Il fallait s’y attendre, après des jours de beau temps, la pluie finit enfin par s’abattre à Shady Cove. Quelque part, Chase ne va pas s’en plaindre, car bosser sous cette chaleur à crever n’avait rien d’agréable pour lui, ainsi que pour ses collègues. Il est donc presque soulagé que les températures chutent enfin, même s’il doit intervenir à l’extérieur pour dépanner un véhicule, sous la pluie, donc. Au volant de la dépanneuse, le jeune homme prend la direction du Crater Lake National Park, un endroit dans lequel il se rendait très souvent quand il était jeune, avec des potes, pour camper le plus souvent, mais aussi boire et fumer loin de Shady Cove et de l’autorité parentale…

Plus il s’approche du parc national, et plus le jeune homme se montre attentif aux véhicules qu’il croise sur la route. Il est censé dépanner une voiture rouge, c’est le seul détail qu’il ait en sa possession. Les minutes s’écoulent, puis le mécanicien voit enfin se profiler une voiture à l’horizon, garée (si on peut dire) sur le bas-côté. Soulagé d’être enfin arrivé à destination après toute cette route, le jeune homme passe la capuche de son sweat sur lui avant de quitter la dépanneuse, puis se dirige vers la voiture en question. Plus il s’en approche, et plus le modèle lui rappelle quelque chose… ou plutôt, quelqu’un. Intrigué de ne voir personne l’interpeller ou quitter le véhicule, le beau blond fronce les sourcils, puis se penche pour regarder à la fenêtre. Il comprend que la jeune femme en question s’est endormie en attendant, et il comprend, surtout, qu’il la connaît. Plutôt bien qui plus est, enfin… si on peut dire. Il la connaît « physiquement », mais ne sait pas grand-chose d’elle dans le fond. Il ne sait même pas pourquoi Peyton l’a foutu dehors un soir. Il en est venu à la conclusion qu’elle en avait marre qu’il débarque chez elle dans des états pas possibles au beau milieu de la nuit, mais il a trouvé sa réaction brusque, et aurait préféré avoir une explication claire avec elle. Mais non. La rouquine - devenue blonde - a pris soin de l’éviter pendant des semaines, des mois, même ? A dire vrai, Chase a arrêté de compter.

Pas franchement enthousiaste à l’idée de lui prêter main forte, mais parce qu’il y est bien obligé, le jeune homme prend sur lui et toque à la vitre côté conducteur. La voyant sursauter, le motard n’affiche pourtant pas un air désolé. Il sait qu’elle ne sera probablement pas ravie de le voir et, à dire vrai, c’est assez réciproque. Il n’a peut-être pas toujours été le mec idéal avec elle, mais quand même, cette nuit-là, elle y a été un peu fort avec lui et ça, et bien, il ne l’a toujours pas complètement digéré…

Tandis que la pluie s'abat sur ses épaules carrées, le blond recule d'un pas pour laisser à Peyton la possibilité de sortir de la voiture si elle le souhaite. Ambiance...

Spoiler:

Dès qu’il identifie le modèle de la voiture, Chase se doute de sa propriétaire, et en apercevant la jeune femme à l’intérieur du véhicule, le biker n’a plus le moindre doute à son sujet. Franchement, de croiser Peyton, ça ne le met pas très à l’aise, mais en prime, dans ces conditions, c’est sans doute pire que tout. Il ne peut pas l’éviter, doit faire avec, et il pleut des cordes qui plus est, ce qui rend bien plus longues et difficiles les interventions sur place avec la dépanneuse… En gros : ça ne s’annonce pas très bien. Pourtant le jeune homme tient à rester professionnel. C’est un très bon mécanicien, et s’il a plein de défauts (comme son penchant pour l’alcool et sa maladresse avec la gente féminine – dont Peyton a fait les frais plus d’une fois), il ne fait pas n’importe quoi quand il est dans le cadre de son travail. Cela dit, il n’est pas décidé à redoubler d’efforts et de politesse envers celle qui sera sa cliente aujourd’hui, parce que ce qu’elle lui a fait et bien il ne l’a toujours pas digéré.

Laissant la jeune femme sortir de sa voiture, Chase baisse la tête en l’entendant pousser un juron, et constate qu’elle a marché dans une flaque d’eau. Finalement, il n’y a donc pas que lui qui manque de chance aujourd’hui. Il se retient de tout commentaire, et relève la tête dans sa direction, attendant un mot de sa part. La gêne de Peyton est palpable, tandis que le jeune homme, lui, ne ressent pas de réelles difficultés à lui parler ou à lui répondre, même si le ton qu’il prend est nettement plus froid et plus distant que d’habitude. Faut dire qu’avant, ils étaient nettement plus proches – sur un plan physique tout du moins… Mais ça, c’était avant.

