L'agence immobilière était située Sawyer Road, là où se situait la plupart des entreprises. Peter gara sa voiture  son emplacement réservé et sortit de sa voiture avec son éternelle petite serviette en cuir et son air ronchon. D'un pas pressé, il gagna l'intérieur du bâtiment mouillant au passage ses chaussures de ville dans une flaque. Comme  tous les matins, l'agence a cette heure ci se trouvait être vide. Jamie sa collègue avait le chic pour venir un peu après l'heure habituelle d'embauche. Le faisait elle exprès ? Il convenait donc à Peter la tache d'ouvrir les stores, faire le café de la journée et de répartir les taches respectives de chacun. Ordinairement, il incombait à la secrétaire de l’avance d'effectuer de telles tâches mais il n'y en avait pas, le bureau et ses activités étaient considéré comme peu importantes pour engager une tiers personne. Deux personnes suffisaient donc amplement pour faire tenir l'agence. Deux personnes, mais en réalité une seule puisque parfois Peter estimait faire beaucoup plus que Jamie ou du moins plus sérieusement.

De sa vie, l'écossais n'avait jamais autant été agacé par l'existence d'une personne que celle de Jamie Hawkins. Il l'a trouvait désorganisée et un tantinet oisive. Plutôt strict et carré, Peter n’arrivait pas à envisager les méthodes de travail de la jeune femme Toujours souriante, pour elle rien ne relevait de l'ordre de l'urgent ou du grave. Du côté de cette dernière, la brune reprochait un cruel manque d'application dans l'agence de  la part du britannique. Sur ce point, Jamie n'avait pas tort mais Peter était bien trop fier pour le reconnaître et préférerait dire qu'il s'agissait de la faute de sa collègue. Et bien que Peter démontrait clairement son agacement pour sa collègue, Jamie ne démordait pas auprès de lui et se montrait toujours aussi avenante, ce qui l’agaçait encore plus. La brune possédait une bonne humeur inébranlable et aujourd'hui ne fit pas exception à la règhle quand il vit Jaimie lui adresser son l’éternel "bonjour" joyeux à l'embrasure de la porte. Peter lui répondit par un hochement de tête et continua à trier les dossiers de vente. Il désigna le premier à Jaimie, puis, deuxième à lui même et s’apprêtait à s'occuper du troisième, lorsque le brun se rendit compte qu'il n'existait pas. L'agence n'avait donc que deux dossiers de vente effectifs ?  Impossible. Peter oscilla un sourcil puis se mis à tâter sur son bureau un éventuel dossier enfoui sous la paperasse mais rien y fait.

Jamie ? Héla Peter. Il n'obtient aucune réponse. Agacé, l'écossais leva les yeux au ciel, avant de se lever d'un bon vers le bureau de sa collègue dont la porte était fermée. La voix de Jaimie était toutefois discernable , elle parlait à quelqu'un. Il toqua et ouvrit en la porte avant de constater que la jeune femme tenait en main le combiné du téléphone. Apparemment, le sujet de discussion ne concernait pas le travail mais plutôt a propos de commérages. Je ne te dérange pas ? Désolé de interrompre dans ta besogne Dit-il avec ironie, un demi sourire aux lèvres. Il n'est que 8h45, n'est il pas trop tôt pour "papoter" au téléphone ? Il y a du travail à faire ! D'ailleurs, je ne sais pas si tu sais mais des dossiers nous manque. Tu ne saurais pas où ils sont par hasard?

Il lança sur le bureau les deux maigres dossiers qu'il avait , et croisa les bras, en attendant d'entendre l'excuse de sa collègue.

