Rares sont les fois où Chase abandonne sa moto, mais ce soir – ou plutôt cette nuit – il sait qu’il prendrait plus de risques à essayer de la ramener chez lui qu’à la laisser dormir dehors, devant le Warehouse. C’est donc à pied qu’il s’engage dans les rues de Shady Cove, désertes à cette heure. Il a beaucoup de mal à marcher droit, et essaie de se concentrer, yeux rivés vers le sol, pour ne pas faire trop d’écarts, ou même se casser la figure. L’alcool qui coule dans ses veines ne l’aide pas à y voir clair, et encore moins à se sentir maître de lui-même. Le jeune homme est complètement à l’ouest, faut dire qu’il s’est bien bituré ce soir. Incapable de faire deux choses à la fois, le motard est obligé de s’arrêter, le temps de quelques secondes, pour s’allumer une cigarette. Même ivre, il essaie de garder son assurance en reprenant la marche, se maudissant lui-même d’avoir fait de tels excès. Et pourtant, il se connaît, il ne tardera sans doute pas à remettre ça. Certains, après une cuite, se disent « plus jamais ça », et ne se laissent plus jamais surprendre par l’alcool. Pour Chase, c’est l’inverse. C’est un cercle vicieux. Il aimerait rester raisonnable mais, la plupart du temps, les verres s’enchaînent sans qu’il ne s’en rende compte. Et c’est encore pire quand son pote Nick est derrière le bar. Ce dernier ne l’épargne pas, en règle générale ! Et c’est ce qui lui permet de passer de bonnes soirées, de se détendre. Chacun son truc, après tout. Oh, bien sûr, il aurait sans doute préféré quitter la discothèque en bonne compagnie, et ramener une jolie fille dans son lit, mais les occasions qui se sont présentées à lui ce soir n'ont abouties nulle part. Alors le voilà, seul au monde, avançant dans les rues un peu fraîches de Shady Cove, avec son meilleur ami, le nuage de fumée. Lorsqu’il s’arrête à nouveau, cette fois pour écraser sa clope sur le trottoir, Chase prend enfin la peine de relever la tête, les sourcils froncés, pour regarder jusqu’où il a marché, et où il est rendu approximativement sur le chemin de la maison. Un sourire fend son visage en deux. Un sourire d’alcoolique, parfaitement crétin. Faut dire qu’il vient de réaliser un truc. Il n’a pas du tout pris le chemin de chez lui. Ses pas l’ont porté naturellement sur Rogue River Drive.

A quelques mètres, il repère la maison de Peyton, et avance droit sur celle-ci, sans scrupule, malgré l’heure extrêmement tardive. En fait, il est plus de 4 heures du matin, mais Chase ne s’en inquiète pas. Il sait que la jeune femme l’accueillera à bras ouverts, comme toujours. Il est conscient, aussi, de ce qui l’attendra ensuite. Il pourra profiter de son affection, et bien plus encore. Et, alors qu’il parcourt les derniers mètres qui le sépare encore de sa maison, le motard a la tête bien vide. Il n’est pas gêné le moins du monde de débarquer à cette heure. Il est trop ivre pour se demander ce qu’en pensera Peyton, ou pour s’inquiéter du fait qu’elle le laisse à la porte. Il ne pense pas non plus au fait qu’il pourrait la déranger. Il fonce, ne songeant, à dire vrai, qu’à ses propres envies. Il a envie de la retrouver, de passer la nuit avec elle, de squatter son lit jusqu’à pas d’heure, et de repartir comme si de rien n’était après une bonne douche, et peut-être un petit-déjeuner, même, si la jeune femme se fait clémente.

Devant la porte, son premier réflexe est de frapper – un peu fort d’ailleurs, sans qu’il ne s’en rende réellement compte. Chase, sourire aux lèvres, tente de se redresser un peu, de passer une main dans ses cheveux, comme si ces quelques détails pourront lui donner meilleure allure. Il porte même brièvement sa main devant sa bouche, pour sentir son haleine. Ce n’est pas très glorieux, ce mélange de cigarette, de whisky, et de bière, mais, une fois de plus, cela ne le choque pas. Ce qui l’embête davantage, c’est que Peyton mette un certain temps à venir lui ouvrir. Ne songeant pas à la possibilité qu’elle puisse être profondément endormie à cette heure-ci, Chase frappe de nouveau à la porte, le front plissé. Pas moyen de déguerpir maintenant, il veut la voir, et l’alcool le rend extrêmement têtu (plus encore que d’habitude).

Allez bébé, ouvre, c’est moooi...