Salut. Lâche-t-il, donc, en réponse, et en hochant la tête à ses remerciements. S’il avait su que c’était elle, il aurait sans doute envoyé un collègue à sa place, mais peu importe. Il est là à présent, et il compte faire son travail coûte que coûte – et ce même si la pluie a décidé de s’en mêler, et ne se calme pas. Je vais jeter un coup d’œil. Ajoute le biker, suite aux explications de la photographe. Agrippant la portière de sa voiture, Chase l’ouvre en grand et se penche à l’intérieur, frôlant légèrement la blonde au passage. Il actionne le levier pour ouvrir le capot puis, repassant à côté de Peyton, Chase lui adresse un bref regard, et se dirige ensuite vers l’avant de la voiture, toujours dans une démarche à la fois assurée et décontractée, ponctuée par une vieille blessure à la cuisse droite.

Se penchant au-dessus du moteur, le mécanicien jette un coup d’œil, opère quelques contrôles, puis reprend la parole sans chercher à regarder sa cliente : Ça doit être la batterie. Dit-il, par déduction d’abord, mais sans pour autant mettre un terme à ses vérifications. Se décalant, cette fois, pour apercevoir Peyton, il lui demande : Ya pas de fumée qui s’est échappée quand elle s’est arrêtée ?

Chase n’a toujours pas digéré le coup que la jeune femme lui a fait cette nuit-là, mais il décide d’agir tout de même en professionnel. Il traite Peyton comme n’importe quelle cliente, peut-être se montre-t-il un peu plus froid avec elle mais c’est tout. Vu qu’elle ne lui a pas donné la moindre nouvelle, il ne s’attend pas à ce qu’elle décide de s’expliquer, et encore moins à ce qu’elle lui fasse des excuses. Certes, il n’avait pas tous ses moyens la plupart du temps quand il débarquait chez elle, et se montrait parfois maladroit, mais la jeune femme profitait elle-aussi de sa présence… ! C’était donnant / donnant. Du moins c’est comme ça que le jeune homme voyait les choses à l’époque. Après cet épisode, c’est vrai qu’il s’est posé des questions, mais il espérait peut-être secrètement que la photographe le recontacte, ce qu’elle n’a pas fait. Le plus triste dans l’histoire, c’est qu’elle s’imagine qu’il ne venait chez elle que sous l’effet de l’alcool, alors qu’il n’en était rien. Il aimait être avec elle, autant pour le sexe que l’affection qu’ils se donnaient mutuellement ensuite…

Cela dit, le jeune homme n’essaie pas d’aborder ce sujet, et se focalise plutôt sur la panne. Sous la pluie, le mécanicien passe ses mains sous le capot et opère quelques vérifications. Par élimination, il en arrive rapidement à penser qu’il s’agit de la batterie. Il interroge la jeune femme pour en savoir plus. Celle-ci lui répond par la négative, lui indiquant qu’elle aurait paniqué si elle avait vu de la fumée sortir du capot, ce qui le ramène aussitôt à leur dernière soirée tous les deux, où elle avait pété un câble également… Mais la question suivante de sa cliente le ramène à la réalité. Ils ne sont plus des amants désormais, juste de parfaits inconnus. Du moins c’est ce qu’on pourrait penser en les voyant à l’instant.

Nan, je vais devoir la remorquer. Explique-t-il, en se redressant pour regarder la jeune femme. Il se lance alors dans des explications techniques : Ça vient de la batterie, et j’aurais pu la recharger, mais là ya des signes d’usure, ça pourrait créer un court-circuit… Vaut mieux la changer complètement, mais pour ça faut que je la remorque au garage et que j’en commande une nouvelle. Le jeune homme, en s’exprimant, paraît sûr de lui, et pour cause : ce métier, il l’a dans la peau. La mécanique, c’est quelque chose qu’il maîtrise, et un domaine qui l’intéresse. Et Chase, dans sa vie, ne peut pas dire ça de grand-chose. D’ailleurs, un court instant, il se dit que Peyton doit être surprise de le voir dans ce contexte. Lisant la déception sur son visage, le biker comprend qu’elle aurait préféré qu’il lui annonce une toute autre nouvelle. Faut dire qu’ils vont devoir faire la route du retour ensemble… ! Mais il faut faire avec. Le motard reprend la parole, en la voyant prendre la pluie : Tu d'vrais aller t’installer au chaud dans la dépanneuse pendant que je fixe ta voiture. Souffle-t-il d’un ton plus doux cette fois. Certes, il n’a pas compris ce qui s’est passé cette nuit-là mais il ne compte pas bouder éternellement. Et puis ça ne sert à rien qu’elle attrape froid. Sans un regard supplémentaire, Chase referme le capot puis se dirige vers la dépanneuse, qu’il a garée juste devant, et commence à sortir les lanières qui lui permettront de remorquer le véhicule de Peyton jusqu’à Shady Cove.

