Quoiqu’il se passe dans le futur, Chris devra apprendre à se confier un peu plus. Surtout si cela peut mettre en péril leur couple. C’est déjà assez difficile une vie à deux, si Christopher est en plus secret envers Morgan, ça ne facilitera pas les choses. Ils viennent quand même de vivre quelques jours éprouvant, l’anglais pensait vraiment que cette fois-ci, cela ne tiendrait qu’à un fil. Une chance qu’au final, la vérité ne consiste qu’en un petit baiser de rien du tout. Il ne sait pas ce qu’il ferait s’ils venaient à rompre, s’il le supporterait. Il ne sait pas si, un jour, l’ancien militaire dépassera les bornes à un point que le brun n’aurait plus la capacité de pardonner. Des fois, l’amour ne fait pas tout, et s’il n’a plus confiance en son amant, Morgan ne pourrait tout simplement pas rester avec lui.

Il fait bien rapidement le vide de cette partie de ses pensées. Du même coup, il note que malheureusement, Chris n’est pas du même avis que lui. Pour l’aîné, il est important de savoir qui a parlé à Morgan au sujet de cette "liaison". Pour Morgan, ce n’est pas nécessaire. Il a promis à Emily de ne rien dire en plus. Mais, même si c’était faux, elle ne devait pas penser à mal. Elle voulait juste prévenir l’anglais, elle croyait bien faire, peut-être. Il en vient à se poser des questions, mais ce n’est pas dans ses habitudes de rompre une promesse. Le ton froid et cynique de Christopher lui glace néanmoins les os. Il ne souhaite même pas imaginer ce qu’il ferait à la jeune femme. Chris est passé à la colère, et ça ne présage rien de bon. Pourtant, malgré son regard implacable, ses mots qui ne laissent aucune place au défilement, le britannique ose mentir.

— C’est.. c’est personne, souffle-t-il en détournant les yeux.  Mais c’était juste des rumeurs, pas spécialement quelqu’un en particulier tu sais... Je- je ne sais même pas son nom, elle ne me l’a pas dit je crois.

Il essaye d’être assuré, mais il a tout autant peur que l’américain ne s’emporte un peu plus. Déjà sa conduite n’a plus rien de souple et de serein. Rien ne dit que ce sera plus calme une fois à la maison, mais Morgan espère tout de même. Il sait Chris plutôt impulsif. S’il apprenait l’identité de la jeune femme, il serait capable de repartir aussi sec en laissant l’anglais derrière lui pour aller la retrouver et s’expliquer avec elle. Et le plus jeune n’a pas envie d’être à l’origine d’un meurtre à Shady Cove...

Au final, peut être que Morgan aura bien fait de ne pas dire le nom de ladite personne. Mais sur le coup, son silence ou plutôt son non aveu à le dont d’énerver Christopher. Pourquoi son amant se cache-t-il à nouveau derrière le silence ? Pourquoi ne veut-il pas lui dire qui lui a fait part de cette chose ? Cette chose qui a presque marqué la fin de son couple? L’ancien officier s’oblige à se calmer, ce qui est bien plus simple à dire qu’à faire. Sa conduite n’est plus aussi assurée qu’avant, des démarrages et ses arrêts sont bien plus brusque tout comme ses virages. Il se rend compte comment Morgan est plus tendu à côté de lui. Mais il n’en a rien à faire.

Christopher ne répond rien à Morgan jusqu’à ce qu’ils aient atteint la maison. Il se gare, éteint la voiture et sort en claquant la portière dans un mouvement de subite rage.

« Pourquoi ? » dit-il en se tournant vers son avant et en l’observant au-dessus de la voiture « Pourquoi tu veux rien me dire putain ?  Je … » il soupire vivement puis ferme les yeux et se pince l’arrête du nez « je … j’ai le droit de savoir. » il rouvre les yeux, s’adoucissant quelque peu « J’ai le droit de savoir qui est responsable de tout ça. Qui te l’a dit avant que j’en ai eu l’occasion. » il pince les lèvres et dévie le regard se mordant l’intérieure de la joue « Celui qui a presque tué notre couple et qui… »

Sa voix se brise subitement. Celui qui a presque eu leur couple sur la conscience ce n’est personne d’autre que lui, l’ancien militaire trop égoïste pour penser aux sentiments de son amant. Le connard qui n’arrive pas à se confier … ou qui utilise cette excuse pour ne pas le faire ? Peu importe, il n’a pas le droit de rejeter la faute sur quiconque d’autre que lui-même.

« Laisse tomber va. On ne va pas déjà se prendre la tête. » reprend-t-il en se calmant et en soupirant doucement avant de contourner la voiture. Après l’avoir fermer à clef, il s’approche de Morgan et, prenant son visage en main, il l’embrasse tendrement « Merci. » souffle-t-il avec un doux sourire.

Il le regarde encore quelques instants, apprécie de se plonger à nouveau dans le bleu si profond de ces iris, se délecte de la noyade dans les méandres océanique … mais est bien trop vite rappeler à la réalité. Par un coup de vent plus frais ? Un bruit de moteur ? Un bruit de pas ? Il ne saura le dire. Il finit par se redresser, ayant comme un mauvais pressentiment, et regarde autour de lui, a la recherche d’un quelconque danger. Mais ils sont seul. Alors, attrapant la main de son amant, il le tire vers la porte de la maison.

Et pourtant, s’il avait regardé la rue avec plus d’attention, il aurait remarqué la voiture grise arrêté un peu plus. Une voiture inconnue, avec la plaque d’immatriculation de Seattle.

Morgan pense qu'il a bien fait de tenir sa langue. Il n'est pas mécontent que Chris n'ait pas noté l'emploi du "elle", comme ça il n'a aucune piste. Il sait bien qu'en ne disant rien, il l'énerve d'avantage, mais il court le risque. Et le mensonge passe plutôt bien. Emily n'est pas responsable, elle ne voulait pas lui faire du mal pour lui faire du mal. Du moins, c'est qu'il pense. Il ne compte donc pas la dénoncer, ou quoique ce soit du genre. Sans une remarque de plus, il se tend parfois pour amortir la conduite de Christopher qui est la conséquence de son état. L'un comme l'autre restent silencieux jusqu'à ce que la voiture se gare et s'arrête devant la maison. Sortant de l'habitacle, Morgan sursaute légèrement en entendant la portière claquer. Chris n'a pas l'air content. Il s'attend à voir des nuages d'orages et du tonnerre au-dessus de la tête de l'ancien militaire, mais rien. Ou plutôt, ils s'atténuent bien vite, ces nuages noirs.

Christopher ne comprend tout d'abord pas pourquoi il ne veut pas lui dire la vérité, il dit qu'il a le droit de savoir qui est responsable pour cette situation merdique. Et puis il se tait. Parce que ça pourrait bien lui correspondre à lui aussi. Celui qui a tué leur couple. C'était à deux doigts quand même. Morgan ne dit rien, il le regarde simplement avec douceur, ne le quitte pas des yeux lorsque Chris le rejoint de ce côté-ci de la voiture, et sourit légèrement lorsqu'il dit qu'ils vont arrêter là avant de déjà se disputer. Puis il ferme les yeux quand il reçoit un baiser de son amant, le premier depuis trop longtemps. Il y répond sans peine, est presque déçu que la fin vienne, mais arbore simplement un beau sourire en entendant le petit merci. Le brun ne souvient pas avoir sourit comme ça depuis des lustres. De même qu'il ne souvient pas avoir plongé dans les yeux de son amant, juste pour le plaisir de l'instant.

Christopher finit par rompre le contact visuel et regarde ailleurs, pour une raison qui échappe totalement au britannique. Il tourne bien la tête, mais ne remarque rien d'étrange. Puis l'américain lui prend la main et le tire vers la porte de la maison. Morgan jette un coup d'oeil en arrière, mais ne voit toujours pas quelque chose de spécial. Il y a bien cette voiture grise, mais elle est banale. De cette distance, il ne voit pas grand-chose de toute façon, si ce n'est que la forme lui rappelle vaguement quelque chose. M'enfin, il passe bien vite à autre chose. Chris ouvre la porte, entre, et le jeune homme entre à son tour, fermant la porte derrière lui. Tandis que son amant s'avance et s'apprête à passer dans le salon, l'anglais se déchausse, se tenant au mur pour éviter de se ramasser comme il sait si bien le faire.

— Au fait, ça t'as pris comme ça de venir me chercher à Ashland ? demande-t-il en posant son sac au pied du meuble, puis il relève la tête et croise le regard de l'ancien officier. Pas que ce soit mal hein, précise-t-il, en déboutonnant et enlevant sa veste. Juste que.. ça m'a quand même... je sais pas, fais plaisir.. souffle-t-il en baissant les yeux, rougissant un peu.

Et à peine a-t-il accroché sa veste au porte-manteau que quelque sonne à la porte. D'abord étonné, il jette un coup d'oeil à Chris. Comme il est le plus près, il y va bien naturellement. Il ouvre donc la porte, avec un début de sourire accueillant. Mais son "bonjour" meurt bien vite sur ses lèvres. Sa bouche s'entrouvre, ses yeux s'écarquillent, sa main relâche la poignée de porte, son cerveau cesse de fonctionner. Son père...

Ce baiser est tellement parfait, sans doute parce que ça fait 4 jours qu´il n´a pas jouit de la proximité de son amant. Bon dieu, ce qu´il aime ce gamin. Même si sa confiance en lui a fortement été mise à mal par cette situation, Christopher ne doute pas que ça ne peut que aller en s´arrangeant. Cela est confirmé par le magnifique sourire que lui offre son chéri après leur baiser. Le voir comme ça fait chaud au coeur, vraiment. Christopher sait, dès a présent, qu´il ne veut plus jamais voir l´air triste et torturé sur ce magnifique visage. Il fera tout pour ne plus mettre son petit chéri dans cet état.

Répondant à son doux sourire, Christopher lui attrape finalement la main et l´entraine à l´intérieure de la maison, non sans se dire que quelque chose cloche. Est-ce le temps changeant qui se fait orageux et plus menaçant? Peut-être. Quoiqu´il en soit, l´ancien officier frissonne et est bien content lorsque la porte se referme derrière lui. Il soupire discrètement et s´avance pour enlever ses chaussures, lorsque Morgan reprend la parole. Tournant le regard vers lui, Christopher l´écoute attentivement demander si ça l´a prit comme ça de venir le chercher à Ashland, avant d´ajouter que ce n´est pas dérangeant mais seulement surprenant.

