Dès lors que Chris eu franchit la porte de sa maison, il sût que quelque chose n´allait pas. La gorge et le nez qui grattent, les yeux qui piquent. Il ne s´est tout de même pas chopper un virus, non? Ce serait vraiment la dernière chose qu´il souhaiterait. Chris n´a plus été malade depuis de nombreuses années. Ce n´est pas maintenant qu´il va se chopper la grippe ou autre chose !

Reniflant et soupirant, il accroche sa veste sur le porte manteau et remarque avec un certain étonnement que les chaussures de Morgan son posées à leur place. C´est que ce gamin est bien tôt aujourd´hui. Enfin. Se passant le dos de sa main sous le nez, il va dans le salon. Et plus il s´en approche, plus les symptômes s´intensifie. Ses yeux le piquent de plus en plus et commencent à couler. Chris grogne légèrement en essuyant les larmes non voulut. Dans cet état il lui est impossible de regarder normalement et il est constamment obligé de cligner des paupières.

En entrant dans le salon, l´ancien militaire soupire lourdement. Ce virus semble ravageur. Même pas 5 minutes plus tôt il se sentait en pleine forme. C´était tout bonnement horrible. Relevant le regard, il aperçoit Morgan et se fige. Ce jeunot, tout sourire, est agenouillé au sol et joue avec un ... Chat ! Putain ! De tous les animaux possible il était obligé de ramener un chat dans SA maison ? Quel garçon irréfléchi.

"C´est quoi ce merdier ?!" demande-t-il brusquement et de vive voix "Sérieux Morgan, tu réfléchis parfois avant de .. d´a .." Il est coupé par un éternuement qu´il ne peut réprimer. Reniflant, déglutissant, Chris reporte son regard sur le jeune homme "Vire moi ce truc de la maison. Tout de suite !"

En temps normal, il se serait lui-même occupé de cette tâche, mais pas là. Son allergie ne lui permettait pas de s´approcher plus près de cette bête. Rien que le simple fait d´être dans la même pièce de ce félin lui donnait l´impression de crever sur place.

Après une matinée de cours, Morgan est resté encore un peu à Ashland. Pour flâner dans une librairie. Il l'a précisé à Chris, et lui a aussi dit qu'il ne savait pas trop quand il rentrerait, mais que ce ne serait sans doute qu'en fin d'après-midi. Ce fût pourtant faux. Ou presque. Lorsque le jeune homme prend le bus, il ne doit même pas être seize heure. Le trajet passe plutôt lentement à son goût, mais la suite le ravis pourtant. En effet, sur le chemin du retour, il croise un chat. Un petit chat, jeune, au pelage noir sauf sur le bout des pattes, et visiblement abandonné. Il fait maigre, tout chétif, pas sale, mais avec le poil un peu terne. Bref, une petite boule de poil toute mignonne qui ferait fondre n'importe qui. Elle lève alors ses yeux dorés vers le britannique, le jauge un instant puis, lorsqu'il s'approche un peu en tendant la main, vient lui quémander quelques caresses. Le brun ne se fait pas prier, il adore les chats.

Quelques minutes plus tard, faites de caresses, de câlinous, et de mots doux, Merlin se résigne à reprendre la route. Mais le jeune chat ne l'entend pas de cette oreille. Plutôt que de retourner tranquillement vaquer à ses occupations, il préfère suivre le jeune homme. En le remarquant, il essaye bien sûr de le faire fuir, mais rien y fait. Le chat le suit donc jusqu'à la maison, comme si de rien n'était. Morgan soupire, amusé, mais franchit tout de même la porte, l'animal sur les talons. Ce chat est peut-être vraiment abandonné après tout, à la recherche d'une maison. Le jeune homme pense furtivement à Chris, mais comme celui-ci ne lui a rien dit à propos des animaux en général, alors il n'approfondit pas le sujet avec sa conscience.

Jouant avec le chat depuis un bon bout de temps, après lui avoir donné un peu de lait et un bout de jambon, l'étudiant n'entend même pas la porte s'ouvrir, se refermer, et donc le propriétaire des lieux rentrer. Ce petit minou est trop craquant, malicieux, plein d'énergie, s'amusant d'un rien, bien qu'un peu peureux sur les bords. Le brun n'a jamais eu de chat, mais avec tous ces déménagements, c'est compréhensible. Pourtant, il aurait vraiment voulu. Le félin fait alors une galipette étrange, le genre dont seuls les chats ont le secret, dans le but d'attraper la main du jeune homme. Ce dernier laisse échapper un rire, mais est alors brusquement coupé par la voix de Christopher. Se retournant, surpris, il reste cependant à proximité du chat. Chris paraît énervé, on dirait aussi qu'il fait une réaction allergique à quelque chose et... il éternue.

Mais Merlin n'a pas le temps de se poser plus de questions sur ce qu'il a fait de mal — parce que oui, c'est encore et toujours de sa faute —, car l'ancien militaire lui ordonne de virer "ce truc" de la maison. Pas besoin de longtemps pour comprendre que ledit "truc" est la pauvre petit bestiole sans défense, qui trouve rapidement une place dans les bras de Morgan, que se remet finalement debout. Alors c'est ça. Christopher est allergique aux chats. Et correctement en plus. Les yeux rougis, la larme au coin de l'oeil, les reniflements intempestifs, cela donne soudain moins de poids à l'autorité naturelle de l'américain. C'est comique, quelque part. Mais l'irlandais cache tout type d'amusement de son visage, étant tout autant surpris.

— Depuis quand t'es allergique aux chats toi ? demande-t-il, en caressant machinalement la joue du matou avec le pouce, avant de se mettre sur la défensive et de froncer les sourcils. Et tu l'as pas précisé dans tes "règles", que tu voulais pas de chats, je pouvais pas savoir.

En y réfléchissant bien, Morgan n'a pas vraiment fait exprès de ramener ce félin, c'est même l'animal qui l'a suivi, il ne savait pas pour l'allergie foudroyante de Chris, donc ce n'est qu'un malheureux concours de circonstances. Au final. S'il avait été mis au courant de cette allergie, le jeune homme se serait amusé bien gentiment dehors avec le chat, et l'aurait laissé là. A contre coeur, certes, mais bon, s'il n'avait pas eu le choix, il aurait été bien obligé de le laisser. D'un autre côté, il est un peu déçu de voir que même ici, ça ne sera pas demain qu'il pourra adopter un chat. Il tourne les yeux vers le minou, ne peut s'empêcher de lâcher un petit gémissement attendri.

— Ow, qu'il est chou ! s'exclame-t-il en faisant un câlin au félin, avant de reporter son attention sur Christopher. Tu trouves pas qu'il est trop mignon ? Et c'est lui qui m'a suivi en plus, on doit vraiment le mettre dehors.. ?

"Depuis que toi tu pose des questions débiles et sans réfléchir: depuis toujours!" s´énerve Christopher en réponse à la première question du plus jeune.

C´est vrai. Christopher devait avoir 6 ans quand il a fait sa première réaction allergique. Il était allé chez un ami qui possédait un chat et un chaton. De mignons petits animaux. L´un était roux, presque rouge. L´autre blanc avec les pattes, les oreilles et le bout de la queue grise et les yeux bleu. Christopher avait été attendrit par ces félins et n´avait pas vraiment fait attention à son nez qui commençait à couler. Ce n´est lorsque ses yeux commençaient à piquer et que ce picotement s´intensifiait qu´il s´était dit que quelque chose n´allait pas. Lorsqu´en plus l´air avait commencé à lui manquer, les parents de son ami avaient rapidement alarmé ses propres parents. Quelques visites chez le médecin plus tard et le diagnostique avait été posé: allergie aux poils de chats. Depuis, il connaissait une aversion toute particulière à ces animaux. Étant jeune, il avait limite la phobie des chats étant donné qu´il mettait l´animal en relation avec son malaise. Maintenant, il les fuyait simplement.

Il n´aurait donc jamais pensé que Morgan puisse ramener un chat à la maison. Et aussi mignon que ce chaton était, Christopher ne pouvait, à travers ses yeux rouges et son nez qui coulait, pas l´avouer. Mais d´un autre côté le jeunot à raison: Christopher ne l´a pas préciser dans les règles mis en place. Tout simplement parce qu´il ne réagissait ainsi qu´en compagnie des félins. Le reste du temps, il oubliait presque qu´il en était allergique. Du coup, il reléguait l´allergie au second rang. Enfin. Se passant le dos de sa main sur les yeux, il soupire.

