20h15. Alexandra est debout devant le restaurant d´Eagle point dans lequel Flóki a réservé pour eux. Un restaurant chinois. Dans le fond, la jeune femme et réellement touchée par cette attention, car cela prouve que le scandinave commence à la connaître tout doucement. Effectivement, elle adore tout ce qui se rapporte à la Chine, et encore plus ce qu´on y mange.

Regardant par la baie vitré, elle remarque le beau scandinave assit à une table pour deux. Qu´est beau avec sa chemise et jeans, assit là, légèrement en diagonal, les jambes croisées et jouant avec son portable. Alexandra adore son look détendu et son air détaché. Mais elle n´a pas le loisir de l´observer d´avantage car il relève la tête, porte son regard vers l´extérieur et croise celui d´Alexandra. Avec un grand sourire, il l´invite à rentrer. L´étudiante répond furtivement à son sourire puis lui fait un signe de la main et se dirige vers l´entrée. Hors de portée de la vue du professeur, elle s´immobilise devant la porte. Une main sur la clenche, elle hésite, mais ne peut pas lui faire un faux bond. D´autant qu´il vient de la voir.

Alors, prenant une profonde inspiration, elle pousse la clenche puis entre. Une fois la porte fermée derrière elle, elle est chaleureusement accueillit par le sourire d´une serveuse. Alexandra lui explique rapidement qu´elle rejoint simplement Flóki puis se dirige vers ce dernier. Une fois devant lui, elle observe avec étonnement qu´il se lève et qu´elle la prend dans ses bras pour la saluer. Malgré elle, Alexandra se détend et sourit, humant la si agréable odeur de cet homme.

"Salut Flóki" souffle-t-elle en passant ses bras dans son dos et en l´attirant contre elle.

Puis, ils se relâchent. Alexandra enlève sa veste, l´accroche au dossier de sa chaise puis s´installe. Elle a peine eu le temps de déposer son sac à main sur ses genoux, que la serveuse est à leur côtés afin de prendre la commande des boissons. "Je vais prendre une bi ... un thé au jasmin s´il te plait" elle s´est rappellé à temps de ne pas boir d´alcool. Premièrement, elle doit rouler elle-même, Flóki étant déjà avant à Eagle Point ils se sont décidé de se retrouver directement sur place. Deuxièmement, elle est enceinte. Ce sont deux raisons bien suffisantes pour ne pas boir. Soit.

Elle attend ensuite que l´homme ait commandé à son tour et que la serveuse soit partie, avant de relever son regard sur le bel homme. "Tu vas bien Flóki?" demande-t-elle en tentant tant bien que mal de cacher sa nervosité.

Flóki est en train d’attendre Alexandra. Relativement patiemment. Après s’être installé à table, il n’a cessé de jeter des coups d’œil dehors, tout en tournant son portable entre ses doigts. Au final, il décide de tuer le temps sur une petite partie de tétris – son enfance – en attendant la jeune femme. Il lui a donné rendez-vous à 20h, et l’heure est déjà passée. Ce n’est pas non plus comme s’il allait l’incendier pour du retard. Lui-même n’est pas si ponctuel que ça. L’heure est une notion toute relative chez lui, sauf en quelques occasions. Comme là, pour une fois que lui est à l’heure, Alex ne l’est pas.

Il l’a appelée hier soir, comme souvent. Depuis le nouvel an, ils sont restés en contact, et se revoient de temps en temps. Il est rare qu’ils passent une journée sans un petit mot. Flo aime bien sa compagnie, de plus en plus il a l’impression. Il apprend à la connaître, comme par exemple, il a retenu qu’elle aimait tout ce qui touchait à la culture chinoise, et a donc réservé une table dans un restaurant chinois. Le plus proche étant à Eagle Point. Ils n’ont plus recouchés ensemble depuis le nouvel an aussi. Ça ne lui fait pas bizarre en fait, c’est la première fois que ça lui fait ça. Pas qu’il ne lui arrive pas de rêver d’elle, juste qu’il n’a vraiment pas envie de tout gâcher. C’est différent d’avec Jamie. C’est comme si leur lien était plus fort que ça.

Au bout d’un moment, il relève les yeux, et regarde par la baie vitrée. C’est alors que son regard tombe sur Alexandra. Il lui lance un grand sourire et l’invite d’un geste à venir le rejoindre. Elle rejoint l’entrée, et il en profite pour éteindre son jeu et ranger son portable. Lorsqu’elle arrive près de lui, il se lève et va la serrer furtivement dans ses bras pour la saluer, joignant la parole au geste. Ils se séparent pour s’asseoir. La serveuse rapplique, aussi vite que l’éclair. Alex se reprend à la dernière seconde pour un thé au jasmin et, par envie de changement, Flóki demande la même chose. Il sourit à la serveuse, passant commande, et elle repart en leur assurant qu’elle revient vite. Le norvégien suppose qu’Alexandra n’a pas pris de bière pour la simple raison qu’elle conduit, vu que c’était son intention première. Il ne s’attarde donc pas dessus.

— Ouaip, rien n’a bien changé depuis hier tu sais, lui répond-il avec un léger sourire. Ils se sont parlés hier au téléphone, ce n’est pas si loin. Et toi ?

Il demande ça de façon plutôt nonchalante. Mais il sent que quelque chose ne va pas. Ce n’est pas un truc étonnant qu’il remarque ça. Cependant, puisque ça touche Alex, c’est bien plus digne d’intérêt. Elle n’est pas tout à fait à l’aise, et il se demande bien pourquoi.

Alexandra se sent bien nerveuse en compagnie de Flóki. Et ce pour une très bonne réponse: dans un tout de petit plus de 7 mois il sera père. Et il ne se doute de rien. Rien du tout. Comment pourrait-il aussi? Alexandra n´en a eu la confirmation qu´au courant de cet après-midi. Personne ne le sait. Personne, a part Rose qu´elle a croisé en sortant de chez le gynocologue. Même ses parents ne sont pas encore au courant. Enfaire, Alexandra ne sait pas comment leur apprendre la chose. Elle ne sait pas comment ils réagiront. Elle ne sait même pas comme Flóki réagira. Mais voilà, elle est bien obligé de le lui avouer un jour. Au mieux, avant qu´il ne se rendre compte qu´elle soit enceinte. Enfin.

Après l´avoir saluer en bonne et due forme, Alexandra tire la chaise et s´installe. Au moemnt oú elle pose son sac sur ses genoux, une serveuse arrive pour prendre leur commande. Au dernier moment, la jeune femme se retient de commander une bière préfèrant un thé au jasmin. Flóki, pour une raison qui échappe à l´étudiante, commande la même chose. Puis, afin d´engager la conversation, Alexandra lui demande comment il va. Le beau scandinave lui répond simplement que oui, il va bien et que rien n´a changé depuis leur dernier coup de fil qui date de hier soir. Ensuite, il lui retourne la question.

Au même moment arrive un jeune serveur -sans doute un étudiant qui travail ici pour payer ses études, qui doit avoir à peu prés l´âge d´Alexandra voire un peu plus âgé et plutôt mignon- avec leur boissons. La jeune femme le gratifie d´un charmant sourire.

"Si je te dis que ça va, tu ne vas pas me croire je suppose, non?" demande-t-elle en attrapant sa téière sans regarder Flóki "Mais ne t´inquiète pas, je me suis juste copieusement engueuler avec mon père au sujet de mes études." elle lui lance un rapide coup d´oeil "je t´avais dit que la justice criminelle n´est plus franchement ma voie. Je veux dire, je me verrais très mal continuer encore plusieurs années dans ce domaine." elle repose la téière puis attrape la tasse en main et relève le regard vers son compagnon de la soirée "Mon père ne me comprend pas et veut m´obliger à continuer mes études Là-dedans, disant que si j´arrête maintenant j´aurais perdu deux années de ma vie et tout le blabla qui s´y rapporte. Bref" elle porte la tasse à sa bouche "Voilà, ça m´énerve un peu. Mais c´est sans importance" Elle sourit doucement avant de prendre une première gorgée de son thé encore bien chaud.

Enfaite, ce n´est qu´un demi mensonge. Autant elle n´a plus envie de continuer ses études en justice criminelle, autant son père ne sera aucunement contre le fait qu´elle se réoriente. Il l´a bien soutenu dans sa maladie, ce n´est pas quelque chose d´aussi insignifiant qu´une réorientation d´études qui vont y changer quelque chose.

Flóki pense que cette soirée se déroulera normalement. Il n’a aucune idée de ce qui tracasse Alexandra. Naturellement, il lui demande. Avant qu’elle ne lui réponde cependant, un serveur arrive avec leur boisson. Le scandinave lui fait un signe de tête en remerciement, puis reporte rapidement son attention sur la jeune femme. Il lui a simplement demandé si ça allait, mais il se doute que ce n’est pas une réponse positive qu’il va recevoir. Et Alex vise juste, en commençant par supposer qu’il ne la croirait pas si elle lui dit que tout va bien pour elle. Malgré ses sourires, Flo a du mal à y croire, c’est vrai.