"J´avoue que c´était plus sur un coup de tête qu´autre chose" répond Christopher en se penchant un peu pour enlever sa seconde chaussure "Je n´avais pas envie d´attendre jusqu´à ce soir et ..:"

Il se tait subitement en entendant la sonnette de la porte d´entrée. Un regard interrogateur échangé avec Morgan plus tard, ce dernier s´approche de la porte, tourne la clef et l´ouvre. Christopher, qui s´est placé derrière son amant, regarde au-dessus de son épaule ... et hallucine.

Même s´il ne l´a plus vu depuis plus de 10 ans, il n´a pas de mal à reconnaître John Smith, le père de Morgan. Grand, cheveux noir et grisonnant au niveau des tempes, l´ancien officier s´étonne furtivement du fait que le plus jeune ait hérité des yeux de son parternel. Enfin. Tous les trois s´observent et Christopher remarque bien que le visage de l´homme est tordu de colère. Une haine bien visible aussi dans ses yeux. Une rage qui lui glace le sang dans les veines.

"John ..." souffle-t-il, mais ne peut en dire plus.

Tout se passe très vite. John s´avance et vire sans état d´âme le pauvre Morgan de son chemin. Christopher, qui a fait un pas en avant, le regard rivé sur son amant, s´inquiètant pour lui, voit son attention être détournée par un ... coup de poing bien placé. Une violente douleur éclate au niveau de sa mâchoire, tandis que sa tête fait un quart de tour vers la droite. Bien trop surprit par cet acte, il n´a pas le réflex de rester face à l´homme. Une main sur sa mâchoir, les yeux fermés, il a le dos tourné à l´homme. Faute de débutant. John profite de cette faille pour l´attraper par les épaules, le retourner et le plaquer vivement contre le mur. Bras gauche le maintenant contre le mur et coupant à moitié la respiration de l´ancien militaire, il s´acharne verbalement sur lui. "Après William, c´est mon deuxième fils que tu me voles" ou "Tu n´es qu´un putain d´enfoiré, je l´ai toujours sut" ne sont que deux des nombreuses insultes qu´il lui crache à la gueule, le tout en accentuant graduellement la pression sur son bras, coupant à chaque fois un peu plus la respiration de Christopher.

"Je n´ai volé qu´une seule chose ici" grogne Christopher alors qu´un sourire cynique se peint sur son visage "La virginité de ton fils. Mais je te rassure, ça n´arrivera pas une deuxième f..."

Il ne peut en dire d´avantage, car une fulgurante douleur au niveau de ses côtes gauche, lui coupe la respiration. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, il suffoque. Une fois que ses poumons aient retrouvé leur usage, Christopher pousse un gémissement de douleur étouffé et ferme les yeux, tentant vraiment maintenant de se délivrer. Si John ne le lâche pas bientôt, Christopher y laissera la vie. Il en a la certitude.

Un baiser, un sourire, un regard, il n'en faut pas plus à Morgan pour se sentir bien. Ou en tout cas mieux que depuis plusieurs jours. Une fois rentré à l'intérieur, la porte de la maison fermée, il se sent comme coupé du monde et simplement seul avec Chris. Un peu comme si rien d'autre ne pouvait leur arriver, parce qu'ils chez eux, à la maison. L'anglais en profite pour repartir sur un autre sujet, et il demande à son amant si ça lui a pris d'un coup de venir le chercher à l'université. Parce que finalement, ça lui a plu. C'est la première fois que Christopher le ramène à Shady Cove, et c'est plus sympa que de prendre le bus.

Ainsi, c'est vraiment sur un coup de tête que l'américain est venu le chercher. Car il n'avait apparemment pas envie d'attendre le soir. Et aussi pour une autre raison, mais Morgan ne la connaîtra jamais. La sonnette retentit, coupant court à leur discussion. Le jeune britannique va ouvrir, étant le plus proche, mais il sent bien que Chris n'est pas loin. Dommage pour lui, dommage pour eux. Dommage tout court.

Bien loin de s'imaginer sur qui il va tomber, il est on ne peut plus surpris de trouver son père face à lui. La seule personne dans tout l'univers qui ne pouvait pas, ne devait pas venir ici, sonner à leur porte. Merlin est certain qu'il sait pour eux, ne serait-ce qu'à cause de son expression de colère entièrement dirigée vers Christopher. En effet, après avoir fixé durement son fils, John Smith a bien rapidement porté son attention sur l'ancien militaire. Le brun se tend inconsciemment sous la tension présente tout d'un coup. La colère de son père lui a toujours fait cet effet-là, il est pétrifié de peur, il a tout juste reculé. Mais il ne peut baisser les yeux, comme il l'aurait fait, il est bien trop sous le choc. Grand, les mêmes cheveux, noirs et grisonnants, les mêmes yeux, le même bleu. Il n'y a pas de doute qu'ils soient de la même famille. Chris a forcément fait le lien, même s'il ne l'a vu depuis une décennie.

La différence, c'est la haine présente dans les yeux du père de Morgan, qui vire son fils de son chemin sans ménagement pour envoyer son poing dans la mâchoire de l'ancien militaire. L'étudiant a quand même le temps de perdre l'équilibre et de se rattraper au meuble de l'entrée. Et il se retourne en percevant le bruit sourd, effaré. Pourtant, il ne peut rien faire. Impuissant, il voit son propre père attraper Christopher et le plaquer contre le mur d'une force étonnante pour son âge. Il lui coupe presque la respiration d'un bras, le maintenant du même coup, et il en profite pour lui jeter ses quatre vérités à la gueule. Morgan n'arrive pas à réagir convenablement.

— Père... souffle-t-il, bien vite éclipsé par la réplique de Chris.

Des fois, l'anglais se demande où son amant va chercher ses remarques. Pour le coup, il aurait préféré s'en passer. L'évocation de sa virginité, face à son père, c'est extrêmement gênant, encore plus de cette façon. Cependant il n'a pas le temps de rougir qu'il doit étouffer un cri du surprise lorsque Christopher se fait frapper au niveau de l'abdomen. L'expression de son amant provoque une chose semblable à une décharge électrique qui fait réagir Morgan. Il s'avance, se précipite plutôt, et agrippe le bras de son père. Il le force à s'écarter, à lâcher prise, et s'interpose entre les deux, se retrouvant ainsi dos à son amant.

— Pousse-toi Morgan, ordonne John d'un ton sans appel.

— Non, rétorque Merlin en le fixant d'un regard déterminé, même si il sait que son père pourrait lui en retourner une. Il prend sur lui.

Quel con putain. Christopher n´a jamais supporté John. Et vice versa. Mais là à penser qu´il viendrait jusqu´ici, à Shady Cove, une petite ville perdue dans l´Oregon juste pour s´acharner verbalement et physiquement sur lui? Non franchement, l´ancien officier n´y était aucunement préparer. Personne n´y était préparer. Il avait juste envie de passer une soiré avec Morgan à discuter et faire d´autres choses plus ou moins intéressantes. Mais John est venu et gâche tout. Absolument tout.

Mais, en pensant de son amant, Christopher tourne le regard vers le plus jeune qui se relève et se remet de sa chute. Il aimerait sourire et lui demander si ça va, mais John décide, à ce moment là, d´accentuer d´avantage la pression sur sa gorge, lui coupant d´avantage la respiration. Les yeux fermés, Christopher ouvre la bouche, espérant ainsi pouvoir inspirer un minimum pour avoir assez d´oxygène de le sang et survivre. Mais John ne l´entend pas de la même manière et l´étouffe encore plus.

Et pourtant, au moment crucial, celui oú Christopher sent sa conscience le perdre, il peut compter sur son amant. Sortant de nulle part, il se jette sur son père, l´oblige à lâcher prise et s´interpose entre eux. L´ancien militaire, relâché ainsi brusquement, est obligé de prendre sur lui et s´appuyer contre le mur pour ne pas perdre l´équilibre. Déglutissant, il prend une profonde inspiration ... qui se finit en gémissement étouffé lorsque ses côtes se plaignent douloureusement. Lâchant le mur, il se tourne à moitié et se penche en avant, se tenant le côté droit. Bien qu´ayant le visage crispé, il s´oblige tout de même à respirer lentement et, ignorant complètement sa douleur, se tourne à nouveau vers Morgan et son père au moment oú celui-ci lève la main, sans doute pour frapper son fils,

Christopher ne réfléchit pas. Attrapant les épaules de Morgan, il le dégage vivement vers la droite. Lui même n´a pas le temps de se mettre à l´abris mais remercie ses réflex de karataka. Rapidement, il lève le bras pour parrer l´attaque de John. Repoussant son bras, il referme sa main sur son poignet, se tourne légèrement, prend appuie sur sa jambe gauche et envoie brusquement son pied gauche contre la hanche du plus vieux. C´est dans un cri de douleur que John ne peut réprimer, que celui-ci se recule vers l´autre côté du couloir. Mais Christopher n´a pas finit. Se redressant, il s´avance vers l´homme qui s´appuie sur le meuble afin d´assurer son équilibre.

"Tu peux t´attaquer à moi" dit-il sèchement en se plaçant à côté de John "Tu peux me frapper autant que tu veux" il l´attrape par le col et l´oblige promptement à se redresser "Mais tu ne t´attaque pas à Morgan. Ok?" il le pousse contre le mur et s´avance, menaçant "Je te jure, si tu lèves encore une seule fois la main sur ton fils, ce n´est pas en voiture que tu rentreras à Seattle mais en ambulance" il marque un temps d´arrêt "Ou en corbillard, au choix." Il continue de le fixer durement "Maintenant tu dégages. Tu retournes te cacher dans ton trou et tu nous fous la paix, comp ..."

Encore une fois, il ne peut pas finir sa phrase, John réitérant son attaque par un coup de poing. Christopher esquive souplement, lui attrape le bras, place son pied derrière sa jambe d´appuie et le fout littéralement à terre sans contrôler sa chute. Penché en avant, Christopher le maintient en position avec force mais est obligé de prendre sur lui à cause de la douleur grandissante. Ce connard a quand même de la force. Son coup de poing fait vraiment un mal de chien.

