquillement entrain de feuilleter un magasine. Sans hésiter d’avantage, Christopher se dirige vers lui et se plante devant lui.

« Excusez-moi. » dit-il. L’homme ne montre aucune réaction. « Monsieur … ? » C’est avec un très lourd soupire que l’homme relève le regard vers Christopher et le fixe froidement. L’ancien premier maître n’est aucunement impressionné et sourit simplement « Vous voulez bien lui laisser votre place ? » demande-t-il plein d’espérance en désignant Morgan qui l’à rejoint.

- Non.

Christopher est un instant déconcerté, autant par le ton que par la réponse négative de l’homme. Celui-ci, d’ailleurs, a reprit sa lecture comme si c’était la chose la plus normale qui soit. Clignant des yeux, l’ancien premier maître le fixe, visiblement étonné et met quelques instants à se reprendre. Toussottant finalement, il affiche une mine étonné.

« Pourquoi ? »

- Parce qu’il est jeune, il peut bien rester debout 5 minutes, répond l’inconnu dans relever le regard.

« J’hallucine … » souffle Christopher puis croise à nouveau le regard interrogateur de l’homme « Il est jeune, ouais c’est sûr. Mais vous n’êtes pas blessé, non ? Non stop, ne dites rien » le reprend-t-il en levant la main lorsque l’inconnu s’apprête à répondre « J’ai laissé ma place à la dame que vous accompagniez, vous pouvez … »

- Ce n’est pas la même chose, elle ne peut pas rester debout, longtemps.

« Oui mais elle n’est pas là » reprend Christopher, s’obligeant à garder son calme mais sentant tout de même la colère s’emparer tout doucement de lui

- Mais elle va revenir.

Le ton de l’homme se fait froid et sec. Détestable et chiant. Christopher prend une profonde inspiration et ferme furtivement les yeux.

« Mais jusqu’à ce qu’elle revienne vous pouvez bien lui laisser votre place. » dit-il sur un ton faussement calme.

- Il ne se lèvera plus Répond sèchement l’inconnu avec un très rapide regard vers Morgan.

« Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? »

- … en plus il n’a pas l’air blessé.

« Ah non c’est vrai qu’on est ici juste pour le fun hein. » reprend Christopher avec cynisme avant de s’approcher de l’homme et lui prendre le magasine des mains « écoutez, s’il n’était pas blessé croyez moi on ne serait même pas venu ici. Alors maintenant vous allez me faire ce plaisir et dégager de cette place. Comprit ? » son ton s’est fait glacial, son regard dur et sombre. Les lèvres pincées, les muscles de la mâchoire serré il fixe l’inconnu.

C’est maintenant à son tour de montrer une réaction. La déconcertassions laisse bien rapidement place à l’incertitude puis à la peur. Déglutissant, l’inconnu baisse le regard puis hoche la tête. Christopher se redresse et fait un pas sur le côté. Il laisse l’homme partir, le suis encore du regard puis se tourne vers Morgan et lui sourit.

« Voilà comment il faut s’y prendre. » souffle-t-il pour que seul Morgan puisse l’entendre puis fait un pas vers l’arrière et désigne la place « Assit-toi, j’vais me chercher un café »

Une fois Morgan assit, Christopher se détourne et se dirige vers ladite machine à café, se demandant intérieurement comment lui-même va supporter le fait de rester debout tout ce temps.

Morgan se dit que l'attente va être longue si quelqu'un n'est pas appelé incessamment sous peu. Cependant, Christopher a visiblement quelque chose en tête. Lorsque le plus jeune percute qu'il n'est plus à côté de lui, c'est pour le trouver face à l'homme de tout à l'heure, qui lui avait demandé de laisser sa place à une dame plus âgée. Sans attendre, il le rejoint. Remarquant l'expression de l'homme, il s'attend par instinct à un refus lorsque Chris lui demande gentiment de laisser sa chaise au jeune homme. Et ça ne manque pas. L'homme reprend ensuite sa lecture, comme si de rien n'était, tandis que l'ancien militaire a un temps de latence, étonné. A la question "pourquoi ?", l'homme répond que Merlin est jeune et qu'il peut bien rester debout. Ce qui n'est pas tout à fait faux.

Le brun pose sa main droite sur l'avant-bras de Chris, s'apprêtant à dire que ce n'est pas la peine, qu'il restera bien debout. Mais l'américain reprend du poil de la bête, têtu comme d'ordinaire. Il argumente, l'homme répond, et ainsi de suite. Le britannique, silencieux, remarque facilement le changement dans l'humeur de son ami, passant doucement mais sûrement à l'énervement. Le ton, sec et froid, de l'homme n'aide en rien, mais Christopher reste calme en apparence. C'est au tour de Morgan de froncer les sourcils lorsque l'homme dit qu'il ne se lèverait pas si la dame revenait, et qu'en plus il n'a pas l'air blessé. Là, le brun a bien envie de répondre un petit quelque chose, mais Chris lui coupe l'herbe sous le pied. Et il dit la même chose à quelques mots près, et avec un ton bien plus dur.

L'ancien officier paraît soudain plus terrifiant. Intransigeant, ses paroles ne prêtent pas à l'argumentation. Merlin comprend tout à fait la réaction de l'homme, qui se lève ensuite sans demander son reste. Christopher est implacable quand il veut, et c'est là que l'on voit qu'il était un militaire gradé. Lorsqu'il se retourne vers le plus jeune, ce dernier lui rend son sourire en entendant sa remarque. Puis il hoche la tête et s'assoit, comme dit, et laisse ensuite son regard s'accrocher à Chris, qui va se chercher un café à la machine à l'autre bout de la salle. Morgan se demande alors comment lui va faire pour tenir vingt minutes debout. Il retient un soupire en s'adossant au dossier de sa chaise. Toujours pas confortable. Puis Chris revient, son café en main. Une idée derrière la tête, le plus jeune relève les yeux vers lui.

— Tu peux aller me chercher un chocolat chaud, s'il-te-plaît ? demande-t-il doucement, puis il sourit lorsque Christopher accepte finalement. Merci !