Tout en se servant, elle lui raconte qu’elle s’est pris le bec avec son père, au sujet de ses études. En effet, elle souhaite changer de cursus, la justice criminelle ne lui plaît plus. Flo était déjà au courant de ça, elle lui en a déjà parlé. Cette voie-là n’est plus la sienne, elle ne se voit pas continuer là-dedans, cependant, son père n’est pas d‘accord. Il veut apparemment l’obliger à continuer, invoquant l’argument suprême selon lequel, en arrêtant maintenant, elle perdrait les deux années de sa vie qui viennent de s’écouler. Tout en l’écoutant, et en l’observant un peu, le norvégien se sert à son tour. Le thé, ça le change un peu. Alex conclut en disant que tout ça l’énerve un peu, mais que ce n’est pas grand-chose. Elle sourit, mais Flóki ne partage pas ce sourire.

— Bizarre venant de ton père, souffle-t-il simplement, avant de prendre une gorgée de son thé.

Il ne le connaît pas, certes, mais étant donné qu’il a soutenu sa fille durant sa maladie, qu’il se prenne la tête avec elle pour un simple changement de cursus semble bien dérisoire. Et puis, ils sont nombreux, les étudiants qui finissent par se réorienter. Alex ne serait ni la première, ni la dernière. D’un autre côté, tout ce qu’on apprend et qu’on retient n’est jamais perdu. Donc les arguments du paternel sont un peu faibles... Gardant le silence un instant, voyant aussi que a jeune femme n’ajoute rien, il se dit qu’il y a anguille sous roche. Les explications d’Alex pourraient être crédibles, mais de son point de vue, elles sont bancales.

— Il t’a quand même soutenu, avec ce que t’as traversé, c’est étrange qu'il réagisse comme ça, lance-t-il, assez pensif. Il relève un regard perçant sur la jeune femme. Assez contradictoire, tu trouves pas ?

Regardant et détaillant Alexandra, il est de moins en moins dupe. Certains signes du mensonge sont là, et il le reconnaît plutôt bien, étant un spécialiste là-dedans. C’est surtout la nervosité et de le malaise de la brune qui l’alarment, à vrai dire, et qui lui donne envie de savoir pourquoi elle lui cache des choses. Et ce qu’elle lui cache, surtout. Sa curiosité demande à être satisfaite, bien que d’un autre côté, puisqu’il s’agit d’Alexandra, il est prêt à accepter son silence. Cependant, il n’aime pas la savoir malheureuse.

— Tu me dis ce qui va pas... ? demande-t-il avec douceur –  preuve qu'il a bel et bien un coeur.

Flóki n´est pas dupe. Alexandra le sait. Elle le sent au fond d´elle avant même qu´il ne prenne la parole pour lui annoncer ses doutes. La jeune femme perd son sourire mais s´oblige à soutenir le regard du scandinave. Il lui dit tout d´abord que, venant de son père, il trouve ça bizarre. Et il a tous les droits du monde de supposer une telle chose. Même s´il ne connait pas le Michael Stark, il sait que celui-ci a énormément soutenu sa fille durant sa maladie et il sait aussi qu´Alexandra et son père s´entendent extrêmement bien. Ainsi, les doutes du scandinave sont amplement justifié. Trop justifié. S´en est presque énervant. Mais peu importe.

Flóki, remarquant qu´Alexandra ne réagit pas d´avantage, continu ensuite sur sa lancé et, pensif, déclare que la réaction de Michael est étrange et assez contradictoire quand on part du principe qu´il l´a soutenu dans ce qu´elle atraversé. Alexandra baisse le regard sur sa tasse. La vivacité d´esprit de Flóki, une des choses qu´elle aime tant chez lui, est maintenant ce qu´elle déteste le plus. Pourquoi est-il obligé d´être aussi réfléchit? Pourquoi doit-il penser aussi logiquement? Encore une fois, la jeune femme décide de garder le silence, se contentant d´hausser les épaules d´un air égal. Ce n´est que lorsque le bel homme se fait plus doux, qu´elle relève enfin le regard sur lui.

"Rien" souffle-t-elle en secouant doucement la tête "J´aimerais bien t´en parler mais ce ... ce n´est pas le moment"

Elle attrape sa tasse et reprend une longue gorgé de sa boisson. Puis, fort heureusement, le serveur revient afin de prendre leur commande. D´un commun accord, Alexandra et Flóki se décident pour le buffet. Dès lors que le jeune homme soit parti, tous deux se lèvent et se dirigent ensemble vers le buffet. Un grand buffet qui semble réellement délicieux. Patiemment, ils attrapent une assiette et se mettent dans la file pour attendre leur tour. Debout à côté de Flóki, Alexandra a le regard fixé sur le sol.

Subitement, elle sent comment son coeur s´accélère et comment ses mains se mettent à trembler. Tout d´abord légèrement, puis de plus en plus fort en fonction que la température de son corps augmente. Tentant de ne rien se laisser paraître, elle soupire doucement essayant de se calmer. Déglutissant, elle pose une main sur son ventre et espère que ce malaise n´est que passager. Mais ce n´est pas le cas. En fonction qu´ils avancent vers le buffet, elle se sent de plus en plus mal et commence même à avoir la nausée.

"Je... je reviens vite" souffle-t-elle à l´attention de Flóki.

Rapidement, elle pose son assiette sur le côté puis sort de la file et se dirige d´un pas rapide vers les toilettes. Là, elle a tout juste le temps d´ouvrir une des cabines et de se jeter à genoux que son goûter de l´après-midi ressort. Tremblante, Alexandra ne peut rien faire d´autre que d´attendre que ça passe.

Flóki aime bien avoir raison. Mais pas dans ce cas-là, car ça signifie qu’Alexandra lui cache quelque chose. Et si elle lui cache quelque chose, ce n’est clairement pas bon signe. Il a parfois un truc, comme un sixième sens, ou un petit doigt, qui lui dit qu’une mauvaise nouvelle va lui tomber sur le coin du nez. Ce soir, c’est le cas. La réaction de la jeune femme lui confirme ses pensées, presque avant même qu’il ne les formule. Ca ne l’empêche pas de parler quand même. Alex a bien compris où il voulait en venir, elle n’est pas conne et elle le connaît. D’ailleurs, elle aurait directement pu éviter une tentative de mensonge. Même si c’était futé d’y croiser la vérité.

La jeune femme ne répond toujours rien, alors Flo lui demande franchement ce qu’il y a. Il se fait instantanément plus doux. Un peu comme lorsqu’il tente de consoler sa sœur, ou son plus jeune frère. Le silence de l’étudiante ne le rassure pas, de un. Et de deux, lui donne paradoxalement envie de savoir, bien qu’il n’ait aucun droit à ce sujet. Alexandra, tout en relevant le regard sur lui, affirme qu’il n’y a rien, puis nuance en disant qu’elle voudrait lui en parler, mais que ce n’est ni le moment ni l’endroit. Le norvégien la fixe encore un moment, un argument coincé dans la gorge. Mais il se tait, prend sur lui, et c’est alors qu’apparaît un serveur. Avant de se décider pour le buffet, Flóki se demande furtivement s’il n’a pas à faire à des ninjas. Soit.

Accompagné d’Alex, ils se dirigent donc vers le buffet, qui a l’air très appétissant. Le comédien envisage à peu près tout ce qui s’y trouve. Mais ça n’a pas l’air d’en être de même pour la jeune demoiselle à ses côtés. A mesure qu’ils avancent dans la file, elle a l’air de plus en plus mal. Flo le remarque, mais sûrement un peu tard. Au départ, il a mis ça sur le compte du secret qu’elle ne peut pas lui révéler. Cependant, ça devient visiblement plus grave. Tremblante, elle s’excuse rapidement, assurant qu’elle revient vite, puis repose l’assiette et s’enfuit d’un pas rapide. Vers les toilettes, sans aucun doute, vu comment elle était pâle. Flo la suit des yeux jusqu’à ce qu’elle disparaisse de son champs de vision, ne comprenant rien.

Comme c’est bientôt à son tour, il reste dans la file, bien qu’en vérité il meure d’envie de savoir ce qu’il se passe réellement. Revenant à la table avec son assiette, il s’assoit. Il n’a pas arrêté de réfléchir, et une chose horrible s’est rappelée à son esprit. Un mot qui ne cesse de tourner en boucle. Cancer. Et si Alex avait fait une rechute ? Et si cette maudite maladie était revenue ? C’est le pire scénario auquel il peut penser. Le pire, et aussi presque le seul. Rien qu’en y pensant, il n’arrive pas à commencer à manger. Et comme Alexandra met du temps à revenir, Flóki choisit de n’en faire qu’à sa tête. Il se relève et se dirige à son tour vers les toilettes. Ce sont celles des femmes, mais qu’importe. Il entre sans faire attention.

— Alex ! Alexandra, lance-t-il, en repérant la seule porte fermée et en y allant toquer. Sérieux, ouvre, dis-moi c’qui va pas. S’il-te-plaît.

Deux jeunes femmes et une plus vielle sont en train de s’offusquer. Or, il s’en fout, et ne leur adresse même pas un regard. Alex est bien plus importante.

Alexandra se sent mal. Tellement mal. Non pas physiquement, mais bel et bien moralement. Elle se retrouve dans ce genre de situation desquelles on penserait que jamais elles ne nous concerneraient. Jamais, oh non jamais elle n´aurait pensée qu´un jour c´est elle qui découvrira être enceinte. Et ce, sans le vouloir. Elle ne veut pas de cet enfant. Elle ne veut pas de cette nouvelle vie qui va commencer. Elle veut continuer celle qu´elle a maintenant. Elle ne se sent pas prête. Pas du tout. Tout ça vient bien trop vite et l´écrase comme une enclume écraserait le coyote.

