00h34, Ashland.

Poussant la porte d'entrée du building dans lequel est supposé se passer la fête à laquelle elle a été convié ce soir, Harper observe les lieux avec curiosité. C'est un vieux bâtiment en briques de plusieurs étages renfermant des dizaines d'appartements tous très spacieux, mais un seul l'intéresse vraiment.

Troisième étage, porte F. Depuis la cage d'ascenseur qui vient de s'ouvrir sur sa silhouette moulée dans une jupe courte en denim noire et un débardeur de la même couleur, la jolie brune entend déjà la musique qui tambourine à plein régime de l'autre côté du mur. Esquissant un sourire, Cameron fait quelques pas dans le couloir, réduisant la distance qui la sépare de ce qui promet d'être la soirée du siècle, profitant de ses derniers instants à la lumière du jour.

Ouvrant la porte de l'appartement sans prendre la peine de sonner, la jeune femme pénètre dans un petit vestibule à peine éclairé où se tient seul devant un rideau très opaque un jeune homme armé d'une ribambelle de bracelets fluorescents. Après lui en avoir fait choisir un -rouge- qu'il lui attache au poignet en lui recommandant de ne pas le retirer si elle ne veut pas que quelqu'un lui fonce dessus inopinément, le grand brun lui aménage un passage à travers le rideau et l'abandonne à son sort. Le noir complet.

Comme prévu par l'annonce passée sur le net reçue quelques jours plus tôt, tout l'appartement est plongé dans le noir à l'exception de quelques lumières noires qui laissent apparaitre l'ombre fantomatiques des quelques personnes ayant choisies de porter un vêtement blanc. Pour les autres, seules les lueurs faibles de leurs bracelets qui bougent dans tous les sens au rythme de la musique signalent leur présence. Tout de noir vêtue, Harper est donc elle aussi, quasiment invisible.

Le temps d'habituer ses yeux à l'obscurité, la jeune femme se fraye un chemin vers le bar indiqué par une pancarte phosphorescente et se sers un verre de champagne qu'elle a facilement repéré dans son sceau à glace remplit de faux glaçons fluorescents.

Restant un instant immobile, le temps de s'imprégner pleinement de l'ambiance qui règne ici, la jeune femme porte plusieurs fois sa coupe de champagne à ses lèvres avant de pousser un léger cris lorsqu'un jet de boisson glacé atterrit dans son décolleté après que quelqu'un l'ai bousculée.

-Désolé, je t'avais pas vu! S'exclame une voix masculine tout près d'elle avant qu'une main peu assurée n'atterrisse sur son bras, main qu'elle attribue d'office à cette voix qu'elle ne reconnait pas.

Quoi de plus normal après tout, cette pièce est pleine d'inconnus...!

00h15

Arthur arrive tout juste à Ashland où la fête à laquelle il a été convié par pur hasard se déroule. C'est peu commun pour lui de se faire inviter à une telle soirée, mais d'après ce qu'il en sait c'est une soirée qui promet d'être assez épic pour le coup. Le québécois pénètre donc le fameux building qu'il trouve par ailleurs bien grand, même si les lieux ont l'air de dater il peut entendre du rez-de-chaussé la musique. Peu d'isolation ...

Le garçon continu sa route vers l’ascenseur pour se rendre à l'appartement où se déroule la soirée. Vêtu d'un simple costard de couleur sombre qu'il a décidé de porter aujourd'hui il appui sur le bouton et les portes de l'ascenseur s'ouvrent quelques secondes plus tard. Il rentre à l'intérieur, appui sur le bouton désignant le troisième étage et se laisse porter par celui-ci avant d'en sortir quelques dizaines de secondes plus tard. Le son de la musique en devient plus enivrant et un frisson parcourt notre petit architecte, ça fait bien longtemps qu'il n'a pas participé à une soirée, mais il en est assez fier de cette invitation.

Ne prenant pas la peine de frapper, il se rend au dit appartement et y entre sans grande difficulté. Face à lui se trouve une pièce obscure, très peu éclairé, mais il y a voit déjà du monde par les bracelets qu'ils portent. Assez astucieux l'idée des bracelets, ce n'est pas si bête, et pour une soirée plongée dans le noir c'est même très pratique. Pour sa part, il en met un de couleur pourpre, étant une couleur qu'il apprécie, au moins il ne se sentira pas dépayser. Arthur ne s'éternise pas non plus sur le pallier de la porte et la referme derrière lui.