"Sérieux Morgan, sort le, s´il te ..."

Brusquement, il se détourne. Manquant d´air, sentant une crise d´asthme venir à la charge, il préfère sortir du salon. Se dirigeant donc à grands pas vers la cuisine, il y entre et referme vivement la porte derrière lui avant d´aller ouvrir en grand la fenêtre. Les yeux fermés, appuyé sur le chambranle de la fenêtre, Christopher prend plusieurs profondes inspirations et s´efforce à se calmer.

Gamin débile. Sale gosse irréfléchi. Enfoiré de première. Tandis qu´il jure intérieurement contre son colocataire, Christopher sent comment sa respiration redevient peu à peu normale. Heureusement.

Christopher est sur les nerfs à cause de son allergie, et répond du tac-o-tac. Mais Morgan ne prend pas ombrage du sous-entendu le traitant de débile, c'est monnaie courante, et il apprend du même coup que l'allergie du plus âgé le suit depuis toujours. Donc, il aurait peut-être pu la mentionner AVANT que l'irlandais ne se ramène avec un petit chat, cela aurait évité une prise de tête. Ainsi qu'une preuve flagrante que Chris a un point faible. Un sacré gros point faible même ; le simple fait d'être dans la même pièce qu'un chat lui tire des larmes.

D'ailleurs, alors qu'il essaye de redemander à Merlin de sortir le félin, il s'arrête d'un coup en se détournant. Le plus jeune comprend qu'il s'agit maintenant d'une crise d'asthme, et il ne bouge pas d'un millimètre, serrant un peu plus le chat noir contre lui par réflexe, lorsque l'ancien militaire s'enfuit littéralement de salon. Morgan reste là, un peu décontenancé. Il regarde l'animal dans ses bras, une pointe de tristesse à l'idée devoir laisser cette petite boule de poils dehors. C'est parce qu'il est noir c'est ça ? Pourtant en Irlande, les chats noirs sont plutôt considérés comme des portes-bonheur. Bref, là n'est pas la question.

Le jeune homme repose le chat à terre et lui prodigue quelques caresses, tout en se demandant s'il est vraiment abandonné, ou s'il a un maître en ville. En tout les cas, lui-même ne peut le garder. Jamais Christopher ne voudra, ni ne pourra accepter. C'est clair comme de l'eau de roche. Après un soupir, il se relève et, dans un vain espoir, dit au chat de ne pas bouger. Ce qu'il fait. Au début bien sûr, cela aurait été trop beau. Effectivement, alors qu'il ouvre doucement la porte de la cuisine pour voir comment se porte l'américain, Merlin ne remarque que trop tard la boule de poils qui entre dans la cuisine. Qui trotte pour entrer dans la cuisine même. Le brun voit sa vie défiler devant ses yeux, n'imaginant même pas les tortures que lui fera subir Chris.

— Non! Reste là ! s'écrit-il en se lançant après le chat.

Mais ce dernier, bien plus rapide car étant passé à la vitesse supérieure, se retrouve en un rien de temps à côté de Christopher. *Gloups* Morgan ne réfléchit pas. Sur le moment, il a peur que le chat ne se prenne un coup et vole par la fenêtre sans autre forme de procès. Alors il attrape le chat aussi vite qu'il le peut. Il attrape même des coups de griffes d'ailleurs. Puis il éloigne le félin de l'ancien officier en le tenant dans ses bras. Boulette, grosse boulette, grosse grosse boulette, grosse grosse grosse boulette... Pas mal, après seulement une semaine de cohabitation.

ça va mieux. La respiration de Chris se fait plus profonde et plus régulière. Heureusement. L´ancien militaire a eu l´impression d´étouffer. Sentir donc l´air pure et frais infiltrer ses poumons était plus que soulageant. Dommage juste que ce soulagement n´est que de courte durer.

Alors que l´ancien premier maitre a encore les yeux fermés, il entend la porte s´ouvrir. L´instant d´après retenti la vive voix de Morgan et, lorsqu´il rouvre les yeux, son regard tombe sur le félin à ses côtés. Christopher hésite quelque secondes entre l´envoyer par la fenêtre ou fuir à nouveau la pièce. Heureusement pour le chat, et malheureusement pour lui, ces quelques secondes ont suffit à Morgan pour rattraper le chaton. Après s´être récolté quelques griffures (bien fait pour lui ...) Morgan se recule d´un pas avec le félin dans les bras. Christopher, lui, reste sur place puis, dans un geste de rage, l´empoigne par le col.

"Si tu veux pas le ... virer ...toi-même" dit-il, entre coupé par le manque d´air qui est brusquement revenu, en tirant le gamin derrière lui, hors de la cuisine "T´auras cas le ..." il dégluti et cligne des yeux, tentant d´ignorer les larmes qui coulent et sa gorge qui gratte "...le suivre"

Ce disant, il ouvre la porte d´entrée et, sans retenue, pousse le garçon dehors. Sans même attendre de savoir si le gamin a sut se rattraper, sans même s´inquiéter si, dans ce cas, il s´est fait mal, Christopher claque vivement la porte et s´y adosse. Reniflant, il s´essuie les yeux d´une main tremblante. Sa respiration est à nouveau saccadée et rapide. L´impression d´étouffer est à nouveau présente, bien que pas aussi intensive qu´avant.

Sale gosse.

Et re-re-les-pieds-dans-le-plat. Morgan n'y était encore pour rien, même s'il aurait pu faire attention au chat, mais fait est que tout ne s'est pas déroulé comme prévu. Chris, rageur, a empoigné sans vergogne le jeune homme, qui serrait le petit chat contre lui, pour le foutre tout bonnement dehors. Le britannique est à la fois surpris et apeuré. Ce gars-là est d'une force... Et malgré les signes de l'allergie de l'ancien militaire, à savoir reniflements, larmes, et manque d'air, Morgan en frissonne.

Le franchissement de la porte d'entrée en catastrophe est... catastrophique. Le jeune homme est poussé dehors sans retenu, et entend la porte claquer derrière lui avant même qu'il n'ai pu retrouver un semblant d'équilibre. Équilibre qu'il ne retrouve pas tout à fait. Penché en avant, il s'entroupe dans sa propre stupidité, et a juste le temps de lâcher le chat, qui lui, retombe sur ses pattes. Or, le brun n'a jamais une telle chance ou de tels réflexes, et la puissance avec laquelle Christopher l'a flanqué dehors ne l'aide pas. Gravité : 1 - Morgan : 0. Il s'étale de tout son long. Il se redresse ensuite, se mettant sur son séant, et remarque que le petit chat n'est pas loin.

Il lui sourit faiblement, essuyant du même coup les deux larmes qui ont humidifié ses yeux. Autant de douleur que de tristesse. Avec un soupçon de ressentiment. Il est un rien sensible, bien que ça lui ai déjà joué de tours, étant donné que ce trait de caractère s'exprime indépendamment de sa volonté. Christopher n'y est pas allé de main morte non plus, ce n'était pas totalement de sa faute, à Morgan. Sa pommette droite le pique un peu ; le sol l'a, lui aussi, un peu griffé. Mais il n'a rien à faire de cette petite éraflure rouge, il passe juste une main dessus pour enlever de potentiels petits graviers. Et puis, entre ça et un bleu, il n'y a pas grande différence, ils marquent tout deux sa maladresse naturelle.

Hésitant à rentrer, il caresse doucement le chat noir pendant quelques instants. Il lui parle, comme s'il le comprenait, puis soupire en lui disant qu'il ne pourra pas le garder. A contre coeur. Le britannique se relève alors, constate avec bonheur qu'il n'a pas de vertiges — ça lui est déjà arrivé de tomber dans les pommes pendant quelques dizaines de secondes en chutant et en se cognant la tête, et aussi après avoir reçu un ballon à l'arrière du crâne. Après un dernier câlin au petit félin, il prend son courage à deux mains et revient vers la porte. Il s'assure que le chat ne le suit pas, puis lève la main, mais elle s'arrête à mi-course de la poignée.