Tirant la chasse d´eau pour masquer l´odeur nauséabonde, elle ne peut réprimer un sanglot. Fermant les yeux, elle se passe le dos de la main sur le visage et essuie les larmes qui viennent de traverser ses paupières. Au même moment, elle trésaille en entendant la voix forte de Flóki avant qu´il ne toque vivement à la cabine dans laquelle elle se trouve. Un autre sanglot lui échappe et elle ferme plus fort les yeux. Elle ne veut pas qu´il la voit dans cet état. Enfaite, elle ne veut pas le voir tout court. Mais elle n´a pas non plus le coeur de l´envoyer balader en l´entendant la supplier, sur ce ton tellement inquiet, de lui dire la vérité.

Déglutissant, elle prend une profonde inspiration, crache une dernière fois dans les toilettes puis tire à nouveau la chasse d´eau et se relève. Attendant quelques instants, elle finit par se retourner et ouvre fébrillement le loquet avant de pousser la porte. En voyant Flóki, elle baisse la tête, ne pouvant soutenir son regard aussi perçant. "Excuse-moi" marmonne-t-elle en passant à côté de lui.

Elle se dirige vers les lavabos et fait couler l´eau. Tout d´abord, elle se lave les mains, puis se rince la bouche, frissonnant en sentant encore le goût du vomit, et se passe finalement l´eau sur le visage. C´est finalement Flóki qui, s´étant approché, lui pose une main sur l´épaule, l´oblige à se redresser. Se redressant, elle relève la tête, croisant le regard du scandinave dans le miroir.

"Je ..." elle se tait, les larmes se mélangeant à nouveau à l´eau qui coule sur son pull "putain Flóki" elle pince les lèvres et, sans pouvoir se retenir d´avantage, s´accroche au lavabo, se penche en avant et éclate à nouveau en pleurs "Je suis enceinte" parvient-elle à articuler avec difficulté entre deux sanglots.

Voilà, c´est dit. C´est cinquante pour cent de la vérité. Mais le plus dur reste tout de même encore à venir: annoncer à ce bel homme que c´est lui le père.

C’est trop bizarre tout ça, c’est dérangeant, c’est... Impossible de rester calme et à table en attendant gentiment qu’Alexandra revienne. Flo va la retrouver. Frappant à la porte, faisant fi des regards des trois femmes présentes, il demande des explications à Alex. Elle va finir par le rendre fou, si elle continu à ne rien lui dire. A force de trop réfléchir, il en est au point de se dire qu’un cancer a refait surface. Rien que de l’imaginer, il se sent glisser dans un gouffre. Il se souvient toujours, comme si c’était hier, du moment où il a appris pour sa mère, et celui où elle est décédée suite à cette maladie. Il est réellement inquiet, même si ça ne se voit pas forcément au premier coup d’œil.

Lorsqu’Alex ressort de là, elle ne lui adresse même pas un regard, préférant garder les yeux baissés. Elle a pleuré. Elle s’excuse rapidement, en allant vers un lavabo. Le scandinave la suit des yeux, avant de lancer un regard noir à la femme qui est restée. Sûrement une commère, dont ne sait où, mais autant la faire dégager. Les deux autres jeunes sont déjà parties, pestant contre le fait qu’elles ne pouvaient être tranquille nulle part – peut-être un rendez-vous à quatre où elles s’emmerdent un peu. Bref, pas nos affaires. L’autre femme, donc, fini par tourner les talons et partir avec une attitude hautaine. Flóki peut alors reporter toute son attention sur Alexandra.

La voir ainsi l’inquiète au plus haut point. C’est une des choses qui lui font dire qu’Alex est spéciale, car sa réaction est bien trop forte. Il l’apprécie beaucoup, et l’idée même qu’elle puisse... Soit. En tous les cas, elle a l’air terriblement mal, et il déteste ça. Surtout qu’il ne peut rien faire pour l’aider. Il s’approche doucement, et va poser une main sur son épaule. En se redressant, après s’être passé de l’eau sur le visage, Alexandra croise son regard. A peine a-t-elle prononcé un mot que de nouvelles larmes dévalent ses joues. Flo la laisse continuer, mais ne s’attend absolument pas à la suite. Mais vraiment pas du tout. Pas le moins du monde. Elle est enceinte.

— Helvete fæn...

Gros mots assez forts, à ne pas employer à la légère. Ce n’est plus l’anglais, mais c’est le norvégien qui sort, tellement il est sous le choc. Il est à la fois surpris, d’un côté rassuré car il n’est pas question de cancer, et aussi, tout un tas de questions lui traverse l’esprit. Qui est le père ? Depuis quand est-elle enceinte ? Comment c’est possible ? Pourquoi ? Elle n’a que 21 ans, c’est trop jeune ! Elle est encore à l’Université ! Et aux dernières nouvelles, elle n’a pas de copain. Sinon elle le lui aurait dit.Tout va très vite dans sa tête. Très très vite. Il se passe une main sur le visage, en essayant de remettre de l’ordre dans sa tête. Les yeux posés sur Alex, grâce au miroir, il est aussi dépassé par ses sanglots, complètement normaux cela dit. Il ne sait pas comment réagir, comment faire, et presque comment faire des phrases complètes. il a du mal à respirer et à penser tout d'un coup. Et puis...

— Er at- Le père, c’est... c’est qui... ? demande-t-il, alors que la réponse, il pense déjà la connaître.

Après avoir éclatée en sanglot devant Flóki, Alexandra ne peut plus se retenir. Les yeux fermés et les mains plaquées devant le visage, elle laisse libre court à ses émotions. C´est horrible. C´est ignoble. Elle est enceinte. Rien que le fait d´y penser ne fait qu´accentuer ses pleurs. Elle ne prend même pas en compte le juron en norvégien que pousse Flóki. Elle ne le regarde même pas, mais elle ne peut que trop s´imaginer sa réaction. Elle donnerait cher, très très cher pour ne pas avoir à faire face à ce bel homme en ce moment même. Elle aimerait temps lui dire que c´est une blague. De mauvais goût, certes, mais une blague tout de même. Et pourtant, c´est la dure vérité. Celle qui étouffe, qui donne la nausée, qui met mal à l´aise, qui donne envie de se barrer loin, très loin pour ne pas à ce que d´autre doivent pâtir de sa propre bêtise. Alors même si pour faire un enfant il faut être deux et que chaque parent à sa propre part de responsabilité, Alexandra ne peut s´empêcher de s´en vouloir amèrement à elle et non à Flóki.

Et puis, vient la question fatidique, celle que la jeune étudiante attendait mais redoutait et appréhendait. Celle à laquelle il n´exsite qu´une seule réponse possible. Réponse dont Alexandra n´est que trop sûre de connaître. Déglutissant, elle prend encore plusieurs profondes inspirations et se calme quelque peu. Puis, se passant une main sur le visage afin de s´essuyer les larmes, elle se redresse et relève son regard, croisant celui de Flóki.

"C´est toi..." souffle-t-elle, sa voix se brisant sur la fin. Elle réprime un sanglot et se mord sur les lèvres, secouant la tête "Oh Flóki" elle clos à nouveau ses paupières et renifle en continuant de secouer la tête "Je suis tellement désolé Flóki. Tellement, tellement ... putain."

Elle rouvre les yeux et remarque que le bel homme a fait quelques pas en arrière. C´est maintenant la panique qui prend possession de la jeune femme. Et si Flóki l´abandonne? Et s´il n´assume pas l´enfant? Elle préfèrerait sérieusement qu´il la traite de salope ou de trainée, plutôt qu´il la laisse seule ici, dans les toilettes dans ce restaurant.

"Je suis désolée Flóki" répète-t-elle dans un petit murmurre.

La nouvelle le dépasse totalement, et les pleurs d’Alexandra le désarme. Elle est bien trop jeune pour attendre un enfant. Il y a tellement de paramètres qui entre en compte, et elle est loin de les réunir tous pour pouvoir élever un enfant. C’en est presque improbable. Si Flóki n’était là, face à elle, s’il n’avait pas appris cette révélation de vive voix, il ne l’aurait tout simplement pas cru. Après le premier choc, il en vient rapidement à comprendre qu’il ne peut y avoir quinze hommes à prétendre au rôle du père. Bien que quelque chose lui cri intérieurement que c’est lui, il pose quand même la question, d’un ton hésitant qui ne lui ressemble pas. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’on apprend une telle nouvelle. Le norvégien comprend enfin les paroles d’Alex, qui lui disait ne pas pouvoir lui en parler tout de suite, et son attitude nerveuse depuis le début de la soirée.

Alors qu’elle croise furtivement son regard, et lui répond bien évidemment ce qu’il savait déjà. L’entendre dire enfonce davantage le clou. Mais il garde tout d’abord le silence, ne sachant même plus que dire ni penser. Et dire qu’il y a quelques mois à peine, il riait à ce sujet avec Nick, martelant qu’il ne se voyait pas père de sitôt, ou au moins dans l’année à venir. Il admire la patience que ses parents ont eue pour élever six gamins, mais il ne s’imagine à leur place, même pour un seul enfant. Il n’est pas ce que l’on pourrait appeler mature ou responsable. Enfin, en règle générale, il ne se prend pas la tête. Ça ne l’empêche de, parfois, agir comme toute personne de son âge. C’est très rare, mais ça arrive.