Ça ne pouvait sans doute pas durer éternellement comme ça entre eux. Plus d’une fois, quand Chase se réveillait dans son lit, il avait ressenti une forme de culpabilité d’avoir débarqué chez elle au beau milieu de la nuit, souvent saoul dans la grande majorité des cas. Il se disait bien qu’un jour elle finirait par lui claquer la porte au nez, qu’elle l’enverrait chier. Qu’est-ce qu’une fille comme elle ferait avec un type comme lui, right ? Seulement ce soir-là, les choses avaient été assez étranges. Elle l’avait laissé entrer ! Elle avait cédé à ses avances, ils allaient passer la nuit tous les deux ! Mais sans qu’il ne comprenne pourquoi, la jeune femme avait paniqué et ne lui avait pas fourni la moindre explication. Les jours puis les semaines ont passé et le mécanicien s’est fait une raison. Pourtant de la retrouver là, maintenant, réveille en lui certains souvenirs. Une forme d’amertume aussi, et pourtant, c’est gentiment qu’il propose à Peyton d’aller se réchauffer dans la dépanneuse. Il ne va pas la laisser attraper froid sous prétexte qu’elle l’a repoussé, ce serait ridicule.

Sous la pluie, le biker se dépêche ensuite de positionner les sangles, de sorte à fixer la voiture de la jeune femme à la dépanneuse, pour la remorquer ensuite jusqu’au garage. Le jeune homme agit avec minutie, et professionnalisme, encore. La mécanique, c’est un domaine qu’il affectionne d’abord, mais aussi un domaine dans lequel il se sent à l’aise. Ses gestes sont sûrs, et rapides. En deux temps trois mouvements, le jeune homme fait ce qu’il a à faire. Lorsqu’il relève les yeux, il remarque Peyton, tournée dans sa direction. Mais quand il la retrouve dans le véhicule, elle a repris une position normale, et fait un commentaire, comparant la dépanneuse à une piscine. Le jeune homme esquisse un sourire – plus par politesse que de bonne humeur – et agrippe son sweat à capuche, trempé, pour le retirer et le balancer ensuite dans la cabine derrière lui. Le tee-shirt blanc qu’il porte juste en-dessous est trempé aussi, mais par endroit seulement, notamment autour de son col, là où la pluie s’est infiltrée alors qu’elle s’abattait sur lui. Puis, avant qu’il ne redémarre, son regard se pose sur la jeune femme. Toute mouillée, comme ça, elle a l’air vulnérable, peut-être plus encore que d’habitude.

Attends, j’dois avoir un truc derrière. Lâche-t-il, en se tournant vers la cabine, se rapprochant de Peyton malgré lui. Tendant le bras autant que possible, Chase parvient à agripper un autre sweat à capuche. Celui-là est sec, c’est un rechange qu’il garde ici depuis des siècles. Il le lui donne sans tarder, puis démarre la voiture pour enclencher le chauffage. Il tourne le bouton pour monter la température, puis baisse le volume de la radio en se rendant compte que c’est bien trop fort… ! En même temps, c’est pas comme s’ils allaient discuter, si ? Regagnant la chaussée, le motard adresse un bref regard à son ancienne amante. Il ne trouve rien à lui dire ! Il n'a qu'une question qui lui vient à l'esprit, et il se retient de la poser, craignant que la conversation ne s'enlise s'il se lance.

Quand il met le contact dans la dépanneuse, Chase s’empresse de baisser un peu le volume de la musique, qu’il écoutait bien fort avant de se garer. Mais ce n’est apparemment pas suffisant pour Peyton, qui tend rapidement la main vers l’autoradio, pour atteindre à son tour le bouton du volume plus précisément. Lorsqu’elle l’interroge, le mécanicien est assez surpris. Il n’est pas étonné qu’elle prenne ses aises, après tout ils ont de la route devant eux c’est normal, mais une question lui vient à l’esprit et cette fois, le mécanicien laisse place à la spontanéité, puisqu’il répond à la photographe au quart de tour. Quoi, t’as envie de parler ? Lui demande-t-il, en l’interrogeant du regard également, avant de reporter son attention sur la route. C’était trop tentant, c’est sorti tout seul… ! Il faut dire que, depuis qu’ils se sont retrouvés, ils agissent comme deux étrangers, ce qu’ils ne sont pourtant pas l’un pour l’autre. Jusqu’à maintenant, ça ne dérangeait pas le biker, mais là elle est dans la dépanneuse, avec lui, et pour un moment qui plus est ! C’est le moment « rêvé » pour faire le point, enfin si on peut dire. Et si Peyton est d’accord bien évidemment… Pas sûr qu’elle ait envie de s’expliquer sur la fois dernière.