Et si l'américain pensait vraiment ce qu'il avait dit ? Et si, avec cette gaffe, Morgan avait signé son arrêt de mort ? En tout cas la fin de leur cohabitation. Après une semaine et à cause d'un chat, il fallait le faire quand même. Après une bonne minute de divagations autour du même sujet, le jeune homme ouvre la porte, entre, et la referme tout aussi doucement derrière lui. Chris n'est pas dans l'entrée, et à vrai dire, la dernière chose que Merlin a envie, au moins pour les prochaines heures, est de le recroiser. Mais alors qu'il relève la tête, ses espoirs sont mis à mal. Il y a quelqu'un, tout là-haut, qui doit vraiment le haïr...

Christopher est debout, penché en avant en appuie sur la commode du couloir. Les yeux fermés, il refoule lentement la panique qui s´est propagé en lui lorsqu´il avait à nouveau eu cette impression d´étouffé. Finalement, non, ce n´était pas qu´une simple impression, c´était effectivement le cas. Le cœur battant, les bras tremblants, il se calmait peu à peu de sa brusque crise d´asthme. Les yeux rougis, il essuie le vestige de larmes sur ses joues et toussote en espérant cesser le grattement dans la gorge. Doucement, sa respiration devient plus calme et régulière ... mais cesse à nouveau soudainement lorsque la porte d´entrée s´ouvre à nouveau. Relevant sa tête, le regard dur de notre ancien militaire tombe sur son colocataire qui vient d´entrer.

"Qu´est-ce que ..." commence-t-il d´une voix rauque avant d´être interrompu par une quinte de toux.

C´était horrible. En plus ça faisait mal. Se détournant vivement, il protège sa bouche du dos de sa main et n´a pas d´autre choix que d´attendre que ça passe. Heureusement, c´est rapidement fini. Alors, prenant encore une fois plusieurs grandes inspirations, il se calme et reporte son attention sur son colocataire.

"Va prendre une douche" souffle-t-il "On en parlera après ..."

Ce disant, il se détourne et, quelque peu tremblant et irrégulier sur ses jambes, se dirige vers la cuisine. Il referme la porte derrière lui et ouvre grand la fenêtre avant de s´assoir sur une chaise. Posant ses coudes sur la table, il ferme les yeux et pose son front dans ses mains. Il ne pense à rien. Pas même à flanquer une raclé à ce gamin. D´ailleurs, Morgan n´y peut vraiment rien. Christopher ne peut lui en vouloir.

Et si déjà il devait en vouloir à quelqu´un, alors ce sera à lui-même. Il aurait dût préciser son allergie dans les règles. Il aurait dût expliquer son cas -qui n´est pas si rare que ça finalement- à ce jeune anglais. Il a sur-réagis. Si bien que c´est le jeune Morgan qui a du pâtir plus qu´il n´aurait dût. En ce moment même, Christopher se déteste et est réellement désolé pour son colocataire.

Pauvre gamin.

Le regard dur de Chris glace un court instant le jeune homme, qui rebaisse immédiatement les yeux, les mains derrière le dos. L'ancien militaire est d'ailleurs interrompu par une quinte de toux, mais Morgan ne bouge pas, souffrant même pour lui, attendant la suite avec appréhension. Elle vient plutôt rapidement, et est assez surprenante. Le britannique regarde un court instant Christopher lorsque celui-ci lui dit d'aller prendre une douche, et qu'ils reparleront de tout ça après. Et Merlin ne se fait pas prier pour s'enfuir de cette atmosphère tendue, et ne cherche même pas à comprendre pourquoi il lui demande ça.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et il est déjà à l'étage. Il entre dans sa chambre et s'adosse un moment à la porte refermée. Un lourd soupir lui échappe. C'est mal barré, mais Merlin n'y est pour rien. Pour pas grand-chose en tout cas. Reste à savoir si Chris admettra qu'il a sa part de responsabilités dans l'histoire, et que sa réaction était un tantinet exagérée. Néanmoins, fait est qu'une bonne douche ne lui ferait pas de mal. Il passe donc directement dans la salle dans bain et n'en ressort qu'une dizaine de minutes plus tard, changé et calmé. Il a à peine examiné l'éraflure à sa pommette, une petite marque rouge. On dirait qu'il s'est rappé contre un mur en crépis. Mais ça passera, comme tout.

Alors, c'est en jean et t-shirt, pieds nus, qu'il redescend rejoindre Chris, à la cuisine. Comme tout à l'heure. Il ouvre doucement la porte, sent d'ici le courant d'air pénétrant par la fenêtre grande ouverte. Au moins, l'américain a aussi eu le temps de calmer son allergie. Et à vrai dire, Morgan percute enfin la raison de la douche. Les poils de chat. Après la douche, plus d'allergènes. A sa décharge, le brun est parfois lent à la détente. Il referme ensuite la porte derrière, sans oser croiser le regard de l'aîné. Pas gêné, mais mal à l'aise. Un ange passe, un grand ange, avec de grandes ailes, qui prend bien son temps. Le britannique ne sait pas combien de temps il s'écoule avant qu'il ne se racle légèrement la gorge, trouvant un intérêt soudain au mur à gauche.

— Désolé... commence-t-il d'une petit voix, avant de continuer un peu plus fort, ne sachant pas si ce qu'il dit est nécessaire, mais il ne peut juste plus supporter ce silence. J'ai laissé le petit chat dehors, je n'en ferais plus rentrer.

Christopher n’a pas changé de position. Il garde même les coudes sur la table et le front dans ses mains lorsqu’il entend la porte de la cuisine s’ouvrir. De toute manière, qui d’autre pouvait bien entrer dans la cuisine ? Personne. L’ancien militaire n’en voit donc pas l’intérêt de relever la tête. Ce n’est que lorsque, au bout de quelques minutes de lourd silence, Morgan prend lui-même la parole, que Christopher daigne porter son attention sur le jeunot. Relevant le visage, il pose un regard neutre, presque doux, sur son colocataire.

La première chose qu’il aperçoit et l’éraflure sur la joue du gamin. Ce n’est pas une blessure grave, bien au contraire. Mais Christopher imagine bien que cette égratignure ne doit pas être sans douleur. Déglutissant, il se maudit à nouveau intérieurement puis soupire et se redresse. Hochant doucement la tête, il se lève lentement de la table et se dirige vers l’armoire. Sans un mot, il ouvre un tiroir, le fouille rapidement, puis le referme et s’approche de Morgan avec un coton et un flacon de désinfectant en main. Toujours en silence, il s’installe à côté du jeunot et imbibe le coton du liquide.

« ça risque de piquer un peu. »

dit-il doucement avant de passer une main dans la nuque de Morgan et tapoter délicatement les bords de l’éraflure avec le coton. Ne se démentant pas à la grimace et léger tressautement du plus jeune, il continu de désinfecté la petite blessure avant de soupirer doucement.

« C’est plutôt à moi de m’excuser » dit-il finalement, gardant son regard rivé sur la joue du plus jeune « J’aurais du le préciser. » il pince un peu les lèvres, se mordant légèrement sur l’intérieure de la joue « ma réaction a été excessive, mais sous l’emprise de l’allergie je ne me contrôle plus. » il hausse doucement les épaules «Enfaite, je suis parti du principe qui tu savais pour mon allergie. Mais je ne pense pas que tu ais des pouvoirs télépathiques, non ? » sourit-il avant d’abaisser la main et déposer le coton sur la table. Se redressant, Christopher observe rapidement le plus jeune « Tu t’es fais mal autre part ? »

Là, son ton est sincèrement inquiet. Si Morgan s’était plus blessé que cette simple égratignure, l’ancien officier ne se le pardonnera sans doute pas …

Les yeux bleu de ciel orageux du plus jeune repartent à la découverte du carrelage après que son dernier ait disparu dans le silence. Il ne remarque donc pas le regard métamorphosé de Christopher. Il ne perçoit qu'un mouvement, après un léger soupire, et c'est le manque de parole qui lui fait relever discrètement la tête. Il lui a semblé que l'américain ait d'abord hoché la tête avant de se lever pour se rendre vers l'armoire. Morgan est presque surpris de le voir ensuite s'approcher avec un coton et du désinfectant.