Il s'aventure et se balade un peu, il ne connait personne en fait ici ... Mais bon, il se dirige vers le champagne, tout est minutieusement préparé pour qu'on puisse s'y retrouver. C'est le genre de soirée à thème très apprécié, certes on n'y voit presque rien mais tout est fait pour s'y retrouver, pour s'y plaire, et même si il faut un certain temps d'adaptation le beau brun prend plaisir à y participer. Il vient donc à se servir un verre avant d'aller faire connaissance avec de parfaits inconnus et lorsqu'il recule d'un pas il trébuche et jette maladroitement le champagne qui restait dans sa coupe sur quelqu'un qu'il remarque par son bracelet.

Désolé, je t'avais pas vue ! dit-il en guise d'excuse, ce qui est parfaitement vrai. Il vient porter sa main sa main avec peu d'assure sur le bras de la dites personne. Quelques secondes plus tard il la fixe à travers la pénombre régnant dans pièce et vient de nouveau à prendre la parole. Vous avez besoin d'aide pour nettoyer le champagne ? Demande t-il de nouveau maladroitement, oui, il est fautif de ce qu'il vient de se passer et semble réellement s'en vouloir le pauvre.

Petit à petit, les yeux d'Harper s'habituent à l'obscurité. Même si elle ne distingue pas clairement les gens, la silhouette de ceux qui portent des vêtements clairs se détache nettement des autres, notamment grâce aux quelques lumières noires qui donnent aux vêtements blancs des allures fantomatiques. Se dirigeant vers le bar afin de se mettre dans l'ambiance, mais surtout de se détendre après une longue journée qu'elle sait pour une fois définitivement terminée, la jeune femme ne tarde pas à repérer la bouteille de champagne qui n'attend que d'être saisie dans son bac de glaçons fluo.
Se servant une coupe qu'elle veille à ne pas trop remplir histoire de ne pas la faire déborder, la jeune femme replace ensuite la bouteille à sa place avant de goûter le breuvage dont les bulles lui chatouillent le palais.

Savourant l'ambiance qui règne dans l'appartement, la jeune femme affiche un sourire plein de satisfaction que personne n'est en mesure de voir avant de pousser un léger cri lorsqu'elle sent un liquide pétillant qu'elle identifie à l'odeur, comme étant justement, du champagne.

Presque aussitôt, une main se pose sur son bras tandis que le liquide imprègne son débardeur.

-C'est pas grave! Rassure-t-elle l'inconnu qui se confond en excuses tout en affichant un sourire histoire de l'apaiser, bien qu'il ne soit pas plus en mesure que les autres de l'apercevoir.

-Par contre, si vous pouviez me trouver des serviettes, ce serait gentil... Fait-elle savoir quand il lui propose de l'aide pour se nettoyer alors qu'elle se retourne vers la table qu'elle tâtonne à l'aveugle pour essayer de trouver une pile de serviettes en papier.

Cherchant sans grand succès, la jolie brune dans son effort finit par poser sa main sur celle du jeune homme, visiblement lui aussi à la recherche de serviettes. Contact qui lui arrache un léger sourire.

-Désolée...Souffle-t-elle légèrement gênée.

Habituellement, Harper n'est pas du genre à rougir de ce genre de contacts, mais l'étrangeté de la situation, le fait de ne pas pouvoir regarder le jeune homme dans les yeux, ni même savoir ce à quoi il ressemble change légèrement la donne.

C'est assez embarrassant de renverser son verre sur une inconnue, et qui plus est qu'on ne peut pas voir à cause du noir. C'est étrange aussi, oui, c'est étrange d'être en contact avec quelqu'un dans le noir total, on peut comparer ça à la peur de l'inconnu ! Imaginez la scène, dans une pièce plongée dans le noir avec des inconnus, tout peut arriver, mais il faut que ce soit la situation la plus bête au monde qui tombe sur la tête de notre pauvre Arthur. Enfin, ce qui est certain c'est que le jeune garçon ne risque pas d'oublier cette maladresse qui le rend mal vis à vis de la victime de son verre de champagne.

Ça n'empêche pas son soulagement quand elle vient à lui dire que ce n'est pas si grave, oui, un verre de champagne n'équivaut pas une balle dans le crâne, c'est certain, quoique extrême comme comparaison sur le coup. En tout cas, Arthur ne se fait pas prier pour aller chercher des serviettes, même si dans ce noir c'est un peu compliqué d'en trouver, même si celles-ci sont blanches normalement.

