Merlin n'a pas conscience du regard que Christopher a sur lui. Il n'a même pas conscience que son geste pourrait être indécent. D'habitude plutôt pudique, il considère cependant Christopher comme ami, et n'a donc sur le moment pas plus de gêne que cela à se retrouver torse nu devant lui. Par une telle chaleur, au bord d'un lac qui plus est. Le britannique ne se considère pas comme "bien foutu", il est grand et mince, à l'instar de Will, et il aurait même plus tendance à se voir maigrichon. C'est surtout qu'il est banal en fait. Il n'aime donc pas se montrer plus que ça... Mais il ne préfère pas non plus rester avec un t-shirt trempé.

Il intercepte un très court instant le regard de l'américain. Mais au lieu de le détourner comme lui le fait, Morgan le suit un instant des yeux, alors qu'il s’affaire autour d'Hermès. Il regarde ensuite Avalon, de nouveau l'andalou, puis encore sa propre monture. Il se dit bien qu'il devrait le desseller, mais cherche d'abord des yeux un coin au soleil pour faire sécher son t-shirt. Alors qu'il va pour étendre son haut, il entend qu'on l'appelle, puis un sifflement. Il relève immédiatement la tête en se tournant vers Chris, un peu étonné qu'il l'ait appelé Merlin. C'est plutôt rare en fait, mais d'autant meilleur. Il hoche ensuite la tête, soupirant tout de même légèrement puisqu'il comptait bien s'occuper d'Avalon. Comme cela ne sert de toute façon à rien de discuter avec l'ancien militaire, le britannique s'empresse d'aller débarrasser le bai de son harnachement, ayant calé son t-shirt sur son épaule.

Posant correctement selle et filet à terre, à côté de ceux d'Hermès, Morgan laisse un instant son regard dévier vers Chris un court instant. Un court instant car si tôt l'a-t-il aperçu torse nu, de dos certes mais torse nu quand même, le jeune homme détourne les yeux pour se reconcentrer sur Avalon. Il a besoin de quelques instants pour se reprendre, ayant furtivement perdu pied. Une fois cela fait, il vérifie une dernière fois le nœud d'attache d'Avalon, lui donne quelques caresses supplémentaires, puis prend son courage à deux mains pour s'approcher de Christopher. Évitant de poser ses yeux sur le torse plus qu'attirant du plus âgé, il s’assoit à côté de lui, étale son t-shirt pas trop loin puis enlève ses chaussures et ses chaussettes, elles aussi imbibées d'eau, pour les placer à côté.

— Et comment elle va, ta cheville ? demande-t-il, essayant de trouver un sujet de discussion, alors qu'il positionne ses jambes en tailleur.

Il fait cela pour détourner ses propres pensées. La dernière fois qu'il a visualisé le torse de Chris, c'était à l'Université, le sur-lendemain de la fête des Jonquilles. Officiellement. Officieusement, il est persuadé d'avoir rêvé de lui il y a deux nuits. Même si ledit rêve, ou plutôt le cauchemar, ne se terminait pas si bien que cela puisque l'américain finissait plus ou moins avec sa cavalière de la fête. Il avait été jaloux et dépressif au réveil, mais la journée avait balayé tout ça. Soit. Toujours est-il que maintenant qu'il a un Chris sans haut sous les yeux, il lutte pour que ses yeux n'aillent pas se poser sur sa poitrine. Ce qui n'évite cependant pas à ses joues de s'empourprer ni à son coeur de grimper en cadence, mais il fait comme si rien n'était, regardant simplement l'étendue d'eau devant lui.

Perdu dans ses pensées, Christopher a le regard posé sur son pied et se masse distraitement la cheville. Faut dire que la vue de Morgan torse nu vient de faire ressurgir ses profonds désirs à l´égard de ce jeunot. Des désirs interdits et on ne peut moins prudes. Le genre de désirs que tu ressents lorsque tu veux plus que le simple amour. Les envies que tu ne diras jamais à haute fois et desquels tu préfères l´action à l´explication.

Lorsqu´il entend la voix de Morgan tout près de son oreille, il trésaille légèrement et relève vivement la tête, puis sourit doucement à la question du jeunot. Cachant ainsi son trouble, Christopher reporte son regard sur sa cheville et passe sa main dessus avant d´étendre les jambes et prendre appuie sur ses bras derrière lui.

"Elle se porte bien" dit-il avec un regard et un sourire franc avant de se laisser tomber sur ses coudes puis se coucher complètement.

Les yeux fermés, il laisse sa tête reposer sur l´herbe quelque peu brûlée par le soleil et pose un bras sur ses yeux. C´est alors que ses pensées prennent une toute autre direction que Morgan. Christopher n´est plus auprès du jeunot ou des chevaux. Il n´est même plus à Shady Cove ni même en Amérique. Il est quelque part entre Continents. L´Europe et l´Océanie, en direction de Sydney. Debout sur la passerelle du Navire de guerre, Christopher n´a pas le regard rivé sur l´horizon, mais sur le pont. Là oú s´affaire tous les marins étant moins gradé que lui. Avec un doux sourire, il les observe de son perchoire. Il est là pour les surveiller et éventuellement les corriger quand ils font des fautes, mais il ne peut s´empêcher de repenser à quand lui-même à débuter dans la marine.

"C´était le 26 juillet 2002 à 9h32." murmurre-t-il "la date et l´heure exact de ma première sortie en mer." sa voix se fait un peu plus forte, sans qu´il ne sache réellement pourquoi il se met à parler de ça maintenant "Direction Djibouti. J´y suis aller deux fois en tout, là-bas. C´était ... magique, époustouflant ... stressant et apeurant. Le premier maître de l époque était un homme de 52 ans, stricte, aigris, froid, malsain... bref, tout ce qui te fous la trouille quand t´as 18 ans et que c´est ta première fois sur un bâteau." son sourire s´agrandit visiblement "Il n´a rien fait pour te mettre à l´aise et c´est lui qui m´a infligé les pires choses lors du bizutage de l´équateur" Il rigole doucement "Ah ce bizutage ... c´était un truc horrible pour celui qui le vit, mais tellement marrant pour celui qui le fait. Je me suis bien venger sur les petits nouveaux quand j´ai commencé à monter en grade" il secoue doucement la tête, tandis que son sourire s´efface "Et maintenant? Plus rien. Plus d´action, plus de missions palpitantes. Des journées rythmées par un quotidien des plus ennuyeux. Et tu sais quoi Morgan?" Il enlève son bras de son visage, ouvre les yeux, tourne le regard vers le jeune homme et attend d´avoir capter son attention pour réafficher son sourire "Je suis con et débile de me plaindre." il se redresse sur les coudes puis sur les mains et porte son regard vers l´étang "Je veux dire ... ma vie est loin d´être minable, en fin de compte ..."

Et c´est en parti grâce à toi. Christopher hésite de conclure ses paroles par cette phrase, mais préfère finalement laisser tomber. C´est alors, qu´il se rend compte de ce qu´il vient de dire. Rigolant doucement, il secoue la tête et se passe une main sur le visage puis les cheveux.

"Sale gosse, tu te rends comptes de ce que tu me fais dire là?"

Son rire se transfore en sourire tandis qu´il reporte son attention sur Morgan.

La cheville de Chris n'a pas l'air de le faire souffrir. C'est rassurant quelque part. Même si demain il pourrait être cloué au lit à cause de cette foutue blessure. Morgan laisse un sourire s'emparer de ses lèvres, en simple réponse à la phrase de l'américain. Puis, tandis que ce dernier s'allonge, le brun plie les jambes et passe ses bras autour, posant son menton sur ses genoux. Il laisse son regard se balader sur la surface de l'onde, alors que ses pensées voyagent bien loin. Mais finalement, elles reviennent tout à côté de lui ; un lac, l'Irlande, son enfance, les déménagements, Seattle, Christopher. Toutes les routes mentales mènent à lui, visiblement. C'est amusant, et un peu déroutant à la fois. Un tantinet flippant aussi.

D'ailleurs, le jeune Merlin sursaute légèrement au moment où l'ancien militaire reprend soudain la parole. Il s'était habitué aux chants des oiseaux et autres sons de la nature, mais entendre la voix de son ami ne le dérange pas. Sa curiosité est piquée dès la première phrase. Une date. Il écoute alors attentivement la suite sans le moindre mal. Comme lorsque sa mère lui contait une légende, quand il était enfant. Même s'il ne comprend pas vraiment pourquoi il lui dit tout ça, le britannique ne fait pas le difficile. Il a bien remarqué qu'il trouve tout ce qui touche de près ou de loin à Chris intéressant. Et ce, depuis le début, depuis leur première rencontre. Il sourit légèrement en imaginant l'homme décrit face à un Christopher tout juste adulte, puis frissonne quant il est question de bizutage, malgré le rire de son ami. Il ne doute pas que dans l'armée, ils ne font pas dans la dentelle. Preuve en est qu'il avoue s'être bien vengé une fois gradé.

Il n'a même pas le temps de s'imaginer quoique ce soit de plus — comme attaché à un lit sous un Chris entreprenant mais ô combien excitant par exemple —, que son ami passe du côté sombre. Morgan a perdu son sourire, sentant venir la suite. Il tourne doucement la tête à la question de Christopher, pour finalement capter son regard. Il est finalement surpris par son sourire et ses paroles. La télépathie n'a pas bien marché ce coups-ci. Il ne le quitte pas des yeux alors qu'il se redresse, avouant la stupidité de ses plaintes concernant sa vie, car elle n'est pas minable. L'étudiant a l'impression qu'il existe une suite, mais qu'elle ne viendra pas. Furtivement, il se dit que s'il a pu jouer ne serait-ce qu'un rôle minime dans ce retournement de situation, il pourrait mourir en paix. Cependant, en entendant le rire de Chris et le fait qu'il reprenne la pique qu'il a lui-même utilisé plus tôt, Merlin rigole doucement.

— Je t'ai forcé à rien moi hein, rétorque-t-il en souriant, posant sa tête sur ses avant-bras de manière à quand même pouvoir observer l'ancien officier. Mais c'est bien... rajoute-t-il plus faiblement.

Des choses ont changées depuis que le jeune homme est arrivé à Shady Cove. Auparavant, Chris refusait de parler de ça, il n'abordait jamais ce sujet de lui-même, mais maintenant il commence sans aide extérieur. Qu'est-ce qui a changé ? Pas seulement son arrivée, ce serait trop simple. En à peine plus d'un mois, en plus. Mais ça ne change rien au fait que Merlin soit content d'avoir entendu ça de la bouche de l'américain. Il n'est plus enfermé dans son passé comme avant. Souriant toujours avec douceur, le britannique se redresse, décroise les bras, et s'appuie sur une main pour se pencher vers Christopher, avant de l'embrasser sur la joue. Parce qu'il est heureux.

Ce fût rapide, une petite pulsion, une petite voix qui lui a dit de faire ça. Sur la joue, pas sur la bouche. Il est encore assez sain d'esprit pour ne pas déposer de baiser sur ses lèvre. Pour lui ça ne se fait pas. C'est tout, même s'il a envie. Mais la joue est libre. Il ne le faisait que pour son frère, il s'en souvient. Morgan est tactile avec les gens qu'il aime, ce n'est pas un secret. Mais qu'il aille jusque-là de sa propre initiative sans une goutte d'alcool dans le sang, c'est à souligner. En s'écartant un peu, il a toujours ce sourire qui fait pétiller davantage son regard céruléen. Il se rapproche ensuite et pose sa tête sur l'épaule de Chris, fermant les yeux.