Quel idiot. Il aurait pu mieux cacher l'égratignure, ou la dissimuler, ou même, il aurait pu repousser Chris, lui dire que ce n'était pas grave, que ça ne faisait pas si mal que ça, qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Mais rien ne sortit de sa bouche, au final. L'ancien militaire le prévint naturellement que ça va faire un peu mal, puis pose une main sur la nuque du brun avant de commencer à désinfecter délicatement l'éraflure. Morgan, bien que relativement habitué au désinfectant, grimace légèrement avec un léger tressautement, aussi du à la main sur sa nuque. Il a toujours était sensible à ce niveau-là. Il a toujours était sensible tout court en fait, que ce soit physiquement ou mentalement.

Puis il écoute, tranquillement, un peu étonné certes, mais quelque part soulagé aussi, les excuses de Christopher. Il reconnaît qu'il a été excessif, qu'il aurait pu le prévenir pour son allergie. Morgan ne manque pas non plus de détailler discrètement ses expressions, et d'y trouver de la sincérité. Un sourire s'esquisse même sur ses lèvres, par mimétisme. Sourire qui disparaît quelque peu suite au ton clairement inquiet de l'aîné. Merlin réagit alors immédiatement, fixant ses yeux dans les siens par réflexe.

— Non, ne t'inquiète pas, je n'ai rien, répond-il vivement, avant de sourire, rassurant. Je dirais même que c'est un miracle que je n'ai que ça. Tu sais, avec ma chance et ma maladresse, j'aurais très bien pu me fouler le poignet.

Il rigole ensuite doucement. De lui même. Sa capacité à sourire, à avoir la pêche presque constamment, à ne pas se prendre au sérieux, c'est ce qui le fait tenir dans son monde, avec sa naïveté connue, contre ses parents le plus souvent. Enfin là n'est pas la question. Son sourire est revenu, il n'a plus de ressentiment envers Chris. Il n'est pas rancunier après des excuses en bonne et due forme, et sincères.

— C'est pas grave, c'est passé, tout est ok maintenant, c'est bon, affirme-t-il avec un mouvement négatif de la tête et un sourire, pour appuyer ses propos.

Pas besoin de remuer le couteau de la plaie, ils ont payé tout deux, à vrai dire.

Grand, presqu’immense, est le soulagement qui se propage en Christopher lorsque Merlin lui assure avec un sourire et un vif hochement de tête qu’il n’a rien d’autre que cette simple égratignure. Appuyant ses propos avec un sourire des plus sincères, le jeunot lui dit tout de même que ça relève du miracle qu’il ne s’est pas foulé le poignet ou quelque chose de ce genre, étant donné sa chance naturelle avant de lui signifier que c’est du passé. Christopher lui sourit, quelque peu attendrit par ces propos.

Morgan n’a jamais été rancunier. Il est naïf, idiot et entêté, mais il n’est aucunement rancunier. Du moins, lorsqu’on s’excuse et qu’on assume sa part de responsabilité. Et Christopher a beau avoir une certaine fierté et une certaine estime de lui-même, il est aussi réfléchit et sait quand la fête est finie. Ainsi donc, il hoche simplement la tête.

« T’as bien raison » admet-il avant de lever sa main droite et d’aller gentiment ébouriffer les cheveux du plus jeune. « Mais ne recommence plus, ok ? » reprend-t-il en redevenant sérieux et en rabaissant sa main une fois que la chevelure de Morgan a été mise sans dessus dessous, en bonne et due forme. « à 29 ans je suis trop jeune pour mourir hein. »

Il avait dit ça avec le ton de l’humour, mais dans le fond il était sérieux. Son allergie avait été plutôt fulgurante sur ce coup. Plus que d’habitude. Se pourrait-il qu’elle se soit aggravée ? Ce n’était pas à exclure complètement. Généralement, il pouvait s’approcher un peu plus de deux mètres d’un chat, mais aujourd’hui il ne pouvait même plus être dans une même pièce sans qu’une crise d’asthme n’attaque. Et on ne fait pas d’humour avec ce genre de situation. Enfin. Il était encore en vie, c’était le plus important.

« Bon, j’crois que c’est une règle à ajouté sur notre feuille » reprend-t-il en se passant une main sur l’œil gauche qui piquait encore maintenant « A part les chats, aucun autre animal ne me dérange. Que ce soit chien, cheval, lapin, ours, zèbre girafe … enfin. » il darde son regard sur le plus jeune « Et toi ? Quelque chose que je dois absolument savoir, encore ?

Christopher paraît infiniment soulagé, tout en ébouriffant les cheveux corbeaux du plus jeune qui lâche un soupire machinal. L'ancien militaire lui dit alors de ne pas recommencer, ce qui était déjà clair, avant de déclarer qu'il était trop jeune pour mourir à 29 ans. Remettant rapidement ses cheveux en place, Morgan allait rétorquer quelque chose avant de se retenir. Il est vrai que la réaction allergique de Chris a été impressionnante, et fulgurante. Pas un truc que le britannique ait envie de revoir.

Il hoche donc simplement de la tête. Pas question qu'il soit à l'origine d'un truc pareil. Ensuite, l'américain explique que seuls les chats lui font un effet pareil et qu'il n'a aucun soucis avec les autres animaux. Puis il demande à Merlin s'il n'y a pas un truc à savoir absolument pour éviter toute situation de ce genre à l'avenir. Le jeune homme réfléchit un instant, mais rien ne vient, rien du même genre. Pas même sa peur des chiens. Ça lui est passé totalement au dessus de la tête. Ainsi, c'est tout naturellement que :

— Mmh, non, rien de particulier, dit-il simplement.

Il lui adresse ensuite un sourire, puis cherche un moyen de passer à autre chose. Et tandis que Chris va ajouter cette règle sur les chats sur leur "règlement", Morgan a bien envie d'un thé. Cependant, alors qu'il tourne les yeux vers le frigo en se disant qu'un peu de lait serait pas mal, il se souvient avoir fini la bouteille. Quoique, littéralement, c'est plutôt le petit chat qui l'a finie. Il se tourne ensuite vers l'ancien militaire, décidant de passer sous silence l'implication du chaton noir.

— Au fait, on a plus de lait.

Sous-entendu : faudrait en racheter.

Christopher est assez étonné lorsque Morgan lui dit qu’il n’y rien à savoir de plus sur lui. Enfin, ça n’étonne guère notre ancien militaire qui sait que ce jeunot est quelqu’un d’assez mystérieux, pas très enclin à parler de lui. Quoiqu’il soit plus ouvert que lui-même, mais là n’est pas la question. Soit. Christopher hoche donc la tête puis se lève et va noter cette nouvelle règle sur la feuille. C’est, au moment où il dépose le stylo à sa place que le gamin reprend la parole.

Christopher lance un coup d’œil vers Morgan au-dessus de son épaule puis vers le frigo et s’y dirige. L’ouvrant, il va tout de même vérifier les dires du gamin, avant d’hocher la tête.

« Effectivement, plus de lait … » il se redresse et se tourne vers Merlin « J’ai de toute manière besoin de saumon et de crème pour le repas de ce soir. On va à l’épicerie du coin ? »

Ni une ni deux et avec beaucoup d’entrain et une soudaine joie, Morgan se lève promptement et sort de la cuisine. Christopher reste quelques instants sur place, étonné qui brusque entrain de son colocataire. Mais, haussant les épaules, il décide de ne pas y réfléchir d’avantage et, finalement, le suis dans le couloir. Là, il retrouve Morgan déjà tout habillé. Roulant des yeux, désespéré mais quelque peu amusé par ce gamin, il enfile sa veste noire, vérifie que son portefeuilles est encore dans la poche interne, puis attrape les clef de la maison, sort et referme la porte derrière Morgan.

« Fait bien attention et remémore toi bien le chemin. » le prévient-il en se mettant en route « Il sera fort probable que je t’envois parfois chercher des truc … ou alors simplement pour toi, histoire qu’on ne soit pas obligé de prendre la voiture et faire tout le chemin vers le supermarché. L’épicerie du coin n’est peut-être pas très grande, mais elle a tout les aliments de bases »

Il lance un coup d’œil à Morgan pour voir s’il l’écoute attentivement ou s’il est de nouveau dans son propre monde, lorsque cette promenade tourne au drame complet. Celui avec cris, terreur, sang et boyaux répandus au sol.

