I'd do anything [Terminé]

Juliana était contente, c’était plutôt calme ces temps-ci. Pas trop d’interventions, rien de sensationnel, elle avait tout le loisir de se reposer. Et de sortir dans les bars avec les collègues, mais c’était une autre histoire. Et aujourd’hui, alors que l’après-midi déclinait, elle faisait la tournée du quartier pour la célèbre vente de calendriers ce qui l’avait d’abord agacé, mais elle se rendit compte finalement qu’elle aimait ça. C’était la meilleure façon de rencontrer du monde, de faire connaissance avec les gens de Shady Cove et, depuis ces quelques mois passés ici, elle avait bien progressé et connaissait la plupart des noms de ceux qui ouvraient la porte. Et Juliana, dans son uniforme dans lequel elle crevait de chaud, avec son large sourire et ses yeux pétillants, les poussaient à acheter ses foutus calendriers. C’était déjà ça de fait.

Elle remonta l’allée du numéro 43, une belle maison du côté de Rogue River Drive, un peu dans la lune. Elle avait hâte que ça se finisse, d’un autre côté. Au moins elle pourrait poser son uniforme et enfin penser à autre chose. Autre chose… C’était difficile. Elle ne cessait de songer à sa sœur avec qui la relation était pour le moins houleuse ces temps-ci. Bien sûr, c’était de sa faute. Jul’ en avait conscience mais étais trop têtue pour faire le premier pas. Du moins, pas tout de suite. Elle avait trop d’autres soucis en tête pour le moment. Tâchant de chasser ses sombres pensées de son esprit, elle se dirigea jusqu’au perron et se planta devant la porte. Dans sa hâte, elle n’avait pas jeté le moindre coup d’œil sur le nom de celui qui habitait là, mais elle s’en fichait un peu. A coup sûr, comme la moitié des maisons qu’elle venait de se farcir, elle tomberait sur une petite vieille qui mettrait dix minutes à ouvrir la porte et qui n’entendrait rien. Elle afficha un sourire colgate, prête à déclamer son habituel discours un brin blasé.

Christopher est sous la douche. C’est avec un sourire silencieux sur les lèvres et les yeux fermés, qu’il laisse, avec bonheur, l’eau couler sur son visage. Soupirant doucement, il se passe les mains dans les cheveux, les ramène ainsi en arrière puis se tourne et reste encore longtemps sous le jet d’eau. C’est tellement bon et agréable. Une tel douche après avoir travailler et transpirer dans le jardin, est vraiment un pur bonheur.

Dans 3 jours c’est le grand départ pour Morgan et lui, et avant ça Christopher s’est juré de mettre le jardin en ordre. Ainsi donc, il a passé une petite partie de matinée et tout l’après midi à tondre le gazon, passer le coupe bordure, enlever les mauvaises herbes. Il a ensuite commencé à passer le balaie sur le perron avant de le fourrer dans les mains de Morgan, jugeant que ce sale fainéant pouvait aussi faire quelque chose d’utile. Tandis que l’anglais à donc fini de balayer l’entrée puis la terrasse, Christopher s’est occupé de sa voiture. S’il avait plus réfléchit, il aurait fait tout ce boulot le matin et aurait passé l’après-midi à ranger l’intérieur de la maison. Mais non.

Bref. Coupant finalement l’eau, il redresse la tête, rouvre les yeux et attrape sa serviette. Se la passant autour des épaules, il sort de la douche puis se sèche rapidement et s’habille de son caleçon et de son jeans. Les températures étant encore et toujours plutôt élevées, Christopher n’a aucune envie de mettre encore un t-shirt en plus. Surtout si c’est pour rester à la maison. C’est donc, ainsi vêtu et avec les cheveux encore mouillé qu’il sort de la salle de bain et descend dans la cuisine.

