Seize heures pile. Chandler a passé la journée dans son bureau à signer une tonne et demi de papiers administratifs et a bu minimum quatre litres de café pour se tenir éveillé. La nuit a été rude, depuis Halloween, la rumeur sur Ryan, il se demande s’il ne s’est pas trop investit pour cette ville qui n’est même pas la sienne. Ces doutes, il n’en a parlé à personne, il faut dire que la discussion sur Skype avec son frère à Boston qui vient tout juste de se voir offrir le poste de PDG régional de sa boîte n’a pas arrangé son petit coup de déprime. Ce sont des vagues qui vont et qui viennent, un instant Hayes se voit déjà réélu maire de Shady Cove, paré pour un nouveau mandat à faire évoluer cette ville et révéler ce qu’elle cache de meilleur,  l’autre il se dit qu’il pourrait trouver une place d’inspecteur juridique d’état. Un boulot de fonctionnaire qui lui ouvrirait des portes bien plus larges en politique. Il voyagerait dans tout le pays pour redresser les communes en difficulté, côtoierait quelques grands et se ferait un large réseau. C’est peut-être une passade normale, un coup de moue du à l’hiver venant. Il lui faudrait sans doute un nouveau projet, quelque chose de grand qui puisse le remettre sur la voix de ce qu’il souhaite vraiment faire de sa vie.

Le maire range donc ses dossiers, ouvre une page internet et divague quelques minutes quand son assistante lui annonce que son rendez-vous est arrivé. Il se prépare donc à recevoir la jeune femme qui a réclamé à le voir. Une décoratrice d’intérieur avec un projet qui pourrait sans doute l’emballer, mais pour le moment, il a besoin de plus de détails.

« Tu peux la faire entrer. » dit-il à l’attention de l’employée tandis que Charlotte Greene passe le pas de la porte. « Bonjour, vous allez bien ? » demande-t-il aussitôt par politesse et intérêt. Il lui adresse un large sourire et s'approche pour lui tendre la main. Il connait déjà Charlotte plus ou moins, parce qu’il l’a croisée en ville, souvent en présence d’Helena d’ailleurs, mais aujourd’hui elle veut lui faire une proposition professionnelle, ce qui intrigue pour le moins notre maire.

Est-ce le fait de s'être enfin lancée dans l'adoption qui la pousse en avant ? Ou est-ce que ses projets d'adoption font partie de cet élan qu'elle ressent en ce moment ? Sans doute un peu des deux, une conjoncture favorable comme on dit, en tout cas Charlotte déborde d'énergie pour se lancer de nouveaux défis. L'un d'entre eux est professionnel, et la travaille depuis maintenant plusieurs semaines.
Comme décoratrice d'intérieur à Shady Cove, notre ex-New Yorkaise n'a pas à se plaindre ; elle est la seule sur la place, et même si les perspectives de développement ne sont forcément pas les mêmes que dans une grande ville, sa clientèle est suffisamment élargie, et surtout fidèle. Elle a, en outre, une qualité de vie qu'elle ne trouverait pas forcément dans une grosse métropole, et qui n'a pas de prix à ses yeux.
Ca ne l'empêche pas, néanmoins, de vouloir autre chose. Un engagement avec plus de coeur. Elle y pensait, sans bien savoir quoi faire, jusqu'à ce qu'une jeune femme vienne la consulter, avant de décliner, la faute à un devis trop élevé. C'avait été le début d'une réflexion de la part de Charlie sur le besoin de chacun de se sentir bien chez soi.
Et, maintenant, à peine quelques semaines plus tard, la voilà chez le maire pour présenter son projet.

Elle ne le connaît que vaguement, par l'intermédiaire d'Helena, et n'a même jamais eu l'occasion d'échanger autre chose avec lui que les politesses d'usage, mais elle sait néanmoins qu'il n'est pas hostile aux démarches sociales, loin s'en faut.

Bonjour. Bien, merci, et vous ?

Alors qu'elle s'assied sur le siège qu'il a désigné, elle se rend compte qu'elle n'a pas réfléchi à l'introduction de son projet. Et maintenant, elle ne sait plus bien par où elle peut commencer. Son dossier est sur le bureau, prêt, mais quid de l'introduction ?

HJ:

Il décide de laisser ses préoccupations de côté à l’instant où Charlotte entre dans le bureau. Chandler n’a pas accepté de la recevoir uniquement parce qu’il s’agit d’une amie d’Helena, mais surtout parce qu’il apprécie les gens qui s’impliquent pour leur ville et veulent apporter un peu de neuf pour cela. Il sait qu’il n’est pas le seul à vouloir faire bouger les choses et considère que l’union fait la force. Il ignore encore tout du projet de la jeune femme mais est désormais prêt à l’écouter avec attention.