— Tu crois au destin ? commence-t-il doucement, avant de laisser un blanc pour que l'américain se pose intérieurement la question et ai donc une réponse, puis il continue sur le même ton tranquille. Morgan vient du celte "mori genos", qui signifie "né de la mer", et Merlin du celte "mori dunon", "forteresse de la mer". Toi, tu aimes la mer... Coïncidence ? Je ne crois pas... Tu vois où je veux en venir ? Faire le lien est facile. C'est marrant non.. ? Il marque une nouvelle pause. Quoique tout ça n'est peut-être pas un hasard... chuchote-t-il finalement avec un petit sourire amusé, faisant référence à l'attirance qu'ils ressentent inexorablement l'un envers l'autre et qu'ils ne peuvent nier mais aussi au fait que ce soit chez Christopher qu'il ai atterri.

"Mais c´est bien." Oui, c´est bien. C´est très bien même. Bien que Christopher ne sache toujours pas pourquoi il s´est mit à parler, il sait que c´est bien. Alors que même pas deux semaines auparavant il avait encore beaucoup de mal à se confier sur sa vie passé dans la marine, il ne sait pas quel à été le déclic. Morgan? La balade? hermès? Le fait d´être là, allongé et détendu, avec une cheville non douloureuse, sur l´herbe, à prendre un bain de soleil? Sans doute que ces quatres choses y contribuent très fortement. Il faut dire que Christopher ne s´est plus sentit aussi détendu et aussi vivant qu´en ce moment même.

C´est alors qu´il prend un mouvement furtif à côté de lui en compte. L´instant d´après, il sent la présence de Morgan tout près de lui puis sa tête sur son épaule. Christopher sent un long frisson parcourir son échine, tandis qu´il se laisse faire, passant même un bras autour de la taille de l´anglais pour l´attirer d´avantage contre. Celui-ci reprend alors la parole, se mettant à parler du destin argumentant avec la signification de son prénom et de son surnom. C´est vrai que, si on le prend comme ça, le lien est très facil à faire. Mais Christopher est rationnel. Il ne pense pas comme son jeune ami. Il sourit doucement et lui caresse tendrement le dos.

"Ton prénom aurait pu signifier ´enfant du volcan´ou ´fils du feu´ que ça n´aurait rien changer" il hausse les épaules "j´aurais quand même rencontrer Will, j´aurais fait ta connaissance et quelques années plus tard tu serais apparu devant ma porte comme tu l´as fais. Je ne crois pas au destin, plutôt au hasard." il reporte son attention sur l´étendu d´eau puis à nouveau sur Morgan "L´idée de se dire que notre vie est tout écrit et que tous nos gestes sont dicté me fous plus la trouille qu´autre chose" avoue-t-il avec un petit sourire en coins "Je préfère me dire que tous mes gestes viennent de mon être propre. Tu vois?"

Voilà une différence majeure entre Morgan et lui. Tandis que l´anglais est plutôt enclin à penser au destin, Christopher, lui, est plus du genre à penser au hasard. C´est d´ailleurs dans cette voie là que va son argumentation. Enfin.

L´ancien militaire se laisse finalement retomber en arrière. Se rattrapant avec son coude, il garde l´autre bras autour du cou du plus jeune et l´attire contre lui. Levant se main, il vient la poser contre Morgan et bouge un peu le bras afin qu´il puisse s´installer correctement, tête reposant sur son épaule. De son autre main, il vient, souriant, lui ébouriffer gentiment les cheveux avant de déposer un baiser sur le front.

"N´empêche que tu ne peux prétendre le contraire que j´ai eu entièrement raison d´insister pour la faire cette balade, pas vrai?" demande-t-il sur un ton malicieu.

Morgan se détend totalement lorsqu'il sent le bras de Christopher lui enserrer la taille, puis lui caresser doucement le dos. Il sourit à la réponse de l'américain, n'attendant pas autre chose à vrai dire, mais soupire aussi légèrement. Il sait qu'il est son opposé sur cette question-là, celle du destin. Le brun ne croit pas au hasard en tant que tel. Il croit davantage à un destin, mais sur lequel on peut influer, mine de rien, en faisant tel ou tel choix, à un moment donné. Des choix anodins. Par exemple, si Merlin n'avait pas pris ce bus précis, à ce moment précis, s'il n'avait pas entendu ces deux hommes parler de Chris, il ne serait jamais venu chez lui. Puisqu'il n'a pu avoir d'influence consciente là-dessus, on peut parler de destin. Car c'est un sacré gros hasard sinon. Bref, tout ça pour dire que cette "coïncidence" est quand même amusante.

Allant pour parler, Morgan est soudain étonné de sentir l'ancien militaire s'éloigner, et il rouvre les yeux juste à temps pour se sentir basculer vers l'arrière. Sans aucune résistance, il se laisse attiré contre l'aîné. Il se retrouve couché dans l'herbe, conte lui, la tête sur son épaule. Se positionnant correctement sur le côté pour plus de confort, il sourit de nouveau quand Chris l'embrasse sur le front après lui avoir — encore — ébouriffé les cheveux. L'américain prend ensuite un ton malicieux pour faire dire à Merlin qu'il avait eu raison d'insister pour cette balade. Le jeune homme rit pendant un instant, puis, se calmant mais gardant un grand sourire, il passe son bras sur le torse de l'ancien officier pour y poser sa main nonchalamment. Il se blotti un peu plus contre lui, par réflexe.

— Oui oui, tu as eu raison, ne t'inquiète pas, répond-il, légèrement amusé.

Confortablement installé, ses yeux se ferment d'eux-mêmes. Trop de luminosité. Trop de Christopher, aussi. Morgan se sent infiniment bien ici, dans ses bras, à simplement être là. Il n'a pas envie de bouger, même le simple fait de respirer lui donne l'impression que tout pourrait se briser d'un instant à l'autre. Comme lorsque l'on s'éveille d'un rêve. Mais non, il est bel et bien réveillé, conscient. En pensant justement à cela, il baille. Il n'est pas franchement fatigué, mais lorsqu'il est bien installé comme maintenant, les yeux fermés, chauffé agréablement par le soleil, il ne peut s'empêcher de mettre son cerveau en veille. Une pause qui se manifeste par la détente quasi totale de tous ses muscle, une respiration régulière, et un rythme cardiaque calme. Ses pensées dérivent, et il en attrape une pour la mettre en mots, avec un sourire doux et quelque peu nostalgique. C'est à son tour de parler d'avant.

— La première et la dernière fois que j'ai dormi au bord d'un lac, c'était aussi par une après-midi ensoleillée, sauf que j'étais seul. J'avais huit ans, et je venais d'apprendre qu'on allait bientôt déménager de l'Irlande à Seattle, donc j'ai fugué, dit-il comme si c'était la chose la plus naturelle au monde, mais si c'était à refaire, il le referait. C'est William qui m'a retrouvé dans la soirée, et qui ramené. J'ai pleuré autant que ma mère je crois, mais pas pour les mêmes raisons, ajoute-t-il avec un petit sourire, se souvenant plus ou moins du seul caprice qu'il ai jamais fait pour rester dans ce pays, avant de rajouter plus doucement. Il y a beaucoup de choses qui me manquent quand j'y pense...

Sa Grande-Bretagne, sa mère, son frère, sa famille... La liste est plutôt longue. C'est bien la première fois qu'il s'en plaint à voix haute, mais aussi qu'il en fait plus ou moins part à quelqu'un de son propre chef. Malgré ce que l'on pourrait penser, tout n'est pas tout rose dans la vie du si joyeux Merlin. Loin de là. Quand on le questionne un peu trop, il reste évasif, et sa bonne humeur ainsi que son optimisme naturel font le reste. D'ailleurs, s'il n'était pas parti d'Irlande, il n'aurait pas rencontré Chris, et si Will n'était pas parti, il ne serait pas parti, et donc il n'aurait pas retrouvé Chris. D'un coté, c'est bien que tout ce soit passé ainsi.

Le sommeil lui courant après, Morgan a tout de même le temps d'entendre la réponse de Christopher à tout cela, même si elle n'est pas nécessaire. Il sourit, se lovant davantage contre l'ancien militaire pour ne l'avoir rien qu'à lui, avant de se laisser aller à une petite sieste. De toute façon, il est dans ses bras, et c'est le principal.

C’est sans résistance que Morgan se laisse tomber en arrière et vient se blottir contre lui. Tête reposant sur son épaule, il pose distraitement sa main sur son torse et se tait. Un silence des plus doux et des plus agréables, simplement entrecoupé par le mâchouillement des chevaux, le léger clapotis de l’eau sur la rive et le chant des oiseaux. Les yeux fermés, visage tourné vers le soleil, Christopher soupire d’aise. Ce silence, ces chevaux, cet endroit, ce Morgan dans ses bras. Tout ça est tellement agréable que l’ancien militaire aimerait stopper le temps. Mais il ne peut pas, malheureusement. Et de toute manière Morgan reprend la parole. Lorsque celui-ci se met à parler, Christopher ouvre les yeux et tourne la tête vers lui.

L’anglais lui parle d’un souvenir. Celui de la dernière fois qu’il s’était endormi au bord d’un lac. Âgé alors de huit ans, il avait fugué parce qu’il avait appris que le départ de l’Irlande était imminent. Christopher sourit tristement. Il ne le comprenait que trop bien. Lui-même aurait bien aimé pouvoir fuguer pour échapper à la décision des plus hauts gradés de la Navy. Malheureusement, à 28 ans on a des responsabilités qu’on n’a pas à huit ans. Lui n’a donc pas put fuir. Et puis, la fuite n’a rien arrangé chez Morgan, ils sont quand même partis d’Irlande. Mais le sourire de Christopher se fait plus attendri lorsqu’il entend que c’est William qui a retrouver Morgan et qui l’à ramener chez eux. L’ancien militaire ne peut que trop bien imaginer le frère Smith entrain de calmer son petit frère et le prendre dans ses bras pour le rassurer.

« Autant William pouvait être nonchalant et être un peu …’jemenfoutiste’, autant il pouvait se montrer très doux, réfléchit et protecteur » sourit l’ancien premier maître « C’était le cas à chaque fois qu’il m’parlait de toi. Même lorsqu’il se plaignait de ta stupidité et tes gestes maladroit, il avait toujours un petit sourire discret sur les lèvres. » il resserre un peu son emprise sur Morgan « Preuve qu’il n’était pas cent pour cent sincère dans ses paroles »

Christopher attend une réponse de la part du plus jeune, mais rien ne vient. Lorgnant vers lui, l’américain sourit doucement en le voyant endormi. Alors, reculant la tête, posant sa main sur celle de Morgan, il recule à son tour sa tête et ferme les yeux. Il ne met pas longtemps à s’endormir …

… mais est brusquement réveillé par un long frisson. Rouvrant les yeux, il fronce légèrement les sourcils. Il est au bord de l’étang, Hermès et Avalon sont encore et toujours en mode tondeuse à gazon. Morgan est dans ses bras. Mais quelque chose à changé. Il porte son regard au ciel et écarquille légèrement les yeux. C’est ça. Le soleil à disparu derrière de gros nuage gris plutôt menaçant. Pas directement au-dessus d’eux, ils se dirigent pourtant avec une certaine rapidité vers eux. Le vent aussi s’est levé.

Christopher pousse légèrement Morgan afin de le réveiller à son tour. Il attend ensuite qu’il se redresser pour en faire de même, grimaçant lorsqu’il s’appuie sur son bras gauche. Soupirant, il pose une main sur son épaule et la fait tourner un peu dans tous les sens. C’est que le poids constant de Morgan sur son articulation l’à quelque peu engourdit. M’enfin. Après quelques instants de mouvements, Christopher se redresse et attrape sa chevillière.