Lorsqu’elle se débarrasse de son haut, pour enfiler le sweat à capuche qu'il a bien voulu lui prêter, Chase ne retient pas un regard dans sa direction, pas vraiment pour la reluquer, à la base, mais juste parce qu’il se demande ce qu’elle fabrique à force de la voir gigoter du coin de l’œil. Il aperçoit la couleur de son soutien-gorge, mais tourne rapidement la tête en direction de la route à nouveau, craignant qu’elle ne l’engueule. Après la réaction qu’elle a eue la fois dernière, il préfère éviter un faux-pas à nouveau. Il ne repose son regard sur elle que lorsqu’elle le remercie. C’est vrai qu’elle n’a pas la même allure dans cette tenue. Elle ressemble à petit chien mouillé, dans un vêtement trois fois trop grand pour elle. De rien. Lâche-t-il, en lui rendant brièvement son sourire, et avant de regarder devant lui. Il pleut à grosses gouttes et il faut qu’il soit attentif un minimum à la route, histoire de ne pas finir dans le fossé avec la dépanneuse et la voiture de Peyton, toujours correctement remorquée à l’arrière. Il y jette d’ailleurs un bref coup d’œil, par sécurité, en scrutant le rétroviseur intérieur.

La réponse que Peyton lui fournit ne le surprend même pas. C’est effarant, mais cette fille est une véritable énigme pour lui. Autant il a déjà connu des filles compliquées (une pensée pour Terry !), autant avec la photographe, c’est tout à fait autre chose. Elle se complaît dans le silence. Elle ne lui donne aucune forme de réponse, aucune piste. Et c’est pire que tout finalement, car le mécanicien reste dans l’incompréhension la plus totale, et c’est bien la première fois qu’une telle chose lui arrive. Si ça avait été une inconnue, une fille qu’il n’aurait plus eu l’occasion de croiser ou de fréquenter, les choses auraient été différentes… Mais avec Peyton, c’est plus compliqué. C’était chez elle qu’il avait l’habitude de se réfugier quand il avait trop bu et qu’il se sentait trop seul. Ils n’ont pas couché ensemble une fois en tout et pour tout, non, il y a eu des dizaines de nuits, que le motard n’oublie pas. Il savait que ça ne durerait pas éternellement, et il s’y préparait quelque part, mais il ne pensait pas qu’il se prendrait une claque pareille. La fin de leur histoire a été brutale. Elle l’a fichu à la porte, sans lui filer le début d’une explication… ! De quoi devenir dingue, d’autant qu’elle ne semble toujours pas vouloir aborder le sujet.

Chase n’a pas daigné lui répondre et focalise son attention sur la route. Le temps est merdique, il respecte donc parfaitement les limitations de vitesse, roule même un peu en-dessous étant donné son chargement. Les minutes s’écoulent et sont semblables à des heures. Elle a été claire, elle ne veut pas parler, et pourtant ce silence mortel est des plus dérangeants, des plus lourds à supporter. Lorsqu’elle souffle une banalité, à propos du temps, le biker fronce les sourcils. Autant ne rien dire que d’essayer de parler de conneries pareilles ! Lui, il en a marre de faire semblant, et finit par tourner la tête pour tenter de capter son regard :

Sérieux ? Tu vas me parler de la pluie et du beau temps maintenant ? Lui demande-t-il, d’un ton froid. T’as pas autre chose à me dire, Peyton ? Ajoute-t-il, d’un ton moins glacial mais plus affecté. Sa mâchoire se resserre un instant. J’sais pas, une explication à me donner, nan ?