Lâche Chase, sur le ton de la complainte, presque fatigué de tout le chemin qu’il vient de faire. Il aimerait entrer maintenant. D’ailleurs, le jeune homme vient se remettre à frapper à la porte, une troisième fois, se foutant royalement du boucan qu’il peut faire. Puis il s’arrête, en entendant du bruit derrière la porte, et affiche un sourire heureux. Elle est là.

Peyton n'était pas vraiment du genre à sortir le weekend, non pas parce qu’elle n'aimait pas sortir et aller dans les bars et boîtes de nuit mais plutôt parce que le samedi et le dimanche étaient les jours où ses services étaient les plus demandés. D'ailleurs le lendemain elle devait aller couvrir une communion dans une petite ville à quinze kilomètres.

Après avoir regarder pour la millième fois la planète des singes avec Charlton Heston, la jeune femme avait décidé de se coucher tôt afin d'être au meilleur de sa forme pour son travail. Peyton avait rapidement trouvé le sommeil et les deux tiers de sa nuit avaient été paisible.

Cependant elle fût réveillée en sursaut vers cinq heures moins le quart. Légèrement peureuse sur les bords, la jeune femme était restée immobile à écouter les bruits, son cœur menaçant de sortir de sa poitrine à tout moment. Sa maison n'avait pas d'étage et n'importe quel intrus aurait pu briser une vitre pour pénétrer à l'intérieur, d'ailleurs elle ne savait pas ce qui avait pu la réveiller aussi brusquement.

Soudain des coups se firent entendre. Cela venait de la porte d'entrée, et en principe les voleurs ne frappaient pas. Plus ou moins rassurée, la rousse attrapa le plaide qui recouvrait son lit et l'enroula autour de ses épaules.

Encore à moitié endormie, Peyton avança à tâtons dans le couloir sans allumer la lumière. Arrivée dans le hall elle fût soulagée de reconnaître la voix de Chase. La jeune femme fit tourner les clés et entrouvrit la porte découvrant le jeune homme visiblement dans un état second.

Tu sais qu'elle heure il est ?, souffla telle en s’appuyant sur le montant de la porte, agacée d'être réveillée à cette heure ci.

Ce n'était pas la première fois que le motard débarquait chez elle en plein milieu de la nuit, c'était même plus ou moins fréquent selon les périodes. Même si Peyton avait du mal à vivre cette pseudo relation, elle n'arrivait pas à lui dire de partir, elle n'arrivait pas à s’imaginer en train de lui claquer la porte au nez.

Chase éprouve un soulagement certain en entendant du bruit derrière la porte. Il n’était pas en état de faire demi-tour, et de rentrer chez lui, et puis, il n’en avait pas envie qui plus est ! Et, à cette heure-ci, et dans un état pareil, le jeune homme n’est pas prêt à revoir ses envies à la baisse. Il peut se montrer très obstiné quand il a bu, preuve en est qu’il en est arrivé à frapper trois fois à la porte de Peyton pour s’assurer qu’elle vienne lui ouvrir. Il sait qu’elle finit toujours par le faire, et qu’elle finit toujours, aussi, par le laisser entrer. Le motard ne saurait pas qualifier la relation qui les lie, mais c’est une relation qui l’arrange bien au final. Il faut dire qu’il n’y a jamais aucune complication avec elle, non, juste des solutions. Et ce soir ne fera pas exception, du moins il l’espère, et ce même quand il croise son regard endormi après qu’elle ait ouvert la porte. Le sourire alcoolisé du jeune homme ne s’efface pas de son visage, même quand la rouquine prend la parole pour lui faire une remarque sur l’heure à laquelle il débarque. Sans essayer de cacher son état éméché, Chase lui répond au tac-au-tac :

Nan, j’en n’ai pas la moindre idée !

Et à dire vrai, il s’en moque royalement, comme il se moque d’avoir pu la réveiller, ou d’avoir pu la déranger. Son regard ne la quitte plus, détaille même sa tenue. Il connaît le plaid qu’elle porte sur ses épaules. La plupart du temps, Peyton le pousse au pied du lit quand il dort avec elle, sans doute parce qu’elle n’a pas besoin d’une couverture supplémentaire pour la réchauffer lorsqu’il est à ses côtés.

Laisse-moi entrer…

Murmure-t-il plus doucement, et en esquissant un sourire charmeur. Pour s’imposer un peu plus dans l’encadrement de la porte, Chase fait glisser une main jusqu’à son visage, pour le caresser doucement, et se rapprocher d’elle par la même occasion. Le jeune homme savait que son air suppliant la faisait craquer, et n’hésitait que rarement à en user. Scotchant un instant sur ses lèvres, et imaginant tout ce qui pourrait se passer ensuite entre eux, le mécanicien reprend la parole, d’un ton tout aussi charmant :

Tu m’as manqué…

Qu’est-ce qu’il ne dirait pas pour passer la nuit avec elle… ! Heureusement, l’alcool lui permet de mettre sa dignité de côté sans se sentir honteux ou embarrassé pour autant.

