Be clumsy, or how meet new people easily [Terminé]

Samantha ne se pose pas beaucoup de questions, en règle générale, elle fonctionne à l’instinct, et c’est le cas encore cet après-midi avec Morgan. Elle est loin de tout savoir de lui, mais elle a cru comprendre qu’il avait rencontré bien des difficultés dans sa vie, et a la gentillesse de lui faire savoir qu’elle se soucie de lui, à plusieurs niveaux, et qu’elle espère que ça s’arrangera. Quoi de plus normal, après tout ? Elle est tombée sur un jeune homme adorable, poli et bienveillant. Il est donc logique qu’elle lui retourne la pareille. En tout cas, il ne lui donne pas du tout envie d’être sur sa réserve. Il faut dire qu’il s’est pas mal confié à elle tout de même, chose que la pâtissière considère comme un véritable honneur. Elle est heureuse qu’il lui fasse un minimum confiance, à elle, qu’il vient pourtant tout juste de rencontrer.

Elle ne cherche pas à se comparer à lui, mais Sam a envie de se confier, et de lui dire qu’elle comprend son désarroi par rapport à son frère. Parce que si elle perdait Ben un jour, la jeune femme ne serait certainement plus que l’ombre d’elle-même. Elle n’hésite donc pas à lui confier que c’est lui sa seule et unique famille désormais. Merlin la considère chanceuse, elle ne peut qu’aller dans son sens sur ce point.

L’ambiance est posée, et sereine, mais tout de même délicate en un sens, puisqu’il s’agit de confidences, fragiles, un peu douloureuses sans doute. Alors Sam n’est pas mécontente de changer de sujet, voire de rire, et de lancer une sottise, au sujet des cupcakes. C’est vrai qu’elle a un petit creux, et même si ça pourrait sembler malpoli, la jeune femme ne cherche aucunement à s’en cacher. Elle saura se rattraper, la fois prochaine, en lui offrant une nouvelle pâtisserie pour la peine. Heureusement, ce n’est pas une attitude qu’elle adopte avec tous ses clients, sans quoi elle aurait déjà ruiné le « Cup of tea » depuis bien longtemps… !

Oh, c’est vrai ?! Demande Sam, faussement crédule, avant de se mettre à rire. Elle lui tend ensuite les deux sacs en papier, lui laissant faire son choix. Elle n’est pas mécontente qu’il ne fasse pas preuve de galanterie pour le coup, car c’est celui aux noisettes pour lequel il a décidé d’opter. Celui qu’elle réussit le mieux, et son préféré. Elle affiche donc un sourire conquis, en acceptant le cupcake banane / chocolat qu’il lui donne par la suite.

Quel honneur ! Mais quelle pression aussi !

Concède Samantha, dans un sourire amusé. Elle vient croquer dans le sien juste après, savourant le doux mélange du chocolat et de la banane. Le glaçage de celui-ci en particulier est très gourmand. Heureusement pour elle, Sam n’a jamais eu à faire attention à sa ligne. Elle a d’ailleurs des cuisses et des joues légèrement potelées, mais n’éprouve jusqu’à maintenant aucun complexe.

Après avoir avalé cette fameuse première bouchée, la rouquine se mord la lèvre inférieure, charmée et amusée par les compliments de Merlin.

Le Saint Graal de la pâtisserie, carrément ?! Alors là, je suis flattée, vraiment ! Lance-t-elle, avec une pointe d’humour, avant d’ajouter, plus sérieusement, et en croisant le regard du britannique : Merci, c’est adorable. Je suis contente qu’il te plaise.

Un des problèmes de Morgan, c'est qu'il a tendance à trop s'attacher, et trop vite. Et Samantha ne fait pas exception. Il peut devenir ami avec quelqu'un qu'il trouvait au départ antipathique. Même les déménagements n'ont pas pu arranger ce trait de caractère. A chaque fois, il se faisait un ou deux vrais amis, mais était toujours obligé de partir ensuite. Sans compter ceux qu'il croyait sympas et qui se révélaient finalement pas si fréquentables. Parfois, il lui arrive de se méfier d'une personne dès qu'il l'aperçoit, et d'autres fois, il tombe dans le panneau, se relève difficilement, et dès lors, toute confiance est perdue pour la personne. Avec son air naïf, les gens ont tendance à le prendre vraiment pour cela, à l'utiliser, et à croire qu'il ne remarquera rien. Ce qui n'est pas tout à fait le cas.

Ici, Sam lui a tout de suite fait une bonne impression. Il peut très bien se tromper mais ça ne lui traverse même pas l'esprit. La jeune femme est en effet vraiment gentille avec lui. Elle lui a offert un cupcake pour commencer, ce qui est un très bon début. Après avoir évoqué les soucis de Merlin avec son grand-frère, puis le frère de la jeune femme, le britannique passe ensuite aux petits gâteaux qu'il a acheté. Ni une ni deux, il en propose un à la pâtissière. Même si "proposition" n'est pas tout à fait le bon mot. Suite à l'ambiance propice aux confidences de toute à l'heure, ce sont maintenant des rires qui se font entendre. Sam fait une remarque à propos du fait que Morgan s'est choisi le cupcake aux noisettes, mais celui-ci lui répond par un sourire rassurant. Il est certain de ne pas être déçu. Ceux qui cuisinent bien sont souvent ceux qui ont le plus de coeur.

Et le jeune britannique ne se trompe pas : le gâteau est délicieux. C'est la première fois qu'il goûte un cupcake aux noisettes et cela a du réveiller un côté écureuil caché en lui car il fond immédiatement. La pâte, le glaçage, tout est réussi. Vraiment. Même si Merlin n'aime pas vraiment critiquer, cela ne l'empêche pas d'être toujours sincère. Quand il ment, cela se repère assez facilement de toute façon. Il n'hésite pas, d'ailleurs, à comparer ce petit gâteau avec le Graal. Il remarque d'ailleurs du coin de l'oeil la réaction de Samantha et craint un instant d'avoir été trop franc. Il ne s'est rendu compte de ce qu'il disait qu'au moment où il le disait. Heureusement, la demoiselle fait preuve d'un peu d'humour, avant de le remercier avec sérieux.

— C'est normal, souffle-t-il avec un grand sourire en réponse, puis il reporte son attention sur le petit gâteau. Je ne me souviens pas avoir goûté d'aussi bons cupcakes depuis longtemps.

Pour lui, les meilleurs sont ceux confectionnés par sa mère. C'est elle qui lui a appris à cuisiner, entre autre chose. En y réfléchissant, il tient beaucoup de choses de sa mère, mais jamais il n'égalera ses cupcakes. Or, celui qu'il tient dans sa main s'en rapproche très, très fortement. Il est tout simplement délicieux, parfaitement équilibré. Parfait oui, il n'y a pas d'autres mots. Il croque ensuite une bouchée, et prend le temps de la savourer avant de l'avaler.

— Oh, et ne t'étonnes pas s'il m'arrive de faire des comparaisons étranges ou des références à la légende arthurienne, lance-t-il en reportant son regard sur la rouquine. Ça doit être dû au prénom, se justifie-t-il en haussant légèrement les épaules, souriant, avant d'ajouter sur un ton tout aussi léger. Ça m'échappe parfois, mais je préfère te prévenir avant que tu ne te demandes quel taré tu as en face de toi.

Loin l’idée de Samantha d’utiliser Morgan d’une quelconque manière. Elle l’apprécie sincèrement, et n’a pas de mauvaises intentions derrière la tête. De toute manière, la jeune femme est bien trop spontanée pour manœuvrer les gens qui l’entourent. Avec son impulsivité habituelle, elle ferait une bien piètre manipulatrice ! Elle ne sait pas – ou très mal – cacher ce qu’elle a derrière la tête. D’ailleurs, elle-aussi a tendance à s’attacher très facilement aux gens qui l’entourent. C’est justement ce qui la fait tant apprécier Shady Cove. Elle se sent proche d’un certain nombre d’habitants, tout en sachant, pourtant, que certains ne doivent pas se gêner pour parler dans son dos… L’essentiel, c’est de faire la distinction entre les gens à qui on peut tout confier, et les autres. Et, pour ça, la jeune femme n’a pas trop de problème, puisqu’il n’y a qu’à deux personnes qu’elle se dévoile complètement : Asher, et Benjamin.

Lorsqu’il est question des cupcakes, Samantha est flattée de voir la réaction du jeune britannique après qu’il ait goûté celui aux noisettes. Il faut dire que c’est de sa recette dont il s’agit, et Sam n’en est pas peu fière ! Elle l’est d’autant plus de constater que ce mets a plu à son client. Elle a mis beaucoup de temps à mettre cette recette sur pied, et est parvenue à tomber juste au bout d’une vingtaine d’essais au moins. D’ailleurs, elle ne l’a partagée avec personne pour finir, souhaitant garder cette trouvaille pour elle. Elle compte bien, un jour, ouvrir son propre salon de thé ! En attendant, elle a encore beaucoup à apprendre et aussi, et surtout, beaucoup d’argent à mettre de côté… Il n’empêche qu’elle travaille dur pour créer ses propres recettes, et qu’elle compte bien s’en servir un jour, quand elle aura son affaire à elle.