Ça n’a que trop duré pour le mécanicien. Faire comme si de rien n’était, c’était la solution qui lui semblait la plus judicieuse jusque-là, mais l’incompréhension le submerge, et l’attitude de Peyton l’agace. Il n’a pas envie de parler du temps qu’il fait avec elle, ni même de choses aussi futiles à dire vrai. Avant qu’ils aient une conversation légère et normale, il faut impérativement qu’ils résolvent certaines choses. C’est inévitable, en tout cas pour le biker, qui finit sans plus tarder par exprimer son mécontentement. Quelque part, s’il provoque la situation d’une façon aussi violente, et d’un ton aussi glacial, c’est parce qu’il aimerait la faire réagir, et la pousser à parler. La vie, c’est assez ironique finalement. Il y a des filles auxquelles il aimerait bien faire fermer le clapet, mais avec la photographe, c’est tout l’inverse qu’il recherche ! Il voudrait qu’elle mette des mots sur ce qui s’est produit entre eux, sur cette fameuse nuit. Elle l’avait accueilli dans son lit des dizaines de fois et l’a rejeté cette fois-là comme un véritable malpropre, alors qu’elle lui avait permis d’entrer pourtant… Il n’avait rien compris, et c’était viscéral désormais, il voulait en savoir plus, et il comptait bien profiter de cette occasion pour en discuter avec elle. Ce n’est pas tous les jours qu’il se retrouvera en sa compagnie pour un si long moment, sans qu’elle n’ait la possibilité de fuir la discussion. Il faut donc qu’il saisisse cette opportunité, et c’est ce qu’il fait, serrant les dents en la voyant se recroqueviller un peu plus et balbutier quelques mots. Il s’attend à ce qu’elle se renferme une fois de plus, et ça l'agace d'avance pour tout avouer. Mais pourtant, à sa plus grand surprise, Peyton finit par prendre la parole plus vivement, et dans les larmes - mais il ne le remarque pas encore - pour lui donner un début d’explication.

La raison qu’elle invoque le fait réagir au quart de tour, et la voix grave de Chase vient jaillir de nouveau dans l’habitacle : Ça y est, j'ai droit au bon vieux discours bien ficelé de la féministe de base...! On était deux j’te rappelle, l’« amusement » était pas à sens unique dans mes souvenirs ! S’exclame-t-il avec force. Il ne peut pas croire qu’elle lui balance ça à la figure, presque comme si elle n’y avait pas pris un certain plaisir elle-aussi, alors que lorsqu’ils étaient dans le feu de l’action, elle ne lui laissait jamais penser le contraire…

La conversation tourne clairement au vinaigre, mais alors qu’il semble froid et en colère, Chase se sent finalement plus soulagé que jamais. Au moins, les choses sont dites (peut-être maladroitement c’est vrai) et l’exaspération est exprimée. Ça fait un bien fou. Du moins c’est comme ça qu’il ressent les choses, bien que la discussion prenne une tournure à laquelle il ne s’attendait pas. Il faut dire qu’il n’a pas l’habitude que Peyton hausse le ton ou qu’elle lui balance des trucs à la gueule. Elle a toujours été adorable avec lui, a toujours répondu présente, n’a jamais dit un mot plus haut que l’autre, sauf le soir où elle l’a fichu dehors bien sûr, et aujourd’hui, encore. Mais quelque part, le beau blond ne peut se sentir que satisfait de l’avoir faite sortir de ses gonds, car il a un début de réponse, enfin. Ce qui l’entend ne lui plaît pas bien sûr, mais commence peu à peu à le mettre sur la piste – même s’il est encore loin du compte et qu’il ne sait pas tout ce qui se trame dans le tête et dans le cœur de son ancienne maîtresse.

Ce n’est que lorsque la jeune femme essuie ses yeux du revers de sa manche que Chase, en tournant brièvement la tête dans sa direction, réalise qu’il l’a peut-être faite pleurer. Un court instant ça lui fend le cœur (car il déteste mettre une femme dans cet état), mais il se satisfait toujours autant d’avoir provoqué quelque chose en elle, de ne plus être face à un mur. D’ailleurs, elle reprend la parole, s’explique un peu plus. Et dans la tête du mécanicien, le puzzle se rassemble d’un coup. Autant dire qu’il s’attendait à bien des reproches, notamment concernant l’alcool, mais il ne pensait vraiment pas qu’elle allait remettre son désir pour elle en question. Surpris, et assez stupéfait qu’elle se soit fourvoyée à ce point sur son compte, le mécanicien braque d’un coup le volant pour se garer sur le bas-côté. Il ne coupe pas le moteur, mais peut ainsi se tourner vers Peyton pour poursuivre la conversation sans risquer l’accident par exemple. Sérieux, c’est pour ça que tu m’as foutu dehors ? Lâche-t-il, en cherchant à capter son regard. J’avoue, j’ai abusé des fois, et c’est vrai, j’avais trop bu la plupart du temps… Reconnaît-il d’abord, en hochant la tête, ne pouvant que l’admettre finalement (d’autant qu’il a encore aujourd’hui ce même penchant pour les soirées bien arrosées). Mais tu me plaisais vraiment. Confie-t-il, avec sincérité, et en sentant son rythme cardiaque s’accélérer un peu. Faut dire qu’il n’a pas l’habitude d’ouvrir son « cœur » de la sorte, de dire ce qu’il ressent, mais là, les circonstances sont particulières ! Il s’agit de Peyton et il n’a pas envie qu’elle s’imagine qu’il la trouvait repoussante ou quelque chose comme ça. Et puis c’est le moment de jouer cartes sur table, et Chase veut autant être honnête avec elle qu’avec lui-même. J’sais bien que je te saoulais à débarquer comme ça, mais à chaque fois que je frappais à ta porte, j’étais content de te retrouver, vraiment. Lâche-t-il, en guettant une réaction de sa part, et en se demandant si elle va reprendre le même ton que précédemment, ou si la donne va radicalement changer après les confessions qu’il vient de lui faire…