Voilà quelque temps que Peyton et Chase couchaient ensemble. Généralement le motard débarquait à des heures indues, la gratifiait de ses talents et repartait au petit matin. A l'origine la jeune femme avait cru être capable de gérer ce genre de relation, mais plus le temps passait et plus cela lui devenait difficile. Ce n'était pas tant qu'elle éprouvait des sentiments pour lui, bien qu'elle l'appréciait mais c'était surtout le fait de réaliser à quel point elle se sentait seule dès qu'il partait. Pas de petites attention, pas de sms mignons, pas de long moment de tendresse...juste de la baise.

Au fur et à mesure Peyton en était même venue à penser que c'était tout ce qu'elle pouvait mériter, après tout elle n'était peut être pas le genre e fille assez spéciale pour qu'un homme s’intéresse à elle autrement que pour coucher.

Couverte seulement par une petite nuisette en polyester taupe et son plaide, la jeune femme se sentait extrêmement vulnérable face à cet homme qui voulait rentrer. Lorsque Chase vint doucement lui caresser le visage, Peyton ferma les yeux, se maudissant d'être aussi faible. Le lendemain il fallait qu'elle soit à neuf heure précise au travail et surtout en pleine forme.

La jolie rousse soupira longuement et accepta finalement d'ouvrir un peu plus la porte après la dernière phrase du jeune homme. Naïve, sans aucun doute, mais l'entendre lui laissa croire qu'elle n'était pas que la fille disponible à n'importe qu'elle heure pour une partie de jambe en l'air. De plus le regard qu'il lui offrait la faisait fondre à chaque fois. Sa sensibilité l'emportait sur la raison.

Je travaille moi demain..., souffla t'elle dans une dernière tentative, alors même qu'elle se reculait pour le laisser entrer.

Chase ne saurait dire à combien de reprises il a fait ce coup à Peyton. Quand il est ivre, ses pieds le mènent directement chez elle, sans doute parce qu’inconsciemment le motard sait qu’elle ne lui refusera pas l’entrée, qu’elle ne le jugera pas non plus, et qu’ils passeront ensemble un bon moment. Alors, peu importe l’heure, et peu importe l’état dans lequel il se trouve, le biker n’a aucun scrupule à débarquer chez elle, et à insister pour qu’elle décide de lui ouvrir la porte. Et cette fois ne fait pas exception… ! Il ne compte pas rebrousser chemin, il veut passer un moment avec elle. Alors pour ça, il n’hésite pas à user de son charme naturel, et même à lui dire quelques mots doux. Lorsque sa main vient se poser sur sa joue, et qu’il la voit brièvement fermer les yeux, le jeune homme sait déjà qu’il a marqué un point. Il la connaît suffisamment pour savoir comment elle fonctionne dans ces moments-là, et connaît tous les trucs pour la faire craquer.

Lorsque la porte s’ouvre un peu plus devant lui, Chase esquisse un sourire. Pourtant il pourrait considérer les dires de Peyton comme des signaux contradictoires, mais le jeune homme sait que ce n’est pas la raison qui l’emportera… parce qu’elle n’a jamais été gagnante ne serait-ce qu’une seule fois jusqu’ici. La rouquine vient le lui démontrer en reculant de quelques pas pour le laisser passer. Chase reprend la parole, dans un murmure, plus posé et plus calme, comme pour la rassurer sur ses intentions :

Je partirai tôt, t’inquiète…

Il faudra sans doute, pour cela, que Peyton le réveille et le pousse un peu hors du lit, mais ce n’est clairement pas un détail auquel pense Chase pour le moment. Un léger sourire malicieux aux lèvres, le jeune homme s’impose à l’intérieur, et repousse la porte avec son pied pour la refermer derrière lui. Il s’agrippe alors aux hanches de la jeune femme, pour s’y raccrocher d’abord, mais aussi pour se rapprocher d’elle. Se penchant sur sa silhouette, le mécanicien vient poser ses lèvres dans son cou, pour embrasser sa peau avec douceur, puis de manière plus sensuelle. Il referme alors ses bras autour d’elle, faisant tomber par inadvertance le plaid qui recouvrait ses frêles épaules dénudées. Prenant une profonde inspiration, Chase vient respirer dans le cou de la rouquine son parfum délicat et féminin… Il aime cette odeur rassurante, qu'il connaît par coeur... Un sourire vient prendre place sur son visage, avant qu'il ne resserre son étreinte.

