Cause he had a bad day

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Je commençais à avoir froid. Je me maudissais d'avoir choisi une si jolie robe pour cette soirée. Je la regrettais à cet instant précis. J'avais cru bien faire, un moment. Quand mon rendez-vous était arrivé, en costume, des fleurs à la main et en taxi. Je m'étais sentie un peu moins à l'aise à l'approche du restaurant. J'avais hésité à m'enfuir en courant avant même d'y avoir mis. Un peu paniquée. Je m'étais mis en tête de paraître normale. Une fille comme les autres. J'avais même commandé un plat, me persuadant comme je pouvais que j'en étais capable. Et puis je n'avais pas pu. A l'instant où j'avais pris la première bouchée, la panique était revenue. Plus vigoureuse encore qu'au début. J'avais filé vers les toilettes. Sans rien expliquer. Mes lèvres étaient mordues de partout. Je m'étais infligée ça, débordée par un stress que je ne pouvais pas contrôler, seule, dans les toilettes du restaurant. J'avais voulu faire comme si de rien n'était. Comme si j'étais une de ces filles qu'on emmène au restaurant et qui se régalent. En vérité j'étais incapable de manger ce que j'avais commandé. C'était bien trop lourd. Impossible. J'avais fini par m'enfuir, des larmes plein les yeux, me rendant compte que finalement, je n'étais pas encore soignée. J'y avais cru. Mais mon problème n'était pas encore réglé. Je m'en étais rendu compte, sur mon siège face à mon assiette, sous les yeux d'un homme que j'appréciais un peu trop.

A présent j'étais un peu perdue. Je marchais savoir ou aller. Un peu hagarde. J'avais laissé mon manteau sur ma chaise, au restaurant. Et un mot. A l'adresse d'Hermann. Depuis je marchais. Je n'avais pas envie de rentrer chez moi. Rien ne m'y attendait, juste mon chien. Mais il n'était pas du genre très bavard. Le soir, il n'était pas d'une excellente compagnie. Mes yeux étaient trempés. Mes joues aussi. Je pris le temps de regarder autour de moi. Je n'étais pas loin de chez Chase. La seule personne qui m'avait déjà vu sortir de mes gonds. Et puis il était du genre couche tard. Avec un peu de chance, il serait seul. Je me lançais. Je me dirigeais vers sa maison. J'hésitais quelques minutes à frapper. Je faillis rentrer chez moi. Et puis le besoin de compagnie fut plus fort. Je frappais. Pas très fort. Peu rassurée. Je passais l'avant bras sur mon visage, pour l'essuyer un peu. A part étaler mon mascara un peu plus et en laisser des traces sur mon poignet.

Une urgence lui était tombée dessus à la dernière minute, au garage, et Chase y avait passé quasiment toute sa soirée. Pour tout dire, ça ne l’avait pas dérangé plus que ça. Il aime, en fait, depuis toujours, travailler dans l’urgence de temps à autre, et se mettre la pression. Le temps file beaucoup plus vite dans ce genre de circonstances, et le jeune homme aime bien relever ce genre de challenges. De toute manière, ça n’arrive pas si souvent, puisqu’en règle générale le patron n’a aucun scrupule à faire attendre un client plusieurs jours d’affilée, surtout si c’est un client qui ne paie pas ses factures en temps et en heure, ou dont la tête ne lui revient pas. Mais là, c’était exceptionnel, il s’agissait du véhicule de la belle-fille de son boss, qu’il lui fallait obligatoirement en ordre de marche pour le lendemain matin. Chase s’y était donc attelé et avait fini le boulot une ou deux heures après la nuit tombée. Avant de rentrer chez lui, il avait fait un détour pour prendre une pizza, puis s’était affalé dans le canapé, une fois dans son salon, pour l’engloutir entièrement, devant un film un peu merdique. Pour faire passer le tout, le jeune homme avait descendu en tout et pour tout quatre bières, et s’était fumé trois cigarettes. Fatigué, il ne comptait pas traîner des plombes ce soir, ni même faire un tour au Warehouse. Pour une fois, il resterait au calme. Du moins, c’est ce qu’il s’était imaginé, avant qu’on ne vienne frapper à sa porte. Enfin, au départ, il n’est pas certain qu’on ait réellement frappé. Il a un doute. Le son de la télévision est fort. Il attrape la télécommande, baisse le volume, attend quelques secondes, en se faisant attentif. Le doute grandit, alors il se lève, pour opérer la vérification directement par lui-même, écrasant sa quatrième cigarette, qu’il venait à peine d’allumer, dans le cendrier le plus proche de l’entrée. Il ne s’était pas changé, en rentrant du garage. Il portait un t-shirt gris anthracite, souillé par quelques traces de cambouis dont il n’était jamais parvenu à se débarrasser au lavage. Son jean, déchiré aux deux genoux et à l’arrière de la cuisse droite, n’était pas en meilleur état. Aussi, il était pieds nus.

