Mint and Vodka
Reese Hastings & Dan Scheppers

Que fait un barman lorsqu’il a une soirée de repos ? Il traine en boîte avec des potes du coin. Rien à voir avec de l’espionnage industriel, en soi, la clientèle du Warehouse n’est pas tout à fait la même que celle du Shelter quoi qu’on passe de très bonne soirée dans l’un et dans l’autre. Dan aime bien prendre l’air de temps à autre et se retrouver de l’autre côté du bar. Au moins il n’est pas toujours en mouvement. Non, parce que quand Dan Scheppers sors en boîte, ce n’est pas à proprement dit pour danser. Il peut éventuellement se lâcher sur deux trois pas de danse à la Michael Jackson, glisser un zeste de hip hop à la Will Smith mais en soit, ce sera surtout pour faire le clown et se ridiculiser pour faire marrer. Alors entre potes, il les laisse trainer et repérer des meufs bonnes à draguer et lui se contente d’aller observer de loin en s’asseyant sur un tabouret de bar.

« Hola amigo, tu me mettra 3 Green Vesper s’il te plait. » demande-t-il à un jeune serveur à sa proximité.

Il se permet de le tutoyer parce qu’il est jeune et qu’ils font le même job. Il s’installe plus à son aise et laisse le temps au garçon de terminer un Mojito pour qu’il s’occupe de lui.

La boîte n’est pas blindée, Mike et Calvin, les deux potes qui accompagnent Dan, le retrouve au bar. Ils s’installent tranquillement, debrief sur les nanas en présence et en concluent qu’ils ne rentreront pas accompagnés ce soir. Dan reste assez positif sur l’ensemble et se dit qu’il y en aura bien une qui se sera faite larguée en route par son copain. C’est sa grande spécialité, la fille banale, sympa, qui avec un verre dans le nez se met à le trouvez « drôoooole » et absolument « trop meuuugnon ». Sauf que le matin, elles réalisent qu’elles viennent de couché avec ce qui aurait mieux fait de rester un « bon ami ». On ne peut pas dire que ça remplisse de joie Dan qui, pour une fois, aimerait expérimenter une vraie relation et pas une sorte d’essai test pour voir si sortir avec un « pote » peut être un bon plan.

Le barman s’active derrière le comptoir et Dan laisse ses amis à leurs considérations pour constater le travail du petit jeune (il n’est pas si jeune, mais il aime bien se la jouer un peu intérieurement, en mode parrain de la mafia des barmen). Il observe, vodka, gin. Jusque là tout va bien, de là où il est, il n’arrive pas à définir l’ordre ni la quantité. Il ne fait pas ça pour lui mettre la pression, en fait, c’est plus pour concentrer son attention ailleurs que sur les filles qu’il n’essaiera pas de séduire dans la soirée.

Au service, Dan relève le regard et remercie son confrère. Il laisse Mike et Calvin à leur dégustation de néophyte et trempe les lèvres dans son Vesper. En bon fan de films d’action, Dan est assez calé sur les cocktails favoris de James Bond. Il trempe les lèvres et relève un regard un peu étonné vers le barman qui semble dans l’attente d’un jugement.

« T’as mis combien d’absinthe dedans ? » demande-t-il sans détour mais n’oubliant pas de garder une expression joviale sur le visage.

Finalement, la soirée semble prendre une drôle de tournure, Dan n’est pas tant que ça d’humeur à s’amuser, ou en tout cas pas comme prévu. Il se concentre au lieu de cela sur le cocktail préparé par le petit blond devant lui. Alors qu’il lui demande la dose d’absinthe qu’il a mise dans son verre, une minette un peu éméchée fait glisser son verre. Il laisse le barman s’occuper en deux temps trois mouvements pendant qu’il lui répond. Il lui avoue s’être servi d’antisèche, cela dit, ça n’étonne pas Dan. Il y a même des bars qui refuse de faire certains cocktails parce qu’ils n’y connaissent rien. Lui, il est passionné par son boulot et même si la carte du Shelter ne représente pas plus du quart des connaissances de Dan en termes de mélange d’alcool.

Il sourit face à l’aveu et prend le bout de fiche que lui tends le barman. Dan le parcours vite fait derrière ses verres et grimace en voyant cette recette un peu approximative. Pendant ce temps, le barman s’est servit un verre histoire d’y gouter. Il constate à son tour l’erreur.

« Un peu, en général c’est 1cl pour un verre. » dit-il en connaisseur. « Mais pour réveiller un mort c’est pas mal, tu pourrais en faire un nouveau cocktail et l’appeler « le zombie » ! » Toujours positif, Dan joint à ses paroles un large geste mimant une pancarte au dessus de lui.