Histoire de faire passer le temps, et ça le réchauffera un tant soit peu, après la plongée dans le lac, la pluie, les vêtements humides... Lorsque l'américain revient avec le chocolat, Merlin a l'impression de retrouver ce sourire franc qu'il a perdu depuis qu'il a posé un pied hors de la voiture. Attrapant le gobelet fumant, il remercie une nouvelle fois Chris avant d'en prendre une petite gorgée. Il ne s'en est pas rendu compte avant, mais il commence à avoir faim. Légèrement, certes, mais il a faim quand même. Buvant un peu plus de sa boisson chaude, il n'a qu'une hâte, c'est d'en finir avec tout ça et de rentrer. Il regarde aléatoirement les gens dans la salle sans vraiment les voir. Pas plus qu'il ne prend en compte les quelques allées et venues.

Le temps, comme dans toute salle d'attente, semble s'étirer, et une minute durer une heure. Morgan prend bien son temps pour boire son chocolat. Quand il en vient à bout, il pousse un léger soupire. Il se lèche les lèvres par réflexe, voulant garder jusqu'au bout le goût sucré de sa boisson. Sa faim ne s'est pas vraiment calmée. C'est alors qu'il croise le regard de Christopher. Allant pour lui dire de prendre sa place à cause de sa cheville, le brun se fait interrompre par l'appel de son nom. Portant son attention sur l'homme souriant qui est venu le chercher, le jeune homme se lève en vitesse. Après un autre coup d'oeil à Chris pour s'assurer du sa présence, il se dirige vers le type puis le suit dans les couloirs de l'hôpital.

Le regard fixé sur le liquide qui coule dans le gobelet, Christopher s´appuie sur la machine. Jambe gauche plié, seule la pointe de pied repose sur le sol, soulageant ainsi un peu sa cheville. Elle s´était endormie pendant toute la balade. Sans doute est-ce la petite marche dans la boue qui l´a réveillé. Et maintenant l´attente. Christopher, étant plus du genre hyperactif, n´a jamais aimé resté sur place. Que ce soit debout ou assit, il déteste ça. Mais depuis sa chute, c´est bel et bien le fait de rester debout qu´il ne supporte plus vraiment. Si c´est comme ça, il préfère encore marché, au moins la pression sur son articulation varie et de ne lui est donc pas trop douloureux. Mais il ne peut pas non plus laisser Morgan seul dans la salle d´attente et se promener dans l´hôpital. Enfin.

Une fois que le gobelet soit remplis, Christopher se redresse, repose le pied à terre et attrape son café avant de se retourner et se diriger à nouveau vers Morgan. Sa démarche est à peu près normale, ce qui est tout de même une bonne chose. Souriant en se plaçant à côté du plus jeune, il lève son gobelet à ses lèvres, s´apprètant à en prendre une gorgé, lorsque Morgan reprend la parole. Boisson à mi-chemin vers sa bouche, Christopher se tourne vers l´anglais et ne peut s´empêcher de pousser un soupire lorsqu´il lui demande d´aller lui chercher un chocolat chaud.

"T´aurais put le dire avant, non ...?" demande-t-il avant de se redresser et de lui fourrer son café dans les mains.

Puis, tandis que Morgan le remerci vivement, l´ancien militaire rebrousse donc chemin et retourne vers la machine. Il met une pièce dedans, appuie sur le bouton "chocolat chaud" et attend patiemment que la boisson sucré ait coulé dans le gobelet. Une fois cela de fait, il attrape la boisson, se retourne et se dirige à nouveau vers Morgan. Là, il échange leur gobelet et se remet debout à ses côtés.

Boir son café l´occupe, mais ne lui fait tout de même pas oublier sa douleur qui se fait de plus en plus vive. S´obligeant à rester sur place, il change souvent d´appuie, met son poids sur la jambe droite, puis réessaye d´en mettre plus sur sa jambe gauche etc. Heureusement, l´heure de la délivrance sonne au moment oú la douleur devient de moins en moins supportable. Au même instant que MOrgan relève son regard vers Christopher, il entend le nom de son jeune ami. Se tournant vivement, son regard tombe sur un homme souriant. Répondant à son sourire, il laisse Morgan se lever puis suivre l´homme dans les couloirs de l´hôpital.

Il les fait entrer dans une salle. Restant tout d´abord debout à côté du plus jeune, il s´excuse finalement en avisant une chaise et s´y installe. Heureusement, celle-ci est assez prèt de Morgan et de l´inconnu qui le trifouille un peu trop, de manière à ce qu´il puisse l´entendre parler. A quelque mots près, c´est le même discours du médecin, mais en même temps qu´il parle, il règle ce que Christopher appellera à l´avenir "le bandage sac à dos". Une fois cela de fait, il explique encore deux trois truc qu´il faut savoir par rapport à ces anneaux avant de leur tendre la main, leur dire aurevoir et souhaiter bon courage à Morgan.

Lorsque l´homme est sortit de la pièce, Christopher se relève de sa chaise, s´approche de Morgan et attrape son sweater.

"J´espère que t´as été attentif à ce qu´il a dit." dit-il en l´aidant a enfiler le vêtement "T´as plutôt intérêt à suivre ces conseils ... ces ordres." il aide Morgan à passer la tête par le trou du pull "Et ne t´inquiète pas pour le ménage et tout ce qu´il y aura à faire à la maison" il plonge son regard dans celui de Morgan, tandis qu´il tire un peu le bas du vêtement pour le mettre bien en place "Je m´occuperais de tout ... et de toi"

Levant la main, il la pose sur la joue du plus jeune, lui caresse tendrement la pomette et se penche pour l´embrasser. Leurs Lévres se lient en un doux baiser, qui fait disparaitre toutes les craintes qu´avait ressentit Christopher jusque là.

Mais le retour à la réalité est assez violent, par la porte qui s´ouvre. Christopher met un certain à percuté et garde encore ses lèvres posées sur celles du jeune homme, avant de se redresser vivement, son regard se portant immédiatement vers la porte et s´accorochant à l´homme qui vient de les quitter. Arquant un sourcil en un sourire crispé, il dévit le regard et se dirige vers la table.