Peyton n'aurait su dire comment elle s'était laissée embarquer dans une histoire pareille. Un verre de trop une fois dans un bar, deux verres de trop une autre fois en discothèque, et puis coucher avec Chase Hudson était devenu une habitude. La première fois qu'elle s'était déshabillé devant lui, la jeune femme avait bien faillit fuir, trop honteuse pour montrer son corps , cependant elle s'était vite aperçu que le motard ne s'attardait pas franchement sur les détails, passant plus de temps à la toucher qu'à la regarder et ça elle lui en était reconnaissante.

Ne se faisant pas prier, Chase entra à l'intérieur et en moins d'une minute, Peyton sentit ses lèvres venir aspirer la peau de son cou. La rouquine ferma les yeux et soupira d'aise, profitant de ce moment de tendresse. Il sentait la cigarette mais surtout l'alcool qui semblait émaner de chaque parcelle de peau.

T'es complètement démonté par vrai ? , souffla t'elle à son oreille tandis qu'elle se pressait un peu plus contre lui.

Cela ne la dérangeait pas tant que ça, même si parfois elle se demandait s'il accepterait de coucher avec elle sans avoir bu un seul verre avant. Peut être buvait il pour oublier que c'était avec elle qu'il partageait son lit et non pas avec une splendide créature de la nuit...

Lorsqu'il vint passer ses bras autour d'elle en laissant le plaide glisser au sol, Peyton se sentit déséquilibrée et dû se rattraper au meuble derrière elle. Le corps musclé du jeune homme semblait avoir du mal à rester d'aplomb et elle était trop frêle pour le maintenir.

Profitant de l'appui elle se hissa sur le meuble à chaussure et invita le motard à se rapprocher d'elle en passant ses jambes autour de sa taille. Peyton plongea un instant son regard dans le sien, l'air sérieux.

T'as intérêt à ce que je ne regrette pas de m'être levée à cinq heure du mat'..., lâcha telle avant d'attraper le col de son blouson pour enfin venir emprisonner ses lèvres.

Quel homme ne serait pas tenté de profiter de la situation ? Peyton est toujours disponible et ne lui fait jamais d’histoires ! Avec elle, Chase passe toujours de bons moments, et peut repartir le lendemain matin sans un mot, et sans le moindre petit scrupule aussi. Alors il serait idiot de ne pas en profiter, right ? Et une fois de plus, c’est chez elle qu’il a atterri ce soir. Le jeune homme sait quoi faire, quoi dire, pour la convaincre. Ce n’est jamais bien difficile de toute manière. Le mécanicien s’est toujours dit qu’elle aimait lui résister un peu, pour la forme, mais n’a jamais vu plus loin que ça. Il ne s’est pas dit une seule fois que cette situation pouvait être problématique de son côté. En fait, il pense qu’elle passe du bon temps, et qu’elle aime ça elle-aussi ! Et pour lui, et bien ça s’arrête là. Après tout, ils ne sont que deux adultes consentants qui prennent du bon temps… Alors, dès que Peyton lui laisse l’opportunité d’entrer, Chase en profite, et se rue sur elle pour embrasser son cou. Très concentré sur ce qu’il est en train de faire, et sur le doux parfum qui émane de sa peau, le motard met un certain temps à réagir aux propos de la rouquine. Il finit tout de même par rassembler ses esprits au bout de quelques secondes.

J’ai envie de toi…

Lui murmure-t-il pour seule réponse. Bien sûr qu’il est ivre, bien sûr qu’il a abusé, une fois de plus, et Chase sait que Peyton en a conscience. D’ailleurs, il sent qu’il s’est trop appuyé sur elle quand elle recule contre le meuble derrière elle. Le jeune homme tente de se redresser légèrement, de se ressaisir un minimum. Il esquisse un sourire en voyant la jeune femme prendre les choses en main, tandis que des quantités de pensées déplacées viennent envahir son esprit. Cédant complètement à la tentation, la photographe l’attire alors contre elle, pour capturer ses lèvres. Victime de ses propres pulsions, Chase donne rapidement un élan fougueux à leur baiser en l’approfondissant, et en cherchant à caresser sa langue. D’un mouvement d’épaule, le jeune homme arrive à faire tomber la manche droite de sa veste sur son bras, puis la sent s’effondrer au sol juste derrière lui, emportée par son poids. Avec tout autant de rapidité, il agrippe son sweat et son débardeur, pour les retirer. Ses muscles et ses tatouages se dévoilent alors sous les yeux de sa complice. Comme il a été obligé de mettre fin à leur baiser, leurs regards en arrivent à se croiser alors. Déjà essoufflé, Chase esquisse un sourire heureux en direction de Peyton.