« Va falloir qu’on se mette en route … » dit-il en l’enfilant promptement. Puis, se penchant, il attrape ses chaussette et lève furtivement son regard vers le ciel « … Et vite »

Il met ses chaussettes, attrape ses bottes, les fermes, enfile son t-shirt puis se lève. Il attrape ensuite la selle et le filet d’Hermès et se dirige vers le cheval. Celui-ci relève le regard, dresse les oreilles vers lui et l’observe quelques instants avant de recommencer à manger. C’est donc en souriant que Christopher s’affaire autour de ce cheval afin de lui mettre son équipement.

En fait, la réponse de Christopher ne fait que rassurer d'avantage Morgan. Il lui parle de William, de son attitude lorsqu'il parlait de son cadet. Ce dernier sourit d'ailleurs, ravi d'entendre ces mots. Il se savait privilégié dans le cœur de Will, il était le seul à l'avoir vu doux, aimant, attendri, protecteur, grand-frère en somme. Tous ces qualificatifs que l'on n'appliquerait jamais à William même si on le côtoyait pendant cinq ans. Cependant, ce que dit Chris lui prouve que son aîné tenait vraiment à lui, ce qui n'était pas toujours clair même pour lui qui le connaissait bien. Et c'est sur cette envie de revoir William, avec ce manque tout de même présent, que Merlin s'endort. Sans même s'en rendre compte.

Il ne prend conscience d'avoir dormi que lorsqu'il se réveille à cause de l'américain. Se redressant sur un bras, il se passe un main sur le visage avant de frissonner. Il remarque alors que le vent s'est levé, et que le soleil s'est visiblement bien caché. Derrière de gros nuages sombres qui plus est. Christopher, remettant sa chevillière, lui dit qu'ils doivent se mettre en route. Le brun acquiesce et attrape ses affaires dans la foulée. Il passe son t-shirt, ses chaussettes, puis ses chaussures, avant de se mettre debout pour aller chercher le harnachement d'Avalon.

Le bai n'a pas bougé depuis tout à l'heure, même si le britannique n'a aucune idée du temps que signifie "depuis tout à l'heure". Glissant deux trois mots à sa monture qui a reprit son casse-croute, il lui remet sa selle et son filet. Au bout de quelques longues minutes à se dire avec désespoir que toute bonne chose a une fin, Merlin fini enfin de régler la dernière sangle. Il détache ensuite la longe de l'arbre, l'attache autour de l'encolure d'Avalon, puis lui fait faire quelques pas, histoire de ne pas se prendre une branche en lui grimpant dessus.

— Tu crois qu'on va se prendre un orage sur la tête ? demande-t-il tranquillement, levant les yeux vers l'horizon devenu menaçant.

Il remet alors sa bombe puis, après un coup d'oeil à Christopher, monte sur le dos d'Avalon. Il observe ensuite le bel américain se mettre en selle à son tour, en se disant qu'il est quand même mieux sans t-shirt. Un courant électrique court sur ses flancs dès lors qu'il se rend de la proximité qui était la leur il n'y a pas plus de dix minutes. Le regard de Morgan se dérobe immédiatement, et il a un coup de chaud malgré la brise qui perturbe la surface du lac. Il n'entend d'ailleurs pas Chris lui parler.

Morgan n’est pas long à réagir. A peine Christopher a-t-il dit qu’ils devaient se mettre en route, que le jeunot met ses chaussettes et chausse ses chaussures. L’ancien militaire, lui, a déjà posé la selle sur le dos d’Hermès et est entrain de sanglé lorsque Morgan arrive au près d’Avalon. Tandis qu’il lui met aussi la selle sur le dos et que Christopher accroche la longe autour du cou de son cheval puis ajuste le filet, il a le loisir d’observer un peu Avalon. Calme au début de la balade, il n’a plus vraiment l’air de l’être maintenant. M’enfin, ce n’est peut-être qu’une impression car Morgan arrive à grimper dessus sans problème et à le garder arrêter.

Christopher immobilise Hermès à ses côtés, ressangle, ajuste sa bombe, puis monte, lui aussi, à cheval. Une fois en place sur la selle, il lance un coup d’œil à Morgan et hoche une fois la tête. N’ayant pas de mal à comprendre que ce signe signifie que la balade reprend, l’anglais se met en route et ensemble ils quittent ce joli coin de paradis. Pourtant, une fois retourner en forêt, Christopher empreinte un autre chemin que celui par lequel ils sont venu.

« L’étang est à l’exact moitié du haras » argumente-t-il sa décision en se retournant sur sa selle vers Morgan « Comme ça ou comme ça, si on se prend l’orage sur la gueule on mettra le même temps pour retourner au haras » il sourit « autant emprunter un autre chemin et visiter un peu le coin »

Il ponctue ses dires par un sourire franc et rassurant puis fait signe à Morgan de venir se placer à côté de lui. Le jeune homme s’exécute promptement et s’est donc en botte à botte qu’ils sortent de la forêt et s’engagent sur un champ en bordure. Christopher lance un regard en l’air et grimace légèrement en voyant les nuages noirs de plus en plus menaçants au-dessus d’eux.

« J’crois qu’on est entrain de se diriger en plein dans l’orage … » souffle-t-il.

Au même moment, un éclair zèbre le ciel devant eux. Hermès se fige instantanément. Oreilles dressés, Christopher sent comment, sous lui, le cheval est tendu comme un arc. Naseaux écarquillés, l’animal souffle vivement.

« Là Hermès, c’est bon. Pas besoin de t’arrêter comme ça » dit-il en pressant légèrement les talons.

Le cheval se remet en route. Hésitant, son rythme fluide d’avant à l’air d’avoir fait place à un rythme bien plus saccadé. Comme si le cheval voyait un danger invisible. Sa tête est toujours lever, ses oreilles toujours dressé. Du coin de l’œil, Christopher voit qu’il en va de même pour Avalon. Sauf que lui à l’aire d’avoir été bien plus touché. Il trépigne sur place et mâchouille nerveusement son mord.

Ce n’était pas bon. D’autant que le baie à l’aire d’être à deux doigts d’embarquer son cavalier sur le champ. Christopher entreprend d’abord de se calmer lui-même. Mais au même moment que le tonnerre se fait entendre, le ciel déverse sa rage –en forme de pluie- sur eux. Christopher soupire doucement mais ne peut s’empêcher de sourire. Un cliché. Un pur et dur cliché. La pluie, le tonnerre et les éclairs. Comme dans un mauvais film enfaite. Enfin.

Perdu dans ses pensées, il ne remarque la réaction d’Avalon que lorsqu’il est trop tard et que le deuxième éclair zèbre le ciel.

Christopher emprunte un autre chemin. Cependant, Morgan n'y fait pas attention. Il fait confiance à l'américain, et il n'a pas de raison de doute de lui. En plus, lui-même ne connaît rien aux environs, alors il se laisse guider. L'ancien militaire appuie d'ailleurs sa décision en disant que quelque soit le chemin qu'ils prennent, ils mettront le même temps pour retourner au haras, donc autant découvrir un autre chemin. Le brun hoche seulement la tête, avec un petit sourire lointain. Dans sa tête, il est encore dans les bras de Chris et a bien du mal à penser à autre chose. Il redescend cependant petit à petit sur terre et vient placer Avalon à côté d'Hermès au sortir de la forêt.

Christopher fait alors remarquer qu'ils ont l'air de se diriger vers l'orage. Merlin lève les yeux au ciel, acquiesçant, mais il n'a pas le temps de dire quoique ce soit qu'un éclair illumine le ciel. Tout son attention est alors portée sur sa monture, en-dessous de lui, qui s'est brusquement arrêtée. Avalon, ayant sûrement senti l'orage bien avant les humains, avait déjà perdu le calme qu'il avait en début de balade. Le britannique avait cru qu'il l'avait en parti retrouvé, étant donné que le bai n'avait pas fait de manières depuis qu'ils avaient quitté les bordures du lac. Fait est que l'éclair a fait disparaître tout le calme qu'Avalon pouvait avoir.

Morgan reprend correctement les rênes en mains, rassure son cheval par la voix en lui caressant l'encolure, puis le presse de reprendre sa marche. Ce qu'il fait, à l'instar d'Hermès qui lui aussi a été surpris. Cependant, de part son expérience, le jeune homme sent bien qu'il n'y a pas que de la surprise chez Avalon. En effet, au lieu d'imiter bien sagement l'andalou gris, il a bien du mal à avancer. Son rythme est saccadé, trépignant. Son cavalier sait parfaitement que s'il décidait de l'embarquer, il ne pourrait rien y faire. Et comme il ne connait pas et ne voit pas la cause de ce malaise, il ne peut agir dessus. Il essaie cependant comme il peut de calmer la nervosité de son cheval, restant lui-même calme. En le voyant comme ça, on ne dirait pas que c'est Merlin. Soit.

— Avalon, calme-toi mon beau, lààà, ça va aller, calme...

Mais ses efforts sont mis à mal par le tonnerre qui déchire ensuite le ciel, suivi de près par la pluie. Que c'est cliché, que c'est pas de bol aussi. Ces réflexions n’effleurent même pas l'anglais. Pourquoi ? Tout simplement parce que le bruit assourdissant a eu un effet des plus puissants sur Avalon. Il s'est arrêté, fermement campé sur ses jambes, les postérieurs bien rassemblés sous lui. Morgan n'aurait jamais pensé que ce cheval ai peur de l'orage, quoiqu'il a un souvenir lointain d'une ponette qui avait peur du tonnerre dès lors qu'elle sortait de son box ou qu'elle était en balade, ou seule dehors, alors que dans un près avec d'autres équidés, ça allait. Soit. Dans le cas présent, il ne peut pas faire grand chose, d'autant que tout va très vite.

Avalon passe au-dessus de la main, en défense. Il donne une impulsion sur ses antérieurs, refusant d'avancer. Après un ou deux petits cabrés excités, un nouvel éclair zèbre le ciel. Merlin en est juste averti par le flash, trop concentré sur Avalon, essayant toujours de le calmer. Mais celui-ci tente de se dérober, il recule, marche en crabe sur quelques pas, secoue la tête, se soustrait à l'action des rênes. Son cavalier reste le plus calme possible, mais rien n'arrange la situation. La pluie a bien choisi son moment. Et ce n'est pas une petite pluie fine, c'est une belle pluie d'orage. Et au moment fatidique : deuxième coup de tonnerre. Avalon souffle bruyamment, fait un demi-tour, quelques foulées d'un galop tendu, lève son arrière train une fois, puis deux, et là...

Plus rien. Morgan n'a pas le temps de comprendre ce qu'il se passe qu'il est à terre, sur le dos semble-t-il. A vrai dire, la première chose dont il prend conscience est la pluie. Comme sortant de l'eau après une plongée en apnée, il rouvre des yeux écarquillés, essayant de respirer. Son souffle s'était coupé, il ne s'en était même pas rendu compte. Au bout de deux petites secondes, quelque chose se décoince et il prend enfin une grande inspiration. Son épaule gauche lui fait mal, sa tête aussi, mais dans une moindre mesure.

Hermès a, apparemment, retrouvé un semblant de calme. Peut-être celui-ci n’est-il qu’apparent. Toujours est-il que Christopher arrive à se détendre assez … jusqu’à ce qu’il ne voit Avalon planter ses antérieurs dans le sol. Oreilles en arrières, naseaux dilaté et yeux roulant, il semble en proie d’une panique certaine. Quelques cabré nerveux, des marche en crabes. Morgan arrive à contrôler son cheval encore assez pour l’empêcher de prendre le dessus et ce en restant bien calme. Puis le deuxième coup de tonnerre. Ce qui fait déborder le vase.

