En débarquant de la sorte, sans prévenir, Joan savait pertinemment qu’elle allait surprendre son fils, d’autant que sa venue n’était certainement pas la seule chose qui allait le choquer, et ça, sa mère en avait parfaitement conscience. D’ailleurs, c’est bien pour ça qu’elle ne l’avait pas appelé pour le prévenir de son arrivée, elle préférait le voir en personne pour lui parler de son retour à Shady Cove qui serait, en effet, définitif. Cela ne faisait même pas un an que Joan et Adam s’étaient installés à Seattle, et pourtant des tensions étaient déjà nées entre eux. Être loin de son fils, le perdre de vue, Joan s’imaginait que ce serait difficile bien entendu, mais pas à ce point. Comme elle l'avait élevé seule, son lien avec lui avait toujours été fusionnel et depuis le départ Joan appréhendait de mettre des kilomètres entre eux. Elle pensait pourtant que leur relation allait tenir bon, qu’ils étaient trop proches pour s’éloigner, mais après plusieurs mois loin de lui, elle en est arrivée à la conclusion que c’était bien plus difficile que ce qu’elle avait imaginé en premier lieu. Elle avait beau essayer de maintenir le contact, de le voir régulièrement et de l’appeler au moins une fois par semaine, elle avait senti une distance s’imposer petit à petit entre eux, distance qui lui avait semblé s’être creusée au moment des fêtes de fin d’année. A cette occasion, elle avait eu la désagréable impression que Damian était plus proche de sa meilleure amie que d’elle-même, ce qui l’avait fait pas mal déchanter à dire vrai, et qui n’avait cessé de la travailler depuis. Cela n’avait fait que renforcer les conflits avec son conjoint, et Joan avait pris une décision radicale, celle de retourner s’installer à Shady Cove, sans lui.

Ça n’avait pas été une décision facile bien au contraire, mais la jeune femme avait considéré que c’était la plus judicieuse, car même si son lien avec Adam avait toujours été très fort, jamais elle n’a voulu s’éloigner de son fils, qui a toujours été sa priorité. Elle ne voulait pas laisser leur lien dépérir davantage, et ne voulait pas non plus perdre de temps pour le retrouver. C’était sans doute une décision précipitée, mais ce n’était pas un coup de tête pour autant, et même si ce choix n’a pas manqué de provoquer la dispute du siècle entre Adam et elle, Joan a refusé de rompre et tient en effet à croire que leur relation pourra tenir la distance malgré tout. A l’inverse, elle ne veut pas prendre le risque de s’en remettre au destin pour la relation qu'elle entretient avec son fils. Elle veut le retrouver comme avant. Il est toujours sa priorité.

Ce n’est pas la jalousie qui la pousse à réagir de la sorte, mais Joan s’est empressée de faire le tour des maisons à louer à son arrivée, pour permettre à Damian de déménager rapidement de chez Helena. S’ils étaient proches avant, la jeune femme a eu la sensation, au cours des fêtes, qu’ils le sont devenus plus encore avec le temps. Peut-être un peu trop, même. Et c’est d’ailleurs un sujet qu’elle souhaiterait aborder avec son fils. Elle a tellement de choses à lui dire… ! Tellement, même, qu’elle appréhende un peu cette discussion finalement. Et puis, elle craint de tomber sur Helena, aussi. Ce ne serait pas l’idéal, elle préfèrerait évoquer la situation avec son fils avant d’en parler à son amie… Amie de laquelle elle a la sensation de s’être éloignée également. Lorsqu’elle sonne à la porte de sa grande maison, donc, Joan ne le fait pas avec sa légendaire assurance. Elle est un peu fébrile, tout s’est décidé très vite et quelque part elle a peur de ce que pourrait dire son fils, et de sa réaction face à sa décision.

Les fêtes, Damian, ne les avaient absolument pas vécues de la même manière que sa mère. Il est vrai qu’il avait senti quelques tensions entre Adam et cette dernière et pourtant, ça n’avait pas gâché le moment. Cependant, il était vrai que Damian avait essayé, dans la limite du raisonnable, de rester proche d’Helena. Premièrement parce qu’il l’aime et qu’il était de plus en plus difficile de feindre l’indifférence, et qu’en prime, alors qu’il était entouré de sa famille, on ne pouvait pas dire qu’il en était de même pour la jolie australienne et quelque part, Damian se doutait bien que ce n’était peut-être pas évident. Pendant les fêtes, on aimerait être entourés de ceux qu’on aime et si les billets avaient été moins chers probablement que la directrice s’en serait allée pour les retrouver. Ça n’a pas été le cas et Damian espérait lui faire passer un bon moment. Loin de se douter qu’il était la raison des tensions entre sa mère et Adam, il l’avait plutôt bien vécu, se disant que c’était juste une phase et que ça allait s’arranger entre eux tout simplement. Si c’était réellement grave, Joan le lui aurait probablement dit. Depuis tout petit ils ont une relation assez fusionnelle mais depuis qu’il vit cette relation extraordinaire avec Helena, il faut avouer qu’il y a des choses que Damian ne peut plus lui confier, ce serait dramatique et autant dire que le brun craint la réaction de sa mère qui craquerait probablement. Joan est quelqu’un de très émotive, et ses réactions peuvent être imprévisibles également ce qui rend le secret encore plus lourd à porter.

Pour autant, en rentrant sur Shady Cove, le brun est confiant. Jamais il ne se doutait pas que Joan était sur le point de tout faire changer en revenant s’installer ici en plaquant toute la vie qu’elle était en train de construire à Seattle pour le retrouver. En fait, aujourd’hui, le jeune homme est tout particulièrement jovial. Il y a quelques jours, il avait rendu visite à Rose, son ancienne baby-sitter qui venait d’avoir une jolie petite fille. Autant dire que d’avoir un bébé dans les bras lui a donné envie d’en avoir une quinzaine. Un peu insidieusement l’idée lui est rentré en pleine tronche et il espérait pouvoir en parler à celle qu’il aime et celle qui attend probablement un moment pareil. Déjà à l’époque de Mark, Lena n’était pas contre fonder une famille alors il se doute bien que quelques temps plus tard, l’envie ne lui était pas passée. Damian sait qu’il s’emballe peut-être un peu, mais en attendant, dans ses conditions, leur relation et tous les sentiments qui vont avec se sont décuplés au fil des mois et Damian n’a jamais été aussi certain de vouloir être avec quelqu’un. Et ça, malgré toutes les complications que leur relation entraîne.

En attendant Helena qui était au travail, le jeune homme glande clairement devant la télévision. Il est en pleine invasion zombie sur l’énorme écran dans le salon lorsqu’il entend la porte. Il fronce les sourcils, ne s’attendant pas à avoir de la visite mais met aussitôt son jeu sur pause pour se lever et se diriger vers l’entrée. Lorsqu’il l’ouvre aussitôt, le jeune homme ne masque pas sa surprise en y découvrant sa mère, qui ne semblait pas aussi joviale que d’habitude (sans ça, elle aurait sonné à plusieurs reprises et serait en train de sautiller devant la porte). « Maman… ? » Souffle le jeune homme dans un sourire, cela dit. Il ne s’y attendait pas, mais ce n’est pas l’enthousiasme qui lui manque – bien qu’il se demande ce qu’elle faisait là puisqu’elle n’était pas attendue. Se rendant compte qu’il était resté planté devant elle, le jeune homme s’excuse en venant l’étreindre. « Désolé, je m’y attendais juste pas ! » S’explique-t-il dans un sourire avant de s’écarter pour qu’elle puisse rentrer. « Ca va… ? » Lui demande Damian aussitôt en croisant le regard de Joan. Il ne sait pas pourquoi mais ça le rend nerveux qu’elle soit passée à l’improviste, peut-être parce que quelque part, ça ne faisait plus vraiment partie de son quotidien de la voir aussi souvent ? Damian est loin de se douter qu’elle apportait des nouvelles qui risquait de faire s’effondrer tout son petit monde.

Joan Keller

Ce n’était pas un coup de tête. Certes, tout était allé très vite, mais il faut dire que dès que Joan avait pris cette décision, elle s’était empressée de tout mettre en œuvre pour accélérer les démarches et les questions d’organisation. Il n’empêche que tout ça, c’était quand même très réfléchi. Elle songeait même à l’éventualité de revenir s’installer à Shady Cove avant les fêtes de fin d’année. A cette occasion, elle avait compris qu’il ne lui était plus possible de vivre si loin de son fils. Elle n’avait plus vraiment l’impression de le reconnaître. Il lui semble différent, plus mature peut-être, plus éloigné de l’enfant qu’elle a connu et élevé. Bien évidemment, elle ne peut que se réjouir du fait que Damian soit devenu un homme, et qu’il soit quelqu’un de bien qui plus est, mais elle est frustrée de ne pas avoir été présente pour assister à tous ces changements. Et elle sent, qui plus est, que leur lien est en train de se fissurer… ! Peut-être est-ce dû à l’éloignement, ou au fait qu’il soit en train de devenir adulte ou… à autre chose ? Joan l’a observé, en compagnie d’Helena. Toujours prévenant, toujours souriant en sa présence. Même un peu trop tactile parfois avec elle. Et ça avait soulevé certaines questions du côté de la jeune femme qui, en plus de se sentir ‘loin’ de son fils, s’était sentie mise à l’écart, aussi, et puis à des kilomètres également de sa meilleure amie. En bref, les fêtes s’étaient mal déroulées pour elle. Et bien qu’elle ait essayé de donner le change, ses disputes avec Adam n’étaient pas passées inaperçues. Il devait se rendre compte qu’il était en train de la perdre, et qu’il ne pouvait rien faire pour empêcher ça… Les inquiétudes de Joan et sa manie de tout analyser avaient fini par le fatiguer. Adam avait accepté qu’elle reparte à Shady Cove. Ce n’est pas comme si elle lui avait laissé le choix et puis, d’une certaine manière, il avait besoin de prendre un peu ses distances également. Et de faire le point.

Lorsqu’elle presse la sonnette de cette grande maison sur Cedar Street, Joan a une boule dans la gorge. Elle n’a pas le même sentiment que la fois dernière, où elle venait surprendre son fils. C’est bien différent cette fois. Elle craint, quelque part, sa réaction. Par chance, d’abord, c’est bien lui qu’elle découvre derrière la porte, et pas Helena. Elle préfère tomber directement sur son fils, car c’est d’abord lui qu’elle souhaite mettre au courant. Ce dernier est étonné de la trouver là, et Joan, bien que contente de le retrouver, ne parvient pas à afficher un sourire sincère. Elle profite cependant de son étreinte comme il se doit, acquiesçant de compréhension quand il lui apprend qu’il ne s’attendait pas à sa venue. « Oui, je m’en doute… ! » Souffle-t-elle, avant de passer la porte lentement quand il lui en laisse l’occasion. Ce n’est pas la première fois qu’elle met les pieds ici, loin de là, et pourtant elle a l’impression de découvrir les lieux à l’instant. Elle regarde tout autour d’elle. Elle se sent comme une étrangère ici. C’est toutefois chez sa meilleure amie…

A la question de son fils, Joan baisse la tête. Elle ne veut pas lui mentir, mais elle ne veut pas l’inquiéter non plus. « Oui ça va, mais j’aimerais qu’on discute… » Souffle-t-elle, en posant son regard de nouveau sur lui, avant d’ajouter bien vite, en s’efforçant de sourire un minimum : « Il n’y a rien de grave, je te rassure tout de suite. ». Après tout, c’est la vérité… ! Damian est grand, il peut comprendre qu’Adam et elle aient décidé de prendre quelques distances, et il devrait même se réjouir – en théorie – qu’elle soit de retour en ville.