Jamie se demandait encore ce qui la motivait pour aller bosser dans cette agence immobilière. Elle n'arrivait plus à supporter son collègue et depuis le Nouvel An, c'est encore pire. En effet, elle a été nommé pour organiser cette fête, pour tout organiser, pour faire pétiller les yeux des habitants. Elle avait adoré le faire mais voilà, maintenant, elle retourne dans sa routine habituelle. Et dans cette routine, il y a Peter. Peter est le collègue le plus désagréable de l’Amérique, ou peut-être du monde entier, Jamie n'en sait rien mais tout ce qu'elle sait c'est qu'il est insupportable. Pourtant Jamie ne se laisse jamais abattre, elle garde son sourire et sa bonne humeur. C'est sa seule force contre lui. Et sa différence aussi. Peter ne sourit jamais, Peter n'est jamais de bonne humeur et Peter est toujours désagréable. Tout le contraire de Jamie, finalement. Ils n'ont pas les même méthodes non plus et c'est le pire. Puisque Jamie joue beaucoup avec son sourire et sa légèreté. C'est comme ça qu'elle peut séduire les clients. A l'inverse, Peter est assez strict mais sépare correctement la relation avec le client. C'est bien dommage puisque Jamie a toujours pensé qu'il fallait un peu d'humain pour faire ce job.

Ce jour là, elle n'est pas en avance. Elle arrive comme il faut. 5 minutes après l'ouverture des portes. Si elle fait ça, c'est qu'elle bosse les dossiers chez elle et elle s'accorde 5 minutes de plus pour avoir le temps d'arriver. Peter n'a jamais compris qu'elle bossait à côté, qu'elle faisait un peu de bonus pour avancer ses dossiers. Il a toujours cru qu'elle faisait mal le travail mais pourtant, si on réfléchit bien, ils travaillent très bien tous les deux mais avec deux méthodes différentes. Peter n'est pas prêt de l'admettre mais elle fait aussi avancer l'entreprise. Il a beaucoup trop de fierté pour se l'avouer. Mais ça ne dérange pas du tout Jamie qui, elle, est toujours de bonne humeur et le caractère trop fier et trop ronchon de son collègue n'entache pas sa bonne humeur. Evidemment, quand elle termine sa journée, elle est exténuée.. A croire que Peter lui vide toute son énergie à cause de ses ondes négatives. Ca ne l'étonnerait même pas. Bref.. Jamie arrive donc à l'entreprise avec un grand sourire en saluant son collègue. Elle n'obtient pas de réponse mais c'est normal. Alors, elle s'installe tranquillement sur son bureau et reçoit un SMS de sa mère. Jamie ne sait pas ce qu'elle veut alors elle se dépêche de l'appeler pour avoir de ses nouvelles. Heureusement, tout se passe bien, elle est juste allée faire des analyses parce qu'elle se sent toujours fatiguée. Le sujet passé, elles commencent à papoter des rumeurs, comme toujours. Jamie adore ce genre de conversation, c'est toujours plus agréable que de parler de l’inquiétude de la santé de sa mère.

Seulement, alors qu'elle griffonnait quelque chose sur une feuille de son bureau en écoutant sa mère, elle relève la tête en apercevant son collègue dans son bureau. Elle ne l'avait pas entendu frappé mais Jamie compris aussitôt qu'il venait l'emmerder pour un autre dossier. Elle relève les yeux vers lui en soupirant avant de dire quelque chose à sa mère :  «  Ecoute maman, je dois te laisser. Peter est là et à sa tête, je crois qu'il n'est pas très content ». Un sourire amusé se dessine sur les lèvres de Jamie en entendant sa mère lui dire de faire attention. Peter pouvait être ronchon mais il ne fait aucun mal. Jamie raccroche le téléphone et se permet de lui répondre : «  Désolée même à 8h45, l'appel d'une mère n'attend pas... » Jamie ne voulait pas qu'il l'embête de ce côté.. Sa mère était faible et elle ne supportait pas qu'on parle de sa famille. Elle préfère largement que Peter s'en prenne à elle. Jamie recule de son bureau quand il lance les dossiers dessus. Jamie se lève et remet sa robe en place pour éviter qu'elle ne se relève. Elle attrape les deux dossiers et les ouvrent. Jamie se rapproche de son collègue et lui souffle : «  J'espère que t'es pas en train de signifier que j'ai perdu des dossiers, par hasard ? » Demande Jamie en relevant ses yeux bleus sur lui. Elle n'est pas vexée, tout ça, ça l'amuse. Elle ne sait pas où se trouve les dossiers mais elle sait que Peter est assez maniaque dans son travail et c'est finalement assez amusant de le voir chercher des dossiers..