Avalon fait demi-tour. Christopher n’a pas le temps d’en voir plus, car la peur du cheval semble avoir contaminé Hermès. Celui-ci fait une demi-pirouette sur ses postérieurs. Heureusement, Christopher est plus rapide. Ne lui laissant même pas l’occasion de prendre le contrôle sur son mord, l’américain l’oblige, avec une rêne d’arrêt, à se mettre au galop sur un cercle. Rapidement, l’ancien militaire réussi à reprendre le contrôle sur son cheval.

C’est au moment où il arrête Hermès, qu’il relève le regard et ne voit plus Avalon. Moment de panique. Il baisse le regard vers le sol et voit Morgan allongé sur le dos dans l’herbe. Son cœur rate un battement. Reprenant pourtant, bien rapidement ses esprits, il talonne Hermès qui se met au galop et s’arrête en dérapage à côté de l’anglais.

Le cheval n’est même pas encore arrêté que Christopher saut déjà à terre. Ayant tout de même assez de présence d’esprit, il garde les rênes en mains et se laisse tomber à genoux à côté de l’anglais.

« Morgan ! » hurle-t-il, sentant la panique se gagner, et pose une main sur l’épaule du jeune homme pour le secouer « Bon sang, Morgan rép … »

C’est là que le jeune homme rouvre les yeux et prend une profonde inspiration. Christopher le fixe puis soupire, extrêmement soulagé. Le visage marqué par l’inquiétude, il pose une main sur la poitrine du jeune homme lorsque celui-ci compte se redresser.

« Non reste …là. C …Calme toi d’abord » dit-il d’une voix tremblante.

Enfaite, ce serait plutôt à lui de se calmer en premier lieu. Mais ça lui était impossible. Malgré les nombreuses et profondes inspirations, il n’y arrivait tout simplement pas. L’espace d’un instant il avait craint le pire en voyant Morgan allongé sur le sol. Putain s’il n’avait pas mit sa bombe. Christopher ne se serait jamais pardonné s’il n’avait pas insisté.

« Putain Morgan … »

Christopher ferme les yeux et déglutit difficilement, sa main reposant toujours sur le torse du jeune homme. C’est bien la première fois que l’ancien militaire à l’impression de perdre son sang froid et de céder à la panique.

Le coeur battant la chamade, l'impression de revenir de loin, celle de ne plus savoir où on est, celle aussi de ne rien comprendre... Morgan essaie par réflexe de se relever, mais une main l'en empêche. C'est alors qu'il remarque que c'est Chris qui se trouve à côté de lui. De toute façon, son épaule vient de lui lancer un signal de douleur, donc il se rallonge dans l'herbe sans protester, essayant de reprendre une respiration normale en lieu et place d'un rythme saccadé. Il note furtivement le ton de Christopher, avant de remarquer pleinement son inquiétude. Ce doit bien être la première fois qu'il le voit dans un état pareil, et sur le moment, Merlin s'en veut de l'avoir inquiété d'une quelconque manière. Même si, dans les faits, il n'y est pour rien.

Fermant un instant les yeux, il fait un rapide check-up et s'assure que seule son épaule se plaint. Pour sa tête, il a un peu mal, et est un peu secoué aussi, mais heureusement qu'il porte une bombe sinon il n'aurait pas donné cher de sa peau. En entendant l'américain soupirer quelques mots, il rouvre les yeux pour les poser sur lui. Il attrape d'ailleurs la main sur son torse, doucement, presque de manière rassurante. C'est lui qui est tombé, et c'est lui qui rassure Chris. Lentement, Morgan se redresse sans s'aider de son bras gauche, tenant toujours la main de l'ancien militaire. Une fois sur son séant, il est ravi de voir qu'il n'a pas de vertiges. Il expire un instant, puis relève son regard sur l'autre cavalier.

— C'est.. c'est bon, ça va, je vais bien... souffle-t-il lâchant sa main.

Souriant légèrement, il passe sa main sur la joue de son Christopher. Tout va bien. Il y a sûrement eu plus de peur que de mal. Il caresse un instant sa pommette de son pouce, en pensant furtivement que s'il n'y avait pas eu ces bombes il l'aurait embrassé sur le champs pour lui assurer que tout allait bien, un peu comme l'américain l'avait fait avant de partir pour le haras. Cependant, Merlin repense bien vite à Avalon, au moment où un nouvel éclair apparait. Il enlève brusquement sa main en tournant la tête à droite et à gauche. Maintenant, c'est lui qui perd son sang-froid.

— Avalon ! Où est-il ? s'exclame-t-il avant de reporter son attention sur Chris. Il faut le retrouver.

Sans attendre, il se relève, mais c'est sans compter sur l'appui qu'il prend. Une fois debout, tourné vers la direction qu'Avalon a sûrement pris, donc en sens inverse au haras, il grimace en se tenant l'épaule. Le choc a lui a fait plus de mal que prévu. Il est sûrement tombé sur cette épaule avant de se retrouver sur le dos. Mais avant que Christopher, s'étant lui aussi remis debout, ne dise quoique ce soit, le britannique reprend la parole.

— C'est rien, on verra plus tard, faut d'abord retrouver Avalon, dit-il vivement avant de se tourner vers l'ancien militaire. Il est parti par où ?

C'est à son tour d'être inquiet et angoissé.

La respiration rapide courte et haletantem le coeur battant douloureusement contre ses côtes, Christopher sait que rien ne va. Surtout lorsque l´anglais s´appuie sur son bras gauche en grimaçant de douleur. Pourtant, malgré lui, Morgan tente de rassurer Christopher. Posant une main sur sa joue, il lui caresse tendrement la paumette tandis qu´il lui repête que ça va.

Les lèvres pincées, l´ancien militaire déglutit et ouvre les yeux. Son regard se pose sur celui du jeune homme et son coeur se serre brusquement. Le voir là,  assit au sol, les traits de son visage tiraillés par la douleur, l´inquiète plus qu´il ne le penserait. Et inquiétude est un sacré gros euphémisme. Ce que Christopher ressent en posant, lui aussi, une main sur la joue du plus jeune, est bien plus horrible que la simple inquiétude.

"Morgan .." souffle-t-il

Au même moment, ce dernier se redresse, demandant, en panique, oú est Avalon et qu´il faut le chercher. Sur le coup, Christopher cligne légèrement des yeux, ne sachant pas trop pourquoi Morgan pose cette question. Faut dire ce qu´il en est: la fuite du cheval est bien insignifiante en ce moment. L´inquiétude pour son colocataire est bien plus grande. Tellement grande qu´Avalon a été relégué au second rang.

Mais, voyant Morgan se lever, Christopher en fait de même, gardant ses mains dans le dos du plus jeune au cas oú il serait prit d´un brusque vertige. Mais apparement la panique pour Avalon est maintenant passé au premier rang des priorités pour le jeunot. Elle semble même avoir prit le dessus sur sa sans physique, ce qui inauiète d´autant plus Christopher que Morgan se tient encore l´épaule gauche. Finalement, Morgan se tourne vers l´américain, lui assurant, encore une fois, que ça va. Ce dernier grimace légèrement, hésitant .
..
... mais est brusquement tiré de ses pensées par Hermès. Tirant nerveusement sur ses rênes, celui-ci ne reste plus sur place. Christopher, après avoir fait un pas sur le côté, se réequilibre finalement et s´approche du cheval. Tendrement, il lui caresse le museau et lui murmurre des mots rassurant, lorsque son regard tombe sur la selle. Soupirant doucement, il hésite quelques instants.

"Allez, grimpe" souffle-t-il finalement "On sera plus effectif et plus rapide si on monte tous les deux" reprend-t-il en se tournant vers Morgan.

Tandis qu´il affiche un air décidé, il tend une main vers l´anglais. Celui-ci ne semble pas hésiter bien longtemps et, malgré l´apparente souffrance, s´avance vers le cheval. Mais, avant qu´il ne puisse se hisser sur la selle, Christopher lui pose délicatement une main sur l´épaule, l´oblige à se tourner vers lui puis l´embrasse tant bien que mal.

"Si ça ne vas pas, tu me le dit. ok?" demande-t-il doucement "Promet-le moi ..."
Après la réponse de Morgan, il l´embrasse à nouveau. Sans doute pour lui donner du courage, mais aussi pour s´en donner à lui-même. Se détachant finalement lentement, il abaisse sa main sur le dos de Morgan puis sourit doucement.

"Même si ça risque d´être peu confortable, installe-toi devant le pommeu. C´est plus sûr"

Effectivement, si lui-même était assit sur la selle et tenait les rênes, il aura Morgan devant lui, dans ses bras et pourra donc faire en sorte de le tenir. Il ne restait maintenant plus qu´à espérer qu´Hermès joue, lui-aussi, le jeu. Mais pour tout avouer, christopher n´avait pas trop de crainte sur ce point.

Malgré la douleur qu'il ressent, Morgan s'inquiète plus pour Avalon que pour lui-même. Comme toujours en fait. C'est presque comme si lui-même ne passait qu'au second plan, il ne s'imagine pas être très important. Il sait compter pour sa mère, sans doute un peu pour son père — quoique —, et auparavant aussi pour son grand-frère, bien qu'aujourd'hui ce ne soit plus tellement d'actualité, mais c'est normal, c'est sa famille. Il ne pense pas que d'autres puissent vraiment s'inquiéter pour lui. Enfin, toujours est-il qu'il espère que sa douleur à l'épaule ne traduise pas quelque chose de grave, et donc Avalon passe avant.

Chris, dont les mains n'ont pour une fois pas fait naître de frissons dans le dos de Merlin, n'a pas l'air très convaincu par les paroles de ce dernier concernant son état. Mais Hermès rappelle soudain sa présence à son cavalier. Le cheval est plutôt nerveux, incapable de tenir en place, néanmoins quelques paroles et caresses de l'américain le calme. Puis Christopher se tourne vers le brun, lui disant de monter en selle. Après un instant de latence, celui-ci ne pose pas de questions, face à l'air décidé de l'aîné et ne voyant pas d'autres alternatives. Priant pour que son épaule tienne le choc, Morgan s'avance vers Hermès, mais se retrouve sans trop comprendre comment accrocher aux lèvres de Chris. Il n'en faut pas plus pour provoquer de petits papillons dans le ventre du britannique.

— Oui, promis... souffle-t-il finalement après qu'il lui ait demandé de l'avertir si son état s'aggravait.

Inversion des rôles. Enfin, encore une fois, leurs lèvres se lient. Et pour changer, l'étudiant rougit légèrement. Ce baiser a pour mérite de lui faire tout oublier, mais en lui donnant aussi l'impression que tout va bien, que tout est possible. Que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. En entendant d'ailleurs ce que dit Chris par la suite, Merlin rigole doucement. Ni la pluie, ni son épaule, ne le gênent en cet instant.

— C'est pas forcément "plus sûr" si je veux avoir des enfants plus tard, lance-t-il en plaisantant, avant de perdre automatiquement tout sourire, et d'afficher une mine dépitée. Me dis pas que j'ai dis ça à voix haute... Soupirant, il se tourne vers Hermès. On va dire que je n'ai rien dit.

Il a vraiment un don pour balancer toutes les conneries qui lui passent par la tête. C'est vrai que c'est une bonne idée, de plaisanter à propos d'enfants, sous-entendre procréation, alors que l'on vient juste d'échanger deux baisers avec un autre homme. Le jeune homme ne sait pas retenir ses mots, mais une fois prononcés, il sait ce qu'il n'aurait pas dû dire. Là, c'était déplacé — de son point de vue, et ça le gênait en plus. Un peu comme parler de pièce-montée au premier rendez-vous. Ça ne se fait pas, même quelqu'un qui n'a eu aucune relation amoureuse sait ça. Mais d'un autre côté, il a quand même un peu peur pour ses parties. Pas pour ses hypothétiques futurs gamins, plutôt parce que s'asseoir précisément là ne va pas être des plus agréable.

