Depuis son installation à Shady Cove, en 2003, Sam n’avait jamais quitté la ville aussi longtemps. Pour beaucoup, trois semaines, ce n’est pas grand-chose, mais quand on est aussi attaché qu’elle l’est à sa ville, à ses amis, et aussi à sa famille, c’est plus compliqué qu’il n’y paraît. Heureusement, ce stage a été extrêmement formateur pour elle. Elle a travaillé auprès d’un pâtissier réputé pour ses talents, notamment pour ce qui concerne les desserts français. A ses côtés, elle a appris énormément, et n’a pas eu l’impression de perdre son temps, au contraire ! Elle a mis toute son énergie pour l’assister et apprendre auprès de lui. Elle revient d’ailleurs à Shady Cove avec la ferme intention de mettre tout ce qu’elle a appris en pratique. Et c’est son frère qui devra en faire les frais une fois de plus, en goûtant sa cuisine – sacrifice qui ne le dérange pas outre mesure en règle générale.

Samantha est montée dans le car à 7 heures ce matin, et n’en descend à Shady Cove que 5 longues heures plus tard. Elle s’est occupée en lisant, en écoutant de la musique et en dormant, aussi, mais c’est tout de même un peu crevée par toute cette route que la jeune fille sort finalement du car, à l’arrêt de Shady Cove. Le conducteur, bien sympathique, descend avec elle pour l’aider à sortir sa grosse valise du compartiment prévu à cet effet. Prenant soin de le remercier et de le gratifier de son chaleureux sourire habituel, Sam jette un coup d’œil ensuite au sac qu’elle va devoir se traîner jusqu’à chez elle, et finit rapidement par soupirer. Autant elle déborde d’énergie d’habitude, autant là, la perspective de trimbaler cette valise énorme jusqu’à son domicile la démotive complètement. Et pourtant, elle ne doit pas traîner, puisqu’elle a prévu de confectionner des pâtisseries dès son retour, et de passer chez Reid ensuite. Elle ne veut pas perdre plus de temps – elle a envie de le retrouver maintenant. Mais en attendant, il lui reste un bon bout de chemin à faire et, alors que le conducteur redémarre, Sam prend son courage à deux mains.

Seulement, à peine a-t-elle fait un mètre que, lorsque le car s’éloigne, Samantha réalise que quelqu’un attendait de l’autre côté, juste sous l’abribus, et que ce quelqu’un n’est pas n’importe qui. Agréablement surprise bien sûr – pour ne pas dire follement enthousiaste – la rouquine laisse son sac retomber d’un coup et bruyamment sur le bitume, pour courir en direction de ce dernier. Jamais son frère et elle n’avaient été séparés aussi longtemps, et bien qu’ils aient gardé contact pendant tout ce temps (presque quotidiennement), le voir et le retrouver est un soulagement sans nom pour la jeune fille. Elle saute d’ailleurs dans ses bras comme elle le faisait déjà toute petite, l’agrippant par le cou et lui hurlant (sacrifiant certainement un de ses pauvres tympans par la même occasion) :

Benny !!!

Son petit cœur s’emballe. Si quelqu’un lui a manqué pendant cette petite vingtaine de jours, c’est lui. Il représente tout pour elle. Il est son foyer. Sa seule famille.