"Ne te mesure pas à moi sale vieux" menace-t-il en resserant sa poigne sur le bras de John "tu risques de ne pas faire long feu." Il le fixe encore, puis, le relâchant, se redresse et se recule d´un pas avant de désigner la porte d´entrée "Maintenant tu dégages. Je ne veux plus jamais te voir ici."

Christopher et John n'ont jamais pu s'encadrer, mais pas jusqu'à se frapper. Là ça dépasse l'entendement. Que le père soit soit venu depuis Seattle sidère Morgan. Il a appris pour eux, peu importe comment. Il sait, et ça ne lui paît pas du tout. Et il a du les voir s'embrasser là, juste à côté de la voiture, avant de rentrer. L'anglais a autant peur pour lui que pour Chris. Son paternel lui file les chocottes, depuis toujours, et c'est encore pire en ce moment même. Il ne l'a pas vu dans une telle rage depuis des années. La dernière fois, c'était contre Will. Aujourd'hui, c'est contre l'ancien militaire. S'il réfléchit deux minutes, Morgan comprend la colère de son père, mais il ne la cautionne pas.

Il s'interpose entre les deux hommes, arrêtant un instant les hostilités et permettant à son amant d'enfin respirer convenablement. Pour protéger ce dernier, il reste le plus droit et le plus déterminé possible. Il tient tête à John, il voit déjà les insultes et les coups pleuvoir. Son père n'a jamais été du genre tendre, et plutôt à l'ancienne concernant l'éducation. Bref, ce ne serait pas la première fois que Morgan s'en prend une sur le coin du nez. John est excédé par l'attitude de son jeune fils, il n'apprécie toujours pas qu'il lui tienne tête. Il lève une main, préparant son coup. Cependant, à la dernière seconde, Chris dégage le brun et bloque le coup d'un réflexe de karatéka. L'étudiant n'a pas vraiment tout compris, il retient juste la douleur de son père. C'est peut-être un con, mais bordel ! Ils ont pas le droit de se mettre dessus comme ça, ni l'un ni l'autre !

L'américain prend la défense de Morgan, menaçant John. Il est très convaincant. Mais ce n'est pas nécessaire, il aurait très bien pu faire face lui-même. C'est son propre père après, c'est son problème. Il ne veut pas que Chris paye pour lui. Mais Smith ne se laisse pas faire, malgré la douce proposition de l'ancien militaire de lui offrir le trajet retour en ambulance, il réessaie de frapper. Christopher n'a aucun mal à esquiver, et il va même jusqu'à faire tomber John sur le dos. Maintenant c'est pour son père que le britannique se fait du soucis. Il n'a pas envie que sa mère le retrouve complètement amoché. C'est qu'il n'est plus tout jeune quand même. Chris le menace de nouveau, lui ordonne de partir immédiatement, tout en se relevant.

Mais Merlin est trop curieux, et il connaît son père : il ne fait jamais quelque chose sur un coup de tête, c'est toujours avec un but. Et là, il veut savoir ce que c'est. Il hésite un instant, esquisse un geste pour aller l'aider à se relever, cependant il se reprend et reste en retrait. Ils se sont quittés en mauvais termes, ils ne se sont plus reparlés depuis des mois, mais pour Morgan, c'est encore son père. Un père têtu et tenace, qui parle mais que le brun n'écoute pas. Chris aussi doit répliquer quelque chose, mais il n'écoute pas. Il voit déjà venir la suite, et ces deux idiots vont finir par s'entretuer. John a le double de l'âge de l'américain, mais il a encore du répondant, et une carrure impressionnante. Bien loin de celle de son fils. Sans réfléchir, Morgan se place entre eux de nouveau, avant qu'ils n'en reviennent aux poings.

— Mais arrêtez bordel, on dirait des gamins !! s'exclame-t-il, dépassant son appréhension d'être physiquement en plein milieu d'une altercation.

Parce que bon, mine de rien, il est quand même au milieu, il est la cause de cette bagarre. Mais il ne veut pas qu'ils se battent, surtout pas pour lui. Il peut comprendre que son père ait mal pris le fait qu'il soit gay, mais c'est pas une raison pour rendre Chris responsable. Plus le temps passe, plus Morgan se dit que les filles ce n'était pas sa tasse de thé, de toute façon. Il aurait fini par avoir un, et non une, petit-ami. Christopher, c'est juste le bon, en plus d'être le premier. L'anglais est quelque part soulagé qu'ils l'écoutent, son intervention a eu le mérite de les couper dans leur élan.

— Est-ce que.. est-ce que maman sait que tu es là ? commence-t-il d'une petite voix, s'adressant à son père. Question stupide mais il fallait bien qu'il commence par quelque chose. Si tu es venu simplement pour passer tes nerfs sur Chris, laisse tomber, il n'y est pour rien, c'est pas lui le, le responsable. C'est juste que... Il soutient son regard, puis soupire légèrement en secouant la tête et en se reculant un peu. Tu ferais mieux de partir...

— Je ne suis pas là pour lui, je suis là pour toi. Tu es toujours aussi immature, tu ne sais pas ce que tu fais. Alors je te ramène. Tu rentres avec moi, annonce John de sa voix autoritaire, qui ne prête à aucune réponse, le regard fixé sur son fils.

Christopher a à peine fait deux pas en arrière, que Morgan se retrouve de nouveau devant lui, a leur hurler d´arrêter et à les traiter de gamin. L´ancien officier le regarde, un sourcil arqué, mais ne réagit pas, suivant simplement John du regard lorsque celui-ci se lève. Du coin de l´oeil, Christopher remarque qu´il met plus de poid sur sa jambe droite, sans doute que son coup de pied à la hanche n´est pas si annodin que ça. Mais il s´en fout complètement. Jamais il n´aura pitié de cet homme, pas après qu´il soit venu ici et encore moins lorsqu´il aura ouvert sa gueule.

Car ouais, après que Morgan se soit adressé à lui, demandant si Mary sait que son mari est là et s´il est simplement venu pour passer ses nerfs sur Christopher avant de soupirer et lui dire qu´il devrait repartir. L´ancien officier sert les dents et fixe durement le père Smith. Celui-ci soutient quelques instants son regard avant de porter son attention sur Morgan et lui répondre. Il lui fait clairement savoir qu´il est toujours aussi immature -ce pour quoi Christopher adorerait lui refaire son portrait- avant de dire qu´il rentrera avec lui. L´ancien militaire se dresse subitement et pince d´avantage les lèvres, soufflant par le nez.

"Ta gueule" lance-t-il en faisant un pas en avant, le poing serré et près a l´attaque. Il est pourtant retenu à temps par Morgan qui lui barre le chemin. L´ancien officier baisse un instant son regard sur son amant, s´apprête à le repousser pour passer -il n´aurait aucun mal pour ce faire- mais n´en fait rien, reportant son attention sur le père. "Tu crois vraiment que tu peux venir ici, dans ma maison? tu crois vraiment que tu peux t´acharner sur moi et ensuite dire ça?!" Il grince des dents "Jamais je ne laisserais Morgan partir. Surtout pas dans ses conditions. Tu rentres à Seattle, tu te calmes, tu oublies et après on en reparlera." il pose une main sur l´épaule de son amant "Mais crois moi, ce débat est perdu d´avance, tu ..."

-C´est mon fils! C´est grâce à moi qu´il est là, devant toi! J´ai le droit de décider ce qui est bon pour lui et ce qui ne l´est pas. Je l´ai supporté pendant 22 ans, je sais ce qu´il veut et ce dont il a besoin ! Ce n´est pas un putain de militaire de ton genre qui va me dire le contraire! aboie le père

"Ah ouais? T´es vraiment sûr?" il fait un pas sur le côté et passe devant Morgan "Il a 22 ans, il majeur et légalement responsable de ses actes. T´as beau être le géniteur, ça s´arrête là. T´as jamais été un père pour lui! Tu n´as jamais rien accepté de sa part! Tu ne l´as jamais écouté quand il avait besoin de toi. C´est Will qui s´est occupé de lui. Will et Mary. Tu aurais très bien put disparaître du jour au lendemain, ça n´aurait rien changé. Absolument rien."

John le fixe, ahurit. La bouche entre ouverte, il semble chercher ses mots, mais ne les trouve pas tout de suite. Christopher lui, soutient froidement son regard et lui laisse le temps nécessaire pour répondre. Mais rien ne vient. Rien ... à part un énième coup de poing que l´ancien militaire a vut venir. Sans problème, il l´esquive, attrape le bras et le lui tord dans le dos.

"Si tu ne sais pas quoi répondre, c´est que j´ai raison, pas vrai? Hein?" il accentue la pression sur le bras de John "Dit le que j´ai raison et que tu ne veux prendre Morgan que parce que tu ne supportes pas qu´il soit chez moi et que je soit heureux avec lui." il grogne et le relâche vivement.

Se reculant d´un pas, il lance un coup d´oeil vers son amant pour voir comment il va, détournant son attention de son adversaire direct qui en profite bien visiblement. Se retournant vivement, John fait deux pas en avant et frappe à nouveau, atteignant Christopher aux côtes. Il n´a pas eu de mal à viser et toucher exactement le même endroit qu´avant. La bouche ouvert en un cri de douleur silencieux, l´ancien officier se penche en avant, s´attrapant le côté par réflex et suffoquant. Les yeux fermés, le visage crispé, il attend, quelque peu en panique, que sa respiration revienne. Le dos tourné et bien trop occupé et obnubilé par sa douleur, il ne prend plus en compte ce qui se passe autour.

Son père le considère encore comme un enfant, comme l’ombre de Will. Autant l’aîné a été très tôt indépendant et très réceptif à l’éducation stricte, autant le cadet n’était pas à la hauteur. Le plus souvent dans les jupes de sa mère. Pourtant, à présent, et ce depuis des années, Morgan sait se débrouiller. John n’a toujours pas compris cela, il le voit toujours comme le petit enfant un peu trop fragile. Plus que tout, le brun n’a besoin de personne pour régenter sa vie. Il croyait que son père avait abandonné cette idée. Visiblement, non. S’il est venu, c’est dans le but de ramener Merlin à la maison. Il a juste profité de cette entrevue pour extérioser sa rage envers Chris. L’étudiant en est bouche-bée. Ils ne sont plus reparlés depuis des mois, et c’est maintenant que son père décide de reprendre les choses en mains ? C’est simplement parce que c’est avec Christopher qu’il vit, c’est obligé.

