Cet être au bout du comptoir fixe son verre sans rien dire, il ne demande rien à personne et ne fait que se taire, il fait miroiter son whisky au fond de son verre, et le fixe encore et toujours, comme si toute sa personne était concentrée dans ce verre, que tout se résumait à celui-ci, un simple verre … Arthur ne sait pas vraiment quoi penser, il ne veut ni aller sur la tombe de ses parents, ni même qu'on lui parle d'eux, il n'est pas encore tombé sur des personnes les ayant connu, et il prit chaque jours pour que cela n'arrive jamais. Pour se changer les idées, il est venu dans ce bar, il est partagé entre le boulot et sa vie privée, maintenant qu'il est basé dans sa ville natale, son patron lui met un peu la pression, les demandes qu'il reçoit ne s'accumulent pas, loin de là, mais malheureusement, il a beau passer le plus clair de son temps à tenter de dessiner des plans, il n'arrive à rien.

Alors, notre homme se confie à un verre, au bord d'un comptoir, et finit par se délaisser de cet ami illusoire pour reposer son regard sur l'ensemble du bar, cette ville est si paisible … Arthur n'y connaît pas grand monde, mais plus les jours passent, plus il fait des connaissances, on ne lui pose pas beaucoup de questions, mais ne cherche pas la petite bête. Par ailleurs, contre son gré il s'y sent un peu à sa place dans cette ville, malgré sa résistance envers ses géniteurs et la vie qu'ils ont pu avoir, il se voit de plus en plus bâtir un avenir ici. M'enfin, il est difficile pour lui de penser ainsi du moment qu'il n'aura pas fait le point sur sa situation actuelle.

L'héritier Lewis se perd de nouveau dans ses pensés, vient à reprendre une gorgée de son breuvage, et se passe une main sur le visage, il n'en finira jamais … Lui qui avait pensé ne jamais avoir à rendre des comptes sur sa naissance, semble aujourd'hui confronté à un avenir qui le force à s'imposer des choix de lui-même.

Arthur est toujours dans les nuages, le son autour de lui est redevenu silence, son verre l'attire de plus en plus dans les songes, il pourrait s'endormir devant celui-ci qu'il ne le remarquerait pas, mais avant que cela arrive, un barman vient lui adresser la parole et le sort de ses songes. D'abord une question, puis une proposition qu'il n'ira pas refuser une fois son verre au trois quart terminé vidé. Il se demande alors si c'est son expression du visage qui suggère la question sur sa personne, ou alors une simple question de politesse, et il conclut alors sur la formule de politesse, comme d'habitude, une formule qui revient encore et toujours, une sorte de rite entre des individus, même inconnus. Arthur s'accorde deux secondes de réflexion, finit son verre, et vient à répondre au barman tout simplement.

« On peut dire que ça va, et je ne refuse pas le verre, la même chose s'il vous plaît ! », oui, la même chose, le même alcool, encore et toujours, il ne changera donc jamais ses habitudes ! « Dites moi, vous connaissez des endroits sympas ici où passer un bon moment sans se compliquer la vie ? », demande t-il avec espoir de trouver son bonheur.

Oui, il a vraiment envie de s'accorder un moment de folie, de liberté, il n'en a que très rarement connu, et avec son boulot il ne s'en donne plus la joie ! Une boîte de nuit, même une maison close si dans son périple l'envie lui vient, après tout, autant tout essayer se dit-il. C'est réellement dans des moments de désespoir pareil qu'il souhaite au plus profond de lui vivre une expérience qui pourrait lui faire oublier son héritage si cruel, et son manque si douloureux, même si il est rare qu'il ait des pensés aussi perchées.

Arthur continu de fixer le barman, assez sympathique se dit-il, à vrai dire, pour le peu de fois où il a pu traîner dans un bar, il ne s'est jamais vue demander un conseil à ce genre de personne, mais bon, le cas est assez exceptionnel. Le jeune architecte sourit quand il voit son verre revenir plein, des glaçons, la chose la plus agréable dans ce genre de boisson, qui, malgré la brutalité de celui-ci, l'adoucit et l'accompagne parfait, alors, il prend son verre en main, fait un peu miroiter la mixture en balançant doucement son verre de droite à gauche. Il se donne une petite allure d'âme torturée qu'il n'aime pas vraiment, et finit par relever son regard vers son interlocuteur, lui adressant un sourire ampli de sympathie.

