La vie d’Avery a une saveur toute particulière depuis qu’elle s’est mise à la vivre. Désormais trentenaire, l’américaine redécouvre beaucoup de choses grâce à ses amis et à ses nouvelles connaissances. Surtout, elle fait en sorte de moins en moins se laisser envahir par sa peur et préfère l’utiliser comme un moteur pour se dépasser. Avery s’est reprise en main, sa réputation en ville n’est pas fausse, et elle en est heureuse.

Le sourire léger, les yeux éblouis par le soleil revenant enfin en ville, Avery entre dans le vidéoclub avec en main une poche contenant les DVDs à rendre. Elle se dirige bien vite vers la caisse, rend poliment ses boitiers et une fois fait part à la recherche de deux nouveaux films à regarder dans le week end.

Au détour d’un rayon, une main sur Iron Man et l’autre sur Superman, se demandant qui des deux est le plus sexy, son regard s’arrête sur un jeune homme qu’elle reconnait immédiatement pour l’avoir interviewer quelques semaines auparavant. L’architecte Arthur T. Lewis. Il a pris par à un projet associatif sur une ville voisine, le dernier article en date d’Avery.

Armé d’un joli sourire, la brunette l’aborde alors très naturellement alors que le regard de l’homme vient croiser le sien.

« Hey, Bonjour, vous allez bien ? » demande-t-elle d’un ton enjoué.

Quand on veut se détendre et qu'on ne sait pas quoi faire, on se dit souvent qu'un bon film peut à la fois nous changer les idées ainsi que de nous inspirer pour certaines choses, c'est ce que Arthur pense, et c'est sans doute pourquoi il s'est rendu au vidéo-club. Notre garçon aime regarder des films, il a toujours été penché sur l'aventure, le suspens, enfin, la totale sur les thriller à sensation, les films d'actions, voir même des fois les films d'amour quand il se sent dans l'humeur. Il se penche donc sur un rayon spécifique, arpentant le moindre film susceptible de lui plaire.

Mettant la main sur un dvd, il s'apprête à se diriger vers la caisse afin de le louer, mais pas le temps d'y aller qu'il se fait interpeller par une personne qu'il semble n'avoir pas trop de mal à reconnaître. Avery Woods, autrement celle qu'il a pu rencontrer lors de son interviews au sujet d'un projet auquel il participe. Leurs regard se croise l'espace d'un instant et Arthur vient à afficher un sourire naturel.

Oui, j'vais bien, mais je pense qu'on peut se tutoyer non ? dit-il avec toujours ce petit sourire aux coins des lèvres, à vrai dire, quand on le vouvoie il a l'impression d'être plusieurs, voir d'être puissant, ce qui n'est pas le cas. Et " vous " ou " toi ? "

Il rit un peu, il commence à prendre un peu ses marques dans la ville, en même temps il ne va pas toujours rester avec le statut du petit nouveau.

Iron man ou superman ? Avery n’a pas le temps d’hésiter qu’elle croise le chemin d’un type qu’elle a rencontré dans le cadre de son boulot. Elle repose au hasard une plaquette. Ce sera donc Superman pour le week end, choix qu’Avery regrettera plus tard, mais c’est une autre histoire.
Se montrant avenante, Avery va à la rencontre du jeune homme et le salut d’un sourire. Il doit se souvenir d’elle puisque leur rencontre ne remonte pas à bien loin. Elle lui demande s’il va bien, parce que c’est ainsi qu’on commence à faire connaissance non ?

« Oui, oui, on peut se tutoyer. Et oui, ça va, l’article est finit, il paraitra dans le prochain numéro, avec un bout de ton interview. » lui dit-elle avec enchantement.

« Alors tu es de Shady Cove ? »

Il n’a peut-être pas envie de discuter avec elle. Bon, Avery s’en appercevra bien à un moment si c’est le cas non ?

L'article ? Ah oui, l'interview ! D'ailleurs, pour ne pas mentir, Avery lui avait un peu tapé dans l'oeil, enfin, juste au niveau physique, niveau sentimental il en est toujours resté au point mort et pour les mêmes raisons. Enfin, il n'a pas apprécié l'interview que pour le beau sourire de la jeune femme, mais bon, il est vrai que face à elle il se sent un peu con, vous savez, un peu comme un gamin piégé et en vient à cacher discrètement à l'aide de sa main la couverture du boitier du dvd qu'il va louer ... Ouais, bon, il est assez fan des histoires d'amour qui finissent, disons, d'une manière un peu dramatique, et " Le temps d'un Automne " lui paraissait être un bon choix avant de tomber sur Avery. Arthur ne tient pas à lui plaire, ni même à la draguer, mais il a toujours été un peu timide sur ces choix en matière de film, enfin, même de tout.

Ah, c'est cool ... J'espère que les lecteurs vont apprécier le sujet et s'y intéresser !

Au fond, il le pense vraiment, le projet en question, il y a participé de sa propre initiative, sans réellement le recommander à l'entreprise où il bosse, c'est un choix qu'il avait estimé " important " pour son image, celle de l'entreprise, de l'ensemble du groupe. D'un coté, on peut penser que c'est pas pure égoïsme, mais chez lui ça relève plus du principe moral qu'autre chose.