Alexandra s’excuse, plusieurs fois. Flo ne voit pas bien pourquoi. S’étant reculé de quelques pas, il tente de retrouver un semblant d’ordre de le fouillis de ses pensées. Il est aussi responsable de la situation, autant sinon plus que la jeune demoiselle. Il ne peut pas la laisser tomber, la laisser se débrouiller. Il en a fait des conneries, il n’a pas toujours pris ses responsabilités, il a plus souvent agi pour son propre intérêt sans beaucoup penser aux autres. Cependant, il a mis une jeune femme de même pas 22 ans enceinte. S’il y a bien un acte dans toute sa vie qu’il se doit d’assumer, c’est celui-là. Une nouvelle excuse d’Alexandra le sort de ses pensées.

— Arrête de t’excuser, lance-t-il, un peu sèchement sans doute. Ca l’énerve plus qu’autre chose en fait, il ne pense pas que la faute soit exclusivement celle de l’étudiante. Et puis de la voir les yeux remplis de larmes ne l’aide pas non plus à réfléchir. C’est moi qui te demande pardon, souffle-t-il en se rapprochant d’elle. Il pose une main sur sa joue et la force à relever le visage pour croiser son regard. Et si t’arrêtais de pleurer, hein ? Ça changera rien.

Il la prend ensuite dans ses bras, et lui caresse doucement les cheveux, pour la calmer. Il a décidé de ne pas la laisser tomber, quoiqu’il se passe. Il ne pourra pas être en paix avec lui-même s’il sait qu’elle est seule face à cette situation. Il l’apprécie trop pour penser avec égoïsme. Même s’il ne sait pas ce qu’il adviendra, même si maintenant l’avenir lui fait peur, il n’est pas un gamin immature d’une vingtaine d’année qui s’enfuit au moindre problème et qui délaisse sa copine sous n’importe quel prétexte.

Une situation merdique. Une vraie de vraie. Le genre de situation de laquelle Alexandra se serait encore bien passé pendant au moins les cinq prochaines années ou jusqu´à ce qu´elle ait une relation stable et un métier fixe. Là, elle n´a rien. Elle est en pleines études et est loin d´avoir finie. Heureusement, elle connait le père, bien que celui-ci ne soit pas intéressé par une relation sérieuse, ce qu´elle a apprit à respecter. Enfaite, elle est complètement dépasser par les évènements de la journée. Alexandra n´est pas une jeune femme faible. Au contraire. Elle vie sa vie la tête haute, l´esprit fort. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et est indépendante. Elle est une Stark, en somme.

Mais là, au lieu d´imploser, elle fond en larme. Elle ne peut pas faire autrement. Et Flóki n´est pas en reste. Alors que généralement il ne montre aucune réaction, Alexandra remarque que son visage se ferme et que son regard se trouble, signe bien évident que lui aussi vient d´être écraser par la nouvelle. Elle ne peut aucunement lui en vouloir. Ils n´ont plus que quelques mois avant d´avoir un - ou une- gosse dans les pattes.

Alors qu´elle s´excuse une ennième fois, Flóki hausse le ton et lui dit sèchement d´arrêter de s´excuser. La jeune femme se mord sur la lèvre inférieure et relève un regard interrogateur sur le bel homme. Celui-ci croise son regard puis, doucement, s´approche d´elle et, posant une main sur sa joue, lui dit que c´est à lui de s´excuser. Le visage d´Alexandra se crispe à nouveau et elle n´étouffe un sanglot qu´avec énormément de mal, les larmes reprenant leur course sur ses joues. Flóki lui dit ensuite d´arrêter de pleurer, car de toute manière ça ne changera rien, puis, contre toute attente, il la prend dans ses bras.

Blottie contre le scandinave, Alexandra ne met pas bien longtemps avant de se calmer. Peu à peu, ses sanglots deviennent moindres, les caresses de Flóki aidant beaucoup. Les yeux fermés, elle déglutit et passe ses bras autour de la taille de l´homme, le serrant un peu plus contre elle. C´est fout comme cette proximité à quelque chose de rassurant. Tout de suite, Alexandra doute fortement que l´homme ne l´abandonne. Elle ne le pense pas capable d´une telle chose enfaite. Mais Flóki est imprévisible, personne ne sait comment il réagit.

"Merci Flóki" souffle-t-elle. Après avoir prit une profonde inspiration, elle le relâche et se recule légèrement, juste assez pour pouvoir lever le visage et le regarder "Qu´est-ce qu´on fait?" murmurre-t-elle "Je suis au-dessus de la 13ème semaine de grossesse, je ne peux pas ..."

Elle ne parvient pas à dire le mot "avorter". Bien que ce soit la première chose à laquelle elle a pensé et la première chose qu´elle ait demandé à son gynécologue, elle se rend compte maintenant que ce serait au-dessus de ses forces que de prendre une telle décision. Même si elle aurait préféré une autre situation, elle n´aurait jamais put se résoudre à priver quelqu´un, qui va devenir humain, de sa vie. Sans doute est-ce l´instinc maternel qui, inconsciemment, est déjà là.

"Je n´ai plus très faim..." reprend-t-elle en baissant le regard et en relâchant complètement le bel homme.

Mais qu’est-ce qu’ils vont faire bon sang ? Oui, « ils », parce qu’Alexandra ne peut pas être seule face à ça, face à une grossesse et à un bébé. Flo ne sait pas comment ça va se passer, mais il sait au moins qu’ils seront deux. C’est vraiment tôt, pour Alex. Elle a 21 ans. Et comme il en a neuf de plus, le norvégien ne va pas agir avec immaturité. Ce n’est que du bon sens de ne pas laisser seule une jeune femme qu’on a mis enceinte. Et puis il ne sait même pas comment vont réagir ses parents, ceux d’Alexandra. Elle est tellement jeune... Mon dieu, plus il y pense plus il trouve ça dingue. C’est comme s’il n’arrivait pas à réaliser. Toujours est-il qu’il a choisi d’être responsable, aussi bien parce que c’est un peu de sa faute tout ça, et aussi parce que la jeune femme ne fait pas partie de ces histoires sans lendemain.

Soit. Pour le moment, il faut qu’elle arrête de pleurer. La voir aussi démunie lui fend le cœur et le désarme trop pour qu’il arrive à réfléchir posément. Le norvégien a plus l’habitude de la voir forte et indépendante. En plus elle n’arrête pas de s’excuser, ce qui tend à le saouler. D’ordinaire maître de lui-même, en toutes circonstances, là il ne peut pas tout simplement pas, il n’y arrive pas. C’est donc un peu sèchement qu’il lui dit d’arrêter de dire pardon. En croisant son regard, il se rapproche d’elle. Il a vraiment du mal à la voir comme ça, c’est fou. Il s’excuse, puis, voyant qu’elle fond de nouveau en larmes, il l’attire contre lui et entreprend de la calmer. Pleurer ne sert à rien, ce qui est fait et fait. Il la garde un moment dans ses bras, à lui caresser les cheveux, lui laissant le temps de se calmer. Se reculant finalement, plus calme que tout à l’heure, Alex le remercie puis demande ce qu’ils vont faire. Voulant dire qu’elle ne peut plus avorter, elle n’arrive même pas à prononcer le mot. Flo grimace légèrement, lui-même se rend compte qu’à presque trois mois, c’est difficile de s’imaginer en arriver là.

— Mh, je pensais que c’était bien plus aux US, souffle-t-il, plus pour lui-même qu’autre chose. Puis il secoue la tête. Bon de toute façon, c’est pas envisageable hein ? Il voit la réponse inscrite sur le visage de la demoiselle : oui, même pas une option. Et il comprend, ce doit être encore plus dur pour une mère de se dire qu’elle va tuer l’enfant qui grandit en elle. A 13 semaines, c’est même plus un truc microscopique, on a conscience que ça vit. C’est trop tard, maintenant, mais on va faire avec, t’en fais pas, sourit-il doucement.

Il y a des choses qui n’arrivent pas sans raison, et le fait qu’elle n’ait appris sa grossesse que tard, c’est peut-être que le bébé doit naître, voilà tout. Maintenant, il faut avoir un minimum de positivisme, sinon ils ne s’en sortiront pas. Alexandra, se détachant complètement de Flóki, fait savoir qu’elle n’a plus faim. Il esquisse cette fois-ci un sourire amusé. Même si lui, il aimerait bien manger un bout.

— C’est compréhensible. Tu préfères qu’on parte ?

Dans les bras de Flóki, Alexandra s’est toujours sentie bien. Surtout dans cette situation. Les bras forts du scandinave, la douceur de ses caresse sur ses cheveux, tout ça a un effet bienfaisant sur la jeune femme. Elle se calme assez rapidement, mais reste tout de même blottie dans les bras de l’homme, même lorsque ses pleurs cessent et que sa respiration se normalise. Elle remercie ensuite le bel homme puis se recule et, baissant le regard, demande ce qu’ils vont faire maintenant. Etant donné qu’elle est au-dessus de la 13ème semaine de grossesse, l’avortement n’est plus autorisé.

La réaction de Flóki est tout ce qu’il y a de plus adorable et est extrêmement admirable. Après s’être étonné, pensant qu’aux USA le temps était plus long, il dit que, de toute manière, ce n’aurait pas été envisageable. Alexandra déglutit et hoche doucement la tête. Oui, maintenant l’idée de tuer ce petit truc qui grandit en elle est carrément est carrément répugnante. Ça ne fait que quelques heures qu’Alexandra sait qu’elle est enceinte, mais déjà maintenant elle sait, au fond d’elle, qu’elle n’aurait jamais put se résoudre à avorter.