Que Peyton fasse part de sa colère, qu’elle exprime en quelque sorte ses sentiments, c’est tout ce que Chase lui réclamait finalement, alors il n’est pas déçu qu’elle le fasse, au contraire, même si ses propos sont assez virulents pour finir. Quelque part, bien sûr, il est agacé que la jeune femme lui parle de la sorte, et s’imagine d’abord qu’elle lui reproche d’avoir profité de la situation, mais peu à peu, le fait que Peyton sorte de ses gonds lui laisse entrevoir certaines choses, et le motard finit par comprendre ce qui s’est réellement passé ce soir-là. Certes, son attitude y est pour quelque chose, mais la jeune femme s’est visiblement méprise sur ses intentions, ce qui n’a pas aidé pour finir. Bien décidé à en parler sérieusement, le mécanicien finit par braquer son volant pour garer la dépanneuse sur le bas-côté et entamer une discussion sans risquer un accident. Cette fois, ils ne se crient plus vraiment l’un sur l’autre, en fait, ils s’expliquent, font des phrases entières sans hausser la voix.

Alors que le biker décide de mettre les choses à plat, et de jouer cartes sur table, il est amené à s’ouvrir, comme il le fait rarement. La première réaction de Peyton est de plisser le nez, comme s’il avait dit quelque chose de dégoûtant, alors que ce n’était pas franchement l’effet recherché bien au contraire. Elle vient même se recroqueviller un peu plus sur elle, en se demandant tout haut ce qui aurait bien pu lui plaire. En conséquence, le beau blond arque un sourcil. Elle plaisante ou quoi ? Bah, j’sais pas, t’es attirante ! S’exclame-t-il, comme s’il s’agissait d’une évidence - sans doute parce que c’en est une pour lui. En vérité, Chase aimerait la rassurer, mais en même temps, il n’est pas doué pour les compliments, et craint de mal s’y prendre. Alors il reste sur une la même ligne de conduite : se montrer honnête, en se disant que ce sera toujours ça de pris, et que Peyton ne pourra pas lui reprocher sa franchise. Quand elle l’interroge, pour savoir pour quelles raisons il n’est jamais venu chez elle dans son état normal, le jeune homme entrouvre les lèvres, mais ne sait d’abord pas quoi répondre. Il ne s’est jamais posé la question, c’était implicite, et ça ne venait pas d’elle, loin de là. Acceptant toujours de jouer franc-jeu, le jeune homme finit par humecter ses lèvres, et par dire la vérité, la réalisant lui-même au passage : Sans doute que j’avais pas le cran de me pointer chez toi quand j’avais pas picolé… Il a un peu honte de l’admettre en un sens, mais c’est vrai. Quand il était complètement beurré, il n’avait aucun scrupule à débarquer chez elle, à la déranger en pleine nuit et à lui sauter dessus… ! Par contre, sobre, il n’aurait peut-être pas pris ses aises de la même manière.

Lorsque la photographe tente d’endosser toute la responsabilité pour ce qui s’est produit, le mécanicien esquisse un sourire et secoue la tête. Je t’ai pas facilité la tâche non plus ! Concède-t-il, l’air bien plus détendu désormais.