Euh ... Oui ! Attendez, j'vais voir sur la table qui est ... le québécois ne termine pas sa phrase qu'il tâte déjà la table qui est derrière lui. Avec la musique, le manque de lumière et cette situation c'est dans le hasard qu'il cherche, mais sans en trouver une pour le moment.

Il cherche encore, mais il se peut qu'elle soit tombée par terre depuis un moment vue qu'il n'arrête pas de passer sa main sur la table. D'ailleurs, le mouvement de sa main est coupé par l'arrivée de celle de l'inconnue sur la sienne. Le contact le surprend dans un premier temps mais il lâche un petit sourire au passage, ce n'est pas si désagréable. En plus de cette main, il entend faiblement la voix de la jeune femme, celle-ci lui disant être désolée par cette " maladresse ". C'est assez spécial de ne pas pouvoir voir sa réaction, Arthur ne peut que sentir sa main sur la sienne et rien de plus, que se passe t-il de son coté ?!

C'est rien ... lâche t-il simplement avant de reprendre. Il ne retire pas sa main, attend qu'elle le fasse au fond de lui il n'a pas vraiment envie de voir ce contact brisé de si tôt. En tout cas, je n'sais pas si on va trouver des serviettes sur cette table ... lui avoue t-il ne sachant pas réellement où en trouver.

Tandis qu'elle cherche des serviettes en papier pour éponger les dégâts, Harper pose les doigts sur de nombreux objets. Gobelets de plastique renversés, bouchons de bouteilles, capsules de bières, miettes de chips... Tout, sauf ce qu'elle cherche.

Finalement, au bout de quelques secondes, peut être une minute ou deux de recherches infructueuses, la jeune femme fini par mettre le doigt, ou plutôt les doigts sur quelque chose, mais une fois encore, ce ne sont pas des serviettes en papier. Non, il s'agit de la main du jeune homme auprès duquel elle s'excuse immédiatement. Pas par timidité ou quoi que ce soit de la sorte, mais parce qu'elle ne le connait pas, et qu'elle ignore comment il pourrait prendre ce geste fortuit.

Heureusement, il ne semble pas s'offusquer de ce contact et n'esquisse pas un seul geste pour se défaire de la main de la jeune femme qui finit tout de même par retirer sa main pour la poser sur son débardeur imbibé d'alcool. Il semblerait que les serviettes soient déjà devenues inutiles.

-Tant pis, c'est pas grave, ça sèchera tout seul...! Se résigne-t-elle dans un sourire tout en haussant les épaules, oubliant encore et toujours que l'obscurité camoufle ses mouvements au jeune homme.

-Est-ce que tu es là depuis longtemps? Demande-t-elle finalement par curiosité, histoire de se renseigner un peu sur cette fête si peu conventionnelle.

C'est bien la première fois qu'elle participe à ce genre de soirées, mais parce qu'elle n'a pas peur de l'inconnu, bien au contraire, la jolie brune est plutôt agréablement surprise pour le moment même si le fait de ne pas savoir à qui elle s'adresse l'ennuie légèrement.
En règle général, Harper déteste quitter une fête seule, seulement, sans possibilité d'apprécier les hommes qui peuplent cet appartement, l'entreprise s'avère beaucoup plus risquée. Heureusement, Harper n'a peur de rien!

Un peu bête sur les bords, c'est ce qu'est Arthur dans certaines situations, mais pour le coup il se l'avoue lui-même. Etre gêné par une main qui lui tombe sur la sienne c'est un peu gamin, sans pour autant lui déplaire, ce geste semble le rendre toute chose bizarrement. Sans doute le fait qu'il ne puisse pas réellement voir la femme qu'il a en face de lui, oui, c'est assez frustrant et c'est bien ce sentiment de frustration qui revient encore et toujours dans cette soirée. Cependant, même si ce sentiment de frustration peut se confirmer chez plusieurs invités, ça ne veut pas dire pour autant que c'est un défaut, au contraire, c'est assez bénéfique. Devoir discuter avec quelqu'un dont on ne connait pas le physique, c'est un peu comme faire connaissance sans se préoccuper de l'apparence de son interlocuteur.

Arthur se sent donc un peu gêné et un peu frustré par la situation, du coup voila qu'elle se résigne à ne plus utiliser de serviettes ... Au final, c'est pas si grave, personne ne peut voir son vêtement trempé, donc ce n'est plus si important que ça avec cette obscurité. Voila ce que se dit le québécois pour reprendre du poil de la bête et afficher un sourire sur son visage, même si personne ne le voit.