« J’espère qu’on y arrivera… » souffle la jeune femme lorsque Flóki lui dit qu’ils n’ont, de toute manière pas le choix et qu’ils vont devoir faire avec. « Y a Rose Levine qui est déjà au courant » murmure-t-elle « Je … je l’ai vue à la sortie du gynécologue »

Elle se recule d’un pas puis fait part à Flóki qu’elle n’a plus faim. Relevant le regard sur le scandinave, elle remarque le petit sourire amusé qui a prit possession de ses si douces lèvres. Il lui répond que c’est compréhensible et lui demande si elle souhaite aller autre part.

« Je n’ai pas envie de te priver de ton repas » lui fait-elle savoir en souriant doucement « On peut quand même rester et tu peux manger en toute tranquillité. »

Sérieusement, qu’est-ce qu’ils vont faire ? En entendant Alexandra dire qu’elle espère qu’ils y arriveront, il essaie un maximum de ne rien laisser paraître. Il est tellement loin d’être prêt à être père, il est tellement loin de tout ça, de cet univers. Il n’y a jamais pensé sérieusement. Il a couché avec pas mal de femmes dans sa vie, mais il n’y a jamais eu l’ombre d’une grossesse. Si y’a bien une chose à laquelle il a fait attention, c’est ça. Et il a fallu que ça tombe sur Alex, une jeune femme qui encore en études et à peine majeure. A son âge on devrait se soucier de ses notes et des garçons de son âge, pas d’un vieux de trente ans et d’un gamin à venir. Il a fait ce qu’il peut pour la calmer, elle, qui a l’air si fragile, mais à l’intérieur de lui, ça ressemble à la tempête. Il a cependant décidé d’assumer ses responsabilités, de la soutenir, c’est le moins qu’il puisse faire.

L’avortement n’est pas envisageable, c’est bien trop tard. Au tout début d’une grossesse, encore, Flóki aurait préféré cette option, car elle était encore possible. Même si Alexandra n’aurait peut-être pas voulu, il aurait eu des arguments, il aurait pu la persuadée, tout le monde l’aurait fait, parce qu’elle est trop jeune. Maintenant, même Flo n’aurait pas les arguments pour se convaincre lui-même. Cet enfant va arriver comme un cheveu sur la soupe, non désiré, une erreur en somme. Rien que d’y penser, il s’en veut. Le pire c’est qu’il ne sait même pas comment ça se fait. Il revient sur terre en entendant l’aveu d’Alex, au sujet de Rose Levine. Il fronce les sourcils.

— La fleuriste qu’est revenue à Shady Cove avec une brioche dans le four et pas de... ? Il s’arrête immédiatement. C’est vrai qu’il en a entendu de belles à son sujet, et il croit se rappeler aussi qu’Alex a joué à la baby-sitter. Ah j’comprends, se reprend-il en se passant une main dans les cheveux.

Il n’a même pas eu le temps de se demander pourquoi elle lui en a parlé qu’il a compris. Et maintenant il se demande si elle l’a dit à quelqu’un d’autre, à ses parents, si elle comptait le lui dire bientôt ou pas, si elle croyait que ça allait lui échapper, si... Il se pose pleins de questions, bien plus que d’habitude. La brune finit par lui faire savoir qu’elle n’a plus faim et, gentiment, il lui propose de partir. Il est un peu amusé, parce que ce n’est pas étrange qu’elle n’ait plus faim. Intérieurement, par contre, le scandinave a faim. Et elle le comprend immédiatement, lui disant qu’il a bien le droit de diner.

— Merci, sourit-il en allant lui ébouriffer un peu les cheveux. Il aime bien faire ça. Puis il se détourne, passe une main dans son dos pour la faire passer devant et sortir des toilettes – il avait oublié qu’il était chez les femmes tiens, le regard que lui lance le serveur n’est donc pas étonnant. Bon, je pense qu’on est fiché, souffle-t-il avec un sourire en coin à l’oreille d’Alex, alors qu’ils rejoignent tranquillement leur table.

J’espère qu’on y arrivera .  Tout de suite après avoir dit, Alexandra commence à douter. Un gosse, ça demande tellement de choix, tellement de responsabilités qu’une jeune femme de 21 ans  et qu’un homme de 30 ans tel que Flóki n’ont pas. Et pourtant, le scandinave a décidé de prendre et assumé sa part de responsabilité. C’était vraiment ce que la jeune femme craignait le plus : que Flóki ne se barre en courant et qu’il ne souhaite plus la revoir. Fort heureusement, il est toujours là et ne compte pas partir. C’est sans doute ce qui lui permet de réellement se calmer. Enfin.

Ils finissent par se détacher. Debout devant Flóki, Alexandra lui avoue avoir vu Rose Levine a la sortie du gynécologue et qu’elle est au courant pour sa grossesse. Elle ne dit rien d’autre, laissant, malgré elle, planer le mystère de qui est encore au courant. Fait est que … eh bien il n’y a que Flóki et Rose qui savent pour elle. Mais soit. Le bel homme commence par dire quelque chose d’assez disgracieux mais se reprend bien vite.  Ils finissent ensuite par décider qu’ils resteront encore, au moins le temps pour Flóki de manger un petit quelques chose. Bien qu’Alexandra n’ait vraiment plus faim, elle ne voudrait pas priver le bel homme de son diner.

C’est d’ailleurs ce qu’elle s’empresse de lui dire. Pour la remercier, il lui ébouriffe gentiment les cheveux puis, passant une main dans son dos, lui indique de sortir.  Alexandra se recoiffe, passe la porte et attend le bel homme. Celui-ci fait d’ailleurs une remarque comme quoi ils sont fichés en désignant le serveur. Alexandra fait un petit sourire, amusé. Mais, avant qu’ils ne partent, elle attrape Flóki par la manche et, le retenant,  le tourne vers elle.

« Je … je voulais juste te dire merci » souffle « Je veux dire … » elle relève le regard sur Flóki « Même si ça te… nous tombe dessus, comme ça … c’est …hm … » elle se tait, souffle doucement et ordonne ses idées avant de reprendre la parole « Enfin, même si l’avenir est … vient de prendre une toute autre tournure, pour chacun de nous, je suis contente que tu … » elle baisse de nouveau le regard « … ne me laisse pas tomber » reprend-t-elle en un murmure.

Ce serait vraiment la pire chose qui puisse arriver.  Le cas de Rose est assez similaire au sien. Elles ont toutes les deux eu cette nouvelle qui a bouleverser leur vies. Cette nouvelle qui est venu gâcher tous leurs projets. Mais a la différence de Rose, Alexandra aura le père du bébé qui restera avec elle. Du moins, dans un premier temps. Elle espère sincèrement que le bel homme ne change pas d’avis dans les prochains mois, ni même dans les prochaines années.

Leur vie va totalement changer. Il y a encore tellement de choses à régler en vérité. Flóki est persuadé que même s’il parle d’adoption, Alexandra n’acceptera jamais. Honnêtement, ce serait sans doute le mieux pour elle. Pour eux deux. Elle pourrait se consacrer à ses études et à sa vie de jeune fille. Mais d’un autre côté, ça lui pèserait sans aucun doute sur la conscience de devoir abandonner son enfant. Le norvégien est capable de la soutenir, mais élever un gosse ça lui paraît tellement impossible. Et ça lui paraît encore plus impossible de laisser tomber Alex. Il tient trop à elle.

Après que la jeune femme lui ait dit que Rose Levine, la mère de la petite fille qu’elle garde parfois, était au courant, et qu’ils pouvaient encore rester pour manger un bout, ils ressortent des toilettes. Malgré le fait qu’elle n’ait pas faim, elle accepte de rester. Et malgré toutes ces révélations, Flo a quand même faim. C’est qu’un viking ne se nourrit pas d’amour et d’eau fraîche. Enfin soit. En sortant, donc, il intercepte le regard d’un serveur qui pense sûrement qu’ils ont fait des trucs pas nets. S’il savait ce blanc-bec. Amusé, il fait une remarque à Alexandra, puis s’apprête à rejoindre leur table lorsque celle-ci l’attrape par la manche. Un peu étonné, il se tourne vers elle.

Il ne cache pas réellement sa surprise quand elle le remercie. Qu’est-ce qui ne va pas chez elle ? Tout d’abord elle tombe amoureuse de lui, elle se torture en le côtoyant, tout en sachant qu’il ne s’engagerait jamais, il la met enceinte, et elle le remercie ? Il s’apprête à lui poser une question quand il décide de la laisser souffler un coup. Remettant de l’ordre dans ses pensées, elle finit par lui donner la réponse. Elle est heureuse que, malgré tous les chamboulements qu’il va y avoir, il ne la laisse pas tomber. Il ne peut s’empêcher de pousser un lourd soupire. Voilà qu’il a encore envie de la prendre dans ses bras pour la réconforter et lui dire que tout ira bien, même si c’est faux.

— Me remercie pas, je fais juste ce que je dois faire, lâche-t-il simplement. C’est d'ma faute aussi, donc c’est normal que j’assume. A 30 ans ce s'rait regrettable, et un échec vis-à-vis de l'éducation qu'on m'a donné, que j’agisse comme un crétin immature, tu crois pas ?