Tu s’ras pas déçue ma belle…

Murmure-t-il, avant de foncer sur ses lèvres pour les retrouver sans tarder. Ses deux mains se saisissent alors de ses cuisses, serrées contre ses flancs. Il en profite aussitôt pour les caresser, en faisant buter son entrejambe contre le sien, de manière quasi-bestiale.

Ouai ça je crois que je l'avais saisi , répondit elle en riant légèrement.

Vu la façon dont il avait attaqué son cou, la jeune femme avait compris qu'il n'était pas venu pour prendre un cours de broderie. D'ailleurs le ton de sa réponse était très clair, il n'était pas là pour parler non plus. Parfois, Peyton aurait aimé discuter, au moins un peu, de façon à pouvoir se permettre de croire qu'il ne venait pas simplement pour tirer un coup. Mais la réalité était toute autre.

Ne voulant tout de même pas prendre le risque de passer pour la chieuse de service, la jeune femme se força à fermer la bouche et prit les devants faisant monter la température d'un cran. Le premier baiser fût ardent, à tel point que des dizaines de frissons lui parcoururent le corps. La langue du motard glissait contre le sienne, s'aventurant parfois peut être un peu trop loin dans l'excitation du moment.

Lorsqu'il mit fin au baiser, Peyton eu d’abord envie de lui dire qu'il commençait mal, mais en voyant le torse dénudé, elle pensa qu'il avait carrément bien fait. Même si ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait, la jeune femme fût une fois encore stupéfaite de découvrir un buste aussi parfait.

Délicatement elle fit glisser ses mains sur son torse de bas en haut, s'aventurant à chaque descente un peu plus au sud, sans quitter son visage des yeux.

Un sourire éclaira son visage lorsqu'il lui fit comprendre que la nuit allait être à son goût. Plein d’ardeur il attrapa ses cuisses et se colla à elle. Ce contact la réveilla pour de bon. La rouquine répondit au baiser avec passion, tandis qu'elle s'accrochait à son cou, plaquant sa poitrine contre le torse de son partenaire.

Sentir ces bras puissants autour de son corps lui donnait l'impression d'être une toute petite chose, parfaitement en sécurité. A ce moment précis elle ne pensait plus du tout à tous ses doutes, à propos du motard lui, à propos de son corps..elle ne pensait plus qu'au bien être et à l'excitation de son bas ventre qui grandissait à chaque nouvelle caresse.

A bout de souffle mais ne voulant pas pour autant rompre le contact, Peyton décolla ses lèvres de quelques millimètres suffisant pour aspirer un peu d'air puis mordilla sensuellement la lèvre inférieur de son partenaire.

Parce qu’il est vraiment bourré et qu’il ne peut pas s’imaginer qu’elle le taquine ou qu’elle se moque, Chase se retrouve à rire de sa propre connerie avec Peyton. C’est vrai, il a été très direct, et en même temps, il ne s’en veut pas pour ça. Il est loin de penser que la jeune femme pouvait attendre autre chose de lui. En fait, il croit même que c’est ce qu’elle voulait elle-aussi depuis le départ… ! Après tout, pourquoi une fille comme elle se fatiguerait à faire la conversation à un type comme lui ? Vraiment, le mécanicien est à côté de la plaque avec elle. Il est bien loin des préoccupations et des inquiétudes qu’elle peut avoir. Il se dit juste qu’ils se rendent service mutuellement, ou quelque chose comme ça.

Parce qu’il meurt de chaud, que ses fringues puent la clope et qu’il a conscience qu’elles font barrage, Chase décide de rattraper Peyton en retirant une partie de ses vêtements, dévoilant son torse aux muscles parfaitement dessinés, et ses nombreux tatouages. Ses cheveux blonds en pagaille ne cachent pas pour autant son regard perçant, et, après avoir lancé un regard dans sa direction, le motard promet à son hôte qu’il ne va pas la décevoir. Attrapant ses cuisses, il l’embrasse alors avec passion, se sentant pris d’une excitation toute particulière quand la jeune femme vient alors se coller à son buste.

Lorsque le baiser prend fin, Chase cherche à reprendre son souffle, mais il est incapable d’y parvenir autant qu’il le voudrait. Ses sens sont en ébullition, ses joues rouges et brûlantes. Avec l’alcool, il ne pouvait déjà plus réfléchir à grand-chose mais là, clairement, il serait incapable de réciter la moindre table de multiplication. Son esprit est en ébullition, son rythme cardiaque est soutenu. Et le désir du motard n’est que plus attisé encore lorsque Peyton le surprend en mordant sa lèvre inférieure. Ses mains remontent alors instantanément sur le haut de ses jambes, fines et douces, puis butent contre son sous-vêtement. Après l’avoir agrippé brièvement, le garçon choisit de faire les choses dans l’ordre, et de s’attaquer à la première couche de vêtement qui les sépare, à savoir sa petite nuisette, sur laquelle il finit par crisper les mains avec force. La tirant vers le haut, il attend que Peyton veuille bien décoller légèrement ses fesses du meuble sur lequel elle est assise pour pouvoir la lui retirer complètement, et la balancer à l'autre bout de la pièce.