Du coin de l’œil, Christopher remarque une silhouette à quatre pattes qui court vers eux. Tournant complètement son visage vers ladite direction, il reconnait un chien. Et pas n’importe lequel ! Non. Il s’agit-là de Savane, la chienne de la voisine d’en face. Christopher s’est tout de suite bien entendu avec ce canidé qui, aboyant se stoppe devant eux en remuant la queue.

« Salut ma jolie » sourit Chris en se baissant pour lui caresser la tête.

Mais Savane est plus intriguée par celui qu’elle ne connait pas, à savoir Morgan. Sans trop hésiter, elle fait un bond vers lui et tourne autour de lui en reniflant ses chaussures et ses jambes. Ce que Chris, pourtant, met du temps à voir, c’est que Morgan semble pétrifié. Blême, il ne bouge plus d’un millimètre. Et lorsqu’il le remarque enfin, il est trop tard : Savane vient de prendre appuie sur ses pattes arrières, tandis qu’elle pose celles de devant au niveau du bassin de l’autre humain.

Chris va vérifier les dires de Morgan, puis déclare qu'ils iront à l'épicerie du coin, puisque de toutes façons, il avait besoin de saumon et de crème pour ce soir. Presque les mots magiques. Sans attendre, le britannique sort de la cuisine pour se préparer, et doit presque attendre que l'américain ne se décide à bouger. Il l'accueille avec un immense sourire, sautillant presque sur place. Le saumon c'est délicieux. Le saumon avec de la crème, c'est le paradis. On est britannique ou on ne l'est pas. Bref, rien que ça suffit à le mettre en joie, d'autant que ce n'est pas bien difficile.

Une fois dehors, la porte refermée à clef et quelques mètres déjà parcourus, Christopher le prévint alors de se souvenir du trajet, car Merlin pourrait bien être envoyé acheter des trucs de temps en temps. Et ledit Merlin l'écoute. Pour une fois. Parce que cette fois-ci, c'est plutôt important. Ou plutôt, il l'écoutait. Son radar à canis lupus familiaris détecte soudainement une bestiole à quatre pattes. Oh fuck, oh fuck, ohfuck ohfuck ohfuck. Ce petit détail lui était totalement sorti de l'esprit, comme ça arrive souvent d'ailleurs. Mais la réalité se rappelle à lui brusquement par des aboiements.

Le jeune homme s'est figé dès que son regard s'est posé sur le chien. Il ne voit pas Chris caresser la chienne, la saluer, il est trop occupé à la fixer, tandis que son teint passe de "britannique" à "cadavérique". Paralysé, comme par un regard la Méduse, il commence à avoir des sueurs froides lorsque l'animal commence à lui tourner autour, la queue frétillante de faire une nouvelle rencontre. Joie qui n'est pas, mais alors pas du tout, partagée par Merlin. C'est pas qu'il n'aime pas les chiens, c'est plutôt qu'il en a une peur bleue. Une phobie venue de nulle part, puisqu'il n'a aucun antécédent regrettable avec ces animaux.

Puis, malheureusement, le chien décide faire plus ample connaissance. Morgan, surpris de le voir prendre soudainement appui sur ses pattes arrières, fait un petit pas en arrière. Mais l'animal pose alors ses pattes avant sur son bassin, sans retenir son poids. Le brun en est déstabilisé, son cœur rate un ou plusieurs battements, ses jambes cèdent, à cause de plusieurs facteurs, et il se retrouve une fois de plus à terre. Sur le dos cette fois-ci. Une exclamation lui échappe, tandis qu'il met ses bras en protection contre le chien, qui a décidé, comme tout chien, de venir lui dire bonjour à coup de langue. Bien malgré lui, Merlin sent les larmes essayant de s'échapper de ses paupières closes, alors qu'il essaye comme il peut d'éloigner la gueule pleine de dents et de bave de la bête.

— Chris.. ! arrive-t-il a articuler, malgré sa gorge nouée et sa respiration saccadée.

Saleté de chien.

Une belle bête. Une magnifique bête. Très gentille qui ne ferait pas de mal à mouche. Surtout pas à un humain. Surtout pas Morgan. Mais, apparemment ce dernier ne l’entend pas de la même manière. Avec une exclamation, autant de surprise que d’effroi, il tombe au sol et se retrouve entre les pattes du chien. Se protégeant la tête comme si sa vie en dépendait, ce garçon avait un petit côté clownesque. C’était plutôt comique comme situation. Mais Christopher se doutait fortement que ce n’était pas du goût de tout le monde. Surtout lorsque Morgan articule son nom avec difficulté, notre ancien militaire se dit qu’il ferait mieux de réagir.

« Savane, arrête » dit-il doucement.

Mais le chien n’écoute, évidement, pas. Au contraire. Maintenant il grimpe sur le pauvre humain sans défense et lui mordille la veste. C’est mignon. La chienne veut que ce truc à terre joue avec elle. Sauf que le bipède est tellement effrayé qu’il n’est pas en mesure de lui accordé ce plaisir. Alors, Christopher intervient réellement. S’approchant, il empoigne l’animal par le collier et le tire vers l’arrière.

« Allez sale bête, ça suffit maintenant » reprend-t-il sur un ton plus stricte, un brin amusé.

L’animal, déçu de ne plus être auprès de l’autre, grogne légèrement et tente de lui échapper. Mais Christopher lui barre le chemin et tente de la chasser. La poussant avec les mains, puis avec les jambes, il fait tout pour pas qu’elle ne retourne s’attaquer à ce pauvre Morgan encore à terre.

« Bon arrête maintenant. » dit-il plus durement, sans pour autant perdre son sourire amusé « Laisse le pauvre gamin tranquille. » C’est alors qu’un premier sifflement retenti. Instantanément, la chienne se fige et tourne la tête vers la direction. Christopher relève, lui aussi la tête et fait un signe au canidé lorsqu’il reporte son attention sur lui « Allez, file. Ton maître t’attend, tu vois ? »

Ce n’est qu’au bout du deuxième sifflement que l’animal réagit. Se retournant promptement, Savane part, en aboyant, vers ses maîtres. Christopher suit le canidé du regard puis se tourne vers Morgan, qui est toujours à terre, et le regarde, amusé.

« T’es sûr que tu n’as vraiment rien à me dire par rapport aux animaux ? » demande-t-il en rigolant doucement. « Imbécile, va »

Il s’approche du jeunot et lui tend la main pour l’aider à se relever. Une fois debout Christopher secoue doucement la tête et lui époussette légèrement la veste. Ce qu’il ne voit pas, par contre, c’est que Savane n’a toujours pas fini de vouloir s’amuser avec le nouveau humain …

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Chris n'est pas très réactif. Il ne doit pas très bien comprendre l'état émotionnel du pauvre Morgan qui, prostré à terre, se débat avec la chienne qui a plus envie de jouer que de le tuer. Mais même en sachant cela, une phobie reste une phobie. Et le britannique ne peut s'empêcher de réagir ainsi. Il remarque alors, entre deux respirations venues de loin, que le chien s'est en allé. Il se relève alors, ouvrant les yeux, les mains agitées de quelques tremblements.

L'ancien militaire, avec quelque autorité mais aussi avec un sourire amusé, a éloigné le canidé par le collier et l'empêche désormais de revenir à la charge sur Merlin. Il est vrai que la plupart du temps, il attire les chiens. Les animaux en général d'ailleurs. Mais les toutous doivent très certainement sentir sa peur et prendre un malin plaisir à le torturer psychologiquement. Il n'a rien contre les chiens, il ne peut juste pas les voir, c'est physique. Un aboiement un peu trop proche et il fait un bond comme si la foudre était tombée à dix centimètres de ses pieds. Le grognement de la bête l'a d'ailleurs fait quelque peu frissonner.