- j´ai oublié mon stylo, marmonne-t-il.

Il attrape ledit stylo et, l´instant d´après, la porte se referme derrière lui. Christopher ferme les yeux et soupire de soulagement et d´´nervement contre lui-même.

"Je te propose de partir tout de suite, ok?"

plus vite est-on à la maison, plus vite on ne nous attrapera plus sur le fait, reprend-t-il dans sa tête tandis qu´ils sortent de la pièce.

L'homme s'occupe de Morgan rapidement, lui mettant des espèces d'anneaux bizarres et un peu désagréables. Cette fois-ci, le jeune blessé écoute bien toutes les recommandations et les commentaires, qui reprennent à peu de chose près ce que le médecin a dit tout à l'heure. Fait est que le brun est plus réceptif. Ensuite, il répond poliment au "bon courage", avant de se retrouver seul avec Chris. Ce dernier ne tarde d'ailleurs pas à s'approcher de lui avec son sweat. Merlin sourit intérieurement en se disant qu'il ne devait attendre que ça, après que l'homme ait dû le tripatouiller par obligation professionnelle.

Masquant comme il peut le sourire amusé qui veut forcer la ligne de ses lèvres, il acquiesce aux paroles de Christopher, qui l'aide à enfiler le pull. En revanche, lorsqu'il lui dit qu'il s'occupera de tout, le plus jeune se laisse à sourire doucement. Malgré le sentiment de redevance qu'il aura ensuite, il n'est pas mécontent du tout de savoir que l'américain veillera sur lui. Leurs regards l'un dans l'autre, Morgan sait ce qui va se passer ensuite. Même si son coeur accélère, sa respiration se fait plus ample. Il lève imperceptiblement la tête, par mimétisme avec Chris qui lui se penche, et leurs lèvres se touchent finalement. L'étudiant ferme les yeux par réflexe, pour profiter davantage du chaste baiser qu'ils partagent.

La bulle qui les entoure est éclatée par le retour de l'homme. Plongé dans le bien-être, Merlin ne le remarque vraiment que grâce à l'ancien militaire, plus reactif. Mais pas assez tout de même. Un rapide coup d'oeil de la part de l'anglais lui fait savoir que l'intrus est plutôt gêné, ce qui ne l'empêche pas de rougir fortement d'avoir été pris sur le fait. C'est bien la première fois qu'une tierce personne les voit s'embrasser, et le pauvre petit n'était pas vraiment préparé à cela. Il baisse les yeux, comprend que l'homme a oublié son stylo, et garde encore le sol en ligne de mire même après avoir entendu la porte se refermer.

Morgan ne se fait pas prier lorsque Christopher lui propose de partir. Ils sortent de la pièce et se dirigent sans mal vers l'entrée. Le brun est toujours mal à l'aise, et chaque regard qu'il a le malheur d'intercepter lui donne l'impression d'être jugé, comme si tout le monde était au courant. Il essaie de se faire tout petit, alors que Chris règle quelques trucs avec les papiers, les dames de l'accueil, et il n'est que trop content de sortir de là, presque en quatrième vitesse. Franchissant les portes automatiques, il souffle un coup, comme débarrassé d'un poid. Il se dirige ensuite vers la voiture, attend que l'américain l'ouvre, puis ouvre la porte et s'installe côté passager.

— Faudra passer à la pharmacie je suppose, marmonne-t-il alors que Christopher met le contact, avant de soupirer.

Il a toujours bien mal, alors il n'a pas d'illusions sur la dose d'anti-douleur qu'il va devoir se taper. Quoique heureusement qu'il réagit bien à ces médicaments, il n'aura pas besoin de prendre plus qu'ordonné. Il se souvient d'un ami un peu casse-cou qui avait besoin de plus pour que ce soit réellement efficace. Ne pensant plus à tout à l'heure, lorsqu'on les a pris la main dans le sac, et la gêne qui est venue avec, Morgan rumine sur le futur proche. Il est partagé entre le joie insolente d'avoir son Christopher pour s'occuper de lui, et la culpabilité de devoir justement compter sur lui pour à peu près tout est n'importe quoi.

C'est en silence que la voiture roule. Et qu'elle se gare, quelques minutes plus tard, devant la pharmacie. Il hoche machinalement la tête s'en même écouter précisément ce que lui dit l'ancien officier avant de sortir pour aller faire les achats. Le britannique l'attend alors bien sagement, la faim le reprenant quelque peu.

Deuxième fois en 30 minutes qu´un autre les attrapes tandis qu´ils sont proche. Trés proche. Bon d´accord, la première fois ne compte pas, étant donné que Christopher aidait simplement Morgan a s´habiller, mais la seconde situation est des plus significatives. Là, c´est évident que l´homme sera conforter dans l´idée de s´être occupé d´un homosexuel. Mais soit.

Morgan accepte bien rapidement la proposition de l´américain de partir. Ensemble, se gardant bien de se montrer trop proche, ils se mettent en route. Christopher, lui, s´occupe encore rapidement de quelques paperasses à la réception puis, d´un coup de tête, signifie à Morgan de sortir de l´hôpital. Une fois les portes coulissantes fermées derrière lui, l´ancien militaire prend une profonde inspiration, inspirant à plein nez la bonne odeur de l´après-pluie. Après un rapide coup d´oeil en direction de Morgan, il se remet en route, se dirigeant d´un pas rapide vers la voiture.

Une fois installé dans l´habitacle, il se penche en avant pour mettre le contact, lorsque le jeune anglais reprend la parole, disant qu´ils devront encore passer par la pharmacie. Christopher le regarde et fronce les sourcils en une moue de réflexion. Hésitant, il pince les lèvres, tenter de visualiser la boite à pharmacie dans sa salle de bain, histoire de savoir s´il ne lui en restait pas à lui. Il sait qu´il doit encore avoir un paquet à peine -voire pas du tout- entamer, mais il sait aussi que ces anti-douleurs là sont assez fort. Et puis de toute manière le médecin en à prescrit d´autre à Morgan.