Lorsqu’il ouvre la porte, Chase n’est même pas certain de trouver qui que ce soit derrière. Alors, quand il découvre Peyton, dans cet état, juste sous ses yeux, il est surpris. Un peu en arrêt sur image. Il ne comprend pas ce qu’elle fait là. Il ne comprend pas non plus ce qui lui arrive. Il met un temps à réagir. En fait, il lui faut même secouer la tête brièvement pour se reprendre. Ses mains se posent alors instantanément sur les petites épaules de la blonde. Il penche la tête légèrement sur le côté pour parvenir à capter son regard. « Merde, qu’est-ce qui t’arrive ?! » Lâche-t-il, sous le coup de la surprise. Il n’est pas le type le plus sensible ni le plus prévenant de la planète, mais ça se voit, quand même, qu’elle a pleuré, et qu’elle a pas l’air bien…

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Frissonnante, j'hésitais encore à m'enfuir lorsque la porte s'ouvrit. J'étais gelée et gênée. Gênée d'être là, devant chez Chase, dans un état lamentable, alors que je ne l'avais pas prévenu. Gênée parce que la dernière fois que nous nous étions vus, nous avions parlé d'un passé particulier. Gênée parce que je devais probablement le déranger. A peine la poignée avait-elle bougée que j'avais baissé la tête. Pour cacher un peu mon état. Celui dans lequel je m'étais mise toute seule. Comme une idiote que j'étais. C'était sans aucun doute d'un psy dont j'avais besoin. Mais il n'y en avait pas de disponible à une heure pareille. Et je détestais l'idée de devoir tout déballer à un parfait inconnu. Je détestais l'idée de devoir tout déballer à n'importe qui. Je laissais mes yeux, hagards, se perdre un instant dans les siens. Avant de replonger la tête vers le sol. Entre ce qu'il m'arrivait et ce que j'étais prête à dire de moi, il y avait un écart énorme. « Je... J'ai merdé et... Je ne savais pas où aller. » Je repassai la main sur mon visage, retenant un retour de larmes. J'avais laissé tomber le meilleur rendez-vous du monde pour une histoire de bouffe. Pour des complexes persistants. Pour un manque de confiance évident. Pour rien en somme. Parce que je craignais.

Je croisai les bras sur mon corps. Pour me protéger comme je pouvais du froid mordant. En plus d'un potentiel petit ami parfait, j'avais abandonné mon manteau. J'étais une folle. Ni plus ni moins. Incapable de réagir avec calme et réflexion. Je m'étais enfuie sans vraiment y penser. Ca m'avait semblé être la seule possibilité. Pourtant, j'aurais certainement était moins bête si j'étais revenue m'asseoir, et si j'avais expliqué mon problème à Hermann. Si je lui avais avoué ce qui ne tournait pas rond chez moi. Mais je n'avais pas voulu l'effrayer. Qu'est ce que je craignais... J'hésitais à m'en aller. A dire à Chase que j'étais désolée de l'avoir dérangé. A rester seule avec ma colère. Colère dirigée uniquement contre moi-même. Mais le froid me retenait. Je n'avais pas envie de marcher à nouveau. J'étais épuisée par mes pleurs et la température. Je n'avais pas envie de l'affronter jusque chez moi. Une grimace me servit de sourire. « Est ce que je peux rentrer ? » Je ne me sentais pas très à l'aise, sur le palier, dans ma robe bustier.