Soufflant par le nez, se disant que tout va bien se passer, il met son pied dans l'étrier pour se hisser sur Hermès. Le cheval devrait les supporter, vu sa carrure. L'épaule de Morgan lui arrache une grimace de douleur, mais il retient tout gémissement. Dès qu'il le peut, il arrête de s'appuyer sur son épaule. Une fois en selle, il déchausse l'étrier et s'avance pour laisser la place à Chris qui monte, bien sûr, derrière lui. Derrière. Lui. Et évidemment, pour éviter d'être castré par l'encolure de l'équidé, le britannique se retrouve donc coller contre l'américain. Ce dernier a donc ses bras autour de lui, tenant les rênes. Merlin n'avait pas réfléchit jusque là... Cette situation dépasse l'entendement. Son entendement.

Ce que Morgan répond n’intéresse guère notre ancien militaire. Ne relevant pas la connerie du plus jeune, il décide de mettre le tout sur le dos de la panique. Enfaite, il préfère penser que c’est la douleur qui embrume l’esprit de Morgan et lui fait dire ces choses insensées.  Car si Morgan avait vraiment dit ça de son plein grès … bref, Christopher n’y pense pas.  Au contraire.

Il l’aide à grimper sur Hermès et essaie d’ignorer ses grimaces de douleurs. Soupirant doucement, il observe comment l’anglais déchausse l’étrier puis se  met en place sur le garrot d’Hermès.  Pendant ce temps, Christopher se place devant le cheval. L’observant doucement, il sourit un peu et lui caresse la joue.

« Tu vas être gentil, ok ? » souffle-t-il avant de poser son front sur son museau. Fermant les yeux, il prend une profonde inspiration « D’accord Hermès ? »

Il relève le regard vers le cheval puis vers Morgan et lui sourit doucement avant de se placer à côté de lui. Sans quitter le jeune anglais des yeux, il pose une main sur son genou. Son sourire, pourtant, disparait en voyant la grimace de douleur du plus jeune. A nouveau son cœur se sert et il détourne le regard. Putain. C’est sans doute comme ça que Morgan a du se sentir il y a trois heures en rentrant des cours et en le voyant allonger sur le canapé avec une cheville douloureuse. C’est horrible. Une sensation insupportable qui donnerait presque envie à Christopher de souffrir à la place du jeune homme.

Mais un léger ébrouement de la part du cheval ramène l’ancien premier maître à nouveau sur terre. Déglutissant, il soupire pour se donner du courage puis attrape les rênes d’une main. De l’autre il attrape l’arrière de la selle, met son pied dans l’étrier et, après avoir donné une impulsion, saute en l’aire et s’installe doucement sur la selle. Passant son bras droit autour de Morgan, faisant attention à ne pas lui faire mal, il se penche légèrement en avant et attrape l’autre rêne.

« Tu me le dit vraiment, quand ça ne vas pas, ok ? » répète-t-il à l’attention du plus jeune, avant de porter son regard vers l’avant.

Puis, avec un claquement de langue et une légère pression sur les flancs du cheval, il l’oblige à s’avancer. Hermès se met lentement en route. Sans doute est-il irrité par le double poids sur lui. Toujours est-il qu’avec sa tête lever, ses oreilles tournées vers l’arrière et sa queue fouettant l’air, il n’a pas franchement l’air rassuré. Mais Christopher l’oblige à se calmer et à continuer dans la possible direction qu’à prit Avalon.

Une fois sorti du champ et engagé sur le chemin de forêt, la pluie se fait présente, les arbres formant une protection, et Hermès se calme quelque peu. Aussi, Christopher a-t-il l’impression que l’équidé a trouvé son équilibre avec deux personnes sur son dos. C’est pour cette raison qu’il raccourcit quelque peu ses rênes.

« On passe à l’allure supérieure ? » demande-t-il

Sa question est des plus sincères. Faut dire que d’être secouer par le trot n’est pas ce qu’il y a de plus agréable. Et Christopher ne sait même pas si ça ne risque pas d’aggraver le cas de Morgan …

Chris rassure Hermès, tout en se rassurant lui-même, avant de grimper derrière Morgan sur la selle. Le brun fait tout possible pour que son épaule ne bouge pas. Il se sent certes, bizarrement, en sécurité contre Christopher, mais son articulation le fait souffrir atrocement. Quel idiot, pourquoi il s'est appuyé aussi franchement sur elle ? Tout son bras le lance affreusement. Mais il sert juste les dents. Il ne veut pas inquiéter l'américain. Pas maintenant. Peut-être que ça passera, ou quelque chose du genre, en plus. Lorsque Chris se répète, Merlin hoche seulement la tête. Il le lui dira, mais tout à l'heure. Sinon il craint que l'aîné ne décide de rentrer directement sans chercher Avalon.

D'ailleurs, le gris se met en marche sur ordre de Christopher, dans la direction que le britannique suppose comme étant celle empruntée par sa monture. Le jeune homme ne fait pas attention à la réaction de Hermès. Il sait que Chris est là, ça lui suffit pour être rassuré. Inconsciemment surtout. Et peut-être aussi parce qu'il ne s'est pas tout à fait remis de la chute. Bref, il n'a plus mal à la tête, c'est déjà ça. Le mouvement de l'équidé commencerait presque à le bercer, oubliant du même coup, petit à petit, sa proximité avec l'ancien militaire qui l'avait gêné quelques instants plus tôt.

Au moment où ils pénètrent dans la forêt, la pluie se fait moins présente, ce qui n'est pas désagréable non plus. Aussi, Christopher réajuste les rênes, avant de proposer de passer à l'allure supérieure. Merlin se raidit brusquement, pendant un court instant. Il est vraiment sérieux là, si ? Le jeune homme n'imagine même pas les secousses et les vibrations dues au trot qui pourraient se répercuter de sa colonne à son épaule. Faire du trot enlevé n'est pas possible en raison de son état et accessoirement de sa position. Le trot assis le démembrerait petit à petit.

— Je- je pense pas que ce soit une bonne idée, répond-il faiblement.

Il se mordille la lèvre inférieure, se demandant s'il doit argumenter ou non. Sans doute simplement ajouter qu'il a peur que sa blessure s'aggrave suffirait à convaincre Chris. Ce dernier doit d'ailleurs connaître ce genre de situation avec sa cheville, et il ne forcerait pas Morgan à quoique ce soit si cela le faisait d'avantage souffrir. Cependant, le brun ne peut pas risquer d'avoir encore plus mal. Il souffre déjà le martyr. Ou presque. Et puis, il lui a promis de lui dire quand ça n'irait pas non ? Il a déjà repoussé le moment fatidique, sinon il l'aurait dit dès qu'il s'est retrouvé à cheval.

Mais voilà, de un : mieux vaut tard que jamais ; et de deux : Merlin n'a pas vraiment les capacités physiques et mentales de cacher longtemps une forte douleur. Et puis, il préfère le dire à voix haute, au lieu que Christopher le déduise en lisant à travers un mensonge. C'est donc après un moment de silence, et surtout après avoir essayé d'assembler des mots pour former une phrase cohérente, que l'étudiant reprend la parole.

— J'ai mal à l'épaule, vraiment... rajoute-t-il d'une petite voix, presque coupable d'avouer ainsi une faiblesse. J'ai l'impression que j'ai une lance plantée, juste là, indique-t-il posant à peine sa main sur son épaule, avant de la retirer.

En vérité, Morgan s'inquiète. Mais il essaie de ne pas y penser.

Hermès semble plus rassuré, maintenant qu´ils sont plus protégé de la pluie. Mais il n´en reste pas moins attentif. Et c´est tant mieux: au moins il fait attention oú il met ses sabots et ralenti lorsque la boue est un peu trop glissante. Il est calme, mâchouille son mord et pourtant ses oreilles sont en alertes. Mais Christopher sait qu´il peut faire confiance à sa monture et que celle-ci ne partirait pas au grand galop sans qu´il ne le lui demande. D´ailleurs, lorsque Morgan lui dit que ce n´est sans doute pas une bonne idée de passer à l´allure supérieure, l´ancien militaire n´hésite pas et relâche ses rênes. Baissant un peu la tête, Hermès se détend d´avantage.

"Brave cheval" sourit Christopher en se penchant en avant pour lui flatter l´encolure.

Puis, il se redresse et se recule un peu sur sa selle pour laisser un peu plus de place à Morgan. Ce dernier, d´ailleurs, ne semble pas aller très bien. Bien que Christopher ne voit pas son visage -dieu que c´est énervant et frustrant de ne pas savoir avec exactitude ce que ressent le jeunot- il le sent se tendre à plusieurs reprise entre ses bras. Peut-être que sa blessure est plus grave que Christopher ne le pense? Peut-être s´est-il cassé quelque chose? Ce n´était pas a exclure. D´autant qu´avec ses paroles, Morgan confirme quelque peu ses pensées. Le jeune anglais lui dit qu´il a mal à l´épaule, ayant une sensation comme s´"il avait une lance planté juste là".

Christopher grimace et arrête Hermès à une intersection. Faisant mine de réfléchir par oú Avalon aurait put partir, les pensées de l´ancien militaire tournent plutôt autour du fait de s´ils devaient continuer la recherche du cheval ou rentrer directement au haras puis partir à l´hôpital. Bien que très tenter par cette dernière solution, pensant que la santé de Morgan passe avant celle d´Avalon, il sait que ce n´est pas possible. Ils sont parti avec deux chevaux, ils sont obligé de rentrer avec deux chevaux. Eliza n´accepterait plus jamais de leur louer deux équidés et leur ferait surement payer un prix fort. Ils fallaient donc qu´ils retrouvent Avalon, et vite. Plus vite le cheval sera à nouveau en leur possession, plus vite ils pourront rentrer et plus vite Christopher pourra emmener Morgan à l´hôpital.

"J´espère qu´Avalon n´est pas loin. Ou qu´il soit directement rentré au haras." il presse légèrement ses talons et indique à Hermès de prendre à droite. "Et qu´il ne soit pas blessé ..." reprend-t-il dans un souffle.

Ce serait le comble du malheur: revenir au haras avec un cheval et son cavalier blessé. Secouant la tête, fermant légèrement les yeux, Christopher chasse ces pensées pessismistes pour se concentrer sur l´essentiel: retrouver Avalon. Hermès s´engage donc sur le chemin indiquer par son cavalier. Faisant attention à ne pas trébucher sur les quelques pierres, il ne peut pourtant, pas empêcher les branches basses que ses deux cavaliers sont obligé d´éviter en se penchant en avant. Entendant les quelques discrets gémissements de douleur de l´anglais, Christopher soupire vivement puis oblige Hermès a s´arrêter. Sans hésiter d´avantage, il lache ses rênes, déchausse les étriers et, faisant attention de ne pas toucher Morgan, il saute à terre. Se rattrapant en pliant les jambes, il se redresses fnalement et pose une main sur la cuisse du jeune homme. Captant son attention, il croise son regard interrogateur et lui sourit doucement.

"C´était une mauvaise idée de monter à deux sur Hermès." il tapote la selle "Installe toi correctement et concentre toi pour ne pas trop bouger le bras et éviter les branches. Je m´occupe du reste"

Malgré les protestations du plus jeune, Christopher est et restera campé sur sa décision. Ainsi donc, Morgan se recule sur la selle. L´ancien militaire lui rêgle rapidement les étrivières puis attend qu´il soit bien installé, avant de prendre les rênes d´Hermès. Avec un claquement de langue, il l´oblige à se remettre en route.

Maintenant, c´est à lui-même de faire attention oú il met les pieds, tout en essayant d´ignorer la boue qui est bien plus présente ici que sur l´autre chemin.