Pour Peter, le travail représentait quelque chose d'important. C'était une nécessite personnelle et sociale qui s'imposait à tout individu. Il n'y avait pas de revenus sans travail, pas de place sociale sans travail et surtout pas de base stable sans travail.De ce fait, dans la vision de Peter, il fallait s’évertuer à accomplir sa besogne dans les règles de l'art afin de bien vivre. Cette façon d'approcher le travail n'était pas celle de tous , et surtout pas celle de sa collègue Jamie. Peter et elles se trouvaient en désaccord sur de nombreux points et cela au quotidien. De la manière à accueillir les clients jusqu'au marketing autour de la vente des maisons, les deux agents immobiliers étaient donc antagonistes. En effet, Peter se voulait être professionnel et efficace du mieux qu'il soit dans son métier, ainsi il fallait vendre le plus grande de maisons, et les clients représentaient avant tout des débiteurs de l'agence. Ni plus, ni moins. Jamie , elle, rajoutait une dimension sociale au métier d'agent immobilier, chose que ne partageait nullement l'écossais. Après tout, il n'allait pas vivre avec les acheteurs et encore  moins participer à la dette du payement de la maison. De même un agent immobilier vendait des maisons, il devait persuader les clients d'acheter un bien immobilier avec des arguments solides et en se reposant sur la solvabilité des acheteurs, et non pas avec son sourire ou sa sympathie.

Par conséquent, cette divergence d'approche du métier se répercutait gravement sur les relations entre collègues. L'ambiance du côté de Peter était tendue parfois. Jamie était trop souriante, trop optimiste, trop cordiale et trop nonchalante à ses yeux. Tous les jours, Peter avait droit au débordement d'énergie de sa collègue et à ses manières si détestables pour l'écossais. Il en était de même pour aujourd'hui, sauf que le cran se situait au dessus. Ce qui l’agaçait encore plus que les autres jours, c'est d'avoir constater le manque d'activité de l'agence immobilière. La région plutôt rurale et paisible s'étaient vu pousser ces dernières décennies et de toutes parts des maisons, il était impossible que Shady Coves n'avait plus rien à vendre et peu de clients. Il résidait certainement une anomalie quelque part, et Peter savait parfaitement où, plutôt qui, était à l'origine. Peter n'y alla pas par quatre chemins  et parti directement en discuter avec sa collègue. Après l’avoir surpris en plein discussion téléphonique, Il en vint vite au fait ,  les grands discours et le tact n'étaient pas pour Jaimie.

Navré, je ne savais pas qu'il s'agissait de ta mère. Dit il sincèrement. Il décroisa les bras, et baissa les yeux. Jamie semblait assez proche de sa mère, ce n'était pas le cas de Peter. Ce dernier ne pu s’empêcher de ressentir un pincement au coeur à cette pensée. Lorsqu'il releva les yeux, il vit sa collègue étudier d'un regard interrogateur les deux maigres dossiers. Ce ne sont même pas des ventes, juste des clauses et leurs revenus fiscaux, c'est pour te dire qu'il y a un problème. A la remarque de Jaimie , l'écossais eu un léger mouvement de recul. Perdu? Demanda t-il surpris. Il écarquilla les yeux avant d'être secoué par un petit rire. On ne perd pas des dossiers très chère Jamie,  à moins d'être vraiment étourdie et totalement inconsciente. Ca serait vraiment la cerise sur le gâteau te concernant ! Rajouta Peter avec un clin d'oeil qui en disait long. Plus sérieusement. Son sourire s’effaça. Je pense sincèrement que les chiffres de l'agence sont entrain de dégringoler. Moins de ventes, moins d'acheteurs et j'en passe. As tu consulté les dettes de l'agence et les entrées d'argent ? L'agence n'a plus de dossiers sous la main, ce n'est pas normal. Deux dossiers à traiter ce mois ci ? Et te rends tu compte que nous avons que ces deux dossiers sont seulement des stipulations de vente à l'intérieur ? Il y a un réel problème souci dans cet agence, et je pense savoir d'où est ce qu'il provient. Affirma Peter en intensifiant son regard vers les prunelles bleues de son interlocutrice.