« On a plus de thé. Je suis parti en acheté. Je pense encore passer au vidéo club.
A ce soir ♥ »

Voilà le mot que Christopher trouve sur le plan de travail. Evidement, il ne peut venir que de Morgan. L’ancien premier maître n’a aucun mal à reconnaitre l’écriture digne d’un gamin de primaire. Souriant toute de même, attendrit pas le cœur de la fin, il repose le papier sur le plan de travail et se dirige vers la machine à café. Mais, alors qu’il vient de l’allumer, il entend la sonnette de la porte retentir. Lançant un coup d’œil au-dessus de son épaule, il fronce les sourcils. Qui pouvait-ce bien être ? Il n’attend personne et Morgan a les clefs. Quoiqu’il se peut fortement qu’il les ait oubliées. Soit. Il se détourne donc de la machine à café et se dirige vers la porte, qu’il ouvre …

… et se retrouve devant un pompier. Ou plutôt devant une femme en uniforme de pompier. Sur le coup, l’ancien militaire se demande si c’est une blague. Mais ça, c’est avant d’apercevoir les cheveux blonds et les yeux bleus qui lui rappellent vaguement quelqu’un. Enlever l’uniforme de pompier pas très sexy et remplacer le par un kimono et vous reconnaitrez …

« Juliana ? » souffle Christopher en arquant les sourcils, visiblement étonné.

Il sait que la karatéka habite à Shady Cove, mais qu’elle face partie des pompiers de la ville ? Non, jamais il n’aurait imaginé une telle chose. Bien trop surpris, il en oublie carrément qu’il est torse nu devant la jeune femme.

Juliana était encore en train d’imaginer une petite vieille avec ses quarante-deux chats quand la porte s’ouvrit enfin, après un temps qui lui parut une éternité. Si elle s’était trouvée dans un de ces vieux dessins animés dont elle était friande étant plus jeune, ses yeux se seraient écarquillés à sortir de leurs orbites et sa langue se serait déroulée jusqu’au sol. Au lieu de ça, elle poussa une exclamation surprise en voyant celui qui se trouvait devant elle, torse nu.

« Chris ! » s’exclama-t-elle à son tour, tout aussi hébétée que lui.

Ainsi, son mentor de karaté, le type qui lui avait fait une extraordinaire démonstration quelques jours plus tôt vivait ici, au numéro 43 de cette maison charmante. Rien d’étonnant, il lui avait bien dit qu’il vivait aussi à Shady Cove, elle l’aurait forcément croisé un jour ou l’autre. Mais elle ne s’attendait pas à ce que soit dans… dans de telles conditions. La surprise passée, un sourire béat éclaira son visage et son regard glissa subrepticement – vraiment ? – vers le torse du jeune homme. Quelle coïncidence ! Leur première rencontre s’était déroulée dans les vestiaires pour hommes du dojo et elle était tombée sur lui torse nu. Et aujourd’hui, la même scène se répétait… Ce qui n’était pas pour déplaire à Jul’. Elle le vit en train de dévisager son uniforme et approuva d’un hochement de la tête.

« Et oui… Pompier, je sais, ça fait un choc » confirma-t-elle, un peu gênée.

Bon sang, elle avait vraiment le chic pour se retrouver dans ce genre de situations. En face d’un type au corps sculpté dans du marbre. Ou peut-être exagérait-elle. Elle ne savait plus, ses pensées se bousculaient dans son esprit. Ses beaux discours préparés en amont s’évaporèrent dans son esprit et elle se contenta d’expliquer, d’un sourire enjôleur, sen agitant ses calendriers sous son nez :

« Je viens pour les calendriers ! »

Quelles sont les chances de voir Juliana ici, là, maintenant, alors qu’ils s’étaient rencontrés au dojo d’Eagle Point ? Bon, elles étaient assez élevées étant donné qu’ils habitent tous les deux la même ville, mais tout de même ! C’est une sacrée coïncidence. Mais apparemment, il n’est pas le seul à s’étonner de cette rencontre : Juliana aussi affiche une surprise bien visible.