« Très bien merci. »

Il l’invite à s’asseoir et fait de même. Son bureau n’étant pas clinquant, il ne faut pas imaginer que le maire Hayes soit pompeux et du genre à se croire plus haut que tous. Chandler est après tout un habitant lambda comme les autres, c’est sans doute ce qui lui permet d’aussi bien s’occuper de Shady Cove, son humilité. Il repère néanmoins la nervosité de la jeune femme et souhaite la rassurer avant qu’elle commence.
« Je suis impatient d’écouter votre projet » dit-il en souriant. « Hmmm, on devrait peut-être se mettre à se tutoyer cela dit, on se connait un peu maintenant. » annonce-t-il espérant ne pas la mettre davantage mal à l’aise.

Le basculement au tutoiement agit comme un déclic pour Charlotte qui se dit qu'après tout, même si elle n'a pas préparé son projet au cordeau, c'est l'intention qui compte. Et puis, sur le fond, elle sait ce à quoi elle veut aboutir. Ce n'est finalement que la forme qui est perfectible. Ce n'est pas si grave en soi.

Pas de problème, si cela ne t'ennuie pas. Je t'avoue que ce sera plus facile pour moi. J'ai peur de ne pas avoir très bien préparé l'amorce de mes explications.

Ce qu'il faut, simplement, c'est qu'elle remette un peu d'ordre à toutes les pensées qui fusent dans sa tête. En laissant de côté l'adoption, Peter, l'adoption et Peter, enfin bref, tout ce qui la préoccupe en dehors du domaine professionnel.

Tu sais que je suis décoratrice d'intérieur.

Jusque-là, pas de scoop.

Il y a quelques semaines, une habitante de Shady Cove est venue me trouver pour des travaux chez elle. Je dois bien avouer que ça n'aurait pas été du luxe. Mais il s'avère que mon devis ne rentrait pas dans son budget.

C'était la première fois que cela lui arrivait. Jamais, jusqu'à présent, on avait fait appel à ses services sans être certain de faire ensuite les travaux et aménagements qu'elle préconisait. Il faut dire que le logement qu'elle avait visité n'était pas tout à fait du standing de ses clients habituels. Mais enfin, elle ne se formalisait de rien.

Je n'ai pas la fibre sociale. Enfin, pas dans le sens de distribuer la soupe populaire. Je crois qu'on peut agir autrement. Et j'aimerais agir autrement. Avoir un logement correct, dans lequel on a plaisir à vivre, c'est important pour l'insertion.

Là-dessus, elle avait des billes. Elle avait trouvé des études menées ces dernières années sur le sujet. Les chiffres étaient éloquents, en particulier sur la réinsertion des chômeurs de longue durée. Un logement remis à neuf participait à les réhabituer à un rythme de vie plus susceptible de les mettre en situation de trouver du travail.
Elle tendit les graphes au maire :

Regarde, les chiffres sont éloquents.

Chandler connait Charlotte après tout. Peut-être pas autant qu’une amie mais tout de même, ils peuvent bien passer à une forme de communication un peu plus détendue. Charlotte prend d’ailleurs immédiatement la perche lancée par Chandler et semble dire à sa nervosité de ficher le camp. Elle s’excuse par avance d’une manière singulière que Chandler saisit bien.

« Ne t’en fait pas, on a pas besoin d’être formels entre nous. » dit-il aussitôt. Shady Cove a une certaine notion de l’étiquette, une notion qui veut qu’on en colle sur quiconque débarque un pied ici mais qu’on se soucie peut des convenances bien trop lourdes et des formules de politesses trop fausses et pompeuses. Tout dépend des gens bien sûr, mais la majorité des habitants est d’une simplicité que Chandler adore, sans chichis.

« Oui, en effet. » répond-il d’un large sourire. Il la laisse continuer, attentif. Elle lui explique avoir eu à faire avec une habitante nécessitant des travaux mais sans en avoir vraiment les moyens. Il la laisse argumenter. Charlotte semble être une femme intelligente et ce qu’elle annonce ne fait que le prouver. Pas étonnant qu’elle soit une très bonne amie d’Helena Elle lui tend quelques graphiques qu’il étudie d’un œil étonné. Chandler ait que tous les habitants du coin ne roulent pas sur l’or mais il ne pensait pas qu’une telle aide pourrait être utile…et pourtant.