En parlant de celui-ci, c’est le plus rapide à répondre. Morgan, qui a perdu l’usage de la parole dans l’opération, le retient tout de même de s’attaquer de nouveau à John Smith. L’américain remet les pendules à l’heure ; il ne laissera jamais son jeune amant partir. Le père ne tarde pas à riposter, disant que c’est son fils, qu’il a le droit de décider ce qui est bon pour lui, qu’il sait ce dont il a besoin, ce qu’il veut... Et d’autres trucs pas très gais mais qui, bizarrement, ne prennent pas Merlin au dépourvu. Venant de son père, c’est même le contraire qui l’aurait surpris. Christopher a une réaction non moins normale. Passant devant le jeune anglais, il explique en quelques mots au paternel à quel point il a été peu présent pour son second fils. Ça doit faire vraiment mal à entendre. Morgan baisse les yeux, souhaite se faire tout petit, disparaître. Bien qu’il pense tout ça, la façon dont cela a été dit était juste cruelle. L’absence de réponse verbale est un indice, le fait que John frappe en est un autre. Le britannique ne relève la tête que lorsque son père se fait de nouveau maîtrisé. Chris veut lui faire avouer qu’il n’est là qu’à cause de lui.

C’est sans doute par fierté aussi que John veut récupérer son fils. Et sa place dans son estime a dû encore baissé à cause de son orientation sexuelle. Et au final, ne l’acceptant pas, Smith rejette en plus la faute sur Chris, estimant que c’est à cause de lui que Morgan est comme il est. Mais le père n’a jamais su être là pour lui, il n’a jamais su le voir vraiment, ils étaient trop différents. Il ne doit pas accepter le fait que le cadet soit heureux, qu’il ait quelqu’un dans sa vie – un homme – pour le combler plus que de raison. Et il ne doit surtout pas digérer le fait que cet homme, ce soit Christopher. Morgan est toujours en retrait, plutôt dans ses pensées. Il croise alors le regard de Chris, et n’a que le temps de se demander pourquoi il s’occupe soudain de lui. John en profite pour lui échapper et lui dire combien il l’apprécie avec son poing dans les côtes. Le britannique réagit immédiatement, et s’approche de son amant, presque en panique. Son expression de douleur n’est pas pour le rassurer. Cependant, il sent bien vite une main sur son bras, une poigne forte qui lui rappelle de trop nombreux souvenirs.

— P-papa ! s’exclame-t-il, un peu effaré sur les bords.

John le pousse sans vergogne devant lui, vers la porte d’entrée. Toujours ouverte depuis le début d’ailleurs. Il ne relâche pas son fils, ne fait même pas preuve d’une once de douceur. Son visage fermé montre bien à quel point il est décidé à mener à bien la mission qu’il s’est confié. Sans vraiment comprendre comment, Morgan se retrouve dehors, sur le perron. Il essaie bien de se libérer de l’emprise de son père, même si celui-ci lui dit, ou lui grogne, à plusieurs reprises, de se calmer et de se tenir tranquille. John a cependant beaucoup plus de force que lui, ce qui n’est pas vraiment dur. Le brun se tourne la tête une dernière fois vers la porte.

— Chris ! Puis il revient à son père, gigotant un peu plus après un instant de calme. Lâche-moi, t’as pas l’droit de-

— Je suis ton père, ne l’oublie pas, le coupe John comme si cela justifiait tout.

Christopher n´est pas du genre douillé. Il en a déjà vécu des douleurs, et ce à plus d´une reprise. Mais là, tout lui échappe. Penché en avant, la respiration courte, le visage et les muscles crispés, ses sens ne lui répondent plus. Tout est tourné vers ses côtes qui protestent à chaque inspiration. Alors qu´il retrouve l´usage de ses poumons, il ne peut les utiliser normalement. Déglutissant, serrant les dents, il tente tout de même de se détendre. Ce n´est que lorsqu´il reprend le contrôle sur les battemens de son coeur affolé, qu´il le remarque.

Le silence. Tout à coup, le couloir de sa maison lui semble bien trop silencieux. Quelque chose ne va pas. Lorsqu´en plus il entend que Morgan hurle son nom, Christopher sent la panique le gagner et il se redresse vivement. Ignorant tant bien que mal la douleur, il se retourne et regarde autour de lui. Morgan et son pére ne sont plus à l´intérieur. Levant la tête, son regard tombe sur les deux hommes qui se trouvent dehors. Plissant légèrement les yeux, il n´a aucun mal à remarquer que John tien bien trop fermément son fils, l´embarquant de force vers sa voiture. Il ne va tout de même pas le ramener à Seattle contre son grès, non? Putain. Smith en serait carrément capable de ça!

""Merde ..." grogne Christopher en se mettant en route.

Descendant les escaliers de la porte d´entrée, il se de dirige vers le trottoire alors que John et Morgan traversent la route. Ignorant la douleur qui lui traverse tout le côté droit, il accélère le pas, se met a courire, les ratrape et se place devant eux, barrant le chemin de John.

"Fait encore un seul pas en avant et je te jure que j´appelle les flic" dit-il en sortant son portable de sa poche. Il se doute fortement que Lucy se ferait une joie de lui passer les menottes et le foutre en taule pour un certain temps "La prison. Tu ne mérite rien d´autre." dit-il en montrant bien qu´il a déjà composé le numéro de la police de Shady Cove et qu´il est prèt à appeller "Et crois moi, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te retenir ici aussi longtemps que j´en ai besoin."

John le fixe, avec de grands yeux, puis fronce les sourcils "Essaie toujours, je suis le père de Morgan, je ..."

"TU N´ES RIEN POUR LUI MERDE!" s´emporte Christopher en s´avançant "Met toi ça dans ta petit cervelle: Morgan se porte bien mieux sans toi. Il est heureux ici alors fout lui paix!"

L´expression de l´homme montre qu´il est bien visiblement choqué par ces paroles. Il en relâche même l´emprise qu´il a sur le bras de son fils, si bien que celui-ci en profite pour s´échapper et se reculer de quelques pas. Christopher le remarque du coin de l´oeil mais garde son regard fixé sur le père Smith, dès fois que celui-ci viendrait sur l´idée d´attaquer à nouveau. Durcissant son regard, l´ancien officier fait un pas sur le côté, tout en gardant son portable bien en évidence, le pouce sur la touche "appeller".

"Dégage maintenant" dit-il un peu plus calmement en désignant la voiture d´un coup de tête "Les flic ne mettent pas plus de cinq minutes pour venir ici."

Il s´efforce de garder une expression dure, intransigeante et autoritaire, alors que la douleur augmente à chaque battements et chaque respiration. Serrant les dents et les muscles de sa mâchoire, il soupire lorsque John ne montre aucune réaction et s´avance d´un pas en direction. "Barre toi."

John Smith est vraiment décidé à le ramener à Seattle, de gré ou de force. Surtout de force, vu comme c’est parti. Il fait seulement ça car Morgan est heureux, complétement bien dans sa vie pour une fois, et qu’il n’y est absolument pour rien. Peut-être qu’il refoule le fait de ne pas apprécier ne rien représenter dans la vie de son fils. Il a déjà connu ça avec William. Mais c’est trop tard pour tout ça, d’autant qu’il ne l’avouera jamais. Bien trop fier. L’étudiant n’a pas envie de se laisser faire. Il a claqué la porte une fois, il peut très bien recommencer. Subitement, il comprend pourquoi Will a tout simplement coupé les ponts. C’est ce qu’il aurait dû faire, disparaître tout simplement. Il essaye de se défaire de l’emprise de son père, mais celui-ci a plus de forces qu’il n’y paraît. Morgan commence même à avoir mal au bras.

Il ne remarque être déjà au milieu de la route que lorsque Chris apparaît enfin devant eux pour bloquer le passage. Merlin est immensément soulagé de voir qu’il va mieux, rien que ça. Le regardant dans les yeux, Christopher menace John d’appeler les flics. Morgan ne doute pas qu’il le ferait. Pour le protéger, l’américain ferait tout. Et puis il croit se souvenir qu’il lui a parlé d’une femme flic, avec qui il fait parfois du sport. Le brun voit le téléphone, prêt à appeler les forces de l’ordre qui se seront rapidement là. Il jette un coup d’œil à son père, qui le tient toujours fermement et qui tente de contrer encore une fois. Toujours le même argument sur le lien du sang. Chris s’emporte et est blessant dans ses paroles. Bien que celles-ci soient plutôt véridiques.

John est choqué, il en lâche Morgan. Le jeune homme en profite pour se dégager complètement d’un mouvement du bras. Il recule de plusieurs pas, se mettant à l’abri. Il fixe la scène, tendu comme s’il s’attendait à tout moment que l’un ou l’autre dégaine le premier. Christopher se décale alors un peu, gardant son portable toujours en évidence, et prend la parole en ordonnant à John de dégager. Son ton est calme, mais froid. Un peu comme celui qu’il a lorsqu’il est en mode "autoritaire". Son expression va aussi dans ce sens. John n’a toujours pas réagit, et continu de soutenir son regard même lorsqu’il s’avance et lui dit de nouveau de se barrer. Le jeune anglais, en retrait, croise les bras sous le petit vent frais désagréable. Quelle journée. Autant nulle que très bien. Finalement, le visage fermé, le père se tourne vers son fils. Ce dernier sent la colère rentrée de son paternel, et ça lui hérisse le poil. Rien que cette aura l’intimide, mais fait est que face à son père, il se sent bien petit.

— Ta mère sera très déçue Morgan, elle avait encore de l’espoir, commence-t-il d’un ton qui se veut neutre, mais qui est culpabilisant. Il essaie de toucher la corde sensible, il sait parfaitement que son cadet est très proche de Mary. Tu ne peux t’imaginer à quel point elle a eu le cœur brisé lorsqu’elle a appris pour toi...