Mais, passé cet étonnement, c’est un sourire qui éclaire le visage de la jeune femme. Christopher suit bien rapidement son exemple et, tandis que la karatéka le détail lui, il en fait de même avec elle. Il n’a aucun mal à reconnaître l’uniforme des pompiers de Shady Cove. Et c’est bel et bien ce qui l’étonne ! En rencontrant Juliana la première fois, il se doutait fortement qu’elle ne serait pas du genre à bosser dans un bureau, derrière l’ordinateur, assise toute la journée. Il aurait plus imaginé un métier tel que kinésithérapeute ou éventuellement même vendeuse dans un magasin de vêtement ou quelque chose de ce genre. Mais de là imaginer la jeune femme en tant que pompier ! Non vraiment, ça dépassait tout son horizon d’attente. Et, comme si elle lit dans ses pensées, elle lui confirme, qu’effectivement, c’est son métier. L’eau et le feu. Les deux éléments les plus opposés qui soient. Soit.

Christopher est bien rapidement sortit de ses pensées par des calendriers que Juliana secoue sous son nez. Faisant un léger pas en arrière, il arque un sourcil puis observe lesdits calendriers. C’est un peu tôt dans l’année pour vendre ces choses, non ? Enfin. Haussant les épaules, il offre un sourire à la jeune femme.

« J’vais t’en prendre un » dit-il avant de faire un pas sur le côté et ouvrir d’avantage la porte « Viens, entre le temps que j’aille chercher l’argent. »

Refermant la porte derrière la jeune femme, il se détourne et va fouiller dans un des tiroirs de l’étagère posée dans le couloir. Tandis que ses mains cherchent frénétiquement, il se tourne vers Juliana.

« Tu veux boire quelque chose peut-être ? Un verre d’eau ou un soda ? » demande-t-il « Marcher par cette chaleur déshydrate rapidement »

Si Juliana ne s’attendait absolument pas à tomber sur Chris sur son chemin, elle fut forcée de reconnaître que c’était une excellente chose. Au moins, elle connaîtrait davantage celui qui l’avait tant épaté au dojo, l’autre jour. Et en apprendre un peu plus sur ce professeur improvisé ne pouvait qu’être bénéfique. Comme pour lui faire plaisir, il lui annonça qu’il lui prendrait un calendrier avant de l’inviter quelques instants chez lui. Son sourire s’élargit. Elle ne pouvait pas rêver mieux ! Acceptant avec plaisir l’invitation, elle le suivit à l’intérieur tout en gardant les yeux rivés sur son dos.

« Je veux bien un verre d’eau, oui. Merci ! Et puis j’étouffe avec ce truc ».

Au moins, elle ne se baladait pas avec l’uniforme complet sur son dos, auquel cas, on l’aurait probablement retrouvé desséché en plein soleil. Il fallait juste qu’il soit suffisamment reconnaissable pour qu’on la prenne bien pour un pompier. Elle l’observa en silence fouiner dans les tiroirs à la recherche d’un peu d’argent mais resta en retrait. Son regard balaya les murs, comme si elle cherchait à en découvrir davantage sur le jeune homme.

« C’est sympa, ici. Tu habites seul ? »

Jul' était curieuse de savoir quel genre de vie il pouvait bien mener. Elle ne l’imaginait pas en homme marié avec cinq gamins, il était trop différent pour cela. Elle n’aurait su dire en quoi, évidemment. Mais elle était contente de se trouver là, à l'ombre. Heureusement, d'ailleurs, qu'elle ne s'arrêtait pas boire quelque chose et discuter à chaque fois, elle en aurait eu jusqu'à Noël à ce train-là !

Christopher est très agréablement surprit de faire face à Juliana. Après l’avoir quitté au dojo, il avait bien eu envie de la revoir, mais avait été placé face à un réel problème : ils n’avaient ni échangé leur adresses ni leur numéro de téléphone. Et part son prénom, il ne connaissait rien de la jeune femme. Certes, il sait qu’elle est la sœur d’Alyssa, la présentatrice radio et n’aurait pas eu du mal à trouvé le nom ainsi que l’adresse de cette dernière. M’enfin.