Quand elle vient à lui demander si il est de Shady Cove, il est un peu hésitant à dire oui et non, d'un coté, il est nouveau sans l'être, mais bon, c'est un peu gênant d'en parlant, alors il esquive doucement le sujet.

Ouais, j'suis nouveau ici, c'est arrive un peu avant l'interview donc bon ... J'ai récupéré une maison dans le coin, d'ailleurs, je ne regrette pas mon choix, c'est pas mal ici, calme et plaisant ! T'y habites depuis longtemps toi ?

Allez savoir si la question est débile ou ... débile, mais il n'y pense pas, ça fait la conversation en attendant, même si il ne pense pas passer des heures dans le vidéo-club à parler à une femme qu'il trouve sympathique pour le physique ... Quoiqu'avec le temps, le connaissant, il peut lui arriver de l'apprécier pour d'autres qualités, sur le point du travail, ça, il la respecte.

Elle aime bien ce petit gars, jeune architecte qui a choisi de prendre part à un projet pour aider un peu les autres. Avery ignore à peu près tout d’Arthur en dehors de son action parcellaire dans l’association. Alors elle ne peut que se faire une opinion tronquée de son caractère, mais cela n’empêche pas la jeune femme de déjà bien l’apprécier.

« Oui, j’espère aussi. Mon rédacteur en a eu un bon avis alors je ne m’inquiète pas trop. »

Parler de son travail, c’est facile et confortable, Avery en profite un peu du coup. Elle enchaine sur une question banale mais qui pourra l’aider à étancher sa curiosité. En effet, les gens qu’on croise à Shady Cove sont en général les gens qui vivent à Shady Cove.

« Oh, un petit nouveau, j’adore les petits nouveaux. »

Okay, elle aurait pu s’abstenir de cette remarque, mais au moins, Avery est sincère et spontanée. Elle apprend qu’il a une maison dans le coin, pour un architecte, rien de bien surprenant non ? Enfin, il lui demande alors si elle vit ici depuis longtemps. Se laissant aller à un petit ricanement un peu ridicule, Avery répond avec un grand geste de la main.

« Oh, moi, oui, je suis née ici. J’ai jamais vraiment quitté Shady Cove en fait, à part pour les vacances. »

Avery n’a franchement aucune honte à être restée à Shady Cove tout ce temps, même si elle aurait vraiment aimé découvrir le monde en le parcourant. Elle fait cela par procuration, noyant de questions ceux qui viennent d’ailleurs. Comme elle s’apprête à le faire.

« Oh, et alors, tu viens d’où du coup ? »

Le rendu de l'interview semble bon d'après les dires d'Avery. Arthur acquiesce en souriant, il est assez content de voir que ce qu'il a fait est bien vue par quelqu'un d'assez haut placé. Toujours le dvd dans le dos, il garde son sourire et l'écoute parler, donc, il est vraiment perçu comme le petit nouveau du quartier, c'est assez gênant. Il n'aime pas qu'on lui mette une réputation sur le dos, même si celle-ci n'est pas néfaste, ça lui fait bizarre que tout le monde puisse le voir ainsi. Puis, il apprend qu'elle vient d'ici, qu'elle y vit depuis toujours, il ravale sa salive, lui aussi aurait du toujours vivre ici, il aurait du y grandir comme elle, comme toutes les personnes de son âge ici quasiment. Le garçon ressent donc la douleur d'une boule qui se forme dans son ventre, mais tente de garder son sourire.

Je .. Je viens du Québec, j'y ai passé mon enfance et tout le reste, jusqu'à maintenant ! On croirait pas, mais j'ai du mal par moment à me laisser aller au jargon qui m'a bercé durant des années ...

En réalité, Arthur ne va que très rarement employé des mots du Québec, il le parle très bien, il en a l'accent, mais pour lui, dans le fond, il n'y est pas né contrairement aux personnes qu'il a pu y connaître. Arthur n'a jamais été québécois de sang pure, sachant qu'il est avant tout de cette ville. Cependant, il revient vite sur ce fameux dvd qu'il veut cacher et recule à petit pas pour le remettre doucement dans une pile l'air de rien.

Puis faut dire qu'à Shady Cove, je me sens un peu comme chez moi, je pense y rester un petit moment, mais bon, j'ai toujours voulu voir de mes propres yeux le monde, donc peut être qu'un jour j'irai ailleurs ... Allez savoir ... Et vous, vous n'avez jamais rêvé de voir autre chose que ce que vous voyez depuis toujours ?

Il est vrai que nombreux sont les personnes rêvant devoir le monde, mais bon, peu de gens l'avouent, et peu de gens le veulent réellement. Pour certains, ce n'est qu'un rêve d'enfant qui les hante encore aujourd'hui, mais pour Arthur, c'est quelque chose qui lui tient à cœur, même si il ne se sent pas encore prêt pour un tel départ.