Alors que le bleu lui demande de corriger sa recette en posant un stylo devant lui. Dan s’en empare et griffonne quelques corrections tout en écoutant le bleu lui raconter son histoire.

« Ah ouais, j’me disais bien que ta tête m’était pas inconnue, du coup tu vis à Shady Cove, tu fais pas que bosser ici ? » demande-t-il connaissant déjà la réponse.

Il reprend son petit cours de cocktail en rajoutant une ou deux infos en plus.

« Le Vesper c’est le cocktail de Casino Royale, tu sais, dans James Bond, Vesper c’est la bombe qu’il se tape à ce moment. C’est cool de nommer un cocktail du nom d’une gonzesse, ça fait toujours son petit effet si tu vois ce que je veux dire. »

A ce moment, Mike sors de sa léthargie et se met à rire, ça doit le faire marrer de l’entendre donner des conseils de séduction à un petit blondinet qui doit en savoir bien plus que lui. Dan lui donne un coup de coude et lance un « Ferme-là toi » avant de reprendre sa conversation avec le cadet Hastings.

« Bah, c’est pas forcément une passion pour tout le monde mais c’est quand même un job cool non ? »

Il termine son verre malgré tout, songeant qu’il boit un Zombie plutôt qu’un Green Vesper et demande :

« Et c’est quoi ton nom ? »

Dan est un gars gentil, pas forcément toujours délicat, mais il a gardé une simplicité qui va bien dans cette petite ville. Alors il ne va pas prendre de haut ce petit gars qui ne semble pas vénérer le boulot de barman. Lui aussi au début n’était pas vraiment certain de vouloir passer sa vie là-dedans. Barman, serveur, c’est un peu un job qu’on prend quand on est étudiant et qu’on veut se payer des sorties. Et puis il aime bien se la jouer grand-frère instigateur, avec Stefan au Shelter, il fait un peu la même chose.

« Alder Street, c’est pas loin. »

Dan corrige donc la recette tout en faisant un petit cours d’histoire sur ce cocktail. Il espère ne pas être barbant et s’arrête à temps pour écouter ce que le jeune Hastings a à dire. Il lui raconte à son tour une petite anecdote. Dan ne peut que lui donner raison, être barman n’aide pas plus que ça pour draguer, les filles sont en général déjà bourrée de toute manière, il n’y a aucun plaisir à la chasse à prendre (a).

« Ah ah ah, bonne remarque, voilà, tu vas faire fureur avec ce nouveau mélange. » dit-il en riant.

Ils en viennent à parler du métier de barman en général. Dan aime son boulot, et il le fait vraiment bien. Ce n’est peut être pas la même passion qui anime son interlocuteur mais il ne nie pas qu’il s’agisse d’un bon job.

« Oui, c’est ça, hey, c’est que j’ai ma petite réputation apparemment. » conclu Dan, pas peu fier. Il en profite pour payer tout de même les trois consommations.

Alors que Reese lui propose de lui offrir un nouveau verre au frais de la maison. Beau geste commercial, il a un bon contact et un bel avenir en soit.

« Pas de refus, t’as qu’à me faire un cocktail que tu maîtrises, je peux pas être déçu. » annonce-t-il avec le sourire.
Ces deux acolytes décident alors d’aller danser pour repérer à nouveau des nanas, il les laisse faire et préfère rester à converser avec Reese.

La réputation de Dan n’est plus à faire, mais ça fait quand même du bien d’entendre qu’on parle de lui dans une autre boîte. Alors que Reese lui propose de lui offrir un verre, Dan ne veut pas l’acculer à nouveau, il l’invite à fabriquer le mélange qu’il réussit le mieux.

« Alors ce sera un mojito ! » dit-il ravi.

Tout comme précédemment, Dan l’observe, pas pour le juger non plus, il est juste un peu curieux. Cette fois, Reese n’a pas besoin d’antisèche, il ne lui a donc pas menti sur ses capacités. En voyant le garçon sortir le champagne, Dan s’exclame :

« Woooh, quel honneur ! »

Une fois le verre plein, Reese le pose devant Dan qui le contemple d’un air rassuré. Il prend son temps, l’observe, joue un peu avec les nerfs du bleu puis lui lance un clin d’œil avant de porter le verre à ses lèvres. Encore une fois il fait durer le suspens, trempe sa langue puis boit une vraie gorgée. Verdict :

« T’as pas menti, beau travail ! » dit-il tout encourageant comme si c’était lui qui l’avait coaché sur ce point.