Voilà qu’il essaie à présent de le persuader par des mots. Il a toujours su appuyer là où sa mal, et malgré tout, il sait très bien sur quelles ficelles tirer pour manipuler Morgan. Ce dernier se sent coupable vis-à-vis de sa mère à présent. Son père n’acceptera pas son homosexualité, pas vu comment il en parlait déjà avant. Il considère ça comme une tare. Le jeune homme avait cependant espoir que sa mère soit plus compréhensive, plus ouverte. Il en vient clairement à penser qu’elle aussi est déçue par sa conduite. Il baisse les yeux honteux, mais quoique John dise, il ne rentrera pas à Seattle. Sa place est avec Chris, point.

— Va-t’en, arrive-t-il à articuler assez fort.

— Tu n’as pas fini d’entendre parler de moi, siffle son père en serrant le poing.

Morgan ferme furtivement les yeux. C’est à ce moment-là que devrait intervenir la baffe paternelle. Mais rien. Il relève le regard un court instant. John est toujours là, droit, le fixant d’un air indéfinissable mais négatif. Il porte ensuite son attention sur Christopher, le toisant avec encore plus de haine, avant de tourner les talons. Morgan le regarde retrouver sa voiture, y entrer, démarrer, et partir. Il fixe encore la voiture grise qui s’éloigne, un peu hébété. Il n’en revient juste pas. Le silence, après tous ses mots, cette colère, est assourdissant.

Christopher reste planté là à fixer John durement et à maintenir son portable en évidence, le pouce prèt à appuyer sur la touche pour appeller les flic, montrant ainsi qu´il est bien loin de plaisanter. De toute manière, toute cette histoire concerne Morgan, et on ne plaisante pas avec lui. Les dents serrés, l´ancien officier essaie tant bien que mal à garder la douleur à un niveau soutenable en ne prenant que de petites bouffés d´air. Lorsque le plus vieux se tourne vers Morgan, Christopher se redresse, reprime une grimace de douleur et fait un pas en avant, se préparant malgré tout à protéger son amant.

Mais fort heureusement, rien ne se passe. John décide non pas d´attaquer par la force physique, mais par la force verbale. Et ce qu´il dit est presque pire que les coups de poings qu´il a distribué avant. Il lui crache à la figure que sa mère sera fortement déçue, qu´elle avait encore de l´espoir pour lui. Christopher sert les poings, durcissant son regard. Quel enfoiré, sérieux. Pourquoi dire une telle chose, maintenant? Ne se rend-t-il donc pas compte du mal qu´il a déjà engendré rien qu´en venant ici? Est-il obligé d´en rajouter une couche? Oui. Il lui dit que Mary a eu le coeur brisé en apprenant ça. Christopher se mord sur la lèvre inférieure et lance un coup d´oeil à son amant.

Tout ça n´est qu´une ruse. Une simple vengeance car, même si John n´a jamais été là pour son fils, il sait que celui-ci est sensible et que les mots l´atteignent bien plus. Aussi le sait-il très proche de sa mère. L´ancien officier continue de regarder son amant avec une douceur infinie qui s´accentue lorsqu´il dit a son père de partir. Ne voulant pas lui laisser le dernier mot, l´homme dit qu´ils n´ont pas fini d´entendre parler de lui, avant de partir. Silencieux, les deux hommes restent immobile sur la route et suivent la voiture du regard. Ce ne que lorsque celle-ci sort de leur champs de vision, que Christopher réagit.

Se tournant complètement vers son chéri, il range son portable, s´avance vers lui et, posant une main sur son dos, le pousse légèrement vers la maison pour lui faire comprendre son intention de rentrer. Lentement et toujours en silences, ils se dirigent vers l´autre côté de la route, traverse le perron et entre dans la maison. Christopher referme la porte derrière lui et tourne la clef pour la vérouiller. Puis, il se tourne à nouveau vers Morgan.

"Désolé." souffle-t-il. "Je n´ai pas été tendre avec ton père. J´espére que tu ne m´en veux p..."

Il ne peut finir sa phrase car une vague de douleur lui traverse le côté droit. Fermant les yeux, crispant le visage et étouffant un gémissement, il se penche en avant en se tenant les côtes. Déglutissant, il sent une panique grandissante le gagner, faisant accélérer les battements de son coeur. John n´aurait tout de même pas eu la force de lui briser une ou deux côtes, non? Quoiqu´il ait tout de même visé et et toucher deux fois le même endroit. Ce n´est donc pas a exclure. Instantanément, son aversion pour le père de son amant remonte d´un cran. Un connard. Un salaud. Enfin. Soupirant lentement, tentant de se détendre un peu, il se redresse légèrement en grimaçant et lève son regard sur son amant.

"ça va toi?" lui demande-t-il entre ses dents serrés pour combattre la douleur "Il ne t´as pas fait mal j´espère ..."

Si c´est le cas, Christopher est d´ors et déjà sûr que ce n´est pas John qui reviendra à Shady Cove, mais lui qui ira à Seattle.

Morgan reste un peu sans voix en prenant conscience de ce qui vient de se passer. Il était bien loin de s'attendre à trouver son père sur le pas de la porte. Il ne pensait qu'il aurait fait le chemin depuis Seattle simplement pour le ramener. Mais ses intentions étaient à son image. L'étudiant aurait presque plus mal à entendre ses dernières paroles qu'a subir sa poigne de fer. L'évocation de sa mère tombe à pic pour l'attirer un peu plus vers le fond. Il est sensible de base, que ce soit par les mots ou par les poings. Et son père sait bien évidemment sur quel bouton appuyer pour que ça fasse mal. L’habilité des frères à utiliser les mots ne vient pas de nulle part, après tout.

Le jeune homme lui dit malgré tout de partir, sans céder. John veut avoir le dernier mot, comme toujours, et à ce jeu-là, son fils a appris très tôt à ne pas essayer de gagner. C'est silence que Morgan et Christopher le regardent partir, et c'est l'aîné qui réagit en premier, lorsque la voiture disparaît complètement. Encore un peu dans la lune, l'anglais rentre sans se faire prier, sans un mot. Il s'arrête dans l'entrée, alors que Chris referme à clés la porte derrière lui. Il se tourne lentement vers lui, secouant la tête de gauche à droite en l'entendant s'excuser. Il n'y a pas besoin, John n'a pas non plus fait dans la dentelle. Merlin pense qu'il n'a eu que ce qu'il méritait pour s'attaquer à l'ancien militaire, alors que celui-ci n'était pas concerné par l'histoire.

Puis Christopher est obligé de s'arrêter de parler, à cause de la douleur. Même s'il ne dit rien, Morgan est immédiatement inquiet et fait un pas vers lui. Il ouvre la bouche, mais la referme peu après. Pour une fois, il n'a plus cet empressement alarmé à s'assurer que tout va bien. La venue de son père l'a traumatisé quelque part, aussi parce que maintenant, il se pose des questions au sujet de sa mère, ce qui est plus préoccupant. Son coeur se serre en voyant son amant se tenir les côtes et grimacer. S'il a des séquelles à cause de John, Morgan s'en voudra, assurément. Il sait que lorsque son père en vient à utiliser ses poings, il ne fait pas semblant. L'américain lui demande alors si lui, il va bien, si John ne lui a pas fait mal. Quelle question idiote.

— Non, souffle-t-il en secouant légèrement la tête. Non c'est bon, j'ai rien. Il s'avance, le regard toujours baissé pour dissimuler le fait qu'intérieurement, c'est quand même pas la joie. C'est plutôt à toi.. qu'il faut demander... Il relève son regard pour croiser celui de son amant. Ça va.. ? l'interroge-t-il, un peu hésitant.

Il se mordille légèrement la lèvre inférieure. L'impression que c'est de sa faute l'étreint et, bien que la culpabilité ne soit pas une chose nouvelle, c'est toujours autant désagréable. Il pose doucement ses mains sur le torse de Chris, puis les laisse glisser et passer dans son dos. Toujours lentement, il se serre contre lui, blottissant son visage dans son cou. Il a besoin de réconfort, il va le chercher. Il se sent mal. Mal d'avoir revu son père dans pareilles circonstances, mal que son père n'ait pas hésiter à frapper Chris, mal parce qu'il a été à deux doigts de voir son monde s'écrouler, et  ce par deux fois en quelques jours. Ça devient délirant, dans le mauvais sens du terme.

— C'est moi qui suis désolé pour.. pour tout ça. Pour mon père, pour avoir cru que tu m'avais... Sa voix se bloque à ce moment, alors il se reprend, passant directement au reste. Je veux pas te perdre.

Christopher est penché en avant, les yeux fermés et une main posée sur ses côtes. Ça fait un mal de chien ! Cet enfoiré de Smith n’y est vraiment pas allé de main morte, jetant toute la haine possible sur l’ancien officier. Fort heureusement que celui-ci ait tout de même encore ses reflex de karatéka qui ne l’ont pas quitté, sinon il ne serait surement pas debout là, devant Morgan et son jeune amant serait en route vers Seattle, embarqué de force par son père.

D’ailleurs, en repensant à ça, Christopher relève son regard vers le plus jeune qui le fixe avec inquiétude. Alors qu’en temps normal il aurait soupiré d’ennuie et aurait dit que son chéri s’inquiète trop vite et trop souvent, il se sent quelque peu rassurer par ce regard. Puis Morgan prend la parole. Bien que ça ne change en rien sa douleur, ses mots ont le don de rassurer d’avantage l’ancien militaire. Au moins un des deux va bien, pense-t-il, au moment où l’anglais s’avance vers lui. Se redressant en serrant les dents et en grimaçant, il abaisse sa main et frémit légèrement lorsque Morgan pose une main sur son torse. Se tendant un peu quand il passe ses mains dans son dos et qu’il se blottit tendrement contre lui, Christopher parvient bien rapidement à afficher un doux sourire et à se détendre. Levant lui-même ses bras, il entoure les épaules de son amour et le sert un peu contre lui, ignorant brillamment la douleur qui se propage jusqu’à sa hanche et qui monte jusqu’à sa nuque.