Après avoir trouvé son porte monnaie, Christopher se redresse. C’est a ce moment là que l’anglais accepte de boire un verre d’eau. Jugeant que l’argent pourra attendre un peu, il fait signe à la jeune femme de le suivre dans la cuisine. Faisant glisser son porte monnaie dans la poche arrière de son jeans, il va chercher un grand verre qu’il remplit d’eau.

« Voilà pour toi » sourit-il en tendant le verre à Juliana. S’adossant ensuite au plan de travail, il croise les bras «Non, je n’habite pas seul » reprend-t-il sans perdre son sourire « J’ai accueillit Morgan, le petit frère de mon meilleur ami de lycée qui habite maintenant depuis quelques mois ici, avec moi »

Christopher ne précise pas être en couple avec le plus jeune. Ça serait bizarre de l’évoquer face à Juliana qu’il ne connait pas plus que ça. D’ailleurs, si elle est un minimum au courant des rumeurs de la ville, alors elle sera pas mal informer sur son sujet. Bref.

« Et toi alors, tu arpentes la rue à la rechercher d’acheteurs potentiels ? » demande-t-il en se redressant puis désigne les calendriers « Je peux y jeter un coup d’œil ? Histoire de savoir réellement ce que j’achète »

Juliana fut heureuse que Chris l’invite à entrer chez lui au lieu de simplement lui prendre un calendrier et partir sur le champ. Au moins, elle pourrait faire plus ample connaissance avec lui, ce qui n’était pas plus mal. Au dojo, ils n’avaient pu échanger que les banalités d’usage, mis rien d’exceptionnel. La jeune femme regrettait de ne pas avoir plus de connaissances et d’amis à Shady Cove et cela commençait à peser sur sa conscience. Du coup, avoir un allié tel que Chris ne pouvait qu’être bénéfique. Elle le remercia pour le verre d’eau et le porta à ses lèvres. Ainsi, le jeune homme ne vivait pas seul, mais avec une sorte de colocataire. Le petit frère de son meilleur ami ? Curieux, certes, mais généreux.

« Oh, je vois » sourit-elle. « T’es un peu comme ma sœur qui m’a ouvert sa porte, tu recueilles les oisillons tombés dans leur nid ».

Image certes foireuse, mais c’était la seule qui lui venait à l’esprit. Elle aurait bien aimé rencontrer ce fameux Morgan, histoire de connaître un peu le personnage. Mais bon, ce n’était pas une priorité. Ce nom lui disait vaguement quelque chose, elle avait l’impression de l’avoir déjà entendu quelque part, mais elle ne se rappelait pas où.

« Ouais, je me balade. J’ai un peu de temps libre en ce moment, le boulot à la caserne n’est pas trop éreintant. Alors j’en profite pour faire connaissance avec le monde, sonner chez les gens, leur faire mon plus beau sourire »

Jusque-là, elle n’avait pas trop souffert vis-à-vis de son job. Les hommes commençaient – enfin ! – à l’accepter en tant que membre à part entière et ses interventions ne lui avaient pas demandé un effort surhumain, à part quelques unes durant lesquelles il avait fallu faire preuve de beaucoup de sang-froid.

« Vas-y, je t’en prie. Je n’veux pas que tu sois déçue de la marchandise ! »

Christopher observe Juliana. Passé l’étonnement de la voir en uniforme de pompier, c’est un profond respect qu’il ressent pour la jeune femme. Il sait par expérience qu’être pompier n’est pas de tout repos, bien au contraire. C’est un métier dur, fait d’embûche pour lequel on risque sa vie. Depuis combien de temps la jeune femme exerce-t-elle dans cette branche ? C’est une question que l’ancien militaire se garde en mémoire.

Pour l’instant, Juliana compare la situation de l’ancien officier et Morgan avec celle de sa sœur et elle. Christopher ne peut empêcher un léger sourire amusé prendre possession de ses lèvres. Pourquoi tout le monde se comparent-ils à eux ? C’est fout. M’enfin. Se gardant bien de faire une quelconque remarque, Christopher hausse simplement les épaules, un sourire plus franc remplaçant l’autre, tandis que la jeune femme reprend la parole. Disant qu’effectivement elle se balade afin de faire connaissance avec les habitants, elle conclut en disant qu’elle leur offre son plus sourire.