Il fallait que tu te retrouves dans un coin perdu d’Amérique pour tomber sur le Saint Graal ! Lance la jeune femme avant de partir à rire. C’est un terme qu’elle apprécie tout particulièrement, parce que c’est bien la première fois qu’on qualifie une de ses pâtisseries de la sorte. D’ailleurs, par la suite, Merlin s’efforce de s’expliquer sur ce terme, histoire qu’elle ne le prenne pas pour un dingue. La rouquine esquisse aussitôt un sourire amusé.

Oh, tu as bien fait, comme ça je sais que j’ai un taré de type « arthurien » en face de moi – j’y vois beaucoup plus clair à présent.

Souffle-t-elle, taquine. Elle se permet de lui tirer la langue pour ponctuer sa phrase, puis revient porter la pâtisserie à la banane et au chocolat à ses lèvres, pour croquer dedans avec gourmandise. Même si cette recette appartient à son maître d’apprentissage, elle n’en est pas moins un régal pour autant ! Sam a encore beaucoup à apprendre de lui d'ailleurs.

Regardant à nouveau tout autour d’elle, Samantha prend une profonde inspiration. Elle se sent bien dans ce cadre idyllique, avec Morgan, et ce « goûter » ne lui fait qu’apprécier ce moment d’autant plus. Elle repose naturellement son regard sur le jeune homme :

Qu’est-ce que tu veux faire ensuite ? Tu veux qu’on reste ici, ou tu préfères bouger ? C’est comme tu veux, moi je m’adapte !

L'explication de Morgan a bien amusée la jeune femme. Ce qui n'est pas plus mal. Le britannique sait bien qu'il n'a pas les mêmes références, ni la même culture, que le commun des mortels. Au lycée, on se demandait toujours comment il pouvait en savoir autant, ce qui aidait à le caser dans la case des "intellos" malgré ses notes simplement correctes. Il n'est pas au courant des derniers chanteurs à la mode, des musiques qui cartonnent aussi puissamment que furtivement, des films qui font le buzz. Quoique ces derniers, un peu quand même. En tout les cas, il n'en a pas souffert, tant que c'était de loin, il s'en foutait de ce que l'on pensait de lui. Il connait sur le bout des doigts les sujets qui lui tiennent à cœur, c'est tout ce qui l'importe.

Sam reprend donc la comparaison du cupcake aux noisettes avec le Saint Graal en riant. Ce terme est venu naturellement au brun. Ça fait longtemps qu'une référence à l'histoire d'Arthur ne lui était pas venu spontanément. Et ça le fait aussi sourire, autant la réaction de la demoiselle que de penser que de telles paroles sont presque inscrites dans ses gènes. Si sa mère l'entendait, elle s'étonnerait encore. C'est elle qui a choisi de l'appeler "Merlin", et quand il été enfant, elle s'émerveillait chaque jour un peu plus d'à quel point ça lui allait bien. Lui, il ne s'en étonne pas. C'est tout à fait normal pour lui. Bref. Samantha, un peu taquine, lui dit qu'il a bien de la prévenir avant de tirer la langue.

— Et encore, tu n'as pas tout vu ma chère, réplique-t-il avec un large sourire en coin.

Il rattaque ensuite le pauvre cupcake aux noisettes d'une sévère bouchée. Il n'avait pas franchement faim tout à l'heure, mais la gourmandise est plus forte. Finalement, il va peut-être bien s'occuper lui-même du deuxième petit gâteau. Un délice, vraiment. Et puis ce cadre aide aussi à la dégustation. Il y a l'air que tout est parfait lorsque l'on est dans ce coin. Un cupcake, une amie, en coin dans l'herbe, que faut-il de plus pour être heureux. Il savoure simplement le moment présent, au sens propre comme au figuré. Croquant une avant-dernière bouchée, il croise le regard de la pâtissière qui lui demande ce qu'il veut faire ensuite. Il fini tout de même sa bouchée, avale, et en profite pour réfléchir. Il jette un coup d'oeil aux alentours, avant de reporter son attention sur la jeune femme.

— Il y a d'autres coins à voir à Shady Cove non ? J'aimerais bien me familiariser avec les environs, à part le trajet arrêt de bus-maison, ou maison-épicerie, je connais pas grand-chose... dit-il en haussant les épaules avant de rire légèrement. On peut bien continuer de se balader ? On partagera le dernier cupcake si tu veux.

Ce coin au bord de l'eau est vraiment fabuleux, mais il se doute qu'il y en a d'autres. Et puis, il aimerait bien arriver à se repérer. Il a déjà mémorisé les principaux lieux et bâtiments. Le salon de thé en fait parti, même s'il ne sait pas s'il arrivera à le retrouver du premier coup la prochaine fois. Le temps passe mine de rien, et autant profiter de la météo en se baladant, le soleil n'étant pas trop aggressif et la température supportable. Les berges de la Rogue River doivent être encore plus agréables quand il fait bien chaud.

Samantha a toujours été très tolérante. Elle adore côtoyer des gens d’horizons différents, c’est même ce qui fait la richesse de ce monde à ses yeux. Autant dire, donc, que la légère « excentricité » de Morgan ne la gêne pas plus que ça, bien au contraire… ! Le jeune homme ne manque pas de la faire rire, avec ses allusions. Il la prévient tout de même au passage, histoire qu’elle ne soit pas complètement effrayée et qu’elle ait conscience du genre de taré qu’elle a près d’elle. Évidemment, la pâtissière prend tout ça avec le sourire, car le garçon ne l’effraie, en vérité, pas le moins du monde. Elle laisse cependant penser le contraire, pour la plaisanterie bien sûr. Pour lui répondre, Merlin prend finalement le même ton qu’elle, esquissant un sourire en coin très révélateur.

Et je ne sais pas si j’ai envie de tout voir, en fait (a) Lui confie-t-elle en réponse, et pour rire, bien entendu. Elle s’empresse ensuite de reprendre, elle-aussi, la dégustation de son cupcake.

Puis, naturellement, Sam vient poser une question à son acolyte, pour savoir ce qu’il lui plairait de faire ensuite. Elle, elle reste ouverte aux propositions. Elle connaît le coin par cœur, et serait enchantée de le lui faire découvrir un peu plus, mais cela ne la dérangerait pas, non plus, de rester là, au bord de l’eau, à raconter des bêtises et à déguster les fameux cupcakes qu’elle a préparés un peu plus tôt. D’ailleurs, le sien commence à être franchement entamé, il en reste déjà un peu moins de la moitié.

Ne te sous-estime pas ! Tu connais maintenant un super coin au bord de l’eau pour pique-niquer, et aussi le meilleur salon de thé de la ville (a) Lui fait savoir Sam, dans un sourire fin, avant d’acquiescer quand son interlocuteur lui fait savoir qu’il aimerait continuer la balade, évoquant le dernier cupcake qui reste. La rouquine secoue la tête.

Je vais te le laisser celui-là quand même ^^

Souffle-t-elle, en engloutissant ce qui reste du sien, avant de se frotter les mains l’une contre l’autre et de secouer son haut, pour se débarrasser des miettes qui sont tombées sur elle.

On peut continuer la balade au bord de l’eau, ou faire un tour au haras de la ville ? Il y a des coins super jolis là-bas… Sinon je peux t’emmener au bar le plus fréquenté du coin, histoire que tu vois un peu autre chose ! C’est comme tu veux !

Dit-elle, en haussant les épaules, dans un sourire. Elle n’a pas franchement de préférence, elle, tout ce qui lui importe, c’est de faire découvrir la ville à Morgan, et de lui faire passer un bon moment.

Morgan a l'impression d'être sur la même longueur d'onde que Sam. Ça fait du bien de se retrouver avec quelqu'un de simple, qui prend la vie avec le sourire, qui ne juge pas les gens au premier coup d’œil, à la première parole. Ils plaisantent facilement; le jeune homme qui ne se prenant pas lui-même au sérieux à la base. Au tout premier abord, il paraît un peu timide, introverti, poli, bien comme il faut. Mais ensuite, il n'hésite plus à lancer un mot pour rire, à user de sarcasme. Il a néanmoins une certaine facilité à faire des rencontres. En général on l'aime bien, sous couvert de le trouver étrange ou trop gentil pour être sincère. Et oui, même ça ça lui est déjà arrivé...

— Tu ne sais pas ce que tu rates, réplique-t-il en souriant.

Après avoir croqué une nouvelle fois dans la chair tendre et sucrée du cupcake, il avoue qu'il aimerait bien continuer de découvrir un peu la ville. Ce petit coin est adorable, mais il apprécierait voir la suite. Il reviendra ici en tous les cas, les bords de la rivière sont incroyablement accueillants. Samantha lui sourit et lui dit qu'il connaît déjà un super coin et THE salon de thé, alors il n'a pas à s'en faire pour le reste. Il rigole doucement, puis la jeune femme ajoute qu'elle lui laisse le dernier petit gâteau.

— Tant mieux, ça en fait plus pour moi, déclare-t-il d'un ton égal en haussant les épaules, avant de sourire, montrant qu'il n'est pas sérieux.

En faisant de même que la rousse, il termine son cupcake aux noisettes. Il entend Sam lui proposer plusieurs options, tandis qu'il se relève à son tour, ayant préalablement attrapé le dernier sac en papier. L'autre étant bien froissé en boule dans l'une de ses poches, jusqu'à ce qu'il croise une poubelle. Il époussette un peu son t-shirt pour se débarrasser des miettes, et relève ensuite son regard sur Samantha. Il réfléchit quelques instants, puis hausse les épaules.