Pour tout avouer, Chase n’imaginait pas Peyton venir le trouver un jour, pas après tout ce qu’ils avaient vécu ensemble, et ce même s’ils avaient pris la peine de s’expliquer, quelques semaines en arrière. Le mécanicien s’était dit, en fait, que la jeune femme s’empresserait de l’oublier. Il ne s’était pas comporté comme un gentleman avec elle, et même s’ils avaient mis les choses au clair, le motard était quasi certain que la photographe aurait mieux à faire que de se pointer chez lui. Du coup, quand il ouvre la porte et qu’il la découvre, elle, Chase est carrément surpris. Faut dire qu’elle n’a pas l’air au meilleur de sa forme, ce qui le déstabilise d’autant plus. Il ne sait pas ce qui lui arrive, et sait encore moins pour quelle raison elle est venue le trouver, lui, mais là où le bât blesse encore un peu plus, c’est qu’il ne sait absolument pas comment se comporter ou réagir devant elle. Il met presque quelques secondes, d’abord, à réaliser ce qui se passe, et encore un peu plus, en fait, à avoir une réaction. Ses mains se posent sur ses épaules, son regard essaie de capter le sien. Sous ses doigts chauds, il sent sa peau glacée. Très vite, il cherche à savoir ce qui s’est passé, ce qui a pu la mettre dans un état pareil, et fronce finalement les sourcils quand la jeune femme lui apprend tout simplement qu’elle a ‘merdé’. Franchement, il ne voit pas très bien ce qu’elle veut dire, et ne sait pas quoi répondre pour tout avouer. En tout cas, il comprend ce qu’elle fait là, sur son pallier, puisqu’elle le lui apprend elle-même : elle ne savait pas où aller. Pourtant le motard n’est pas persuadé qu’elle ait eu le meilleur réflexe qui soit en venant le trouver, lui. Il n’est pas très doué pour comprendre les nanas, et encore moins pour les réconforter.

Lorsqu’elle croise les bras machinalement contre sa silhouette, Chase a le réflexe de retirer ses mains de ses épaules. Il se sent terriblement con, là devant elle, et ne sait pas très bien quoi faire pour la soulager. En fait, c’est même elle qui ‘s’invite’ chez lui pour finir. Le motard secoue d’ailleurs la tête, réalisant qu’il aurait dû le lui proposer avant qu’elle n’ait à le faire, d’autant qu’elle semble gelée devant lui. « Ouais, vas-y, entre ! » Lance-t-il sans traîner, et en s’écartant de l’encadrement de la porte pour qu’elle puisse se frayer un chemin à l’intérieur. Refermant après son passage, le biker attrape le premier sweat à capuche qui traîne, sur un des porte-manteaux de l'entrée, pour le lui tendre, d’un air gentil. « Tiens, pour te réchauffer. » Souffle-t-il, attendant qu’elle prenne le vêtement en question pour glisser ses deux mains dans ses poches. Il a l’impression d’être un hôte absolument minable, mais il est pris de court, et c’est ce qui le rend assez maladroit pour finir. « T’veux boire un truc ? Tu peux te poser à côté si tu veux. » Ajoute-t-il, en désignant la porte à sa droite, qui donne sur le salon.