Chase ne regrette pas de s’être arrêté sur le bas-côté pour entamer une conversation sérieuse avec Peyton sur leur « relation » et sur ce qui s’est passé entre eux deux par le passé. Ça lui fait beaucoup de bien de pouvoir comprendre un tant soit peu ce qui s’est passé dans sa tête, et de mettre les choses à plat une bonne fois pour toutes avec elle. Il a l’impression d’y voir un peu plus clair, et sans doute ne redoutera-t-il plus le moment fatidique où il devra la revoir, ou la croiser en ville par exemple. Il ne s’attend pas à ce que leur relation perdure, ni à ce qu’ils deviennent amis, mais si au moins ils pouvaient faire table rase du passé et aller de l’avant, ce serait quand même un bon point. Chase aimerait pouvoir être enfin serein vis-à-vis de tout ça. Et il a la sensation qu’ils sont en bonne voie pour ça, quand une conversation plus calme s’instaure entre eux et qu’ils en viennent à s’expliquer. L’attitude de Peyton le surprend, car s’il avait remarqué auparavant qu’elle ne redoublait pas d’assurance, il ne pensait pas du tout que c’était à ce point. Elle ne semble même pas croire qu’il puisse sincèrement s’intéresser à elle – du moins physiquement en tout cas, puisque c’est de ça dont il est question. Lorsqu’elle rougit puis qu’elle met cette attirance sur le compte de ses « souvenirs », le jeune homme arque un sourcil. Tu crois que je suis tordu à ce point ? Demande-t-il, dans un sourire. Franchement, Chase n’est pas du genre à se compliquer la vie ! Soit il trouve une fille attirante, soit il ne la trouve pas attirante, et dans son esprit, c’est toujours parfaitement clair. Y compris pour Peyton. Et puis je sais pas, c’est pas comme si je t’avais pas vue depuis des mois, t’es devant moi je te signale XD Lance-t-il, avant de partir légèrement à rire. C’est sûr, t’as des tenues plus sexy que celle-là, c’est vrai XD Mais n’empêche que je continue de le penser, même là maintenant. Lâche-t-il, toujours en espérant la convaincre. Il ne comprend pas qu’elle puisse remettre ses propos comme ça en question. D’autant qu’il n’a pas couché avec elle qu’une seule fois ! S’il revenait, c’était pour une bonne raison… Cela dit, il ne va pas insister des heures non plus, si elle ne veut pas le croire, et bien tant pis. Faut dire qu’il est loin de savoir ce que la jeune femme ressent au plus profond d’elle-même vis-à-vis de son apparence physique.

Ouais, j'en sais rien ! Répond le beau blond dans un sourire, l’air visiblement bien plus détendu désormais. Il se sent mieux, et ça se voit. C’est peut-être ce qui amène Peyton à tourner la tête dans sa direction, et à le regarder, enfin. Lorsqu’elle s’interroge, sur les nuits « volées », Chase n’essaie pas de répondre. Pour lui, ça fonctionne bien sûr, mais il a remarqué que pour la gente féminine, c’était bien plus compliqué à gérer en règle générale. Lorsqu’elle répond elle-même à sa question, le mécanicien esquisse un sourire. T’inquiète, je débarquerai plus chez toi comme avant si ça peut te rassurer, j’ai compris la leçon ! Lance-t-il avant de rire légèrement. Il a cru comprendre que c’était ce que la blonde voulait lui faire entendre : de ne plus essayer de s’incruster. Du coup le message est clair.

Peyton peut rougir, car ce n’est pas tous les jours que Chase se permet de faire des compliments à qui que ce soit. Il est assez renfermé et montre difficilement aux autres ce qu’il pense ou ce qu’il ressent quand c’est très personnel. Mais en l'état actuel des choses, le motard tient à jouer cartes sur table, et à faire preuve d’honnêteté. C’était important que la jeune femme le fasse avec lui, et il est persuadé qu’elle en a besoin de son côté aussi, d’autant qu’il découvre chez elle un réel manque d’assurance dont il n’avait pas conscience auparavant. C’est d’ailleurs ce manque de confiance en elle et le fait qu’il ait agi comme un imbécile qui a bouleversé la donne entre eux deux, et qui l’a poussée à le foutre dehors ce soir-là. Au moins, les choses sont plus claires, mais le motard n’a pas l’impression que tout est réglé pour autant, puisque la blonde s’entête à croire qu’il raconte n’importe quoi, qu’il ne la trouve pas attirante… Pourtant le mécanicien n’a pas pour habitude de fréquenter des boudins XD Qui plus est, il est revenu chez elle à bien des reprises, signe qu’il aimait sa compagnie… ! Il pensait que c’était clair. Mais apparemment pas aux yeux de son ancienne maîtresse. La voir sourire, puis rire, permet à Chase de se détendre encore un peu plus. Il sourit quand elle lui confirme qu’il est bel et bien tordu.