Si Damian avait su ce qui se tramait dans la tête de Joan, probablement aurait-il essayé de l’empêcher de revenir à Shady Cove… ! Quelque part, c’était égoïste c’est certain mais Damian a toujours été quelqu’un de très débrouillard et à la base, il avait été très content qu’Adam saisisse cette opportunité à Seattle et que sa mère soit partie avec lui. C’était l’occasion de démarrer une nouvelle vie, pas forcément sans lui car Damian ne cherchait pas à s’éloigner de sa mère. Il l’adorait et l’estime énormément. C’est un lien fort qui les unis et même si depuis son histoire avec Helena, Damian ne lui confie plus autant de choses, du moins rien sur sa relation amoureuse, il n’avait pas ce sentiment de s’être vraiment éloigné de sa mère. Il grandit, se détache forcément un petit peu, et la distance n’aide bien évidemment pas mais rien de très alarmant à son sens. Joan est sa mère, elle est juste irremplaçable à ses yeux et ce sera toujours ainsi. Rien ne peut rivaliser bien qu’égoïstement il préfère la savoir loin de Shady Cove pour pouvoir continuer cette relation qu’il entretient avec la directrice depuis de longs mois à présent. C’est trop fort ce qu’il ressent pour elle pour qu’il ait envie de s’arrêter. En prime, tout se passe relativement bien et à ce jour, après avoir fait, comme tout le monde, une sorte de bilan interne de l’année dans sa tête, il se retrouve plutôt heureux, en fait.

Aujourd’hui, Damian comptait même avoir une discussion toute particulière avec la jolie directrice à son retour du centre de loisirs dans lequel elle travaille. Pour passer le temps, il décide de rien faire de bien productif mais est bien rapidement coupé dans sa lancée par la sonnette de la porte d’entrée. Le brun se lève et est tout de suite troublé d’y retrouver sa mère. Il ne s’attendait tellement pas à sa venue mais relève surtout le fait que Joan semble assez…étrange. Sa mère a toujours été très expressive, toute guillerette à l’idée de le retrouver et son attitude ne présageait rien de bon ce qui le rendait nerveux. Il lui fait savoir après s’être excusé de son manque de réactivité qu’il ne l’attendait pas ! Joan semble le comprendre et Damian se contente de la laisser entrer en refermant la porte derrière lui, des questions plein la tête.  

« Oh bah, d’accord… ! » Lance le jeune homme, intrigué, un peu nerveux aussi. C’est pour cette raison qu’il se dirige vers la cuisine, sans prendre la peine de lui demander si elle voulait un café. Damian la connait et sait que la réponse serait positive. De toute manière, il le boirait lui dans le cas contraire. Bien sûr, anxieux, Damian ne veut pas tourner autour du pot et cherche à en savoir davantage alors qu’il s’occupe machinalement de la préparation du café. « Tu veux me parler de quoi… ? » Souffle-t-il, en reportant son attention sur sa mère, en esquissant un léger sourire. Il ne savait pas trop comment réagir.

Joan Keller

Le bilan qu’a fait Joan de l’année 2013 n’a pas été des plus heureux pour sa part. Elle a quitté une ville qu’elle aimait beaucoup pour s’installer à Seattle, et si elle était pleine d’espoirs pour sa vie là-bas à la base, elle a vite fini par déchanter les mois passants. Sa relation avec Adam en a pris un sacré coup, notamment parce qu’elle ne vivait pas très bien la distance qui s’était logiquement imposée entre Damian et elle. Elle pensait que les choses seraient différentes, qu’ils parviendraient à rester proches malgré tout, malheureusement tout ne s’est pas passé comme elle l’aurait voulu. Elle n’était pas mécontente de voir son fils gagner en maturité et devenir plus autonome, mais tous ces changements, ajoutés à leur éloignement géographique, ça n’a pas été simple à vivre pour elle. Et aujourd’hui, Joan a pris une décision radicale, certes, mais c’est un choix qui lui permettra de retrouver son fils et, quelque part, de se retrouver elle-même. Elle a besoin de commencer la nouvelle année sur de meilleures bases, et surtout de se sentir mieux dans sa peau. A Seattle, elle dépérissait. Cela dit, Joan espère tout de même pouvoir poursuivre sa relation avec Adam. Si la distance lui a paru insurmontable avec son fils, elle ose espérer que ce sera différent avec celui qu’elle aime. En tout cas, tout ça lui aura permis de revoir ses priorités. Et Damian reste la première de sa vie à ses yeux. Il faut dire qu’elle l’a élevée seule, pendant 18 années tout de même. Elle a toujours pris soin de lui, l’a toujours fait passer avant tout le reste. Et changer ce mode de fonctionnement aujourd’hui ne lui paraît pas faisable. Lorsque la porte d’entrée s’ouvre devant elle, Joan sent un nœud se former dans son ventre. Elle est soulagée de ne pas tomber sur sa meilleure amie tout de même, car c’est à son fils, d’abord, qu’elle souhaite parler. Néanmoins, elle appréhende tout de même sa réaction. Cette fois, il ne s’agit pas de lui faire une surprise le temps de quelques jours, c’est bien leurs vies qu’elle va chambouler à nouveau, mais la jeune femme reste persuadée que c’est pour le meilleur finalement… ! Elle espère juste que son fils verra les choses de la même manière. Alors qu’elle passe la porte, sa mère lui indique rapidement qu’elle ne lui en veut pas le moins du monde de son manque de réaction. Elle est consciente de le surprendre, ses agissements, donc, ne la choquent pas un seul instant. Il faut dire qu’elle fait preuve, aussi, d’un sérieux assez déconcertant. Habituellement, elle est pleine de vie, souriante et enthousiaste... ! Alors que là, elle semble assez préoccupée finalement, et ne lui cache d’ailleurs pas son souhait de discuter. Elle tente de le rassurer, alors qu’ils passent ensemble dans la cuisine d’Helena, mais Damian ne semble pas vouloir rester dans l’expectative plus longtemps, et l’interroge bien vite quant à la situation.

S’appuyant contre un meuble, Joan regarde son fils s’atteler à la préparation du café et prend une profonde inspiration avant de prendre la parole. Ce faisant, elle essaie de sourire, de paraître plus désinvolte. Après tout, ce n’est pas une mauvaise nouvelle qu’elle lui annonce là ! « En fait, je suis arrivée très tôt ce matin. » Explique-t-elle d’abord, avant de poursuivre, avec plus de facilité : « J’avais rendez-vous à l’agence immobilière pour visiter quelques maisons à louer. J’en ai trouvé une parfaite, je vais signer le bail tout à l’heure, j’ai rendez-vous dans moins d’une heure. ». Réalisant qu’elle ne prend peut-être pas les choses par le bon bout, Joan secoue la tête et reprend bien vite : « Je n’ai pas quitté Adam, mais… ma vie à Seattle ne me convient pas. Je voulais revenir à Shady Cove depuis un moment, j’aimerais qu’on se retrouve toi et moi, tu comprends ? ». Lisant la surprise dans le regard de son fils, la jeune femme n’ose pas s’arrêter de parler, de peur sans doute de devoir faire face à sa réaction et qu’elle ne corresponde pas à celle qu’elle aurait espérée… « Helena s’occupe très bien du centre de loisirs toute seule, elle n’a plus besoin de moi maintenant, et puis de toute manière j’ai de l’argent de côté… ! Je vais prendre le temps de trouver un emploi qui me correspond, tu vois ? Peut-être à Ashland, tiens ! Comme ça on pourra déjeuner ensemble de temps en temps, qu’est-ce que t’en dis ?... » Lui demande Joan, qui s’arrête enfin de parler pour lui laisser l’opportunité d’en placer une. Mais aussitôt, son cœur se resserre dans sa poitrine. Elle ne sait pas comment son fils vit la nouvelle et espère, à dire vrai, qu’il la soutiendra dans ce choix.

Damian ne pensait vraiment pas que sa mère vivait aussi mal cet éloignement depuis son déménagement à Seattle. Peut-être qu’il ne lui avait pas assez posé la question, il n’en sait rien, mais sa mère ne s’en plaignait pas plus que ça. Bien sûr, il se doutait bien qu’il devait lui manquer, c’est tout à fait normal, et lui-même, au départ, était quand même assez déstabilisé de ne plus avoir sa mère dans le coin mais il avait mûri au fil des mois et chaque retrouvailles avec sa mère étaient plus fortes encore. D’autant plus qu’ils se téléphonaient régulièrement tout de même. Il n’a visiblement pas du tout vécu la chose de la même façon, c’était plutôt clair ! En quittant Seattle après les fêtes, il ne se doutait absolument pas que sa mère allait mettre quelque chose en application qui allait bouleverser tout son quotidien. Pour lui, c’était sûr qu’elle allait continuer de vivre là-bas un bon moment. Malgré la tension qu’il avait sentie durant les fêtes, il ne savait pas à quel point Joan pouvait être malheureuse loin de Shady Cove. Peut-être aurait-il essayé de faire quelque chose elle lui en avait parlé avant… ?  Peu importe finalement car c’est la grosse surprise lorsque Joan se retrouve devant la porte de chez Lena. Cette dernière n’était pas présente et c’est son fils qui vient l’accueillir après un petit temps de réaction. Sa mère ne semblait pas lui en tenir rigueur et pourtant, Joan ne semblait pas être au top de sa forme et ça poussait le brun à s’inquiéter et s’interroger. Lorsqu’elle entre, elle lui fait comprendre qu’elle avait des choses à lui dire, ce qui ne pouvait que le rendre plus nerveux. Pour s’occuper en attendant que sa mère ne se lance, il lui prépare aussitôt un café mais ne peut s’empêcher de l’interroger pour que ça aille plus vite. Il n’a jamais aimé le conflit et sent que quelque chose se trame, il veut juste savoir finalement.  L’air préoccupé qu’elle arbore le rend anxieux et Damian n’aime pas ça. Bien qu’elle lui ait soufflé qu’il n’y ait rien de grave, qu’il n’avait pas à s’inquiéter.