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Je me sentais bête. Et malpolie. Ce n'était pas mon genre de m'inviter chez les gens. Bien au contraire. Je n'osais jamais passer à l'improviste, par peur de déranger. Mais j'étais dans un drôle d'état. Un peu perdue. J'avais réagi de manière complètement spontanée toute la soirée. J'avais agi sans réfléchir. C'était la raison de ma présence ici. C'était particulièrement étonnant du fait que j'étais chez Chase. La dernière personne chez qui j'aurai osé pointer le bout de mon nez, compte tenu de notre passé un peu particulier. Mais j'étais là. Je n'avais plus le courage de revenir en arrière. Alors je m'étais invitée à entrer moi-même, puisqu'il ne me le proposait pas, certainement perturbé par ma présence inattendue dans un état impossible. A peine son approbation obtenue, je passais la porte pour entrer en terrain inconnu. Inconnu mais néanmoins rassurant. Moins froid que les rues de la ville. Moins isolé. Je gardais la tête basse, cachant un visage que j'imaginais défiguré par mon maquillage qui avait du couler. Et par des cernes. Pleurer dans le froid en m'échappant aussi vite que possible m'avait épuisée. J'attrapais sans hésiter le sweat que Chase me tendait pour l'enfiler presque aussitôt. Tout était bon pour me réchauffer. Moi qui était complètement contre le fait de tuer des animaux pour s'habiller, j'aurais même presque été capable d'accepter un manteau de fourrure à cet instant. Je déposais la capuche sur ma tête, espérant m'y cacher un peu. Je tentais un sourire. « Merci... » Je me sentais un peu de trop. Invitée non désirée. Mais je n'avais pas la force de partir. J'avais besoin d'un peu de réconfort, même si je n'étais pas sûre que Chase soit la personne appropriée pour ça. Mais il avait déjà eu un aperçu de ma fragilité, à notre dernière rencontre, dans une dépanneuse. Et il était bien le seul.

Je levais des yeux un peu humide vers lui. Le regard empli de reconnaissance. Boire quelque chose. C'était exactement ce qu'il me fallait. Finalement il pouvait peut-être se révéler être la personne indiquée pour calmer ma peine et ma colère après moi. « Je veux bien oui... N'importe quoi ! Tout ce qui te passe par la main » Je n'étais pas exigeante concernant la boisson. Contrairement à ce que je vivais avec la nourriture. J'entrais dans le salon sans me faire prier. D'un geste rapide et habitué, j'éjectais mes talons aiguilles. Ils n'étaient plus vraiment adaptés. Ils avaient fait leur effet au moment voulu, à propos j'avais simplement envie de m'en débarrasser. Je pris place sur le canapé, repliant mes jambes blanches et fraîches contre moi. Ma robe couvrait à peine le haut de mes cuisses, mais je ne m'en occupais pas. Peu m'importait. Après tout, si on y pensait, Chase avait déjà vu plus de moi. J'entendis ses pas entrer dans le salon avant même de le voir. « Je suis désolée d'arriver comme ça... Sans prévenir. Je me mordis l'intérieur de la joue. Tu peux me mettre dehors si je dérange... » Je baissais à nouveau la tête. J'étais une idiote. Et je méritais amplement d'être condamnée à trainer ma peine dans le froid de l'hiver.