« C’est vrai que ton sourire est fort charmant » dit Christopher de façon naturelle en prenant un calendrier en main.

Il le feuillette rapidement et hésite quelque peu. Ce genre de calendrier ne va pas vraiment avec ce qu’il achète d’habitude. Et les couleurs plutôt sombre et dans les tons rouges ne vont pas avec le reste de la déco maritime de sa maison. Enfin, il pourrait tout de même en prendre un, ne serait-ce que par pure politesse et parce que bon, c’est quand même Juliana quoi. Bref. Refermant le calendrier, il le pose sur la table à côté de lui puis sort son porte monnaie.

« Tu demandes combien pour un calendrier ? » demande-t-il en interrogeant la jeune femme du regard. « D’ailleurs ça a été ? Pas trop de courbature à cause de mon cours improvisé ? »

Son sourire s’agrandit, se fait plus amusé. C’est vrai qu’il se rappelle encore bien de la Juliana transpirée et rouge comme une tomate à la fin de son cours, avant sa démonstration. Il se gardera, d’ailleurs, bien de dire que sa cheville à fait des siennes encore deux jours après l’entrainement. Soit.

Juliana se sentit fondre quand Chris la complimenta sur son sourire. Bon, il s’agissait d’une remarque certes banale, en réponse à ses précédents propos. Mais tout de même ! Ce n’était pas souvent que la jeune femme avait la possibilité de discuter avec un homme dans sa tranche d’âge et l’idée l’enthousiasmait vraiment. Avec un peu de chance, elle pourrait un jour le compter comme un allié, ou un ami, à Shady Cove. Et ce n’était pas un mal. Mieux valait ne pas affronter une telle ville dans la solitude ! Ses joues rosirent légèrement tandis qu’elle répliquait, un sourire mutin aux lèvres :

« Je te retourne le compliment pour le sourire, alors ! »

La jeune femme le vit hésiter un peu en feuilletant un calendrier, elle se demanda l’espace d’un instant s’il allait décliner poliment – ou pas, d’ailleurs ! – l’achat et la mettre à la porte ensuite. Ce serait dommage. A cet instant précis, Jul’ se fichait un peu de ramener de l’argent grâce à cette vente, mais s’il refusait, elle s’en sentirait un peu frustrée. Voire beaucoup. Et blessée dans son orgueil, sans aucun doute.

« Il n’y a pas de prix fixé » répondit-elle, en ayant l’impression de marcher sur des œufs. « Tu peux donner ce que tu veux… C’est-à-dire n’importe quoi ».

Elle songea qu’avec un peu de chance, il l’inviterait boire un verre, avant de se souvenir qu’elle était déjà en train d’en boire un au même moment. Ou alors, il lui suffisait de se lancer et de l’inviter à son tour… Non, ça faisait peut-être trop. Et puis, même s’il ne partageait pas cette maison avec une quelconque compagne, peut-être ne vivait-elle pas ici, sous le même toit, peut-être était-il déjà pris… Et Juliana ne voulait pas se lancer sur cette voie sans en savoir plus. Elle avait trop souffert ces dernières années pour se jeter tête baissée de cette manière ! Mais bon sang, ce qu’il lui plaisait. Elle n’aurait su dire vraiment pourquoi, quel était son charme, mais il dégageait une aura si particulière… Il la fit tomber de son petit nuage en lui posant une nouvelle question.

« J’ai survécu. Un peu dur le lendemain, mais bon, je suppose que c’est normal, je vais devoir souffrir si un jour je veux pouvoir t’égaler, pas vrai ? Enfin, je n’en demande pas tant. Pouvoir déjà assommer le premier abruti un peu ivre qui se mettra en travers de mon chemin est déjà un bon début, je trouve ».