Puis, avec le peu de lumière qu'il y a ... je suis certain que personne ne verra la différence ! lâche t-il finalement dans un hélant de confiance, palliant le vouvoiement par un tutoiement. C'est ça l'avantage de cette soirée ! On a pas vraiment de quoi s'attarder sur de simples détails ... conclut-il.

C'est fou qu'ils puissent encore arriver à s'entendre avec le son de la musique qui semble être de plus en plus ambiant, mais bon, on entend souvent que ce que l'on veut entendre. Le garçon, lui, arrive encore à dissocier quelque peu le son de la musique et la question que lui pose Harper. En tout cas, c'est grâce au bracelet qu'elle porte qu'il arrive encore à la repérer de l'autre coté de la table.

En fait j'sais pas quelle heure il est donc j'peux pas trop te dire ... Mais ça doit bien faire une petite heure maintenant, ou un peu moins, bref, un p'tit moment sans doute ! dit-il en haussant un peu le ton pour pouvoir mieux se faire entendre, sa phrase raisonnant dans un rire amusé, sa frustration semblant s'être fait la mal entre deux. Et toi ? lui retourne t-il avant de reprendre sa phrase. On s'partage un verre ? propose Arthur en voulant rester dans l'ambiance festive de cette soirée.

Harper laisse échapper un léger rire avant de jeter un regard circulaire sur la foule dont elle ne distingue que le contour un peu flou à travers l'obscurité. Arthur à raison, personne ne risque de se formaliser sur la tache qu'elle sent s'étendre sur son vêtement puisque personne n'est en mesure de la voir. Ne se minant pas le moral pour un simple accident, Cameron préfère ne pas se gâcher la soirée et reprend rapidement la parole pour confirmer les dires de son mystérieux inconnu.

-Je te l'accorde, je trouve l'idée plutôt bonne, ça m'évite de passer pour une idiote au moins! Lance-t-elle joyeusement.

Le questionnant finalement sur son heure d'arrivée, histoire de voir si elle a manqué quoi que ce soit, Harper n'est pas surprise d'apprendre qu'il est déjà ici depuis presque une heure. Elle même n'a fait qu'une apparition tardive après le travail bien qu'elle n'ai pas vraiment vérifié l'heure de son arrivée, trop pressée de découvrir l'ambiance de cette soirée des plus atypiques pour se focaliser sur ce petit détail.

-Ca va tu as eu le temps de t'habituer alors! Fait-t-elle remarquer un sourire au coin des lèvres avant de reprendre la parole. Je suis arrivée il y a une dizaines de minutes environ... Explique-t-elle avant de hocher la tête, oubliant une fois de plus que mis à part son bracelet lumineux, le jeune homme n'est pas en mesure de voir grand chose d'elle.

-Avec plaisir oui!Dit-elle avant d'ajouter: Au fait, je m'appelle Harper!

C'est au tour du québécois de rire à la réplique d'Harper qui ne manque pas de lui donner raison. Par contre, sur le coup il trouve ça chiant de ne pas pouvoir voir sa réaction, donc il se contente simplement de fixer son bracelet pour le moment, tentant tant bien que mal de discerner ne serait-ce qu'une simple image de son visage. Le garçon n'a pas peur de l'inconnu, mais bon, c'est la première fois de la soirée qu'il sent un léger regret à ne pas pouvoir la voir rire ou sourire, après tout, un sourire c'est toujours plaisant à voir. Cas cela ne tienne ! Le pauvre va faire avec, qui sait, il va peut être avoir la chance de la voir une fois que la soirée sera terminée, mais en attendant l'envie de partager un verre le titille légèrement.

M'habituer ? reprend-il surpris, pas vraiment ... J'suis surtout frustré de ne pas voir la personne à qui je m'adresse ! souffle t-il dans l'hélant de sa phrase. Oui, il se plaît dans l'obscurité mais ne peut nier le fait qu'il se sent un peu frustré de ne pas la voir. Et en dix minutes tu t'es dis qu'il te faudrait plus de temps pour t'y faire ? J'vais peut être pas te rassurer, mais on peut pas s'y habituer ... finit par dire Arthur dans un nouveau rire amusé.