Par chance, le maître de l'animal l'appelle. Deux sifflements plus tard et la chienne repart en aboyant vers sa maison. Le regard un tant soit peu terrifié de Morgan ne la quitte pas, jusqu'à ce que Christopher le sorte de sa rêverie, le traitant par là même d'imbécile. Le concerné ne réagit même pas, se laissant juste aidé pour se remettre debout. Il plane encore un peu, tente de reprendre une respiration normale et espère que son coeur arrivera à s'en remettre rapidement. Tandis que Chris époussette sa veste, se disant sûrement que deux comme lui, ça n'existe pas, Merlin essuie du dos de la main les deux larmes qui ont voulu se faire la malle. Trop sensible.

— Je- j'avais oublié... précise-t-il en se traitant intérieurement d'idiot fini, puis il prend une inspiration, relevant doucement les yeux vers l'américain. C'est juste que, quand y'a un chien, je-

Mais il ne peut continuer, coupé par la vision du gros toutou revenant à la charge. Une exclamation s'étrangle dans sa gorge, alors que pourtant, la chienne paraît on ne peut plus joyeuse de revenir au galop vers le nouvel humain. Celui-ci ne tarde d'ailleurs pas à réagir, agrippant plus que de raison l'avant-bras de Christopher, qui commençait à se détourner pour voir où était le problème. Priant tout les dieux de la création, Morgan se planqua derrière l'ancien militaire, agrippant sa veste noire et fermant les yeux. Comme si par ce simple geste, la chienne allait disparaître. Un vrai gamin.

— Pitié, fais quelque chose, implore-t-il Chris en sentant son coeur repartir à toute allure et sa respiration lui jouer des tours.

Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas croisé de canidés, et il fallait que ça se passe comme ça. Quelle chance.

C’est d’un comique. Toute cette situation est franchement amusante. Et le serait d’autant plus s’il n’y a pas cette réelle panique dans la voix du plus jeune. Le pauvre. En voyant la seconde attaque du chien, il avait attrapé l’avant bras de notre ancien militaire qui fût content que le jeunot n’ait pas les ongles longs. N’empêche que malgré tout, ce gamin avait une sacré force que Christopher ne pouvait ignorer. Mais heureusement, alors que ce dernier s’était retourné pour faire face à la méchante bête, le plus jeune lui lâcha le bras, préférant s’agripper avec force à la veste de l’ancien premier maître. Celui-ci ne bougea donc pas.

« Savane, ça suffit » dit-il vivement, tentant tant bien que mal à empêcher le chien de s’approcher plus que de raison du jeunot. « Allez file. Il n’y a rien pour toi i … »

Il est coupé par un cri. Relevant vivement le visage son regard tombe sur la voisine qui accoure en hurlant le nom de son chien. Une fois devant eux, elle agrippe vivement l’animal par le collier, l’engueule, s’excuse platement sans un regard pour Morgan puis tire le chien derrière elle. Christopher sent son cœur se serrer légèrement, ayant pitié du pauvre canidé. Enfin. Il reste encore sur place, observe tranquillement comme la femme ouvre la porte de sa maison, tire le chien à l’intérieur et referme le porte derrière eux. Ce n’est qu’à ce moment là, que Christopher fait un pas en avant et, se tournant, attrape doucement les poignets du plus jeune pour le faire lâcher prise.

Il reste quelques instants debout, face à Morgan et l’observe. Le pauvre. Il est encore et toujours terrorisé. Tremblant comme une feuille dans le vent, il a le regard rivé au sol et la respiration haletante. Alors, dans un brusque élan de bonté mélanger à de la pitié, Christopher lui lâche les poignets puis écarte le bras et les referme sur ses épaules. Exerçant une légèrement pression sur ses omoplate, il attire son colocataire contre lui.

« Là, Morgan, calme toi » souffle-t-il en lui caressant délicatement le dos « Savane est partie. Ne t’inquiète pas. » Il lui passe tendrement dans les cheveux, sentant le cœur du plus jeune battre contre sa propre poitrine.

Pauvre gamin. Christopher espère tout de même qu’il va réussir à se calmer rapidement.

Le chien est entêté, et il tente encore et encore d'aller faire coucou à Morgan. Heureusement, sa maîtresse, la voisine sûrement, arrive mettre de l'ordre. Le brun a toujours les yeux fermés, mais il entend qu'on appelle le chien, qu'on l'engueule, qu'on s'excuse, puis plus rien. Ou plus grand chose en tout cas. Il sait que le chien est parti, de force certes, mais bel et bien parti. Et puisqu'il a entendu la porte claquer, le toutou est sûrement à l'intérieur désormais. Ensuite, il sent Chris s'éloigner, et lui agripper les poignets pour le faire lâcher prise. Le britannique ouvre doucement les yeux, mais les garde fixés sur le sol, le souffle difficile.

Quelques instants plus tard, une chose étrange se produit. Sans vraiment savoir comment ni pourquoi, Merlin se retrouve dans les bras de l'ancien militaire. Les tremblements du jeune homme se tarissent alors. Une impression de sécurité réelle émane de Christopher. Jamais Morgan n'aurait cru ça possible, de se sentir ainsi entre les bras de l'américain, mais après réflexion, il y a quelque chose de logique là-dedans. L'aîné souffle alors des paroles apaisantes, tout en lui caressant le dos.

Les mains et le front posés contre le torse du plus grand, le brun ralenti sa respiration, tandis que son coeur continu de battre trop rapidement pour un état de calme. La main venant se perdre dans ses cheveux l'aide à le calmer cependant. Il a toujours adoré qu'on lui touche les cheveux, qu'on joue avec, c'est infiniment relaxant. Ainsi donc, en quelques minutes, les tremblements se sont totalement arrêtés, les battements de coeur ont repris un rythme normal, et la respiration est apaisée. Morgan n'est plus terrifié, la phobie est passée si l'on peut dire. Se rendant bientôt totalement compte de la situation, et accessoirement de où il se trouve, il repousse doucement Chris, le regard baissé.

— C'est.. c'est bon. C'est passé, ça va mieux, merci, dit-il faiblement en abaissant ses mains.

Prenant une grande inspiration, il expire ensuite sèchement avant de relever la tête, souriant. Transformé même. A quoi bon s'attarder là-dessus. C'est une phobie, un truc qui pointe le bout de son nez en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et qui repart de la même façon. Après un regard réflexe vers la maison des propriétaires du chien, qui sont d'ailleurs les voisins, ce qui sera amusant à l'avenir, Merlin repose son attention sur Christopher.

— Désolé, je n'y pensais plus à.. ça, sourit-il doucement en se passant une main à l'arrière de la tête, puis il reprend, ayant plutôt hâte de changer de sujet. L'épicerie donc, on y va ?

Ce gamin a –et gardera à jamais- ce don de fortement étonner notre ancien militaire. Après s’être blotti dans ses bras, il s’est rapidement calmer lorsque Chris a commencé à lui caresser les cheveux. Contre lui, l’ancien premier maître a bien remarqué le changement dans le rythme cardiaque du plus jeune avant que celui-ci ne le repousse légèrement. Sans résister, Christopher le lâche et se recule d’un pas, posant sur un lui un regard doux qui se voulait rassurant. Souriant en coin lorsque le jeunot lui signifie que c’est du passé, il sent son regard s’étirer d’avantage en voyant celui qui orne maintenant le visage de Morgan.

Ce gamin est vraiment quelqu’un d’étonnant. Autant sa phobie est réelle et aucunement joué, autant il peut très vite passer outre. Et c’est une très grande qualité, ça. Hochant donc la tête, Christopher lui tapote une dernière fois l’épaule puis se tourne et ensemble, ils reprennent le chemin de l’épicerie.

« Tu as donc peur des chiens … y a une raison particulière à cette phobie ? » demande-t-il, curieux, avant de grimacer légèrement « Je peux donc oublier l’idée d’acheter un chien que j’ai depuis que j’ai emménagé ici … »

Cette idée lui trotte dans la tête depuis plus de 3 mois. Il s’est renseigné à droite et à gauche, à acheté des livres sur les chiens, lit des articles de propriétaires, s’intéresse aux races, se demande quel chien peu lui correspondre, à lui. De préférence un chien gentil mais tout de même très vif et dynamique, avec lequel on ne s’ennuie pas. Aussi, il devait allez dans un élevage de Husky la semaine prochaine et dans un de chow chow dans trois jours.

