C’est une soirée comme les autres. D’habitude les filles de mon âge préfèrent aller en boite de nuit ou traîner dans les bars pour faire de nouvelles rencontres. Moi, je suis stripteaseuse. Le regard des gens me fait souvent rire. Oui je me déshabille devant des inconnus. Oui j’assume totalement de faire ce métier. Et après ? C’est quoi leur problème aux gens ? On ne leur a pas demandé de se mettre à ma place. D’ailleurs, j’ai l’art et la manière d’afficher un sourire lorsqu’on me regarde d’un air outré. Personne ne peut réellement comprendre dans le fond. Quand tu vois qu’un rêve se brise mais que t’as quand même envie d’exercer ta passion, tu trouves des alternatives. C’est ce que j’ai fait, même si au début j’étais sceptique à l’idée de devenir stripteaseuse. Quoi qu’il en soit, c’est un soir comme les autres. Sur scène, je danse tout en me déshabillant devant des hommes qui ont certainement des arrières pensées. Mais je m’en compte, tout ce qui compte c’est que je m’éclate. Je sais que ça peut-être un métier quelque peu dangereux mais je m’en contrefiche. Je suis jeune, plutôt jolie et très talentueuse, je n’ai donc pas le droit de m’interdire de faire quelques chose comme ça. Les heures passent et je ne me lasse pas de danser devant les gens. Je suis loin d’être pudique, j’aime me montrer. Me mettre en maillot de bain à la piscine, ça n’a jamais été un problème pour moi comparée à la plupart de mes amies.

La fermeture arrive enfin. Non pas que je sois soulagé mais danser c’est fatiguant. On ne dirait pas comme ça, mais j’ai besoin de me reposer. Je me dirige vers les vestiaires pour me rhabiller. J’étais la dernière à sortir comme d’habitude. En général, je prenais mon temps. Une fois que je finis de m’habiller, je me regardai une dernière fois dans la glace, chercha mon téléphone portable et mes clefs de voiture. Il était hors de question que je rentre à pied. Une fois que j’eus finis, j’attrapais mon sac à main et me dirigea vers la porte pour sortir des vestiaires. Je l’ouvris et sursauta en voyant Nick. Je lui souris ensuite et lui lança :

« Tu m’as fait peur. » Je marquais une brève pause, puis lui demanda plus par politesse qu’autre chose : « Tu veux que je te ramène ? »

Ce n’était pas la première fois que Nick et moi on se retrouvait tous les deux au Warehouse. Depuis quelques temps, j’étais juste un peu distante avec lui. Je voulais juste qu’il comprenne que je ne ferais pas partis de son palmarès. Certes, lui proposer de le ramener en voiture ce n’était pas l’idée du siècle mais qu’importe. Je le regardais, attendant une réponse de sa part.

J’avais pour habitude de prendre mon temps lorsque je finissais le boulot. Je n’aimais pas me presser même si l’idée de retrouver mon lit me plaisait plutôt bien. D’ailleurs en sortant des vestiaires, je ne pensais pas voir Nick. Certes c’était le gérant du club mais bon, j’aurais pensé qu’il serait déjà partis ou qu’il était en train de siroter quelque chose au bar. Je souris lorsque j’entendis sa réponse. Encore heureux que ce ne soit pas voulu, il ne manquerait plus que ça. Dans élan de bonté ou simplement parce que je voulais être polie, je lui demandai s’il voulait que je le raccompagne en voiture. Il refusa ma proposition. Pour me taquiner, il me dit aussi qu’il n’était pas possible de fumer dans ma voiture. Ce n’était pas totalement faux, même s’il m’arrivait de faire quelques exceptions à la règle. Bref quoi qu’il en soit, je répondis pour le taquiner comme lui l’avait :

« T’as raison, ça te fera faire un peu de sport, faut que tu t’y mettes un peu. » Je marquais une brève pause, puis un sourire aux lèvres j’ajoutais : « Alors ça c’est vraiment l’excuse la plus pourrie que j’ai jamais entendu. Puis, t’as qu’à pas fumer non plus.»

Je continuais de le regarder attendant une réponse de sa part. Il me complimenta ensuite sur ma prestation du soir. En même temps, les clients étaient presque toujours satisfaits. Le pire dans toute cette histoire c’est que ma famille n’était pas au courant de tout ça. Il m’arrivait parfois de m’inventer des scénarios et d’imaginer leurs réactions mais c’était impossible qu’ils acceptent réellement l’idée. Enfin quoi que, je n’en savais rien. D’un autre côté quels parents rêveraient de voir leur fille devenir stripteaseuse ? Aucuns. Bref quoi qu’il en soit, je finis par lui répondre :

« Merci. » Je lui souris puis essaya de reprendre un air sérieux et lui lança : « En même temps, on a du talent ou en a pas, c’est pas de ma faute si j’en ai. »

J’étais loin d’être le genre de fille à me vanter. J’avais dit ça pour rigoler, pour voir comment il allait réagir. J’aimais bien embêter mon monde de temps en temps. De plus, vu l’heure il ne fallait pas me demander d’être sérieuse parce que je commençais à être vraiment fatiguer. Je continuais de le regarder, sans rien dire.