Jamie ne savait pas comment elle tenait encore dans cette agence avec son collègue mais elle refuse toujours de se laisser abattre par lui et par ses manières. Elle aime son travail et ce n'est pas le caractère très désagréable de son collègue, qui va changer les choses. Jamie savait très bien qu'elle allait avoir encore une remarque de lui, aujourd'hui, mais elle ne pensait pas qu'il cherchait la cause des problèmes de l'agence. Enfin bref, en attendant, elle raccroche le téléphone en lui signalant qu'il s'agissait de sa mère. Jamie a toujours été proche d'elle et son boulot pouvait passer bien après elle, il n'y a pas à discuter là-dessus. Elle n'a pas souvent d'amies au téléphone, elle doit bosser et elle sait différencier sa vie professionnelle de sa vie personnelle. Mais ça, Peter ne semble pas le reconnaître parce qu'il est toujours aussi aveuglé par son caractère désagréable. De toute façon, Jamie ne cherche pas à lui prouver quoi que ce soit, il est buté, elle n'arriverait pas à lui montrer qu'elle fait aussi du bon boulot dans cette agence. En fait, elle ne cherche plus rien avec lui. Elle s'est déjà fait une raison : ils ne vont jamais s'apprécier...

A la réflexion de son collègue pour sa mère, Jamie plisse les yeux, comme si elle essayait de percevoir s'il était vraiment sincère ou non. Elle est étonnée de le voir réagir ainsi. Aurait-il un minimum de sympathie, d'empathie.. ? Jamie n'en sait rien. Elle l'a toujours connu très stricte et désagréable, du coup, elle est surprise mais ne rajoute rien et se contente de regarder les dossiers qu'il venait de balancer sur son bureau. Elle se demande ce qu'il veut et le connaissant un peu, elle s'imagine qu'il est déjà en train de l'accuser de tout et de n'importe quoi.. Jamie se lève et feuillette les dossiers en fronçant les sourcils. Elle murmure quelques mots et relève la tête à la réflexion de Peter. Il venait de rire à sa réflexion, seulement le beau sourire de Jamie n'était pas là cette fois. Elle, elle était sérieuse, elle détestait qu'il l'accuse de chose qu'elle n'avait pas fait. Alors, oui, son regard est un peu plus dur quand il se permet un léger rire. Il n'y a rien de drôle à tout ça. Elle ne rajoute et l'écoute attentivement. Il a raison. Elle avait aussi remarqué qu'ils avaient de moins en moins de dossier à traiter, que l'argent ne rentrait plus vraiment et qu'ils galéraient à remonter dans les chiffres. Mais ça, elle l'avait un peu gardé pour elle parce qu'elle ne voulait pas accuser son collègue, même si elle le pensait très fort ! (a). Pendant toute l'explication de son collègue, Jamie finit par baisser la tête pour étudier les dossiers. .. Seulement, elle la relève quand il sous-entend quelque chose.. Jamie penche un peu la tête avec un air interrogateur. «  Et ça vient d'où ? » Demande Jamie qui s'attendait déjà au pire. Il pouvait très bien l'accuser mais si c'était le cas, elle allait riposter et répondre au quart de tour, c'est sûr.

En voyant son regard insistant sur elle, elle commence à comprendre que le problème venait peut-être d'elle. Mais Jamie décide de ne rien dire. Après tout, elle peut se tromper, elle veut encore croire qu'il ne l'accuse pas, et qu'il a trouvé une autre source au problème. S'appuyant sur son bureau derrière elle, elle attend une réponse de sa part. Elle espère tellement qu'il ne va pas l'accuser. .. Sinon, ça risque de l'énerver (a).