D’une voix faible, son amant reprend la parole. S’excusant à son tour que Christopher ait du vivre tout ça, que son père ait fait preuve de violence sur lui et pour le fait qu’il ait crut que … la voix de son chéri se brise avant la fait de sa phrase. Mais l’ancien officier peut se douter de la suite. D’autant que Morgan se reprend assez rapidement, lui disant qu’il ne veut pas le perdre. Si on était dans un roman d’amour à l’eau de rose, on dira que le cœur de Christopher fond à cette déclaration. Et c’est un peu le cas.

« Moi non plus mon chéri. » souffle-t-il en fermant les yeux et en le serrant un peu plus contre lui « Moi non plus. Je ferais tout pour toi. » il lui dépose un baiser sur la tempe « Sinon je ne serais pas venu jusqu’à Ashland et je ne me serais pas opposé à ton père » il sourit doucement et pose sa tête contre celle de Morgan « Ta place est ici. Aussi longtemps que tu le voudras… et que tu me supporteras. »

Il sourit un peu plus franchement, n’ayant pas put s’empêcher de reprendre les paroles qu’il a dites à Morgan lorsqu’il a débarqué comme un cheveu sur la soupe chez lui. Quand il pense tous ce qui s’est passé depuis. C’est un peu hallucinant quand même et s’il n’avait pas son chéri dans ses bras, là, maintenant, l’ancien premier maître n’y croirait peut-être pas. Mais fait est qu’ils ont fait un sacré bout de chemin, et que ce sentier n’est pas près à se finir. Christopher en est persuadé maintenant.

« Par contre.. » grimace-t-il en relâchant lentement son amant « Si tu pouvais éviter de trop me serrer ce serait pas mal…. » Il a effectivement senti comment Morgan resserrait son emprise. Sans doute inconsciemment, fait est que ses côtes l’ont bel et bien senti. Alors, se reculant d’un demi-pas, il se détache complètement de son amant et soupire doucement. « C’est presque hallucinant comment ton père à encore de la force pour son âge » reprend-t-il avec un peu plus d’humour en se frottant légèrement le côté droit.

Si John l’avait embraqué, Morgan aurait sûrement sauté de la voiture en marche. Il ferait n’importe quoi pour rester avec Chris, il n’y a que là qu’il est bien. Parfaitement bien. Personne sur cette terre n’a le droit de s’insinuer entre eux. L’anglais va retrouver un peu de chaleur dans les bras de son amant, et en profite pour s’excuser. Il s’en veut pour l’attitude de son père, qui est inacceptable. Il s’en veut aussi, un peu, pour avoir cru sur paroles que l’ancien militaire l’avait trahi. Il aurait dû lui en parler, même s’il l’aurait alors engueulé copieusement. Il ne va pas jusqu’au bout, et conclu simplement qu’il ne veut pas le perdre, à aucun prix.

En lui rendant son étreinte, Christopher lui répond qu’il n’en a pas l’intention non plus, qu’il ferait tout pour lui. L’étudiant se resserre davantage contre lui, ferme les yeux plus fort, il besoin de le sentir encore plus proche. Sa sincérité ne fait aucun doute cette fois. Il n’aurait pas défié John simplement pour le plaisir de se prendre un coup dans les côtes. Il lui répète que sa place est ici, tant qu’il le voudra. Et tant que Morgan le supporte. Ce dernier esquisse un sourire. Il se rappellera toujours de ces mots, ça leur va tellement bien. Et ce depuis le premier jour, depuis que Merlin a débarqué. Il ne remerciera jamais assez la vie, rien que pour lui avoir permis de retrouver Chris. Il n’imagine même pas sa vie sans lui, il ne voit pas comment il aurait pu faire sa vie sans lui.

Et puis la réalité les rattrape. Le plus âgé met un terme au câlin, se reculant un peu. Sans s’en rendre compte, Morgan l’a serré plus fort contre lui, sans penser qu’il pouvait lui faire mal. Il se détache de lui, de nouveau inquiet. Le regardant, soucieux, il s’apprête à lui demander ce qu’il a vraiment. Ceci n’augure rien de bon. Mais Christopher le devance avec un trait d’humour, se demande comment le papa Smith pouvait être aussi fort. C’est vrai qu’à près de soixante-ans, il a réussi à frapper assez fort dans les côtes de l’ancien militaire pour lui faire mal encore maintenant. Hochant la tête, un peu absent, le britannique pose une main sur les côtes de l’américain.

— Ce doit être le côté gaillard Irlandais, souffle-t-il simplement.

Lui et son père ont autant de différences que le soleil et la lune. Ils partagent les mêmes racines, et pourtant. Morgan n’est fait que de douceur, de gentillesse. Il ne lui viendrait jamais à l’idée de se défouler sur quelqu’un à ce point pour passer sa haine. C’est limite si le mot "haine" a un sens concret pour lui. Ca ne dure jamais vraiment longtemps, en tout cas. Sauf pour William, mais ce cas est très particulier. Il peut détester une personne, mais pour la haïr il faut que cette personne n’ait aucune once de bien en elle. Enfin, ici ce qui compte c’est Chris. Le brun relève son regard sur le visage de Chris, se rappelant qu’il a aussi été frappé au visage. Puis sa main va se poser délicatement sur sa joue, descendant du bout des doigts sur la ligne de la mâchoire.

— Et ta mâchoire ? Il reporte une nouvelle fois son attention sur ses côtes. Le naturel commence à revenir au galop, son inquiétude doit s’exprimer en mots. T’as vraiment mal ? Tu veux, je sais pas, un truc pour faire passer, ou... T’as quelque chose de cassé tu crois ? Je suis désolé, vraiment, dit-il, puis, ses yeux s’accrochant à Chris, il arque un sourcil. Depuis quand tu te laisses pousser la barbe toi... ? demande-t-il, passant subitement à autre sujet.

Trop d’émotion tue l’émotion. Il n’avait même pas remarqué un détail aussi flagrant ! Il faut dire qu’il ne l’a pas vraiment regardé depuis quatre jours, et toute à l’heure, il y avait un règlement de compte à mener à terme. Mais quand même... Encore un peu, et il demanderait pardon d’avoir été à ce point à côté de la plaque.

Au moins Morgan va bien, lui. Du moins physiquement. Si tout les deux étaient dans le même état que Christopher, c’aurait été bien plus problématique. Ainsi, les dégâts on put être moindre. Par contre, l’ancien officier ne peut pas savoir exactement comment son amant se porte moralement. Il se doute fortement que ce n’est pas la joie, que de voir son père débarquer ici puis s’attaquer au plus âgé a dut lui faire un choc. Mais Christopher décide de ne pas trop y penser. Si tout de fois il remarque un changement dans le comportement de son chéri pendant les prochains jours ou prochaines semaines, il avisera et prendre des décisions en conséquences.

Pour l’instant, il profite de cette proximité retrouvé avec son chéri et essaie de le rassurer du mieux qu’il peu, mais la réalité les rattrape bien trop vite et bien trop brutalement. Lorsque Morgan le sert d’avantage contre lui, ses côtes touchées protestent vivement, obligeant l’ancien militaire à se défaire de l’étreinte du plus jeune. Soupirant, il se passe une main sur ses côtes avant de se demander comment John peu encore avoir une telle force à son âge. Morgan lui répond, avec un petit sourire, que c’est sans doute l’effet ‘gaillard irlandais ‘. Le visage de Christopher s’éclaircit un peu.

« C’est la seule raison explicable …. » sourit-il avant que Morgan s’avance à nouveau vers.

Instantanément, en voyant la mine inquiète de son amant, son sourire disparaît. Christopher ne peut pas cacher sa douleur. Pas devant l’anglais, bien trop réceptif à ses humeurs et ses ressentiments. Il doit surement avoir un don d’empathie aussi. Enfin. S’avançant donc, il pose délicatement une main sur son visage, dessinant les contours de sa mâchoire avec le bout des doigts et lui demande s’il a aussi mal là. Trop prit par les pulsations douloureuses de ses côtes, Christopher en a carrément oublier le coup à la mâchoire. Et maintenant que Morgan en parle, la douleur à cet endroit se rappelle à lui. Testant la mobilité de la mâchoire, l’ancien premier maître lui fait faire quelque mouvement, avant d’hocher doucement la tête. Au moins tout semble encore être à sa place. Il aura juste droit à une magnifique marque, mais rien de plus. Puis, s’inquiétant d’avantage, Morgan lui demande s’il veut un truc contre la douleur, s’il croit qu’il s’est cassé quelque chose et … depuis quand il se laisse pousser la barbe.

Cette dernière question vient de façon tellement inattendue que Christopher se fige, le regarde fixé sur son amant avant de rigoler. Rire qui, malheureusement est coupé court par ses côtés. Grimaçant, et étouffant pour une énième fois un gémissement, l’ancien officier se penche un peu en avant et secoue la tête.

« T’es ignoble de me faire rire maintenant ! » se plaint-il, alors qu’il n’en pense pas un traitre mot « Je ne me suis plus raser depuis la fête » reprend-t-il après que la douleur se soit un peu atténuéeet et s’être à nouveau redressé « Je sais pas … je n’avais plus goût à rien enfaite. Et je … » il détourne le regard « J’avais comme qui dirait ‘la flemme’ de ma raser. » il grimace légèrement, pour la forme avant de secouer doucement la tête « T’imagine un peu ? Moi le mec pénible du rangement et de l’ordonné, ne se rase plus parce que ça le fait chier. » il regarde Morgan alors que son sourire s’agrandit d’avantage « Enfin voilà. » il se passe une sur le menton « Au final je m’y suis habitué et je pense que je vais le laisser tel quel pendant un certain temps, au moins. »

C’est vrai que la barbe lui donne un autre air. Plus doux ? Moins stricte ? Il ne saura le dire. Il sait juste que sa dénote pas mal de son look d’ancien militaire qu’il est. Enfin, là n’est pas la question. S’avançant vers Morgan, il pose une main sur son épaule.

« Par contre je veux bien ton aide. » il le regarde, un peu incertain, avant de désigner les escaliers « Tu veux bien monter dans la salle de bain et regarder dans la boîte de pharmacie ? Je dois encore avoir un reste de codéine. Sinon de l’ibuprofène fera aussi l’affaire. » il désigne furtivement le salon « Si tu pouvais me ramener ça, se serait génial de ta part. »

Il sourit un peu et attend la confirmation de son amant. Lorsque celle-ci arrive, son sourire se fait plus détendu et se penche un peu pour l’embrasser furtivement, avant de passer à côté de lui. D’un pas lent et raide, il va dans le salon.

