Samantha a raison. S'il a l'occasion, pourquoi ne pas venir faire de l'équitation ici ? Pour l'instant, il ne peut pas se le permettre, pour tout un tas de raisons, mais il y pensera à l'avenir. Il adorerait en tout cas. Les chevaux sont magnifiques, la propriété impeccable, et rien qu'après avoir vu les bords de la Rogue River, il se dit que les balades dans les environs doivent être, elles aussi, géniales. Peut-être en parlera-t-il à Christopher...

Hochant donc la tête en signe d'approbation, il embraye par la suite sur la propriétaire. Il apprend qu'Eliza Butler est plutôt jeune, mais riche. Il ne lui faut pas longtemps pour s'imaginer le caractère de cette jeune femme collectionnant les hommes. Les personnes comme ça ne sont pas sa tasse de thé. Mais même s'il part tout d'abord sur une première impression pas très bonne, cette première impression n'est pas basée que sur des mots. Et comme Morgan est gentil, parfois trop, il n'est pas dit que s'il rencontrait la jeune femme, il ne l'apprecie pas. Elle aime aussi les chevaux, après tout.

— On raconte beaucoup de chose en ville à ce que je vois, sourit le britannique avant de hausser les épaules. Si je la rencontre, je te dirais si elle est sympa ou non !

Il agrémente le tout d'un clin d'oeil. Peut-être qu'il l'a même déjà croisée avant lors d'un gala de charité ou quelque chose du même acabit où l'un des buts principaux est de se faire voir. Enfin, tant qu'elle ne vise pas les plus jeunes, ça devrait aller. Merlin serait vraiment terriblement et assurément mal à l'aise si elle avait soudainement envie de profiter d'un petit jeune. Elle fait sûrement partie des femmes qui aiment bien avoir le contrôle, ça va en général de pair avec la richesse et le pouvoir. Bref, ce n'est pas l'important. L'important, c'est les chevaux.

— Elle n'a pas du faire ça sur un coup de tête quoi, elle connaît ce domaine, acquiesce-t-il simplement.

Il observe ensuite Sam s'approcher à son tour de la clôture, avec une touche d'herbe dans l'espoir qu'un des équidés viennent à sa rencontre. Ils n'ont pas l'air farouches pour un sou, et même plutôt curieux d'avoir de la visite. Le brun réitère son petit appel de langue, une fois puis deux, avant que deux chevaux ne se décident à venir voir de quoi il en retourne. Et surtout ce que la demoiselle tend par-dessus la clôture. Il sourit à la rouquine, et tend à son tour sa main, présentant sa paume au museau du bai de tout à l'heure.

— Et toi tu es déjà montée à cheval ? demande-t-il, éternel curieux.

Spoiler:

Morgan a bien appris sa leçon : les potins, ragots, et autres commérages sont légions en ville. Lui qui n'aime pas être au centre de l'attention devra veiller à ne pas faire de gaffes s'il ne veut pas écoper d'une réputation à la mords moi le noeud. Et visiblement, la propriétaire du haras ne fait pas exception. Pas étonnant, lorsque le britannique apprend qu'elle est jeune, magnifique et riche. Elle doit attirer les convoitises comme un aimant attire des trombones, étant donné qu'elle a tout pour elle, voir plus. Car elle n'est sûrement pas la dernière des idiotes. Mais sa réputation ne doit pas être au beau fixe parmis les Shady Coviens. Elle est peut-être sympa, cette Elisa, cependant Merlin en a déjà une idée. Il a déjà rencontré ce type de "riches" qui croient que tout leur est dû, et il ne s'enlèvera pas ces préjugés de la tête jusqu'à avoir rencontré en personne cette jeune femme.

— Raison de plus pour se faire une opinion par soi-même, sourit-il. Il y a toujours une part de vérité dans les mythes, accompagné d'une bonne dose d'extrapolation. Pour les ragots, c'est pas bien différent , commente-t-il en haussant légèrement les épaules.

Et malheureusement, malgré la bonne volonté de Sam et des autres comme elle, rien ne changera. Les gens sont comme ça. Merlin a presque l'impression que c'est une tradition, une composante vitale pour la ville, quelque chose ancrée dans les habitants du coin. Mais de tout temps, en tout endroits, il y a des rumeurs et des on-dit. C'est commun a toute société. Le brun a pu le remarquer aisément. Dans le milieu d'où il vient, les gens sont pour la plupart hypocrites et les rumeurs se font et se défont au rythme des rentrées d'argent. On prête des liaisons, des fraudes, des péchés tous faux, ou au moins carrément exagérés. Et ici, à Shady Cove, le fait que ce soit une petite communauté ne doit pas aider. Dans une semaine, Morgan sera peut-être catalogué comme un intru, qui sait.

Mais pour le moment, il se reconcentre sur les chevaux. Il acquiesce à la remarque de la rouquine, et ne peut qu'être amusé par son initiative. C'est l'instinct de presque tout le monde. Pour l'aider a attirer les équidés, le britannique reproduit son petit claquement de langue. Les chevaux sont alors assez intrigués pour s'approcher. L'un remarque la touffe d'herbes et n'attend pas le dégel pour la dévorer. Morgan lui demande à son tour si elle a déjà fait de l'équitation, et Samantha lui répond que non. Le jeune lui sourit.

— Ah ? Tu devrais essayer pourtant, vu que tu as l'air d'aimer les animaux. Et puis, une balade dans le coin ne doit pas être mal non plus... lance-t-il.

Il s'imagine déjà facilement sur le dos d'un canasson à parcourir les environs. Il faudra vraiment qu'il en parle à Chris. D'autant qu'il croit se souvenir que l'ancien militaire pratiquait aussi l'équitation au lycée. Ce pourrait être un très bon moment a passer.

Relevant les yeux en direction de Sam, Morgan poursuit leur discussion. Il en sera ainsi une bonne partie de l'après-midi encore, alors qu'ils poursuivront leur balade aux abords du haras...

Fin de la scène