S'habituer ? Comment s'habituer à une telle obscurité qui vous prive de la vue ? En faisant avec peut être, mais bon, ce n'est pas ça qui fait qu'ils vont pouvoir s'y habituer au bout d'un moment. Arthur pense seulement qu'avec le temps ça deviendra une normalité dans cette soirée, et ce n'est pas faux. Il se dirige alors vers le bar pour servir deux coupes de champagne. Il fait signe à l'aide de son bracelet à Harper pour la faire venir à lui. Après coût il lui tend la coupe, un sourire invisible sur son visage se dessine.

Et moi c'est Arthur ! lui répond le québécois avant de trinquer avec elle. On va dire qu'on trinque à cette obscurité aussi plaisante que frustrante, t'en dis quoi ? Un rire amusé vient accompagner sa phrase tout en prenant une légère gorgée de champagne tout en commençant à bouger un peu sous le rythme de la musique. Et il serait peut être temps de profiter de cette soirée !

Par habitude, Harper entend le fait que son compagnon d'infortune doit s'être fait à l'idée d'être plongé dans le noir, mais la jeune femme partage tout à fait son avis lorsqu'il lui fait savoir que plus qu'habitué, il se sent surtout frustré de ne pas pouvoir savoir à qui il s'adresse. Physiquement parlant tout du moins. La chirurgienne elle même regrette de ne pouvoir mettre un visage sur cette voix qui s'adresse à elle, mais puisque cela fait partie des règles du jeu, la jeune femme est prête à s'y plier. Après tout, elle est venue ici en toute connaissance de cause!

-Je te comprends oui, ça m'ennuie un peu aussi... Souffle-t-elle avec une légère moue avant de partager l'hilarité légère du jeune homme. J'avoue que je pensais trouver un minimum de lumière, ou que mes yeux se feraient à l'obscurité au point de pouvoir deviner les visages, mais je dois bien admettre que je me suis trompée. J'y vois toujours rien... Ajoute-t-elle avant d'accepter de partager une coupe de champagne avec autre chose que son tee-shirt. 

S'emparant de la coupe que lui tend le jeune homme, la jolie brune lui adresse machinalement un sourire tout en lui glissant un petit "merci".
Se présentant finalement, Harper est satisfaite de pouvoir enfin mettre un nom à cette voix. Arthur. C'est un chouette prénom pour un type qui semble lui même tout à fait sympathique.

Faisant tinter son verre contre celui du jeune homme non sans une certaine difficulté compte tenu de l'obscurité, la jolie brune répond à sa proposition par un léger rire.

-Va pour ça, de toute façon, je vois pas à quoi on pourrait trinquer d'autre! Acquiesce-t-elle tout en portant sa coupe à ses lèvres.

Profitant du fait que personne ne puisse la voir, la jeune femme la vide d'une traite alors qu'Arthur lui propose de profiter enfin de cette soirée. Ne se le faisant pas dire deux fois, la chirurgienne repose sa coupe sur la table sans la moindre précaution avant de s'emparer de la main du jeune homme pour l'entrainer sur la piste.

-T'as raison, il est temps de ce que l'obscurité a à nous offrir! Glisse-t-elle à son oreille tandis qu'ils se glissent entre les danseurs avant de se coller à lui pour danser.

Peu lui importe ce à quoi il ressemble, Arthur lui est sympathique, et la jeune femme n'est pas venue ici pour faire la discussion, mais pour s'amuser!

Le courant passe bien entre eux, hormis la petite mésaventure du champagne renversé sur elle, l'échange n'est pas mauvais, et ils en viennent à échanger une coupe de champagne ensemble. Arthur l'aime bien cette fille, même si il ne peut pas mettre une image sur son visage, il a au moins son nom, donc il sait au moins à qui il s'adresse, enfin, un minimum. Ils arrivent même à trouver un avis commun sur l'obscurité qui règne à cette soirée, pour Arthur d'un coté c'est très frustrant vue qu'il ne peut presque strictement rien voir, elle, tout comme le restant des invités. Beaucoup de trucs sont mis en place pour aider à se diriger pour éviter la casse ou les problèmes de direction, mais ça ne fait pas tout.

Arthur et Harper finissent pas trinquer avant que le québécois ne vienne prendre une première gorgé de champagne, puis une seconde quand celle-ci finit de parler. C'est vrai qu'il n'y a pas grand à quoi trinquer pour le moment, mais en même temps c'est un peu le début de la soirée, ils ne sont pas encore couchés x) Le garçon profite de ce champagne pour se faire une idée sur la qualité, le goût est bon, et il se fait une fierté de reprendre quelques gorgés.