Morgan est franchement secoué par la visite impromptue de son père. Sensible comme il est, ça ne l'étonnerait même pas qu'il en subisse les conséquences morales pour quelques jours. Pour l'instant, il vient se rassurer auprès de Christopher. Il a un peu plaisanté au sujet de la force encore surprenante de son paternel, mais le coeur n'y est pas. Lorsqu'il est obligé de se séparer de Chris à cause des côtes de ce dernier, qui n'apprécient pas la pression, l’inquiétude se fait beaucoup plus présente. Il sait quand ça va pas. Il sait toujours quand quelque chose cloche chez son amant.

Mais il n'y pas que les côtes droites qui sont touchées, d'après ses souvenirs, la mâchoire a aussi fait connaissance avec le poing de John Smith. Il demande immédiatement à l'ancien militaire un état des lieux. Celui-ci teste la mobilité de l'articulation, puis lui fait signe qu'il n'y a rien de grave de ce côté. L'étudiant, rassuré au moins là-dessus, reporte son inquiétude sur le reste. S'il faut un passage à l'hosto, il s'en voudra personnellement pour les prochains jours, voire semaines. Cependant, son attention est miraculeusement (et incroyablement) déviée lorsqu'il remarque que Christopher s'est laissé poussé la barbe.

Incrédule et parfaitement sérieux, il n'est pourtant pas étonné de l'éclat de rire qu'il a déclenché chez son amant. C'est un habitué des questions qui sortent toutes seules sans préavis. Les gens réagissent de façon diverses. Malheureusement pour Chris, rire n'est pas la meilleure des choses à faire avec une douleur au thorax. Morgan s'excuse rapidement et du bout des lèvres, alors que l'aîné grimace de nouveau en lui disant qu'il est ignoble. Ce n'était pas son intention, loin de là. Et puis, l'américain lui avoue ensuite qu'il avait juste eu la flemme, depuis la fête, bien qu'un tel laissé aller soit étonnant de sa part. Le britannique fait le lien avec cette histoire. De son côté aussi, tout lui avait paru fade lorsqu'il avait cru apprendre la vérité. Néanmoins, Chris a l'air d'aimer son nouveau look.

— Uhm, ouais... souffle le jeune anglais, un peu pensif, en passant une main sur la joue de son amant. Et il l'observe vraiment. J'aime bien, avoue-t-il, avec un petit sourire.

Ça le change un peu son Chris, même beaucoup. Il n'en revient toujours pas de n'avoir rien remarqué, ne serait-ce que depuis tout à l'heure. Les quatre derniers jours il a tout fait pour ne pas le croiser, ne pas le voir, ne pas le regarder. Mais à Ashland quand même, et quand il l'a embrassé.. ! Non vraiment, il n'a aucune excuse. Enfin, tout compte fait, cette petite barbe rompt avec le côté officier-autoritaire-et-implacaple, tout en gardant ce petit truc de militaire. Non franchement, Christopher ne changera jamais. De toute façon, Merlin le trouvera toujours magnifique, il n'y a pas à discuter.

Et puis l'ancien militaire lui demande monter à l'étage, pour chercher quelques médicaments dans la pharmacie de la salle de bain. Il hoche bien évidemment et, après un rapide baiser, se dirige vers les escaliers. Il jette un dernier coup d'oeil à Chris, se disant qu'au moins, sa cheville n'a pas trop fait de siennes dans la bataille. Manquerait plus que ça. Il se concentre ensuite sur les marches, arrive bien rapidement à la salle de bain, et farfouille bien quelques minutes avant de trouver la boîte providentielle. Il redescend aussi sec, tout en faisant gaffe. Il ne faudrait pas deux blessés dans cette maison. Morgan pense à aller chercher un verre d'eau à la cuisine avant de rejoindre le salon, et de déposer le tout sur la table basse en face de Chris.

— Là, tu veux autre chose.. ? demande-t-il en s'asseyant à côté de lui.

Après que Morgan ait fait part du fait qu´il aimait bien le nouveau `look´de l´ancien officier et qu´il se soit empressé de monter à l´étage pour chercher les médicaments, c´est d´un pas lent et raide que Christopher se dirige vers le salon. Grimaçant, chaque pas accentuant la douleur, il garde une main posée sur ses côtés. C´est insupportable et ce simplement parce que ses côtes touchées protestent à chaque inspiration.

Le chemin vers le salon ne lui a jamais semblé aussi long. Quoiqu´avec des béquilles et une jambe d´appuie en moins c´est a peu près aussi long. D´ailleurs, à ce propos, l´ancien militaire est fort content que sa cheville n´ait pas été touché dans le combat. Les côtes sont douloureuses, mais la peur que son ancienne blessure fasse des siennes est bien plus grande. Enfin. S´obligeant à expirer lentement entre ses dents serrées, l´ancien militaire s´installe lentement sur le canapé et trouve, relativement rapidement une position dans laquelle la douleur est supportable.Déglutissant, il rouvre les yeux lorsque Morgan apparaît à côté de lui et soupire doucement lorsqu´il pose le verre d´eau et les cachets sur la table basse. Aucun pitié, ce gamin. Enfin.

Se redressant en serrant les dents, Christopher se penche en avant, étend la main et attrape les cachets. Fort heureusement, son amant a encore trouvé de la codéine qui est un anti douleur bien plus fort que l´ibuprofène. Soit. Prenant les médicaments en bouche, il avale le tout avec le verre d´eau et en profite pour le vider, se rendant compte qu´il n´a rien but depuis ce matin, lorsqu´il est parti aller chercher Morgan. Reposant ensuite le tout sur la table, il tourne la tête vers Morgan.

"Oui, je veux autre chose." répond-t-il avec sérieux. "Des réponses. Tu ne veux toujours pas me dire qui est celle qui t´as dit ces ... ces conneries me concernant?" demande-t-il de but en blanc.

Il n´a certes, pas envie de mettre son amant mal à l´aise, mais cette pensée le tracasse et ne cesse de traverser son esprit. Aussi s´est-il, en parlant, subitement rendu compte que son amant à parlé au féminin lorsqu´il lui a posé la question la première fois. Attendant donc la réponse de son chéri et priant secrètement qu´il la lui donne cette fois-ci, l´ancien militaire se recule à nouveau contre le dossier, essayant de retrouver la position confortable qu´il a dut délaisser pour avaler les antalgiques.

Alors qu´il garde son regard fixé sur le plus jeune, Christopher sent comment un mal de tête commence à se mettre en route. Mais il ignorant la légère douleur sourde au niveau de sa tempe gauche, ayant simplement envie de réponse, là, maintenant. De toute manière, dans son état actuel, il ne s´énervera pas. Ou fera tout pour ne pas s´énerver.

Morgan s'attendait plus à ce que Christopher lui demande un café, ou une connerie comme ça. Il est pris au dépourvu lorsqu'il lui demande de but en blanc le nom de la personne qui lui a fait croire qu'il l'avait trompé. L'anglais se fige un instant, il n'ose pas réagir. Il ne sait pas comment d'ailleurs. Dans les deux cas, Chris s'énervera. Et puis, passer d'un sujet douloureux à l'autre, comme on change de chemise, c'est assez déstabilisant. Il est en tout cas très sérieux, et l'étudiant devine que ce sera difficile de le faire passer à autre chose sans lui avouer la vérité. Il est mal à l'aise sous son regard, et c'est facilement perceptible.

Il hésite encore entre dénoncer Emily, qui pourrait le sentir passer, ou ne rien dire et la couvrir. Ce n'est pas de sa faute après tout, si... ? Il décide de jouer le tout pour le tout. Il va mentir. Chose qu'il ne fait que très rarement étant donné son don inné pour être percé à jour. Mais qui ne tente rien n'a rien. Au pire, il devra dire la vérité. Au mieux, il aura sauvé la vie de quelqu'un aujourd'hui. Il va utiliser le fait qu'il ne soit pas sûr de lui, ça pourrait faire pencher la balance de son côté et rendre le tout crédible.

— Elle a dit que.. qu'elle te connaissait mais... Il déglutit, et passe une main dans ses cheveux puis sur sa nuque. Je ne me souviens plus exactement de son nom, souffle-t-il. Et puis, y'a d'autres personnes aussi, qui en ont parlé, c'était pas la seule... essaie-t-il de minimiser.

Bien évidemment, Emily est celle qui a fait pencher la balance, mais il se garde bien de le préciser. Pour éviter d'en faire ou d'en dire de trop, Morgan se mord l'intérieur de la joue. Christopher s'énervera peut-être, contre lui c'est sûr. Mais l'anglais préfère entendre des plaintes contre lui que de voir en gros titres qu'il y a eu un meurtre à Shady Cove. L'ancien militaire dira sans doute qu'il est stupide, idiot, pour avoir oublier un truc pareil. Mais ça peut être crédible, ce détail a très bien pu être dissimulé par l'information de l'infidélité de l'américain. Le brun prit quand même pour que cette envie de vengeance lui passe. Toute cette histoire est réglée maintenant, ou presque. Disons que la visite de son père lui a fait prendre conscience de pas mal de choses.

Évidement, Morgan ne lui répond pas. Pensait-il réellement que son amant allait lui avouer qui lui a dit ces conneries? Non franchement. Si déjà il n´a pas parlé avant, il ne parlera pas maintenant, c´est sûr. Mais l´énerve. Pourquoi garde-t-il ça pour lui? il pense peut-être que ce n´est pas important. Fait est que, si ça l´est pour Christopher. Même si toute cette histoire est relégué au passé, elle n´est pas finie pour autant. Et l´ancien officier ne veut pas que cela se reproduise. Il soupire et détourne le regard.

"Pourquoi tu t´obstines a le garder pour toi, hm?" demande-t-il doucement en se passant une main sur le front. "Pourquoi tu ..." il se tait un instant, le temps de se masser les paupières, son mal de crâne s´intensifiant un fur et a mesure qu´il parle "Tu pense que je serais capable de faire quelque chose que je regretterais?"