Chase n’est pas en position de relever le manque de politesse de qui que ce soit, n’étant pas spécialement irréprochable lui-même en la matière ! En fait, il est surtout surpris à dire vrai. Il ne s’attendait plus trop à voir Peyton débarquer chez lui, et ne pensait pas du tout qu’elle se tournerait vers lui dans un tel état de détresse. Il n’est pas certain d’être le mieux placé pour l’aider. Bien sûr, son chagrin ne le laisse pas insensible, mais quand il s’agit de réconforter les autres, le motard n’est pas spécialement doué. Il a souvent du mal à trouver les mots. Cela dit, il ne compte pas la laisser non plus sur le pas de la porte, et l’invite donc à entrer, une fois la surprise passée. Il referme la porte derrière son passage, puis pense à lui donner un de ses sweats. Il a senti, sous ses doigts, que ses épaules étaient gelées. La belle blonde ne se fait pas prier et saute sur cette occasion pour l’enfiler sans plus tarder. Elle met même la capuche sur sa tête, et finit par esquisser un semblant de sourire, avant de le remercier. Au moins un truc qu’il aura fait de bien, c’est toujours ça de pris. Pas très assuré sur ce qu’il est censé faire ou non, le biker glisse ses mains dans ses poches, et lui propose un truc à boire, avant de l’inviter à passer dans le salon. Franchement, cette visite le déstabilise un peu, mais paradoxalement, il est presque flatté que ce soit vers lui qu’elle se soit tournée. Cela dit, en même temps, ça lui met un peu la pression, aussi. Pourtant Dieu sait qu’il s’est déjà retrouvé dans des situations bien plus graves et bien plus périlleuses… ! Mais devant les larmes d’une fille, il se sent tout de suite complètement impuissant et intimidé. Il n'est pas près de l'admettre cependant.

Quand Peyton accepte son invitation à boire un truc, Chase acquiesce, en lui indiquant le salon pour qu’elle puisse s’y installer. Il passe du côté cuisine en même temps, pour ouvrir le réfrigérateur et en sortir deux bières. Heureusement qu’elle n’est pas difficile, parce qu’à part du lait et de l’eau, il n’aurait sans doute pas eu mieux à lui proposer. Alors qu’elle souffle quelques mots – des excuses – Chase revient près d’elle. Tout en s’installant à ses côtés, il décapsule la première bouteille et la lui tend, avant de réserver le même sort à la sienne, non sans observer son invitée un instant. Elle a vraiment l’air préoccupé, et perdue aussi. Emmitouflée dans ce sweat trois fois trop grand pour elle, les yeux encore humides, le visage rougi et les pieds désormais nus, elle fait franchement peine à voir. « Arrête, tu vois bien que tu me déranges pas… ! T'as bien fait de passer. » Souffle le jeune homme, en haussant les épaules avec détachement. Balançant le décapsuleur et les deux capsules sur la table basse en face de lui, Chase porte sa bière à ses lèvres. Une fois quelques gorgées avalées, il se tourne vers Peyton, et se penche un peu sur elle, posant une main par la même occasion sur sa cheville, toute menue et toute fraîche sous ses doigts. Il a toujours été très tactile, tout spécialement avec elle. « Mais je vais pas pouvoir faire grand-chose si tu m’expliques pas ce qui t’amène ici. » Lui fait remarquer le motard, avant de décrocher un sourire, et d’ajouter : « Enfin à moins que tu sois venue te saouler, et là par contre c'est dans mes cordes ! XD ».

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C'était la première fois que je venais chez Chase. Nos rencontres précédentes s'étaient toujours déroulées chez moi. Ou dans une dépanneuse. Mais mon humeur ne m'aidait pas à explorer ce qu'il y avait autour. A observer son cocon. Dans d'autres conditions, j'aurais été la plus curieuse des invitées. Mais pas ce soir. J'étais trop préoccupée par ma bêtise. Je me sentais idiote. Je me blottis tout au fond du sweat qu'il m'avait prêté. Comme une chose fragile, que j'avais l'impression d'être. Il était assez épais pour que je me sente en sécurité, comme enroulée de papier bulles. J'attrapais sans hésiter la bouteille qu'il me tendait. La bière faisait certes gonfler le ventre, mais il s'agissait toujours d'un réconfort. Un signe de tête me servit de remerciement. Je levais les yeux vers Chase, plus grand que moi, même assis sur le canapé. Des yeux rouges dont l'humidité commençait peu à peu à s'éliminer.Je ne savais pas encore si j'avais bien fait. Est ce que c'était mieux de boire une bière avec Chase et notre passé étrange ou de rentrer m'enfouir au fond de mon lit ? J'avais eu peur de la solitude. Alors j'étais venue là. Sans calcul. « Merci, de m'accueillir. » J'étais vraiment reconnaissante envers Chase, qu'il m'accepte chez lui alors que je débarquais sans prévenir.