Lorsqu’il ait eu fini avec le café, il le lui tend aussitôt alors que Joan se lance dans une explication, comme quoi elle était arrivée très tôt ce matin et qu’elle avait rendez vous à l’agence immobilière. Damian fronce les sourcils, pas sûr de comprendre où elle voulait en venir en partant sur son explication. Au fil des propos de Joan, la mine perdue de Damian s’affiche clairement sur son visage. Il ne comprend pas pourquoi elle lui parle de location de maison, mais lorsque sa mère parle de sa relation avec Joan et du fait que sa vie à Seattle ne lui convenait pas, tout se bouscule dans sa tête. Un vrai bordel. Il réalise petit à petit que sa mère comptait revenir à Shady Cove. Non, en fait, qu’elle était revenue à Shady Cove, que c’était fait et qu’elle allait signer pour le bail dans une heure. Damian est complètement paumé et mis sur le fait accompli sans comprendre pourquoi sa mère ne lui avait pas parlé de tout ceci avant. Il a un peu du mal à se concentrer pour la peine, surtout lorsqu’elle enchaine encore et encore, allant même jusqu’’à parler d’un nouveau job, qu’elle pourrait avoir à Ashland et qui leur permettrait de manger ensemble à midi.

Trop d’informations d’un coup pour la petite tête de Damian. Ses doigts se crispent sur le meuble alors qu’il reste encore quelques secondes dans le silence lorsqu’il comprend que c’était à son tour de parler. En effet, dans la cuisine, un silence s’installe et le jeune homme en est toujours à l’observer avec de grands yeux de chiots perdus. « Bah heu… je comprends pas pourquoi, fin j’ai compris que t’étais pas bien à Seattle mais pourquoi je l’apprends maintenant, genre, bam tu débarques, une nouvelle maison, tout d’un coup comme ça, waw. Genre surprise quoi, d’un coup ! Fin, c’est énorme alors qu’on s’est vus y a pas longtemps !  J’ai plus qu’à prendre ma valise et emménager dans la maison quoi ? » Lance le jeune homme, en plantant son regard dans celui de sa mère, paumé. Il ne pense même pas de suite à Helena, non, sans ça il aurait été incapable d’aligner deux mots. Chaque chose en son temps, il essaie déjà d’assimiler l’information avant de se rendre compte de toutes les conséquences.  C’est juste énorme d’un coup d’ailleurs ça se ressent dans sa manière de s’exprimer qu’il est complètement dépassé par cette nouvelle.

Joan Keller

Joan a bien conscience de surprendre son fils, mais elle pensait qu’en l’appelant, pour le prévenir de sa venue et de leur discussion à venir, elle n’aurait fait que l’angoisser encore un peu plus… Elle ne regrette donc pas d’avoir débarqué à l’improviste, même si elle ressent une pointe d’embarras du côté de Damian. Il ne semble pas trop comprendre ce qui se passe, et après tout, c’est normal… ! Jusqu’à maintenant, jamais elle ne lui avait fait mention de problèmes, que ce soit en général ou avec Adam… ! Son fils doit donc tomber des nues, mais Joan essaie tout de même de le rassurer un minimum, en lui disant que ça n’est rien de grave. C’est la stricte vérité finalement, car les nouvelles sont plutôt bonnes à son sens… ! En effet, elle espère qu’il se réjouira de l’avoir de nouveau dans les parages, voire même, en fait, de déménager pour partager, avec elle, la maison qu’elle compte louer… ! Oui, la jeune femme a tout prévu et n’a pas laissé de place au hasard. Bien que son retour ait été précipité après les fêtes, elle l’a organisé dans les moindres détails… Et c’est d’ailleurs ce qu’elle essaie de lui faire comprendre par la suite. En effet, quand ils arrivent dans la cuisine, Joan prend son courage à deux mains et, après s’être appuyée contre un meuble, apprend à son fils les quelques démarches qu’elle a faites dans la journée. Elle finit par réaliser qu’elle n’explique pas les choses de la meilleure manière qui soit, peut-être pas très bien dans l’ordre, en fait… ! Du coup elle finit par se reprendre, essayant d’expliquer les choses sous un autre angle… Et c’est peut-être parce qu’elle voit la mine de son fils se défaire d’un coup qu’elle continue de parler, encore, et encore, et encore… Sans s’arrêter, en fait. Elle a peur qu’il reprenne la parole, elle a peur de sa réaction… ! Peut-être ne sera-t-elle pas celle qu’elle avait tant espérée… ? Et peut-être que cela n’aura pour effet que d’accentuer ses soupçons, aussi. Car s’il y a quelque chose qui la turlupine depuis les fêtes, c’est bien la relation qu’entretient son fils avec sa meilleure amie, Helena. Elle ne les avait jamais vus aussi proches avant…

En attendant que son fils prenne la parole, Joan plonge son nez dans son café, comme incapable de le regarder. Elle trouve cette attente interminable mais sent son cœur se serrer, et son ventre se nouer, même, quand Damian finit par lui répondre. C’était ce qu’elle craignait. Qu’il ne se réjouisse pas de la situation, mais plutôt qu’il s’interroge, qu’il s’inquiète, qu’il ne comprenne rien à rien… ! Et en même temps, Joan est à même de saisir les questions qu’il se pose. Il faut dire qu’elle n’a pas été très explicite. Peut-être l’a-t-elle fait exprès, en fait ? Elle n’en sait trop rien, mais prend une profonde inspiration après que son fils ait parlé, pour se donner un minimum de courage… et relève enfin la tête. En croisant son regard, si triste, si perdu, Joan se crispe toute entière. « Je sais, j’aurais dû t’en parler avant, mais je croyais que ça finirait par s’arranger ! Je ne voulais pas t’inquiéter ! » Explique-t-elle d’abord, avant de reprendre la parole : « Et puis j’ai pensé, aussi, que les fêtes de fin d’année nous aideraient à nous rapprocher et que je me sentirais mieux, mais… ». Joan n’est pas capable de terminer sa phrase, en fait elle se sent subitement assez triste. Déglutissant, elle se débarrasse de son café pour le poser sur la table, n’ayant plus du tout envie de le boire ou de le tenir dans ses mains. Elle a besoin de faire quelques pas. « On s’est beaucoup éloignés toi et moi ces derniers mois, et… je crois que ça a trop duré ! J’ai besoin de te retrouver, de retrouver mes habitudes à Shady Cove, aussi… Je sais pertinemment que ça va chambouler ta vie, une fois de plus, et je te demande pardon pour ça, mais… j'espérais aussi que ça te ferait un peu plaisir, tu comprends… ? » Souffle-t-elle, en cherchant à capter son regard. Pour finir, elle se rapproche de sa silhouette et vient poser ses mains sur les bras de son fils, afin de capter son attention une bonne fois pour toutes. Elle le trouve si différent que c’en est vraiment déstabilisant pour elle. Elle ne pensait pas qu’il s’agissait réellement de jalousie, et pourtant elle se mettrait presque à envier Helena, aux côtés de laquelle il semblait si épanoui et si heureux au cours des fêtes de fin d’année. A des kilomètres de l’attitude qu’il adopte avec elle là tout de suite…

Au fil des explications, le jeune homme est complètement dépassé. Il écoute sa mère se lancer dans des explications qu’il attendait tant. Il ne comprend pas le motif de sa visite et elle semble plutôt nerveuse, ce qui finit par être contagieux, il faut l’avouer. En effet, Damian ne se souvient pas l’avoir vue dans un état pareil depuis un sacré bout de temps. Depuis son départ à Seattle, à chaque visite, à chaque coup de fils, sa mère a toujours été très enthousiaste, dynamique. C’est un contraste énorme et sur le visage de Damian, c’est l’étonnement qui déforme son visage. Au fil des propos de sa mère, Damian est juste complètement perdu. Les propos de sa mère ne vont pas dans le bon ordre, il n’est pas sûr de tout comprendre à la base, jusqu’à ce qu’elle lui explique avoir un rendez-vous avec l’agence immobilière pour signer le bail d’une location de maison. Le jeune homme est complètement perdu. Il comprend un peu que sa mère a pris une décision et qu’elle ne reviendra pas dessus. Elle n’est pas ici pour se confier mais plus pour lui imposer ses choix. Sa mère est de retour à Shady Cove, depuis ce matin et ça lui semble être définitif ! Ils ont toujours été très proches et Damian est clairement sur le cul d’apprendre tout ça maintenant, à présent que tout ceci était décidé alors qu’elle aurait pu lui en parler bien avant… ! Ce n’est pas quelque chose qu’elle avait choisi de faire en deux minutes ! Il ne sait pas comment prendre cette nouvelle, c’est juste énorme et il n’a pas l’impression d’avoir le temps de s’en réjouir puisque dans sa tête, c’est le gros bordel. De toute manière, sa mère ne lui en laisse pas tout de suite en placer une. C’est seulement lorsque le silence s’installe dans la cuisine que Damian réalise qu’il est temps pour lui de lui donner une réponse, de s’exprimer ! Et pourtant, il a une boule dans la gorge, son cœur se met à battre à toute vitesse. Il ne sait pas quoi dire et cela se voit sur son visage, à dire vrai. Il baisse un instant les yeux, cherche absolument ses mots dans sa tête à toute vitesse. Il ne comprend absolument rien au film.

« Mais en voyant que ça s’arrangeait pas, tu m’en as quand même pas parlé ! » Balance le jeune homme, paumé. Il plante son regard dans le sien, à nouveau silencieux lorsqu’elle ajoute qu’elle pensait qu’avec les fêtes de fin d’année, ils pourraient se rapprocher, et qu’elle se sentirait mieux. Damian entrouvre la bouche, prêt à répliquer mais laisse sa mère continuer. En effet, elle semblait souffrir du fait qu’ils se soient éloignés depuis quelques mois, qu’elle souhaitait le retrouver, ainsi que de retourner à Shady Cove par la même occasion. Il ne pouvait qu’être d’accord avec sa mère sur le coup car, en effet, elle venait chambouler sa vie toute entière en revenant dans le coin. Plus qu’elle ne l’imaginait d’ailleurs !! Il ne réalise pas trop mais lorsque Joan se rapproche de son fils, en posant ses mains sur ses bras, Damian est toujours aussi « sous le choc ».

« Je comprends pas… j’ai l’impression que tu me fais un caprice là, on s’est pas éloignés tant que ça, moi j’étais super content de te revoir à Noël, on était proches, non ? Je comprends pas ce que j’ai fait pour que tu penses un truc pareil, en plus c’est normal qu’on soit plus aussi proches, on vit loin, je fais ma petite vie… ! J’étais content que tu t’en ailles à Seattle parce que c’était l’occasion pour toi de vivre quelque chose de différent et de refaire ta vie en quelque sorte et j’ai l’impression que tu gâches cette occasion au bout de quelques mois pour pas grand-chose ! Tu sais bien que tu me perdras jamais non… ? » Lance le jeune homme en se mordant la lèvre inférieure. Il ne sait pas pourquoi il disait tout ça, de toute manière, c’était trop tard à présent. Joan avait choisi de revenir et elle n’allait sans doute pas revenir en arrière. « Prends le pas mal,  crois pas que je suis dégoûté que tu sois là, au contraire… mais j’suis un grand garçon maintenant et je trouve ça dommage pour toi… » Dit-il dans un sourire un peu léger, il est vrai. Il essaie qu’elle ne prendra pas mal tout ce qu’il venait de lui dire. Paumé, toujours, le Damian.