Débarrassé du vêtement, Chase jette alors un coup d’œil aux seins de la jeune femme, et esquisse aussitôt un sourire malicieux, avant d’y plaquer sensuellement ses deux mains, tout en se penchant pour recouvrir à nouveau son cou de baisers sensuels et chauds. Ce contact plus qu’excitant ne peut que le faire craquer, et le motard laisse d’ailleurs échapper dans le cou de sa belle, un gémissement rauque…

Une fois lancée, Peyton semblait avoir oublié jusqu'à son propre prénom, elle n'était plus elle même et se laissait aller à ses envies. Les yeux fermés elle profitait avec délectation des caresses et des muscles saillants de Chase. Lorsque le motard fit remonter ses mains jusqu'à un endroit interdit, la rouquine sentit sa respiration se bloquer. Pensant enfin rentrer dans le vif du sujet, elle fût surprise lorsqu'il s'attaqua non pas à son boxer mais à sa nuisette. En fait elle s'était presque attendu à ce qu'il lui arrache violemment après cette mise en jambe plutôt musclée.

Ne voulant pas lui compliquer d'avantage la tâche, Peyton resserra son étreinte autour de son cou afin de soulever son corps. La nuisette se retrouva rapidement au sol. La jeune femme sentit le bout de ses seins durcirent instantanément au contact plutôt frais des mains de son compagnon de soirée. Un frisson lui parcourut le dos et un gémissement s'échappa d'entre ses lèvres tandis que Chase replongeait dans son cou.

Machinalement, la rouquine ouvrit les yeux. Grave erreur. Sur le mur opposé se trouvait un grand miroir décoratif et elle aperçut son corps frêle partiellement caché par le motard. Si certains pouvaient trouver cela excitant, c'était une toute autre histoire pour elle. Ses muscles se tendirent, les rayons de la lune éclairaient suffisamment la pièce pour qu'elle puisse s’apercevoir presque totalement nue.

Attends...attends..., souffla telle en essayant de se dégager.

Ses bras se détachèrent de la nuque de Chase pour venir passer entre eux et recouvrir sa poitrine. Complètement mal à l'aise, la jeune femme se tortilla sur le meuble, incapable de se remettre dans l'ambiance après cette vision qu'elle venait d'avoir d'elle même.

Autant dire qu’une fois lancé, Chase ne pense pas à grand-chose non plus. Il faut dire que son état premier ne l’aide pas trop à réfléchir de manière posée, bien au contraire. L’alcool embrouille son esprit, mais ses pulsions restent les mêmes, surtout lorsqu’il s’agit de Peyton. Il sait qu’il peut se permettre d’être lui-même avec elle, de lui sauter dessus, et de s’amuser le temps d’une nuit sans que cela ne devienne une affaire d’État. Il n’hésite donc pas à prendre les choses en main, à venir retirer ses propres vêtements d’abord, puis ceux de la rouquine. Dès que sa nuisette vole dans la pièce, le jeune homme vient rapidement palper sa poitrine avec envie, avant de se pencher pour déposer de nombreux baisers brûlants dans son cou. Le gémissement qui s’échappe des lèvres de sa belle ne fait que le ravir, et l’encourage à aller plus loin. D’ailleurs le mécanicien vient doucement aspirer sa peau, non pas dans le but de lui laisser une marque, ça, il n’y pense pas, il fait juste ce qu’il désire, sans voir plus loin que le bout de son nez. Il est loin de penser au reflet qu’il projette dans le miroir derrière lui… Par contre Peyton, elle, en plus de l’avoir remarqué, semble s’en faire toute une histoire. Cela dit, le jeune homme, à l’ouest et ivre de surcroît, ne peut pas savoir ce qui se passe, et fronce les sourcils quand la jeune femme se met à gesticuler, lui demandant d’attendre.

Le souffle court, et les joues légèrement rougies par la chaleur qui le prend aux tripes, Chase essaie de capter le regard de sa partenaire, pour comprendre ce qui ne va pas, ou ce qu’il a mal fait peut-être. Ses lèvres sont entrouvertes, son air est intrigué.

Qu’est-ce qu’ya ?