Quelques secondes plus tard, Reese lui demande avec hésitation un service.

« Ouais, demandes toujours. » réponds Dan pas sûr de ce qui l’attend.

Reese lui explique alors que son frère lui a demandé de créer un cocktail nommé le « Warehouse », une sorte de cocktail unique qui fasse le bonheur de tous. Ce n’est pas une mauvaise idée, un instant Dan se dit qu’un « Shelter » pourrais faire bon genre, il en parlerait bien à son patron. Cela dit, Dan n’est pas contre l’idée d’aider Reese mais il se demande quel genre de politique aurait le proprio du bar sur cette idée. Bah, après tout, le Shelter tiens bon la route depuis des années, et il n’y a pas vraiment de concurrence entre le Warehouse et le Shelter.

« Ouais, c’est pas une mauvaise idée, j’pourrais bien faire ça mais faudrait que je relise mon contrat d’abord, je suis pas sûr d’avoir le droit de pactiser avec l’ennemi. »

Son grand sourire annonce la plaisanterie et il ajoute à cela un clin d’œil.

Okay, ce mojito est vraiment bon, Dan ne peut le nier. Il sait reconnaitre les erreurs des autres, mais aussi leurs qualités et sur ce coup là, le bleu s’est bien démerdé. Il le félicite chaudement et profite de son cocktail en le faisant durer.

Alors que Reese demande à Dan s’il veut bien l’aider un de ses quatre à créer un nouveau cocktail original pour le Warehouse, Dan sent trop d’honneur. Il rougit légèrement, flatté mais cela ne se voit pas vraiment sous les néons noirs de la boîte de nuit. Il en fait une petite plaisanterie comme à son habitude mais accepte tout de même. Ils pourraient passer un bon moment et se découvrirait peut être une passion pour l’enseignement qui sait.
Le remerciant, Reese lui propose d’en parler à son frère afin que celui-ci lui donne une compensation financière. En soit, Dan ne crache pas sur un peu d’argent en plus, mais il se demande sous quelle forme cela pourra se faire.

« Euh… Ouais, j’fais pas ça pour le fric mais si ça peut nous mettre dans les clous c’est pas plus mal. »

Il sourit, tout fier de lui.
Dan a un peu monopoliser le temps de Reese, il faut dire que la clientèle du Warehouse est un peu plus exigeante sur certains points, au Shelter, les gens viennent voir leur psy pour le prix d’une pinte. Reese s’occupe des verres sales et vides qui trônent sur le comptoir laissant Dan à sa dégustation avant de revenir lui laisser un numéro où appeler pour cette fameuse création de cocktail. Il le prend et le lit rapidement tout en écoutant les recommandations de Reese.

« Ok ça marche, tu fais rien d’autre ? T’es pas étudiant ? » demande Dan peut être un peu trop curieux.

S’il peut être payé en plus de ça, pas de soucis. Dan n’est pas le genre de gars qui roule sur l’or, il n’a rien de Tom Cruise dans Cocktail même s’il a souvent regardé le film pour s’entraîner à jongler avec le shaker, il a encore un peu de boulot à se niveau mais il commence à pas mal gérer. Enfin, en attendant il sait faire un green vesper lui.

« Ahahah, ton pauvre frère ! » lance Dan dans un fou rire. Il s’imagine bien l’ainé chercher à se débarrasser du cadet.

Dan n’a jamais eu de frère ou de sœur. Il sait qu’il doit bien en avoir quelque part dans la nature vu que son père les a abandonné lui et sa mère alors qu’il était gamin, mais il n’a jamais vraiment eu envie de le/la/les connaitre. Il se met plutôt à interroger Reese sur ses activités extérieures. Il se dit que s’il est barman juste pour avoir un job, il doit être étudiant, comme Stefan.

Il apprend que ce n’est pas le cas, tiens, un beau point commun. Dan lève son verre et lance :

« Bienvenue au club ! »

Le petit sourire du jeune homme est clair, les études, c’est la merde ! En effet, quand on est pas taillé pour, il n’y a rien de pire.

« Ouais, je comprends bien. »

Reese s’explique et interroge à son tour Dan sur son métier et comment il en est arrivé là.

« Bein, j’avais pas vraiment envie de faire des études, j’ai jamais été très doué à l’école pour autre chose que faire marrer les autres. Il me fallait un boulot, on m’a embauché au Shelter et là, une révélation, je crois que j’ai été assez bien guidé sur ce coup. J’ai un peu tout appris sur le tas. »