"alors allons-y" dit-il en mettant le contact.

Il enclanche la première et, lentement, sort du parking puis s´engage sur la chaussé en direction de la pharmacie. Là, il garde la voiture, marmonne un petit quelque chose du genre que MOrgan doit rester dans la voiture, avant de sortir de la du véhicule et entrer dans la pharmacien.

Il en sort une vingtaine de minutes, énervé par l´attente qui s´est tiré en longueur à cause d´un homme de son âge qui ne savait pas quels médicaments il avait besoin. Christopher a réellement du prendre sur lui pour ce coup. C´est donc avec un lourd soupire qu´il jette le sachet aux pieds de Morgan et qu´il accroche sa ceinture. Mais, avant de démarrer à nouveau, il décide de prendre plusieurs profondes inspirations pour essayer de se calmer un peu. Une fois qu´il se juge assez détendu pour rouler sans risquer un accident, il allume la voiture et s´engage à nouveau sur la chaussé. C´est en silence, qu´ils roulent pendant quelques minutes, avant que Christopher ne décide de prendre la parole.

"Va falloir contacter tes parents." dit-il, gardant les yeux rivés sur la chaussé "Ou au moins ta mère" il lâche le volant d´une main, posant le coude sur le rebord de la fenêtre "Si tu ne le fais pas, je m´en occuperais" il tourne son regard vers Morgan "Mais il faut au moins les prévenir pour ça, pour les histoires d´assurance et tout ça ..."

Pour passer le temps, Morgan ferme les yeux et laisse sa tête basculer vers l'arrière, pour la poser contre l'appuie-tête. Il pousse un soupire en se détendant peu à peu. Il profite de ce temps pour essayer de faire le vide, après tout ce qui s'est passé aujourd'hui. Mine de rien, c'était un peu la tempête. Pendant près de vingt minutes, il essaye d'oublier la douleur de son épaule et tout un tas de petites choses parasites. Au final, il n'y a que Christopher qui revient sans cesse dans ses pensées. Le même Christopher qui a l'air énervé en se plaçant sur le siège conducteur, au vu du lourd soupire qu'il pousse. Le britannique ouvre un oeil, jette un regard à son aîné, puis se penche pour ramasser le sachet de médicaments. Il a dû se passer un truc à la pharmacie, mais Merlin ne décide pas de revenir dessus.

Chris prend le temps de se calmer, avant de démarrer. Le brun sait que l'américain est plutôt du genre à trouver la colère facilement après des aventures pareilles. C'est pour cela qu'il ne dit rien, laissant le silence s'installer dans l'habitacle. Alors qu'il vague à ses pensées disparates, il se fait surprendre par ce que dit l'ancien militaire. Il tourne brusquement la tête vers lui, décomposé, lorsqu'il entend les mots "parents" et qu'il se rend compte que Christopher a tout à fait raison. Il n'avait pas pris cela en considération. En fait, ça fait tellement longtemps qu'il n'avait plus pensé à ses parents, qu'il avait oublié cette partie d'assurance, de paperasse... Merlin reporte son regard sur la chaussée, mais tout dans son comportement reflète l'agitation. Il se passe une main sur la nuque, avec un léger soupire.

— Mieux vaut que ce soit moi qui les appelle, je n'ai pas envie de te mêler, peu importe comment, à cette histoire, répond-il doucement.

Si Christopher tombait sur son père, il n'ose imaginer le déluge qui en résulterait. Ils ne s'aimaient pas avant, car l'américain "corrompait" William, destiné à de grandes choses. Morgan a déjà entendu son père rejeter la faute de l'arrêt des études de Will sur Chris. Enfin, tout ça pour dire que si John Smith apprenait que son second fils logeait chez ce Christopher Nicholson, ça pourrait mal tourner. Morgan sait que depuis que son grand-frère a décidé de couper les ponts, son père avait déplacé ses espoirs sur lui. Espoirs mis à mal par la littérature, mais qui ne cessaient quand même de revenir sur le tapis au cas où Merlin viendrait sur le chemin scientifique ou juridique. Là, John serait capable de croire que Chris est derrière le départ du cadet. Et avec ces deux forts caractères, le pire est envisageable.

— Espérons que ma mère soit compréhensive et qu'elle ne dira rien à mon père, lâche-t-il avec appréhension. Je l'appellerai dès qu'on sera à la maison.

Plus vite ce sera fait, mieux ce sera. Ça doit bien faire trois mois qu'il n'a plus parlé à un membre de sa famille. Il a peur de la réaction de sa mère lorsqu'il la contactera, elle doit se faire un sang d'encre de ne plus avoir de nouvelles de lui. Il faut dire ce qui est, ils étaient proches. Morgan se mord la lèvre inférieure, un sentiment de culpabilité naissant au creux de son ventre. Pas d'avoir abandonné son père, qui méritait amplement tout ça, mais d'avoir laisser sa mère sans aucune nouvelle, elle qui n'avait rien fait d'autre que de se taire. Sur le moment, ça lui avait parut légitime. Maintenant, il se sentait mal à cause de ça. D'autant qu'il avait vu ce que l'attitude de William avait provoqué chez sa mère. En parlant de famille :

— Dis, Chris, tu étais fils unique non.. ? Tu- Tes parents, ils hm... Ils vont bien... ? demande-t-il d'une petite voix.

La famille est quelque chsoe de sacré pour les uns, de détestable pour les autres. Pour Morgan, il ne pouvait pas vraiment juger. William l´aimait -et l´aime toujours étant donné qu´il demande toujousr des nouvelles de son petit frère lorsque Chrstopher lui téléphone. D´ailleurs, il devrait peut-être songer à faire part de cette chose au jeune Smith ... - tout comme la mère. Il va de sois que ces sentiments étaient -et le sont toujours- réciproque. Quoiqu´il ne soit pas sûr pour le frère. Mais soit. Le père par contre, c´est bien autre chose.