Joan Keller

Si Joan appréhendait autant, c’est parce qu’elle savait que les choses risquaient de se passer de cette manière. Lorsque la cuisine est plongée dans le silence le plus total, la mère de Damian s’attend à une réaction de sa part, mais sait d’ores et déjà qu’elle ne sera pas celle escomptée. La surprise de son fils est palpable, il semble même complètement largué… ! Il faut dire que tout se passe très vite pour lui, alors que du côté de Joan, c’était une décision mûrement pensée, et parfaitement réfléchie. Cela faisait un moment qu’elle ne se sentait plus à sa place à Seattle et les fêtes de fin d’année l’ont confortée dans cette idée. Tout est donc allé très vite ensuite. Une discussion avec Adam a suffi, puis elle a écrit une lettre de démission et rassemblé ses affaires. Il ne lui restait plus qu’à trouver, à la va-vite c’est vrai, une maison à louer à Shady Cove, dans le but de s’y installer avec Damian. Et on peut dire que tout s’est passé comme elle s’y attendait… jusqu’à maintenant. En effet, l’étudiant ne saute pas au plafond, ne se réjouit pas franchement de la nouvelle… ! Il est même un peu dur, quand il s’exprime. C’est d’ailleurs un comportement qui pousse la jeune femme à se sentir à des kilomètres de son enfant. Elle ne le reconnaît pas, et c’est justement ce qu’elle voulait éviter en revenant ici. Elle ne veut pas qu’il devienne un inconnu pour elle… ! Elle ne tient pas, non plus, à ce que sa meilleure amie finisse par mieux le connaître qu’elle.

« Non, c’est vrai, mais c'était une décision qui me revenait à moi et à moi seule ! » Répond aussitôt Joan, en haussant le ton à son tour. Elle a toujours détesté les disputes avec son fils et son cœur se met aussitôt à battre la chamade. Elle ne voulait pas que cette discussion se déroule de cette manière, mais elle est obligée d’y faire face à présent et espère de tout son cœur que tout se terminera sur une note positive. Elle est revenue à Shady Cove pour se rapprocher de son enfant, certainement pas pour le perdre une seconde fois. Souhaitant capter son regard, Joan abandonne son café pour s’approcher de Damian et poser ses deux mains sur ses bras. Ses sourcils se froncent dès qu’il prononce le mot ‘caprice’. On dirait que les rôles sont inversés, là ! Certes, elle l’a surpris en débarquant à l’improviste, mais c’est encore de sa vie dont il s’agit et aux dernières nouvelles c’est tout de même à elle de décider quoi en faire… ! Autant dire que quand son fils ajoute qu’il était content qu’elle quitte Shady Cove pour s’installer à Seattle, Joan sent son ventre se tordre un peu plus. Ses mains quittent aussitôt ses bras.

« Peu importe que tu sois un grand garçon ou non, moi aussi je suis une grande fille et il me semble que j’ai encore le droit de diriger ma vie comme je l’entends ! Si c’est ça qui t’inquiète, sache que je ne compte pas interférer dans la tienne ! Je veux simplement reprendre ma place ici, où j’étais bien plus heureuse qu’à Seattle, tu ne vas quand même pas me l’interdire, si ? » Lui demande-t-elle, se laissant bêtement dominer par la colère. Elle n’a pourtant aucune envie de le blesser, et ne voulait aucunement provoquer une dispute en venant le trouver aujourd’hui, mais c’est au-dessus de ses moyens de l’écouter dire tout ça sans réagir. Ses propos la font souffrir, et il y en a même certains qui lui restent en travers de la gorge… Pour preuve, elle ne peut s’empêcher de reprendre la parole, encore. « Et pour ce qui est des fêtes de Noël, j’étais ravie que tu viennes nous rendre visite, mais permets-moi de te dire que je ne me suis pas particulièrement sentie proche de toi, par contre je pense qu’Helena a eu cette chance, elle. » Ajoute-t-elle, sans détour, et en fondant son regard dans celui de son fils. Elle s’est cru un moment parano quand elle les voyait ensemble mais l’entendre lui parler de sa ‘petite vie loin d’elle’ et du fait qu’il est désormais un ‘grand garçon’ n’a fait finalement que réveiller ses quelques soupçons… Et autant dire que cette idée qui la traverse là tout de suite la dégoûte au plus haut point.

Le jeune homme a vraiment du mal à réaliser l’impact des propos et surtout des conséquences du choix de sa mère. C’est tout de même énorme, et le jeune homme est tout simplement perdu. Lorsqu’il est temps pour lui de s’exprimer, Damian est complètement paumé… ! Le jeune homme  finit tout de même par s’exprimer. Il est complètement dans le flou et ne sait pas quoi dire en premier. Quelque chose lui dit que cette conversation ne sera pas facile. Damian peut se montrer maladroit, surtout dans ce genre de circonstances où il se retrouve un peu au pied du mur. De ce fait, il est particulièrement dur, sans vouloir l’être. En effet, il n’avait aucune envie de blesser sa mère, loin de là.  Lorsque sa mère hausse le ton en lui faisant comprendre que c’était une décision qui lui revenait à elle seule, Damian hoche doucement la tête. Bien sûr que c’était le cas, et Damian n’était pas là pour lui dicter ses faits et gestes… ! Il ne cherche pas à être désagréable, c’est juste qu’il a le sentiment que c’est une décision assez hâtive et qu’elle n’aurait pas dû tout abandonner pour revenir à Shady Cove, juste parce que son fils lui manquait. Ce n’est pas comme s’il avait cinq ans ou quelque chose comme ça.  De ce fait, il a l’impression que c’était plus un geste impulsif, un caprice même qu’autre chose.  Et ça, il finit par le lui dire sans la ménager. Ce n’était pas très agréable à entendre bien sûr et sait que ça agacera Joan plus qu’autre chose mais Damian est honnête et puisque la conversation est un peu « à cœur ouvert », il s’est permis de dire une pareille chose.

Agacée, Joan reprend aussi vite la parole en lui faisant comprendre qu’elle était l’adulte et qu’elle pouvait gérer sa vie comme elle le voulait. Qu’elle n’était pas là pour interférer dans sa vie. Ce n’était pas du tout dans ce sens là qu’il voulait s’exprimer bien évidemment et le brun finit par se mordre la lèvre inférieure. Il secoue doucement la tête, en reprenant la parole. « Maman… c’est pas dans ce sens là que je voulais dire… !! Je trouve ça dommage d’avoir quitté tout ce qu’Adam et toi tentiez de construire là bas quoi ! J’ai pas envie d’être quelque chose qui te retient en arrière ! Je veux pas que tu sois malheureuse à cause de moi, je cherche pas à t’interdire de faire quoi que ce soit, juste que bah… c’est dommage c’est tout quoi ! » Lui souffle le jeune homme en attrapant sa main pour la serrer dans la sienne, l’air sincère. Il était content qu’elle s’en aille parce qu’il pensait que ce nouveau départ la rendrait heureuse, pas parce qu’il se débarrassait d’elle ou quelque chose comme ça. Il espère que ses explications rassureront sa mère car ça ne partait pas d’une mauvaise intention. Seulement, lorsque sa mère reprend la parole ensuite, c’est toujours avec agacement et lorsqu’elle évoque Helena, le cœur du jeune homme se resserre d’un coup. Ça le pousse bien évidemment à penser à leur relation, et l’impact du retour de sa mère sur celle-ci. A cette pensée, l’idée qu’ils devront tout arrêter pour ne pas attirer des soupçons lui resserre le cœur  et une boule énorme vient se loger dans sa gorge. Pour autant, il essaie de se ressaisir pour se défendre. « Mais si on était proches, qu’est-ce que tu racontes ? Mais qu’est-ce que t’insinues ? T’es jalouse ou quoi ? Je rêve.   »

Lance Damian les sourcils froncés. Il savait très bien qu’il avait été proche d’Helena, comme toujours, parce qu’ils sont ensemble et qu’il y a des choses qu’il ne contrôle pas et que c’est, en plus, dans sa nature d’être bienveillant et d’avoir des petites attentions. Il voulait juste qu’elle se sente bien parmi eux alors qu’elle se trouvait loin de sa famille pendant les fêtes, en plus du fait que son cœur battait pour cette femme en particulier. Il reste planté devant sa mère, en ayant l'impression d'emprunter une route glissante mais le jeune homme était prêt à tout pour garder leur relation secrète, ou du moins... celle qui a été. Il se doute que sa mère ne changera pas d'avis, qu'il sera forcé de déménager avec elle, de quitter toutes ses habitudes, de ne plus fréquenter Helena autant qu'il le souhaiterait... les choses redeviendront comme avant alors qu'au fond, tout avait changé et c'est quelque chose qui rend Damian complètement malade. Au fil des minutes, il commence à songer à tout ceci et perd petit à petit pieds dans sa tête. C'est le bordel, il est partagé, et son coeur bat à toute vitesse. Il ne peut pas afficher la moindre émotion, ce serait suspect et garde, ou du moins se bat pour ne rien montrer. C'est éprouvant.

Joan Keller

Joan savait pertinemment qu’elle allait le surprendre en lui annonçant une pareille nouvelle mais ne s’attendait pas franchement à ce qu’il qualifie cette décision de ‘caprice’. C’est vrai que ça pouvait sembler précipité sur le coup, mais comme elle le lui a dit, cela faisait tout de même un moment qu’elle envisageait de quitter Seattle pour revenir s’installer à Shady Cove… ! Ce n’était pas un choix qu’elle avait fait à la va-vite. Tout s’était accéléré après les fêtes, car ça n’avait fait que la conforter davantage dans cette décision, mais Joan était persuadée que même sans cela, elle aurait fini par réaménager à Shady Cove tôt ou tard. Elle tente d’ailleurs bien vite d’expliquer à son fils qu’elle est encore la seule à décider de ce qui est bon ou mauvais pour elle, et bien qu’il semble penser le contraire à l’instant, elle est loin d’agir comme une gamine ou sur un coup de tête… ! Seulement, la conversation est de plus en plus houleuse, et le ton finit rapidement par monter entre eux. Il faut dire que les propos qu’a tenus Damian à son encontre l’ont touchée, et Joan n’a pas pour habitude de peser le pour et le contre avant d'exprimer le fond de sa pensée, tout spécialement quand ses émotions semblent la prendre à la gorge, comme c’est le cas à l’instant. Son cœur bat plus vite, son ventre se tord… C’était tout ce qu’elle appréhendait finalement ! Qu’ils en arrivent à se disputer… ! Pourtant ce n’est pas comme ça qu’elle voulait gérer son retour, elle voulait que son fils se réjouisse de la retrouver, pas l’inverse… Et c’est sans doute ce qu’il y a de plus douloureux à encaisser sur le moment. D’ailleurs, Joan ne dissimule pas son agacement, et son fils semble aussitôt comprendre qu’il est allé un peu loin, peut-être sans le vouloir à la base. Il vient donc étayer ses propos, pour l’inciter à voir les choses de son point de vue, à lui. Joan l’écoute avec attention mais secoue la tête à son tour. Elle ne veut pas qu’il s’imagine plus longtemps qu’elle est malheureuse par sa faute, alors que c’est justement tout l’inverse. « Damian, tu dois comprendre qu’en revenant m’installer ici, je ne renonce pas au bonheur, d’accord ? C’est vrai que j’ai besoin de t’avoir près de moi, et que j’ai envie qu’on se retrouve toi et moi mais ce n’est pas seulement ce qui m’a poussée à revenir, j’aimais ma vie d'avant, tu comprends ? A Seattle, je me sens très seule, et je reportais toute mon agressivité sur Adam, ça… ça ne pouvait plus continuer comme ça… ! » Explique-t-elle, le cœur lourd, et en serrant doucement sa main. Elle aurait voulu épargner tous ces détails à son fils, considérant qu’il n’a pas à s’inquiéter pour elle, mais il était essentiel à ses yeux qu’il comprenne qu’il n’était pas en train de la retenir en arrière ou quelque chose comme ça.