J'étais toujours paumée mais je me sentais déjà un peu mieux, car accompagnée. Sa main sur ma cheville me donna une sensation de chaleur énorme. Et agréable. Je ne m'étais pas rendu compte que j'étais aussi gelée. Ma peau devait être glacée. Je me mordis l'intérieur de la joue? Est ce que j'étais prête à raconter ce qui m'amener ici ? Pas sûre. Mais boire finirait peut-être par délier ma langue. J'essayais à nouveau un sourire. « Ce talent pour l'alcool me semble tout à fait approprié à la situation... » Je soupirai. La voix de ma sœur résonnait dans ma tête. Je l'entendais me signaler que boire n'était pas le moyen de me sentir mieux. Je la fis taire. Je haussais les épaules. Ce qui devait à peine se voir puisque j'étais perdue dans un sweat beaucoup trop grand et trop large pour moi. Je prenais encore plus conscience de ma maigreur. Cette pensée me ramena un moment en arrière. Lorsque je m'étais rendue compte que je ne pouvais pas avaler ce que j'avais commandé. Parce que j'avais un problème. Un vrai problème. « J'ai tout foutu en l'air... Encore une fois. Mais tu sais déjà comme je suis douée pour ça. » Je faisais évidemment allusion à la dernière nuit que nous avions entamé ensemble. Simplement entamée. A cause de moi. Et c'était toujours le même problème qui était en jeu.

Chase a peur de mal faire, alors il essaie tout simplement de recevoir Peyton du mieux qu’il le peut. Il lui a donné de quoi se réchauffer, lui a indiqué le salon pour qu’elle puisse s’installer sur le canapé, et maintenant il lui apporte une bière. Jusque-là, il a fait les choses dans l’ordre, et correctement. Il espère ne pas faire preuve de maladresse par la suite. Il est un peu nerveux, il n’aime pas la savoir comme ça, ni la voir dans un tel état, mais il n’est pas certain d’être en capacité de l’aider pour autant. Il ne sait même pas vraiment où ils en sont tous les deux… ! Mais il n’empêche que c’est chez lui qu’elle est venue trouver refuge, et qu’il ne compte bien évidemment pas la mettre dehors. Il va faire de son mieux pour lui prêter main forte, conscient qu’elle traverse une passe difficile… Pas spécialement ce soir, en fait. Il a toujours su qu’un truc clochait chez elle, sans mettre le doigt dessus pour autant. Faut dire que tant qu’elle répondait présente quand il avait besoin d’affection, le mécanicien ne cherchait pas plus loin. C’était parfaitement égoïste, il en a conscience aujourd’hui et il aimerait se rattraper… Seulement il ne sait pas encore trop comment. Alors, se penchant sur elle doucement, il vient poser naturellement une main sur sa cheville, toute menue et froide sous ses doigts. Il pose son regard sur elle et sourit à ses dires, en haussant les épaules. Quand va-t-elle arrêter de s’excuser d’être là ? « C’est normal. J’te devais bien ça après toutes les fois où j’ai débarqué chez toi en pleine nuit… » Lui rappelle le jeune homme, histoire de lui faire comprendre qu’elle ne lui doit rien. Ce serait plutôt l’inverse qui devrait s’appliquer… ! Lui, quand il débarquait à son domicile à l’improviste, c’était à des heures pas possibles, et souvent complètement beurré, en fait.