John Smith et Christopher Nicholson, c´est comme le chien et le chat, comme la sourit et le serpent, comme le lion et la gazelle, comme Wolverine et Stryker, comme Hulk et Loki -inutile de préciser qui est le chat, qui le serpent, qui est le lion, qui est Wolverine et qui est Hulk ...- : ils ne sont pas fait pour s´entendre. John pense Christopher responsable de l´arrêt des études du plus vieux de ses fils, Christopher pense que John l´a oppressé de trop et ne lui a pas laisser assez de liberté. John pense que Christopher est celui qui a poussé William à faire les 400 coups, Christopher trouve que John est bien trop stricte et bien trop autoritaire. Ils n´ont jamais trouver un terrain d´entente, tout deux étant bien trop borné et chacun d´eu étant une plus grosse tête de mule que l´autre.

Il est donc assez soulager quand Morgan lui dit que lui-même s´occupera de tout ça quand ils seront rentré. Pour tout dire, il n´a pas franchement envie d´avoir le père Smith au téléphone. Même à travers le combiné, il risquerait de l´étriper. M´enfin. Christopher ne répond rien, se contentant d´hocher simplement la tête. Cette fosi-ci, c´est Morgan qui brise le silence, voulant en savoir plus sur sa famille. Il lui demande confirmation s´il était bien fils unique puis comment vont ses parents. L´ancien militaire garde le regard rivé sur la chaussé, laisse passer quelques instants, puis hausse les épaules et se passe la mais gauche sur le front, tournant rapidement le regard vers Morgan.

"Je suis toujours fils unique hein" dit-il, s´amusant à relever l´utilisation du passé dans la question du plus jeune "A moins que ma mère ne soit tomber enceinte sans me le dire." il sourit doucement puis hausse les épaules "M´enfin. Aux dernières nouvelles je sais que ma mère se fait un sang d´encre pour mon père qui a dut partir en Afghanistan le mois dernier." il observe Morgan du coin de l´oeil puis se tourne complètement vers lui "Je te l´avais dit qu´il est militaire, lui, non?" il hausse les épaules "Enfin, quoiqu´il en soit, maintenant tu le sais" il sourit doucement, tandis que son regard s´accroche à nouveau sur la chaussé.

C´est vrai qu´il ne parle que très peu de sa famille, n´étant pas du genre à parler de lui tout court. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu´il n´a pas une bonne relation avec ses parents. Certes, le fait qu´il entre dans la marine a été un coup dur pour sa mère étant donné qu´elle avait déjà un mari militaire qui risquait sa vie en mission. Pendant longtemps, elle a tenté de dissuader son fils. Mais ce dernier, jouissant de tout le support envisageable de son père -qui a toujours été le premier à le féliciter comme il se devait lorsqu´il montait en grade- ne s´est pas laisser faire et ne regrette en rien sa décision.

"Mais c´est vrai que je ne t´ai pas beaucoup parler d´eux" reprend-il "Alors chez moi, c´est le contraire de chez toi. C´est ma mère que je ne supporte pas" il esquisse un demi sourire triste "Elle n´a tellement pas supporter que je me sois engager dans la Navy qu´elle n´a aucunement cacher sa joie quand elle a apprit pour ma retraite." il soupire doucement "J´oublierais jamais son sourire joyeux quand elle est venu me voir la première fois à l´hôpital, a peine quelques jours après ma chute dans les escaliers." ses doigts se crispe sur le volant "´oh mais tu ne vas surement pas pouvoir repartir en mer avec cette blessure´" dit-il en imitant la voix de sa mère avec de soupirer à nouveau "Si j´avais été en état de me lever, je lui aurait fait bouffer mes béquilles" il dégluti et s´oblige à se détendre à nouveau "Enfin, le malheur des uns, fait le bonheur des autres, c´est bien connu ..." il secoue la tête "J´aurais juste espérer un minimum de compassion de sa part. Mais rien. Ma retraite l´arrange réellement..."

Pour Morgan, qui n'a jamais connu autre chose sur le plan familiale, la "famille" n'est pas vraiment quelque chose de primordial. On ne la choisi pas, après tout. Il y tient, certes, mais seulement à ses parents et à son frère — encore que son père... Ses cousins, cousines, oncles et tantes, ne sont pas sa priorité. Il faut apprendre à vivre avec. C'est tout. Lorsque vient la majorité, on peut choisir ou non de garder des liens forts avec ses parents. Passant de sa famille à celle de Christopher par association d'idées, Merlin lui pose des questions sur celle-ci. Il se rend en même temps compte que l'américain ne lui en a pas beaucoup parler, ce qui attise sa curiosité.

Il passe bien rapidement sur son utilisation du passé. Il pensait à avant, lorsqu'il était encore gamin et que Chris était au lycée. Et puis le petit choc récent d'avoir compris qu'il devrait reprendre contact avec ses parents l'a un peu secoué. Après de longs mois, il appréhende les réactions, et aussi tout ce qu'il va falloir expliquer, en passant sous silence ce qu'il faut. Oubliant un instant ces gros détails, il écoute les réponses de l'ancien militaire. Il apprend par ailleurs que son père a été envoyé en Afghanistan. S'il avait un jour su que son père était dans l'armée, il l'avait oublié. Mais maintenant, il le savait. Il sourit doucement en se disant que si Chris s'était engagé dans la Navy, c'est que ce doit être génétique.

De lui-même, ce qui surprend un peu le britannique, Christopher décide de reprendre la parole au sujet de ses parents. Il parle de sa relation avec eux, disant que c'est sa mère qu'il ne supporte pas, à l'inverse de Merlin. Ce dernier accroche son regard à l'américain, et l'expression de celui-ci augmente son empatie et ce sourire triste lui serre le coeur. Sa mère était, en effet, opposée à ce qu'il s'engage dans la Navy. Avec un mari déjà militaire — qui lui devait être très fier de son fils —, c'était compréhensible. En revanche, sa réaction lors de la blessure de Chris est impensable. Morgan fronce les sourcils, se demandant sérieusement comment on peut se montrer à ce point insensible. Il reporte son regard sur l'extérieur.

