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Since forever For years on end Newbies

Jusqu’à il y a quelques temps, ma vie était parfaite. Je vivais à New York, où je suis née et ai grandi dans une famille aimante, puis je partageais ma vie avec Thomas, l’homme avec qui je pensais terminer ma vie. Oh, tout n’était pas parfait, ça non, on peut même dire qu’à un moment notre couple battait de l’aile, même avant la « mauvaise nouvelle ». J’ai encore du mal à me l’avouer, mais suis-je à blâmer pour ça ? Après tout, quelle femme accepterait sa stérilité ? Oui, je suis stérile. Jamais je n’aurai la chance de porter un enfant, et peut-être n’aurai-je jamais la chance d’en élever un. Voilà c’est dit. C’est triste ? Vous avez pitié ? C’est peut-être tout ce que je mérite, mais je ne veux pas que ça se sache alors je ne le dis pas. Il n’y a que ma famille qui le sait, et mon ex avec qui rien n’a plus été, et je vis à des milliers de kilomètres d’eux, donc pas de pitié à supporter. Enfin, je mentirais… Peter, mon colocataire, est au courant de cette histoire. Seulement, il ne me la rappelle pas toutes les cinq minutes en me demandant d’un air désolé si je vais bien…

C’est un peu pour tout ça que j’ai quitté New York et que j’ai rejoint Shady Cove en 2009. Le besoin d’oublier mes problèmes pour passer à autre chose. Ma grand-mère m’avait dit grand bien de cette ville, alors c’est vers elle que je me suis portée lorsque mon psy m’a encouragée à prendre un nouveau départ. Comme je le disais, je vis avec un garçon nommé Peter, avec qui je m’entends vraiment très bien. Non, pas dans ce sens-là. Les hommes, depuis mon divorce, je ne les vois plus comme de potentiels futurs. Je ne les vois pas non plus comme des menaces, non, en vérité je me dis juste qu’aucun homme ne voudrait faire sa vie avec une femme qui ne pourra jamais porter son enfant, alors je les repousse, avec gentillesse mais fermeté, sans jamais leur dire les raisons de ce geste.

Malgré tout ça, je suis plutôt quelqu’un de vivant. Après avoir travaillé dans une boîte de décoration d’intérieur à New York, j’ai profité de mon nouveau départ pour créer ma propre entreprise. Rien de bien imposant, vu que je suis ma seule employée, mais ça me permet de vivre. Plus que ça, mon métier c’est un peu ma passion. J’adore tout ce qui touche à la créativité. Je crois que je n’ai loupé aucun vernissage à New York depuis mes huit ou neuf ans, et aujourd’hui je me contente de ceux de Shady et de ses environs. En vérité, New York et son effervescence de cultures me manque un peu, mais au final j’ai trouvé une sorte d’équilibre ici. Je pratique le piano, un peu la guitare, surtout pour moi-même, et j’ai écrit quelques chansons dont je n’ai jamais parlé à personne, pas même à Peter, qui pourtant me côtoie tous les jours. Je lis beaucoup, de la littérature anglaise surtout, qui me prend souvent par les sentiments. Je ne suis pas du genre à aller faire la fête tous les week-ends. Je suis quelqu’un de calme et de plutôt réservée. M’imposer dans un groupe ? Jamais de la vie. Je suis plutôt une jeune femme timide et qui ne se fait pas remarquer. Je n’aime pas beaucoup être le centre de l’attention. C’est sûrement pour cette raison qu’on me qualifie régulièrement de mystérieuse, ou de secrète. Je ne peux pas les blâmer, c’est ce que je penserais aussi à leur place.

Niveau physique, on ne peut pas dire que je sois désagréable à regarder. Je ne fais pas partie des canons de beauté, mais j’essaie d’être toujours élégante et bien apprêtée. Egale à moi-même, je ne mets jamais de couleurs criardes, ou des formes vestimentaires très originales. Je reste simple, dans ce que j’aime, et je ne cherche pas à me rendre différente des autres par quelconque manière. Ça ne m’empêche pas, lorsque je suis en confiance, de faire quelques grimaces ou de raconter des blagues. Je ne suis pas lisse non plus, et ma fragilité fait, en quelques sortes, ma force.