— Franchement, je sais pas. Tout me tente bien en fait, surtout la balade au bord de l'eau et le haras, explique-t-il. Mais je te laisse décider, c'est toi le guide, j'aurais bien le temps de tout voir de toute façon, avance-t-il en souriant.

Il ne savait pas qu'il y avait un haras dans le coin. Cela fait une éternité qu'il n'est pas monté à cheval, et un de ces jours, il se dit que pourquoi pas. Le bar le tente bien aussi. Pas qu'il soit vraiment familier de ce genre d'endroits, mais au cas où. Et puis parfois, il aime bien s'installer en terrasse et regarder les gens passer. Ça l'a toujours amusé dans les grandes villes, de détailler les gens. Bref, il aimerait bien aller partout, tant qu'à faire. Mais il y a le temps, il ne part demain.

Samantha n’est pas quelqu’un d’étroit d’esprit, au contraire. Elle aime la différence, tout spécialement dans les rapports humains. Ce n’est pas pour autant qu’elle cherche elle-même à être originale, non. Ce qui l’importe, à elle, c’est d’être elle-même, à 300 %. Ce n’est pas aussi facile qu’on le pense. Heureusement, l’apprentie pâtissière est en paix avec elle-même. Elle n’a pas de complexes. Elle sait qu’elle a des bons côtés, comme son ouverture d’esprit, sa joie de vivre. Elle a aussi conscience de ses défauts, comme sa légèreté, ou son exubérance. Personne n’est parfait. Elle, c’est quelque chose qu’elle accepte, et Sam n’a jamais véritablement essayé de changer. En s’installant à Shady Cove, et en rencontrant Asher, l’adolescente qu’elle était a tout simplement voulu changer de vie. Et elle a la sensation d’y être parvenue. C’est aussi pour ça qu’elle aime le coin. Il symbolise pour elle un nouveau départ, une vie nouvelle, meilleure. Alors, tant pis, si on la voit comme une fille facile, ou qui se moque de tout. Au moins, elle est droite dans ses bottes. Samantha ne se voit pas comme quelqu’un à plaindre. Elle n’a pas besoin d’être entourée par des quantités de gens. Tant que ceux qu’elle aime sont là, alors elle peut tout affronter.

C’est peut-être aussi bien (a) souffle-t-elle dans un sourire amusé.

Gentiment, la rouquine préfère décliner son invitation à manger le dernier cupcake avec lui. Elle préfère le lui laisser, pour la simple et bonne raison qu’elle y a accès chaque jour en allant à son travail, et gratuitement qui plus est ! Elle ne veut donc pas profiter du dernier qui lui reste, qu’il a payé et qu’elle a failli écraser en lui rentrant dedans un peu plus tôt. Samantha sourit à sa remarque, puis termine son cupcake à son tour. Elle écoute Morgan lui répondre, quant aux propositions qu’elle vient de lui faire.

Mmmh, je m’y attendais un peu, t’as pas l’air branché bars et discothèques, enfin… je me trompe peut-être ? Demande Sam dans un sourire, avant de se lever, et d’acquiescer : On peut continuer le long de la rivière, et puis après on bifurquera pour rejoindre le haras ?

La jeune femme n’impose rien, et cela se ressent dans sa phrase, qui a plus l’intonation d’une question que d’une véritable affirmation. Une fois debout aux côtés de Merlin, elle prend la peine de lui piquer le sac en papier contenant le dernier muffin. Non pas qu’elle essaie de le lui piquer, en fait, elle agit par sécurité, comme elle le lui indique ensuite :

Je préfère le prendre si ça t’embête pas, j’ai pas envie que tu te rétames (a) Souffle-t-elle, en lui filant un petit coup de coude et en lui tirant la langue, pour appuyer sa pique, avant d’éclater de rire. Ce qu'il y a de bien avec Morgan, c'est qu'il ne lui semble pas du genre susceptible, et Sam a l'impression de pouvoir se lâcher avec lui, d'autant que ses réflexions n'ont vraiment rien de méchant, au contraire : elle trouve sa maladresse plutôt touchante, dans le fond.

Samantha est elle-même, tout comme Morgan qui ne cherche pas à entrer dans un moule. Il a compris très tôt qu'il ne serait pas comme tout le monde, qu'il n'aurait pas les mêmes réactions et préoccupations que les jeunes de son âge. Il voyait bien comment était son grand-frère, et ça ne lui faisait aucun doute que, lui aussi, il ne serait pas qualifiable de banal. Ce doit être génétique. Mais c'est pour cette raison qu'il n'est pas susceptible, il a conscience de ses défauts. Et de ses qualités, même s'il a plus de mal à voir ces dernières. Il se connaît, il sait ce qu'il est, alors il n'a aucun problème à en rire et à ne pas se prendre au serieux. C'est pour cela qu'il plaisante facilement avec Sam. Il rit de bon coeur.

Une fois que la jeune femme ait d'ailleurs décliné la moitié du dernier cupcake, ils se retrouvent tout deux debout et essayent de se décider sur la suite du programme. Morgan préfère laisser la rouquine décider. Elle connaît le coin, elle décide. C'est simple. Sam fait remarquer qu'elle ne pense pas que le jeune homme soit branché bars et discothèques, ce qui fait de nouveau rire le concerné. Puis elle propose de continuer un peu au bord de la rivière avant de rejoindre le haras. Le brun acquiesce, tout à fait ravi de cette décision. Le bar et ce genre de chose, c'est vrai que ce n'est pas vraiment son truc. Encore qu'être en terrasse, au soleil, il n'est pas contre, mais on ne le verra sans doute jamais dans un bar le soir. L'alcool est son pire ennemi.

— Ça me paraît un bon programme, hoche-t-il la tête, avant de sourire en coin. Et tu as vu juste, ce n'est pas vraiment mon délire ce genre d'endroit.

Il hausse les épaules, révélé au grand jour, mais souriant. Ce n'est pas un secret ça. Puis, le prenant un peu par surprise, Samantha lui pique son sac. Alors qu'il va pour le récupérer et protester, elle s'explique. Elle a un bon argument, c'est indéniable, et il a le mérite d'amuser encore plus le britannique. Elle a vite compris qu'il n'était pas à l'abri d'une chute... Et puis, Sam ne s'offusque pas de cette maladresse. Souvent, les gens s'exaspèrent facilement, ou se moquent. Là, elle n'est pas méchante, Morgan le sait. C'est d'ailleurs pour cela qu'il ne peut rester sans rien répliquer à cette petite pique. Merlin porte sa main à son ventre, là où le coup de coude a frappé sans force, prenant un air blessé.

— Ah, touché dans mon amour propre... se plaint-il théâtralement, avant de craquer facilement et de sourire, ébouriffant légèrement les cheveux de la jeune femme. Tu ne perds pas le nord en tout cas ! Mais ne t'inquiète pas, la maladresse n'est pas contagieuse, lâche-t-il avant de marquer une courte pause et de faire mine de réfléchir. Quoique...

Quand elle était plus jeune, Samantha aurait aimé « rentrer dans le moule », être comme les autres, mais sa famille atypique, et plus précisément le comportement de sa mère, l’en ont empêchée. Rapidement, elle a compris qu’elle ne pourrait pas faire comme tout le monde, qu’elle serait toujours un peu « à part », et elle s’est faite à cette idée, avec le temps. Son emménagement à Shady Cove lui a permis de tourner une page. Loin de sa mère, et veillée par son grand-frère, la jeune fille s’est sentie bien mieux dans ses baskets, et a fini par s’épanouir. C’est pour ça que cette ville représente le renouveau pour elle. Elle était une petite chenille, et a fini par se transformer en papillon. Elle a ouvert ses ailes, et a toujours refusé, depuis, de retourner à Los Angeles, même brièvement. Elle refuse que son enfance ait des conséquences néfastes sur la « Sam » d’aujourd’hui. Elle a su se relever, devenir ce qu’elle voulait devenir, celle qu’elle est profondément, et c’est tout ce qui compte à ses yeux. Elle est même fière du chemin qu’elle a parcouru.

C’est donc décidé ! Ils se promèneront le long des berges, puis bifurqueront pour rejoindre le haras du coin. Morgan confirme en effet ce que Samantha s’imaginait jusqu’alors : les bars et les discothèques, ce n’est pas franchement sa tasse de thé. Son calme et sa manière d’être en général ont poussé la rouquine à penser en ce sens. Elle le voit mal alcoolisé, en train de se trémousser sur la piste de danse d’une boîte, quelle qu’elle soit.

Pourtant, c’est de ton âge, non ? Demande la jeune fille, dans un sourire. Elle aimerait comprendre ce qui le retient de sortir faire la fête. Il lui semble dans ses âges qui plus est ! Et, même si Sam elle-même n’est pas du genre à faire la folle et à se biturer tous les samedis soirs, elle aime bien lâcher prise de temps à autre dans une discothèque.

Avant qu’ils ne quittent l’endroit, l’apprentie pâtissière a le réflexe de piquer le sac de Morgan, et lui donne rapidement une explication quant à ce geste. Son attitude et le sourire malicieux qui stagne sur ses lèvres démontrent que ses intentions ne sont pas du tout mauvaises. Elle ne cherche pas à se moquer, juste à taquiner le jeune homme avec lequel elle se sent très à l’aise. D’ailleurs, Merlin semble l’avoir compris. A sa réaction, et à ses dires, Samantha éclate franchement de rire. Elle tente de remettre ses cheveux à peu près correctement après qu’il les ait ébouriffés, tout en affichant un superbe sourire, et en l’écoutant lui répondre.