Merci ! dit-il simplement, buvant un légère gorgée d'alcool, reposant ensuite son verre et écoutant la suite de la conversation, oui, car au bout du compte, ce qui semble être un dialogue anodin finit par devenir une conversation assez plaisante pour le garçon.

Le Warehouse serait donc sa prochaine destination, des stripteaseuses ? Pourquoi pas ... Arthur n'en a jamais vue, mais bon, un début à tout c'est assez bénéfique pour quelqu'un qui n'a fait que penser à faire, et n'a jamais appliqué ses désirs à la réalité. Surtout que dans la voix de Stefan, la fin revient comme un point essentiel de l'endroit en question ! Notre petit hériter revient alors à sourire, l'idée lui vient alors, pourquoi ne pas y aller à deux ?

Dites, je peux vous tutoyer ... ? lâche t-il finalement, c'est vrai que le fait de vouvoyer n'est pas réellement son fort, dans le fond il aime assez le coté familier d'une conversation, enfin, sans trop dépasser les limites non plus ! Vous, enfin, tu termines à quelle heure ? Vue que je ne connais pas réellement le coin, t'inviter serait assez amusant, passer une soirée en solo c'est pas la chose la plus passionnante dans ma vie, mais ne t'inquiète pas, ce n'est pas de la drague !

Arthur fait un clin d'oeil, il lui est déjà arrivé d'inviter un mec à sortir et au bout du compte à se faire prendre pour ce qu'il n'est pas, même si il respecte l'homosexualité dans tous les sens du terme, il n'est pas de ce bord.

Arthur se fait une image du dit lieu où il risque de se rendre dans peu de temps, ce n'est pas du tout son style de boîte, mais bon, il veut réellement se changer les idées, et sans doute qu'avec la compagnie de ce barman il risque d'apprécier. Néanmoins, il ne sait toujours pas si celui-ci acceptera de l'accompagner, mais bon, il n'a que très peu de doute, et ça lui fera un ami en plus ici, lui qui n'a pas vécu de l'amitié depuis longtemps se demande si cette sortie l'aidera à se rendre compte de son erreur des années passées. Autant se dire qu'au moins sa solitude prendra fin à cet instant.

Stefan ne s'oppose pas au fait de se tutoyer, au contraire, ça lui convient et quand celui-ci lui annonce qu'il ne lui reste que dix minutes avant de finir son service, il balaye ses doutes, l'affaire est dans la poche, il aura de la compagnie pour sortir ce soir, pas mal pour un début. Son coté sociable ressort peu à peu, ses problèmes sortent de sa tête, il n'y pense plus, il peut le remercier désormais de le sortir de ses petits tracas.

Merci, c'est sympas de ta part ...

Se connaisse t-il ? Non ! Arthur n'a ni donné son nom, ni dit qui il était, mais il ne dira jamais pourquoi il est ici, beaucoup de personnes savent qu'il a hérité de la maison des Lewis, mais personne ne sait encore qu'il est leur fils et la rancœur qu'il a à leur égard. Affichant un sourire, il rit légèrement à la fin de la phrase de son interlocuteur. A dire vrai, il se peut qu'un jour Arthur devienne gay, mais pour le moment, même si il ne sait pas que Stefan l'est, cela ne change rien au fait qu'il n'a rien contre ça.

Désolé, j'suis toujours à jouer sur les détails ! Sinon, moi c'est Arthur ! dit-il simplement sans rien ajouter derrière.