« Ah ouais, en effet. » Il pose les papiers. « Et, qu’est-ce que tu proposes ? » demande-t-il ensuite curieux.

La question de comment mettre en place les choses est incontestablement celle qui lui a posé le plus de problèmes. Parce que ... eh bien, quand vos clients ont un budget extensible et conséquent, vous ne vous posez pas trop de questions. Or, elle avait bien dû se résoudre à admettre que ce qu'elle achetait était souvent cher. Ou gratuit. Elle avait toujours apprécié utiliser ce que la nature pouvait offrir, plutôt que des produits manufacturés censés imiter ça. Mais impossible de tout faire en gratuit. Encore que ...
Après avoir cogité pendant des heures sur le sujet, il lui était venu une idée qui ne lui semblait pas dénuée d'intérêt.

Bon, déjà, concernant la main d'oeuvre, je pense qu'on peut faire mettre la main à la pâte à des volontaires, et aux bénéficiaires.

Pour ça, elle ne se faisait pas trop de soucis. Elle n'avait certes pas passé sa vie à Shady Cove, mais elle avait déjà eu l'occasion quand même de constater qu'ici, les gens formaient une vraie communauté, qui savait s'entraider.

Ensuite, en ce qui concerne les objets de décoration, voire même les meubles, j'avais imaginé une sorte de gigantesque vide-grenier. Un certain nombre de mes clients ne conservent pas toute leur ancienne déco quand ils en changent, sans compter que les logements dans lesquels on interviendrait pourraient être mis à contribution aussi. Il y a peu de chances que je garde tout, sinon je ne sers pas à grand-chose. C'est du deux en un, ça &vite aussi le gaspillage.

il y a, bien entendu, tout ce qu'on peut imaginer faire faire aux gens. Parfois, avec quelques pommes de pin, du bois flotté, etc. on peut faire des choses merveilleuses. Et Charlotte, qui ne fait pas partie de ces décoratrices snobs qui ne jurent que par le luxe, adore ça. Ne reste qu'un seul sujet qui la bloque, pour lequel elle n'a aucune idée. Chandler pourrait-il rejeter sa proposition à cause de ça, estimant que le projet n'est pas si bien ficelé ?

Je n'ai qu'un seul problème. Les peintures, les tapisseries. Ce n'est pas réutilisable. Je n'imagine pas un magasin de bricolage nous en offrir, il en faudra trop. Je ne sais pas.

C'est difficile d'avouer son impuissance, le projet lui tient tellement à coeur. Elle a l'impression d'avoir une telle énergie à investir dans quelque chose d'utile en ce moment. Si elle doit avoir un enfant, il ou elle sera fier d'elle.

Chandler est à l’écoute de Charlotte. Il est impressionné par son esprit d’entreprise et a hâte de connaitre les détails de son plan. Déjà, son idée de départ est prometteuse, il apprécie de voir que certains habitants se soucient des plus démunis. Shady Cove est une ville tranquille, mais le nombre ne change rien au fait que certains ont de l’argent, d’autres pas. Charlotte semble plus détendue lorsqu’elle commence à exposer son idée.

Elle parle dans un premier temps de la main d’œuvre. Elle pense que faire appel à des volontaires ainsi qu’aux bénéficiaires eux-mêmes est une bonne idée et Chand’ ne peut que la rejoindre sur ce point. Les gens s’impliquant dans leur propre habitat sont souvent plus enclins à le respecter ensuite. Parfois, la vie vous mets plus bas que terre et on a plus envie de ne rien faire, même pour entretenir sa maison, mais un coup de pouce comme ça peut se révéler salvateur. Elle parle ensuite des objets, mobiliers etc. L’idée d’un vide grenier géant plait énormément à Hayes. Ce serait l’occasion d’un nouvel évènement en ville. Il prend quelques notes tandis que Charlotte continue son explication.

« C’est génial cet idée du grand vide-grenier, on pourrait organiser ça un samedi ou un dimanche, impliquer la majorité des habitants. »

Son sourire s’élargit, il se sent tout à coup très enthousiaste pour ce projet. Elle explique ensuite que concernant les matériaux, elle a un problème. Chandler opine du chef l’air concerné. Les caisses de la ville ne sont pas vraiment très remplies mais Shady Cove n’est pas en déficit, c’est déjà cela. Chandler pourrait offrir une subvention, mais il faudra l’accord du conseil municipal, et ça ne serait pas non plus une subvention énorme. Il réfléchit un instant avant de répondre.