Comment ça « Quoi que » ?! Tu vas quand même pas me pousser pour me montrer que c’est contagieux ? Demande Sam, qui s’imagine le pire, avant de rire et d’avancer de quelques pas, comme pour maintenir une distance de sécurité avec le jeune homme. Voilà, je ne risque plus rien maintenant !!

En effet, Morgan n'est pas le genre de personne à se rendre dans des discothèques ou dans des bars pour boire. Il ne s'entend pas vraiment avec l'alcool. Il n'y trouve aucun intérêt, et il ne le tient pas vraiment. Disons que s'il buvait ce qu'un étudiant lambda ingurgite en une soirée pourtant "soft", il serait depuis longtemps tombé en coma éthyllique. Et puis ça n'est pas dans son tempérament, et ses amis sont le plus souvent pareils. Ou dans le cas contraire, ils ne l'invitent pas à ce genre de soirée. Merlin a fini une fois terriblement mal à cause d'un de ses amis qui l'y avait justement poussé, et il s'est juré que plus jamais il ne serait bourré. Jamais. Alors l'étonnement de Sam ne le surprend guère.

— Il paraît, sourit-il en haussant les épaules. Mais ça ne m'inspire pas, c'est tout.

Il n'est pas contre sortir de temps en temps, tant que ça ne se passe pas dans une discothèque où tout le monde est complètement fini, ou alors tant que ce n'est pas une soirée où ses parents l'emmènent de force, étouffé par un noeud papillon. Bref. Les deux jeunes gens décident de continuer au bord de l'eau avant de rejoindre le haras, mais Samantha, taquine, prend d'abord soin d'attraper le sac en papier du brun. La raison est simple : elle n'a pas envie qu'il se ramasse sur le sol. Merlin, sachant parfaitement qu'elle ne pense pas à mal, joue donc le jeu et enfonce le clou.

La jeune femme éclate alors de rire, ce qui fait sourire le jeune homme, gratifié de faire autant d'effet. Il avance ensuite que la maladresse n'est pas contagieuse, avant de laisser planer un doute. Sam s'interroge sur la signification du "quoique", puis prend quelques pas d'avance par mesure de sécurité. Morgan, n'ayant pas vraiment eu d'idées mesquines derrière la tête en disant ça, rigole devant les scénarios catastrophes que doit s'imaginer la rousse. Les mains dans les poches, il commence à marcher tranquillement.

— Je ne dirais pas ça à ta place, lance-t-il avec un regard amusé, avant de la prévenir. Fais quand même attention où tu mets les pieds, ce serait dommage qu'il t'arrive quelque chose...

Il lui lance ensuite un grand sourire. Elle prendra ça comme elle le voudra, mais dans tous les cas, Morgan ne sait même pas s'il arriverait à la faire chuter. Peut-être aurait-il l'avantage de la taille, il ne saurait dire. Mais n'étant pas sportif, il n'est pas ce que l'on pourrait appeler "musclé". Cependant, il sait aussi que la psychologie est quelque chose d'amusant et que, parfois, on a juste à dire aux gens de faire attention pour que, justement trop concentrés envers un ennemi invisible, ils trébuchent. Et ça, c'est drôle aussi.

Samantha ne parvient pas à connaître les raisons qui poussent Merlin à ne pas sortir dans des bars, ou en discothèque. Elle ne connaît pas son âge, mais elle voit bien qu’il est de sa génération. Il est donc à même de faire la fête lui-aussi, d’aller danser de temps à autre, de faire le fou ! Mais il lui répond que ça ne l’inspire pas. Aussitôt, une nouvelle question traverse l’esprit de la rouquine, question qu’elle pose sans réfléchir. L’impulsivité, un autre de ses défauts, qui peut parfois lui causer bien des torts.

Rassure-moi, t’as déjà essayé quand même ? Demande-t-elle, avec un sourire aux lèvres. Elle se demande s’il n’est pas de ceux qui se font une opinion sur les discothèques sans jamais y avoir mis les pieds.

Cela dit, Sam n’est pas une grande fan des boites de nuit non plus… ! Elle y va de temps en temps, mais ce n’est pas un lieu incontournable pour elle. Bien sûr, parfois, ça lui fait du bien d’aller se défouler un peu sur une piste de danse, et de faire un peu la folle. Elle n’a même pas besoin d’alcool pour se mettre dans un état pareil. Des fois, elle a juste besoin de lâcher prise, et pour ça, elle n’a jamais eu besoin d’aide, que ce soit d’alcool ou de drogue, d’ailleurs.

Leur décision est prise : ce n’est pas aujourd’hui qu’ils feront la tournée des bars ! Mais cela ne dérange pas Sam, qui est heureuse de faire découvrir le coin à Morgan, d’autant qu’elle aime tout particulièrement la nature et les berges de la Rogue River. Elle adore aussi se balader dans le haras à proximité. Elle ne pratique pas l’équitation mais adore observer les chevaux. Et puis, le coin est tout simplement ravissant – il devrait sans nul doute plaire à Merlin. Mais, avant de se mettre en route, la jeune femme préfère lui subtiliser son sac en papier, histoire qu’il ne se casse pas la figure (a) S’en suit une véritable joute verbale, dans la bonne humeur, bien sûr.

Mais arrête !! S’exclame-t-elle à ses dires suivants, en baissant les yeux pour regarder où elle marche. C’est qu’elle commence à s’inquiéter la petite (a) Elle l’admet, d’ailleurs, en ajoutant, l’air un peu moins assuré : Tu me fais presque peur !

Amusée par la situation, et finalement, aussi, par sa propre attitude, Sam se remet à rire, un peu nerveusement sans doute, en s'interrogeant tout haut : Je commence à me demander avec qui je suis partie en balade moi !!

Cela paraît tout de même étonner la jeune femme. Mais non, même s'il est majeur, Morgan n'est pas un habitué des bars et autres discothèques. Il est vrai que la plupart des jeunes de son âge fréquentent ce genre d'endroits. Cependant, il n'est pas comme la plupart des jeunes de son âge. Son caractère déjà, et son éducation ensuite, n'ont pas suscité chez lui l'envie d'aller, même de temps en temps, faire le fou dans une boite de nuit. Il supporte déjà les galas de charité, les bals... Il a appris tant bien que mal à danser en couple, alors il ne va pas aller se ridiculiser sur une piste de danse. Ça n'est vraiment, vraiment pas pour lui.

— Oh si, malheureusement pour moi, s'exclame-t-il avant de partir à rire. C'était sympa, mais sans plus. Je ne peux pas toucher à l'alcool sans finir déchiré en moins de deux, alors je ne suis pas dans le même délire que les autres, hausse-t-il les épaules après s'être calmé.

Une fois il a finit mal. Très mal. Ça lui a suffit, il est désormais vacciné. Dans ce genre de soirée, même si on lâche prise et qu'on se laisse aller, on n'est pas sur la même longueur d'onde que ceux qui boivent. C'est comme ça. Ils ne sont pas tous ainsi non plus, mais Morgan se sent toujours à l'écart d'une façon ou d'une autre. Et ce n'est pas le meilleur moyen pour passer une bonne soirée. Donc les deux jeunes gens ne feront pas la tournée des bars, et leurs préféreront les berges de la Rogue River, puis le haras. Autant profiter du beau temps à fond. Mais avant, Samantha chipe le sac en papier du britannique, sous prétexte de diminuer le risque de chute de ce dernier.

La suite est vraiment divertissante. Merlin peut avoir pas mal de répartie lorsqu'il le souhaite, et apprécie le ton de la comédie employé aussi par son amie. D'ailleurs, la rousse semble être facilement influençable, car à peine sous-entend-il qu'elle devrait faire attention, qu'elle se met à douter d'elle-même. Elle regarde où elle met les pieds, peu rassurée, et fini par déclarer qu'il lui ferait presque peur. Le brun éclate alors de rire, ravi que son petit tour ai eu l'effet escompté. Il ne pensait pas que cela serait aussi facile à vrai dire. Mais fait est que la puissance des mots n'est parfois pas dans ce qu'ils disent, mais dans ce qu'ils ne disent pas.

— Mais qu'ai-je fait ? interroge-t-il, mimant la stupeur, lorsque Sam avoue qu'elle commence à se demander avec qui elle est partie en balade. Sachez, mademoiselle, que je suis un jeune homme bien sous tout rapport et que je ne vous causerais jamais aucun désagréments, affirme-t-il avec assurance, presque hautainement, non sans un léger sourire.

Il laisse ensuite son sourire s’agrandir. Bien que ce ne soit que la pure vérité, il peut s'en empêcher. Il plaisante, certes, mais à part taquiner Samantha, elle n'a vraiment rien à craindre de lui. Puis, décidant qu'il est trop resté en arrière, il se presse un peu pour se remettre à la hauteur de la rouquine. Ce qui est plutôt facile.