L’atmosphère aurait peut-être pu s’apaiser par la suite si Joan n’avait pas associé Helena à leur confrontation, mais les soupçons qu’elle cultivait depuis les fêtes de fin d’année s’étaient renforcés à mesure de la conversation et elle n’avait pas eu la force de les garder pour elle plus longtemps. Leurs mains se détachent tandis que Damian reprend la parole, assez vivement à nouveau. Il soupçonne sa mère d’être jalouse. Joan aurait pu s’en défendre mais c’est davantage le fait qu’il soit à ce point sur la défensive qui retient son attention. Bien qu’elle recule d’un pas pour mettre un peu de distance entre eux, Joan dévisage son fils comme pour y déceler la vérité. Elle sent que quelque chose ne tourne pas rond. « Elle a quasiment mon âge, Damian. » Relève-t-elle d’abord, avec sérieux. « Je suis ravie que vous vous entendiez bien, c’est pas ça, mais… » Souffle-t-elle, en baissant un instant la tête. Quand elle fait appel à ses souvenirs, elle ne peut que repenser à la manière avec laquelle son fils regardait sa meilleure amie, à quel point il était prévenant avec elle et de quelle façon il l’avait enlacée quand les douze coups de minuit avaient sonné… ! Elle s’en veut que de telles idées viennent s’insinuer dans sa tête mais il est désormais trop tard pour qu’elle parvienne à s’en débarrasser, et elle en a trop dit à présent ! Il faut qu’elle en ait le cœur net, une bonne fois pour toutes. Peut-être que son fils et elle se sont éloignés cette année, mais elle est persuadée qu’il se trame quelque chose. Elle est sûre et certaine d’avoir vu cette ‘étincelle’ dans son regard, lorsqu’il contemplait Helena. Son attention se repose sur son fils. « Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que je me fais juste des idées. » Lui demande-t-elle, l’air soudainement plus grave. Il y a une petite part d’elle encore qui garde espoir de se tromper royalement. Et une autre part d’elle qui se demande si elle n’est pas revenue, aussi, pour ça. Pour éloigner son fils de sa meilleure amie. Elle ne sait pas si c’est vraiment de la jalousie qui l’anime, mais elle sait, en tout cas, que ce n’est pas particulièrement ‘sain’ qu’Helena et Damian soient devenus aussi proches en si peu de temps…

Sous le coup de la surprise, Damian ne peut s’empêcher de trouver cette décision démesurée. Cela faisait à peine quelques mois qu’elle était à Seattle et comptait déjà tout quitter pour revenir à Shady Cove. Il trouve ça dommage, d’autant plus qu’il ne peut s’empêcher de lui en vouloir un peu de l’avoir prévenu que maintenant, alors que tout était fait, décidé, qu’il n’avait plus qu’à faire ses valises à a limite pour s’installer dans une nouvelle maison, encore une. Tous les plans du jeune homme se retrouvent compromis, bien que pour la plupart, Joan ne devait même pas s’en douter, et c’est quelque chose qu’il comptait tenir secret. Peu importe ce qui allait arriver, sa mère ne devait jamais savoir ce qui se passe entre Helena et lui. Bien sûr, il n’est pas stupide et se rend de plus en plus compte que son retour risquait de mettre un frein ou plutôt un point final à sa relation avec Helena. Ce serait trop suspect s’il passait son temps chez elle alors que sa mère était de retour. Ce serait encore plus compliqué qu’à présent. C’est une évidence qu’ils devront se séparer, et Damian sait quelque part que la culpabilité sera encore plus grande du côté de Lena s’ils continuaient malgré le retour de sa mère. Ce serait trop compliqué et maintenant qu’il commence à penser à tout ceci, il se retrouve de plus en plus fébrile. Pour autant, il tente de donner le change devant sa mère qui s’emporte au fil de ses propos assez « durs » il faut l’avouer. Damian se reprend pour détailler sa manière de penser en lui faisant comprendre qu’il ne cherchait pas à la blesser. « D’accord…. ! » Répond le jeune homme sans savoir quoi dire d’autre. Il avait juste à accepter la chose de toute manière car il était trop tard à présent pour s’opposer, bien qu’il n’ait pas à le faire de toute manière puisque sa mère faisait bien ce qu’elle voulait de sa vie. Cependant, il finit par l’interroger : « Et avec Adam du coup… ? » Lui demande Damian, au sujet de leur relation. Ça ne risquait pas d’être évident avec la distance imposée entre eux deux.

Après leur début de conversation houleuse, Damian pensait que ça se calmerait puisqu’ils avaient mis les choses au clair mais lorsque Joan reprend la parole pour évoquer les fêtes de fin d’année et également faire certains sous-entendus au sujet de la proximité entre Helena et lui, le jeune homme répond aussitôt sur la défensive. Il l’accuse d’être jalouse et cherche à comprendre le fond de sa pensée. Bien sûr, il n’est pas outré qu’elle pense une pareille chose puisque c’était tout simplement vrai mais Damian continue de prétendre le contraire car il cherche à préserver quelque chose. En entendant sa mère lui parler de l’âge d’Helena, Damian arque un sourcil. « Je sais bien qu’elle a quasiment ton âge, c’est quoi le problème ? » Balance Damian en fronçant les sourcils, jouant  le jeu alors qu’elle lui confie être ravie qu’ils s’entendent bien. Lorsque leurs regards s’accrochent, sa mère vient reprendre la parole en lui demandant de lui dire en face qu’elle se faisait juste des idées. Le jeune homme réfléchit à toute vitesse. Il n’est pas un bon menteur, et sait que même s’il lui prétendait le contraire, Joan aurait toujours un œil sur lui, quoi qu’il arrive, même si elle n’évoquait plus le sujet. Elle allait les surveiller et continuer d’avoir ses soupçons. Le brun devait faire quelque chose pour faire taire les doutes de sa mère. C’est la colère et la tristesse de voir tout s’effondrer autour de lui qui l’aide probablement à être un meilleur acteur. « Bien sûr que tu te fais juste des idées… c’est juste… » Il se mord la lèvre inférieure, en laissant un suspens s’installer avant d’ajouter, en  relevant les yeux vers sa mère : « Improbable qu’elle puisse s’intéresser à moi ! Je le sais très bien. » Balance l’étudiant, comme si c’était sa mère qui enfonçait le couteau dans la plaie, et de cette manière, il espérait noyer un peu le poisson. Il détestait lui mentir de la sorte mais lui dire la vérité est quelque chose d’inconcevable. Il préfère que sa mère pense que le « problème » venait de lui et de personne d’autre. Le brun se gratte nerveusement le crâne, en baissant finalement la tête, le cœur battant comme un dingue. Il craint sa réaction. Les mains un peu tremblantes, il les enfonce dans ses poches, en reprenant la parole, comme incapable de s’arrêter tant qu’elle n’était pas totalement convaincue. « Elle a rien fait de mal, c’est moi qui… me suis un peu trop attaché. » Termine-t-il, en étant incapable de la regarder en lui avouant une pareille chose.

Joan Keller

Joan est fatalement blessée par les propos de son fils qui ne semble pas comprendre ce qu’elle a pu endurer loin de lui, les semaines et les mois passant. Elle ne se plaisait pas à Seattle et se sentait très seule, malgré la présence et l’amour que lui donnait Adam au quotidien. C’est vrai, elle aurait peut-être pu en toucher deux mots à Damian avant de débarquer comme ça, mais elle considérait que ce choix lui revenait et que son fils, après tout, pourrait peut-être s’en réjouir… ! Elle a tout de même conscience de bousculer son quotidien une fois encore, mais il ne s’agit que d’un déménagement finalement… ! Et l’étudiant semble reprendre peu à peu ses esprits face à cette nouvelle, et finit par l’accepter… sans aucune forme d’enthousiasme, mais au moins les esprits ne s’échauffent plus dans la cuisine. Il l’interroge alors sur son compagnon, et tout de suite, en réaction, Joan baisse la tête. Elle prend une profonde inspiration avant de reprendre la parole. Elle espère que ses choix ne déstabiliseront pas Damian, et que cela ne débouchera pas sur une dispute à nouveau, car s’il y a bien quelque chose qu’elle déteste, c’est d’en arriver là avec lui. « On a besoin d’une pause lui et moi mais on ne veut pas se séparer, on aimerait essayer de continuer malgré tout, et voir ce que ça donne. » Explique-t-elle, en relevant la tête en direction de son fils.