Comme un sac ? Nan mais attends, c’est un sweat super classe que tu portes là ! XD S’exclame-t-il, esquissant une moue d’abord, avant de sourire avec malice ensuite. Il se permet de la regarder avec plus d’insistance, maintenant qu’elle a la tête tournée dans sa direction. Et puis, histoire de mettre un terme définitif à ses doutes, Chase esquisse un petit sourire espiègle, et lui souffle, avec provocation : Si ya que ça, je peux te sauter dessus là, maintenant, tout de suite, juste histoire de te prouver que je mens pas (a) Un faux sourire angélique vient prendre place sur ses lèvres. Il n’est pas sérieux. Enfin si en un sens, puisqu’il serait tout à fait capable de coucher avec elle, dans n'importe quelles conditions d'ailleurs XD Mais il sait bien évidemment que ça ne se produira pas. Il tient juste à lui faire savoir que ce n’est pas sa tenue ou ses cheveux mouillés qui le rebuteraient. Signe qu’il la trouve vraiment attirante.

La question suivante et le clin d’œil de Peyton le poussent à sourire de nouveau. Il préfère la voir comme ça, et puis, lui-aussi, il se sent mieux à présent. Plus de mec bourré à 5 heures du matin. Confirme-t-il, avant de lever les deux mains, comme pour se faire passer pour un innocent qu’il n’est pas vraiment, avant d’ajouter : Mais si jamais t’as besoin de compagnie un soir… (a)

Chase n’hésite pas à faire de l’humour au sujet de son sweat, signe que l’ambiance a changé du tout au tout, et aussi qu’il est passé à autre chose. Rester sur cette histoire, et sur sa déconvenue de l’autre nuit, ça n’aurait pas de sens à présent que Peyton a bien voulu lui fournir une explication. Lui, il se sent mieux maintenant que les choses sont dites, et il se détend petit à petit. Il s’ose même à lui faire un compliment de taille, chose qu’il ne se permet pas avec toutes les filles, loin de là.

Lorsque la photographe étire ses jambes, le motard ne peut s’empêcher d’y jeter un bref coup d’œil, c’est plus fort que lui… ! Il trouve, d’ailleurs, que la jeune femme a un peu maigri depuis la fois dernière. Ce n’est pas flagrant pour autant et à ses yeux, Peyton reste jolie, surtout là maintenant, quand elle vient rire, tout en lui servant un regard charmeur. Quand elle gagne en assurance, même rien qu’un peu, elle a vraiment quelque chose. Dommage qu’elle ne s’en rende pas compte ! Et encore, le mécanicien ne sait même pas à quel point elle doute d’elle finalement. Il poursuit sur le ton de l’humour : Ah bah d’accord, super ! Pour quoi tu me fais passer maintenant, hein ? Je voulais juste te prouver ma bonne foi XD S’exclame-t-il, retournant la situation pour en devenir la victime. Ses sourcils se froncent cependant ensuite, quand il voit le sourire de Peyton disparaître, alors qu’elle recroqueville précipitamment ses jambes contre elle. C’est peut-être parce qu’ils ont une « vraie » conversation et qu’il ne cherche pas à lui sauter dessus, mais Chase a l’impression de remarquer des choses chez elle auxquelles il n’avait jamais fait attention avant.

Ok, ok, j’ai compris, pas la peine d'en remettre une couche sur mon alcoolisme XD Lui demande Chase, dans un sourire bien entendu. Il ne va pas se vexer pour ça, il sait très bien qu’il va souvent trop loin, surtout quand il passe la soirée au Warehouse auprès de son pote Nick. A eux deux, ils peuvent s’enfiler une bouteille de whisky sans problème, et le pire c’est qu’ils se limitent pas toujours qu’à ça. Ils devraient apprendre à ralentir c’est vrai, mais dans le feu de l’action, le motard a souvent un peu de mal à se montrer raisonnable. Aux dires suivants de la photographe, le biker sourit à nouveau. Hey mais ouais, la prochaine fois c’est toi qui devrais débarquer chez moi XD Histoire de remettre la balle au centre, quoi, c’est juste une suggestion… (a) Souffle le beau blond d’un air angélique. Au moins, Peyton ne doit plus avoir de doutes sur la question à présent, elle l’attire bel et bien ! Sans quoi il ne se permettrait pas autant d’allusions au sujet d'une éventuelle future nuit entre eux ! Peut-être d'ailleurs qu'une de ses tentatives finira par faire mouche ? Après tout, on ne sait jamais, qui ne tente rien n’a rien XD