Morgan lui semble de sa génération et, pour cela, Samantha essaie de comprendre pour quelles raisons il n’aime pas se rendre en discothèque. En règle générale, les gens de leur âge y vont de temps à autre. Certains plus régulièrement que d’autres, bien sûr, mais c’est généralement dans ce genre d’endroits qu’on vient faire la fête. Le jeune homme lui explique rapidement sa vision des choses, et fait immédiatement le lien avec l’alcool, expliquant qu’il ne se sent pas dans le même « délire » que les autres.

Oh bah tu devrais venir avec moi ! Répond Sam, dans un sourire. J’ai pas besoin de boire pour faire la fête ! S’exclame-t-elle, en haussant les épaules. Cela dit, Sam n’est pas certaine qu’il accepte sa proposition, car même si c’est elle qui l’accompagne, Merlin semble vraiment vacciné contre ce genre d’endroits, et l’apprentie pâtissière ne compte pas insister, ni encore moins le forcer. Chacun son truc après tout.

Après s’être mis d’accord sur la suite du programme, la rouquine et son acolyte se lèvent, pour poursuivre leur balade sur les berges de la Rogue River. Samantha s’empare rapidement du sac contenant le dernier muffin, en expliquant au britannique qu’elle préfère le lui prendre pour lui éviter de tomber. Ce faisant, la rouquine s’est montrée taquine, et le jeune homme décide donc de ne pas se laisser faire, allant même jusqu’à semer le doute dans son esprit. Nerveuse, Sam baisse les yeux pour faire attention où elle marche, et craint même que le jeune homme n’essaie de la pousser. Heureusement, à l’entendre rire, la jeune femme se rassure un peu. Il ne peut pas être sadique à ce point tout de même (a)

Oh fais pas soudainement l’innocent ! Lance-t-elle vivement, en ronchonnant légèrement. Cette fois, l’air gentil et surpris de Merlin ne passe pas. Samantha sait très bien qu’il tente de la faire tourner en bourrique. Lorsqu’il revient à son niveau, elle lui souffle, dans un sourire :

Fais attention (a) Tu me provoques, mais une erreur d’inattention et hop ! T’es quand même plutôt maladroit dans ton genre…

Lui fait remarquer Sam, avant de se mordre la lèvre inférieure. A elle de l’embêter un peu !

Après la conversation sur les boîtes de nuit et les bars, Samantha propose à Morgan de venir une fois avec elle, car elle n'a pas besoin de boire pour s'amuser, et que boire, c'est justement le problème du britannique. Il esquisse une légère grimace, se rappelant de la dernière fois où il a posé les pieds dans ce genre d'endroits. Il réfléchit un court instant puis hausse les épaules. Sam est aussi d'agréable compagnie, et peut-être, peut-être, qu'une sortie avec elle ne serait finalement pas trop mal.

— Ouais, pourquoi pas, souffle-t-il en réponse.

A essayer. Et puis, il ne sera pas obligé de rester, si ça tourne mal. Ça lui donnera aussi, sans doute, l'occasion de faire d'autres rencontres. Enfin, ça n'est pas pour tout de suite. Tout d'abord, ils se mettent d'accord pour la suite et prennent ensemble le chemin suivant les berges de la rivière. Sam en profite pour subtiliser le sac de Merlin, de peur qu'il ne trébuche à nouveau. Le jeune homme ne se laisse pas faire face aux plaisanteries de la demoiselle et arrive même à la faire douter. Elle regarde alors à deux fois où elle pose les pieds, ce qui arrache un rire au brun. Or, il est gentil, le garçon, alors il n'ira pas jusqu'à la pousser, bien qu'il essaye de la faire tourner en bourrique.

Mais la rousse n'est pas dupe et ne se laisse plus prendre au piège. Lorsque Morgan revient à sa hauteur, c'est elle qui lui dit de faire attention. Après tout, il est assez maladroit. Elle reprend la même technique que lui un peu plus tôt, sous-entendant presque qu'elle pourrait être elle-même l'erreur d'inattention. Le britannique la regarde en coin, et, bien qu'il sache parfaitement qu'il pourrait se ramasser sans l'aide de personne, il fait tout de même un pas de côté de manière à s'éloigner de Samantha. Même si la jeune femme ne passera pas à l'acte.

— Merci, mais je n'ai pas besoin de toi pour m'en rendre compte, sourit-il, montrant qu'il ne prend pas cela au sérieux malgré le fait qu'il joue le jeu. Et non, je ne trébucherais pas, affirme-t-il sûr de lui.

Le chemin est bien entretenu, dégagé. Il n'y a donc pas de raison qu'il s'emmêle dans ses propres pieds. Il est en effet maladroit, mais pas à ce point-là. Néanmoins, il regarde où il marche. Il serait stupide d'aller dire bonjour au sol à cause d'un léger dénivelé du terrain ou d'une racine récalcitrante. Il jette ensuite un rapide regard à Sam, en pointant un index vers elle pour la mettre en garde.

— Et fais attention à mon cupcake ! lance-t-il sur le ton de la plaisanterie, comme si c'était vraiment un sujet grave.

C’est vrai ? Demande Sam, en arquant un sourcil. Elle n’essaie pas de cacher sa surprise, en fait elle pensait que Morgan allait décliner son invitation. Elle n’est pas mécontente qu’il l’ait acceptée, au contraire ! Mais elle s’en étonne. Quelque part, ça veut dire qu’il lui fait confiance, et aussi qu’il aimerait la revoir, ce qui ne peut être que doublement flatteur en un sens. D’ailleurs la rouquine esquisse un sourire, avant d’emboîter le pas. La discothèque, ce sera pour plus tard, en attendant, la balade continue !

Lorsqu’elle lui prend le sac contenant le dernier muffin, Samantha invoque une question de sécurité, mais Merlin ne se laisse pas faire, et n’hésite pas à venir semer le doute dans son esprit, à tel point que l’apprentie pâtissière finit par regarder où elle marche, un peu inquiète pour le coup à l’idée de se ramasser elle-aussi, elle qui connaît pourtant le coin comme sa poche. L’intimidation du garçon fonctionne, donc, ce qui la rend dingue en un sens ! Il n’a suffi que de quelques paroles pour faire germer le doute dans sa petite caboche. Comme quoi, Morgan est doué ! Ou bien c’est elle qui est carrément influençable, allez savoir. Reprenant du poil de la bête, Sam refuse plus longtemps de se faire mener en bateau. Lorsqu’il réapparaît à ses côtés, elle essaie donc de retourner la vapeur. C’est à lui de faire attention. D’abord parce qu’il est maladroit de nature – ce qu’elle lui rappelle ensuite – mais aussi parce qu’il ne connaît pas les lieux. Quand elle le voit, du coin de l’œil, s’écarter un peu d’elle, Sam affiche un petit sourire malicieux (a)

D’accord, d’accord… Souffle Sam, avant d’ajouter, histoire de le taquiner une toute dernière fois : Fais attention quand même, on sait jamais (a)

Le chemin est mieux entretenu que les mètres d’avant, plus dégagé, et on peut y circuler facilement. Seulement la jeune femme, plus à l’aise et de nouveau détendue, choisit de se rapprocher de l’eau, et de circuler sur les racines des arbres, bras écartés, comme le ferait un funambule. Il lui est déjà arrivé de tomber en faisant ça, quand elle était gamine, mais c’est parce qu’il avait plu juste avant et que le bois était gorgé d’eau. Là, elle est tranquille, et ne craint pas que Morgan vienne l’embêter en ces lieux. Cela dit, il la met en garde, au sujet de son cupcake, ce qui lui arrache un sourire, et retient son attention un instant.

J’sais pas, ça dépendra… si t’es sage ! Lance la rouquine, comme si elle tenait désormais le petit cupcake en otage (a)

Samantha a l'air surprise que Morgan accepte son invitation à une soirée, mais le jeune homme hoche la tête pour confirmer. C'est vrai que cela est étonnant. En vérité, il se surprend un peu lui-même. Mais au final, cela signifie qu'il lui fait confiance pour le réconcilier quelques heures avec les sorties des jeunes de son âge, et qu'il n'est pas du tout contre passer plus de temps avec elle. Mais d'abord : balade. Le temps s'y prête bien, alors pourquoi gâcher une si belle journée ? Belle journée qui continue dans l'humour et la bonne humeur.

La rousse pique le sac de Merlin sous prétexte de lui éviter une possible chute, le brun sous-entend que c'est elle qui pourrait tomber, alors Sam fait attention où elle marche. Le jeune homme n'a eu qu'à parler, et elle s'est inquiété. Preuve qu'il n'est pas trop rouillé en terme d'habilité pour jouer avec les mots. En même temps, lorsque l'on grandit avec William pour grand-frère, c'est presque une question de survie. Bref, il s'amuse bien des réactions de la demoiselle, même lorsqu'elle contre attaque alors qu'il revient à sa hauteur.

Il devrait faire attention. En effet. Mais le chemin n'a pas l'air contre lui, il fait un minimum attention de part son expérience de toute à l'heure lors de leur passage à travers champs, et il n'a pas de distraction telle que regarder le paysage. Le coin est beau, et il l'a parcouru rapidement des yeux, mais pas jusqu'à ne plus faire attention où il marche. Lorsque Sam se montre de nouveau taquine, il lui tire tout bonnement la langue en réponse. Puis il la suit quelque peu du regard, la voyant marcher aisément sur les racines comme si elle pouvait faire ça les yeux fermés. C'est sûr que là, il n'ira pas la rejoindre ; il serait capable de glisser sur la seule racine humide. Il la met tout de même garde à propos du cupcake.