Il sourit en attrapant sa main, puis l’entraîne jusqu’à leurs places. Il s’installe en face d’elle, et se rend compte qu’ils ont énormément de choses à mettre au point. Comment ils vont s’organiser, qu’est-ce qu’elle va faire pour ses études, qu’est-ce qu’ils vont faire quand le bébé sera là... Flo sait parfaitement qu’ils se sont embarqués dans un truc qui les dépasse. Dans plusieurs années, qui sait comment leur relation aura évolué. Alex se trouvera forcément un mec qui la mérite, et qui fera sans aucun doute un meilleur père que lui. Peut-être que le norvégien sera amené à déménager, si ce n’est pas la jeune femme qui part en premier. Ça lui fait réellement peur tout ça. Inconsciemment, il n’a pas envie qu’elle parte, qu’elle le quitte. Bien qu’ils ne soient pas ensemble.

— Sinon, à part la fleuriste et moi, qui d’autre est courant ? demande-t-il d’un ton assez détaché, en prenant une bouchée de son assiette. Il dissimule et relègue ses pensées angoissantes loin.

Que Flóki ne se barre pas en courant signifie énormément pour Alexandra. Sans doute bien plus que le beau scandinave n´imagine réellement. L´avenir est plus qu´incertain en ce qui les concerne. Maintenant qu´un enfant est en route ils vont devoirs changer tellement de chose, abandonner tant d´habitudes prises et pourtant ils seront ensemble à faire face à tous ces changements. Alexandra s´empresse de faire part de sa profonde reconnaissance envers Flóki. Celui-ci lui dit que c´est tout à fait normal et qu´il irait à l´encontre de son éducation s´il agissait comme un crétin immature.

La jeune femme hoche la tête et le gratifie d´un sourire reconnaissant, quelque peu amusé. Puis, soufflant un dernier petit « Merci », elle le suit vers la table à laquelle ils s´installent face à face. Tandis que Flóki recommence à manger -le pauvre, il doit surement avoir vachement faim- Alexandra attrape sa tasse. Le fait que son thé soit maintenant froid ne la dérange aucunement. Comme ça ou comme ça, un thé au jasmin reste excellent. Bref. C´est au moment oú elle prend sa première gorgé, que Flóki reprend la parole, demandant si, à part Rose et lui, quelqu´un d´autre est au courant de la situation d´Alexandra.

« Non » dit-elle en secouant la tête « Je ne l´ai apprit qu´il y a quelques heures, au courant de cet après midi. Ou du moins, le gynécologue m´a-t-il confirmer mon appréhension ... » elle reprend une deuxième gorgé de sa boisson « Enfaite, depuis, je n´étais plus à la maison. J´avais de toute manière prévue de rester en ville jusqu´à ce qu´on se voit. Donc mes parents ne s´inquiètent surement pas et je dois t´avouer que ... ça m´arrange pas mal » elle lui adresse un petit sourire, sans joie. « D´ailleurs ... comment est-ce que je leur apprend la nouvelle? Ils vont se douter que quelque chose ne va pas» elle soupire doucement puis affiche une moue de réflexion avant de reprendre la parole « En tout cas, tu peux déjà te préparer psychologiquement à les rencontrer. » elle plonge son regard dans celui du scandinave « Les connaissant, je sais qu´ils voudront rencontrer celui qui à mit leur fille ... enfin le père de leur petit fils, ou petite fille. »

Et c´est là le plus gros des problèmes. Alexandra se doute bien que ses parents vont tout d´abord être choqué, mais qu´au final, ils vont la soutenir. Ce ne serait pas la première fois que la famille Stark devra faire face à un problème important. Mais le vrai problème, ici, c´est bel et bien Flóki, un homme de 9 ans l´ainé d´Alexandra. Normalement, à cet âge là, on doit être responsable et savoir ce qui se passe quand on ne se protège pas suffisament. Dans la tête de la jeune femme, tout est clair: dans un premier temps ses parents -et surtout son père- verront Flóki comme un intrus de la famille, quelqu´un qui ne mérite pas d´être appeller `beau fils´ par eux. Et pourtant, Alexandra est réellement persuadé qu´il se fera accepter. Il faut juste laisser le temps faire son oeuvre.

Flóki a sûrement autant peur de l’avenir qui se profile qu’Alexandra, pourtant il ne le montre pas. Comme souvent, il ne dit pas l’entière vérité. En revanche, il compte assumer. Et pour cela, la jeune femme n’a pas besoin de le remercier, bien qu’elle le fasse par deux fois. Il secoue négligemment la tête, sans un autre sourire, en l’entendant lui redire merci. Non franchement, il n’a pas besoin de sa reconnaissance. Il l’a mise enceinte. Si elle attend un enfant à même pas 22 ans, c’est à cause de lui. Partant de là, prendre ses responsabilités n’est pas quelque chose qui devrait être vu comme étonnant. A moins qu’on soit tellement habitué à le voir égoïste, de glace, imprévisible, et immature, que c’est cela, qui est étonnant ?

Enfin. Ils reviennent à leur table presque comme si de rien n’était. Le norvégien entame donc son assiette, tandis que l’étudiante retrouve sa tasse de thé. Il tombe assez rapidement dans ses pensées, et rien de bien folichon. Se raccrochant à sa curiosité, il en ressort en demandant à Alex qui est au courant de la situation. Elle lui avoue que ses craintes ont été confirmées cet après-midi même, que comme elle n’avait pas prévu de rentrer chez elle, elle n’a pas contacté ses parents,  et que donc la providence a mis Rose Levine sur sa route. Flo hoche furtivement la tête, avale sa bouchée, et repose ses yeux sur la brunette.

— T’avais des doutes et t’as rien dit à personne ? demande-t-il, sérieux, ignorant son sourire, juste après qu’elle ait dit que de ne pas avoir vu ses parents l’arrangeait.

A sa plus grande honte, il ne se souvient pas de la nuit. Enfin, si, il s’en souvient, mais pas parfaitement. Et se connaissant, lui et ses réflexes, ils ont du se protéger. Pourtant, la voilà enceinte. Ce n’est cependant pas la peine de revenir sur le passé, ce qui est fait est fait. Par la suite, Alexandra met le doigt sur, sans doute, l’un des plus durs obstacles. Ses parents. Flóki s'étouffe presque avec sa bouffe, se voyant déjà mort et enterré, après avoir subi le courroux de monsieur Stark. Disons qu’il voit mal comment le père pourrait bien réagir en apprenant que sa petite fille chérie a été mise enceinte par un type de 30 ans. L’étudiante, après lui avoir demandé comment elle pourrait leur en parler, ajoute qu’il peut déjà se préparer à les rencontrer, puisqu’ils y tiendront absolument. Après un temps de latence, il prend une gorgée de sa boisson, comme pour avaler la nouvelle.

— J’aurais peut-être dû prendre de l’alcool en fait, souffle-t-il en regardant sa tasse, et en la reposant. Mais chaque chose en son temps, on va garder les repas de famille pour plus tard hein. En parlant de ça, comment va réagir la sienne... ? En tout cas, j’vois pas trop comment tu peux amener le sujet de façon à c’qu’il soit bien reçu. De leur point de vue, t’es une étudiante enceinte et célibataire, déjà là t’as rien de bon. Ensuite, moi, mon âge, mon caractère, le fait qu’on soit pas ensemble, ça va pas aider davantage.

Il part peut-être bien défaitiste, mais il ne peut s’en empêcher. L’un doit toujours penser au pire,même lorsqu'il s'agit de sa propre famille. Les Stark sont déjà passés par le cancer d’Alexandra, qui était un fait indépendant de sa volonté. Maintenant, ils vont devoir faire face à une grossesse et à tous les problèmes que ça va amener. Et ça, ça aurait pu être évité. Pas sûr qu’ils réagissent très bien...

Les familles. Autant sont-elles importantes pour de nombreuses choses, autant peuvent-elles être un vrai obstacle. Comme dans cette situation là. Enfait, pour tout dire, Alexandra ne craint pas trop la réaction de ses parents. Certes, ils ne seront sans doute pas enchanté que leur fille leur fasse un petit enfant tellement tôt, mais ils ne vont pas non plus la rejetter. Au contraire. Passé le choc, elle est certaine qu´ils s´occuperont bien d´elle ainsi que de l´enfant lorsqu´il sera là. Enfaite, Alexandra appréhende bien plus la réaction de la famille de Flóki, de laquelle elle ne connait vraiment pas grand chose. Elle sait juste que sa mère est décédée d´un cancer, qu´il a de nombreux frères et soeurs, la plus jeune ayant l´âge de l´étudiante. Enfin, chaque chose en son temps.

Alexandra évoque furtivement le fait qu´elle avait des doutes quant à sa grossesse, mais qu´elle n´a rien dit à personne. Enfaite, elle a seulement prit rendez-vous chez le gynocologue lorsque ses règles ne sont pas venues une deuxième fois. Elle pensait simplement avoir un retard un peu plus long et puis l´idée qu´elle soit enceinte était tellement saugrenue qu´elle n´y avait même pas pensé. Toujours est-il que Flóki, lui, est sérieux lorsqu´il lui demande confirmation sur le fait de ne rien avoir dit. Elle hausse légèrement les épaules, affichant une moue désolé. Faut dire qu´elle aurait très bien put éviter un gosse si elle était tout de suite allé chez le gynécologue. Mais bon, ce qui est fait est fait, elle ne peut plus rien y changer.