— C'est la vie, elle était heureuse que son fils ne prenne plus de risques, lâche-t-il, essayant tout de même de la comprendre. Mais c'était complètement déplacé de te dire ce genre de chose, ou même de ne pas compatir. C'est ta mère, elle aurait au moins pu se taire, ajoute-t-il avant de soupirer.

D'un côté ou de l'autre, il faut croire qu'au moins un des parents n'est pas facile à côtoyer. Morgan n'a pas eu l'occasion de rencontrer les parents de Chris. Ou si ce fut le cas, ce dû être fugace, car il n'en a aucun souvenir. Pas plus que les parents de l'ancien officier ne doivent se souvenir de lui. L'étudiant serait peut-être intimidé par le père, s'il est militaire avec la carrure qui va avec. Enfin, ce n'est pas le moment de penser à ces détails. Une question revient cependant, dans la tête de Merlin. En effet, il peine un peu à croire que cette femme soit si détestable. Parce qu'il n'y a pas d'autres mots. Pour s'être réjouit à ce point sans le cacher, sans prendre en compte les sentiments de son propre fils, il faut être détestable. Et ça s'applique aussi, d'ailleurs, à John Smith.

— Et maintenant ? Tu t'entends mieux avec ta mère.. ? Par rapport à ça ? demande le brun en tournant un instant les yeux vers Chritopher. Si j'étais égoïste, je dirais que ta retraite m'arrange aussi, tu comprendra pourquoi, mais ça me fait mal de me sentir bien pour quelque chose qui te fait te sentir mal... Si tu vois ce que je veux dire, rajoute-t-il avec un léger sourire résigné, conscient du paradoxe qui n'en est pas moins réel.

Si Christopher pouvait repartir en mer, Morgan ne le supporterait que difficilement, et uniquement parce qu'il sait ce que cette vie représente pour lui. Il arrive donc à comprendre la mère, dans une moindre mesure.

Christopher entend de la compassion dans la voix de Morgan. Compassion qu’il n’a jamais entendu chez sa mère mais qu’il aurait réellement voulut voir chez elle. Il a toujours u une bonne relation avec Joana Nicholson. Du moins, jusqu’à ses 18 ans et son admission dans la Navy. Avec un mari déjà militaire et souvent en mission pour plusieurs mois, il pouvait très bien comprendre que ce n’était pas facile pour la femme d’accepter que son fils ait, lui aussi, mis les voiles –presque au sens propre du terme …-. Mais le manque de tact dont elle avait fait par alors qu’il s’était retrouvé à l‘hôpital après la première opération n’avait rien arrangé à son moral déjà bien bas. S’il n’y avait pas eu son père en même temps dans la chambre, il n’est pas dit que la femme soir repartie de l’hôpital sans dommages corporels. Alors oui, elle aurait put se taire, mais elle ne l’avait pas fait.

Morgan reprend ensuite, demandant si maintenant il s’entend quand même bien avec sa mère. En somme, s’il lui a pardonné ses paroles. Christopher hausse les épaules.

« Je ne sais pas trop » avoue-t-il finalement « Franchement, si on te dit à toi que, pour une raison ou pour une autre tu ne retourneras plus jamais en Irlande, tu réagirais comment ? »

Mais Morgan ne répond pas, reprenant que d’un côté, sa retraite l’arrangeait aussi, lui. Christopher se tourne vivement vers le jeune homme et le fixe, choqué par ses dires. Prenant ensuite un mouvement sur la chaussé en compte, il reporte à nouveau son attention sur la route et freine brusquement. Propulsé vers l’avant, il agrippe fermement le volant et soupire de soulagement lorsque la voiture s’immobilise avant le bouchon qui s’est formé sur l’autoroute.

« T’es incroyable ... » souffle-t-il « On croirait entendre ma mère, là. » Il reporte son regard sur la chaussé « Sérieusement … t’as dit toi-même qu’elle aurait put se taire … alors pourquoi tu ne le fais pas toi-même ? Hein ? » il se tourne à nouveau vers Morgan, sentant comment il commence à s’énerver « Putain … » il secoue la tête et se passe une main sur le front « comment peut-on être aussi irréfléchi ? » il soupire « sérieusement, Morgan. Tu sais aussi bien que moi que si j’avais l’occasion de reprendre du service je n’hésiterais pas. Même si ça signifierait de te laisser ici. » il déglutit « Alors oui, appelle-moi égoiste ou ce que tu veux, mais ferme ta gueule si c’est pour dire ce genre de choses, compris ? » il reporte son attention sur la chaussé et redémarre doucement « Mais c’est impossible que ça arrive … jamais je ne pourrais à nouveau monter à bord d’un navire … » reprend-t-il dans un souffle, plus pour lui-même que pour Morgan.

Christopher a eu des phases où il se lamentait d’avoir perdu sa vie passé, mais ces phases s’étaient faites bien plus rare à Shady Cove et avaient complètement disparu lors de l’arrivée de Morgan. Et il fallait justement que ce soit lui, ce gamin à qui il tenait tant, qui réussisse à la pousser à nouveau dans ce gouffre de lamentation avant de lui marcher sur les mains pour le faire tomber définitivement dedans.

D'après ce que Chris en dit, il n'a pas vraiment pardonné à sa mère. S'est-il au moins expliqué avec elle. Quoiqu'elle doit être têtue, elle aussi. Morgan passe outre la question de l'américain, lui demandant comment il réagirait s'il ne pouvait plus jamais retourner en Irlande. Détail : le brun n'est pas rancunier une fois de plates excuses sincères et des explications en bonne et due forme fournies. Soit. Il décide donc, au lieu de répondre, de continuer sur sa lancée. Il dit que d'un côté, la retraite de l'ancien militaire l'arrangeait, mais que rien que cette idée le dégoutait. La réaction de Christopher ne se fait pas attendre. Perdant un instant sa concentration sur la route, désarçonné, il la recouvre juste à temps pour freiner et s'immobiliser avant le bouchon sur l'autoroute.