— Mais je suis toujours sage ! réplique-t-il, comme choqué par le simple fait qu'elle ai pu douter de lui. Et ne mêle pas le cupcake à ça, il n'a rien fait le pauvre, rajoute-t-il sérieusement, plaignant presque le petit gâteau.

Rejetant un regard à la jeune femme, il rigole ensuite doucement. De toute façon s'il arriverait quelque chose au cupcake par la faute de la pâtissière, quelque chose lui dit qu'elle lui en offrirai un autre pour se faire pardonner. Après tout, elle lui en a bien donné un alors qu'il n'y avait pas de mal lorsqu'ils se sont percutés. Le brun continu d'ailleurs de penser que c'est de sa faute. Et il en vient à penser à quelque chose.

— Dis, ça t'arrive souvent de partir te balader avec des inconnus ? l'interroge-t-il dans un sourire.

Sam est heureuse que Morgan lui laisse une chance, bien que cela lui mette une certaine pression sur les épaules. Elle se promet, en effet, de lui faire passer une bonne soirée. Une soirée qui le réconciliera, avec un peu de chance, avec les discothèques et l’ambiance qui y règne. Enfin, il n’est plus question de tout cela pour le moment, puisque la balade se prolonge, sur les berges de la Rogue River. La rouquine compte lui faire faire un petit bout de chemin dans le coin, puis bifurquera aux abords du haras pour le rejoindre, et le faire connaître à sa nouvelle connaissance.

Les deux jeunes gens finissent par se chamailler gentiment. Joueur lui-aussi, Merlin parvient a semé brièvement le doute dans l’esprit de l’apprentie pâtissière qui, heureusement, finit par se ressaisir lorsque son client réapparaît à son niveau. Elle remet les pendules à l’heure : c’est lui le maladroit, pas elle ! D’ailleurs, elle reprend confiance en elle et, plutôt que d’emprunter le chemin, bien délimité et facile d’accès, la rouquine s’amuse à se promener, tel un funambule, sur les grosses racines des arbres, s’enfonçant et sortant de terre autour de la rivière. Elle connaît ce coin si bien, ça lui semble si facile ! Mais le garçon lui rappelle un détail important : c’est elle qui a la charge du dernier cupcake. Et, comme il fallait s’y attendre, la rouquine choisit de s’en amuser, comme si elle le tenait en otage, ou quelque chose du genre.

Ah oui ? Permets-moi d’en douter jeune homme ! Répond Sam, toujours à l’aise. Telle une gymnaste, elle circule sur les racines sur la pointe des pieds ou presque, s’aidant parfois en attrapant des branches avec sa main libre. Dans l’autre, elle tient le sac contenant le dernier cupcake, avec le plus grand soin bien sûr. Il pourrait finir noyé le pauvre ! (a) Ou dévoré o/ Lance la jeune femme, presque perdue dans ses pensées, et dans ses délires, surtout.

Souriante, la rouquine ne remarque pas le regard que pose le britannique sur elle. Elle ne tourne la tête qu’en entendant sa question. Histoire de ne pas se casser la figure en y répondant, elle revient sur la terre ferme. C’est là qu’elle hausse les épaules.

Hum… ! Non, pas si souvent… ! Mais tu m’as pas l’air bien méchant (a) Commente-t-elle, dans un sourire amusé, avant de répondre, toujours à l’aise : Et puis à Shady Cove, je risque pas grand-chose ! C’est à peine s’il y a des cambriolages dans le coin, alors Sam a pris l’habitude de faire confiance aux gens qui l’entourent. Pourquoi, t’essaies encore de me faire peur ? Demande-t-elle, malicieuse.

Morgan ne se réconciliera peut-être jamais avec les discothèques. Mais comme rien est écrit, il peut au moins tenter le coup. Autant pour faire plaisir à Sam que pour lui-même d'ailleurs. La balade qui suit les ravis tout deux. Après les berges, la prochaine étape est le haras. Et comme il y a l'air d'avoir de l'espace dans le coin, il l'imagine aisément grand. Avant d'y arriver cependant, lui et la jeune femme sont partis à se chamailler. Aucun des deux ne se laisse faire, et la joute verbale est sans pitié. Merlin arrive à faire perdre confiance à Samantha, ce qui l'amuse grandement, puis c'est elle qui marque un point en lui rappelant qu'il est maladroit de nature.

La rousse montre d'ailleurs qu'elle est parfaitement à l'aise puisqu'elle emprunte les grosses racines des arbres au lieu du chemin délimité. Et ce n'est pas le britannique qui se risquerait à en faire de même. Même dans les endroits qu'il connaît comme sa poche il ne s'amuserait pas à jouer au funambule, ayant dans tous les cas plus de chances de se ramasser que la moyenne. alors il la laisse bien où elle est, mais garde un oeil sur elle ; il ne voudrait pas qu'il arrive quelque chose à son petit cupcake. Ce sujet donne d'ailleurs matière à de nouvelles taquineries entre les deux jeunes gens.

— Si il fini noyé, tu le rejoindras... lâche-t-il innocemment, pas sérieux le moins du monde étant donné le grand sourire qu'il arbore.

Il est quelque peu impressionné par l'agilité de Samantha. Elle maîtrise ses mouvements, tenant le cupcake en sûreté malgré ce que ses paroles laissent penser. Merlin n'essaie même pas d'imaginer ce que la jeune femme avait en tête pour parler de cupcake dévoré, mais ne peut que sourire au grain de folie dont elle fait preuve. Ce n'est pas une chose courante, surtout quant on l'assume face à n'importe qui. Après tout, ils ne se connaissent pas depuis longtemps, même s'ils sont déjà complices, d'une certaine manière. Lorsque le brun lui demande si c'est une habitude chez elle d'aller se balader avec des presque inconnus, elle revient sur le chemin pour lui répondre.

— Si tu dis ça, c'est que tu m'as bien cerné alors, sourit-il lorsqu'elle avoue qu'elle ne le trouve pas méchant.

Ce n'est pas bien dur de comprendre ça chez lui. Mais chez d'autres, les apparences sont trompeuses. Elle fait une bonne remarque en ajoutant qu'à Shady Cove, elle ne risque que pas grand-chose. Petite ville, tout le monde connaît tout le monde, peu de cambriolages, c'est logique. Puis, de nouveau malicieuse, elle lui demande s'il n'essaierait pas de lui faire peur. Il rigole un peu, n'ayant même pas envisagé cela sous cet angle.

— Et bien figure-toi que non, je n'y avais même pas pensé. Je demandais juste ça comme ça, c'est tout. Ce n'est pas dans toutes les villes qu'on se trouve un guide qui vous offre un cupcake simplement en lui rentrant dedans par mégarde, finit-il par ajouter.

La jeune femme est à l’aise avec Morgan, et envisage sans problème de le revoir. Elle n’est pas certaine de lui faire aimer les discothèques, mais elle se promet d’essayer de lui faire passer une bonne soirée malgré tout. En fait, elle est contente d’avoir fait sa connaissance. C’est agréable de rencontrer quelqu’un et de pouvoir s’amuser avec, si simplement. Ce n’est pas tous les jours que ça se produit, même dans la petite ville de Shady Cove.

C’est vrai, dans le coin, la rouquine est à l’aise. Petite, Benjamin l’emmenait déjà dans les parages, pour l’inciter à se défouler. Elle était déjà, à l’époque, très dynamique, voire même infatigable. Du coup, Ben la laissait courir un peu partout, tout en faisant attention, bien sûr, à ne pas ce qu’elle se blesse, ou qu’elle tombe à l’eau. Il était toujours très ferme avec elle, parce que ce qui rentrait dans son oreille avait vite fait de ressortir par l’autre ! Sam n’était pas très disciplinée, et elle n’a pas vraiment changé sur ce point d’ailleurs. Sourire aux lèvres, elle s’amuse à faire la funambule sur les racines des arbres, s’aidant en écartant les bras ou en attrapant des branches sur son passage. C’est plus fatiguant que d’emprunter le chemin principal, mais c’est comme ça qu’elle s’amuse le plus.

Et voilà, encore une menace ! Tu n’as donc que ça à la bouche ! Constate tout haut la jeune femme, et dans un beau sourire tout de même. Elle sait bien que Morgan ne les mettra jamais en application. Comme elle le dit ensuite, elle sait que c’est un « gentil ». Il lui inspire confiance en tout cas.

Je suis une fine observatrice, en plus d’être une nana géniale ! S’exclame-t-elle, avant de partir à rire. Samantha adore se montrer prétentieuse pour la blague. En vérité, elle est beaucoup plus modeste quand elle fait preuve de sérieux – ce qui n’arrive pas souvent. En effet, son tempérament est plutôt drôle, détendu et léger. Elle n’hésite d’ailleurs pas à en faire profiter tout le monde, même les gens qu’elle connaît très peu. Son credo, c’est d’être elle-même, quoi qu’il en coûte. Elle n’est pas douée pour se cacher, pour manipuler son monde, et elle n’en voit pas l’intérêt de toute manière.

L’ayant rejoint sur le chemin, Samantha décroche un sourire en entendant sa propos. C’est plutôt agréable à entendre. Pourtant, elle refuse de céder à la flatterie, et se contente de hausser les épaules. Elle n’a rien fait d’exceptionnel.