Lorsque Juliana lui retourne le compliment par rapport au sourire, Christopher léve furtivement le regard vers elle. Est-elle sérieuse? Est-elle entrain de le dragué? Oh et puis même, ce n´est pas si dérangeant que ça, non plus. Bon, Christopher se gardera bien de parler à Morgan de la venue de Juliana dans leur maison, cela va de soit, étant donné qu´il sait très bien ce qu´il pense de ses connaissances féminines. Enfin.

Répondant, donc, au compliment détourné par un hochement de tête et un doux sourire, Christopher reporte son attention sur les calendriers, hésite quelques instants, puis le pose sur le côté et sort son porte feuille de son jeans. Même si le calendrier ne lui plait pas des masses, il l´achète tout de même, rien que pour les beaux yeux de Juliana. Ainsi, après avoir rapidement fouiller son porte feuille, il tend un billet de 10$ à la jeune femme.

"Voilà" dit-il sans perdre son sourire "J´pense que mon bureau sera une bonne place pour lui" reprend-t-il en désignant le calendrier.

C´est alors, qu´il repense à l´entrainement qu´il a fait subir à la jeuen femme. Se rendant compte qu´il n´a pas eu de retour de sa part, il s´empresse de lui demander comment était le lendemain pour elle, sans pouvoir empêcher un sourire amusé prendre possession du coin de ses lèvres. Il apprend ainsi que le lendemain à, effectivement, été assez dur pour elle mais qu´elle sait qu´elle va devoir souffrire pour l´égaler. Là, Chrsitopher ne peut s´empêcher d´éclater d´un rire clair.

"J´ai tout de même 24 ans de pratique dans les pattes" dit-il en secouant doucement la tête avant d´hausser les épaules "Enfin, plutôt 20 si on enlève toutes les fois oú je n´ai pas suivre les entrainements à cause de mon ancien métier ou de ma cheville" il sourit "Toujours est-il qu´il te suffit d´être régulière dans tes entrainements, de faire quelques excercices à la maison aussi, et ouais ... un jour tu atteindras toi aussi ton 4ème Dan" il s´approche d´elle et lui tapote l´épaule "Et avec ce que tu m´as montré la dernière fois, tu n´auras aucun problème d´au moins assommer un homme qui te veut du mal ... faut juste pas qu´il soit ceinture noire" En parlant, Christopher s´est redressé et regarde maintenant la jeune femme en hausse rapidement les sourcils en signe de défit. Avant de rigoler à nouveau, lui montrant bien qu´il n´est pas sérieux."Tu veux encore boire quelque chose?" demande-t-il après s´être calmer, en désignant le verre d´eau vide que Juliana tient encore dans ses mains.

Dans le fond, Juliana était quelqu’un de bien. Même si elle s’évertuait à penser l’inverse et à se croire coupable d’un certain nombre de choses, elle avait un caractère en règle générale conciliant et amical. Et ce jour-là, aucune arrière-pensée ne venait assombrir son esprit. Elle avait fait la connaissance d’un homme tout à fait charmant, ce qui était un peu trop rare à ses yeux, et il lui plaisait. Cela n’allait pas au-delà – pour l’instant, puisque la jeune femme avait une propension hallucinante à s’emballer plus vite que son ombre – mais elle se souvenait encore des prouesses de Chris au dojo et ressentait à son égard une importante dose d’admiration.

Son regard s’illumina quand il revint avec les dix dollars et elle les accepta bien volontiers. Elle hocha la tête à sa réplique et se sentit fondre quand il l’observa de son regard perçant. Pas gênée non plus, ce n’était pas trop dans ses habitudes, mais seulement… Bizarre. Son cœur s’accéléra dans sa poitrine.

« Merci, c’est vraiment gentil de ta part » répondit-elle en glissant le billet au milieu des autres.