Sa blessure doit être plus grave que ce qu'il a cru au départ. Peut-être une fracture, quelque part, dans l'épaule. Morgan est vraiment mal tombé. Si William était là, il se moquerait de lui en lui disant que c'est tout ce qu'on risque en montant à cheval. Avant, bien sûr, de le traîner à l'hôpital par la peau du cou. Car d'abord, et dans tous les cas, le brun veut retrouver Avalon. Il prie approximativement tous les dieux qu'il connaît pour que l'équidé, dans sa peur panique, ne se soit pas blessé. Ou qu'il ait eu la bonne idée de rejoindre le haras, mais la direction qu'il a prise infirme pour l'instant cette hypothèse.

Pendant un instant, alors qu'il sont arrêtés à une intersection, Merlin redoute que Christopher ne décide de rentrer directement. Puis il est soulagé de voir que finalement, ils continuent leurs recherches. Il hoche machinalement la tête aux paroles de l'américain, pensant la même chose. Passons outre les ranches basses qui gênent nos deux cavaliers. Le britannique se retient comme il peut de gémir de douleur, mais cela ne fonctionne pas une ou deux fois. Rouvrant les yeux après un spasme de douleur qu'il avait contenu en serrant les dents, il se rend compte d'un soudain vide dans son dos. Baissant un regard interrogatif, et ayant senti la main sur sa cuisse, il voit Chris à terre qui lui sourit doucement. Écoutant ses dires, Merlin proteste pourtant.

Cependant les arguments viennent rapidement à manquer. Et avouer qu'il a juste envie de sentir sa présence ne compte pas. Et puis l'ancien militaire est trop têtu. Adoucissant alors ses traits, soupirant légèrement, l'étudiant se recule sur la selle, attend que Chris ait fini avec les étrivières, et ensuite chausse les étriers pour s'installer correctement. L'américain prend les rênes d'Hermès avant de poursuivre leur marche. Morgan a le bras gauche plié, soutenu par son avant-bras droit dont la main repose sur le pommeau pour avoir un appuis. Limitant ainsi la casse, il observe quelques instants Christopher. Il dit que s'il a effectivement une fracture, ou au moins l'incapacité de bouger le bras gauche, l'aîné va devoir s'occuper de tout à la maison pendant les prochains jours, voire semaines. Ça devrait être... animé.

De longues minutes passent, il ne sait pas exactement combien, mais toujours pas d'Avalon en vue. Juché sur Hermès, Morgan essaie alors de voir s'il n'y a pas des traces de sabots déjà marquées dans la boue. Après tout, si Avalon est passé pas là, il doit bien y en avoir, étant donné que la pluie n'est pas si forte entre les arbres. Et effectivement, il en repère quelques-unes, de là où il est. Il ne peut s'empêcher de sourire, se disant qu'ils sont très probablement dans la bonne direction. En avisant Chris, il se dit qu'il a sûrement remarqué ces détails lui aussi. Relevant la tête, il aperçoit une nouvelle intersection ; le chemin se sépare en deux.

— Il y a moins de boue j'ai l'impression, lâche-t-il, pensif, lorsqu'ils arrivent en face de ladite intersection, puis il continue quelques petites secondes plus tard. Il faudrait que-

Mais il coupé par Hermès, qui relève brusquement la tête. Ce mouvement se répercute un peu jusqu'à la blessure de Merlin, cependant il est plus attentif à la posture du gris. Les oreilles et le regard braqués en direction du chemin de droite. Morgan comprend immédiatement qu'il a entendu quelque chose, et espère que ce "quelque chose" soit Avalon. Un coup de tonnerre peu puissant se fait entendre, suivi de peu par un hennissement et Hermès ne met pas longtemps à faire pareil.

— Je propose de demander au cheval, non ? sourit doucement le plus jeune, un peu amusé, avec un regard pour Chris.

Ce sera à droite donc.

Le chemin boueux, irrégulier et glissant, est un poison pour la cheville de Christopher. Alors que celui-ci à oublié la douleur qu´il ressentait ce matin, il sent comment son articulation se réveille peu à peu, au fur et à mesure qu´il s´avance sur le sol. L´instabilité de sa cheville rend la marche de plus en plus pénible. Mais, serrant les dents, Christopher ne se laisse rien paraître, obligeant simplement Hermès a ralentir un peu. Trop concentré à faire attention oú il met les pieds, il ne remarque que furtivement les traces de sabots dans la boue ... avant d´être subitement stoppé par Hermès. Oreilles dressées, tête relevé, tout son corps est tendu. Les naseaux dilatés, il semble flairer quelque chose. Peut-être Avalon? Les entrailles de Christopher se contractent tandis qu´il tente d´appercevoir quelque chose entre les brousailles.

Un coup de tonnerre. Un hénissement quelque peu lointain. Un autre hénissement juste à côté de lui. Redressant vivement la tête, l´ancien militaire tente de savoir de quelle direction provient cet appel. Finalement, c´est Hermès qui décide. Tandis que Morgan dit, amusé, qu´il faut laisser décider le cheval, celui-ci prend les devants et s´avance vers la droite, avant de se figer à nouveau. C´est au même moment, que Christopher entend le martellement des sabots devant eux.
Les yeux plissés, il remarque quelques instants plus tard, une silhouette équine s´avancer vers eux. Non, galoper vers eux. Écarquillant les yeux, il lâche vivement Hermès, fait plusieurs pas en avant et gesticule des bras en espérant ainsi capter l´attention d´Avalon pour que celui-ci ne les renverse pas.Heureusement, le gentil cheval comprend oú l´humain veut en venir. Vivement, il ralentit et c´est presque en sliding stop qu´il s´immobilise devant Christopher. Avant que l´animal ne puisse décider de faire quoique ce soit, l´ancien militaire fait un rapide pas en avant et attrape vivement les rènes.

"là mon beau, schhhh ..." dit-il, parlant doucement et lui caressant lentement l´encolure pour le calmer.

Continuant quelques instants à lui chuchotter des mots doux et rassurant, Christopher remarque comment le cheval se détend doucement. Une fois qu´il ait jugé que l´animal soit assez détendu, l´américain décide de faire le tour pour voir s´il y a de la casse. Heureusement, l´animal lui-même ne semble pas blessé. Vu comment il galopait, il est fort improblable que ses jambes aient été touchées. La selle aussi n´est pas atteinte. Ce n´est que les rènes qui sont dans un état assez déplorable. Sans doute que, dans sa fuite, les rènes ont glissé à terre et Avalon a marché dessus. Quoiqu´il en soit, elles ne sont plus entières. Enfin.

"Tu t´y connais en monte western, toi?" sourit-il en montrant les deux bouts de rènes à Morgan avant de secouer doucement la tête et reporter son attention sur Avalon "T´es vraiment une sale bête, tu sais ça?"

Il lui tapote doucement le naseau, puis, sans hésiter d´avantage, il enfourche le cheval. Après avoir chausser le deuxième étrier, avoir remarquer que les étrivières étaient plus courtes, avoir juger que c´était sans importance et s´être arranger avec les deux moitiés de rènes, il presses ses talons contre le flanc d´Avalon et l´arrête à côté d´Hermès. Tandis que les deux chevaux se renifles, Christopher pose son regard sur Morgan et se penche en avant pour attraper les rènes du gris qu´il passe au-dessus de ses oreilles.

"T´en auras besoin je pense" dit-il en souriant.

Puis, se penchant d´avantage sur sa selle, il oblige Morgan à tourner sa tête vers lui et lie leur lèvres en un doux baiser. Les chevaux restant calmement arrêté, Christopher en profite pour approfondir le baiser, allant même jusqu´à franchir le mur de lèvres qui sépare sa langue de sa pareille.

C'est donc sur conseil d'Hermès qu'ils s'avancent sur le chemin de droite. Après quelques foulées, l'équidé s'arrête de nouveau, toujours attentif à ce qui se passe devant lui. Morgan perçoit lointainement le martellement des sabots, puis il ne faut pas plus longtemps avant que la silhouette d'un cheval apparaisse. Avalon. Il galope vers eux. Le brun est furtivement soulagé avant de se rendre compte que le bai n'a pas l'air décidé à s'arrêter. En même temps que Chris relâche les rênes de l'andalou pour intercepter Avalon, Merlin agrippe les crins de sa monture d'une main pour garder son équilibre en raison du mouvement d'Hermès. Celui-ci fait un pas de côté un peu surpris à cause des geste de Christopher.

Le cheval se calme ensuite, en même temps que le bai s'arrête presque en sliding stop, juste face à l'américain. L'étudiant a quant à lui eu un coup de stress, ayant eu peur pour Chris. Mais maintenant, il laisse un grand soupire de soulagement franchir ses lèvres. Avalon s'est calmé, il n'a pas l'air blessé — vu comment il galopait il ne peut aller mal — et seules les rênes ne ressemblent plus tout à fait à des rênes. Il a dû marcher dessus après qu'elles se soient barrées. Enfin, si ce n'est que ça, tout va bien. Morgan ne pense plus à son épaule mais il préfère être blessé au lieu que ce soit Avalon.

Il sourit d'ailleurs à la remarque de l'ancien militaire, puis s'attendrit une fois de plus devant l'attitude de ce dernier par rapport au cheval. C'est... adorable, à croquer, tout choupinou. Et il ne pensait pas que ce soient des adjectifs applicables à Christopher. Bref. Il n'est pas surpris lorsque celui-ci monte sur Avalon, pas plus que lorsque les deux chevaux se retrouvent côte-à-côte, se rassurant peut-être mutuellement. L'américain attrape alors les rênes d'Hermès pour les donner à Merlin qui avait un peu zappé ce détail. Souriant de sa propre faiblesse de concentration, il réalise aussi que c'est avec une seule main qu'il va devoir diriger Hermès. Quoique, il paraît qu'il est aussi très réceptif aux jambes.

— Merci, répond-il simplement, avant de perdre pied.

Sans même faire ou comprendre quoique ce soit, il se retrouve à embrasser Chris, sur décision de ce dernier. Ce qui ne dérange pas le moins du monde le plus jeune. Prenant des couleurs, rouges surtout, au niveau des joues, il comprend inconsciemment que ce baiser ne va pas être aussi furtif que les deux précédents. Il béni aussi les chevaux d'être sages, pouvant ainsi profiter davantage de ce baiser. Et il cède sans même s'en rendre compte. Il ne remarque avoir laissé ses lèvres s’entrouvrir seulement lorsque sa langue touche sa jumelle.

Une décharge électrique, un léger froncement de sourcils, et un petit gémissement croisé avec un soupir plus tard, et Morgan perd toute notion de temps et d'espace. Un sentiment inouï. Il en a oublié son épaule douloureuse et le confort absent de sa position. Le seul baiser qui avait eu un effet comparable était celui échangé après la fête. Tout bonnement incroyable. Il laisse sans problème, et sans même y réfléchir, les commandes à Christopher. Il est largement plus expérimenté après tout. Un moment parfait. Le britannique découvre carrément de nouvelles sensations, avec cette brusque intimité. Pas qu'il n'ait jamais fait de baiser d'amour, mais c'est surtout qu'avec l'autre là, tout est bien plus fort.

Ayant tout de même besoin d'oxygène pour vivre, les deux hommes se séparent lentement. Après ce ballet de langues, Merlin n'imagine même pas que ce ne puisse être que le début. Innocence, quand tu nous tiens. Avec le temps, tout gagne en intensité pourtant. Leur premier baiser avait été fort, mais le second l'avait était encore plus. Et celui-ci atteignait des sommets. Les joues rouges, le cœur battant, le souffle quelque peu court, le jeune homme lève un regard indescriptible vers l'américain. Étonnement, appréhension, douceur, envie, bonheur. Amour. Cela ne dure qu'une seconde ou deux, guère plus, avant qu'il ne cligne une fois et que tout disparaisse. Ou diminue, c'est selon. C'est surtout qu'il reprend ses esprits, tandis qu'un léger sourire vient prendre place sur ses lèvres.

