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Since forever For years on end Newbies

La fille que l'on considère comme un pote, que l'on tape dans le dos et qu'on invite à boire des bières, vous savez ? Y'en a souvent une dans les groupes de mecs. Bein c'est moi. Lucy Nelson. Celle que les filles ne peuvent pas encadrer (ça tombe bien, c'est réciproque), et qui se fait traiter de lesbienne, ça aussi, c'est moi aussi.

Heureusement pour moi, je suis forte, la « dure à cuire » de la ville. Celle qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, que l'on peut voir comme une sacrée bûcheronne même parfois. Je peux vous dire qu'à l'école, les petites gosses de riches ne m'ont pas cherché bien longtemps.
J'ai beau être une féministe pure et dure, c'est surtout pour les nanas comme moi que je me bats. Pas pour celle qui pense qu'il faut porter des mini jupes et agiter ses pompons pour faire du sport et plaire aux hommes. Pas pour les superficielles.
Le football, grimper aux arbres, le baseball, le hockey, ça c'est des vrais sports ! Là on se dépense ! Et j'adore ça.

J'avoue qu'il m'arrive d'être une nana très grossière, mais on va dire que c'est pour la bonne cause. Si j'ai quelque chose à dire, je n'y vais pas par quatre chemins, je ne réfléchis pas. C'est pas avec moi que vous aurez des « on dit que », ça non. Tu me plais pas ? Tu le sauras très vite, t'inquiètes pas cocotte !
Cela n'empêche que je peux vouloir savoir tout sur tout. Je n'aime pas de pas être au courant. Je veux pouvoir donner mon avis sur tout et quand je désire quelque chose, je m'accroche jusqu'au bout. Je suis vraiment tenace et curieuse... C'est ce côté là de ma personnalité qui fait que l'on me dit « Laisse tomber. Toi, t'es vraiment une fille, y'a pas de doute ! »... Juste que les commérages, c'est non seulement utiles pour mon travail, mais c'est aussi un moment de détente pour moi~ On peut ne pas le comprendre mais ne vous inquiétez pas : c'est en pleine face que je cracherais, pas dans votre dos.



D'après les papiers d'adoption, je suis née le 20 Août 1985. Pourtant, il m'arrive souvent de considérer la journée de notre adoption, celui de ma petite sœur et moi même, comme celle de mon anniversaire. J'avais 5 ans, Amy en avait 3, et même si je n'étais encore qu'une gamine, je me souviendrais toujours de ce sourire chaleureux et tendre que celui que nous considérons depuis toujours comme notre père, a eu le jour où il nous a eu dans ses bras.
Et pourtant, ça n'est pas ce que les autres personnes retenaient de cet homme doux et bon.

En effet, c'est un couple d'hommes qui a décidé de prendre soin de nous après nous avoir choisi dans un orphelinat de Seattle. Nous avons vécu tout les quatre là bas pendant 4 ans là bas avant de partir pour la campagne, et donc d’atterrir à Shady Cove.
Dans les grandes villes, c'est tolérance zéro concernant les couples atypiques... Et à la campagne, eh bien c'est bien pire ! Là où règne tradition et bienséance, voir un couple d'hommes avec leur deux filles adoptives débarqués, ça n'a pas la facilité qui a dominé pour notre intégration.

Les enfants sont des êtres abominables, et les adolescents aussi !... C'est uniquement quand j'ai réussi à leur montrer mes sacrées compétences sportives que j'ai réussi à avoir un peu de respect de la part de ces ploucs. Mes professeurs furent rapidement de l'avis que j'allais réussir à décrocher une bourse d'études... Mais même si j'adorais ça, je ne me voyais pas faire que ça de ma vie. J'aimais bouger, je voulais quelque chose qui combinait le sport avec d'autres activités, ne pas me cloîtrer dans la monotonie. Et puis même, je ne me voyais pas passer encore 4 ou 5 ans dans une salle de classe ou quelque chose dans ce goût là alors que je n'étais bonne qu'en sport !

C'est totalement par hasard, en me baladant dans les rues de Shady Cove que j'ai découvert qu'il existait un concours pour passer officier de police. Un monde d'hommes dans lequel je pouvais combiner ma passion pour le sport avec mon désir de ne jamais faire la même chose, je ne pouvais pas me permettre de passer à côté de ça. J'ai donc fait tout mon possible pour décrocher ce poste à Shady Cove, et comme le dit le proverbe « Quand on veut, on peut ».
Ça n'a pas été facile au début, de réussir à se faire une place en tant que femme dans un endroit où le « règne des mâles » domine. Mais j'ai su leur montrer que je n'étais pas une petite femme fragile, que j'avais du caractère et que quand on me cherche, on me trouve. Au fil de mes enquêtes réussies, à force de caractère, j'ai donc fait de mes ennemis des collègues de travail qui me respectaient et m'appréciaient en tant que telle, sans que j'ai besoin de leur ressembler pour se faire.
Il y a un second point sur lequel j'ai du faire des efforts : le travail d'équipe. J'ai beau adoré les sports d'équipe, il y a une énorme différence entre une équipe sportive d'une dizaine de personnes et une équipe de flics composée d'un homme et d'une femme. J'ai du apprendre à m'appuyer sur mon coéquipier, à me reposer sur lui et savoir lui faire confiance, chose qui n'a pas été facile et que j'apprends sans doute encore au contact de Liam Hunter, celui avec qui je fais ce travail.

Quand on lit toute cette histoire, on pourrait croire que je n'ai jamais eu ni d'ami, ni d'amour et qu'il ne me reste que les emmerdes.
Je dois avouer qu'avoir des amis dans une petite ville, avec deux pères, ça n'est pas chose facile. Mais je considère ma petite sœur comme ma meilleure amie. L'on se confie énormément de chose et on essaye de rester un maximum soudées. Je l'aide du mieux que je peux et elle sait qu'elle peut me dire et me demander tout ce qu'elle veut.
Il y a aussi Liam, bien sur. Notre relation est venue tout naturellement. Je ne le considère pas comme un collègue de boulot mais belle et bien comme un ami. J'apprends beaucoup en sa compagnie, surtout sur moi même...
Et puis... Il y a aussi lui. Kyle.

Quand je venais d'arriver à Shady Cove, Kyle était le fils des voisins. Nous traînions tout le temps ensemble et j'ai su percer sa coquille de mec timide. Il est le seul à ne pas me voir comme « un pote ». Je le sais parce que c'est lui qui m'a offert mon premier baiser. Nous étions des gamins et ce baiser s'est plutôt fait dans un élan de tendresse que par « amour de couple ». Jamais nous n'avons former un couple et je dois dire que je n'y réfléchis pas vraiment.
Tout ce que je sais, c'est que j'ai besoin de lui dans ma vie et que sans sa présence dans cette ville, ma vie ne serait pas aussi facile.