Pour ce qui est d’Helena et de la relation qu’elle entretient avec son fils, Joan aimerait mettre un point définitif à cette discussion, car quelque part elle est très angoissée d’avoir de tels soupçons et se demande si elle ne va pas trop loin avec tout ça. Pour autant, elle ne peut pas mettre un terme à cette conversation sans savoir. Il faut qu’elle en ait le cœur net, une bonne fois pour toutes, car quand elle repense aux fêtes de fin d’année, tout est confus dans son esprit. Elle est certaine d’avoir senti une complicité tout à fait particulière entre eux, d’avoir vu une étincelle dans le regard de son fils. Joan a le réflexe, d’abord, de lui rappeler l’âge d’Helena, parce que ça l’étonne et la surprend qu’il puisse être à ce point proche d’elle malgré cette différence d’âge, assez importante tout de même pour le coup. Mais l’étudiant reste toujours sur la défensive, poussant sa mère à soupirer et à reculer de quelques pas. Passant une main sur son visage pour se ressaisir, Joan relève alors la tête pour ancrer son regard au fond du sien. Il ne sait pas à quel point c’est dur pour elle d’envisager seulement qu’il puisse se passer quelque chose entre son fils et sa meilleure amie. Elle a réellement besoin de se rassurer une bonne fois pour toutes, car cette relation est vraiment source de stress pour elle. Ce serait une déception énorme, presque une trahison et Joan a besoin, vraiment, de connaître la vérité. C’est pour ça qu’elle le met au pied du mur et qu’elle ne le quitte pas une seule seconde des yeux en attendant sa réponse. Elle veut s’assurer de sa sincérité. Lorsqu’il lui répond qu’elle se fait effectivement des idées, Joan ne parvient pas à en être convaincue pour la simple et bonne raison qu’il semble à la fois triste, perdu, et dépassé par les évènements. Son cœur se resserre lorsqu’il reprend la parole, évoquant le fait que ce serait improbable qu’elle puisse s’intéresser à lui. Les sourcils de Joan se froncent, alors qu’elle lui répond, au quart de tour : « Est-ce que ça veut dire que toi tu t’intéresses à elle ? ». Son regard est braqué sur lui, et son cœur bat la chamade. Elle avait donc vu juste, elle savait que quelque chose ne tournait pas rond ! Et bizarrement, ça la soulage en un sens, car Joan comprend qu’elle n’était pas à côté de la plaque, qu’elle connaît toujours bien son fils mais aussi qu’il n’y a sans doute rien entre eux, sauf peut-être quelques sentiments… à sens unique. C’est du moins ce qu’elle comprend en entendant les dires suivants de son fils, mais Joan tient à s’en assurer, et à comprendre. C’est essentiel pour elle, il faut que les choses soient mises à plat. « Un peu trop attaché… ? » Répète Joan, pour en savoir plus, non sans sentir la détresse de son fils lorsqu’il baisse les yeux. Elle avance aussitôt d’un pas dans sa direction, attristée de le voir soudainement comme ça. « Est-ce qu’elle t’a… encouragé ? Je veux dire, d’une certaine manière, est-ce que tu as senti qu’il se passait quelque chose, de son côté à elle, qui aurait pu, je ne sais pas, te troubler, par exemple ? » Lui demande-t-elle, avec sérieux, et en posant sa main sur son bras. Pour Joan, Damian restera toujours son petit garçon, et dans son esprit, c’est tout de suite lui qu’elle pose en victime, même si cela signifie qu’elle doive reporter la faute sur sa meilleure amie…

Damian sait pertinemment que s’il ne s’était rien passé avec Helena durant son absence, le jeune homme aurait sauté au plafond à l’idée que sa mère revienne à Shady Cove. Bien sûr, il aurait été très étonné de la voir débarquer d’un coup, mais le choc aurait été moins énorme disons. C’est vrai que c’était embêtant de déménager et de changer ses petites habitudes à nouveau mais il s’en serait remis, parce qu’il n’y aurait pas eu tant de changements que ça, alors que là, au fil des minutes, il réalise que tout son quotidien, toute son histoire avec Helena part complètement en fumée parce qu’ils vont être incapable de continuer dans ses conditions là, c’est juste logique et il n’y a rien à faire pour empêcher ça. Ça le rend malheureux à en mourir et pourtant, il tient plutôt bien le coup. C’est peut être parce qu’il ressent surtout un peu de colère, et de confusion et que ça l’empêche de perdre pied, il  ne faudrait pas qu’il réagisse aussi dramatiquement devant sa mère, ça paraitrait trop suspect et Joan continuerait à se poser des questions. Il finit par changer de sujet, en parlant d’Adam. « J’espère que ça s’arrangera. » Lance le brun avec sincérité et dans un air un  peu désolé car il sait qu’ils s’aiment et que c’est dommage qu’ils aient à s’éloigner de la sorte mais sa mère est têtue et obstinée, elle ne retournera sans doute pas à Seattle. Il faut qu’il accepte ce fait.

La conversation aurait pu se finir là mais Joan semble vouloir évoquer Helena. Il ne comprend pas pourquoi elle réagit de cette manière, il a l’impression qu’elle est jalouse et pourtant, Damian a fait très attention et n’a jamais souhaité s’éloigner de sa mère… ça s’est juste fait naturellement ! Pourtant, même lors des fêtes, il n’avait pas eu cette sensation d’éloignement ou quoi que ce soit, probablement parce que toute son attention et tout son cœur était occupé et focalisé sur Lena. Ça ne l’étonnerait pas tant que ça mais au final, il faut qu’il se défende de ce qu’elle ose prétendre car ce serait le gros drame si elle apprenait qu’il s’était passé quelque chose entre sa meilleure amie et son fils. Il n’ose imaginer les dégâts. Il faut absolument qu’il vienne avec quelque chose de très crédible car nier en bloc ne servirait à rien. Damian connait sa mère, elle serait capable de rester sur ce genre de pensées pendant encore un bon moment, et en parler avec Helena, ce qui serait pire. Le genre de conversations que personne ne souhaite avoir un jour dans sa vie. C’est pour cette raison qu’il se lance, et commence à faire comprendre à sa mère qu’il est le seul dans cette histoire qui flasherait sur Lena, ou quelque chose dans ce genre là. Il débute lentement, et puis toutes ses pensées l’accablent et le rendent malheureux ce qui rend la confession encore plus poignante finalement. Il craint la réaction de sa mère qui réagit forcément au quart de tour lorsqu’il lui fait comprendre que lui, en revanche, il s’intéressait à Lena. « Oui, enfin non… j’y peux rien. » Lance le brun, complètement paumé. Il se mord la lèvre inférieure, c’est compliqué, car au final, c’est un mensonge mais pas tant que ça car Damian est clairement amoureux de la directrice et de l’avouer à sa mère n’est pas une chose facile. Pourtant, c’est la seule chose qui lui est venue à l’esprit. Il baisse la tête lorsque Joan répète ce qu’il venait de dire mais la relève aussitôt en entendant ses propos. « Nan, nan >< elle a rien fait. Elle est juste elle-même, c’est tout, rien de méchant. » Lui confie Damian en ajoutant : « C’est comme quand j’étais petit et que j’étais amoureux d’Alyssa Milano quoi j’ai envie de dire, elle a rien fait pour. C’est rien, ça va passer, c’est tout. » Conclu Damian en plantant son regard dans celui de sa mère lorsque sa main vient se poser sur son bras. Il n’avait pas du tout envie d’avoir l’air d’une victime, non. Il n’a pas envie de faire passer Helena pour une femme qui a tenté de le chauffer ou quoi que ce soit, ce n’est pas le but de la manœuvre. Son autre main vient se crisper sur celle de sa mère en soufflant : « Lui en parle pas... maman, c'est super gênant. » Lui demande Damian en déglutissant, le coeur battant.

Joan Keller

C’est vrai, Joan est du genre obstinée, et elle ne compte pas revenir tout de suite sur cette décision en tout cas. S’installer à Shady Cove de nouveau, c’est pour elle un véritable soulagement, car les mois qu’elle a passés loin de Damian et de sa vie dans l’Oregon ont été difficiles à vivre. Elle a conscience, clairement, que ça va compliquer sa relation avec Adam, mais Joan a toujours été très indépendante. Ce n’est pas parce qu’elle est en couple qu’elle s’oublie en tant que femme ! Et elle tient à aller où son cœur la porte. Là où elle se sent épanouie, tout bêtement. Elle tente de l’expliquer à son fils qui, cette fois, se fait compréhensif. Il semble même la soutenir. Sa mère finit donc par hocher la tête. « Ça va aller, ne t’en fais pas pour ça… ! » Souffle-t-elle, dans un sourire sincère, histoire de le rassurer. Elle ne veut vraiment pas qu’il se fasse du mouron pour elle ou pour Adam. Ce n’est pas son rôle. Lui, il doit simplement vivre sa vie… ! Et justement c’est à ce sujet que Joan l’interroge par la suite… Parce que de l’avoir vu avec Helena, à l’occasion des fêtes de fin d’année, ça l’a vraiment travaillée. Il a l’air si attaché à elle… ! Et quelque part, c’est peut-être aussi pour cette raison qu’elle est revenue s’installer à Shady Cove. Pour casser cette dynamique. Parce qu’elle considère que son fils ne devrait pas être aussi proche d’une femme de son âge. Et c’est justement sur ce terrain glissant qu’elle choisit de s’engager ensuite, car il faut que les choses soient dites et mises à plat une bonne fois pour toutes… Joan a besoin de savoir ce qui se trame, de comprendre. Car elle sent bel et bien que quelque chose cloche… Reste à savoir quoi. Et avec tout ce qui lui arrive déjà, elle espère ne pas devoir faire face à une révélation trop dure à entendre.

Mais finalement, la réponse que lui apporte son fils la soulage quelque part, car elle comprend qu’elle avait raison, qu’elle avait vu juste, et que Damian et Helena n’entretiennent pas une relation ‘douteuse’ dans son dos. Pour autant, elle ne peut s’empêcher d’interroger son fils sur tout ça car il y a des questions qu’elle est en droit de poser, en sa qualité de mère. Elle sent, en tout cas, qu’il est très fébrile, très affecté par cette conversation… Et ça la touche vraiment beaucoup. Son cœur se resserre d’ailleurs dans sa poitrine, à mesure qu’elle sent la détresse de son fils. A l’instant même, elle regrette encore moins son choix, car il est clair qu’il doit cesser de cultiver ce genre de sentiments à l’égard de son amie et que ce sera bien plus simple pour lui d'y parvenir en commençant par déménager. Joan n’a pas du tout envie de le voir souffrir encore et encore car elle n’imagine pas que ce coup de cœur puisse un jour devenir réciproque… ! D’autant que même si elle aimerait voir son fils heureux, cela resterait, pour elle, une véritable catastrophe. Toujours très inquiète pour son enfant, Joan vient l’interroger pour savoir si Helena ne l’aurait pas encouragé, d’une manière ou d’une autre, peut-être même sans s’en rendre compte ! Car elle connaît suffisamment bien sa meilleure amie pour savoir qu’elle n’est pas du genre à allumer qui que ce soit, surtout pas un môme de 18 ans à peine… ! Mais Damian la défend immédiatement… et aussitôt ses propos l’interpellent. Posant sa main sur le bras de son fils, et comme suspendue à ses lèvres, Joan ne le quitte pas des yeux, en lui demandant, pour finir : « Est-ce que ça veut dire que tu es amoureux d’elle ? ». Pour elle, c’est un point important, car ça pourrait être une attirance, tout bêtement ! Mais à en voir l’attitude de son fils, cela l’étonnerait beaucoup. Il a l’air très accro, notamment quand il lui demande de ne pas en toucher un mot à sa meilleure amie. Il est soudainement crispé, nerveux. Et Joan ne peut qu’être touchée par son comportement. Elle finit donc par acquiescer, vivement. « Je ne lui dirais rien. » Souffle-t-elle doucement, avant de chercher à capter le regard de son fils, et d’ajouter : « Mais tu comprends que ça ne peut pas durer comme ça. Il faut que tu quittes cette maison. Parce que tu te fais du mal, là… ! Et puis tu sais très bien que ça ne te mènera nulle part… ! C’est Helena, elle… elle ne te voit pas du tout comme ça, tu comprends ? Elle t’aime beaucoup, j'en suis persuadée, mais pas de cette manière-là. ». Et heureusement d'ailleurs, sans quoi sa meilleure amie ferait probablement une syncope... Il est clair qu'elle sera capable de la détester pour ça...