— Cesse de me troubler à ce point, c'est.. perturbant, glisse-t-il doucement tout en se redressant.

Encore une fois il n'a vraiment réfléchit à ses paroles, il a simplement dit ce qu'il ressentait. Mais cette fois-ci, il ne se reprend pas, puisque dans sa tête ça n'est pas bizarre. Enfin. Regardant devant lui, puis derrière, il se rend compte qu'il est toujours aussi perdu géographiquement parlant.

— Il est de quel côté le haras ? demande-t-il, en tournant finalement des yeux interrogateurs vers Chris.

C´est doux, c´est bon, c´est incroyablement excitant. De tous les baisers échangés avec Morgan et ceux avant lui, celui-ci a l´effet le plus pur et le plus délicieux sur l´ancien militaire. Lorsque sa langue touche celle de l´anglais, un long frisson lui parcoure l´échine. La chaire de poule se répendant sur tout son corps, son rythme cardiaque augmentant graduellement, Christopher sent à nouveau cette flamme prendre vie dans son bas ventre. Ce n´est pas un petit feu, non. C`est un brasier ardent qui réchauffe. Non, qui échauffe. L´ancien premier maître sent comme l´excitation le gagne. Et s´il n´avait pas eu besoin de reprendre son souffle, il aurait encore continuer longtemps.

Se redressant, Christopher garde son regard posé sur Morgan. Souriant, amusé, à sa remarque, il se passe le dos de sa main sur la bouche et se redresse complétement sur sa selle. Ce jeune anglais est merveilleux. Malgré sa blessure qui a l´air plutôt sérieuse, il garde son sourire. comme si rien ni personne ne pouvais entraver sa bonne humeur constante. Même si Christopher aime bien se plaindre de ce gamin, c´est finalement, c´est ce genre de compagnie qu´il recherche. Et qui lui manquait, sans doute. Enfaite, pour tout dire, depuis que Morgan a frappé à sa porte il y a quelques mois de cela, la vie de l´américain s´est vu être chamboulé. En bien. Et en partie même en mal. Mais ce n´est pas pour lui déplaire. Soit.

"Le haras ..?" reprend-t-il suite à la question du jeunot. Prenant ses rênes en mains, il se tourne sur sa selle et scrute les environs. "Hm ... je propose qu´on reprenne simplement le chemin d´oú on est venu."

Ce disant, il fait une fois claquer sa langue et dirige Avalon vers là oú ils sont venu. Dès les premiers pas du cheval, Christopher sait qu´il y aura un gouffre entre Avalon et Hermès. Alors que l´andalon a un pas souple et qu´il est très doux et sensible dans la bouche, celui-là c´est plus ou moins tout le contraire. Son pas, bien que sûr, est plus raide et il tire pas mal sur les rênes. Pas étonnant qu´il ait facilement prit le dessus sur le mord et qu´il ai éjecté son ancien cavalier. Ce dernier abandonne d´ailleurs bien vite l´idée de pouvoir contrôler le cheval comme il le faisait avec Hermès. Ainsi donc, il lui laisse les rênes, se concentrant simplement sur le chemin.

Arrver à l´intersection, il prend tout droit, donc de là oú ils sont venu. Silencieux, ils continuent sur le chemin puis sortent à nouveau sur le champ du malheur. Au moment même oú Avalon pose ses sabots sur l´herbe, Christopher le sent se tendre. Les oreilles dresser, mordant nerveusement son mord, son pas devient plus raide. Un coup de tonerre lointain a pour effet d´effrayer le cheval. Trésaillant et faisant un écart, il tente à nouveau de s´échapper. Mais c´est sans compter sur le chamgement de cavalier.

Réagissant au quart de tour, Christopher se tend brusquement et, avec une rêne d´arret, réussi à reprendre le contrôle sur le cheval. Soupirant doucement, il l´oblige à se remettre en place à côté d´Hermès. Celui-ci, d´ailleurs, semble serein et ne se laisse pas vraiment mpressionné par les conneries de son collègue. Christopher profite d´un Avalon relativement calme pour lancer un coup d´oeil à Morgan. Lui offrant un sourire rassurant, il désigne le gris.

"Étonnant qu´il soit aussi calme pour son âge" dit-il doucement, tout en jouant avec ses doigts sur ses rênes "Eliza m´a dit que ...Non mais arrête maintenant !" s´énerve-t-il contre sa monture qui tente de prendre le trot. Après qu´Avalon soit repasser au pas calme, Christopher secoue la tête et soupire "Il a beau être gentil, c´est pas étonnant qu´t´ai pas réussi à le contrôler." soupire-t-il avant de reporter son attention sur l´anglais "Je disais donc ... Eliza m´a dit qu´Hermès a 6 ans. Pour son âge il fait vraiment preuve de sang froid."

Il sourit doucement. Cet andalou a vraiment un caractère en or. Christopher se jure de le tester une fois dans la carrière. Il y a surement moyen de se faire vraiment plaisir en dressage avec ce cheval.

Demandant où est le haras, Morgan a encore ce goût sur les lèvres, sur la langue. Celui de Chris. C'est aussi fantastique qu'horripilant. Fantastique parce qu'il n'a jamais connu quelque chose de meilleur. Horripilant parce qu'il a brusquement envie de recommencer. Mais qu'il ne peut et ne doit pas. Sinon il ne pourrait s'arrêter. Il ne pourrait plus revenir en arrière. Et inconsciemment, ça lui fait vraiment peur. Et inconsciemment aussi, un sourire prend place sur son visage, comme toujours. A l'extérieur il montre sa bonne humeur continuelle, alors que parfois à l'intérieur, c'est plus noir qu'un ciel d'Irlande chargé d'orage. Ce qui ne l'empêche pas d'être vraiment heureux.

Par la suite, les deux cavaliers repartent de là où ils sont venus. Par bonheur, Merlin n'a pas besoin de ses deux mains pour contrôler Hermès. Bien qu'il tienne seulement ses rênes de la main droite, il peut aussi compter sur ses jambes pour diriger l'équidé. La dernière fois qu'il avait eu un tel contrôle sur sa monture, c'était avec Loki. Il pouvait lui faire ce qu'il voulait, même si l'Islandais était têtu, surtout avec les autres. Bref, c'est ce qu'il lui faut en ce moment. Avec un Avalon tendu à cause de l'orage, il n'avait aucune illusion à remonter sur sa selle. Bien qu'il l'aurait fait s'il n'y avait pas eu cette blessure. Il sait que le dressage d'Hermès est d'un niveau supérieur, mais le bai lui plaît davantage car il le sait plein de bonne volonté, et il a ce petit truc en plus. Morgan n'aime pas s'ennuyer, l'imprévisible l'amuse.

Il apprécie plus travailler d'arrache-pied avec un cheval pour atteindre un niveau de forte complicité et obtenir tout de lui, qu'avoir entre les mains une monture capable de tout faire sur commande, d'un simple claquement de doigt. Il comprend quand même que Chris adore Hermès, lui qui aime par dessus tout ce qui droit et carré, et aussi sans doute éventuellement qu'on obéisse à ses ordres. Ce n'est pas l'andalou qui fera une erreur, le brun en mettrait sa main à couper. Et ce doit être cette assurance, cette prévisibilité dans les réponses, cette éventuelle déception inexistante, cette rigueur, qui plaît à l'ancien militaire. Justement à cause de cette partie de lui que la Navy a forgé et affermie. Sur le chemin sortant de la forêt, l'étudiant a guetté du coin de l'oeil l'autre cavalier, il voit aussi comment il maîtrise Avalon lorsque celui-ci prend de nouveau peur lorsqu'ils arrivent au champ.

Après avoir repris le contrôle du bai, et après l'avoir replacé à côté d'Hermès, Christopher lance un sourire rassurant au brun avant de commencer à parler dudit Hermès. Dérangé par Avalon, il le reprend en main puis continu de parler. Merlin apprend alors l'âge de l'andalou qu'il est en train de monter, et ne cache pas sa surprise. Seulement 6 ans. C'est impressionnant pour un tel dressage et un tel calme. Ce cheval est vraiment parfait. Un peu trop d'ailleurs. Ah non, il est nul en saut. Donc il n'est pas si parfait que ça du point de vue de l'étudiant. Furtivement, et aussi bizarre que cela puisse paraître, il serait presque jaloux que Chris aime autant Hermès. Ça se voit dans son sourire. Mais cela disparait aussi rapidement que c'est apparu.

— C'est vrai qu'Hermès est impressionnant. River Song était comme ça aussi quand il était jeune, sauf qu'il n'avait évidemment pas un tel dressage à cet âge-là, avoue Morgan en souriant.

Son regard se porte ensuite sur Avalon, après avoir fait un détour par le champ en face d'eux et le visage de l'américain. A ses yeux, même si Hermès est un cheval exceptionnel, le bai l'attire d'avantage. Il l'intrigue. Qu'il l'ait fait tomber ne compte pas, il a peur de l'orage. Mais justement, ce qui plaît vraiment au jeune homme s'est tisser un lien avec sa monture, et apprendre à le connaître plutôt que lui apprendre des centaines de figures de dressage. C'est peut-être pour ça qu'il s'est entendu avec Loki, parce qu'il se foutait du nombre de fois qu'il l'embarquait, il aimait ce canasson et cherhcait à le comprendre plus qu'à le maîtriser. Sa mère lui disait qu'il était bien naïf, mais elle ne lui disait jamais que ce n'était pas bien.

— Avalon a eu peur de l'orage, c'est tout. Ce n'est pas de sa faute si je n'ai pas su le calmer et le maîtriser, défend-il le cheval en prenant les responsabilités sur lui, parce que c'est bel et bien de sa faute, quelque part. Il ne voulait pas m'éjecter, il a eu une crise de panique, j'aurais pu le prévoir d'ailleurs, j'ai bien vu qu'il était tendu.

Malgré lui, Christopher sent comment il engage un combat avec le cheval. Il sait que ce combat est perdu d’avance, mais il ne peut s’en empêcher. Plus Avalon tente d’échapper à son contrôle, plus Christopher se tend. Plus Christopher se tend, plus Avalon devient nerveux. Plus il devient nerveux, plus il veut s’échapper. Un cercle vicieux en somme, que ne peut qu’être brisé si l’un des deux parties prend le dessus sur l’autre. Et comme Christopher n’est pas du genre à se laisser faire, ni par les chevaux ni par les humains, il n’a pas envie de laisser gagner le baie. Celui-ci est sans doute une très grosse tête de mule car il l’entend aussi comme ça : il ne veut pas laisser son nouveau cavalier gagner. Combat de force, quoi.

Au moment où Avalon se met à nouveau à marcher en crabe, Christopher regrette amèrement d’avoir laisser Hermès à Morgan. L’andalou, lui, est parfait. Droit, doux, sûr, on ne peut rêver meilleur cheval. Oh, bien sur, l’ancien militaire à déjà monté de nombreux chevaux difficiles et il n’avait jamais vraiment de mal à les contrôler. Mais ce n’était pas ce qu’il préférait. Lui aimait quand tout était carré. Soit.