Merlin s'est fortement crispé lors du coup de frein. Son épaule l'a bien sentie, et une grimace apparaît furtivement sur son visage. Il rouvre les yeux au moment où la voiture se s'arrête complètement. Il soupire légèrement, soulagé. Mais la suite n'est pas pour lui plaire. Chris lui rejette en pleine figure qu'il aurait pu de taire, que là il devient comme sa mère. Il voit bien à son visage et à son ton que l'énervement monte, mais le britannique ne trouve pas la force de répondre quoique ce soit, pris de court. Fixant l'américain, dérouté, Morgan finit bien vite par baisser les yeux et par les ramener sur un point vague devant lui. Ce qu'il entend le blesse, autant parce qu'il se rend compte qu'en effet, il aurait du ne rien dire, mais aussi parce que Christopher n'a compris que ce qu'il a voulu.

C'est tout le temps comme ça de toute façon, lorsque l'on aborde ce sujet. Il n'est pas capable de voir plus loin que le bout de son nez. A croire qu'il n'a toujours pas fait son deuil, qu'il n'a toujours pas accepté ce qui lui est arrivé, et il donne l'impression de tout simplement ne pas avoir envie de le faire. Il devrait voir un psy, ça ne lui ferait peut-être pas de mal. Néanmoins, l'étudiant prend la révélation suivante comme un coup dans l'estomac. Il serre les poings et se fait plus petit. Chris ne doit pas mesurer les dégâts que ces paroles pourraient engendrer. Encore une fois, il ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Oui, c'est un putain d'égoïste. C'est même pire que ça. C'est du niveau de William, à la différence que le plus âgé a une bonne raison.

Merlin ne perçoit pas les derniers mots de l'américain, ce qui n'aurait de toute façon rien changé à son humeur. Il se mord la lèvre inférieure, se retenant de dire quoique ce soit qui aggraverait la situation. Parce qu'il sait que peut importe ce qu'il dira, Christopher sera encore et toujours borné. Le brun a l'impression d'être pris pour la roue de secours, comme si l'autre ne l'aimait que parce qu'il était là à ce moment précis et que parce que l'ancien officier n'avait plus que ça, étant donné qu'il ne pouvait plus être en mer. Très sympathique. Morgan n'aime pas être pris pour un con. Il compte pour du beurre, encore, et venant de Chris, il le prend très mal. Déjà blessé à l'épaule, ce qui le fait souffrir au cœur n'était pas nécessaire.

— Tu n'es pas égoïste, lâche-t-il, ne pouvant s'empêcher de dire le fond de sa pensée. Tu es un crétin, c'est tout. Contrairement à William, toi t'aurais une raison de m'abandonner, mais le résultat serait le même. Il soupire profondément, met son coude sur le rebord de la fenêtre et pose son menton dans sa main, le regard rivé à l'extérieur. Enfin, ce n'est pas comme si c'était la première fois que je passais en deuxième.

Ça fait toujours du bien de se dire que vous n'êtes pas assez important pour une personne, et que si elle trouvait autre chose, ladite personne n'hésiterait pas à faire son choix. Certes, la mer est importante pour Chris, mais pour l'amour du ciel, un peu de considération pour Morgan serait trop demandée ? Il lui avait dit qu'il l'aimait non ? Et bien ce gars-là a une vision particulière de l'amour. Le britannique retient des larmes de rage, et de tristesse. A ce jeu-là, lui pourrait retourner en Irlande s'il renouait contact avec ses parents et leurs comptes en banque, et qu'il manipulait assez bien les deux pour arriver à ses fins. Mais il n'est pas comme ça. Et bien qu'il sache qu'il n'y a aucune chance pour que Chris retourne sur un bateau, rien qu'avoir compris qu'il ne serait jamais un premier choix le déprime. Christopher pourrait donc le laisser tomber avec facilité si l'envie lui en prenait.

Rassurant comme premier véritable amour.

Si Christopher avait des pouvoirs télépathiques, il saurait que ses paroles ont blessé Morgan. Il ferait face à une tempête de sentiments. De la rage mêler à de la déception, de l’incompréhension mêler à la tristesse. Il aurait su qu’il aurait du, lui-même, réfléchir avant de parler, qu’il aurait du prendre les sentiments de Morgan en considération et qu’il aurait tout simplement du fermer sa gueule. Mais s’était bien plus fort que lui.

Même s’il pense que c’est le cas, il sait qu’il qu’au fond il n’a toujours pas fait le deuil de la perte de sa vie de marin. Il sait qu’elle lui manque encore et toujours crucialement. Au point de dire ces conneries irréfléchies au plus jeune. Mais que devait-il faire ? Il ne peut plus revenir sur ce qu’il a dit. Il peut changer d’avis maintenant, tenté de sauver la mise, mais il ne peut pas effacer ses paroles. Mais a-t-il réellement envie de ce faire ? Regrette-t-il réellement ses paroles ? A voir et a entendre Morgan, oui. Le jeune anglais le contredit, disant qu’il n’est pas égoïste, mais qu’il est un crétin et que, au contraire de William, lui aurait une bonne raison de l’abandonner. Mais que le résultat sera le même.

Profitant d’un arrêt dans la circulation, Christopher se tourne vers Morgan. Observant comment ce dernier est accoudé à la porte, menton reposant sur sa main et regard tourné dans le sens inverse, il soupire doucement. Il l’avait pourtant prévenu que la cohabitation avec lui est difficile et qu’il l’hébergera aussi longtemps qu’il supportera son caractère de chien. S’il souhaitait partir, Christopher n’aura ni le pouvoir ni le droit de le retenir. Mais … putain quoi ! Il l’aime ce sale gosse. C’est un fait indéniable, qu’il a prononcé à haute voix et qu’il assume complètement maintenant.