Oh, c’est pas grand-chose, et puis je suis gagnante moi-aussi ! Je passe un très bon après-midi ! Concède-t-elle, sans timidité, avant de dépasser Merlin, pour lui indiquer le chemin à prendre. En soufflant un petit « par-là », elle lui indique en effet qu’il faut aller vers la gauche. Il est déjà l’heure de bifurquer pour rejoindre le haras, un peu plus loin.

La balade au bord des berges est parsemée de taquineries en tout genre. Mais comme c'est Samantha qui a le dernier cupcake en otage, Morgan se tient tranquille, continuant dans la plaisanterie. Il la menace tout de même, pour rire, en lui disant qu'il lui ferait subir le même sort que le petit gâteau s'il arrivait quelque chose à ce dernier. La jeune femme ne prend bien évidemment pas cela au sérieux, sachant très bien que jamais Merlin n'en viendrait à de telles extrémités. Revenant sur la terme ferme après s'être amusée à marcher sur les racines comme si elle avait fait ça toute sa vie, elle explique que si elle a accepté de lui faire découvrire les environs, c'est parce qu'elle a deviné qu'il n'était pas méchant.

— Ah mais je n'en doute pas une seconde ! sourit-il avant de joindre son rire à celui de la demoiselle.

Merlin n'a aucun mal a deviner qu'elle n'est pas sérieuse en se vantant. Elle n'est jamais sérieuse de toute façon, d'après ce qu'il a pu en voir. Et la détente est quelque chose qui se communique plutôt facilement entre personnes qui ont les mêmes traits de caractère à ce niveau-là. Au départ réservé, le britannique n'a aucun mal à rire et à plaisanter une fois qu'il est en confiance. Ce qui, avec son caractère parfois naïf, arrive assez souvent. Il ne cherche pas à être quelqu'un d'autre de toute façon. Il a appris à bien se tenir, même si ce n'est pas toujours ce qu'il met en pratique. En se montrant trop curieux, trop impulsif, ou trop irréfléchi, par exemple.

Cette fois-ci, il ne se gêne pas pour dire son point de vue. Ça n'est pas dans ses habitudes de cacher ce qu'il pense. La jeune femme perçoit le compliment. C'est en effet très gentil à elle de faire découvrir le coin à un petit nouveau qui l'a percutée en guise de première rencontre. Samantha pense pourtant qu'elle n'a rien fait d'exceptionnel. Mais d'autres se seraient énervés, ou auraient passé leur chemin après s'être plaints de la maladresse du jeune homme, mais pas elle. Il est bien tombé le Morgan finalement. Elle déclare aussi qu'elle y gagne, puisqu'elle passe un bon après-midi en sa compagnie.

— Pareil, souffle-t-il dans un grand sourire, ravi d'entendre une telle chose.

Lui-même n'est pas mécontent de la tournure des événements. Ensuite, il emboîte le pas à la rousse qui, l'ayant dépassée, le précède sur le chemin à suivre. Prenant à gauche, ils quittent la rivière pour rejoindre le haras. Merlin, jettant un dernier regard en arrière, et se dit qu'il reviendra sans aucun doute ici. Puis il regarde à nouveau où il va. Le haras est à peine plus loin.

Samantha est tout aussi à l’aise dans les parages que pour faire connaissance avec Merlin. Elle a toujours quelque chose à dire, une petite plaisanterie à glisser ici et là. Et puis, avec Morgan, elle est servie en retour ! Car le jeune homme ne manque pas de répartie. Il a de la ressource, bien qu’on pourrait penser le contraire. En effet, au premier abord, sa maladresse et sa timidité ont presque failli avoir raison de lui, mais l’apprentie pâtissière est ravie de découvrir son caractère, et de se sentir sur la même longueur d’ondes que lui. Souriante, elle n’hésite pas à partir dans des délires bien à elle, signe de sa décontraction et de sa bonne humeur lorsqu’elle est au contact des autres. Le dernier cupcake semble même être l’objet d’un kidnapping à présent. Du côté de l’humour, Merlin et Sam sont, en effet, sur la même longueur d’ondes. La rouquine est heureuse qu’il ne la regarde pas comme une espèce de dérangée – ce qui lui arrive parfois, notamment avec certains retraités de sa clientèle. Heureusement, si ses excentricités ne sont pas toujours comprises, la bonne humeur de Sam, elle, est toujours appréciée.

Lorsqu’elle se vante, la rouquine part à rire avec son acolyte. Encore une fois, elle sait pertinemment que Merlin ne la prend pas au sérieux, et qu’il ne la considère pas comme une espère de gamine prétentieuse. Même si elle est en paix avec elle-même, Sam est bien loin de se trouver parfaite et ne se vante que très rarement (voire jamais, en fait - sauf pour rigoler bien sûr).

Le jeune homme lui fait alors part de son point de vue quant à cet après-midi. Il lui apprend, en effet, que ce n’est pas dans toutes les villes qu’on tombe sur quelqu’un comme elle : un guide qui offre des cupcakes. La rouquine prend cette remarque comme un véritable compliment et cherche aussitôt à lui faire comprendre que le plaisir est partagé. Elle aime sa compagnie, et elle est ravie de pouvoir faire connaissance avec lui. Avec Merlin, elle échange un adorable sourire. Ça lui fait chaud au cœur d’être tombée sur quelqu’un comme lui aujourd’hui. Le temps magnifique au-dessus de leurs têtes ne fait qu’accentuer ce sentiment de bien-être. Sam, d’ailleurs, lui indique par la suite le chemin à prendre, dans un énième sourire.

Regarde ! Dit-elle spontanément, en pointant du doigt quelque chose, derrière les arbres, et en attrapant, de son bras libre, celui de son acolyte, avec naturel. On voit déjà des chevaux d’ici ! S’exclame-t-elle, sans pouvoir s’empêcher de presser un peu le pas, et de presser aussi le jeune homme, pour se rapprocher du haras sans tarder. C’est un autre des nombreux endroits magiques de Shady Cove.

La fraîcheur de Samantha est tout simplement... rafraîchissante. Elle est spontanée, souriante, et ce n'est pas Morgan qui va lui reprocher son excentricité. Être un peu fou dans sa tête, ça aide toujours à voir le monde différemment, parfois plus lumineux, plus coloré. Le britannique en sait quelque chose. Il paraît souvent un peu déphasé, presque toujours optimiste, il a le don d'énerver les gens par ses remarques. C'est courant. Mais là, avec la rouquine, il ne se gêne pour entrer dans son jeu. Les plaisanteries délirantes s'enchaînent. Comment quelqu'un de tout à fait sain d'esprit aurait pu penser à partir dans un délire de cupcake en otage ? En tout cas, ce n'est pas pour déplaire à Merlin.

Elle ne se prend pas non plus au sérieux, et le jeune homme rit franchement lorsqu'elle fait mine de se vanter. Ensuite, il lui avoue qu'il est vraiment content d'être tombé sur elle, car elle a accepté avec une grande gentillesse de lui faire découvrir la villes et ses environs. Et cela a l'air réciproque, puisqu'elle lui fait comprendre à son tour qu'elle ne regrette en rien cette après-midi passée en sa compagnie. Il est totalement ravi de l'avoir rencontrée, et honnêtement, il n'a pas envie que cette ballade s'arrête de si tôt. Il ne voit pas le temps passé, il ne s'en soucis même pas à vrai dire. Ils échangent un sourire, complice, amicale. Puis le chemin du haras devient plus net, et les bâtiments se profilent au loin, à travers les arbres. Morgan suit docilement la jeune femme en faisant tout de même attention aux mesquineries du sol. On est jamais trop prudent.

Soudain, la pâtissière pousse une exclamation en attrapant spontanément le bras du jeune homme. Il regarde alors ce qu'elle pointe de son doigts, et sourit en remarquant qu'en effet, les chevaux sont déjà visibles. Il se dépêche un peu lui aussi, un peu surpris au départ, il imprime le rythme de ses pas sur celui de Sam, riant légèrement en la voyant si pressée. Elle ne s'en rend sans doute pas compte, mais il n'y pas de mal. C'est même amusant. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ils arrivent donc aux abords directs du haras. Un pré est tout de suite là, et quelques chevaux relèvent la tête en voyant débarquer les deux inconnus. Samantha avait raison, le coin est très beau, presque autant que les équidés qui attirent tout de suite le regard de Morgan.

— Ils sont vraiment magnifiques, lâche-t-il avec spontanéité, en s'approchant de la clôture de bois typique.

Et il s'y connaît plutôt bien dans ce domaine-là. Ces chevaux sont parfaitement entretenus, ils ont l'air en pleine forme, et vu l'application avec laquelle ils broutent, l'herbe doit être délicieuse. Posant une main sur la clôture, il émet un claquement de langue par réflexe, attirant ainsi l'attention d'un beau bai. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Il a toujours aimé les chevaux, et il doit bien avouer que sa mère y est pour quelque chose. Tournant les yeux vers le reste du paysage et du haras, il se dit que posséder tout cela ne doit pas être à la portée du premier venu, au vu de l'immensité de la propriété et de son parfait entretien.

— Le propriétaire doit être vachement aisé, je ne pensais pas trouver un si beau haras dans une petite ville comme Shady Cove.

