25 décembre 1994 « L'est ou maman ? » me lance Wade, peluche à la main. Je le regarde, sans vraiment connaitre la réponse idéale à cette question. Papa était allongé dans sa chambre fermée à clé depuis des heures. Accablé par la nouvelle du cancer de l'amour de sa vie, il était incapable d'assumer son rôle de père. Alors je tentais d'aider au mieux, même si je n'avais pas tous les tenants et aboutissants, pour moi, maman était malade et elle reviendrait vite. « Elle est parti mais va vite revenir, les médecins vont la soigner. » J'aurais aimé que Papa soit là à cet instant. « C'est parce que j'ai pas été sage que le père noël il a pas voulu ramener maman. » Je serre son corps frêle, l'embrasse sur le front et ajoute : « tu sais, parfois, même le père noël ne peut pas nous apporter ce que l'on souhaite. » Noël n'a jamais plus eut la même magie depuis cette année là.

10 février 1995 Assis dans la chambre de maman, je fais un dessin, vous savez de ceux qui finissent bien, avec la maison et la petite famille réunie au centre. Mon but, l'offrir à maman pour que cette dernière retrouve le sourire. Depuis qu'elle est arrivée à l'hôpital, elle dort presque tout le temps, Papa dit qu'elle a besoin de repos. Un "bip" strident envahi la salle et je vois le staff médical s'affairer autour de moi, une véritable fourmilière, je suis emmener dehors par une infirmière et malgré mon jeune âge je comprend que ça ne rime pas avec positif. Pourtant, je me sens perdu, au milieu de ce couloir, seul. Un regard circulaire autour de moi, simplement pour trouver quelqu'un à qui m'accrocher. Je vois mon père en larmes dans le couloir, je ne l'ai jamais vu pleuré depuis ce jour.  « Papa ? » Il lève le regard vers moi et m'attire dans ses bras. Je comprend à cet instant que rien ne sera plus jamais comme avant. L'enterrement se déroule quelques jours plus tard, une cérémonie très solennel. L'église était bondée de monde, Maman a toujours été très apprécié par les concitoyens de Shady Cove, simplement car elle s'impliquait dans la vie de tous les jours et qu'elle était toujours prête à filer un coup de main autour d'elle. Le genre de personnes qui aident les petites vieilles à traverser la route. Maman n'avait jamais eut de diplôme, ni d'argent, elle n'était pas la plus cultivé ou la plus drôle, mais elle avait tellement d'amour à offrir. Elle avait si bien compris que s'occuper des autres, c'est ça le bonheur, être entouré et être aimé.

17 juillet 2000 Alors que je faisais le fanfaron en cours d'Anglais avec mon voisin de table. Le professeur m'interpelle : « On vous dérange pas Mr Landon ? » « Pas du tout, vous pouvez continuer. » le petit malin que j'étais fis rire toute la classe ce jour là. « Faites moi donc le plaisir de nous lire le texte à partir de la page 78, plutôt que de faire le malin. » Mon sourire s'efface. Je souffle un bon coup et ouvre mon livre à la page demandé. « Il... En...entre. » je m'arrête là, trois mots et déjà la classe éclate de rire. Afin de masquer ma gêne, et dissimuler au mieux cet handicap qui me bousille l'existence -ma dyslexie-, je prend mon sac et regarde le professeur, sur de moi, comme je savais très bien le faire. « Il est pourri ce bouquin de toutes façons. » Je me retire de la salle de classe sous le regard ébahi de ce professeur. Grâce à mes capacités sportives, personne ne m'a jamais emmerdé avec cet incident, le quaterback le plus prisé de l'école avait des droits que tous les élèves n'avaient pas.

14 novembre 2003 Je travaille dans la boutique de Papa depuis que j'ai quitté le lycée, mon bac, je l'ai mais pas avec des notes qui en ferait baver plus d'un, les études ne sont pas faites pour moi. Je sors du bâtiment et entre la clé dans la serrure. « oh non ? Me dites pas que vous fermez ? » Elle saute sur place, ça donne presque l'impression qu'elle veut se rendre aux toilettes. Je souffle un bon coup et ouvre de nouveau le magasin. « Vous avez besoin de quoi ? » Ses yeux s'illuminent, comme une enfant à qui on vient d'annoncer qu'elle allait rencontrer casimir. « Merci, merci, merci. Vous voyez j'ai mon frère qui a fêté son anniversaire hier, et j'avais complétement oublié alors je lui ai dis que son cadeau était pas encore arrivé. Mais il me faut absolument quelques chose ce soir. » Un sourire écarte mes lèvres, je n'avais jamais vu quelqu'un blablater autant. Elle finit par faire un choix et je lui emballe le dû, avant de lui indiquer la porte de sortie. « En tout cas, c'est vraiment gentil je... » Elle s'arrête net et part en courant vers ce type qui tient la main de sa petite amie un peu trop violemment. «Lâche là oui, tu vois pas qu'elle veut pas venir avec toi. » Le mec fait bien deux têtes de plus qu'elle, mais elle s'en fiche, elle continue de lui asséner ses qutre vérités à la gueule, comme une furie, le type commence à perdre son sang froid et j'interviens, mettant un terme net à cette bataille inutile. La fille part de son côté et je regarde la jolie brune, rougie par la colère : « Vous voulez vous faire tuer ? » « Vous voulez prendre un café ? » Notre relation dura deux ans, une relation simple, complice et qui m'a permis d'apprendre à Terry à contrôler ses émotions et ses accès de rage, mais dans le fond, nous avons toujours été fait pour être amis, même si je l'ai réellement aimée.


2 octobre 2009 « Tu as repris les parts de Wade ? » fis je exédée par la nouvelle que venait de m'apprendre mon petit frère. « Il ne fait aucune efforts, il n'a jamais eu envie de travailler dans le magasin, j'ai besoin de gens motivés, comme toi mon fils.  » « Mais... » « Ma decision est finale ! » coupa t-il sèchement.  Les mains moites, je serre le poing, faire face à mon père, malgré une carrure imposante, je n'y suis jamais arrivé. Faut dire que depuis cet événement, les choses ont bien changés dans la famille, déjà qu'être trois mecs, c'est pas simple et que Wade s'est toujours senti un peu exclu par son père, pour lui, ce fut le pompon. Dans le fond, Wade n'a jamais eut envie de prendre le relai au magasin, il souhaiterait juste que son père soit un peu fier de lui, comme il peut l'être de moi. Et moi, de mon côté, je tente d'apaiser au mieux les tensions qui surgissent à chaque fois que je tente de les réunir.

12 septembre 2013 En tant que gérant du magasin, je dois avouer avoir un pression monumentale, gestion des stocks, des employés et de leurs emplois du temps, vendeur à mes heures perdues et conseiller, bref, je ne chôme pas et Papa ne manque pas de me le faire remarquer lorsqu'une baisse d'activité se fait sentir. Parmi mes employés, je compte Shayne, une blondinette un peu garçon manqué et amie de mon frangin.  Enfin, ça c'était avant, un soir, alors que nous rangions ensemble le matériel, elle a manqué de tomber et mes bras fort se sont emparés de son corps frêle et sans vraiment m'en rendre compte, mes lèvres se posaient sur celle de l'étudiante. Seulement voilà, elle est trop jeune pour moi et en plus de ça, c'est une employée, bien sur, je me suis excusé tout de suite de cette maladresse pour rectifier au mieux le coup, pensant naïvement que ça règlerait le problème. Mais voilà, durant cet échange, j'ai ressenti quelque chose et je ne peux m'empêcher de penser à elle depuis. Quel cretin.