Il se tourne à nouveau vers son amant, l´interrogeant du regard. C´est peut-être la raison principale? Peut-être que le plus jeune le pense bien trop impulsif et qu´il craint pour leur sécurité? Mais ce qu´il ne sait pas c´est que Christopher s´est fortement calmé à ce niveau là et qu´il ne réagit plus au quart de tour lorsque quelque chose ne va pas. Et c´est d´ailleurs grâce a Morgan lui-même qu´il en est arrivé là. Soupirant à nouveau, il se passe une main sur les côtes, avant que son regard ne soit attiré par le tube de voltarène posé un peu plus loins sur la table basse.

"Tient Morgan, passe moi voir la crème là-bas, s´il te plait" dit-il pour changer de sujet, sachant pertinement que c´est perdu d´avance et n´ayant ni l´envie ni la force de jouer au plus chiant maintenant.

Tandis que Morgan s´exécute, Christopher se redresse et enlève son pull ainsi que son t-shirt non sans pouvoir empêcher quelque grognement de douleur. Se retrouvant ensuite torse nu devant le plus jeune, il attrape le tube de crème qu´il lui tend et le gratifie d´un doux sourire. Puis, s´avançant un peu sur le canapé, l´ancien militaire met un peu de crème sur ses mains et l´étale ensuite doucement sur ses côtes, frissonnant sous l´effet refroidissant.

"J´espère quand même que ça passera..." souffle-t-il doucement avant de fermer les yeux, s´arrêtant en même temps dans son mouvement.

Alors que la douleur à ses côtes diminue lentement mais surement, celle a la mâchoire et plus particulièrement à la tête ne fait qu´augmenter depuis avant. La codéine n´a-t-elle pas un effet général sur le corps? Si, surement, étant donné qu´il en prend parfois quand sa cheville en fait des siennes. Sauf que là, apparement, l´effet sur le mal de crâne n´est aussi rapide que sur le reste.

Morgan n'a pas envie que Chris réagisse à la seconde, se mette en colère comme il sait si bien le faire. Ou savait ? Il est vrai que cela fait longtemps que l'ancien militaire ne s'est pas emporté. Pas comme la fois où l'anglais avait cédé à sa curiosité et était entré dans son bureau. Cette aventure restera à jamais graver dans son esprit, c'est certain. Il a tenu jusque-là sans dévoiler le prénom de la jeune femme, il ne va pas craquer maintenant. Par une chance pure et dure, Christopher n'insiste pas. Merlin dissimule un soupire de soulagement.

Ne croisant pas son regard, il ne répond tout simplement rien à la question de l'ancien militaire. Bien sûr qu'il pense ça de lui. Il n'est pas certain que Chris foncera complètement tête baissée, mais quand même. Il peut se montrer impulsif, et le britannique ne veut pas que ça rejaillisse sur quelqu'un d'autre. Déjà, depuis le début, il sent bien qu'il s'est calmé. Mais ça ne fait pas tout. Qui sait ce dont il serait capable envers la personne qui a été à deux doigts de tout foutre en l'air ? Non, il ne vaut mieux pas prendre le risque.

Morgan ne se fait pas prier pour se relever un peu, et attraper ce tube de crème demandé par Chris. Le changement de sujet est le bienvenu. En revenant s'asseoir à sa place, lui tendant le tube, il se dit qu'il aurait pu l'aider pour enlever son haut. L'américain a l'air d'avoir senti passé ce détail. Par la suite, il prend un peu de crème dans sa main et l'étale sur ses côtes douloureuses. Franchement, là aussi, le brun aurait bien voulu l'aider. Il se force à relever le regard sur le visage de son amant lorsque celui-ci reprend la parole, histoire de ne pas être davantage déconcentré. Ça fait plusieurs jours quand même... Or il sourit simplement. Le voyant soupirer et fermer les yeux, il passe une main réconfortante sur ses épaules.

— On verra demain, si ça va pas mieux, on ira chez le médecin, ok ? Il dépose un petit baiser sur l'épaule de Chris, puis va chatouiller sa nuque de ses doigts. J'ai pas envie que ça s'éternise, souffle-t-il. Et, encore désolé...

Il évite de s'imaginer qu'il y a quelque chose de grave qui se joue. Ce n'est rien, son père n'a pas pu lui briser une côte rien qu'avec deux coups. Observant toujours Christopher, il espère vraiment qu'il ne souffre pas trop. Surtout pas à cause de cet idiot de John. Lui qui est plutôt réfléchi d'ordinaire, sa visite en est d'autant plus étonnante. Mais Morgan ne lui en veut que d'avantage. Il n'avait juste pas le droit de venir. Un coup de fil à la limite. En parlant de ça, faudrait qu'il téléphone à sa mère, histoire de mettre deux trois trucs au point. Néanmoins, il préfère s'occuper encore de son Chris. C'est quand même à cause de lui qu'il est comme ça.

— Tu as mal autre part.. ? demande-t-il en laissant glisser sa main le long du dos de l'ancien militaire.

Christopher abandonne l´idée de soutirer des informations à son amant. Bien que dans le fond il est bien décidé à découvrir le nom de la personne qui a merdé, il ne compte pas le faire maintenant. Préférant changé de sujet, il demande à son amant de lui donner le tube de crème posé sur la table basse. Crème que l´ancien officier s´empresse d´étaler sur ses côtes blessés,le soulageant d´avantage de la douleur.

Les paupières mi closes, il remarque un mouvement à ses côtés et relève le regard vers Morgan lorsque celui-ci pose une main sur son épaule. Il prend la parole, disant que si ça ne va pas mieux demain, ils iront chez le médecin, n´ayant pas envie que ça s´éternise. Christopher soupire doucement, résigné. Il n´aura surement pas le choix. Même s´il ne pense pas avoir quelque chose de cassé, il ira quand même consulter. Allant lui châtouiller la nuque, faisant frémir l´ancien militaire, Morgan s´excuse encore une fois. Christopher secoue doucement la tête.

"Tu n´as pas à t´excuser Morgan" sourit-il gentiment "Ce n´est pas de ta faute mon chéri" il se redresse, s´avance et se tourne un peu plus vers son amant "Tu n´y peux rien. Tout ça c´est de ma faute" il hausse furtivement une épaule et se tourne complètement vers Morgan pour lui faire face "Je suis le seul responsable" il léve sa main, la pose sur la joue de son chéri et lui caresse tendement la pomette "Et puis, mieux vaux moi que toi" conclut-il avec un sourire, avant de se pencher vers lui.

Mais avant que leur lèvres ne se touchent, un flasch de douleur éclate brusquement devant ses yeux, son mal de tête s´intensifiant tout a coup. Soupirant pour masquer un gémissement, il ferme les yeux, serre les dents et déglutit. Lâchant la joue de Morgan, il se pince l´arrète du nez et crispe le visage.

"Mal a la tête" explique-t-il simplement en détendant à nouveau les traits de son visage "Les effets du coup de poing se répercutent surement plus sur la tête que sur la mâchoire elle-même" Il expire lentement. "Je crois que je vais aller dans ma chambre ..." reprend-t-il en se redressant et en clignant des yeux.

Ce disant, il se lève, attrape son pull et se dirige d´un pas incertain vers la sortie du salon. Il il ne va pas bien loin, devant se retenir au dossier du canapé lorsqu´il est prit d´un vertige. Si ça continue comme ça, il ne va pas pouvoir atteindre sa chambre sain et sauf.

Morgan est pour une fois muet comme une carpe. Il n’a rien dit pour Emily, et c’est toujours un poids en moins pour le moment. Furtivement, il se dit qu’il devra quand même rester sur ses gardes. Il sait qu’il peut faire des bêtises par inadvertance. Mais son attention est portée sur Christopher, souffrant physiquement. Il dit qu’ils iront chez le médecin si ça ne s’arrange pas. Il ne veut rien risquer, surtout pas à cause de son paternel. On n’est jamais trop prudent. Là-dessus, le brun ne laissera Chris se défiler. Puis l’anglais s’excuse de nouveau. C’est son père quand même. Néanmoins l’américain lui assure qu’il n’a pas à demander pardon, et que ce serait même le contraire.

D’après lui, Merlin n’a rien à se reprocher, rien n’est de sa faute. L’unique responsable serait l’ancien militaire. Ben voyons. Et pourquoi ? Pour l’avoir défendu ? Pour l’avoir hébergé ? Pour l’aimer, simplement ? Il aimerait bien lui dire qu’il raconte des conneries, qu’il n’est pas plus coupable que lui. Il aimerait bien lui dire plein de trucs, lui faire comprendre qu’il n’y est pour rien et que, non, ce n’est pas mieux que Chris se soit pris des coups. Il n’avait à subir ça en plus. Bref. Ainsi, Morgan voudrait dire ça, mais la main de son amant sur sa pommette, sa douce caresse, et la promesse d’un baiser le détourne de son but.

La nature se montre extrêmement cruelle en rappelant à Christopher son mal de crâne. Celui-ci se crispe, soupire, est obligé de se reculer. Le britannique s’inquiète de savoir ce qu’il se passe. Le coup de poing a des répercussions plutôt inattendues. L’américain décide d’aller dans la chambre, se reposer. Il en a bien besoin. Cependant il ne tient même pas debout, obligé de s’appuyer sur le dossier du canapé pour contrer un vertige. Morgan se lève immédiatement, et va se placer à côté de lui pour le soutenir.

— On va y aller doucement je crois, tu feras gaffe dans les escaliers hein, souffle-t-il en toute connaissance de cause, avec un très léger sourire.

Christopher reprend un peu de poil de la bête, mais l’étudiant ne reste pas loin. Au cas où. Ils parviennent quand même à la chambre. Morgan lui demande encore s’il a besoin de quelque chose, lui redit qu’il n’est pas loin si y’a besoin, les choses de bases. L’ancien militaire lui dit bien sûr de ne pas s’inquiéter. Comme toujours. Il faut toujours que le jeune homme s’inquiète, le cas contraire serait là inquiétant. Finalement, Morgan le laisse se reposer – enfin – et redescend un peu à contre coeur. Il prend sur lui, et s'empare d'un livre, mais il n’arrive pas à se concentrer dessus. Dure dure la vie.