Quand ils revinrent sur l’entraînement au dojo, Juliana se remémora encore ces quelques heures de souffrance passées et elle se doutait bien que Chris n’avait pas atteint un tel niveau en un jour et que elle, à son âge, elle ne se faisait plus beaucoup d’illusions. Mais ce n’était pas grave. Le karaté resterait sûrement un loisir plus qu’autre chose, une autre façon d’aborder le sport – et comme elle le disait si bien, il lui fallait seulement suffisamment d’expérience pour démonter le moindre type osant s’approcher d’un peu trop près d’elle, le reste lui importait assez peu. Elle opina de la tête et répondit :

« On verra ça d’ici quelques années. En attendant, je fais déjà beaucoup de sport avec la caserne, j’ai l’impression de ne jamais m’arrêter… Mais c’est vachement grisant. Enfin bon, je suppose que tu connais ça ».

Ou qu’il a connu ça autrefois, elle n’en savait rien. Il avait dû faire énormément de sport lui aussi, mais avec ses problèmes de cheville, peut-être avait-il dû ralentir la cadence. Il lui demanda ensuite si elle voulait boire autre chose, et Jul’ réfléchit quelques secondes. Oui, boire autre chose, mais bon… L’eau, s’il vous plaît, ça va bien cinq minutes !

« C’est pas vraiment un endroit pour boire un coup » remarqua-t-elle malicieusement. « Pourquoi on irait pas au Shelter, un de ces soirs ? Je connais du monde là-bas, ça pourrait être sympa ! »

Elle passait surtout pour une fille complètement portée sur la boisson qui passait la moitié de ses soirées là-bas, si bien que oui, à force, elle avait fini par connaître du monde ! Mais au pire, sa réputation était déjà à peu près foutue. Et puis au moins, un bar, c’est toujours plus sympa pour discuter et faire connaissance. Elle ignorait si c’était dans les habitudes de Chris d’aller boire un verre là-bas, mais elle ne perdait rien à essayer !

En achetant un calendrier, Christopher a donc fait une heureuse. Tant mieux alors. Le sourire que lui offre Juliana est vraiment charmant. Il ne s’est donc aucunement trompé sur le compte de ce sourire. Enfin. Après avoir encaisser les 10$ gracieusement donné par l’ancien militaire et l’avoir gentiment remercier, Juliana lui explique que dans quelques années elle pourra peut-être rivaliser avec lui, avant d’avouer faire beaucoup de sport avec la caserne et que c’est grisant, ça, mais que lui doit savoir ce que ça fait, que de faire du sport.

« Oh oui, un peu que je sais ce que ça fait » sourit-il en hochant vivement la tête « J’en faisait beaucoup, et j’essaie d’en faire encore maintenant. Du moins, autant que ma cheville me le permet. » il hausse les épaules, puis s’approche de Juliana et lui demande si elle veut boire autre chose.

A sa grande stupéfaction, elle lui propose d’aller boire un verre au Shelter. Christopher fronce légèrement les sourcils. Il n’aime pas trop le Shelter, vu qu’il y a Dan qui y travail. Mais peut-être n’assure-t-il pas tous les services non plus ? Quoiqu’il en soit, l’ancien officier serait bien bête de décliner l’offre de la jeune femme.

« C’est avec plaisir que j’irais boire un verre avec toi. » répond-t-il avec un sourire sérieux « Par contre, je part en vacances pour 2 semaines dans 3 jours. » il se gratte la tête réfléchissant « Jusque là j’ai pas mal de choses à régler encore … on peut se voir après, quand je serais à nouveau rentrer, non ? Si tu me laisses ton numéro je t’appellerais dès que je serais à nouveau à Shady Cove, ok ? »

D’un commun accord, ils décident de le faire de cette manière. Ainsi, après avoir noté son numéro sur un bout de papier, Juliana remercie une dernière fois Christopher avant de se détourner. Celui-ci l’accompagne encore à la sortie et, après lui avoir encore une fois fait la promesse de l’appeler dès son retour, il la laisse partir. Et ce n’est qu’en refermant la porte derrière la jeune femme qu’il remarque qu’il était torse nu, tout le long de la discussion …

[Fin de la scène]

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