Après un dernier coup de tonnerre plus lointain, Avalon fait un autre écart et tente à nouveau de prendre le dessus sur Christopher. Mais il n’a sans doute pas pensé à l’herbe mouillé par la pluie forte –qui, bien heureusement, a cessé entre temps- et dérape. Baissant vivement la tête, il se rattrape comme il peut. Lorsque sa monture se retrouve presque à genou sur le champ, Christopher voit sa vie défiler devant ses yeux. Ne pas tomber. Surtout ne pas tomber. Et surtout ne pas se faire écraser par le cheval ! Manquerait plus qu’il ne se retrouve dans le même état que Morgan, sinon dans un état pire. Alors, reprenant vivement les rênes, s’agrippant à la crinière touffue du cheval, Christopher assure au moins son propre équilibre, ce qui aide sans doute Avalon à retrouver le sien. Se redressant, il reste figé sur place, soufflant fortement.

« Tu vois ce qui arrive quand tu fais le con ? » le gronde Christopher en reprenant un peu plus ses rênes.

Lui-même n’est pas en reste. Le cœur battant à tout rompre, il a les mains qui tremble quelque peu, ayant vraiment eu peur sur le moment. A tel point qu’il a besoin de quelques instants pour reprendre sa respiration et ses esprits. Finalement, après une dernière profonde inspiration, il presse légèrement les talons et guide Avalon vers Hermès qui s’est arrêté un peu plus loin. Croisant le regard de Morgan, Christopher secoue légèrement la tête.

« Si tu n’étais pas blessé je te demanderais de changer tout de suite » dit-il sur un ton dans lequel on pouvait remarquer une once de reproche.

Pourtant, ce n’était aucunement la faute du jeune anglais, il n’y pouvait absolument rien qu’Avalon soit ainsi peu contrôlable. Mais malgré tout, Christopher ne pouvait empêcher ce reproche s’introduire dans son ton. Soit.

C’est en silence qu’il dirige le baie vers la forêt d’en face. Une fois abrité par les branches et les feuilles, le baie se détend à nouveau et Christopher lui laisse les rênes. Peut-être que ce calme est aussi due à la presque chute du cheval ? Quoiqu’il en soit, Avalon mâchouille maintenant son mord, signe qu’il est plus tranquille.

Morgan voit bien que Christopher lutte contre Avalon. Mais il ne fait, ni ne dit rien. Il n'a rien à dire et rien à faire d'ailleurs. Il se contente d'observer le combat de l'homme et de l'animal. Aucun des deux n'a l'air de vouloir céder en plus. Alors qu'il ne fait qu'observer de loin, il garde tout même un peu de concentration pour Hermès. Bien que ce dernier se débrouille très bien tout seul. Lorsque Avalon glisse suite à un écart, le britannique ne l'aperçoit que du coin de l'oeil. Puis, tournant vivement la tête suite au mouvement perçu, il ne peut que retenir son souffle quand l'équidé se retrouve presque à genoux et que son cavalier manque de rejoindre le sol. Si Christopher tombait lui aussi...

Morgan stoppe alors son cheval, en se tournant vers l'américain qui est en train de gronder Avalon. Fort heureusement, les deux ont réussi à reprendre leur équilibre. Le brun sourit doucement, soulagé autant pour l'équidé que pour l'humain. Une chute de l'un des deux, voire des deux carrément, n'aurait pas du tout été la bienvenue. Un seul blessé est clairement suffisant. Après quelques instants, le bai et son cavalier rejoignent finalement leurs compagnons. Merlin entend la remarque qui lui est adressée, ainsi que le soupçon de reproche présent. Avalon a peur de l'orage, donc, en l’occurrence, le jeune homme n'y est pour rien.

Le brun laisse simplement couler, et dirige Hermès à la suite d'Avalon, en direction de la forêt. Ils l'atteignent en silence et une fois entre les arbres, le bai paraît se détendre. En tout cas, le dérapage de tout à l'heure a aussi du le calmer. Morgan reporte alors son attention devant lui et les branches qui pourraient lui en vouloir. Son épaule le fait souffrir davantage au moindre mouvement de celle-ci ou de son bras. Il arrive à limiter ceux-ci au maximum. Mais il craint d'avoir vraiment mal s'il venait à devoir se baisser.

Puis, parce qu'une goutte vient à lui tomber jusque dans le cou, il pense à la pluie. Celle-ci s'est arrêtée, mais l'eau retenue sur les feuilles des arbres continue d'être attirée par la gravité. Et immanquablement, de grosses gouttes tombent. C'est ainsi que les pensées de Morgan divaguent à droite et à gauche. Il fait confiance à Hermès pour trouver le chemin le plus sûr et éviter de se prendre les sabots dans une pierre traîtresse. En parlant de traître, le froid est en bonne position. En effet, le britannique est soudain pris d'un brusque frisson, lui rappelant que le soleil et la chaleur de tout à l'heure sont partis en même temps qu'arrivait l'orage. Et ensuite...

— Atchoo ! ... Oh non...

Merlin prie pour que cet éternuement ne signifie rien, mais c'était sans compter sur sa chance. Il ne peut en retenir un deuxième, ni un troisième. Et à chaque fois, la douleur se peint légèrement sur ses traits à cause de la crispation de son épaule gauche. Reniflant une fois, il se dit qu'il est bon pour un rhume. Étant britannique, il supporte plutôt bien le froid, surtout dans le sens où il n'a pas besoin de beaucoup se couvrir. Mais ça ne l'empêche pas de tomber malade. Or à cet instant, c'est précisément ce qu'il ne veut pas. En aucun cas. Déjà son épaule, maintenant ça. La nature s'acharne contre lui, il n'y a pas d'autres solutions.

— Bon sang, il ne manquerait plus que je sois malade... se plaint-il avec un profond soupir.

Et il commence seulement à envisager la possibilité de se rendre à l'hôpital sans angoisser.

Christopher peut enfin se détendre lorsqu’après un coup de vent plus violent les autres et un autre coup de tonnerre lointain, Avalon reste tranquillement sur place. Faut croire que sa presque chute l’a bien calmé. Mais soit. Lui laissant les rênes, abandonnant lui-même le combat avec sa monture, il remarque que celle-ci en fait de même. Et c’est ainsi qu’Avalon est bien plus agréable. Christopher laisse donc le cheval se concentrer sur les différents obstacles sur le chemin tandis que lui-même entreprend d’éviter les branches.

C’est, au moment de se baisser, qu’il entend l’éternuement. Avalon, en l’entendant, se tend furtivement, tournant les oreilles vers l’arrière. Christopher lui parle gentiment et lui caresse l’encolure pour le calmer avant de se tourner sur sa selle. Au même moment, un deuxième éternuement provient de Morgan. Puis une troisième puis un quatrième. A chaque fois son visage se crispe en une grimace de douleur. L’ancien militaire, lui, sent son cœur se serrer, tandis qu’il ralentit Avalon et qu’il l’oblige à se placer à côté, très près de Hermès.

« M’dit pas qu’tu deviens malade … » dit-il sur un ton plus inquiet qu’autre chose. I

ll grimace légèrement. C’est le résultat de l’équation choc de la chute+douleur+pluies+froid. Et franchement, ce résultat ne l’étonnait guère. Couvant Morgan d’un regard empli de pitié, Christopher soupire doucement et relâche une rêne d’Avalon puis passer la main sur le dos du jeune anglais.

« Courage Morgan, on est presque arrivé. Je t’emmène directement à l’hôpital. »

Bien que lui-même soit vraiment le dernier à aimer l’hôpital –pour des raisons aussi normale que compréhensible- il est aussi très bien placer pour savoir quand il faut y aller ou pas. Ici en l’occurrence, il va de soit que ce n’est pas seulement une douleur passagère.

Alors, reprenant les rênes dans ses deux mains, il presse légèrement les talons contre le flanc d’Avalon et lui fait accélérer le pas. Hermès, gentil comme il est, suit son collègue sans hésiter. C’est ainsi qu’une petite dizaine de minutes plus tard, ils se retrouvent dans la cours du haras. Instantanément, Christopher descend et attend que Morgan en ait fait de même pour attraper les rênes d’Hermès.

« J’m’occupe des chevaux. » dit-il « va déjà t’installer dans la voiture et allume le chauffage » reprend-t-il en désignant la poche gauche de son pantalon dans laquelle se trouve la clef.

Morgan n'en revient pas. Après tout ça, il faut qu'il se chope un rhume, ou une connerie du genre. Comme si sa blessure à l'épaule n'en faisait déjà pas assez pour le malmener. Il frémit légèrement lorsque Chris pas une main dans son dos, en lui disant de tenir bon et, à son grand désarroi, qu'ils iront directement à l'hôpital. Le brun hoche la tête en réponse, résigné. Il a, bien sûr, déjà expérimenté les hôpitaux. Avec sa maladresse, c'est normal. Mais ce n'est pas pour ça qu'il apprécie l'endroit. Il n'a jamais apprécié l'endroit.

Le britannique ne se fait aucune illusion quant à son cas, il sait pertinemment qu'il va devoir faire un tour à l'hosto. Ça fait quelques années qu'il n'y a pas mis les pieds, la dernière fois il avait même eu son frère au téléphone, c'est dire. Cette fois-ci, il y aura Chris. Donc, Merlin se dit que ça devrait aller. Il ferait mieux de se détendre à propos de ça en plus, le chemin pour rentrer lui paraît déjà assez long comme ça. D'autant qu'il n'a pas à s'en faire pour ça, puisque Hermès suit bien sagement Avalon.

Dix longues minutes plus tard et ils arrivent enfin dans la cour du haras. Nouvelle difficulté : comment descendre sans utiliser son épaule gauche d'une quelconque manière que ce soit. Déchaussant les étriers, il lui vient l'idée de passer sa jambe par-dessus l'encolure et non par-dessus la croupe d'Hermès. Et comme le cheval est d'un calme olympien, il a confiance. Se laissant donc glisser jusqu'au sol, il garde son bras contre lui, et voit ensuite Chris s'emparer des rênes du gris, et dire qu'il s'en occupe. Morgan acquiesce en détachant sa bombe, puis s'approche de l'américain et l'échange contre les clefs. Qu'il va bien sûr chercher lui-même comme si tout ça été normal. Bref.

— Merci, sourit-il doucement.

Puis il se détourne et se dirige vers la voiture. Et s'y installe bien vite. Il allume le chauffage avant de passer une main dans ses cheveux, et soupire. Ce t-shirt trempé, maintenant froid, lui colle à la peau. Sans compter son pantalon. Et... le reste. Puisqu'il a littéralement fini dans un lac. L'air chaud lui fait infiniment de bien. Se reculant contre le dossier, il ferme les yeux et essaie de penser à autre chose qu'à cette douleur constante. Malgré tout, il espère quand même ne pas s'être fracturé quelque chose. L'espoir fait vivre comme on dit.

S'il s'est fracturé quelque chose, il n'imagine même pas les jours et les semaines qui vont suivre. Premièrement, il aura mal au moindre mouvement, il sent déjà le goût des anti-douleur. Et ensuite, Christopher va devoir s'occuper de tout. Les courses, les repas, le ménage. Comme lorsqu'il était seul, sauf que là, il va aussi devoir s'occuper au moins un petit peu de Merlin. Ce dernier déprime par avance de se sentir dépendant de l'ancien militaire. Oh, et l'Université. Ça aussi ça devrait être comique. Heureusement que les exams approchent et avec eux la fin du semestre.

Il revient au présent lorsqu'il entend la porte côté conducteur s'ouvrir. Ouvrant les yeux, il se rend compte qu'il n'a aucune conscience du temps. Enfin. Au moins il fait bon dans l'habitacle. Tournant la tête vers Chris, il lui envoie un sourire, comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes.

— C'était une bonne idée cette balade, mais je n'ai pas trop aimé l'invité surprise, dit-il, faisant référence à l'orage, avant de soupirer profondément, résigné. Allez, conduis-moi en enfer maintenant...