« Tu peux te lâcher, c’est pas moi qui te jugerai à ce niveau-là ! » Lui répond le biker dans un sourire, à propos de l’alcool. Peyton est en sécurité ici, elle peut boire autant qu’elle veut, il sera là pour elle, quitte à lui tenir les cheveux si elle finit la tête la première dans les toilettes XD Cela dit, le beau blond espère tout de même qu’elle n'en arrivera pas là et qu'elle voudra bien lui en dire un peu davantage. Même si l’alcool peut être un bon remède, ce n’est que temporaire, et il a la sensation que ce n’est pas ce qui résoudra les problèmes de la blonde. Ça l’apaisera sur le moment, ce sera un bon début sans doute, mais pas une solution en tout cas. Lorsque la photographe reprend la parole, Chase fronce légèrement les sourcils, sans la quitter du regard. Il comprend soudainement où elle veut en venir. « J’vois. » Lâche le jeune homme, dans un premier temps, sans trop savoir quoi ajouter. Elle faisait clairement référence à leur avant-dernier moment passé ensemble. Apparemment, elle avait tout ‘foutu en l’air’ à nouveau. Certainement avec un autre type, du moins c’est ce que se dit logiquement le mécanicien pour finir. « Tu veux pas m’en dire plus ? » Demande le jeune homme, espérant la pousser à parler et à se livrer une bonne fois pour toutes. Il ne sait pas s’il s’y prend bien, ni s’il fait bien de l’inciter à s’exprimer, mais il n’a pas l’impression de pouvoir vraiment l’aider si elle refuse de se confier davantage.

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C'était particulièrement étrange de me retrouver là. Dans ces conditions. Je n'étais absolument pas le genre de personne qui venait chez les gens sans y être autorisée. Je ne me proposais presque jamais à passer chez quelqu'un sans invitation. Ma peur de déranger m'en empêcher. La remarque de Chase m'arracha quand même un sourire. On ne pouvait effectivement pas nier qu'il était venu de nombreuses fois chez moi. Souvent dans un sale état. Plutôt alcoolisé. J'avais toujours accepté sa venue. Parce que j'en profitais aussi. Mais ce soir je n'étais pas venue dans l'idée d'en profiter. Je m'étais retrouvée là au hasard après une soirée et une histoire foireuse. A cause de moi, encore une fois. C'était toujours de ma faute. J'avais un problème avec moi-même qui finissait toujours par me rattraper. Je le transférais dans mes histoires. Sans arrêt. Je bus plusieurs gorgées de la bouteille d'affilé. Un super remontant. « Super... Je savais que venir ici pouvait se révéler être une bonne idée ! » J'avais peu d'alcool chez moi. Ce n'était pas le paradis de la boisson, loin de là. A part quelques vins. Mais que je gardais pour mes invités. Je ne les buvais pas en solitaire.

Je baissais le regard. Evoquer notre passé commun était toujours un sentiment un peu particulier. Surtout ce moment là. Celui au cours duquel j'avais pété un câble. Littéralement. Le premier retour de flammes de mes complexes. Ils m'avaient frappé en pleine face. Cette fois ci c'était un peu différent. Mais le résultat était ostensiblement le même. J'avais à nouveau perdu quelqu'un. Mais cette fois ça risquait d'être définitif. Je m'étais enfuie sans prévenir. Je n'avais pas osé rappeler Hermann depuis. Je ne l'avais même pas aperçu en ville. Impossible d'être sûre qu'il était toujours là. Peut-être l'avais-je fait fuir... Je soupirai et cachait un petit reniflement. « Je suis partie en courant du restaurant... » Je levais la tête vers Chase, plantant mon regard dans le sien. « Sans prévenir ! » Je grimaçais. Mon explication ne voulait pas dire grand chose, mais c'était un début. Je parlais rarement. C'était déjà une avancée. J'avalais encore un peu de bière et bougeait un peu sur le canapé, plaçant mes petites jambes nues tant bien que mal sous mes fesses. Pour les mettre au chaud. « J'ai encore complètement craqué tu vois je... Je m'arrêtais un instant de parler. Est ce que je pouvais vraiment raconter que j'avais eu peur de manger quoi que ce soit d'un peu trop gras. J'ai vraiment un problème !» Je secouais la tête de droite à gauche. Comme si ce n'était pas grand chose. Je haussais les épaules, me repliant un peu sur moi-même. Je n'avais pas eu le courage d'en dire plus.

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