There is no secret here.
Evan Baker & Dan Scheppers

La sonnette d’entrée du bar n’a pas cessé de tintinnabuler toute la journée. Le bar n’est pas toujours plein, mais il a bonne réputation en ville. Dan se plait à penser qu’il n’y est pas pour rien, lorsqu’il est derrière le comptoir, il devient le maître des lieux, un peu malgré lui. C’est pas mal d’aimer son boulot, on ne dirait pas comme ça, mais ça évite pas mal de stress et le stress, Dan, il préfère l’éviter. Il a grandit ici, entre la fête de la jonquilles et les soirées de lycée dans le garage des copains. Le bruit et l’activité des grandes villes ne l’ont jamais attiré, il y a quelque chose à Shady Cove de bien plus humain.

Une qu’il s’est occupé de ses clients, Dan passe un coup de chiffon pour sécher les derniers verres lavés. Il garde le sourire et parle de la pluie et du beau temps avec un vieux du coin, il parait que le printemps s’installera bientôt définitivement, Dan glisse une petite plaisanterie sur les prochaines précipitations de pluie. Il s’adapte à son public.

Le bruit familier de la sonnette d’entrée retenti à nouveau et l’homme qui entre n’est autre qu’Evan Baker, écrivain de son état. Avant de le rencontrer, Dan n’avait pas lu ses livres, en fait, maintenant qu’il le connait, il est à peine allé à la troisième page du premier. Cela dit, on ne peut pas lui en vouloir, la lecture, c’est pas son fort. Un jour il arrivera au bout, parce qu’il l’a promis mais en attendant, il se contente de s’approcher de lui pour faire son job.

« Salut mec ! » lance-t-il enjoué présentant son poing pour checker amicalement.

« Je te sers quoi ? »

C’est sans doute la phrase qu’il répète le plus souvent dans la journée, mais Dan sait à quel point ces quelques mots peuvent permettre aux plus secrets de s’ouvrir.

Evan est assez apprécié dans le coin, Dan le sait parce qu’il est à la place idéale pour tout voir de là où il est. Il discute aisément avec la population locale qui pour la plupart le connait depuis qu’il est gamin. Il n’a pourtant pas d’inscrit dans son ADN le commérage, en fait, il se contente de renseigner et de défendre même alors on ne peu pas vraiment lui en vouloir. Et lorsqu’il raconte une anecdote, Dan reste souvent vague, il parle de « l’ami d’un ami ». Il ne veut blesser personne.

Lorsque l’écrivain passe la porte du bar, Dan ne tarde pas à le rejoindre pour le saluer et prendre sa commande. Il n’y a pas foule au Shelter, il n’y a jamais foule en soit. Le bar est souvent animé mais rarement bondé (sauf lors d’évènements particuliers) et c’est ainsi que Dan l’apprécie. Il a le temps de s’occuper de chaque client personnellement.

« Une bière, ça marche. »

Dan se retourne pour accéder à la pompe à bière et sert son ami, en quelques secondes, tout en répondant à ses questions.

« J’ai pas à me plaindre, à part le débat philosophique sur la meilleure marque de canne à pèche avec le père Gordon, c’est plutôt calme aujourd’hui. »

Il essuie le comptoir d’un coup de torchon et pose le verre devant Evan.

« Tu savais toi que les moulinets de chez Mitchell sont adaptable sur toutes les autres marques ? »

Dan parle de ça comme s’il était passionné de pèche alors qu’en réalité, sa connaissance dans le domaine se limite à quelques essais infructueux sur Rogue river alors qu’il apprenait à connaitre son beau père. Cela dit, il a la capacité de se passionner et de s’émerveiller d’à peu près tout.
Ne cherchant pas à ennuyer son pote, il change de disque et prend de ses nouvelles lui adressant un agréable sourire.

« Et toi, pas de panne d’encre ? »

Dan n’est pas particulièrement friand de rumeurs, mais il est à une place qui ne peut le priver de cette dimension là de la petite ville de Shady Cove. En fait, il sait beaucoup de choses, sur beaucoup de monde, en général, s’il en parle, c’est sous forme d’anecdotes en restant vague. Mais malgré toutes les excuses qu’il peut se donner, en effet, Dan est un très bon indic. Il ignore tout de même qu’Evan est bien plus intéressé par ce qu’il dit pour l’écriture de son prochain livre.

Installé au comptoir, l’écrivain commande une bière que lui sert immédiatement le barman. Il lui parle un moment de la discussion qu’il vient de quitter avec le père Gordon. Il n’est pas mécontent de trouver Evan à ce moment d’ailleurs. Ils se lancent alors sur l’évocation de vieux souvenirs de pèche.

« Ouais, une ou deux fois pour essayer de mieux connaitre mon beau-père. Finalement on s’est un peu plus entendu sur le base-ball. »

Dan s’intéresse ensuite à Evan et lui demande comment va le boulot. Il a l’avantage de bosser un peu comme il l’entend, en dilettante.

« Et tu veux toujours pas me dire de quoi ça parle exactement ? »

C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité, Dan devrait commencé par livre le premier roman d’Evan.

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