Samantha apprécie elle-aussi le tempérament de Morgan et ne regrette pas d’avoir fait le choix de passer l’après-midi en sa compagnie. Elle n’avait rien de prévu à la base et n’est pas mécontente de s’être trouvé cette occupation, des plus agréables par un temps pareil. Faire connaissance avec Merlin est aussi une véritable partie de plaisir ! Parce que le jeune homme semble être sur la même longueur d’ondes qu’elle. Il ne juge aucunement son côté exalté, parfois excentrique, et semble même apprécier de partir dans des délires incroyables avec elle. C’est appréciable pour Sam, car s’il y a bien une chose qui lui est chère, c’est de pouvoir se comporter comme elle l’entend, et d’être 100 % elle-même. Avec le britannique, elle n’a pas l’impression d’être jugée, et c’est on-ne-peut-plus agréable.

Lorsqu’ils approchent les abords du haras, la rouquine a immédiatement le réflexe d’attraper le bras de Morgan, pour attirer son attention, et lui montrer du doigt qu’ils peuvent déjà apercevoir les chevaux de là où ils se tiennent. Aussi impatiente que curieuse, Sam agrippe le jeune homme pour l’entraîner avec elle dans cette direction, non sans presser le pas au passage. Elle en oublie que Merlin n’est pas très à l’aise pour marcher dans ces bois inconnus, mais heureusement, aucune chute n’est à déplorer cette fois. Ils arrivent d’ailleurs tout sourires devant la barrière en bois qui délimite la propriété d’Eliza Butler. Sam relâche la pression sur le bras de son acolyte, et observe les environs, d’abord sans un seul mot. C’est vrai que l’endroit est chouette. C’est d’ailleurs l’un des plus grands et des plus beaux haras de la région. Comme quoi, même à Shady Cove, on trouve des choses qu’on ne trouve pas ailleurs (enfin pas dans les environs proches en tout cas !).

Tu as déjà fait de l’équitation ? Demande la rouquine, par curiosité, et parce qu’elle sent Morgan plutôt à l’aise avec les chevaux (preuve en est la manière qu’il a d’attirer soudainement l’attention de l’un d’eux, avec un simple claquement de langue).

C’est au tour du jeune homme d’interroger sa complice par la suite. Il a marqué un point : la propriétaire du haras est bel et bien fortunée. Jeune, mais riche. En plus d’être une femme superbe. Eliza Butler a vraiment tout de « la fille à papa pourrie gâtée ». Cela dit, Sam ne la jalouse pas pour autant.

C’est une femme qui en est la propriétaire : Eliza Butler. Et elle n’a même pas la trentaine ! Explique Samantha, sans paraître critique dans sa manière d'en parler. Elle trouve juste que c’est une donnée intéressante à fournir, car rares sont les gens de son âge qui sont en capacité de s’offrir un petit bijou pareil. Il faut être issu d’une famille drôlement fortunée, ce qui est sans doute son cas. Toujours au sujet d’Eliza, Sam reprend : Nombreux sont les hommes qui l’apprécient d’ailleurs ! Grande, blonde, un corps de rêve… ! Elle a tout pour plaire, et je peux te dire qu’elle en fait tourner des têtes !

Bien que Sam ne soit pas une grande fan des commérages – notamment parce que certains la concernent – elle connaît tout de même certaines choses au sujet de ses voisins, et en voici la preuve. Cela dit, elle se contente de donner à Morgan quelques détails sur la propriétaire des lieux sans tomber non plus dans l’indiscrétion. Elle se contente des faits : Eliza est une femme superbe, fortunée, et donc, très convoitée.

Ils arrivent bien vite aux abords du haras et, sous l'impulsion de la rouquine, ils sont à la délimitation de le propriété en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Le haras est immense, magnifique en plus. C'est étonnant de tombé là-dessus à Shady Cove, quand même. Mais avec du recul, ça devient logique. C'est justement parque qu'il y a de la place dans les environs que le terrain est si grand. Et ici, on n'est pas embêté par les voitures et la pollution d'une grande ville. Finalement, c'est plutôt un coin idéal pour un haras. Sans perdre de temps, Morgan s'approche de la clôture et admire les chevaux, les appelant machinalement au passage. C'est avec bonheur qu'il capte l'attention de l'un d'entre eux, preuve qu'il n'a pas vraiment perdu la main. Il garde un moment son regard détailler l'animal, et acquiesce à la question de Sam avant de porter les yeux sur elle.

— Oui, quand j'étais jeune, avec ma mère, répond-il doucement, reportant son attention sur le cheval.

Il laisse s'écouler quelques secondes de plus avant d'interroger Samantha à propos de la propriété, et du propriétaire. Celle-ci lui avoue qu'il s'agit d'une femme qui n'a pas la trentaine. Merlin ne s'en étonne pas. Avec de l'argent, on peut faire ce qu'on veut. Ou presque. Avec la fortune de ses parents, lui aussi aurait pu faire la moindre chose qui lui passerait par la tête. Et c'est justement grâce à ses parents qu'il n'était pas devenu un gamin pourri gâté. Difficile à croire avec son caractère, mais il aurait pu basculer du côté obscur de la force. Cependant, il n'a pas été élevé comme ça. Il se sait plus aisé que la moyenne, mais sait aussi que c'est parce que son père s'est tué au travail pendant des années.

Ainsi, il imagine aisément le caractère de cette Eliza Butler, issue d'une famille fortunée, n'ayant qu'à claquer des doigts pour avoir ce qu'elle veut. Il en va de même pour les hommes apparemment. Le cas typique de la personne que Merlin n'apprécie pas. Il en a rencontré des gens riches, mais certains sont vraiment sympas, et en minorité malheureusement. Le reste, ce ne sont que des personnes qui se croient supérieurs à cause de leur argent. Quoique les parents du britanniques pourraient en allumer quelques-uns facilement, surtout depuis l’héritage de la grand-mère. Bref. La jeune femme n'est pas du tout son genre, si t'en est qu'il en a un.

— Je vois, le parfait stéréotype de la fille riche qui croit que tous le monde doit être à ses pieds à cause de son argent et de sa beauté, souffle-t-il, avant de faire une légère grimace. Et le pire dans tout ça, c'est que ça marche.

Il ne peut retenir un soupire. Il a déjà fait l'amère expérience d'héritières têtues à qui il avait tapé dans l'oeil au cours d'une soirée, et ce sont tout sauf des bons souvenirs. Si ces parents n'étaient pas ce qu'ils sont, il aurait peut-être été fiancé à l'heure qu'il est. Quel univers horrible quand même. Rien que d'y penser lui donne des frissons. Mais il reporte rapidement son attention sur l'équidé qui a reprit son repas.

— Au moins les chevaux sont bien traités et le haras bien entretenu, c'est le principal, lâche-t-il avec un sourire.

C’est un des endroits les plus sympas de Shady Cove, et Samantha est heureuse de le faire découvrir à Morgan. Ce dernier semble aimer les chevaux, et ça la rouquine le constate très rapidement, à en voir comme il retient facilement l’attention de l’un d’eux. Elle l’interroge donc pour savoir s’il a déjà eu l’occasion de faire de l’équitation, et Morgan lui répond par l’affirmative, ce qui ne l’étonne pas vraiment.

Tu pourrais t’inscrire ici, il paraît que ça reste abordable ! Lui suggère Sam dans un sourire. Elle n’y connaît pas grand-chose, n’ayant jamais fait de cheval elle-même, mais elle sait que c’est ce que ses clients disent du haras d’Eliza Butler.

Cela dit, ce n’est pas la seule et unique chose qu’on raconte sur cet endroit. Quand Merlin l’interroge sur la propriétaire des lieux, Sam commence à lui dépeindre la belle Eliza Butler, une femme fortunée, superbe, et sans doute pourrie gâtée – même si elle ne le dit tout de même pas dans ces termes. En fait, elle révèle surtout à son interlocuteur qu’Eliza fait tourner les têtes de bien des hommes de la région. Il faut dire qu’elle a tout pour plaire, et qu’elle sait profiter de la vie, et des plaisirs de la chair, aussi. En même temps, ce n’est pas Sam qui ira lui jeter la pierre à ce sujet, ayant elle-même tendance à papillonner à droite à gauche plutôt que de chercher à s’engager sérieusement avec qui que ce soit.

A son tour, Merlin brosse le portrait de la jeune femme d’une manière bien plus radicale cependant. Sam esquisse aussitôt un sourire.

Je la connais pas personnellement, en fait, mais… c’est ce qu’on raconte en ville en tout cas. Explique-t-elle, avant d’hausser les épaules. Reste à savoir si c’est vrai, et Samantha ne préfère pas trop s’avancer là-dessus. Quoi qu’il en soit, il est clair qu’Eliza Butler est jalousée par bien des femmes de la région, d’abord parce que son argent peut lui apporter tout ce qu’elle veut ou presque, mais aussi parce qu’aucun homme n’est capable de lui résister.

Et puis Merlin se fait moins virulent dans ses propos quand il est question du haras, et des chevaux. Samantha ne peut que reconnaître qu’il a raison sur ce point, et acquiesce :

C’est vrai, on ne peut pas dire qu’elle ne s’occupe pas bien de son affaire ! Dit-elle tout haut, avant de se pencher pour arracher une motte d’herbe, et tendre le bras par-dessus la clôture, pour espérer qu’un des chevaux s’avancera jusqu’à elle. Elle n'a peut-être jamais fait d'équitation, mais Sam adore les bêtes.

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