« Morgan » dit-il finalement d’une voix douce « Morgan … » il se penche un peu vers lui et pose une main sur son bras pour attirer son attention sur lui. Une fois que l’anglais ce soit tourné vers lui, Christopher capte son regard et s’y accroche « je n’ai jamais parlé de t’abandonner. Je n’ai jamais utiliser ce mot là » reprend-t-il « repartir en mer n’est aucunement à mettre en relation avec abandonner, tu sais ? » il sourit doucement « Les missions ne durent pas éternellement et nombreux sont les couples qui vivent une telle séparation pour mieux se retrouver plus tard » il lui caresse légèrement le bras « Mais comme dit … » il se redresse et s’accoude à nouveau à la portière « C’est impossible pour moi de reprendre du service, ma retraite étant aussi définitive que ma blessure » il hausse un peu les épaules « Tu n’as donc rien à craindre de ce côté-là. Je ne me suis pas installer à Shady Cove, je ne me suis pas acclimaté à cette ville et je ne t’ai pas ouvert ma porte pour partir je ne sais où. » il laisse la voiture redémarrer « Mais je t’ai aussi prévenu que la colocation avec moi ne sera pas de tout repas. Si tu ne supporte vraiment plus tout … toute cette agitation, je n’aurais pas le droit de te retenir. »

Il déglutit et lie les lèvres, refoulant son malaise. Rien que l’idée que ce soit Morgan qui l’abandonne lui était insupportable. Si l’anglais repartait en Irlande, il lui restait quoi, à lui ? Une chambre d’amis vide, une maison trop grande et trop silencieuse pour une seule personne, un quotidien bien trop banal pour lui. Alors, se redressant légèrement, il reporte son regard sur Morgan et le fixe.

«Mais je ferais tout pour que tu restes. »

Dans son regard, bien que dur et reflétant la détermination, brille aussi la tendresse qui n’y figure que lorsqu’il regarde Morgan. Et c’est là la différence majeure avec sa manière d’être avec Terry ou une autre personne. Il peut, certes, avoir le même regard avec les autres, aucun d’eux ne verra la tendresse que peut voir l’anglais.

Morgan n'a pas envie de revivre ce qu'il a vécu avec son frère. Son départ a du laisser une marque plus profonde qu'il n'y paraît au premier abord. Pour preuve, rien qu'après l'entrée de Willian à l'université, Merlin avait eu une phase presque de déprime alors que lui et leurs parents avaient déménagé en France. Il avait vraiment senti un manque à ce moment-là, et par instinct, il a peur que ça ne recommence. Lorsqu'il entend une première fois son nom, il ne réagit pas. La deuxième fois, c'est parce qu'il sent une main sur son bras qu'il se tourne vers Christopher. Et il tombe dans son piège ; une fois leur regards accrochés, le brun n'a ni la force, ni l'envie, de détourner le sien.

C'est ainsi qu'il écoute ce que l'aîné a à lui dire. D'abord, il fait remarquer qu'il n'a pas utilisé le mot "abandonner", que ça et partir en mer ne doivent pas être confondus. Il sourit ensuite, disant que malgré les missions, les couples n'ont pas de mal à survivre, se séparant pour mieux se retrouver. Se redressant, Chris rappelle que de toute façon, ça lui est impossible de reprendre du service. Le britannique coupe alors le contact visuel, puis se passe machinalement une main sur la nuque quand l'ancien militaire le rassure en lui disant qu'il n'a pas fait tout ça — Shady Cove, lui ouvrir sa porte... — pour ensuite partir. En revanche, les dernières phrases de Christopher lui font froid dans le dos.

Morgan a conscience que cet américain n'a pas un caractère facile. Les débuts de leur colocation n'ont pas été de tout repos mais le plus jeune ne s'est pas entêté pour rien. Honnêtement, il n'a pas envie de partir. Pour aller où, déjà ? Et être de nouveau seul, très peu pour lui. Il ne veut pas quitter Chris, il lui manquerait quelque chose. Définitivement, il est autant impensable pour lui de laisser Chris que de ne plus jamais lire un livre avec le mot "Merlin" dedans. Puis Christopher dit juste ce qu'il faut. Le britannique tourne alors son regard vers lui, et son coeur rate un battement face à cette détermination sans faille, et cette tendresse indescriptible.

Comment a-t-il pu ne serait-ce que songer qu'il pourrait retourner en Irlande. S'il quittait Shady Cove, ce serait seulement parce que Chris le ferait aussi. Et puis, étonnamment, il ne doute pas que l'ancien militaire arrivera à le faire rester. Têtu comme il est, il ne lâchera rien, c'est couru d'avance. Morgan pousse un léger soupire, ayant tout de même un sourire aux coins des lèvres, alors que la voiture ravance doucement. Il ne trouve pas les mots pour exprimer ce qu'il ressent. Lui, pourtant littéraire jusqu'au bout des ongles n'arrive pas à mettre en ordre et à qualifier tout ce qui lui passe par la tête. Alors il attend le prochain arrêt de la Ford dans le bouchon. Une fois l'immobilisation atteinte, Merlin se penche vers Christopher et, faisant fi des protestations de son épaule, se stabilise de sa main gauche sur le siège conducteur.

— Hé psst, attire-t-il l'attention de l'américain.

Leur visages ne se retrouvent qu'à une dizaine de centimètres. Sur une petite impulsion, l'anglais a tôt fait de réduire cette distance à néant. Cette fois-ci, c'est lui qui embrasse son Chris, et non l'inverse. A défaut de lui dire qu'il l'aime — ce qu'il ne s'est pas encore avoué à lui-même —, il fait passer instinctivement plein de choses par ce baiser. Après de longues secondes de paix, le brun se recule. Son sourire se fait rassurant, tendre, puis il se redresse complètement, et remarque que les voitures devant ont avancé. D'un signe de tête, il le montre à Chris, qui a l'air de revenir sur terre. La Ford redémarre pour ne plus s'arrêter ; la circulation redevient fluide. Morgan se passe une main sur l'épaule, se forçant à se détendre. Elle n'a pas apprécié ces quelques secondes de tension. Il soupire profondément.

— Je te previens, dès qu'on est à la maison, je me drogue aux anti-douleur, je mange, je dors. Je sais pas encore dans quel ordre, mais j'vais faire ça.

Fermant les yeux, il renverse sa tête en ailleurs et se cale plus confortablement sur son siège. Autant passer le reste du trajet tranquille, sans bouger davantage, sa blessure le fait souffrir et son estomac cri famine. Il a hâte d'être à la maison.