Elle ne répond donc pas au bel homme, lui annonçant plutôt qu´il va devoir se préparer psychologiquement à rencontrer ses parents car, les connaissant, elle sait qu´ils insisteront sans doute pour le connaître. En entendant cela, Flóki blémit, dit furtivement qu´il aurait quand même dut prendre de l´alcool puis se concentre, pendant un certain temps sur sa tasse avant de suggérer que les repas de famille seront pour plus tard. Sans doute craint-il la réaction du père d´Alexandra? Quoiqu´il en soit, il reprend ne pas savoir comment elle pourrait amener le sujet autrement que directement car de toute maniére de leur point de vu, la jeune femme n´est rien d´autre qu´une étudiante enceinte et célibataire, qui plus est. Elle soupire doucement et baisse le regard, tandis que Flóki reprend que son âge ainsi que son caractère ne joueront pas non plus en sa faveur.

« Flóki ...» souffle-t-elle en se penchant en avant et en posant sa main sur la sienne avant de relever le visage et planter son regard dans celui du scandinave « ça ira. Mon père n´est pas non plus un monstre, tu sais? Bon, tu as raison sur ce que tu dis. Je sais aussi que ça aurait put être éviter, mais on ne l´a pas éviter. Il ... enfin mes parents devront juste se faire à l´idée qu´ils seront grands-parents plus tôt que prévu. Mais qu´importe, je suis sûre que dès que mes parents te connaîtront, ils t´accepteront» Elle lui sourit gentiment puis se relâche et attrape sa théière pour se servir à nouveau « Par contre, je n´en sais absolument rien en ce qui concerne la tienne » elle repose la théière et attrape la tasse « je pense qu´ils ... enfin que ton père voudra connaître son petit fils ... ou sa petite fille, non? »

Elle prend la tasse en main et la lève à ses lèvres pour en prendre une gorgé. C´est alors que le reste des paroles de Flóki, concernant le fait de comment elle peut annoncer la nouvelle aux parents Stark « Pour ce qui est de le dire à mes parents» elle hoche doucement la tête « tu as raison. Je n´ai vraiment pas le choix que celui de le leur apprendre directement » elle repose sa tasse et relève le regard vers Flóki « Et toi alors? Tu comptes de lui annoncer, à ton père? »

Il va y avoir beaucoup de difficultés, d’obstacles en tout genre. Pour une fois, Flóki ne sait pas comment leurs familles vont réagir. La sienne va sûrement être divisée, en même temps quand on est aussi nombreux, c’est difficile d’être toujours d’accord. Mais ce n’est pas elle qu’il appréhende le plus. C’est surtout du côté d’Alexandra. Il craint qu’à cause de lui, les problèmes apparaissent. Pour sa famille, il sait bien que ça va plus lui retomber dessus, ils ne vont pas forcément s’attarder sur la future maman. En revanche, pour la famille d’Alex, il est certain qu’il ne sera pas le bienvenu. C’est un coup à se faire démonter par le père et par le frère. C’est connu qu’un frère est souvent très protecteur envers sa frangine. A vrai dire, si sa propre sœur était dans la situation d’Alexandra, il ne se gênerait pas. Et ce serait pire si le mec se barrait comme un traître. Soit.

Il vient demander à Alex pourquoi elle n’a rien dit, alors qu’elle avait déjà des doutes. A part un haussement d’épaules, elle ne dit rien. Il comprend aussi, quelque part. Soit elle ne pensait vraiment pas pouvoir tomber enceinte, soit elle avait trop peur pour en parler à qui que ce soit. Toujours est-il que maintenant qu’il y a un petit bébé en route, et qu’elle le sait, elle a trouvé le courage d’en parler. Et elle le prévient aussi qu’il finira par rencontrer ses parents, tôt ou tard. Flóki perd sûrement quelques couleurs, puis décide que ça, sera plus tard, et que tout d’abord, Alexandra doit en parler à ses parents. Il ne pense pas qu’il y ait de bonnes façons de leur annoncer, mais il faut qu’elle le fasse de toute façon. De plus, ce qu’il est ne va pas forcément plaider en sa faveur. Il part bien défaitiste, et Alex le voit sans peine. Elle le rassure même.

La douceur de sa voix le touche en vérité. Elle lui dit que son père n’est pas si horrible que ça, que même s’il n’a pas tort, ça s’arrangera, car ses parents n’auront pas d’autres choix que de l’accepter. Les yeux posés dans ceux de la jeune femme, il finit par les baisser sur son assiette. Il n’est pas autant persuadé qu’elle que « dès qu’ils le connaîtront, ils l’accepteront ». Il n’arrive pas vraiment à être positif. Il perçoit son sourire, puis relève franchement la tête lorsqu’elle évoque la famille Thorsen d’un ton moins assuré.

— J’pense que ma famille sera tout aussi surprise qu’la tienne, sourit-il en coin, puis il hausse les épaules. T’as pas à t’en faire, peu importe comment mon père, mes frères, et ma sœur réagiront. Si y’a un truc que je peux garantir, c’est qu’ils n’auront rien contre toi. Il lui sourit doucement. Ne t’inquiète pas pour ça, ok ? Il sait parfaitement qu’il n’échappera pas à une leçon de morale, mais il sait aussi que certains le soutiendront, comme sa sœur, ou son plus petit frère, ou son père, à terme. Ce n’est pas un crétin, même s’il a bien des fois été désespéré par le comportement de son deuxième fils. Mon père a déjà des petits-enfants, deux, des faux jumeaux, une fille et un garçon. Ils ont eu 2 ans début février. Il sait le bonheur que ça procure, alors compte sur lui pour pas passer à côté.

Il esquisse un léger sourire, avant de reprendre son repas. Même si certains le désapprouveront pour avoir mis enceinte une jeune femme de 21 ans, ils ne pourront s’empêcher d’être curieux. Disons que dans leur tête, Flo aurait plus été le dernier à se ranger et à être père. Après sa relation avec la journaliste il y a des années, la seule sérieuse, ils ont tous désespérés petit à petit de le voir de nouveau amoureux. Pas qu’il l’est, mais... Hm, bref. Déçus mais curieux, ça devrait résumer leurs réactions. Alexandra revient ensuite sur le sujet de l’annonce. Elle aussi ne voit pas d’autres moyens de le dire à ses parents que directement. Il continu de manger, pensant exactement la même chose, puis elle reprend une fois de plus sur la famille de Flóki. Il avale d’abord sa bouchée, avant de répondre.

— J’sais pas, lâche-t-il simplement. Il le saura mais je sais pas quand ni comment. J’sais pas comment leur dire, à tous, pas face à face en plus, ça va être chiant. Il soupire ; il aimerait tellement que sa mère soit encore là, ce serait bien plus facile de lui parler à elle. Ça serait bien qu’il ait un tournage en Amérique, ça faciliterait le truc, réfléchit-il à voix haute. C’est la première fois qu’il n’ose pas parler à quelqu’un de sa famille. C’est un sujet tellement grave, tellement important, aussi. On ne peut pas aborder ça comme on parlerait de la météo.

Chacun d’eux craint la réaction de la famille de l’autre. Ce qui est tout à fait normal. Et même si Alexandra ne connait pas celle de Flóki, elle pense bien qu’elle réagira mieux que la sienne. Flóki a 30 ans, c’est un âge normal pour devenir papa. Mais 21 ans n’est pas un âge pour devenir maman. Ainsi, la crainte du beau scandinave est très justifiée. Trop justifier. Alexandra aimerait tant lui dire que ce n’est pas grave, que ses parents l’aimeront comme on devrait aimer un beau fils, mais elle sait que ce ne sera pas le cas. Et pourtant, elle essaie de le rassurer, lui disant que son père n’est pas non plus un monstre et qu’ils l’accepteront en tant que père de leur petit enfant. De toute manière, ils n’ont pas le choix.

Lorsqu’Alexandra lui fait part de son doute quant à sa famille, c’est sur un ton gentil et compréhensif que Flóki lui répond. Il lui dit que même s’ils seront surprit, son père, ses frères et sa sœur n’auront rien contre elle. La jeune femme le regarde, l’hésitation se lisant sur son visage. Elle n’est pas tout à faite persuadé de la véracité de ces dires, même lorsque le bel homme lui dit que son père sait ce que ça fait que d’être grand-père, qu’il sait à quel point c’est agréable et quel bonheur ça procure qu’il ne passera aucunement à côté de l’enfant de Flóki. Malgré elle, Alexandra se met à sourire. Enfaite, le père de Flóki semble être quelqu’un de très gentil.

« Il a donc l’habitude des pleurs de gamin » dit-elle avec une pointe d’ironie

Elle lui demande ensuite s’il compte le leur dire. Bien évidement, elle connait déjà la réponse, mais le bel homme semble lire dans ses pensées, précisant que, même si son père le saura un jour, il ne sait pas quand ni comment, car il ne sait pas comment le dire à tous, face à face. Il avoue ensuite que le fait qu’ils n’habitent pas en Amérique est fort problématique.

« Je vois » répond la jeune femme en hochant la tête et en déviant légèrement le regard. Se mordillant sur la lèvre inférieure, elle hésite quelques instants puis relève son regard sur Flóki « Et si tu … enfin on partait en Norvège… chez ton père ? » demande-t-elle doucement « Je veux dire … comme ça tu pourras le lui dire directement et je fait leur connaissance » elle affiche un demi sourire « On fait d’une pierre deux coups » elle hausse les épaules, réaffichant une mine plus neutre « Enfin, ce n’est qu’une proposition… » reprend-t-elle, tout à coup moins sûre d’elle.

Fait est que ce serait une occasion idéale pour découvrir le pays d’origine du père de son futur enfant. De toute manière, ils devront trouver une solution afin que l’enfant apprenne à connaître ses deux grands-parents. Même si ça ne sera pas facile et que pour le moment Alexandra se voit mal de réfléchir sur ce sujet.