Sauf qu'à une ou deux gorgés, sa main est saisie par celle de son interlocutrice, se faisant entraîner vers la piste. Juste le temps de poser sa coupe qu'il est déjà entouré d'autres danseurs, tandis que lui se retrouve collé, sans avoir à se plaindre, contre la jeune femme avec qui il parle depuis un petit moment. Lui se laisse entraîner au rythme de la musique, mais aussi à celui de Harper, pour ne pas paraître con à danser comme une tache contre elle.

Je te donne entièrement raison ! lui répondit-il aussi à l'oreille, tentant pour une fois de mener la danse, histoire de changer un peu ses habitudes de se laisser entraîner par les autres. Naturellement, Arthur n'est pas le plus grand danseur du monde, mais se débrouille assez bien avec ce qu'il sait faire, s'aidant de la musique, mais aussi de sa " coéquipière ". Par contre, désolé mais j'suis pas un pro d'la danse comme tu peux le voir ! avoue le québécois tout en plaisantant avec, autant avoir un public averti avant qu'il ne lui écrase un pied x)

Harper n'aime pas perdre son temps en paroles. La jeune femme n'est pas du genre à parler beaucoup et préfère agir plutôt que de tergiverser durant des années. C'est pour cette raison qu'elle entraine rapidement Arthur sur la piste. Après tout, ils sont là pour faire la fête, et dans le noir complet, rien de mieux que le langage des corps pour se faire comprendre!

Se glissant à travers la petite foule de danseur qui occupent le salon, Harper se sent comme un poisson dans l'eau. La fête est son élément. Elle aime sentir la vibration de la musique traverser son corps, se déhancher sans retenue, s'abandonner, tout simplement.

Ondulant au rythme de la sono contre Arthur, frôlant plusieurs autres corps au passage dont elle ignore le genre, Harper se laisse prendre au jeu. Ne pas savoir à qui sont ces mains qu'elle touche par accident, ces vêtements qui entrent en contact avec les siens donne une touche de mystère enivrant à cette soirée. Elle ne pouvait pas rêver mieux.

Heureusement, reste Arthur pour lui servir de point de repère. Elle sait qu'il est là contre elle, plus encore lorsqu'il vient lui parler à l'oreille. Ses paroles lui arrachent un sourire.

-T'as de la chance, personne n'est capable de voir si tu danses bien ou pas... Laisse toi aller! Lui conseille-t-elle tout en continuant à se trémousser contre lui.

Inutile de stresser, personne ne remarquera qui est beau ou moche ce soir, qui est bien habillé ou pas, qui danse comme un dieu ou comme un pied. Ce genre de soirée est faite pour rapprocher les gens, pas pour les juger!

Ce n'est pas faux ! Après tout, cette soirée est sans doute aussi là pour palier le défaut de l'apparence, les frontières séparant les personnes démunis de charme et les personnes, qui, au contraire en font bien preuve n'est plus ce soir. On peut danser n'importe comment, faire la tête qu'on veut, personne ne peut rien voir de toute façon. Notre architecte, après les paroles de Harper se reprend, puis finit par se laisser aller à son tour. Certes, ce n'est pas beau à voir un Arthur qui se trémousse, mais on ne peut rien y faire, et bien heureusement pour les autres, tout comme pour Harper, ce supplice reste aveugle ! Dans le fond, en tout cas, c'est un réel plaisir pour lui de se lâcher un peu, il sent la jeune femme contre lui, mais est un peu plus absorbé par l'ambiance qui retient presque toute son attention.

C'est vrai que c'est très attractif que de se laisse prendre par cette obscurité, pourtant, il sent aussi le corps de sa partenaire, qui pour le coup est plaisant au contact. C'est ce qui l'entraîne aussi à se laisser aller, savoir qu'elle aussi fait de même. Le rythme de la musique en vient presque à prendre possession de son corps, en oubliant le ridicule c'est bien plus pratique.

Pour le coup, j'te donne raison ! lui lance t-il de nouveau à l'oreille. Puis, il y a elle, mais il y a aussi la foule autour d'eux. C'est une sorte de piège, ici ils ne peuvent pas se défaire facilement l'un de l'autre. En fait, c'est une sorte de gang bang géant, tous à se frotter les uns contre les autres ... ah non, c'est surtout une danse d'esquimau en fait. Après non, ce n'est pas déplaisant du tout, mais bon, si ils restent coincer comme ça toute la soirée ils vont finir par étouffer, avec plaisir, mais étouffés quand même x) En tout cas, tu t'en sors pas mal dans le noir ! lui lance t-il maintenant dans la foulée.