Demande le jeune homme, bien malheureux d’avoir été coupé dans sa lancée. Presque refroidi – voire peut-être intimidé ? – Chase essuie délicatement ses lèvres en les pinçant entre deux de ses doigts, tout en reculant légèrement d’un pas. Là, un doute l’assaille, et l’alcool l’empêche de réfléchir avant de parler :

C’est moi, j’ai fait un truc qu’il fallait pas ?

Tu peux me dire t’sais.

Le motard est bien loin du compte, mais s’inquiète d’avoir fait une bourde. Il est peut-être saoul, mais il n’a pas envie de faire passer un mauvais moment à Peyton. Il peut parfois se montrer égoïste, voire carrément chiant, mais il n’est pas du genre à forcer les choses avec une fille qui ne veut pas de lui.

Bien que son indice de masse corporel était en dessous de ce qu'il aurait du être, Peyton n'arrivait pas à se regarder nue devant un miroir. Il fallait toujours qu'elle trouve un petit bourrelet disgracieux ou un excédent de cellulite.

Bien que transportée par les caresses de Chase, la rouquine ne pu passer outre le reflet que lui renvoyait le miroir en face d'elle. Un peu brusquement elle repoussa son partenaire sans penser qu'il n'allait surement pas comprendre sa réaction.

Non...non c'est pas toi..., souffla telle en se recroquevillant, ses genoux remontés sous son cou.

Les rayons de la lune et l'aube qui pointait doucement son nez, la rendaient bien trop visible à son goût. Pour qu'elle soit parfaitement à l'aise, Peyton devait être plongée dans le noir complet, jamais elle n'avait pu faire l'amour la lumière allumée.

Lorsque le motard lui dit qu'elle pouvait lui dire ce qui la chagrinait, la jeune femme secoua négativement la tête. Non elle ne pouvait pas lui dire qu'elle ne s'aimait pas, il ne pourrait jamais comprendre, comme tout ceux qui lui répétaient sans cesse qu'elle était très bien comme ça ou pire qu'elle était trop maigre.

Passes moi ma chemise de nuit tu veux..., demanda telle en désignant le morceau de tissu qui gisait au sol un mètre plus loin.

La jeune femme s'évertuait à ne pas croiser le regard de son partenaire et encore moins à relever les yeux vers le maudit miroir.

L’attitude de Peyton le refroidit d’un coup, et les sourcils du motard se froncent. Il a beau être saoul comme une barrique, il n’en reste pas moins stupéfait ; c’est bien la première fois qu’il se passe un truc du genre avec elle. Alors, le jeune homme essaie de réfléchir, de se souvenir de ce qu’il a pu faire, peut-être qu’un truc lui aurait déplut ? Elle a beau lui dire le contraire, Chase reste sceptique. Elle l’a tout de même repoussé très violemment, et lui, et bien… Il n’envisage pas vraiment de remettre ça à présent, surtout qu’elle reste particulièrement distante avec lui. Il finit donc par reculer, et sent une boule se former dans sa gorge en la voyant se recroqueviller sur elle-même, comme une femme qu’on viendrait de battre. Malgré l’alcool qui circule encore dans ses veines, le jeune homme prend un coup de voir ça, comme une bonne claque en pleine figure. Il déglutit.

La belle rouquine ne semble pas vouloir se confier à lui – ce qui peut se comprendre en un sens. Après tout, ils n’ont jamais été proches, du moins exception faite du plan charnel. Lorsqu’elle lui demande sa nuisette, le jeune homme acquiesce, en la cherchant du regard sur le sol. Il doit faire quelques pas pour la ramasser, puis revient la lui donner, l’air complètement dépité, et penaud. S’il avait été maître de lui-même, il aurait sans doute insisté, il se serait peut-être même énervé, histoire de garder sa fierté intacte, mais là… il a juste l’impression d’avoir fait un truc de travers, et ça lui donne clairement un coup au moral. Son assurance, elle-aussi, est soudainement dans un bien piteux état.

Du coup, alors que la photographe se rhabille, le jeune homme prend une profonde inspiration, pour se calmer. Gardant les yeux baissés, il cherche ses propres vêtements sur le sol, et les ramasse un par un, prêt à les remettre. Si Peyton ne veut pas lui expliquer ce qui se passe, il n’a sans doute aucune raison de rester dans les parages, et Chase l’a bien compris. Sans doute est-il allé trop loin ? Non, vraiment, il ne sait pas ce qu’il a fait de mal. Si elle l’avait chassé dès son arrivée, cela aurait eu du sens, mais là… Il pensait qu’ils allaient se retrouver, comme d’habitude !