Sauf que maintenant il y avait un problème. Un problème humain. Morgan, qui avait une peur bleue des chiens, au point d’être paralysé à la vue d’un de ces animaux. Tous ses plans tombaient donc malheureusement à l’eau, maintenant.

Ensemble, ils repartent donc sur le chemin de l'épicerie. Morgan est calmé, ce qui peut paraître étonnant au vu de l'état dans lequel il était il n'y a pas cinq minutes. Il jette encore quelques regards en arrière, pour s'assurer qu'aucune bestiole canine ne débarque à l'improviste. Quant à Chris, curieux, il demande s'il y a une raison à la base de cette peur, puis est déçu de devoir abandonné l'idée d'acheter un chien. Le britannique le regarde alors, un peu désolé pour lui, tout de même. Culpabilité. Depuis qu'il a emménagé ici, l'ancien militaire pensait de plus en plus à avoir un toutou, et Merlin, qui débarque comme ça sans prévenir, le prive de cette idée.

— Désolé, lâche-t-il naturellement, avant de marquer une pause puis de hausser les épaules. Je ne sais pas d'où ça vient en fait, je n'ai jamais eu de problème avec les chiens. Tout ce que je sais, c'est que j'en ai toujours eu peur.

D'aussi qu'il s'en souvienne, il a toujours réagi comme ça face à un canidé. En général, lorsqu'il avait la force de bouger, il allait tout bonnement se cacher derrière sa mère, ou son grand-frère si celui-ci était à proximité. Le plus souvent, il faisait tout pour éviter d'en croiser un, et si un chien pointait tout de même le bout de son nez, il priait pour qu'il n'approche pas. Là, avec la chienne, Savane, c'est parce qu'elle s'était carrément jetée sur lui qu'il avait réagi aussi. Et puis, c'est un chien totalement inconnu, donc même s'il est très gentil, Morgan n'avait aucune garantie.

Ils marchent bien quelques minutes, durant lesquelles le britannique réfléchi. Peut-être que finalement, il n'a peur que des chiens qu'il ne connait pas. Après tout, ils n'ont jamais eu de chiens, il n'a pas grandi avec, et il n'en a pas vu grandir non plus. Par contre, il y avait un chien qu'il arrivait à supporter, ou en tout cas, il arrivait à rester dans la même pièce que lui tant qu'il y avait deux mètres entre eux. C'était le chien de ses cousins, à Seattle. Preuve qu'il pouvait s'entendre, plus ou moins, avec un canidé, à force d'habitude. mais le début avait été laborieux. Bref, ça n'était peut-être pas tout à fait perdu pour Chris.

— Hm, tu sais, peut-être que, que c'est possible, pour le chien... commence-t-il, pas du tout sûr de lui et de son idée. Peut-être que si on- tu. Si tu le prends petit, je pourrais m'habituer à lui... Enfin, ce n'est qu'une supposition.

L’explication de la peur de Morgan est aussi simple et logique que l’explication pour son allergie aux chats : depuis toujours. Mais ça, Chris ne le savait pas. Tout comme Morgan ne savait pas pour lui. Donc, ils étaient quittes. Enfin. L’ancien militaire se contente d’hocher la tête et, enfonçant ses mains dans ses poches, continu son chemin en silence. Du coin de l’œil il remarque pourtant que le plus jeune semble se triturer les méninges. Fronçant légèrement les sourcils, Christopher se demande furtivement ce qu’il peut bien penser, avant que le jeunot ne reprenne la parole.

Et ce qu’il dit plait énormément à notre ancien officier. Il accueille l’explication - que le fait que Morgan pourrait s’habituer à un petit chien qu’il aurait vu grandir et apprit à connaitre ne lui ferait peut-être pas peur- avec un sourire grandissant. Ainsi, tous ses espoirs ne sont donc pas perdus. C’est une bonne chose. Non ! Une excellente chose même. Sans perdre son sourire, il sort la main droite de la poche de sa veste et va gentiment ébouriffer la chevelure brune de Morgan.

« De toute manière, la meilleure manière de combattre une phobie c’est d’y faire face » dit-il en remettant sa main dans sa poche « L’avantage c’est aussi que toi tu peux y travailler. Moi je ne peux rien faire contre mon allergie. »

C’était effectivement le cas. Il avait bien évidement tenté une désensibilisation, mais il n’y avait rien à faire. Le traitement n’était pas efficace. Lorsqu’en plus il avait été cloué au lit pendant 1 semaine avec 39°c de fièvre, sa mère avait cessé tout traitement. Mieux valait pour lui maintenant de fuir le contact de ces bêtes. Enfin bref, là n’était pas la question.

« Je vais dans un élevage de chow chow après demain et un de husky la semaine prochaine, voir les chiots. Tu viendras avec »

Morgan n’avait guère le choix. S’il voulait acheter un chien, alors ce devait être un chien qui leur convienne à tout les deux. Soit. A ce moment même, ils atteignent l’épicerie. Christopher ouvre la porte, la retient pour pas qu’elle ne claque sur Morgan et salut la caissière avant d’attraper un panier.

« ce soir c’est pâtes au saumon » il lance un regard vers le plus jeune « ça te vas ? »

La proposition de Morgan fait naître un sourire sur le visage de l'ancien militaire. Un sourire qui s'agrandit de mot en mot. Le plus jeune subit d'ailleurs un nouvel ébourriffement, signe de la bonne humeur de Chris. Avec un léger sourire, le brun se recoiffe machinalement. Les rebiques et les cheveux en bordel, il les a déjà le matin, alors merci. Soit. L'américain ajoute que pour combattre une phobie, le mieux c'est encore d'y faire face, contrairement à sa propre allergie qui le suivra jusqu'à la fin. Puis il dit qu'il doit aller voir un élevage de chow-chow et un autre de husky, la semaine prochaine, et que Merlin devra l'accompagner.

Le jeune britannique a le temps de voir sa vie défilée devant ses yeux, avant de se reprendre. Il est naturel qu'il vienne, évidemment. Si un chiot doit débarquer, il faut qu'il convienne à eux deux, c'est la moindre des choses. Mais tout de même. Lui, Morgan Merlin Smith, dans un élevage de chiens. C'est impensable, inimaginable, improbable, impossible. C'est pourtant ce qu'il va devoir faire, pour Christopher. Et puis, ça n'est pas comme s'il était jeté en pâture au milieu de chiens enragés. Le bouclé sera là, aussi.

— Si mon coeur lâche, ça sera de ta faute, le prévint Morgan en passant la porte de l'épicerie, avant de sourire à pleine dents. Bien sûr que ça me va ! Le saumon c'est le bien.

Quand il était en Irlande, c'était presque s'il en mangeait trois fois par semaine. C'est un peu comme s'il avait grandi avec ça. Mais de manière générale, il aime bien le poisson. de manière général, il aime bien tout ce qui se mange d'ailleurs, avec une nette préférence pour le sucré, mais il mange de tout. Et puis, avec de la crème quoi. Ça rend tout tellement meilleur. Ainsi, c'est avec un sourire constant qu'il suit l'aîné entre les rayons. Saumon donc, de la crème, et du lait. Morgan a soudain une autre pensée.

— Dis, Chris, t'aime bien les cupcakes ? Tu préfères quoi comme parfum ? demande-t-il, un peu innocemment sur les bords. Parce que, j'en ai bien envie là, et je me disais que je pourrais en faire, donc si t'as une préférence...

Il n'attend alors plus que la réponse de Chris pour ensuite partir à la recherche de ce qu'il lui faut.

Même s´ils avaient leur différences au niveau des animaux qu´ils appréciaient, Christopher savait que l´histoire de la bouffe ná llait pas être un problème. Morgan avait l´air enchanté d´apprendre qu´ils mangeront du saumon ce soir. Aussi, Christopher avait encore en tête que le plus jeune appréciait le poisson en général. C´était une bonne chose. Une très bonne chose. Lorsque lui-même était embarqué, il mangeait énormément de poisson et aimait tellement ça qu´il avait garder cette habitude. Finalement, Christopher mangeait très peu, pour ne dire pas du tout de viande. Enfin. Le sucré, par contre, c´est autre chose. S´il est vrai que le pêché mignon de l´ancien premier maître est un croissant sorti du four, c´était la seule viennoiserie qu´il appréciait. Avec le reste -gâteaux, bonbon ...- on pouvait le faire fuir. Enfin.