Damian sait que peu importe comment cette conversation tournait, sa mère ne changerait pas d’avis. Elle est obstinée et même si la réaction de son fils n’était pas celle qu’elle espérait, elle s’installerait quand même à Shady Cove. C’est ainsi et pas autrement et l’étudiant le sait très bien, et c’est ce qui le pousse à ne pas argumenter davantage car il s’épuiserait plus qu’autre chose. C’est pour cette raison qu’il dérive la conversation au sujet de sa relation avec Adam. Ils s’aiment tous les deux très forts, et c’est vraiment dommage qu’ils aient à vivre leur vie à distance à présent car il avait bien compris qu’Adam ne reviendrait pas à Shady Cove en revanche. Ça l’attriste quelque part parce qu’il apprécie beaucoup ce type, qu’il a toujours considéré comme une figure paternelle, en fait… ! Il espère que ça s’arrangera entre eux. Sa mère vient lui répondre de ne pas s’inquiéter, que ça allait aller. Il acquiesce silencieusement. Il aurait aimé que tout se passe autrement, bien évidemment. Le retour de Joan allait bouleverser tout son quotidien. Déjà parce qu’il allait devoir déménager toutes ses affaire une fois de plus, mais au fond, il sait très bien que ce n’est pas le fait de tout mettre dans des cartons qui l’embête le plus. C’est le quotidien avec Helena, c’est sa relation avec elle, et tout ce que ça implique qui le rend malade. Il l’aime, il n’a aucune envie de mettre fin à ces mois qu’ils ont passés ensemble et qui ont été, à son sens, les meilleurs de toute sa vie. Même s’ils avaient dû faire des concessions, du genre à se cacher pour vivre leur histoire mais ça en valait clairement la peine…

Lorsque leur conversation s’engage sur une pente assez glissante, Damian comprend que sa mère avait relevé son attitude envers Helena, leur complicité, et leur proximité. De ce fait, il se rend compte qu’il devra faire quelque chose pour lui retirer tout soupçon de la tête de sa mère.  C’est juste vital. Il n’ose imaginer la paranoïa dans laquelle il vivra s’il savait que sa mère continuait à observer ses réactions en compagnie de sa meilleure-amie. De ce fait, il se lance dans une confession qui a un semblant de vérité malgré tout. Oui, il l’aimait, et non, Helena n’avait pas été indifférente. Ils vivent quelque chose de fort, d’intense, que personne ne pourrait comprendre car ça semblait être malsain alors que leur relation lui apporte vraiment quelque chose, que malgré leur différence d’âge, Damian l’aime comme un dingue et que c’est tellement difficile de savoir que tout s’effondrera. Le jeune homme prend la parole pour lui expliquer qu’Helena n’avait rien fait pour provoquer une telle attirance ou quoi que ce soit. Il prend sa défense car il n’a aucune envie de se poser en vidime dans cette histoire car il avait fait ça pour préserver l’amitié des deux meilleures amies… c’est vraiment important pour lui, primordial. En se confessant, le jeune homme donne tout, c’est éprouvant pour lui. Damian baisse les yeux, et se mord la lèvre inférieure en espérant que sa mère voudra bien croire que Lena n’a rien à voir là dedans. Lorsqu’elle l’interroge sur ses sentiments, Damian se mord la lèvre inférieure. « Un peu. » Dit-il, en détournant le regard, voulant minimiser la chose, et réalisant qu’elle pourrait en parler à Helena, chose qu’il souhaite éviter, il reprend la parole, en agrippant sa main, il lui demande de ne rien dire tout simplement. Il affiche un air plus soulagé lorsqu’elle le lui confirme. « Merci… » Lui confie Damian, en baissant à nouveau les yeux. Il est triste, et d’entendre sa mère lui souffler que ça ne pouvait pas durer ainsi, qu’il fallait qu’il s’éloigne de Lena, parce qu’elle ne le voyait pas du tout comme ça, Damian acquiesce. Il sait que c’est faux, mais acquiesce malgré tout. Et à ce moment précis, il n’avait qu’une envie : la retrouver. Le jeune homme n’en pouvait plus de garder toutes ses émotions pour lui, il avait besoin de Lena, de ses bras, de pleurer, de se laisser aller à ses émotions qu’il refoule depuis tout à l’heure. Il aimerait trouver une porte de sortie.

« Je sais, j’ai jamais espéré quoi que ce soit, c’est juste arrivé, c’est tout. » Lance le jeune homme en haussant les épaules. Il ajoute en relevant les yeux vers sa mère, pour lui souffler : « Ouais, de toute façon faut que je commence à emballer toutes mes affaires. Tu vas bientôt devoir y aller non… ? Signer ce bail. » Lui rappelle Damian, en se pinçant la lèvre. Ça le rend dingue de se rappeler ça, mais c’est la vérité, il ne peut l’échapper, que l’accepter même si c’est horrible. Dans sa tête, il n’a que Lena, son cœur bat comme un dingue, il étouffe. Faut que sa mère s’en aille car il avait l’impression de flancher. Il finit même par boire son café cul sec, pour se redonner du courage, qui ne vient pas.

Joan Keller

C’est vrai, Joan aurait apprécié un brin d’enthousiasme de la part de son fils… ! Mais elle est persuadée qu’il saura se réjouir de sa présence avec le temps. Une fois qu’il se sera installé avec elle dans leur nouvelle maison, et qu’il aura repris ses petites habitudes, tout devrait bien se dérouler. Elle espère en effet qu’il réagit ainsi car il est sous le choc, mais que ça finira par lui passer. De toute manière, il est clair qu’elle ne reviendra pas sur sa décision. Elle est persuadée d’avoir pris la bonne, même si cela implique une relation longue distance avec son compagnon. Et elle en est d’ailleurs convaincue davantage quand elle apprend qu’il se passe bel et bien quelque chose entre son fils et Helena. Bien sûr, elle comprend très vite que c’est à sens unique, mais tout de même. Elle réalise qu’il faut absolument que Damian quitte cette maison au plus vite. Il ne doit pas s’enticher d’une femme de 15 ans de plus que lui, qui plus est sa meilleure amie, c’est du grand délire… ! Il est clair que ça ne pourrait les mener nulle part et qui plus est Joan tient à croire qu’Helena n’éprouve pas ce genre de sentiments envers son fils. Elle l’a vu grandir, elle l’a connu enfant… ! Joan pense qu’elle se considère davantage comme une seconde maman pour lui que comme une éventuelle maîtresse… Elle est évidemment loin du compte. Cela dit, elle cherche tout de même à savoir si son amie n’a pas encouragé les sentiments de son fils, d’une certaine façon. On ne sait jamais après tout… ! Et Joan tient à tirer cette histoire au clair, une bonne fois pour toutes.

Mais, aussitôt, l’étudiant prend la défense de la directrice, et fait comprendre à sa mère que celle-ci n’a rien demandé de tout ça, que ses sentiments ont toujours été à sens unique. En réponse, Joan acquiesce, et sent son cœur se serrer, parce qu’elle ressent la détresse et la tristesse de son enfant, et que ça lui est insupportable. Au fil de la discussion, elle comprend aussi qu’il ne s’agit pas que d’une simple attirance, mais bel et bien de sentiments profonds. Elle n’est pas de ceux qui s’imaginent que c’est parce que son fils est encore jeune qu’il ne peut pas être capable de sentiments amoureux, au contraire. Elle est bien placée pour savoir, en fait, que les sentiments qu’on éprouve à l’adolescence sont même plus forts, plus exacerbés que ceux qu’on peut cultiver à l’âge adulte. Encore troublée par ce qu’elle vient d’apprendre, Joan ne peut que garder le silence un instant, avant que son fils ne prenne sa main en lui suppliant de ne pas en parler à la principale intéressée. Cela achève de la convaincre qu’Helena n’est au courant de rien. Et Joan peut comprendre pourquoi son fils souhaite que cela reste ainsi. Elle finit donc par le rassurer, en lui apprenant qu’elle gardera tout ça pour elle. Cela dit, très vite, ensuite, elle essaie de lui faire entendre raison. Elle veut qu’il comprenne que de tels sentiments ne le conduiront nulle part. Elle sait que ça ne se contrôle pas, mais il faut impérativement qu’il aille de l’avant, en commençant par déménager. « Je sais que ça ne se contrôle pas… » Reconnaît sa mère, sans pour autant comprendre ce qui a pu l’attirer chez Helena. A son sens, ils n’ont pas grand-chose en commun… ! Mais elle ne compte pas remuer le couteau dans la plaie en l’interrogeant à ce propos. Elle le sent en effet très fébrile, et conclue simplement de quelques mots : « Mais il faut mettre un terme à tout ça. ». Son fils essaie alors rapidement de passer à autre chose. Il évoque le fait qu’il doive emballer ses affaires et qu’elle doive, de son côté, signer le bail de la maison. Joan jette un coup d’œil à la petite montre rectangulaire qui termine joliment son poignet. Il est encore un peu tôt pour son rendez-vous à l'agence immobilière. « J’ai encore un peu de temps devant moi, je vais en profiter pour passer au centre et apprendre la nouvelle à Helena. » Explique-t-elle, avant de croiser le regard de son fils, et de le rassurer aussitôt : « Je parle de mon retour, bien entendu. ». Un peu gênée, Joan termine son café dans un sourire crispé, puis dépose la tasse dans l’évier, avant de se retourner vers son fils.