« C’est vrai, la ville pourrait apporter une subvention, mais ça ne serait pas énorme. Après, certains magasins de la région pourraient faire un effort sur les prix si on médiatise tout cela et qu’on leur fait de la pub. »

Il note encore quelque chose sur son carnet et reprend : « Tu devrais en parler à Noah Clarke pour qu’il t’apporte un appuie, il écrit de très bons papiers et ça pourrait être un tremplin. Après, il y a peut-être des associations nationales qui pourraient aussi apporter des subventions. » Ce sont des idées en l’air comme ça. Chand’ voit cela comme un brainstorming désormais, le projet en lui-même, il l’a déjà adopté !

Ca plaît ! Son idée plaît à Chandler. C'est génial, et elle ne peut s'empêcher de sourire. Depuis qu'elle a eu cette envie de s'impliquer plus dans la communauté de Shady Cove, elle a tellement réfléchi à tout ça, comment faire, etc ... Elle y a mis son coeur, et sa tête, alors penser que ce n'était pas que des idioties lui fait vraiment chaud au coeur. Qui plus est, Chandler, en sa qualité de maire de la ville, a bien sûr les idées qu'il faut pour l'aider. Impliquer les gens de la ville, qu'ils bénéficient ou non de ses services, est une super idée pour renforcer les liens de tout le monde, Charlotte en était persuadée. C'est une gratification certaine de voir qu'elle avait raison sur ce point.
Elle a déjà des idées dans tous les sens. Où organiser ça, comment ... Elle s'imagine déjà un beau dimanche, le soleil qui brille, le genre de vision idyllique qu'elle avait des petites villes quand elle habitait à New York. Sauf qu'à l'époque ça ne la tentait pas plus que ça. C'était simplement ce qu'on imagine, ce qu'on voit à la télé.

Ce serait une chouette occasion pour tout le monde de se rencontrer, passer du temps ensemble.

Bien sûr il y avait un gros travail en amont, ce ne serait pas faisable avant de longues semaines. Trouver quelques personnes prêtes à l'aider dans ce projet, offrir son aide et attendre que des gens acceptent cette initiative. Avouer qu'on est dans le besoin, ce n'est jamais simple, à fortiori dans les petites villes. Pourtant, les gens sont tellement prêts à aider. On ne sait jamais ce qui vous arrivera demain, connaître des difficultés, cela arrive à tout le monde.

Si la ville peut offrir une subvention, ce sera merveilleux.

Ce n'est pas ce pour quoi elle est venue à la base. Pour de l'aide et des conseils, oui. Pour de l'argent pas vraiment. Mais enfin toute aide est bonne à prendre, bien évidemment. En parlant d'aide ... elle ne connaît pas ce Noah Clarke, si ce n'est de nom.

Je ne le connais pas, à part à travers le journal. Je pourrai me présenter à lui de ta part ? Je pense que tu as raison, il pourrait vraiment nous aider.

Chandler connaît d'ailleurs peut-être d'autres personnes. Charlotte sait qu'il y a déjà quelqu'un à qui elle proposera de s'impliquer, c'est la jeune femme qui l'avait consultée et qui, sans le savoir, est à l'origine de cette initiative.

Connaîtrais-tu d'autres personnes susceptibles d'être intéressées pour apporter leur aide ?

En demande-t-elle trop au maire ? Même si elle est contente que son idée plaise, elle a toujours un peu cette crainte ... Enfin ! elle est là, après tout, alors ...

Cette idée ne peut que plaire à Chandler. Il est naturellement altruiste et une action comme celle-ci promettant d’aider les autres, c’est du pain bénit pour lui. Surtout qu’il constate en écoutant parler Charlotte qu’elle a mis beaucoup de cœur dans ce projet, ce n’est pas un autre projet commercial à la con mais une vraie promesse d’aider les plus déshérités. Elle a bien fait de prendre ce rendez-vous pour lui parler de tout ça. Chandler écoute ravi et prend bien note de tous les faits et de ses questions.

« C’est vrai, on a jamais trop d’occasions pour que les gens de la ville se rencontrent. Il n’y a rien de pire qu’une ville où personne ne connait personne. »

Il se souvient de ses années passées en banlieue de Chicago et c’est sans doute ce qui lui à le plus plu à Shady Cove. Bon, on ne peut pas dire qu’il n’y ait pas de contact entre les habitants, mais ce genre de chose, il n’y en a jamais trop.
Cependant, ce genre d’entreprenariat demande énormément de temps et même de l’argent, c’est ce qui sera sans doute la plus dur à trouver. Mais s’ils ficellent tout comme il le faut, il n’y a pas de raison que cela ne se fasse pas. Chandler ne peut pas promettre des mille et des cent en guise de subvention, mais il trouvera un moyen de donner un peu. Il sourit à la jeune femme qui semble ravie de l’entendre et continue en lui proposant des solutions pour trouver un moyen de faire des économies. Il lui parle aussi de Noah Clarke, bon journaliste. Chand n’est pas particulièrement proche de lui mais en effet, il sera sans doute content de pouvoir relayer ce genre d’informations.