Il s’était visiblement trompé…

Peyton aurait voulu lui dire ce qui se passait réellement dans sa tête, elle lui devait quelque explications, ne serait ce pour ne pas qu'il pense avoir fait quelque chose de mal, mais elle en était incapable. De toute façon elle n'aurait pas su trouver les mots justes, expliquer clairement son malaise face à ce corps qui lui semblait si étranger. Ses yeux ne cessaient de balayer le sol, elle ne pouvait affronter le regard de son amant éconduit.

Lorsqu'il lui rendit sa chemise de nuit, elle lui fût reconnaissante de ne pas lui poser d'autre question. Que ce silence résulte d'une incompréhension, d'une surprise ou même d'un je-m'en-foutisme lui importait peu, elle voulait juste qu'il parte. Rapidement elle enfila le vêtement mais ne descendit pas du meuble pour autant, Peyton était presque prostrée. Des dizaines de pensées se bousculaient dans sa tête. Elle se demandait ce qui clochait chez elle, pourquoi elle n'avait pas pu hériter de la beauté naturelle de sa jumelle, comment Chase faisait pour avoir envie de ce corps qu'elle haïssait tant...

Trop concentrée sur elle, même la rouquine ne se rendit pas compte tout de suite que le jeune homme s'était à son tour rhabiller. Tous ses membres serrés contre elle, son corps se balançant doucement d'avant en arrière, elle finit par relever les yeux vers lui, le visage étrangement figé.

Je pense que tu devrais partir maintenant..., lâcha t'elle sur un ton parfaitement neutre.

La jeune femme ne lui en voulait pas, après tout il n'avait rien à se reprocher, c'était elle qui venait de péter un plombs sans raison apparente mais elle ne supportait plus l'idée qu'il puisse la regarder. Elle ne voulait pas qu'il reste là, en face d'elle, simplement par gentillesse ou culpabilité. Après tout il était venu pour quelque chose qu'elle ne pouvait pas lui donner ce soir, alors à quoi bon lui dire de rester.

Des tonnes de questions se bousculent dans sa tête. Chase ne comprend pas ce qui se passe, mais sait qu’il n’aura sans doute pas la moindre explication aux agissements de Peyton – ce qui le pousse d’autant plus à se torturer pour essayer de comprendre lui-même le fond du problème. Il ne voit pas ce qu’il a fait de travers, et pourtant il a réellement la sensation que tout est parti de quelque chose qu’il a fait. C’est l’air penaud qu’il vient rendre sa nuisette à la jeune femme, sans qu’elle ne prenne la peine de lui adresser le moindre regard. Rassemblant ses affaires à son tour, Chase se rhabille lentement, l’air on-ne-peut-plus troublé. Est-ce l’alcool qui embrouille à ce point son esprit, ou bien une sorte de culpabilité ? Il est profondément partagé, mais surtout très gêné. Son cœur se tord quand il entend la réflexion de Peyton. En se retournant vers elle, il constate d’autant plus l’étrangeté de son attitude. Sa position est prostrée. Et il n’avait jamais vu une telle expression sur son visage auparavant. Dans un élan de courage, le jeune homme s’avance vers elle, avec assurance. Il serait presque à deux doigts de la toucher, mais s’immobilise devant son regard vide.

Ecoute, je…

Qu’a-t-il donc à ajouter ? Les mots se bousculent dans sa tête, se bloquent dans sa gorge. Elle est en train de le mettre à la porte… ! Pourquoi insisterait-il ? Elle ne semble pas vouloir le retenir, pas un seul petit instant, non. Elle veut qu’il s’en aille. Et Chase abandonne très vite l’idée de lutter contre sa décision.

Déglutissant bruyamment, le jeune homme finit par détourner le regard, et par ajouter un simple « salut », avant de prendre avec rapidité la direction de la porte. Il a juste envie de se barrer maintenant, d’être loin d’elle, de cette situation merdique, à laquelle il n’a rien compris, et qui le fait pourtant se sentir très mal. Même s’il a l’impression d’avoir dessaoulé, sa démarche est encore peu assurée, et le jeune homme est obligé de se tenir et de se raccrocher à la porte d’entrée après qu’il l’ait ouverte pour la franchir.

Dès qu'il la referme derrière lui, et une fois sur le pas de la porte, le mécanicien passe une main sur son visage, comme pour se ressaisir. Autant dire que ça ne change pas grand-chose pour finir – voire même rien du tout en fait. Se redressant, et prenant une profonde inspiration, le jeune homme avance dans l’allée, en essayant de penser au chemin qu’il devra emprunter pour rentrer chez lui. Habituellement, il a l’esprit beaucoup plus clair pour faire ce trajet. Là, il va devoir improviser, et il ne sait même pas combien de temps ça va lui prendre. Les choses n’étaient pas censées se passer ainsi… Quel gâchis.