« Ensuite j’aurais des tonnes de choses à faire, il faut que je passe faire quelques courses, que je contacte la compagnie d’électricité, d’eau… et demain je devrai accueillir les déménageurs… Oh, au fait, la maison n’est pas bien loin, c’est sur Alder Street. Le numéro 34. On pourrait peut-être se retrouver ce soir à l’auberge ‘Fisher’, pour dîner ? » Suggère-t-elle, avant de poser ses mains sur les bras de son fils, pour les frictionner un peu. « Je sais que ça fait beaucoup de choses à la fois… Est-ce que ça va aller ? » Demande-t-elle, avant de le serrer contre elle un bref instant. Elle sait pertinemment qu’elle est en train de chambouler le quotidien de son fils et elle espère qu’il le vivra du mieux possible. La seule chose qui l’ennuie, c’est de vivre dans la même rue que David, mais Joan n’a pas eu le choix, c’était la seule maison qui répondait à l’ensemble de ses critères… Qui plus est, jusqu’à maintenant, David ne lui a donné aucun signe de vie, ce qui l’arrange grandement pour tout dire.. ! Et même si elle a conscience qu’il pourrait un jour poser problème, Joan ne préfère pas y songer pour le moment…

Le jeune homme a vraiment du mal à s’enthousiasmer du retour de sa mère, et sait que rien ne s’arrangera mais Damian essayera de donner le change, pour donner l’impression du contraire. Il sait que ce n’est que le début de tous ses tourments et tout le bonheur qu’il ressentait avant que sa mère ne débarque aujourd’hui s’est complètement envolé. Il a l’impression de faire un retour à la case départ mais en pire. C’est juste horrible et il aimerait lui dire tout ça, à quel point elle était en train de tout foutre en l’air et qu’il se sentait de plus en plus anéanti au fil de son discours mais ne dit rien. Il s’inquiète pour sa relation avec Adam, trouvant dommage leur éloignement et espère fortement qu’ils n’en viendront pas à se séparer, tandis que lui, il savait qu’il allait devoir le faire, à contrecœur mais à aucun moment Damian cherche à alimenter les soupçons qu’elle avait concernant sa relation avec Helena. Le jeune homme, qui lui ment ouvertement ne manque pas de lui faire comprendre que Lena n’avait rien fait pour qu’il ressente quelque chose à son égard. Il prend sa défense sans plus tarder, ce qui semble conforter sa mère dans l’idée que ça lui était venu d’un coup tout seul, sans que la directrice l’ait provoqué. C’est le but et dans toute sa tristesse, le brun ressent un certain soulagement. Il n’a pas envie que Joan débarque en mode furie sur le lieu de travail de Lena pour lui taper une crise monumentale. Elle a toujours été impulsive et très émotive, elle n’aurait clairement pas bien géré la nouvelle, ce qui le conforte dans l’idée que toute leur relation était impossible tout bonnement à vivre, même en se cachant… !

Dans son malheur, Damian répond aux questions de Joan, en lui affirmant que cet amour était à sens unique. Il est complètement déprimé, sait bien que ce n’est absolument pas le cas, contrairement à ce que sa mère prétend. En effet, Joan se disait que Lena ne s’intéressait pas à lui, et malgré toute l’affection qu’elle ressentait à son égard, il n’y aurait jamais rien entre eux. Damian est « content » qu’elle se conforte dans une pareille idée bien qu’elle soit fausse car c’était le but de la manœuvre, de sa confession, aussi difficile soit-elle. Le cœur brisé, le jeune homme lui fait comprendre que ce sont des sentiments qu’il ne contrôle pas, qu’il n’a pas spécialement voulu à la base. Il hausse les épaules, sans savoir quoi ajouter lorsque sa mère reconnait ses propos. Si elle s’interroge sur ce qui avait pu lui plaire chez la directrice, l’étudiant aurait pu lui faire toute une dissertation à ce sujet car Helena est bourrée de qualités et il a su l’apprécier à sa juste valeur même s’ils ne se ressemblent pas comme deux gouttes d’eau. « Je sais bien… c’est pas comme si j’entretenais tout ça. » Répond le brun, les sourcils froncés, en espérant qu’elle n’insisterait pas davantage car ça commence à l’agacer un peu. Il passe d’ailleurs à autre chose en l’interrogeant. Il aimerait vraiment qu’elle s’en aille en fait, histoire de pouvoir se retrouver seul, de penser, de se morfondre, de faire ses cartons également même si c’était la dernière chose qu’il souhaitait, à dire vrai. Il se tire une balle intérieurement en entendant Joan lui souffler qu’elle avait encore un peu de temps pour elle, et qu’elle comptait l’utiliser pour faire un saut au centre de loisirs pour parler à sa meilleure amie.

Une fois de plus, Damian a l’impression qu’elle lui coupe l’herbe sous le pied car Damian aurait préféré lui parler avant, mais ça, c’était impossible et ça le rend dingue. Il fulmine un peu de l’intérieur, alors qu’il hoche la tête, se retient de lever les yeux au ciel lorsqu’elle lui précise qu’elle comptait lui parler de son retour. Ça le met mal à l’aise qu’elle mette encore le point sur ses sentiments, même si c’était dit maladroitement Il sentait qu’il allait certainement en entendre parler pendant un sacré bail… ! Jusqu’à ce qu’il se retrouve une copine probablement. Chose qu’il n’a aucunement envie de faire d’ailleurs.  « D’accord… ! » Répond bêtement le jeune homme tandis que sa mère ajoute pour lui expliquer le programme avec plus de détails. Il apprend qu’ils vivront sur Alder Street.  « J’ai des potes qui vivent sur Alder Street… » Lance le jeune homme, plus pour lui-même finalement en acquiesçant dans un semblant de sourire. « Mais ouais, on se retrouve ce soir,  je t’appellerai en fin d’après midi pour voir où t’en es pour qu’on se dise une heure. » Lui fait savoir le jeune homme, en relevant les yeux vers sa mère lorsqu’elle frictionne ses bras, puis vient l’enlacer brièvement. Il s’efforce de sourire  en posant ses mains sur ses bras, dans un geste affectif. « Ouais t’inquiètes, je pense que j’ai besoin de réaliser, tout ça… et puis de rassembler mes affaires comme ça, ça trainera pas, j’ai entassé du bordel en quelques mois mine de rien. » Dit-il en haussant les épaules. « On se voit taleur alors, bon courage pour le reste de ta journée. » Conclu l’étudiant, en déposant un baiser sur son front, il n’a jamais été bien subtile et c’est vrai qu’il essayait de s’en débarrasser. XD

Joan Keller

Joan est à des années-lumière de réaliser ce qui se passe à l’instant même dans la tête et le cœur de son fils. Elle n’imagine pas qu’elle puisse être en train de briser une relation entre Damian et Helena, que son retour va chambouler autant de choses. En fait, à la base, elle imagine que c’est simplement un déménagement de plus pour l’étudiant, rien de bien méchant. Elle n’a pas l’impression de chambouler son quotidien tant que ça et pense plutôt que son fils s’inquiète d’elle, et de sa relation avec Adam. Elle ne voit pas plus loin que ça, et quelque part c’est aussi bien, car si elle avait la moindre idée de ce qui s’était passé pendant son absence, sans doute deviendrait-elle complètement dingue.

Bien sûr, par la suite, elle comprend que le lien qui unit Damian à Helena est plus profond qu’une simple petite amitié ou quelque chose comme ça. Son fils est plutôt clair sur les sentiments qu’il éprouve pour la directrice et semble très affecté d’en parler à sa mère. Celle-ci aurait aimé qu’il aborde le sujet plus tôt car elle considère que le fait qu’il vive avec la directrice n’avait finalement pas grand-chose de très sain dans ces conditions. Heureusement, elle a la sensation de revenir au ‘bon’ moment, pour permettre à son fils de prendre un nouveau départ et d’oublier cette histoire qui ne l’aurait, de toute manière, conduit à rien. En effet, à ses yeux, la directrice n’a que faire d’un jeune homme de 18 ans, et pour cause : ils n’auraient strictement rien à faire ensemble. C’est une manière sans doute un peu radicale d’appréhender les choses, mais il faut dire que Joan préfère garder tout ça très abstrait dans sa tête. Pour elle ce n’est juste pas concevable. Parce que Lena a vu son fils grandir, parce qu’ils ont 15 ans de différence d’âge et parce que jamais ô grand jamais sa meilleure amie n’oserait lui faire subir un truc pareil.

Cela dit, en en discutant avec Damian, Joan ressent vraiment sa tristesse, et quelque part elle croit savoir ce qui le met dans un tel état. En effet, même s’il a conscience que sa relation avec Helena ne le mènera jamais nulle part, il doit se sentir malheureux à l’idée de la quitter, de s’éloigner d’elle… Mais ça lui passera sans doute. Sa mère en est convaincue, tout comme elle est convaincue du fait de lui rendre service en lui proposant de déménager sans plus attendre. Tout cela a trop duré et elle préfère sortir son fils de cette maison avant que ses sentiments ne deviennent plus forts ou pire encore, qu’il tente quelque chose par exemple. Oui, Joan est très loin du compte...! Quoi qu’il en soit, il est clair qu’elle ne verra plus sa meilleure amie du même œil à présent… C’est dommage, mais Joan a le sentiment que cette histoire va les éloigner. Elle aura bien du mal à convier sa meilleure amie chez elle comme avant, à passer du temps en sa compagnie, en sachant ce qu’elle sait. Sentant son fils de plus en plus chatouilleux sur le sujet, sa mère préfère passer à autre chose. Ce n’est pas une confession qu’elle oubliera de sitôt bien entendu, mais elle comprend que Damian soit bouleversé et ne tient pas à insister à ce propos davantage. En fait, comme elle le lui indique par la suite, elle compte bel et bien le laisser seul et profiter du temps qui lui reste avant son rendez-vous pour aller prévenir Helena de son retour. Pour le coup, elle se sent assez maladroite, et finit par vider son café puis à s’approcher de l’évier pour y déposer sa tasse.

Changeant radicalement de sujet pour penser à l’avenir et à ce qui les attend, Joan parle à son fils de la maison qu’elle compte louer, et lui indique qu’elle est située sur Alder Street. Damian lui apprend que certains de ses amis vivent là-bas. Sa mère affiche aussitôt un sourire. Au moins il aura quelques repères sur place, bien que Shady Cove ne soit déjà pas une grande ville à la base. « Oh, c’est vrai ? Tu pourras les inviter quand on sera installés ! » Suggère immédiatement Joan qui tente, bien évidemment, de voir le bon côté des choses et de le motiver un minimum. Mais elle sent bien que ses tentatives sont vaines… Elle espère, du coup, qu’en le retrouvant plus tard pour dîner, son fils aura repris du poil de la bête. « D'accord, on fait comme ça ! » Répond-elle, avant de l’enlacer et de lui demander si tout ira bien. Damian est son fils et elle ne peut s’empêcher d’avoir un côté ‘maman-poule’ avec lui, même s’il est grand désormais et qu’il n’a sans doute pas besoin qu’on le chouchoute de la sorte. D’ailleurs, rapidement il l’incite à s’éclipser, préférant sans doute se retrouver un peu seul, ce que Joan peut parfaitement comprendre d’ailleurs. Elle recule d’un pas après qu’il ait déposé un baiser sur son front. « Merci, à tout à l’heure alors ! » Lance-t-elle, en essayant toujours de se montrer positive, et en lui adressant un dernier sourire, assez tendre pour tout dire, parce qu’elle est assez confuse quant à leur discussion, mais qu’elle ose espérer que tout se passera pour le mieux, une fois qu’ils auront pris le temps de se retrouver. N’ayant pas besoin de son fils pour retrouver la sortie, Joan sort seule de la maison, bien décidée à aller trouver sa meilleure amie sans plus tarder pour lui annoncer, à son tour, son retour en ville…

Fin de la scène