Aucun des deux ne connaît la famille de l’autre, et pourtant un bébé est en route. Rien que pour ça, leur situation est étrange. Et n’oublions pas qu’ils ne sont même pas un couple. S’il y avait un point positif là-dedans, c’est qu’ils sont toujours célibataires, ça aura évité des embrouilles supplémentaires. Ils en auront déjà assez avec la famille, et celle d’Alexandra promet de donner du fil à retordre au comédien. Flóki le sent mal. Selon ses estimations, il devrait aussi le sentir passer au niveau de sa propre famille. Mais Alex n’a pas grand-chose à craindre des Thorsen. Ils connaissent assez bien Flo pour penser qu’elle n’a rien demandé à personne. Il la rassure là-dessus dès qu’il comprend ses angoisses. Au moins l’un d’eux sera en paix avec ça. Ils savent parfaitement tout deux que ce ne sera pas facile avec la famille de la jeune femme. Cette dernière paraît un peu plus calme vis-à-vis de la famille du comédien, même si c’est pas encore ça. Lorsqu’elle reprend la parole, Flóki ne peut s’empêcher de sourire.

— Voilà, sachant qu’il a six enfants, la maison n’a jamais été très calme.

Il lui avoue ensuite qu’il n’a strictement aucune idée de la façon dont il abordera le sujet avec son père. Le fait qu’ils soient si éloignés n’aide pas non plus. Il aura du mal à en parler par téléphone. Pour un sujet aussi important, il préfère que ce soit fait en face à face. Si son père avait un tournage dans le coin, ce serait pas mal, mais il n’est au courant de rien. Seul l’aîné de la fratrie habite aux Etats-Unis, et même s’ils sont proches, Flo ne voit pas le lui annoncer avant que le père ne soit au courant. Il n’a aussi aucune idée de la façon dont ils vont réagir, même si son père a toujours été présent pour lui, même s’ils sont très complices avec son frère... Flóki relève le regard sur Alexandra, lorsqu’elle propose de partir en Norvège. Il arque un sourcil, et repose sa fourchette quand elle finit.

— Tu veux qu’il ait une crise cardiaque en fait ? souffle-t-il, avant de sourire en coin. J’imagine même pas le choc. « Salut papa, j’te présente Alexandra, elle a le même âge que Freyja, on va avoir un enfant. Sinon elles se passent bien tes répèt’ pour ton dernier rôle ? » Il secoue doucement la tête, puis reprend une bouchée de nouilles sautées. Il se prend le temps de réfléchir un instant, avant de reposer ses yeux sur Alex. C’est pas une mauvaise idée, mais je préfèrerais que tu sois pas là. Enfin, si, on pourrait y aller ensemble, mais je préfèrerais être seul pour parler à mon père. Il préfère être franc et pour le moment, il ne se voit pas la présenter en même temps qu’annoncer la nouvelle de la venue d’un bébé. Après oui, j’te le présenterais. Reste à savoir si tes parents voudront bien que tu t’envoles pour la Norvège avec moi, et le temps et l’argent pour y aller.

La proposition d’Alexandra d’aller en Norvège a été dite sans réflexions préalables. Mais plus elle y pense, plus elle se dit que, tôt ou tard, ils seront bien obligé d’y aller, ne serait-ce que pour présenter son enfant à son grand-père paternel. Bon, il va de soit qu’ils ne le feront pas tout de suite : Jamais ses parents ne la laisseront partir seule avec Flóki. Encore moins lorsqu’ils auront apprit qu’elle attend un enfant de lui. C’est d’ailleurs ce que le bel homme lui dit. Même si c’est une bonne idée, il préfère être seul pour lui parler. Alexandra hoche la tête en prenant une gorgé de sa boisson, signe qu’elle ne comprend que trop bien, elle-même souhaitant parler seule à ses parents dans un premier temps.

« Je comprend tout à fait » dit-elle en hochant la tête « voilà ce que je te propose : on parle chacun de notre côté à notre famille. Même si je comprends que tu ne veuilles pas le faire par téléphone et que tu préfères le faire en direct … je ne pense pas que tu ais le choix. A moins que tu souhaites partir directement en Norvège ? Mais je pense que tu devrais au moins prévenir ton père avant de débarquer chez lui, comme ça, non ? »elle plante son regard dans celui de Flóki avant de reprendre une gorgé de son thé et afficher un sourire.

Sourire, qui, pourtant, disparait assez rapidement. En abaissant la tasse après l’avoir vidée de son contenu, les paroles de Flóki lui revienne à l’esprit. « t’es une étudiante enceinte et célibataire ». Elle garde le regard baisser, pince légèrement les lèvres et hésite quelques instants, avant de relever le visage vers l’homme.

« Et pour nous alors ? » demande-t-elle doucement « Je veux dire…on … on … » elle soupire et secoue doucement la tête « Je ne sais pas comme le formuler enfaite » elle sourit une peu, ironique avant d’hausser les épaules « En gros on est ensemble, ou pas ? »

Aller en Norvège est impensable pour Alexandra, elle n’est pas en état, et jamais, ô grand jamais, ses parents ne la laisseront y aller. Ce n’est pas une si mauvaise idée en vérité, tôt ou tard, ils se rendront sûrement dans ce pays. La famille est quelque chose de très important pour Flo, et, bien que sa relation avec Alex ne soit pas habituelle, il n’imagine pas une seconde ne pas présenter un jour son enfant à ses frères et sœur, et à son père. La jeune femme a donc proposé ça un peu trop vite, mais ce n’est pas bête non plus. Le norvégien lui fait cependant remarquer les points qui ne vont pas, et elle hoche la tête, du même avis au final. Et puis, s’il doit parler à son père, il veut être seul avec lui. C’est la même chose pour l’étudiante d’ailleurs ; Flóki n’a pas même pas pensé une seule seconde être présent lorsqu’elle le leur annoncerait. Il ne les a jamais rencontrés, qui plus est.

Quoiqu’il en soit, ils parleront seuls à leur famille. Flo acquiesce, étant totalement d’accord avec elle, et continuant de manger. Elle ajoute ensuite, avec justesse, que même s’il préfèrerait en parler à son père face à face, ce n’est pas vraiment possible. Partir en Norvège, là maintenant tout de suite, c’est un peu court. De toute façon, il faudrait bien qu’il prévienne son père de sa venue. De nouveau, il hoche la tête.

— Ouais je sais, je l’appellerais demain matin déjà, j’verrais après, lance-t-il en réponse, avec un haussement d’épaules.

Il ne sait pas encore s’il ira en Norvège bientôt, mais il avisera plus tard. Flóki termine son assiette, tout en réfléchissant à pas mal de choses. Maintenant, il y un détail – si on peut appeler ça un détail – qui lui vient à l’esprit. Comment ils vont l’appeler, ce gamin ? Fille ou garçon ? Pitié, faites que ce ne soit pas des jumeaux, ce serait trop d’un coup. Il esquisse une légère grimace, car, bien que visiblement, il n’y ait qu’un locataire, on n’est jamais à l’abri d’une erreur. Et puis, Alexandra reprend la parole, et ce qu’elle dit lui fait lever la tête et reposer son thé. Elle lui demande ce qu’il en ait pour eux, sont-ils ensemble ou non ? Qu’est-ce qu’ils sont l’un pour l’autre, c’est une très bonne question. Il garde le silence un moment, avant de baisser son regard sur sa tasse de thé.

— Je sais pas, dit-il, secouant doucement la tête. Il est désolé de ne pas pouvoir répondre clairement, oui ou non. Désolé, vraiment, je... J’pense pas qu’on puisse se définir comme un couple mais, on va quand même avoir un gosse ensemble et... J’crois pas qu’il y ait d’mot pour ça.

Il hausse les épaules. Faut pas se voiler la face.

En posant la question les concernant eux, Alexandra se doutait de la réponse. Mais l’entendre être prononcée par le principal concerné lui-même, est d’autant plus douloureux. Enfin. Visage fermé, la jeune femme tente de ne pas laisser paraître à quel point la réponse du plus âgé la touche, dans le sens négatif du terme. Pour lui, ils ne sont que deux personnes qui attendent un enfant, mais ne sont pas ensemble. Déglutissant discrètement, elle hoche doucement la tête et baisse le regard. Il n’a que trop raison.

« Ok… » souffle-t-elle, montrant tout de même plus qu’elle ne l’aurait voulut. « Ce n’est pas vraiment ma vision d’une famille, mais soit. » elle hausse les épaules. « Je te connais assez pour savoir que c’est impossible que tu changes d’avis ou quoique ce soit. » elle se redresse et pose ses mains sur le bord de la table en relevant un regard neutre vers Flóki. Elle l’observe quelques instants puis adoucit ses traits et sourit doucement « Tant que tu assumes ton enfant, moi ça me va »

Repoussant sa chaise, elle se lève. Faisant quelques pas, elle attrape sa veste et l’enfile. « Je vais y aller » dit-elle ensuite. Son regard se pose à nouveau sur Flóki qui se lève à son tour. Elle s’avance ensuite vers lui et le prend dans ses bras le serrant furtivement contre elle « merci. Encore. » souffle-t-elle.

Elle se détache, se recule de deux pas, plonge une dernière fois son regard dans celui de l’homme puis attrape son sac à main et part, ne se souciant même pas de l’addition. De toute manière, c’est Flóki qui l’a invité. C’est lui qui paye.