Stefan ... Les présentations sont faites, et Arthur n'attend plus que la fin du service de son nouvel ami, à vrai dire, les choses vont à une vitesse affolante, le garçon vient à s'en demander si il n'est pas sous l'emprise d'une drogue, ou si il n'est pas malade. Il finit son verre, regarde sa montre, il n'est pas vraiment tard à proprement dit, mais il n'a pas l'habitude de veiller tard quand ça ne concerne pas son travail, il a tout de même une légère boule au ventre, cela fait combien de temps qu'il n'est pas sorti le soir ? Sa dernière virée entre potes ? Dernière biture et dernière gueule de bois ? Toutes ces questions lui reviennent durant que Stefan termine son service.

Arthur n'a jamais réellement profité de la vie, ses études lui ont tout pris, du moins, par le fait qu'il a préféré les faire passer au premier plan, alors, ça l'angoisse, maintenant qu'il a tout, va t-il succomber au plaisir de la fête ? Rien que ça le tracasse, va t-il changer, ou va t-il seulement changer le temps d'un soirée ... Lui, qui au départ voulait simplement se changer les idées, en vient à se demander ce qu'il va advenir de lui après cette soirée avec Stefan.

Ok, on peut y aller ! lâche t-il alors, extirper de ses songes, un peu surpris de sa réponse subite, il s'étonne alors lui-même.

D'une seconde à l'autre, il ne pense plus à rien, comme-ci son subconscient prend le contrôle et l'oblige à ne plus penser, peut être qu'au plus profond de lui il ne veut pas se prendre la tête et profiter de la soirée. Il vide son verre, se lève, le sourire aux lèvres, se dirigeant vers la sortie ( auprès de Stefan ? ) puis reprend la parole.

Par contre, je ne pense pas prendre le volant ce soir, donc j'espère que t'es motivé pour marcher ! dit-il en lâchant un petit rire, il est vrai qu'il n'est pas non plus fou au point de mettre sa vie en jeu pour faire la fête. Arthur connait les conséquences d'une conduite sous un état d'ivresse ...

La machine est finalement lancée, quand Stefan revient il est déjà changé et prêt pour partir à l'aventure le temps d'un soir. Souriant, Arthur sort du bar avec lui, ils commencent à marcher, la marche c'est un peu son quotidien en ce moment, il n'a pas trop l'occasion de conduire et à vrai dire il n'en a pas forcément très envie. L'avantage de Shady Cove, c'est que la marche prime sur la conduite, et ce n'est pas pour déplaire au petit nouveau de la ville, même si il a passé le permis avec joie, ce n'est pas pour autant qu'il est un adorateur de la voiture. Il réserve souvent sa voiture pour les longues distances, ou pour le garage et quelques petits départs en vacance, enfin, quand il en a le temps.

Puis, après quelques instants de marche, la question qu'on lui pose le plus souvent ici revient encore et toujours à la charge : depuis quand es-tu ici. Arthur entend cette question presque à chaque rencontre qu'il fait, et pourtant, il ne se lasse jamais d'y répondre, vue qu'il ne sait jamais trop quoi dire, il dit tout le temps la même chose. C'est devenu une petite routine pour le moment, mais il sait que cela ne va pas durer et qu'au bout d'un certain temps, à son tour il finira par demander à des nouveaux arrivants depuis quand ils ont débarqués dans cette petite ville. Le jeune homme sourit donc, et rit un peu, puis vient à répondre en regardant en face de lui, les mains dans les poches.

Oh, depuis une semaine peut être, j'ai repris une maison pas loin d'ici, et toi, tu habites ici depuis toujours ?

On ne sait jamais, sans doute n'est-il pas le seul nouveau ici, on voit beaucoup de personnes qui emménagent du jour au lendemain dans une ville mais qui peuvent passer inaperçu. Puis, si Arthur n'était jamais sorti de chez lui, personne n'aurait pensé à le lui demander, mais cela reste simplement une idée. Il attend donc une réponse, toujours le regard plongé sur la route, impatient d'arriver à bon port pour réellement se désaltérer.

D'ailleurs, ça fait longtemps que tu es serveur ?

Finit-il par demander, histoire de s'intéresser un peu à sa carrière comme n'importe qui peut s'intéresser à la sienne. Notre garçon n'a jamais eu de préjugé sur les métiers, pour lui, tout métier reste un métier, du moment qu'il rapporte de l'argent et peut faire vivre des familles.