"J´avoue que je ne mange pas de cupcake ..." dit-il en grimaçant légèrement, suite à la question du plus jeune "Mais j´aime beaucoup les muffin à la myrtille ou les gâteaux au spéculoos ..." il reporte son attention sur Morgan et lui sourit doucement "Si tu trouve un moyen de faire des cupcake avec ces ingrédients ...."

Il laisse sa phrase en suspens, regardant le plus jeune d´un air "s´il te plait, fait des cupcake au spéculoos ou la myrtille ! S´il te plaiiiiit" avant de se reprendre. Se redressant, il toussotte légèrement puis lance un coup d´oeil sur sa montre et hoche la tête.

"Dans 20 minutes aux caisses, okay? Ou alors tu me cherches ici" il lance un coup d´oeil vers les rayons "Je veux dire, je suis grand et l´épicerie est assez petite. On devrait se croiser assez souvent"

Ce disant, ils se séparent. Christopher, lui, se dirige promptement vers le rayon des surgelés et choisi, après un certaine hésitation, le meilleur saumon, tout en faisant attention à son origine. Finalement, il jette son de´volu sur un saumon qui aurait, apparement, été élévé dans le coin. Une fois donc le paquet dans le panier, Christopher continu ses achats.

Ce fût donc, une petite vingtaine de minutes plus tard, qu´il se retrouve aux caisses. Dans le panier se trouve encore de la crème, du parmesan -Christopher ne jure que pas le parmesant- ainsi que du earl grey. Il a vu ce thé par hasard et s´est dit que Morgan est vachement tête en l´air pour penser à en racheter, étant donné que la réserve de la maison a été vidé ce matin. Enfin.

Patiemment, il attend donc le retour du plus jeune.

Par nature, Morgan ne mange pas énormément, en tout cas, moins qu'un individu lambda de la même taille. En revanche, ce qui est sucré passe tout seul, mais même avec ça, il ne prend pas un gramme. Une chance ou un malheur, nul ne sait, en tout les cas c'est génétique. Son frère et sa mère sont pareils. Ainsi, il ne coûtera sûrement pas chère niveau alimentation, d'autant que sur ce point de vue, il s'accorde plutôt bien avec Chris. La viande est là, mais cachée dirons nous, quoique le britannique apprécie autant une côte de boeuf qu'un filet de fletan. Apparemment, l'ancien militaire n'est pas trop porté que les pâtisseries, mais s'il y a un truc que Merlin sait parfaitement cuisiner, c'est les cupcakes. Et ça, Christopher ne pourra y échapper.

C'est donc avec un grand sourire, ayant parfaitement lu entre les lignes, que le plus jeune se détourne pour partir en quête des ingrédients qu'il lui faut. Il a été amusé par le fait que, pour une fois, et pendant quelques secondes, Chris fissure un peu sa coquille. Rien que ça le réjouit. Il a un temps imparti pour réunir ce qu'il lui faut, mais il range bien vite cette information mineure pour se concentrer et ne rien oublier. Et il n'oublie rien pour la préparation de cupcakes aux spéculoos, par contre il ne trouve pas ce qu'il lui faut pour des cupcakes aux myrtilles. Dommage, il aurait adoré, mais il en fera, si Chris aime ça. En compensation, il se prend de quoi faire des gâteaux de fées aux oreos. Ça, c'est pour sa pomme. Il n'a encore jamais préparé de petits gâteaux au spéculoos, mais il va tester. Il n'est jamais contre un défi de ce genre.

C'est vingt-trois minutes plus tard qu'il retrouve Chris vers les caisses. Il est un peu en retard certes, mais d'un côté il ne le sait pas, donc il ne s'inquiète pas. Alors que l'américain est, au contraire de Morgan, du genre très ponctuel et sans grande patience. Le brun fait, de toute façon, comme si tout était normal. En déposant les produits dans le panier, il remarque le thé. Ça aussi, il l'avait oublié, alors qu'il l'a justement fini ce matin en ce disant que tiens, il faudrait en racheter. Heureusement que Christopher est là. Merlin est plutôt indépendant, oui, mais néanmoins tête en l'air, même sur des trucs ô combien importants pour lui, à l'instar du Earl Grey. Il boirait quoi le matin sinon ?

— Tu as pensé au thé ? Mais t'es parfait toi ! s'exclame Morgan en souriant, totalement naturel, avant de jeter un coup d'oeil au panier. Tu as de la chance aussi, j'ai trouvé tout ce qu'il me faut pour des cupcakes aux spéculoos. Par contre, les myrtilles ce sera une prochaine fois.

Il hausse légèrement les épaules, quelque peu désolé, mais faut faire avec ce qu'on a. Cette épicerie n'est pas bien grande il faut dire. Peut-être qu'à Ashland, il aurait pu trouver ce qu'il lui manque, dans une grande surface pas exemple. Mais il y a déjà de quoi faire des cupackes aux spéculoos, et aux oreos, alors il ne va pas se plaindre. Les derniers cupcakes qu'il a mangé, c'était il y a quelques jours, ceux qu'il avait acheté au salon de thé, et ça lui a donné envie d'en refaire. Bref, en passant aux caisses et en mettant leurs achats dans des sacs plastiques, tandis que Christopher s'occupe de payer, Morgan reprend la parole.

— Je te préviens quand même, mais je n'ai encore jamais fait de cupcakes aux spéculoos. Oh je sais plus ou moins comment on fait, t'inquiète pas, mais ce sera une première, donc tu me diras franchement ce qui va et ce qui ne va pas. Ok ? demande-t-il sérieusement, avant de sourire, les yeux étincelants de gourmandise. Pour moi j'ai pris des oreos, c'est l'un des meilleurs parfums pour les cupcakes.

"Morgan ..."

Christopher tente bien de couper le flot de parole plus que continu du plus jeune, mais rien y fait. Telle la rivièrre dont les torrents s´accèlèrent avant la cascade, ce jeunot parle et parle et parle et parle. Et parle encore. Christopher, tout d´abord plus ou moins attentif, décroche finalement très vite de la conversation et fini par ne l´écouter plus que d´une seule oreille. Il aime bien ce jeune, mais il devrait apprendre à parler un peu moins. Quoique, cet apprentissage sera le plus long, le plus pénible et sans doute aussi celui qui n´aboutira à rien. Enfin.

S´affairant donc à fourrer le tout dans les sac en papiers, Christopher fini par payer puis attrape un sac et laisse le second aux mains du jeunot. De toute manière, ce sont ses courses à lui, peut importe à l´ancien militaire ce que le gamin en fera. Quoique, s´il y a des cupcake aux speculoos à la clef ... non ! Pas de pensées gourmande. Morgan en a de toute manière assez pour deux, pas besoin que lui-même s´y mette. Secouant donc légèrement la tête, Christopher lance un rapide ´aurevoir´de politesse puis sort de l´épicerie, Morgan sur ses talons. Ralentissant légèrement son allure, il laisse le jeunot se placer à côté de lui puis reprend tranquillement son chemin.

"Il n´est que 16h ..." dit-il plus pour lui-même qu´autre chose en lançant un coup d´oeil sur sa montre, avant de se tourner vers le plus jeune "Voilà le programme. On rentre, on range le tout. Moi je m´en vais courire une petite heure. Pendant ce temps tu ranges le salon. Je ne veux plus voir, ne serait-ce qu´un seul petit poil de chat sur le sol. Comprit? Je serait de retour vers 17h30. à 18h je prépare le repas et on mange à 19h." il arque un sourcil interogateur "Comprit?"

Il peut paraître stricte ... mais enfaite non, il n´y parait pas seulement, il l´est réellement. Mais on ne s´appelle pas Christopher Scott Nicholson si on ne fait pas sortir -de temps à autre ...- l´ancien premier maître qui sommeil en soit, non? De toute manière, Morgan n´a guère le choix. Christopher n´a aucune envie d´avoir une nouvelle crise d´allergie -car oui, de simples poils qui trainent peuvent en déclancher une ...- et c´est en particulier la faute à Morgan. Donc justice n´est que faite.