« Oui, bien entendu ! » dit-il en souriant. Elle lui demande ensuite si d’autres personnes pourraient être intéresser pour apporter leur aide. Il réfléchit un instant.

« Là, je ne vois pas, mais je ne manquerais pas d’en parler autour de moi. »

J'ai vécu presque toute ma vie à New York, alors je connais bien ça ... On dit que Manhattan est un village, mais je ne l'ai jamais vu comme ça.

Shady Cove était bien évidemment très différent. Encore que ... elle n'avait sans doute pas autant de connaissances qu'elle aurait pu en avoir. C'était sa faute. Elle était ici depuis plusieurs années maintenant, mais elle n'avait pas pris la peine de développer tant que ça sa vie sociale. Elle connaissait les gens de vue, ou en tant que clients, mais elle n'en fréquentait pas tant que ça dans le cadre personnel.
Il faudrait tout de même qu'elle s'y mette. Les nouvelles aspirations qu'elle avait dans sa vie aujourd'hui l'y poussaient. C'était simplement difficile, de rencontrer des gens du jour au lendemain ; en tout cas, ça l'était pour elle.
Mais bref, elle n'était pas là pour réfléchir à sa vie sociale. Encore que ... son projet pourrait peut-être l'aider, allez savoir !

Merci de ton aide en tout cas.

C'est quelque part un échange de bons procédés : ce qu'elle propose est un plus pour Shady Cove, elle en avait la conviction avant de venir présenter son projet, sans quoi elle ne l'aurait pas fait. Mais quoiqu'il en soit, sentir que Chandler soutient l'initiative est important, et à fortiori qu'il est prêt à en parler autour de lui et la mettre en contact avec des gens susceptibles de l'aider.

Je pense prendre rendez-vous avec Noah Clarke, comme tu me l'as conseillé. Et ... je ne vais peut-être pas t'embêter plus longtemps ? A moins que tu n'aies d'autres questions ou autre ?

Shady Cove n'est pas très grand, mais enfin, un maire doit y avoir suffisamment de travail, et elle ne voudrait pas le déranger. Qui plus est, il lui semble que tout à été dit pour le moment. A moins qu'elle n'ait oublié quelque chose. On n'en est qu'aux balbutiements.

Spoiler:

« New York ? Je savais pas. Moi je suis de Chicago à la base, ça ne m’étonne pas qu’on soit du même avis sur la question du coup. » Il rit légèrement et pose ses mains bien à plat sur son bureau pour mieux prêter son attention à Charlie.

Une petite ville est l’idéal quand on a un caractère humaniste. Depuis qu’il vit ici, Chandler réalise à quel point il a ce caractère là. Il apprécie également Chicago et y revenir, mais Shady Cove est devenue son foyer d’adoption, le foyer le plus précieux. Il n’imaginait pas en s’installant ici voir son amour de la région et de la ville grandir encore et Chandler en parle volontiers à qui veut l’écouter.

Il parle à nouveau de ses idées pour le projet de Charlotte et celle-ci attend qu’il ait fini pour le remercier. Chandler n’a pas l’impression d’en avoir fait tant que ça, son projet était déjà bien clair et très intéressant. Il adresse un sourire flatté à son invitée et lui signifie qu’il n’a pas besoin d’être remercier par un signe de main.

« Tu ne m’embêtes pas, mais non, non, j’ai rien à ajouter. »

Il se sent même complètement revigoré, reprenant confiance en la bonté humaine. Si elle va voir Noah, elle trouvera sans doute un bon relais médiatique et dés que tout sera bien ficelé, Chand’ sera le premier à apporter son aide à Charlotte. Son visage est radieux, il ne regrette pas d’avoir pris sur son temps pour cet entretient. Il se lève alors que Charlie est sur le point de partir. Il repasse devant le bureau pour la saluer et la raccompagner avant d’oser lui demander après hésitation : « Et, si tu vois Helena, tu lui passeras le bonjour de ma part. »

Il lui dit enfin au revoir, dans un immense sourire à nouveau et la laisse s’éloigner avant de reprendre ses activités.

Fin de la scène